Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-02-06
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 06 février 1925 06 février 1925
Description : 1925/02/06 (A26,N21). 1925/02/06 (A26,N21).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63968676
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SJXIEME ANNEE. N° 21 hft NUMERO : BB CBN1 itatfb - - - - - YENDIlKbl SOIn. « FEvnlIR 1 925.
-- - - - - - - - - - - - - - - - --
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
us ARTICLES PUBLits PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Annonces el Réclame» Boni reçues aux Bureaux du Journal el dans les Agences de Publicité
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Rfdiflion et AttaimHration : 34, Rue du Mont-Thabor. PARIS-1" TMphone : LOUVRE 19-17
Va« faem &mou
ABOIIEMUTS ( Franc* ti Colonie* 80. 46 t Il e
ohmer Rtranffer 110. « 0 35 e
On ,'.bonn. dut toGe 1M Bantu de pwU «t CIMI 1M priaciptui Ubrmir–
* d e spp
La question des "sidis"
mot
Les A nnales Coloniales ont, il y a peu de
temps, signalé déjà dans une première note
l'importance prise par l'immigration des indi-
gènes de l'Afrique du Nord qui viennent cher-
cher du havait en France (le nombre en serait
d'environ 200.000, suivant l'estimation du
Ministère de rlntérieur), et que la presse mé-
ttopolitaine s' obstine de plus en plus à dé-
gommer des « Sidis ».
Des Sidis I Des Seigneurs 1 Certes, ces bra-
ies gens, descendus, pour la plupart, des mon-
tagnes de la Kabylie, ne s' attendaient point
à être affublés ici de tels titres honorifiques,
ti si quelques-uns en perçoivent toute l'ironie,
ik doivent en être profondément blessés.
Le plus grand nombre d'entre eux, qu'on ne
sy trompe pas, d'ailleurs, ont été sollicités de
iBeiiir dans la métropole par d'habiles agents
mcruteurs qui leur ont persuadé qu'on avait
%esoin de leurs services, et qui ont fait miroi-
ter à leurs yeux les hauts salaires dont serait
aScompensé leur concours.
En réalité, les raccoleurs ne les trompaient
(pas. La métropole est obligée, depuis la guer-
oc. de recourir de plus en plus aux travailleurs
étrangers dont le nombre atteint, à ce jour.
Illés de 3 millions.
Il paraît. à première vue, bien préférable
utiliser des ouvriers qui. s 'il est vrai, ne
jouissent pas de la qualité de citoyens français,
ioe de nationalité française tout de même, de
les faire profiter des salaires élevés qui sont
payés. en France, et encore de ne point fa-
voriser l'envoi à l'extérieur des économies (dont
l'ampleur est en rapport, précisément, avec
cette élévation des salaires) réalisées par des
arangers. et qu'ils emportent à leur départ.
•ma pendant leur séjour, font parvenir à leurs
familles.
U faut cependant empêcher que cette immi-
«ration de nos indigènes africains ne revête une
exagération qui présenterait des inconvénients
épaves, particulièrement pour l'Algérie.
Notre grande colonie est essentiellement
qvicole, et, à son tour, si l'exode des indi-
fefctes (Kaoyles ou Arabes) prenait de trop
rndes proportions, elle souffrirait du manque
4e bras, avec cette aggravation pour elle
qu'elle serait dans l'impossibilité de remplacer
.ces travailleurs agricoles dont elle né saurait
ae passer.
Autrefois, dans le département d'Oran, les
Marocains du Riflf, les Espagnols de l'Extrê-
me-Sud de l'Espagne, affluaient en certaines
«aisons, à l'époque des moissons, par exemple.
La source du Riff est tarie depuis que les
Stiffains sont entrés en lutte avec l'Espagne.
Quant aux Espagnols, le cours des changes
fait disparaître pour eux l'attrait des hauts
ce n est
salaires. En tout cas, depuis la guerre, 'ils •vien-
pitm avec le même empressement qu vien-
nent en Algérie, sinon pour s'y établir d'une
façon définitive, ce qui est tout à fait différent.
Dans les départements d'Alger et de Cons-
Itentinc, ce sont précisément les Kabyles qui
tiennent en masse, au moment des grands tra-
vaux agricoles, labours ou moissons.
La pénurie de main-d' œuvre (dans certaines
régions, au surplus, elle commence à se faire
acnlir) serait donc un malheur pour notre grande
(possession de l'Afrique du Nord.
Ne pas ouhlier, de plus, que ses projetions
agricoles les plus abondantes, le blé notam-
ment, servent non seulement à assurer son ali-
mentation propre, mais encore apportent une
contribution appréciable à l'alimentation de la
aétropole.
Il est donc certaines limites que l'immigra-
lion de nos indigènes d'Algérie en France ne
doit pas dépasser.
Ensuite, cette immigration, si l'on ne prend
certaines précautions, peut présenter des incon-
vénients graves. 1
D'abord, jusqu' à une date récente, on l',e
vérifiait point, avant que les indigènes eussent
quitté le sol de l'Afrique, s' ils étaient dans
un état de santé suffisant pour remplir la tâche
à laquelle ils étaient destinés, et surtout s'ils
«'étaient point atteints de maladies conta-
gieuses.
Résultat : un encombrement de nos hôpitaux
qui soulève, de la part des municipalités inté-
ressées, de vives protestations.
Et puis, il n'est pas sans danger de laisser
lSvrés complètement à eux-mêmes, comme ils
fo sont actuellement, dans nos grandes cités ou
nos agglomérations ouvrières, des hommes qui,
pisqu'à leur arrivée en France, avaient, pour
ta plupart, mené une existence simple, je puis
«lire primitive, dans leurs tribus, n'ayant que
«es rapports éloignés avec notre civilisation.
Sans guides, sans protection, ils sont mis en
intact, le plus souvent, avec les éléments les
moins rcconi::::\lldablcs de notre population.
D'où tics entraînements déplorables auxquels
its sont incapables de résister, et cette augmen-
tation de criminalité dont on s'émcut, à juste
titre.
Sans tarir un recrutement de main-d' œuvre
îrès précieux pour la métropole, il faut cepen-
dant prendre, pour éviter ces inconvénients di-
vers, certaines mesures dont on aurait du, scm-
'olc-t-it, s'aviser dès le premier instant.
En septembre dernier, le ministre de T In-
térieur a réglementé l'introduction en France
des ouvriers indigènes venant d'Algérie. Il a
'JHc.sl:\'it, pour autoriser leur départ de notre
colonie :
1" Une visite médicale, à l'effet de cons-
tater quo l'immigrant n'est atteint ni de tuber-
culose. ni d'aucune autre maladie contagieuse ;
2" La production d'un certificat d'engage-
ment visé par le Ministère du Travail (Office
de Placement du département où se trouve le
lieu du travail) ;
3° La délivrance d'une carte d'identité par
le maire ou l'administrateur de la commune du
domicile du travailleur.
Rien à dire en ce qui concerne la première
et la troisième de ces prescriptions.
La seconde est excessive.
D'ailleurs, elle est, avec toute sa rigueur,
rendue inefficace, nous apprendrons, par l'ha-
bileté d'agences spécia les, qui, contre une
forte somme, naturellement 1 procurent aux
intéressés toutes les pièces nécessaires pour
venir en France.
Il y a mieux à faire.
Une première tâche incombe à l'Adminis-
tration algérienne qui a le devoir, sans exer-
cer aucune contrainte, d'éclairer les popula-
tions indigènes, de les mettre en garde contre
des illusions fâcheuses et de modérer ainsi, par
de sages conseils, le mouvement d'émigration
s'il devenait inconsidéré et prenait une ampleur
trop grande.
La chose importante, ensuite, c'est de ne
point permettre à l'indigène de quitter le sol
algérien. sans avoir la certitude : ou qu'il pos-
sède des ressources suffisantes pour assurer rop
séjour en France ou qu'il lui est possible,
dans des conditions normales, de trouver l'em-
ploi qui lui est nécessaire pour vivre, et de
se rendre sur le lieu de son emploi éventuel.
Un engagement sérieux émanant d' un indus-
triel ou d'un agriculteur, c'est un des moyens,
et des meilleurs, d' obtenir cette certitude ;
mais ce contrat spécial n'est pas le procédé
unique, ni surtout le plus commode, soit pour
1. employeur, soit pour l'employé.
Il est indispensable, en réalité. qu'un Of-
fice soit créé dans les ports de débarquement
en France, Marseille pour la Méditerranée,
Bordeaux pour l'Océan (les Marocains débar-
quent ordinairement à Bordeaux). Cet Office,
par l'intermédiaire duquel s'effectuéra ordi-
nairement l'cmbauchage. auquel, tout au
moins, devront être dénoncés les contrats di-
rectement passés entre patrons français et ou-
vriers indigne* africain», connaîtra les bevu'us
de l'industrie et de l'agriculture, il fournira à
l'avance, aux ports d'embarquement en Algé-
rie ou au Maroc, l'indication du nombre des
travailleurs pouvant être normalement utilisés,
et, des leur arrivée, il dirigera sûrement, et
sans délai, ces travailleurs vers la localité où
ils sont attendus.
Ce qui ne ferait obstacle nullement, d'ail-
leurs, à la co-existence SUT d' autres parti es du
territoire d'autres organismes de même nature.
Ceux-ci seraient en rapports suivis avec les Of-
fices des Ports, leur transmettraient tous les
renseignements voulus, et en faciliteraient
grandement le fonctionnement centralisateur.
Ces organismes divers pourraient, à certaines
époques, constituer des équipes agricoles et les
envoyer dans les régions où la main-d' œuvre
fait défaut, pour les moissons, les vendanges,
etc., avec un guide chargé de veiller à leur
emploi normal et ininterrompu.
Ils auraient également pour mission de veil-
ler avec soin au rapatriement immédiat de tous
les indigènes qui, cessant de se livrer à un
travail rémunérateur, risqueraient de se trouver
au bout d'un temps très limité, dans le pl us
complet dénûment.
Enfin, je suis d'avis, comme l'idée en a été
émise à diverses reprises déjà, et, comme le
préconisait récemment encore le Petit Pari-
sten, de créer aussi dans les grands centres et
toutes les agglomérations importantes où sont
réunis en nombre des travailleurs africains,
« des foyers indigènes » qui auraient pour but
de grouper ces travailleurs, de les loger, de
les nourrir, de faciliter l'exercice de leur reli-
gion (ce à quoi ils seraient certainement très
sensibles)
Ces groupements, qui présenteraient le pre-
mier avantage (et il serait précieux pour les
intéressés) de replacer ces indigènes, isolés,
perdus au milieu dû nos grandes villes, dans
un milieu connu et familier auraient pour
effet aussi de rendre plus commode et plus
efficace une surveillance qui, certes, doit gar-
der un caractère de grande bienveillance, t:t
dont le premier objectif doit être de rendre
l'existence plus facile et plus agréable à ces
hommes dépaysés, mais qui est tout à fait né-
cessaire pour les garder contre toutes entrepri-
ses malsaines et pour préserver la société elle-
même d'excès regretlahlcs.
De semblables mesures n'offrent rien - de con-
- -
traire aux principcs de liberté. Il ne faut pas
perdre do vue que tout individu, sans domicile
ni ressources, se trouve en état de vagabon-
dage ce qui est un délit et devient, par
suite, passible do peines correctionnelles. Il
est donc tout à fait légitime d'empêcher que
les indigènes de nos colonies, abusés par des
promesses ou des illusions trompeuses, com-
mettent ce délit. Sans doute, parce que cela
paraîtrait trop cruel, hesiterait-on à les pour-
suivre ? Mais l'existence seule dans nos Codes
de semblables dispositions démontre l'intérêt
qui s'attache pour tous, à ne point laisser ahan-
données et sans soutien, des individualités, in-
capables, momentanément, de se diriger et de
subvenir à leurs beso ins.
Toutes les dipoitions utiles peuvent être
légalement prises pour l'Algérie par voie de
décrets, au Maroc, par des dahirs émanant du
Protectorat.
Si quelques-unes nécessitent une législation
spéciale dans la métropole (il faut, au surplus,
qu'une réglementation nouvelle intervienne, à
bref délai, pour l'immigration des étrangers),
la loi nécessaire doit être proposée et votée.
Mais il convient que le Gouvernement en
prenne l'initiative, pour mettre en harmonie ses
propositions avec les prescriptions que, dans la
limite de ses droits, le Pouvoir exécutif impo-
sera dans les colonies mêmes.
Roux-Freissineng,
Député d'Oran, Vice-président de ta
Commission de l'Algérie, des Colo-
nies et Protectorats.
N'exhumons pas
de vieilles histoires
80
La malheureuse odyssée de la mission
Voulet-Chanoine était entrée dans l'oubli
et pour rien au monde les Soudanais de
cette époque ne voulaient en parler. Deve-
nue la mission Joalland, ce fut elle qui re-
joignit au Tchad et Foureau et Gentil.
Mais voici que M. de Kerillis, pour ali-
menter sa copie à l'Echo de Paris, en tra-
versant la terre d'un drame, DE CET EFFROYA-
BLE DRAME, a tout d'abord relaté l'incident
de Sorbo-llaoussa avec assez d'exactitude,
sauf en ce qui concerne la mort de Voulet
et celle de Chanoine, sur lesquelles le doute
plana pendant plusieurs années.
En qualité d'ancien officier de l'état-ma-
jor du Soudan, je ne voulais rien écrire
sur ce drame de la brousse, mais par le
post-scriptum de son article sur son séjour
à Niamey, M. de Kerillis déclare maintenant
que le colonel Klobb fut un martyr, et Vou-
let un exalté.
Or, quand La mission Voulet-Chanoine
fut autorisée, sous la pression du président
de la République de l'époque, compatriote
de Voulet, l'administration locale ne cessa
de faire une sourde opposition à cette mis-
sion qu'elle jugeait (à tort ou à raison) pré-
maturée. Dans l'Echo de Paris de 1898, en
cherchant bien, on y trouverait quelque al-
lusion qui ne fut pas démentie.
C'est sur la dénonciation d'un officier
renvoyé par Voulet, que le ministre des Co-
lonies prescrivit une enquête pour laquelle
on ne trouva que le colonel Klobb pour
s'en charger, tous les officiers supérieurs du
Soudan, connaissant la valeur de Voulet,
s'étant rocuses. Ce que confirme M. de Ke-
rillis dans son premier article.
A tnrt, le ministre des Colonies trans-
forma l'ordre d'enquête en ordre de icicvor
Voulet, chef de la mission.
D'où le drame devenu inévitable, car Vou-
let arrivé après tant d'embûches occultes à
proximité de Zindcr, avait toute raison
d'être exaspéré d'une telle mesure pour la-
quelle on n'avait trouvé qu'un ennemi
avéré. (C'était, en effet, une bien vilaine
besogne, pour laquelle il n'était guère be-
soin d'un grand courage.)
Chanoine fut tué peu après par ses pro-
pres tirailleurs, et Voulct, beaucoup plus
tard. par une sentinelle de son propre bi-
vouac et par inadvertance, car les tirailleurs
restés avec Voulet aimaient leur chef. Et
c'en était un, d'une rare intelligence et
d'une haute culture à qui nous devions la
conquête et l'organisation de Mossi et du
Gourounsi. Victime d'une lâche dénoncia-
tion, le véritable martyr ne fût-ce pas Vou-
let?
Eugène Devaux
Fantaisies bureaucra Iques
Les professeurs de cadre métropolitajn, déta-
chés aux colonies, font partie de deux cadres :
un cadre métropolitain, où ils n'avancent qu'à
l'ancienneté, et un cadre local, où ils peuvent
être promus au choix.
Or, par la fantaisie d'un bureaucrate dont
il serait bon d'établir l'identité, un décret du
27 juin 1921 supprimait le cadre colonial pour
les professeurs détachés, ne laissant subsister
que le cadre métropolitain. Ce décret, amenant
des rétrogradations de classe et de catégorie,
souleva les protestations les plus vives de la
part du personnel. Les récriminations des su-
bordonnés, les rapports des chefs hiérarchiques,
les interventions des parlementaires s' accumu-
lèrent. tant et si bien que le ministre dut pren-
dre un décret en date du 10 mars 1923 qui an-
nula le décret du 27 juin 1921. 11 fallut deux
ans, par conséquent, pour que les bureaux de
la rue Oudinot veuillent bien reconnaître leur
erreur et l'injustice commise.
Mais, pour montrer leur omnipotence, ils ont
prétendu consulter derechef les Gouverneurs
pour l'application de la loi à chaque fonction-
naire lésé, et, cet avis favorable ne sufifsant
pas, ils l'ont déféré au Comité Supérieur Con-
sultatif de l'Instruction Publique des Colonies.
Celui-ci, ayant donné son approbation dans sa
séance du 31 décembre 1923, on aurait pu
penser que les intéressés, après deux ans et
demi d'attcnte, allaient retrouver aussitôt leur
classement et leur traitement. Il n'en était rien !
C'est le 14 octobre 1924 seulement, c'est-à-
dire un an et sept mois après la promulgation
de la loi réparatTice, dix mois après l'avis du
Cxînseil Supérieur, qu'un arrêté a rétabli ( la
situation de chaque professeur lésé.
On conçoit sans peine ce que de telles mé-
thodes administratives mettent de rancœur el
de désordre dans le labeur de ceux qui peinent
au loin, aussi peu protégés contre ces abus des
bureaux directoriaux que les colons sous l'an-
cicn régime. Et l'on relit avec tristesse ce qu'a
écrit M. Hcmot dans son dernier volume :
Créer : « l-e régime de la faveur a remplacé
celui (tu mérite. Nos meilleurs fonctionnaires
voient les postes principaux réservés aux sous-
produits de la politique. L'indiscipline qui sévit
parfois en bas n'est rien, comparée à l'immora-
lité qui s'impose en haut. »
LE COTON COLONIAL
L'un des problèmes les
plus délicats qui s'impo-
sent actuellement à l at-
tention des grands Etats
industriels modernes est
celui de leur approvision-
nement en matières pre.
mi ères.
A l'exception - des - Etats-
Unis qui possèdent tin territoire presque
aussi vaste qu'un continent et qui réunit les
productions de la zone tempérée à celles de
la zone tropicale, tous les pays sont obsé-
dés par cette question, Jusqu'à une époque
assez restreinte, le monde économique pou-
vait se diviser en deux parties, l'une fournis-
sant les matières premières à Vautre qui les
mettait en œuvre. Mais les pays de la pre-
mière catégorie se sont mis peu à peu sous
l'influence des seconds, d'ailleurs, à travail.
ler les produits qu'ils se contentaient aupa-
ravant d'expédier à Vétranger. Dès ce mo-
ment, le danger est apparu menaçant, et cer-
tains ont entrevu le jour où les usines euro-
péennes ne sauraient où s'alimenter.
C'est alors que les colonies qui, durant
de longues années, n'avaient été recherchées
que comme des débouchés pour l'industrie
métropolitaine, furent de nouveau considé-
rées comme des marchés d'approvisionne-
ment. Et ainsi, les mobiles de la colonisa-
tion redevenaient ce qu'ils avaient été à
l'aurore des temps modernes.
Aussi, voyons-nous les grands Etats de
l'Europe occidentale et nous pourrions y
aiouter la Russie qui fait la même chose au
Turkestan, s'efforcer de développer dans
leurs possessions les cultures qui doivent ali-
menter leurs usines.
T.'Angleterre a fait, depuis déjà plusieurs
années, un grand effort en ce qui concerne
le coton, aux Indes, en Egypte et sur diffé-
rents autres points de VAfrtque. Des sociétés
puissantes, semblables à celles dont nous
avons parlé récemment en ce qui concerne le
caoutchouc, se sont constituées dans ce but, et
ont fait appel au concours de l'Etat.
En France, des associations analogues se
sont formées qui se proposent de s'encoura-
ger et de faciliter par différents moyens de
mettre en valeur les ressources de nos colo-
nies en coton. Elles envoient des missions
d'études, se préoccupent de mettre à la dis-
position des planteurs une partie de l'outil-
la ce.
Mais les ressources dont elles disposent
sont assez réduites et par là le cltamp ci
l'efficacité de leur action sont fort limités,
Aussi certains sont-ils de leur procurer des
moyens pécuniaires plus en rapport avec le
but qu'elles poursuivent afin qu'elles puis-
sent vraiment accomplir la tâche qu'elles se
sont assignée. Mais à qui s'adresser sinon (1
la collectivité, à l'Etat. Evidemment. Ici vie
économique actuelle a de telles exigences, le
mécanisme de la production présente une telle
complexité et a pris une telle ampleur que
Vinitiative des particuliers est dans bien des
cas insuf fisante.
la collectivité à laquelle on veut faire ap-
pel n'est pas uniquement la collectivité ml/ro-
politaine. On entend aussi solliciter les ef-
forts des colonies que Von invite à consacrer
(1 cette œuvre une partie de leurs plus-values
budgétaires.
Tellcs sont les vues que nous trouvons in-
âiquées dans un récent article du supplément
économique du Temps.
Il faut que la France ait ulle politique du
coton, comme elle devrait en avoir une du 1'/-
trole, du blé ou de tel autre produit dont
l'usage est indispensable à la vie nationale.
Ce ne sont pas là des vues absolument
nouvelles. Il y a longtemps qu'elles sont fa-
milières à ceux qui ne bornent pas leur atten-
tion aux problèmes de politique pure. Elles
sont malheureusement encore en partie étran-
gères il l'opinion publique. C'est pourquoi il
est bon que celle-ci ,} son tour en saisisse ra-
pidement tout l'intérêt.
Henry Fontanier,
Député dit Cantal, Secrétaire de la
Commission îles Affaires étrangères,
Membre de la Commission des Co-
lonias.
Une colonie
qui attend son gouverneur
--0-0--
M. André Touzet, le nouveau Gouverneur
du Tchad, ne s'est pas embarqué hier à Bor-
deaux à bord du paquebot Tchad, pour rejoin-
dre son poste.
Au dernior moment, pour simples raisons de
« convenances personnelles n, il a sollicité d
la haute bienveillance du ministre des Colonies
un sursis de départ de trois mois.
M. André Touzct a reçu l'ordre de s'em-
barquer le 26 février à bord du paquebot Eu-
i rope, courrier de la Côte d'Afrique.
.-–- –-.
Comité de l'Indochine
----e.o--
I/assemblée générale annuel le du Comité
du Commerce, de l'Industrie et de l'Agri-
culture de l'Indochine, a eu lieu hier matin
à onze heures, au siège social 96 bis, boule-
vard Haussmann.
M. Léonaid Fontaine, président du Cl)-
mité, a donné lecture du compte rendu mo-
ral.
M. Freynet, trésorier général, a ensuite
communiqué à l'assemblée les résultats
financiers de l'exercice.
MM. Dupré, Jacquc Dalignon, de T.,\na.
lut, dont les pouvoirs venaient à échéance,
ont été réélus par acclamation.
L'aviation coloniale
--0-0--
Paris-Dakar
Les nouvelles contradictoires reçues de sour-
ces diverses ne nous permettent pas encore de
connaître les causes de l'atterrissage de Le-
maître et d'Arrachard dans le Kio-de-Oro. La
panne d' essence est la plus vraisemblable, pan-
ne légère due à la rupture d'un tube d'arrivée
ou par fuite.
Villa-Cisneros signalait, hier matin, que les
deux pilotes qui comptaient reprendre leur vol
de bonne heure et ce fait prouve le peu
d'importance de la panne, se voyaient con-
traints d' attendre que la brume épaisse se fût
dissipée.
L'événement attendu a dû so produire tard
dans la matinée, car c' est seulement dans la
soirée d'hier que parvint le câble suivant :
DAKAR, 5 février, 1 heure. - Les avia-
teurs LemaHre et Arrachard ont quitté Villa-
Cisncros à midi. Ils sont attendus à Dakar oers
20 - heures. ---
Le Sous-Secrétariat d'Etat de l' Aéronauti
que communiquait enfin le câble émanant du
Gouverneur de l'Afrique Occidentale fran-
çaise :
DAKAR, 5 février, 18 h. 40. Les avia-
teurs Lemaître et Arrachard ont splendidement
atterri à Dakar, à 18 heures. Signé : CARDE.
La prouesse est donc réalisée dans son en-
tier. Lemaître et Arrachard ont effectué le
voyage aérien de Paris à Dakar en 34 h. 12 m.
de vol effectif.
Et voici qu'on annonce que les pilotes ne
t'arrêteront pas là.
Bamako verra passer leurs cocardes, et Tom-
bouctou-la-Mystérieuse les verra atterrir. Et,
de là, ils tenteront d'un. seul coup d'aile de
gagner Paris, pour y recevoir les ovations que
mériterait ce triple exploit. Mais espérons qu ils
feront prouve de prudente et vérifieront avec
soin tous les organes de leur appareil qui a dû
être sérieusement secoué durant Paris- Dakar.
Paris-Tchad
Arrivée à Gao
Les quadrimoteurs de la M ission Aérienne
d'Etudes, commandée par le colonel de coys.
poursuivant sa route, a atteint hier Gao.
La nouvel le a été communiquée au Sous-Se-
crétariat de l'Aéronautique par M. Carde,
Gouverneur Général de l'Afrique Occidentale
française.
Nous avions annoncé avant-hier le passage
des deux avions à Ouallen. De Goys, Pelletier
Doisy, Vuillemin et Dagneaux ont donc réussi
à couvrir les I -010 kilomètres qui les sépa-
raient de Gao, en passant par Tessalit et Bou-
rem.
Pilotes et appareils ont couvert 4.230 kilo-
mètres depuis leur départ, dont plus de 2.500
en territoire africain et 1.680 au-dessus du dé-
sert.
C'est la première fois que cks gros appa-
reils de transport s'éloignent de telle façon de
leur base.
Ce résultat est tout à l' honneur des appa-
reils Blériot et des 180 CV Hispano.-
G.-D. R.
J. P.
-00
De Tunis au Tchad
La mission Courtot aprfs avoir révise
complètement son matlricl et pris neuf
jours de repos, a quitté Diunet, le 3 février,
it huit heures du matin. se dirigeant sur
D'iado par ln-Ezzan, à 305 Icilomôtres.
Au cap Juby
(Je
Plusieurs tribus de la possession espagnole
du cap Juby se sont soulevées et le Directoire
a adopté des mesures pour réprimer cette insur-
rection.
C'est dans cette région que Jacques Lebau-
dy, empereur du Sahara, voulait fonder son
Empire, région désertique s'il en fut ; à perte
de vue, tout autour du fortin où les Espagnols
sont installés, c'est le désert dans toute sa dé-
solation.
-*•
Incident à la Guyane (?)
I.'a^cncc K\'cli £ in^o Telograph a publié
hit'i* le message suivant :
Le 2^ novembre dernier, le vapeur bri-
tannique Edith-Ca.vell, du port de Liver-
pool, til naufrage prés (1( Cayenne, por'
prineipal de la (îuyane française. Il y a
trois semaines, des rumeurs inquiétantes
au sujet de l'équipage parvinrent A Lon-
dres. Ces rumeurs semblent continuées au-
jourd'hui par une lettre que vient de re-
cevoir d'un officier du steamer le secré-
taire de l'Association des services de la
marine marchande. Selon le signataire,
les autorités françaises auraient arrêté l.
capitaine de l'Editl¡.ral'dl, le second et
l'oflicier mécanicien, les auraient jetés
dans une cellule de forçats et les y au-
raient laissés sons couvertures et sans vi-
vres.
L'Association des services de la marine
marchande aurait réclamé, conjointement
avec le propriétaire (ln steamer, M. Moss.
vigoureusement auprès du (îouvornement
anglais la mise en liberté des officiers bri-
•anniquea.
1.1 ministère des Colonies ignore com-
plètement les faits signalés dans le télé-
'¡rll.mm, de l'A genre dr Presse anglaise.
Aussitôt que l'information a été connur
rue Oiuiinot, un râblogramme Il. rie adres-
sé. à Caycnnc nu Gouverneur p. i. d, (d,
(Iuyane, lui proscrivant de. poursuivre, une
enquête et d'en, faire, connaître les résul-
tats au Département.
A propos de la catastrophe
de l'ex "Haïphong"
-o-a---
Ce fut un grand désastre que la perte Ue
Ycx-Hcuphong, Il a coûté la vie à plusieurs
dizaines de personnes. La faute en incombe à
cet armateur chinoi s qui, ayant acheté l'ex-
J laïphong à la Compagnie des Messageries
Maritimes pour en faire du vieux bois, a con-
tinué à le faire naviguer malgré l'avis du bu-
reau « Veri tas ».
Verra-t-on se renouveler dans un avenir pro-
chain unck catastrophe semblable ? Le doute est
permi s.
En effet, depuis plusieurs années, le service
de cabotage entre Saigon et Haïphong était
assuré par la Compagnie des Messageri es Ma-
ritimes en vertu d' un accord entre cette So-
ciété et le Gouvernement Général.
Plusieurs Sociétés étaient disposées à se
présenter pour assurer le service, tant les Mes-
sageries Maritimes que les Chargeurs Réunis,
ou la Compagnie de Navigation Indochinoise.
En fin de compte, un câble arrivé hier nous
apprend que l'Administration aurait traité avec
la Société des Affréteurs indochinois, dont le
siège est à Sargon,
Un contrat de trois ans lierait la colonie à
cette Conjpagnie qui aurait acheté à la Penin-
sular and Oriental Steam Navigation un vieux
rafiot de 22 ans, le Victoria.
Il parait que la dure épreuve de la fin de
l' an dernier n'a pas porté sa leçon.
Il nous semble que, dans l'intérêt de la Co-
lonie, il eût mieux valu faire un contrat d'une
plus longue durée avec une Société quelle
qu'elle soit, mais offrant des garantie* sérieuses
et réelles et exiger d'elle l' achat de navires
neufs, solides et susceptibles d'assurer un ser-
vico convenable. Tout le monde y aurait ga-
gné.
Les Messageries Maritimes et les Chargeurs
Réunis donneront-ils des billets aux voyageurs
de France à destination de Ben-Thuy ou de
Haïphong, accepteront-ils des marchandises sur
leurs bateaux à destination des ports desservis
par la Société de cabotage > Il est permis d'en
douter quand on sait que c' est la Compagnie
émettrice du billet qui est responsable des
clients et de la cargaison, même lorsqu'il y a
transbordement sur des navires d'une autre Sv
ciété pour le parachèvement du voyage ?
L'Angély
A LA CHAMBRE
------ o--
Chemins de fer et port de la Réunion
La Chambre qui veut en terminer avec
les chapitres réservés des différents minis-
tères. avant d'aborder la loi dn tinanced.
a examiné au cours de la séance de l'après-
midi. le rroget. de loi tendant A l'établisse-
ment sur de nouvelles bases, des conditions
d'exploitation du chemin de fer et du port
de la Réunion.
Sont adoptés sans discussion l'article 237
et l'article S; le premier disant quo la
colonie die la Héunion, qui, par les lois du
:.; octobre Hfl. et du ÎÏO avril li»Jl, sont
appelés kt participer aux changes de la ga-
rantie d'intérét du chemin de fer et du port
en supportera la totalité, à partir du lwr jan-
ier Hf.!).
Le second fixant que le déficit budgétaire,
s'il s'en produit, sera couvert par le budget
de la Colonie, dont il constituera une dé-
pense obligatoire. Au ens où le conseil êné-
l'al n'aurait pas voté ie crédit néo ssuLre,
011 n'aupait voté qu'une somme insuffisante,
il serait pourvu d'office à l'inscdption du
crédit, en vertu du décret rendu sur le
rapport du ministre des Colonies. Les ver-
sements s'effectueront par quarts.
Sur l'article JÜ tendant ce que l'excé-
dent tle recettes sur les dépenses ordinaires
soit affecté en premier lieu, ¡\ concurrence
de -;':ÙO.OOO francs par an, à la constitution
d'un fonds de roulement de. trésorerie jus-
qu'il concurrence do *2 raillions, on second
li ni, «ï ce que le surplus de. l'excédent soit
réparti entre l'Ktat et. In Colonie au pro-
rata des dépenses faites. M. Auguste Dru-
nel défend un amendement kndant ;'1. faire
affirmer le principe de la responsabilité de
l'Ktat pour le chemin de lV;- ut le port de
la P»éunu>n, les x.cédents de recettes éven-
tuels devant être partagés par moitié entre
l'Ktat et la colonie.
M. Clémente], ministre 1 s Finances, dé-
c'are accepter ramendi-me.it il « s! entendu que s'il v a bénéifce, c'est
la 'ilonie q.ii en profilera.
M. l'.runet pr< nd acte d tte déclaration.
L'amendement < eiisuil. adopté, puis
Vartiele ;!:11, rectifie 11 conséquence, est
voté.
Lst. également adopté l'article \'M) tendant
fi ce que le Trésor continue ii eiiVettiej* les
nvanc s de. trésorerie, jusqu'à la constitu-
tion du fonds de roulement prévu à l'ar-
ticle précéd-nt.
Kmin. à l'article '• !. visant la révision
des tarifs en \ue d'éviter tout déficit budget annex M. Aiii^i^tc Hrunet propose
un «uvtondemciif. tendant à instituer nn
0>n«c!l d'admirestrat1 >n du Chemin d-> fer
et du port la Héutmm r.<>nl«*nant «les re-
présentants de l'Etal >̃' des Colonies et. à
décider que les réa.ius!. mont* du tarifs de-
vront être désormais approuvés pur ie Gou-
verneur (!• la Colonie, délégno du Minis-
tre.
L'amendement, accepté v ar lu Commis-
sion et, le < iouvernenu at. st adopté cômme
irtielo \M1.
Puis les différents chapitres et l'ensemble,
du budget annexe, du chemin de fer et port
:1e la lléunjoy sont otlopfés.
-- - - - - - - - - - - - - - - - --
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
us ARTICLES PUBLits PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Annonces el Réclame» Boni reçues aux Bureaux du Journal el dans les Agences de Publicité
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Rfdiflion et AttaimHration : 34, Rue du Mont-Thabor. PARIS-1" TMphone : LOUVRE 19-17
Va« faem &mou
ABOIIEMUTS ( Franc* ti Colonie* 80. 46 t Il e
ohmer Rtranffer 110. « 0 35 e
On ,'.bonn. dut toGe 1M Bantu de pwU «t CIMI 1M priaciptui Ubrmir–
* d e spp
La question des "sidis"
mot
Les A nnales Coloniales ont, il y a peu de
temps, signalé déjà dans une première note
l'importance prise par l'immigration des indi-
gènes de l'Afrique du Nord qui viennent cher-
cher du havait en France (le nombre en serait
d'environ 200.000, suivant l'estimation du
Ministère de rlntérieur), et que la presse mé-
ttopolitaine s' obstine de plus en plus à dé-
gommer des « Sidis ».
Des Sidis I Des Seigneurs 1 Certes, ces bra-
ies gens, descendus, pour la plupart, des mon-
tagnes de la Kabylie, ne s' attendaient point
à être affublés ici de tels titres honorifiques,
ti si quelques-uns en perçoivent toute l'ironie,
ik doivent en être profondément blessés.
Le plus grand nombre d'entre eux, qu'on ne
sy trompe pas, d'ailleurs, ont été sollicités de
iBeiiir dans la métropole par d'habiles agents
mcruteurs qui leur ont persuadé qu'on avait
%esoin de leurs services, et qui ont fait miroi-
ter à leurs yeux les hauts salaires dont serait
aScompensé leur concours.
En réalité, les raccoleurs ne les trompaient
(pas. La métropole est obligée, depuis la guer-
oc. de recourir de plus en plus aux travailleurs
étrangers dont le nombre atteint, à ce jour.
Illés de 3 millions.
Il paraît. à première vue, bien préférable
utiliser des ouvriers qui. s 'il est vrai, ne
jouissent pas de la qualité de citoyens français,
ioe de nationalité française tout de même, de
les faire profiter des salaires élevés qui sont
payés. en France, et encore de ne point fa-
voriser l'envoi à l'extérieur des économies (dont
l'ampleur est en rapport, précisément, avec
cette élévation des salaires) réalisées par des
arangers. et qu'ils emportent à leur départ.
•ma pendant leur séjour, font parvenir à leurs
familles.
U faut cependant empêcher que cette immi-
«ration de nos indigènes africains ne revête une
exagération qui présenterait des inconvénients
épaves, particulièrement pour l'Algérie.
Notre grande colonie est essentiellement
qvicole, et, à son tour, si l'exode des indi-
fefctes (Kaoyles ou Arabes) prenait de trop
rndes proportions, elle souffrirait du manque
4e bras, avec cette aggravation pour elle
qu'elle serait dans l'impossibilité de remplacer
.ces travailleurs agricoles dont elle né saurait
ae passer.
Autrefois, dans le département d'Oran, les
Marocains du Riflf, les Espagnols de l'Extrê-
me-Sud de l'Espagne, affluaient en certaines
«aisons, à l'époque des moissons, par exemple.
La source du Riff est tarie depuis que les
Stiffains sont entrés en lutte avec l'Espagne.
Quant aux Espagnols, le cours des changes
fait disparaître pour eux l'attrait des hauts
ce n est
salaires. En tout cas, depuis la guerre, 'ils •vien-
pitm avec le même empressement qu vien-
nent en Algérie, sinon pour s'y établir d'une
façon définitive, ce qui est tout à fait différent.
Dans les départements d'Alger et de Cons-
Itentinc, ce sont précisément les Kabyles qui
tiennent en masse, au moment des grands tra-
vaux agricoles, labours ou moissons.
La pénurie de main-d' œuvre (dans certaines
régions, au surplus, elle commence à se faire
acnlir) serait donc un malheur pour notre grande
(possession de l'Afrique du Nord.
Ne pas ouhlier, de plus, que ses projetions
agricoles les plus abondantes, le blé notam-
ment, servent non seulement à assurer son ali-
mentation propre, mais encore apportent une
contribution appréciable à l'alimentation de la
aétropole.
Il est donc certaines limites que l'immigra-
lion de nos indigènes d'Algérie en France ne
doit pas dépasser.
Ensuite, cette immigration, si l'on ne prend
certaines précautions, peut présenter des incon-
vénients graves. 1
D'abord, jusqu' à une date récente, on l',e
vérifiait point, avant que les indigènes eussent
quitté le sol de l'Afrique, s' ils étaient dans
un état de santé suffisant pour remplir la tâche
à laquelle ils étaient destinés, et surtout s'ils
«'étaient point atteints de maladies conta-
gieuses.
Résultat : un encombrement de nos hôpitaux
qui soulève, de la part des municipalités inté-
ressées, de vives protestations.
Et puis, il n'est pas sans danger de laisser
lSvrés complètement à eux-mêmes, comme ils
fo sont actuellement, dans nos grandes cités ou
nos agglomérations ouvrières, des hommes qui,
pisqu'à leur arrivée en France, avaient, pour
ta plupart, mené une existence simple, je puis
«lire primitive, dans leurs tribus, n'ayant que
«es rapports éloignés avec notre civilisation.
Sans guides, sans protection, ils sont mis en
intact, le plus souvent, avec les éléments les
moins rcconi::::\lldablcs de notre population.
D'où tics entraînements déplorables auxquels
its sont incapables de résister, et cette augmen-
tation de criminalité dont on s'émcut, à juste
titre.
Sans tarir un recrutement de main-d' œuvre
îrès précieux pour la métropole, il faut cepen-
dant prendre, pour éviter ces inconvénients di-
vers, certaines mesures dont on aurait du, scm-
'olc-t-it, s'aviser dès le premier instant.
En septembre dernier, le ministre de T In-
térieur a réglementé l'introduction en France
des ouvriers indigènes venant d'Algérie. Il a
'JHc.sl:\'it, pour autoriser leur départ de notre
colonie :
1" Une visite médicale, à l'effet de cons-
tater quo l'immigrant n'est atteint ni de tuber-
culose. ni d'aucune autre maladie contagieuse ;
2" La production d'un certificat d'engage-
ment visé par le Ministère du Travail (Office
de Placement du département où se trouve le
lieu du travail) ;
3° La délivrance d'une carte d'identité par
le maire ou l'administrateur de la commune du
domicile du travailleur.
Rien à dire en ce qui concerne la première
et la troisième de ces prescriptions.
La seconde est excessive.
D'ailleurs, elle est, avec toute sa rigueur,
rendue inefficace, nous apprendrons, par l'ha-
bileté d'agences spécia les, qui, contre une
forte somme, naturellement 1 procurent aux
intéressés toutes les pièces nécessaires pour
venir en France.
Il y a mieux à faire.
Une première tâche incombe à l'Adminis-
tration algérienne qui a le devoir, sans exer-
cer aucune contrainte, d'éclairer les popula-
tions indigènes, de les mettre en garde contre
des illusions fâcheuses et de modérer ainsi, par
de sages conseils, le mouvement d'émigration
s'il devenait inconsidéré et prenait une ampleur
trop grande.
La chose importante, ensuite, c'est de ne
point permettre à l'indigène de quitter le sol
algérien. sans avoir la certitude : ou qu'il pos-
sède des ressources suffisantes pour assurer rop
séjour en France ou qu'il lui est possible,
dans des conditions normales, de trouver l'em-
ploi qui lui est nécessaire pour vivre, et de
se rendre sur le lieu de son emploi éventuel.
Un engagement sérieux émanant d' un indus-
triel ou d'un agriculteur, c'est un des moyens,
et des meilleurs, d' obtenir cette certitude ;
mais ce contrat spécial n'est pas le procédé
unique, ni surtout le plus commode, soit pour
1. employeur, soit pour l'employé.
Il est indispensable, en réalité. qu'un Of-
fice soit créé dans les ports de débarquement
en France, Marseille pour la Méditerranée,
Bordeaux pour l'Océan (les Marocains débar-
quent ordinairement à Bordeaux). Cet Office,
par l'intermédiaire duquel s'effectuéra ordi-
nairement l'cmbauchage. auquel, tout au
moins, devront être dénoncés les contrats di-
rectement passés entre patrons français et ou-
vriers indigne* africain», connaîtra les bevu'us
de l'industrie et de l'agriculture, il fournira à
l'avance, aux ports d'embarquement en Algé-
rie ou au Maroc, l'indication du nombre des
travailleurs pouvant être normalement utilisés,
et, des leur arrivée, il dirigera sûrement, et
sans délai, ces travailleurs vers la localité où
ils sont attendus.
Ce qui ne ferait obstacle nullement, d'ail-
leurs, à la co-existence SUT d' autres parti es du
territoire d'autres organismes de même nature.
Ceux-ci seraient en rapports suivis avec les Of-
fices des Ports, leur transmettraient tous les
renseignements voulus, et en faciliteraient
grandement le fonctionnement centralisateur.
Ces organismes divers pourraient, à certaines
époques, constituer des équipes agricoles et les
envoyer dans les régions où la main-d' œuvre
fait défaut, pour les moissons, les vendanges,
etc., avec un guide chargé de veiller à leur
emploi normal et ininterrompu.
Ils auraient également pour mission de veil-
ler avec soin au rapatriement immédiat de tous
les indigènes qui, cessant de se livrer à un
travail rémunérateur, risqueraient de se trouver
au bout d'un temps très limité, dans le pl us
complet dénûment.
Enfin, je suis d'avis, comme l'idée en a été
émise à diverses reprises déjà, et, comme le
préconisait récemment encore le Petit Pari-
sten, de créer aussi dans les grands centres et
toutes les agglomérations importantes où sont
réunis en nombre des travailleurs africains,
« des foyers indigènes » qui auraient pour but
de grouper ces travailleurs, de les loger, de
les nourrir, de faciliter l'exercice de leur reli-
gion (ce à quoi ils seraient certainement très
sensibles)
Ces groupements, qui présenteraient le pre-
mier avantage (et il serait précieux pour les
intéressés) de replacer ces indigènes, isolés,
perdus au milieu dû nos grandes villes, dans
un milieu connu et familier auraient pour
effet aussi de rendre plus commode et plus
efficace une surveillance qui, certes, doit gar-
der un caractère de grande bienveillance, t:t
dont le premier objectif doit être de rendre
l'existence plus facile et plus agréable à ces
hommes dépaysés, mais qui est tout à fait né-
cessaire pour les garder contre toutes entrepri-
ses malsaines et pour préserver la société elle-
même d'excès regretlahlcs.
De semblables mesures n'offrent rien - de con-
- -
traire aux principcs de liberté. Il ne faut pas
perdre do vue que tout individu, sans domicile
ni ressources, se trouve en état de vagabon-
dage ce qui est un délit et devient, par
suite, passible do peines correctionnelles. Il
est donc tout à fait légitime d'empêcher que
les indigènes de nos colonies, abusés par des
promesses ou des illusions trompeuses, com-
mettent ce délit. Sans doute, parce que cela
paraîtrait trop cruel, hesiterait-on à les pour-
suivre ? Mais l'existence seule dans nos Codes
de semblables dispositions démontre l'intérêt
qui s'attache pour tous, à ne point laisser ahan-
données et sans soutien, des individualités, in-
capables, momentanément, de se diriger et de
subvenir à leurs beso ins.
Toutes les dipoitions utiles peuvent être
légalement prises pour l'Algérie par voie de
décrets, au Maroc, par des dahirs émanant du
Protectorat.
Si quelques-unes nécessitent une législation
spéciale dans la métropole (il faut, au surplus,
qu'une réglementation nouvelle intervienne, à
bref délai, pour l'immigration des étrangers),
la loi nécessaire doit être proposée et votée.
Mais il convient que le Gouvernement en
prenne l'initiative, pour mettre en harmonie ses
propositions avec les prescriptions que, dans la
limite de ses droits, le Pouvoir exécutif impo-
sera dans les colonies mêmes.
Roux-Freissineng,
Député d'Oran, Vice-président de ta
Commission de l'Algérie, des Colo-
nies et Protectorats.
N'exhumons pas
de vieilles histoires
80
La malheureuse odyssée de la mission
Voulet-Chanoine était entrée dans l'oubli
et pour rien au monde les Soudanais de
cette époque ne voulaient en parler. Deve-
nue la mission Joalland, ce fut elle qui re-
joignit au Tchad et Foureau et Gentil.
Mais voici que M. de Kerillis, pour ali-
menter sa copie à l'Echo de Paris, en tra-
versant la terre d'un drame, DE CET EFFROYA-
BLE DRAME, a tout d'abord relaté l'incident
de Sorbo-llaoussa avec assez d'exactitude,
sauf en ce qui concerne la mort de Voulet
et celle de Chanoine, sur lesquelles le doute
plana pendant plusieurs années.
En qualité d'ancien officier de l'état-ma-
jor du Soudan, je ne voulais rien écrire
sur ce drame de la brousse, mais par le
post-scriptum de son article sur son séjour
à Niamey, M. de Kerillis déclare maintenant
que le colonel Klobb fut un martyr, et Vou-
let un exalté.
Or, quand La mission Voulet-Chanoine
fut autorisée, sous la pression du président
de la République de l'époque, compatriote
de Voulet, l'administration locale ne cessa
de faire une sourde opposition à cette mis-
sion qu'elle jugeait (à tort ou à raison) pré-
maturée. Dans l'Echo de Paris de 1898, en
cherchant bien, on y trouverait quelque al-
lusion qui ne fut pas démentie.
C'est sur la dénonciation d'un officier
renvoyé par Voulet, que le ministre des Co-
lonies prescrivit une enquête pour laquelle
on ne trouva que le colonel Klobb pour
s'en charger, tous les officiers supérieurs du
Soudan, connaissant la valeur de Voulet,
s'étant rocuses. Ce que confirme M. de Ke-
rillis dans son premier article.
A tnrt, le ministre des Colonies trans-
forma l'ordre d'enquête en ordre de icicvor
Voulet, chef de la mission.
D'où le drame devenu inévitable, car Vou-
let arrivé après tant d'embûches occultes à
proximité de Zindcr, avait toute raison
d'être exaspéré d'une telle mesure pour la-
quelle on n'avait trouvé qu'un ennemi
avéré. (C'était, en effet, une bien vilaine
besogne, pour laquelle il n'était guère be-
soin d'un grand courage.)
Chanoine fut tué peu après par ses pro-
pres tirailleurs, et Voulct, beaucoup plus
tard. par une sentinelle de son propre bi-
vouac et par inadvertance, car les tirailleurs
restés avec Voulet aimaient leur chef. Et
c'en était un, d'une rare intelligence et
d'une haute culture à qui nous devions la
conquête et l'organisation de Mossi et du
Gourounsi. Victime d'une lâche dénoncia-
tion, le véritable martyr ne fût-ce pas Vou-
let?
Eugène Devaux
Fantaisies bureaucra Iques
Les professeurs de cadre métropolitajn, déta-
chés aux colonies, font partie de deux cadres :
un cadre métropolitain, où ils n'avancent qu'à
l'ancienneté, et un cadre local, où ils peuvent
être promus au choix.
Or, par la fantaisie d'un bureaucrate dont
il serait bon d'établir l'identité, un décret du
27 juin 1921 supprimait le cadre colonial pour
les professeurs détachés, ne laissant subsister
que le cadre métropolitain. Ce décret, amenant
des rétrogradations de classe et de catégorie,
souleva les protestations les plus vives de la
part du personnel. Les récriminations des su-
bordonnés, les rapports des chefs hiérarchiques,
les interventions des parlementaires s' accumu-
lèrent. tant et si bien que le ministre dut pren-
dre un décret en date du 10 mars 1923 qui an-
nula le décret du 27 juin 1921. 11 fallut deux
ans, par conséquent, pour que les bureaux de
la rue Oudinot veuillent bien reconnaître leur
erreur et l'injustice commise.
Mais, pour montrer leur omnipotence, ils ont
prétendu consulter derechef les Gouverneurs
pour l'application de la loi à chaque fonction-
naire lésé, et, cet avis favorable ne sufifsant
pas, ils l'ont déféré au Comité Supérieur Con-
sultatif de l'Instruction Publique des Colonies.
Celui-ci, ayant donné son approbation dans sa
séance du 31 décembre 1923, on aurait pu
penser que les intéressés, après deux ans et
demi d'attcnte, allaient retrouver aussitôt leur
classement et leur traitement. Il n'en était rien !
C'est le 14 octobre 1924 seulement, c'est-à-
dire un an et sept mois après la promulgation
de la loi réparatTice, dix mois après l'avis du
Cxînseil Supérieur, qu'un arrêté a rétabli ( la
situation de chaque professeur lésé.
On conçoit sans peine ce que de telles mé-
thodes administratives mettent de rancœur el
de désordre dans le labeur de ceux qui peinent
au loin, aussi peu protégés contre ces abus des
bureaux directoriaux que les colons sous l'an-
cicn régime. Et l'on relit avec tristesse ce qu'a
écrit M. Hcmot dans son dernier volume :
Créer : « l-e régime de la faveur a remplacé
celui (tu mérite. Nos meilleurs fonctionnaires
voient les postes principaux réservés aux sous-
produits de la politique. L'indiscipline qui sévit
parfois en bas n'est rien, comparée à l'immora-
lité qui s'impose en haut. »
LE COTON COLONIAL
L'un des problèmes les
plus délicats qui s'impo-
sent actuellement à l at-
tention des grands Etats
industriels modernes est
celui de leur approvision-
nement en matières pre.
mi ères.
A l'exception - des - Etats-
Unis qui possèdent tin territoire presque
aussi vaste qu'un continent et qui réunit les
productions de la zone tempérée à celles de
la zone tropicale, tous les pays sont obsé-
dés par cette question, Jusqu'à une époque
assez restreinte, le monde économique pou-
vait se diviser en deux parties, l'une fournis-
sant les matières premières à Vautre qui les
mettait en œuvre. Mais les pays de la pre-
mière catégorie se sont mis peu à peu sous
l'influence des seconds, d'ailleurs, à travail.
ler les produits qu'ils se contentaient aupa-
ravant d'expédier à Vétranger. Dès ce mo-
ment, le danger est apparu menaçant, et cer-
tains ont entrevu le jour où les usines euro-
péennes ne sauraient où s'alimenter.
C'est alors que les colonies qui, durant
de longues années, n'avaient été recherchées
que comme des débouchés pour l'industrie
métropolitaine, furent de nouveau considé-
rées comme des marchés d'approvisionne-
ment. Et ainsi, les mobiles de la colonisa-
tion redevenaient ce qu'ils avaient été à
l'aurore des temps modernes.
Aussi, voyons-nous les grands Etats de
l'Europe occidentale et nous pourrions y
aiouter la Russie qui fait la même chose au
Turkestan, s'efforcer de développer dans
leurs possessions les cultures qui doivent ali-
menter leurs usines.
T.'Angleterre a fait, depuis déjà plusieurs
années, un grand effort en ce qui concerne
le coton, aux Indes, en Egypte et sur diffé-
rents autres points de VAfrtque. Des sociétés
puissantes, semblables à celles dont nous
avons parlé récemment en ce qui concerne le
caoutchouc, se sont constituées dans ce but, et
ont fait appel au concours de l'Etat.
En France, des associations analogues se
sont formées qui se proposent de s'encoura-
ger et de faciliter par différents moyens de
mettre en valeur les ressources de nos colo-
nies en coton. Elles envoient des missions
d'études, se préoccupent de mettre à la dis-
position des planteurs une partie de l'outil-
la ce.
Mais les ressources dont elles disposent
sont assez réduites et par là le cltamp ci
l'efficacité de leur action sont fort limités,
Aussi certains sont-ils de leur procurer des
moyens pécuniaires plus en rapport avec le
but qu'elles poursuivent afin qu'elles puis-
sent vraiment accomplir la tâche qu'elles se
sont assignée. Mais à qui s'adresser sinon (1
la collectivité, à l'Etat. Evidemment. Ici vie
économique actuelle a de telles exigences, le
mécanisme de la production présente une telle
complexité et a pris une telle ampleur que
Vinitiative des particuliers est dans bien des
cas insuf fisante.
la collectivité à laquelle on veut faire ap-
pel n'est pas uniquement la collectivité ml/ro-
politaine. On entend aussi solliciter les ef-
forts des colonies que Von invite à consacrer
(1 cette œuvre une partie de leurs plus-values
budgétaires.
Tellcs sont les vues que nous trouvons in-
âiquées dans un récent article du supplément
économique du Temps.
Il faut que la France ait ulle politique du
coton, comme elle devrait en avoir une du 1'/-
trole, du blé ou de tel autre produit dont
l'usage est indispensable à la vie nationale.
Ce ne sont pas là des vues absolument
nouvelles. Il y a longtemps qu'elles sont fa-
milières à ceux qui ne bornent pas leur atten-
tion aux problèmes de politique pure. Elles
sont malheureusement encore en partie étran-
gères il l'opinion publique. C'est pourquoi il
est bon que celle-ci ,} son tour en saisisse ra-
pidement tout l'intérêt.
Henry Fontanier,
Député dit Cantal, Secrétaire de la
Commission îles Affaires étrangères,
Membre de la Commission des Co-
lonias.
Une colonie
qui attend son gouverneur
--0-0--
M. André Touzet, le nouveau Gouverneur
du Tchad, ne s'est pas embarqué hier à Bor-
deaux à bord du paquebot Tchad, pour rejoin-
dre son poste.
Au dernior moment, pour simples raisons de
« convenances personnelles n, il a sollicité d
la haute bienveillance du ministre des Colonies
un sursis de départ de trois mois.
M. André Touzct a reçu l'ordre de s'em-
barquer le 26 février à bord du paquebot Eu-
i rope, courrier de la Côte d'Afrique.
.-–- –-.
Comité de l'Indochine
----e.o--
I/assemblée générale annuel le du Comité
du Commerce, de l'Industrie et de l'Agri-
culture de l'Indochine, a eu lieu hier matin
à onze heures, au siège social 96 bis, boule-
vard Haussmann.
M. Léonaid Fontaine, président du Cl)-
mité, a donné lecture du compte rendu mo-
ral.
M. Freynet, trésorier général, a ensuite
communiqué à l'assemblée les résultats
financiers de l'exercice.
MM. Dupré, Jacquc Dalignon, de T.,\na.
lut, dont les pouvoirs venaient à échéance,
ont été réélus par acclamation.
L'aviation coloniale
--0-0--
Paris-Dakar
Les nouvelles contradictoires reçues de sour-
ces diverses ne nous permettent pas encore de
connaître les causes de l'atterrissage de Le-
maître et d'Arrachard dans le Kio-de-Oro. La
panne d' essence est la plus vraisemblable, pan-
ne légère due à la rupture d'un tube d'arrivée
ou par fuite.
Villa-Cisneros signalait, hier matin, que les
deux pilotes qui comptaient reprendre leur vol
de bonne heure et ce fait prouve le peu
d'importance de la panne, se voyaient con-
traints d' attendre que la brume épaisse se fût
dissipée.
L'événement attendu a dû so produire tard
dans la matinée, car c' est seulement dans la
soirée d'hier que parvint le câble suivant :
DAKAR, 5 février, 1 heure. - Les avia-
teurs LemaHre et Arrachard ont quitté Villa-
Cisncros à midi. Ils sont attendus à Dakar oers
20 - heures. ---
Le Sous-Secrétariat d'Etat de l' Aéronauti
que communiquait enfin le câble émanant du
Gouverneur de l'Afrique Occidentale fran-
çaise :
DAKAR, 5 février, 18 h. 40. Les avia-
teurs Lemaître et Arrachard ont splendidement
atterri à Dakar, à 18 heures. Signé : CARDE.
La prouesse est donc réalisée dans son en-
tier. Lemaître et Arrachard ont effectué le
voyage aérien de Paris à Dakar en 34 h. 12 m.
de vol effectif.
Et voici qu'on annonce que les pilotes ne
t'arrêteront pas là.
Bamako verra passer leurs cocardes, et Tom-
bouctou-la-Mystérieuse les verra atterrir. Et,
de là, ils tenteront d'un. seul coup d'aile de
gagner Paris, pour y recevoir les ovations que
mériterait ce triple exploit. Mais espérons qu ils
feront prouve de prudente et vérifieront avec
soin tous les organes de leur appareil qui a dû
être sérieusement secoué durant Paris- Dakar.
Paris-Tchad
Arrivée à Gao
Les quadrimoteurs de la M ission Aérienne
d'Etudes, commandée par le colonel de coys.
poursuivant sa route, a atteint hier Gao.
La nouvel le a été communiquée au Sous-Se-
crétariat de l'Aéronautique par M. Carde,
Gouverneur Général de l'Afrique Occidentale
française.
Nous avions annoncé avant-hier le passage
des deux avions à Ouallen. De Goys, Pelletier
Doisy, Vuillemin et Dagneaux ont donc réussi
à couvrir les I -010 kilomètres qui les sépa-
raient de Gao, en passant par Tessalit et Bou-
rem.
Pilotes et appareils ont couvert 4.230 kilo-
mètres depuis leur départ, dont plus de 2.500
en territoire africain et 1.680 au-dessus du dé-
sert.
C'est la première fois que cks gros appa-
reils de transport s'éloignent de telle façon de
leur base.
Ce résultat est tout à l' honneur des appa-
reils Blériot et des 180 CV Hispano.-
G.-D. R.
J. P.
-00
De Tunis au Tchad
La mission Courtot aprfs avoir révise
complètement son matlricl et pris neuf
jours de repos, a quitté Diunet, le 3 février,
it huit heures du matin. se dirigeant sur
D'iado par ln-Ezzan, à 305 Icilomôtres.
Au cap Juby
(Je
Plusieurs tribus de la possession espagnole
du cap Juby se sont soulevées et le Directoire
a adopté des mesures pour réprimer cette insur-
rection.
C'est dans cette région que Jacques Lebau-
dy, empereur du Sahara, voulait fonder son
Empire, région désertique s'il en fut ; à perte
de vue, tout autour du fortin où les Espagnols
sont installés, c'est le désert dans toute sa dé-
solation.
-*•
Incident à la Guyane (?)
I.'a^cncc K\'cli £ in^o Telograph a publié
hit'i* le message suivant :
Le 2^ novembre dernier, le vapeur bri-
tannique Edith-Ca.vell, du port de Liver-
pool, til naufrage prés (1( Cayenne, por'
prineipal de la (îuyane française. Il y a
trois semaines, des rumeurs inquiétantes
au sujet de l'équipage parvinrent A Lon-
dres. Ces rumeurs semblent continuées au-
jourd'hui par une lettre que vient de re-
cevoir d'un officier du steamer le secré-
taire de l'Association des services de la
marine marchande. Selon le signataire,
les autorités françaises auraient arrêté l.
capitaine de l'Editl¡.ral'dl, le second et
l'oflicier mécanicien, les auraient jetés
dans une cellule de forçats et les y au-
raient laissés sons couvertures et sans vi-
vres.
L'Association des services de la marine
marchande aurait réclamé, conjointement
avec le propriétaire (ln steamer, M. Moss.
vigoureusement auprès du (îouvornement
anglais la mise en liberté des officiers bri-
•anniquea.
1.1 ministère des Colonies ignore com-
plètement les faits signalés dans le télé-
'¡rll.mm, de l'A genre dr Presse anglaise.
Aussitôt que l'information a été connur
rue Oiuiinot, un râblogramme Il. rie adres-
sé. à Caycnnc nu Gouverneur p. i. d, (d,
(Iuyane, lui proscrivant de. poursuivre, une
enquête et d'en, faire, connaître les résul-
tats au Département.
A propos de la catastrophe
de l'ex "Haïphong"
-o-a---
Ce fut un grand désastre que la perte Ue
Ycx-Hcuphong, Il a coûté la vie à plusieurs
dizaines de personnes. La faute en incombe à
cet armateur chinoi s qui, ayant acheté l'ex-
J laïphong à la Compagnie des Messageries
Maritimes pour en faire du vieux bois, a con-
tinué à le faire naviguer malgré l'avis du bu-
reau « Veri tas ».
Verra-t-on se renouveler dans un avenir pro-
chain unck catastrophe semblable ? Le doute est
permi s.
En effet, depuis plusieurs années, le service
de cabotage entre Saigon et Haïphong était
assuré par la Compagnie des Messageri es Ma-
ritimes en vertu d' un accord entre cette So-
ciété et le Gouvernement Général.
Plusieurs Sociétés étaient disposées à se
présenter pour assurer le service, tant les Mes-
sageries Maritimes que les Chargeurs Réunis,
ou la Compagnie de Navigation Indochinoise.
En fin de compte, un câble arrivé hier nous
apprend que l'Administration aurait traité avec
la Société des Affréteurs indochinois, dont le
siège est à Sargon,
Un contrat de trois ans lierait la colonie à
cette Conjpagnie qui aurait acheté à la Penin-
sular and Oriental Steam Navigation un vieux
rafiot de 22 ans, le Victoria.
Il parait que la dure épreuve de la fin de
l' an dernier n'a pas porté sa leçon.
Il nous semble que, dans l'intérêt de la Co-
lonie, il eût mieux valu faire un contrat d'une
plus longue durée avec une Société quelle
qu'elle soit, mais offrant des garantie* sérieuses
et réelles et exiger d'elle l' achat de navires
neufs, solides et susceptibles d'assurer un ser-
vico convenable. Tout le monde y aurait ga-
gné.
Les Messageries Maritimes et les Chargeurs
Réunis donneront-ils des billets aux voyageurs
de France à destination de Ben-Thuy ou de
Haïphong, accepteront-ils des marchandises sur
leurs bateaux à destination des ports desservis
par la Société de cabotage > Il est permis d'en
douter quand on sait que c' est la Compagnie
émettrice du billet qui est responsable des
clients et de la cargaison, même lorsqu'il y a
transbordement sur des navires d'une autre Sv
ciété pour le parachèvement du voyage ?
L'Angély
A LA CHAMBRE
------ o--
Chemins de fer et port de la Réunion
La Chambre qui veut en terminer avec
les chapitres réservés des différents minis-
tères. avant d'aborder la loi dn tinanced.
a examiné au cours de la séance de l'après-
midi. le rroget. de loi tendant A l'établisse-
ment sur de nouvelles bases, des conditions
d'exploitation du chemin de fer et du port
de la Réunion.
Sont adoptés sans discussion l'article 237
et l'article S; le premier disant quo la
colonie die la Héunion, qui, par les lois du
:.; octobre Hfl. et du ÎÏO avril li»Jl, sont
appelés kt participer aux changes de la ga-
rantie d'intérét du chemin de fer et du port
en supportera la totalité, à partir du lwr jan-
ier Hf.!).
Le second fixant que le déficit budgétaire,
s'il s'en produit, sera couvert par le budget
de la Colonie, dont il constituera une dé-
pense obligatoire. Au ens où le conseil êné-
l'al n'aurait pas voté ie crédit néo ssuLre,
011 n'aupait voté qu'une somme insuffisante,
il serait pourvu d'office à l'inscdption du
crédit, en vertu du décret rendu sur le
rapport du ministre des Colonies. Les ver-
sements s'effectueront par quarts.
Sur l'article JÜ tendant ce que l'excé-
dent tle recettes sur les dépenses ordinaires
soit affecté en premier lieu, ¡\ concurrence
de -;':ÙO.OOO francs par an, à la constitution
d'un fonds de roulement de. trésorerie jus-
qu'il concurrence do *2 raillions, on second
li ni, «ï ce que le surplus de. l'excédent soit
réparti entre l'Ktat et. In Colonie au pro-
rata des dépenses faites. M. Auguste Dru-
nel défend un amendement kndant ;'1. faire
affirmer le principe de la responsabilité de
l'Ktat pour le chemin de lV;- ut le port de
la P»éunu>n, les x.cédents de recettes éven-
tuels devant être partagés par moitié entre
l'Ktat et la colonie.
M. Clémente], ministre 1 s Finances, dé-
c'are accepter ramendi-me.it
la 'ilonie q.ii en profilera.
M. l'.runet pr< nd acte d tte déclaration.
L'amendement < eiisuil. adopté, puis
Vartiele ;!:11, rectifie 11 conséquence, est
voté.
Lst. également adopté l'article \'M) tendant
fi ce que le Trésor continue ii eiiVettiej* les
nvanc s de. trésorerie, jusqu'à la constitu-
tion du fonds de roulement prévu à l'ar-
ticle précéd-nt.
Kmin. à l'article '• !. visant la révision
des tarifs en \ue d'éviter tout déficit
un «uvtondemciif. tendant à instituer nn
0>n«c!l d'admirestrat1 >n du Chemin d-> fer
et du port la Héutmm r.<>nl«*nant «les re-
présentants de l'Etal >̃' des Colonies et. à
décider que les réa.ius!. mont* du tarifs de-
vront être désormais approuvés pur ie Gou-
verneur (!• la Colonie, délégno du Minis-
tre.
L'amendement, accepté v ar lu Commis-
sion et, le < iouvernenu at. st adopté cômme
irtielo \M1.
Puis les différents chapitres et l'ensemble,
du budget annexe, du chemin de fer et port
:1e la lléunjoy sont otlopfés.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.31%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.31%.
- Auteurs similaires Jardin d'agronomie tropicale Jardin d'agronomie tropicale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jardin d'agronomie tropicale" or dc.contributor adj "Jardin d'agronomie tropicale")France France /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "France" or dc.contributor adj "France") Perrier Edmond Perrier Edmond /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Perrier Edmond" or dc.contributor adj "Perrier Edmond")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k63968676/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k63968676/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k63968676/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k63968676
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k63968676