Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-12-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 décembre 1906 13 décembre 1906
Description : 1906/12/13 (A7,N49). 1906/12/13 (A7,N49).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374968s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
T' ANNEE - N' 49.
PRIX France : 16 oent,
a Etranger et Ctfloniès 30 cent.
JELD1 13 DÉCEMBRE 1906
f
9
Les Annales Coloniales
esnna À&L
- - - Iqquoiv, -
EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concluant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
p
JOTLTH.NAL HEBDOMADAIRE
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en première page
L'ENTENTE CORDIALE
Une lettre de M. Hippolyte Laroche
A PROPOS DU CONGO BELGE
EN INDO-CHINE
CHOSES ET GENS
par GIA DINH
Le Commerce des Thés Chinois
EN ANGLETERRE
par E. C.
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
L'Emprunt de l'Afrique
oecidentaie française.
par M. R.
La Semaine Coloniale.
EN FEUILLETON
La Revue de la Presse Étrangère
en troisième page
La Semaine Economique.
L'ENTENTE CORDIALE
Notre Directeur a recula lettre sui-
vante de M. Hippolyte Laroche, rési-
dent général de France, député de la
Sarthe,dont on connaît la haute compé-
tence en matière de politique extérieu-
re.
Paris, 6 décembre 1906.
Monsieur,
Vous désirez savoir ce que je pense
de notre politique extérieure, etnotam-
ment du péril marocain et de l'entente
cordiale ?
S'il y a un péril marocain, il est en
nous seuls. Ce ne sont pas les sujets du
maghzen qui songent à conquérir la
France, ni à lui demander compte de
l'insécurité des boulevards extérieurs de
Paris. C'est en France que nombre de
politiciens dissimulent mal,en regardant
le Maroc, leurs dents de jeunes loups.
J'applaudis à l'entente cordiale, à
l'entente cordiale avec tous les peuples
à l'Entente cordialeavec les Anglais,
dont les âmes de commerçants connais-
sent le prix de la paix Je suis heu-
reux de garder la paix, de vivre sur le
pied d'une cordialité sincère avec nos
voisins; et je n'ai jamais essayé de me
concerter avec eux pour un mauvais coup
à faire ensemble.
Recevez, etc.,
Hippolyte LAROCHE
-– .:'"g.g.
A propos du Congo belge
La question congolaise va susciter de
nouveau, cet hiver, à Bruxelles de vifs
débats. Ceux qui ont contribué à la
fondation de l'Etat indépendant, aussi
bien que ceux qui l'administrent aujour-
d'hui, sont l'objet de véhémentes criti-
ques. Le nouveau livre que vient de pu-
blié le père Vermeersch sur les destinées
du Congo belge (î) complète utilement
celui qu'il avait fait paraître,il y a quel-
ques mois, sous ce titre plus général :
•( La question congolaise ». Il met de
nouveau en lumière les difficultés aux-
quelles se sont heurtés les organisateurs
de l'Etat nouveau pour établir dans une
contrée encore très sauvage un bon ré-
gime foncier, pour résoudre d'une façon
satisfaisante les questions de main-d'œu-
vre et d'impôts. Il n'est pas douteux que
des abus graves ont été commis, que
des erreurs regrettables ont été la con-
séquence d'un empressement, excusa-
ble peut-être, mais excessif, pour don-
ner à un Etat qui débutait les lois et l'or-
ganisation d'une société parvenue à
l'âge mûr. Le système politique qu'on a
introduit au Congo a été surtout vicié
par une centralisation excessive et une
confusion des pouvoirs qui a tendu à éta-
blir un conflit perpétuel entre l'intérêt
et le devoir
11 ressort des enquêtes poursuivies
depuis quelques années que de profondes
modifications devraient être aujourd'hui
introduites dans l'attribution des terres,
qu'il faudrait, par exemple, encourager
beaucoup mieux les indigènes à la cultu-
re, en leur laissant plus de moyens pour
s' y livrer à leur façon.
11 n'est pas douteux non plus que les
administrateurs devraient étudier,mieux
qu'ils ne le font, les coutumes et les
mœurs des indigènes ; presque rien n'a
été fait pour améliorer la façon dont on
perçoit l'impôt et pour changer un sys-
tème déplorable, en vertu duquel ce sont
les mêmes fonctionnaires qui adminis-
trent le pays, prescrivent les redevances,
veillent aux rentrées, prononcent et exé-
cutent les sentences. Tant qu'on n'aura
(1) Bruxelles, Dewit, 1906, 92 pages, in-S'.
EN IIsTDO - GI-EIISTE
CHOSES ET GENS
L Indo-Chine traverse une crise indé-
niable. Son budget est en déficit, on a dû
arrêter tous travaux et Vargent des contri-
buables ne ser plus qu'à. payer des fonc-
tionnaires dont la grande majorité devient
mutile. L'œllvre de M. Dounier est grave-
ment compromise. A qui incombe la res-
ponsabilité de cette situation et quelle est
l'exacte étendue du désastre. C'est ce que je
me propose d'exposer ici chaque semaine
en examinant successivement les hommes
et les faits.
M. BEAU.
M. Beau, gouverneur général de l Indo-
Chine vient de repartir pour la colonie.
On avait bien annoncé que ce haut fonc-
tionnaire allait être appelé à un autre poste
de choix mais on avait déjà fait courir si
souvent ce bruit que personne n'y croyait
plus.
Le ministre ignore donc la situation
de l'Indo-Chine ? Non, mais le petit jeu
des ambassades ne s'est pas encore une fois
prêté à l'envoi de M. Beau à Tnkio ou à
Berlin. L'Indo-Chine demeure victime de
ces difficultés diplomatiques.
.,11. Beau est peut-être un excellent di-
plomate, il a passé trop peu de temps à Pé-
kin pour que l'on s'en aperçoive mais ce
n'est ni un administratenr ni un financier.
Il laisse cette besogne inférieure à son, en-
tourage, et lorsque ce sous-ordre appelle le
docteur Cognacq, médecin-major des trou-
pes coloniales, homme de confiance du
Gouverneur général, c'est déplorable pour
la colonie. Le docteur Cognacq est un ex-
cellent administratenr, mais de ses inté-
rêts particuliers.
Que fait donc M. Beau et quels crimes
peut-on lui reprocher?
Son grave defallt est justement de n'avoir
rien fait ou plus exactement d'avoir laisser
faire. Fonctionnaires colons, missionneux
et missionnaires, quémandeurs de places
ou de monopoles, tous obtiennent satisfac-
t on. M. le Gouverneur général ne sait rien
re user.
M. Beau a horreur des affaires. Com-
pulser un dossier lui porte sur les nerfs, il
n'étudie rien, il a reêllement confiance dans
ses chefs de services. Un jour, l'un d'eux
embarrassé, eut la malencontreuse idée de
préparer pour une question deux lettres,
l'une affirmative, l'autre négative) mais il
avait oublié d'en prévenir le Gouverneur
général. Celui-ci retourna les deux lettres
après les avoir également approuvées de
son auguste signature.
Ne croyez pas que M. Beau soit un fonc-
tionnaire indiscipliné: on lui a dit de se
promener, il se promène-la Coch inchine,
le Cambodge, voire même le Laos Ollt sucees..
sivement vu sa figure ennuyée. Il va du
nord au sud puis du sud. au nord, em-
menant tout son état major. Ces voyages
coâent cher ail IJ/ldgct,mai,..,' on a dit à M.
Beau de visiter /'Indo-Chine. Il la visite
cet homme. pourquoi ? il rien a jamais
rien su.
Il va au Laos comme il fait son tour
d'inspection le soir, à cinq heures lorsqu'il
est à Hanoï et bientôt aucun de nos proté-
gés ne pourra se plaindre d'ignorer la fi-
gure vraiment majestueuse de son gouver-
neur général. Car il a vraiment grand air
notre premier et à. ce point de vue les Anna-
mites seraient malvenus de se plaindre.
Mais le rôle dit Gouverneur général doit
il être purement décoratif et ce vice-roi doit-
il ignorer tous les bons tripotages opérés
par ses subordonnés. Je ne le crois pas et
M. Doumer doit sûrement être de mon avis.
Ji. Beau est un bel homme, mais il est
faible. GIA. DINH.
pas modifié ces errements, la source prin-
cipale des abus ne pourra être tarie.
Un est bien loin de cet idéal rêvé par
la Commission d'enquête d'après lequel
l'Etat s'occuperait simplement de civili-
ser le pay s,de pourvoir à son développe-
ment moral et matériel « en se bornant
à percevoir un impôt sur les produits ré-
coltés ou exportés, mais en laissant aux
commerçants l'exploitation d es richesses
naturelles de la contrée ». La lettre que
Léopold II a adressée aux secrétaires gé-
néraux le 3 juin dernier (elle est repro-
duite en appendice) comporte elle-même
de graves critiques. Quelques-unes des
expressions employées par le roi souve-
rain sont très discutables. L'Angleterre
ne peut-elle prétendre,en se fondant sur
la convention du 16 décembre 1884,con-
clue à Berlin,qu'elle a le droit de nommer
des agents consulaires et d'exercer sur
les faits et gestes de l'administration un
certain contrôle ? Et Léopold II a-t-il le
droit d'introduire,dansl'ii ypothèse d'une
annexion éventuelle du Congo à la Bel-
gique, une clause d'inaliénabili lé qui sera
certainement contestée ? C'est une bien
grosse question que celle de savoir si le
Congo deviendra un jour une colonie
belge ?
C'est une de celles qui vont sans doute
être discutées avec le plus d'animation.
11 m'asemblé, au cours de conversations
que j'ai elles récemment en Belgique mê
me sur ce sujet, que les hommespoliti-
ques redoutent de voir imposer au pays,
par une annexion, des chargesnouvelles
impopulaires, dont le pays ne se soucie
pas; mais l'annexion est vivement sou-
haitée par la plupart de ceux qui ont été
dès les premiers jours les collaborateurs
du roi Leopold IL L'avenir nous dira si
ce sont leurs idées qui l'emporteront.
Georges BLONDEL.
LE
COMMERCE DES THÉS CHINOIS
EN ANGLETERRE
Formation d'une association des princi-
paux importateurs. Statistique des quan-
tités introduites dans le Royaume-Uni
pendant la période ij34-iyo5.
La nouvelle suivante a paru récem-
ment dans divers journaux d'Outre-Man-
che :
« Les principaux importateurs de thé
ont formé entre eux la China Tea Asso-
ciation en vue d'aider au développement
des intérêts de commerce. Les bureaux
sont à Chesterfield House, Great Tower
Stroet V,. C.
Après avoir été pendant près de deux
siècles croissante et même très rapide-
ment croissante,la progression suivie par
le trafic des thés chinois introduits en An-
gleterre s'est changée, vers 1867, en un
mouvement inverse ; cependant depuis
19.)3 une légère reprise se manifeste.
C'est ce que font apparaître les données
statistiques ci-après :
Années Livres de \53 grammeî
1734..,. 032.374
1746 -2.358.589
17GS. 4.205.394
l-i68 6.892.075
175. 10.856.578
180. ,. 20.358.702
18;3. 31.829.619
1867 157.750.000 (1)
1860 133.0 iO. 5-<8
1870. 118.493.836
187 1 138.881.004
1.S7M 131.170.065
18i6..,. 137.595.726
1885 134.855.068
1880 120.573.282
18H9. 80.478.295
1893 43.950.159
1!)7..,. 3?GS9.181
190? 15. f,04.956
190 3 20.087.093
190 4 48.935.764
1005. 47.508.405 (2)
Ainsi que le fait est connu, la décrois-
sance des quantités de thés chinois in-
troduits en Angleterre (depuis 1875-76 et
surtout à partir de 1885-86) a coïncidé
avec le développement des plantations
de l'arbuste producteur (dont les princi-
pales espèces sont celles du Thea Sinen-
sis et du Camellia Thea Link.Link.) dans
l'Inde et à Ceylan.
(1) Diet. français latin-chinois de F. Perny.
Didol 1S69. T. 1.. p. 427.
(2) D'après les lleturns of Trade (Part. I) pu-
bliés par les douanes impériale rhinoises. (Les
quantités données en piculs, ont été converties
à raison de 1 picul = 60 kilog. 453 = 133 livres
a nglaises lia.)
Il est à noter que. sur les quantités de thés dé-
elarécs, lasortiede Chine en 1904et 1905, comme
expédiees à destination d'Angleterre, une por-
lion assez importante était en réalité destinée à
la Hussie.
En même temps, certaines révélations
relatives aux procédés trop souvent em-
ployés en Chine pour la récolte et la
préparation des thés ont contribué à
détourner le public de la consommation
des produits venant du Céleste Empire.
Voici, par exemple, quelques indica-
tions tirées de l'article Thés dans le Dic-
tionnaire du commerce (Guillaumin,
1899) : « En Chine, la préparation du thé
est faite à la main d'une façon peu pro-
pre ». Et plus loin : « Il y a environ 35
ans, la Chine tenait pour ainsi dire com-
plètement. le monopole du produit des
thés, lequel est aujourd'hui partagé en-
tre les Indes, Ceylan et la Chine ; dans
certains pays, comme l'Angleterre, l'Aus-
tralie, la Turquie et la Perse, la Chine
ne fournit que le huitième de la consom-
mation totale ; et si les thés des Indes et
de Ceylan n'étaient cotés plus cher que
ceux de Chine, on n'emploierait plus ces
derniers. »
« Le progrès principal dans la fabrica-
tion des thés est le remplacement de la
main-d'œuvre (réduite au minimum) par
la mécanique : en Chine, on y met les
mains et les pieds,qui ne sont propres ni
les uns ni les autres. Il n'est pas rare de
trouver dans une caisse de thé de Chine
des cheveux, des ongles et des grains de
riz, le Chinois ayant l'habitude de man-
ger en travaillant ».
Depuis quelques années, des efforts
ont été faits en vue de réagir, et de rem-
placer ces procédés par trop primitifs
par des méthodes plus appropriées, plus
conformes aux règles de l'hygiène. Des
résultats favorables ont d'ores et déjà été
atteints. Sans doute l'action de l'Asso-
ciation récemment fondée à Londres con-
tribuera-t-elle à hâter les progrès ea ce
sens.
D'ailleurs, même en ce qui concerne le
passé, il faut se garder de trop générali-
ser. Les pratiques défectueuses, malpro-
pres, signalées plus haut, n'étaient pas
seules en usage.
Il convient de citer à cet égard, le
passage suivant extrait d'un ouvrage
sérieux et intéressant,publié en 1897 chez
Hetzel, le IMonde Chinois, par Philippe
Daryl : « Cette cueillette doit toujours se
faire avec le plus grand soin : d'abord, il
importe de ne pas fatiguer l'arbuste,
soit en le secouant, soit en le dépouillant
d'un trop grand nombre de feuilles à la
fois ; puis, ces feuilles elles-mêmes doi-
vent être traitées délicatement pour ne
pas perdre leur précieux arome.Les jeu.
nes filles chargées de ce travail ont tou-
jours soin de se laver les doigts avant de
se mettre à la besogne : elles prennent
les feuilles une à une et les déposent en
de fines corbeilles de la plus grande ro.
p reté » (op.-cit. pp. 40-41.)
Après avoir annoncé, en trois lignes,
DERNIERE HEURE
k* action franco espagnol G et
l'Allemagne
L'amiral Touchard, commandant en chef des
forces navales franco-espagnoles, a été reçu à
Madrid par le roi et a conrêré avec les minis-
tres des affaires étrangères et de la marine
d'Espagne sur la question d'un débarquement
éventuel.
- Les deux escadres ont quitté Cadix pour
Tanger. Les ambassadeurs de France et dp'Eous-r
pagne ont remis à M. de Tschirschky une note
identique au sujet de l'attitude concertée en-
tre les deux puissances relativement au Maroc.
M. de Tschirschky a exprimé aux deux am-
bassadeurs lesremerciments du gouvernement
allemand, a déclaré prendre acte de cette com-
munication, au sujet de laquelle le gouverne-
ment n'a aucune objection à élever. Les termes
de cette note sont, en effet, tels que si la
France et l'Espagne les obser vent loyalement, au-
cun sujet de désacord ne pourra se produire.
Un Journal a parlé récemment d'un désa-
cord entre l'Aile magne d'une part, et la France
et 1 Espagne d'autre part. Cette information
est inexacte. Il n'y a pas eu, il n'y a pas de dé-
sacco rd.
***
lae débat sur le ftlarroe et l'aete
d'Algésiras
Dans sa séance du jeudi ê décembre, la Cham-
bre a discuté l'interpellation Jaurès sur la poli-
tique marocaine au gouvernement. On a en
tendu successivement MM. Jaurès, Boni de-
Castellane, Lucien Hubert, rapporteur de la
commission des affaires extérieures.
Répondant aux critiques de M. Jaurès qui,sou-
tenant le point de vue allemand, préconise une
action internationale et s'effraye de l'éventua-
lité d'une conquête au Maroc. M. Pichon, mi-
nistre des affales étrangères après avoir jus-
UA'" L'ACTION franco-esnairnole Qui ne sortlpas des
termes de l'acte d'Algésiras, a donné lecture
de la note concertée entre la France et l'Es-
pagne, rem ;8 à toutes les puissances signa-
taires de c.t acte et approuvée par elles.
Cette note il 1 en substance qu'en cas de né-
cessité les ministres de France, et d Espagne,
aouaréserv - d'en référer à leurs collègues du
corps diplo uatlque, pourront requérir du com-
mandant en chef des forces navales le débar-
quement de troupes ; les détachements se-
ralen t rembarquésle plus tôt possible et au plus
tard dès que la police aurait été mise à même
fonctionner. Après avoir rappelé les ins-
uctions données à M. Regnault et à M. Jon-
ir rt, M. Pichon déclare lavec raison au'en res-
la
tant daus le cadre des arrangements d'Algési-
ras, nous ferons respecter les intérêts de pre-
mier ordre que nous avons au Maroc, et précise
en excellents termes l'œuvre du progrès que la
France doit poursuivre au Maroc. « La France,
dit-il en concluant, veut une paix de dignité,
d'indépendance ; elle veut défendre ses inté-
rêts par le respect des conventions interna-
tionales et avec le concours des amitiés fidèles
qui ne nous ont pas manqué lorsque nous
avons été amenés à faire valoir ce que nous
considérions comme essentiel pour le bien,
l'honneur et le droit de la patrie. »
La Chambre a repoussé par 456 voix contre
87 la priorité en faveur d'un ordre du jour de
M. Jaurès affirmant la volonté d'appliquer
l'acte d'Algésiras dans ses termes et dans son
esprltset répudiant toute politique d'aventures.
lille a ensuite adopté par 457 voix contre 56
l'ordre du jour suivant de M. Grosdidier, ac-
cepté par M. Clémenceau : « La Chambre con7
fiante dans le gouvernement pour assurer
l'exécution de la convention d'Algésiras avec
le respect des droits qui en sont la conséquence
et pour garantir la sécurité de nos nationaux
et repoussant toute addition, passe à l'ordre du
jour. »
L'article unique du projet de loi portant ra-
tification de l'acte général d'Algésiras a été
adopté à l'una nimité de 537 votants.
**#
L'acte d'Algérisas a été également ratifié par
le Reichstaget par le Sénat américain.
C. F.
t
Cris d'alarme
De M. Henry HOUSSAYE, dans l'Echo de
Paris :
On les entend de tous côtés, surtout dans
les articles et les livres des écrivains mi-
litaires et des militaires écrivains. M.
Pierre Baudin vient mêler sa voix au
chœur. 1 rappelle l'alerte qui, l'an dernier,
pendant le séjour du roi d'Espagne à Paris,
émut si fort le pays, et, plus encore que le
pays, le gouvernement français. Il y avait,
sinon des menaces, du moins des craintes
de guerre immédiate, et il semble bien que
l'on n'était pas très prêt à faire la guerre,
puisqu'il fallut, sans débats dans les Cham-
bres, engager précipitamment 224 millions
de dépenses militaires : 94 millions pour les
munitions : 33 millions pour les places for-
tes de l'Est ; 70 millions pour l'armement et
l'habillement ; 26 millions pour « divers Il.
Ces chiffres, trop éloquents, disent tout ce
qui manquait à la défense. C'est simplement
effrayant.
L'alerte est passée, et k entendre M. Pierre
Bandin, la France l'a oubliée. « Il suffirait,
Baudin, d'un incident pour provoquer la
dit-il,
guerre, et l'incident est en germe un peu
partout. Or, tandis que l'Allemagne est tout
à la guerre, ttous voici revenus, nous, aux
bergeries et au bon temps du pacitlsme. »
Sur ce point spécial de la prétendue quié-
tude de la France, il y a des raisons de
croire que M. Baudin s alarme à tort. Il est
impossible que l'on ne voie pas des causes
ou des prétextes de guerre dans les troubles
du Maroc et dam l'opposition d'intérêts de
certaines grandes puissances. Il est impos-
sible que l'on ait pris pour une déclaration
nettement pacifique le discours au Reischtag
de M. de Bülow. Sous les fleurs offertes
à « l'exemplaire fierté nationale de la Fran-
ce », pointait l'énée allemande. Direoue « le
patriotisme des Français s'accommode mal
des réalités présentes », que « la conférence
d'Algésiras n'a rien changé à ce sentiment-
là M, et qu'en conséquence «l'Allemagne est
forcée d être toujours en vedette », c'était
bien une façon plus ou moins diplomatique
de sonner la garde au Rhin. Il est impossi-
ble, enfin, que les Français qui ont vécu les
années 1866 à 1870 et ceux-là sont nom-
breux encore dans les Chambres et dans le
gouvernement –ne trouvent pas dans leurs
souvenirs de ces temps-là de très inquiétan-
tes analogies av3c l'état de paix instable ou
nous sommes aujourd'hui.
.*.
lie JVIaroe
De M. Charles DUMONT; député, dans
l'Action :
Mais dans les limites du mandat d'Algé-
siras, ce serait nous déshonorer devant
l'Europe et ne pas avoir conscience de la
réalite des choses que de vouloir éviter des
responsabilités impérieuses.
11 faut savoir se servir de la force pour
empêcher la violence meurtrière des bri-
gands de s'imposer plus longtemps à tous
les travailleurs ou négociants marocains,
algériens, espagnols, européens de toutes
sortes.
Il serait ridicule de parler d'arbitrage.
L'or qui délie les fidélités des complices et
le fer qui maîtrise les plus, violents sont les
seuls procédés qui, au Maroc, puissent ré-
tablir le droit à la sécurité de la vie et du
travail.
La force devant être mise au service de la
paix, qui doit agir ?
Nos troupes sur les confins de l'Algérie ;
les Espagnols autour de Melilla,
Faut-il laisser Erraissouli continuer à
ensanglanter et à rançonner les villes de la
côte? Non, certes. Si la France se dérobait
à sa mission, d'autres viendraient pour
faire son œuvre.
Les confréries mulsumanes d'un bout à
l'autre de l'Afrique du Nord se communi-
quent leurs impressions et leurs volontés.
Abandonner à d'autres la tâche de redresser
les torts et d'accabler les criminels sur le
rivage atlantique du Maroc, c'est préparer
l'insurrection du mépris parmi nos tribus
algériennes des hauts plateaux, de la Kaby-
lie, comme du désert. Le souci de l'ordre
humain et la sauvegarde de nos compatrio-
tes algériens exigent que nous fassions no-
tre devoir à Tanger. Les tisons encore mal
éteints du commencement d'incendie de l'an
dernier exigent que nous fassions notre
devoir, d'accord avec l'Espagne, dans les
limites exactes du mandat de civilisation'
que, non sans péril, nous avons réclamé, et
non sans honneur nous avons obtenu à Al-
gésiras.
Lia subvention aux écoles
d'Orient
Conclusion d'un article de M. AULARD,
dans le Siècle :
Surtout n'oublions pas qu'en Orient nous
ne sommes pas chez nous ; nous sommes
chez le sultan. Le gouvernement français
n'a pas à prendre en main, lui-même, la
laïcisation d s écoles françaises d'Orient.
Il ne peut favoriser que les initiatives par-
ticuli èes, comme celles de la mission laï-
que, qui, avec la permission du gouverne-
ment ottoman, créeront des écoles dans l'em-
pire turc. Les professeurs que nous enver-
rons là-bas seront des hommes respectueux
des autorités du pays, respectueux des lois
du pays, des religions du pays. Ils ne de-
vront prendre parti dans aucune des que-
relles qui divisent les sujets du sultan.
Leur rôle sera de répandre la langue fran-
çaise, de faire connaître le génie français,
et de donner aux Orientaux, dans l'école et
par l'école, des preuves de cette sympathie
que la France moderne éprouve pour tous
les peuples, sans vouloir se mêler de leurs
affaires intérieures.
- --
IL faut que le sultan sache et voie que la
laïcité de l'enseignement français dans son
empire sera un moyen de concorde et d'a-
paisement général des esprits, un moyen
de pacification morale par la c ilture intel-
lectuelle, et que. dans les écoles laïques
françaises, il ne sera rien dit ni fait qui
tende à altérer le loyalisme des sujets otto-
mans.
Telle est, dans cette question des écoles
d'Orient et de leur subvention, la politique
que la mission laïque française recomman-
de au parti républicain comme la plus sage
la plus franche, la plus française.
DW.**
lie Japon veut-il la guerre.
Population trop nombreuse pour la sur-
face des terres cultivables- nécessité pour
les Japonais de rechercher au dehors de
nouvelles ressources.
De M. Charles PETTIT, du Petit Journal :
Dans un cas semblable, il y a deux solu-
tions. La première est, à l'exemple de l'An-
gleterre, de remédier à l'insuffisance de
L'agriculture par le développement du com-
merce et de l'industrie.
La seconde est de faire la guerre, d'obte-
nir par la force ce qu'on désire, d'exiger par
droit de conquête sa nourriture, d'être les
maîtres de ces greniers d'Extrême-Orient
que sont la Chine, l'Indo-Chine, la Corée,
l'Australie, les Indes néerlandaises et les
Philippines.
Les Japonais ne perdent pas de vue ces
deux solutions, mais dans les deux cas, ils
se heurtent principalement aux Américains
comme autrefois ils se trouvaient en face des
Russes, comme dans l'avenir ils auront à
combattre une autre nation, France, Alle-
magne ou Hollande, etpeut-èt^omème que
l'Angleterre, leur alliée d'aujourd'hui.
Je ne craindrai donc pas de l'affirmer, la
première cause qui peut amener une guerre
entre le Japon et l'Amérique, est d'ordre
économique. Le Japon, surpeuplé et ruiné,
meurt de faim dans ses îles ; il a besoin de
déborder et de s'enrichir. L'Amérique,maî-
tresse des Philippines et des îles Sandwich,
s'oppose partiellement à cette expansion,
comme les Français eu Indo-Chine,les Rus-
ses en Mandchourie,les Hollandais dans les
Indes néerlandaises.les Allemands en Chine
et'les Anglais en Australie. De plus. l'Amé-
rique fait au Japon une concurrence parti-
entièrement dangereuse ; son commerce et
son industrie se dressent oartout. en Extrè-
me-Orient, devant ceux du Japon.
L'Amérique, économiquement, est donc
aujourd'hui, une des nations qui empêchent
le plus les Japonais de « manger" ; logique-
ment, c'est sur elle que ces affamés désirent
se venger en premier des souffrances qu'ils
ressentent.
**#
Opinions en einq lignes
Dans l'Echo de Paris, M. FÉLIX DUBOIS
publie une série d'articles sur les com-
pagnies de discipline Bien qu'il soit à
Aîn-Sefra, l'écho des théâtres parisiens
parvient jusqu'à lui et le succès de Biribi
l'empêche de dormir. Pour faire pièce au
« Disciplinaire Darieu » et au fi Manager
Gémier » le grand homme qu'est Mon-
sieur Félix Dubois n'hésite pas à affir-
mer que tout est pour le mieux dans le
meilleur des codes de justice militaire,
que les abus n'existent pas et qu'enfin les
disciplinaires sont des gens vraiement
trop heureux. à Biribi.
Dans l'Action , sous le titre célèbre :
le Caoutchouc Sanglant,M.,A.N. dresse un
violent réquisitoire contre la honteuse et
barbare exploitation du Congo belge,
par le roi Léopold, l'escillvagiste, rappelle
la proposition de Lord Lawsdonne, de
réunir une nouvelle Conférence interna-
tionale pour régler sur de nouvelles bases
la question congolaise et exprime sa con-
fiance que l'interpellation Vandervelde à
la Chambre Belge fera éclater la vérité
sur les agissements criminels du roi né.
srier.
- La Petite République, à propos de l'em-
prunt tunisien, dont le principe est hors
de toute discussion, met en garde le Gou
vernement contre les avantages trop con
sidérables que vont produire les nou-
veaux travaux de chemins de fer à cer-
taines grosses compagnies,et l'engage à
traiter avec elles sur des bases moins oné-
reuses.
Dans la Tunisie française, M. V. de CAR
NIKRES s'élève contre les actes de bri-
gandage qui se multiplient d'une façon
inquiétante pour les colons tunisiens et
qui sont la conséquence de la faiblesse du
Gouvernement du Protectorat à l'égard
des Cheiks responsables.
–- - "-'-- -
PRIX France : 16 oent,
a Etranger et Ctfloniès 30 cent.
JELD1 13 DÉCEMBRE 1906
f
9
Les Annales Coloniales
esnna À&L
- - - Iqquoiv, -
EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concluant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
p
JOTLTH.NAL HEBDOMADAIRE
Paraissant tous ft..!. Jeudis
Galerie d'Orléans (Palais=Royal, PARIS 1er)
Les manuscrits non iiuérés ne sont pas rendus
ABONNEMENTS
Un an 6 moii
FRANCE ",. 8 fr. 4 fr. 80
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 Cr.
On s'abonne sans frais dans tous les Bnreanx de Poste
Lire aujourdhui
en première page
L'ENTENTE CORDIALE
Une lettre de M. Hippolyte Laroche
A PROPOS DU CONGO BELGE
EN INDO-CHINE
CHOSES ET GENS
par GIA DINH
Le Commerce des Thés Chinois
EN ANGLETERRE
par E. C.
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
L'Emprunt de l'Afrique
oecidentaie française.
par M. R.
La Semaine Coloniale.
EN FEUILLETON
La Revue de la Presse Étrangère
en troisième page
La Semaine Economique.
L'ENTENTE CORDIALE
Notre Directeur a recula lettre sui-
vante de M. Hippolyte Laroche, rési-
dent général de France, député de la
Sarthe,dont on connaît la haute compé-
tence en matière de politique extérieu-
re.
Paris, 6 décembre 1906.
Monsieur,
Vous désirez savoir ce que je pense
de notre politique extérieure, etnotam-
ment du péril marocain et de l'entente
cordiale ?
S'il y a un péril marocain, il est en
nous seuls. Ce ne sont pas les sujets du
maghzen qui songent à conquérir la
France, ni à lui demander compte de
l'insécurité des boulevards extérieurs de
Paris. C'est en France que nombre de
politiciens dissimulent mal,en regardant
le Maroc, leurs dents de jeunes loups.
J'applaudis à l'entente cordiale, à
l'entente cordiale avec tous les peuples
à l'Entente cordialeavec les Anglais,
dont les âmes de commerçants connais-
sent le prix de la paix Je suis heu-
reux de garder la paix, de vivre sur le
pied d'une cordialité sincère avec nos
voisins; et je n'ai jamais essayé de me
concerter avec eux pour un mauvais coup
à faire ensemble.
Recevez, etc.,
Hippolyte LAROCHE
-– .:'"g.g.
A propos du Congo belge
La question congolaise va susciter de
nouveau, cet hiver, à Bruxelles de vifs
débats. Ceux qui ont contribué à la
fondation de l'Etat indépendant, aussi
bien que ceux qui l'administrent aujour-
d'hui, sont l'objet de véhémentes criti-
ques. Le nouveau livre que vient de pu-
blié le père Vermeersch sur les destinées
du Congo belge (î) complète utilement
celui qu'il avait fait paraître,il y a quel-
ques mois, sous ce titre plus général :
•( La question congolaise ». Il met de
nouveau en lumière les difficultés aux-
quelles se sont heurtés les organisateurs
de l'Etat nouveau pour établir dans une
contrée encore très sauvage un bon ré-
gime foncier, pour résoudre d'une façon
satisfaisante les questions de main-d'œu-
vre et d'impôts. Il n'est pas douteux que
des abus graves ont été commis, que
des erreurs regrettables ont été la con-
séquence d'un empressement, excusa-
ble peut-être, mais excessif, pour don-
ner à un Etat qui débutait les lois et l'or-
ganisation d'une société parvenue à
l'âge mûr. Le système politique qu'on a
introduit au Congo a été surtout vicié
par une centralisation excessive et une
confusion des pouvoirs qui a tendu à éta-
blir un conflit perpétuel entre l'intérêt
et le devoir
11 ressort des enquêtes poursuivies
depuis quelques années que de profondes
modifications devraient être aujourd'hui
introduites dans l'attribution des terres,
qu'il faudrait, par exemple, encourager
beaucoup mieux les indigènes à la cultu-
re, en leur laissant plus de moyens pour
s' y livrer à leur façon.
11 n'est pas douteux non plus que les
administrateurs devraient étudier,mieux
qu'ils ne le font, les coutumes et les
mœurs des indigènes ; presque rien n'a
été fait pour améliorer la façon dont on
perçoit l'impôt et pour changer un sys-
tème déplorable, en vertu duquel ce sont
les mêmes fonctionnaires qui adminis-
trent le pays, prescrivent les redevances,
veillent aux rentrées, prononcent et exé-
cutent les sentences. Tant qu'on n'aura
(1) Bruxelles, Dewit, 1906, 92 pages, in-S'.
EN IIsTDO - GI-EIISTE
CHOSES ET GENS
L Indo-Chine traverse une crise indé-
niable. Son budget est en déficit, on a dû
arrêter tous travaux et Vargent des contri-
buables ne ser plus qu'à. payer des fonc-
tionnaires dont la grande majorité devient
mutile. L'œllvre de M. Dounier est grave-
ment compromise. A qui incombe la res-
ponsabilité de cette situation et quelle est
l'exacte étendue du désastre. C'est ce que je
me propose d'exposer ici chaque semaine
en examinant successivement les hommes
et les faits.
M. BEAU.
M. Beau, gouverneur général de l Indo-
Chine vient de repartir pour la colonie.
On avait bien annoncé que ce haut fonc-
tionnaire allait être appelé à un autre poste
de choix mais on avait déjà fait courir si
souvent ce bruit que personne n'y croyait
plus.
Le ministre ignore donc la situation
de l'Indo-Chine ? Non, mais le petit jeu
des ambassades ne s'est pas encore une fois
prêté à l'envoi de M. Beau à Tnkio ou à
Berlin. L'Indo-Chine demeure victime de
ces difficultés diplomatiques.
.,11. Beau est peut-être un excellent di-
plomate, il a passé trop peu de temps à Pé-
kin pour que l'on s'en aperçoive mais ce
n'est ni un administratenr ni un financier.
Il laisse cette besogne inférieure à son, en-
tourage, et lorsque ce sous-ordre appelle le
docteur Cognacq, médecin-major des trou-
pes coloniales, homme de confiance du
Gouverneur général, c'est déplorable pour
la colonie. Le docteur Cognacq est un ex-
cellent administratenr, mais de ses inté-
rêts particuliers.
Que fait donc M. Beau et quels crimes
peut-on lui reprocher?
Son grave defallt est justement de n'avoir
rien fait ou plus exactement d'avoir laisser
faire. Fonctionnaires colons, missionneux
et missionnaires, quémandeurs de places
ou de monopoles, tous obtiennent satisfac-
t on. M. le Gouverneur général ne sait rien
re user.
M. Beau a horreur des affaires. Com-
pulser un dossier lui porte sur les nerfs, il
n'étudie rien, il a reêllement confiance dans
ses chefs de services. Un jour, l'un d'eux
embarrassé, eut la malencontreuse idée de
préparer pour une question deux lettres,
l'une affirmative, l'autre négative) mais il
avait oublié d'en prévenir le Gouverneur
général. Celui-ci retourna les deux lettres
après les avoir également approuvées de
son auguste signature.
Ne croyez pas que M. Beau soit un fonc-
tionnaire indiscipliné: on lui a dit de se
promener, il se promène-la Coch inchine,
le Cambodge, voire même le Laos Ollt sucees..
sivement vu sa figure ennuyée. Il va du
nord au sud puis du sud. au nord, em-
menant tout son état major. Ces voyages
coâent cher ail IJ/ldgct,mai,..,' on a dit à M.
Beau de visiter /'Indo-Chine. Il la visite
cet homme. pourquoi ? il rien a jamais
rien su.
Il va au Laos comme il fait son tour
d'inspection le soir, à cinq heures lorsqu'il
est à Hanoï et bientôt aucun de nos proté-
gés ne pourra se plaindre d'ignorer la fi-
gure vraiment majestueuse de son gouver-
neur général. Car il a vraiment grand air
notre premier et à. ce point de vue les Anna-
mites seraient malvenus de se plaindre.
Mais le rôle dit Gouverneur général doit
il être purement décoratif et ce vice-roi doit-
il ignorer tous les bons tripotages opérés
par ses subordonnés. Je ne le crois pas et
M. Doumer doit sûrement être de mon avis.
Ji. Beau est un bel homme, mais il est
faible. GIA. DINH.
pas modifié ces errements, la source prin-
cipale des abus ne pourra être tarie.
Un est bien loin de cet idéal rêvé par
la Commission d'enquête d'après lequel
l'Etat s'occuperait simplement de civili-
ser le pay s,de pourvoir à son développe-
ment moral et matériel « en se bornant
à percevoir un impôt sur les produits ré-
coltés ou exportés, mais en laissant aux
commerçants l'exploitation d es richesses
naturelles de la contrée ». La lettre que
Léopold II a adressée aux secrétaires gé-
néraux le 3 juin dernier (elle est repro-
duite en appendice) comporte elle-même
de graves critiques. Quelques-unes des
expressions employées par le roi souve-
rain sont très discutables. L'Angleterre
ne peut-elle prétendre,en se fondant sur
la convention du 16 décembre 1884,con-
clue à Berlin,qu'elle a le droit de nommer
des agents consulaires et d'exercer sur
les faits et gestes de l'administration un
certain contrôle ? Et Léopold II a-t-il le
droit d'introduire,dansl'ii ypothèse d'une
annexion éventuelle du Congo à la Bel-
gique, une clause d'inaliénabili lé qui sera
certainement contestée ? C'est une bien
grosse question que celle de savoir si le
Congo deviendra un jour une colonie
belge ?
C'est une de celles qui vont sans doute
être discutées avec le plus d'animation.
11 m'asemblé, au cours de conversations
que j'ai elles récemment en Belgique mê
me sur ce sujet, que les hommespoliti-
ques redoutent de voir imposer au pays,
par une annexion, des chargesnouvelles
impopulaires, dont le pays ne se soucie
pas; mais l'annexion est vivement sou-
haitée par la plupart de ceux qui ont été
dès les premiers jours les collaborateurs
du roi Leopold IL L'avenir nous dira si
ce sont leurs idées qui l'emporteront.
Georges BLONDEL.
LE
COMMERCE DES THÉS CHINOIS
EN ANGLETERRE
Formation d'une association des princi-
paux importateurs. Statistique des quan-
tités introduites dans le Royaume-Uni
pendant la période ij34-iyo5.
La nouvelle suivante a paru récem-
ment dans divers journaux d'Outre-Man-
che :
« Les principaux importateurs de thé
ont formé entre eux la China Tea Asso-
ciation en vue d'aider au développement
des intérêts de commerce. Les bureaux
sont à Chesterfield House, Great Tower
Stroet V,. C.
Après avoir été pendant près de deux
siècles croissante et même très rapide-
ment croissante,la progression suivie par
le trafic des thés chinois introduits en An-
gleterre s'est changée, vers 1867, en un
mouvement inverse ; cependant depuis
19.)3 une légère reprise se manifeste.
C'est ce que font apparaître les données
statistiques ci-après :
Années Livres de \53 grammeî
1734..,. 032.374
1746 -2.358.589
17GS. 4.205.394
l-i68 6.892.075
175. 10.856.578
180. ,. 20.358.702
18;3. 31.829.619
1867 157.750.000 (1)
1860 133.0 iO. 5-<8
1870. 118.493.836
187 1 138.881.004
1.S7M 131.170.065
18i6..,. 137.595.726
1885 134.855.068
1880 120.573.282
18H9. 80.478.295
1893 43.950.159
1!)7..,. 3?GS9.181
190? 15. f,04.956
190 3 20.087.093
190 4 48.935.764
1005. 47.508.405 (2)
Ainsi que le fait est connu, la décrois-
sance des quantités de thés chinois in-
troduits en Angleterre (depuis 1875-76 et
surtout à partir de 1885-86) a coïncidé
avec le développement des plantations
de l'arbuste producteur (dont les princi-
pales espèces sont celles du Thea Sinen-
sis et du Camellia Thea Link.Link.) dans
l'Inde et à Ceylan.
(1) Diet. français latin-chinois de F. Perny.
Didol 1S69. T. 1.. p. 427.
(2) D'après les lleturns of Trade (Part. I) pu-
bliés par les douanes impériale rhinoises. (Les
quantités données en piculs, ont été converties
à raison de 1 picul = 60 kilog. 453 = 133 livres
a nglaises lia.)
Il est à noter que. sur les quantités de thés dé-
elarécs, lasortiede Chine en 1904et 1905, comme
expédiees à destination d'Angleterre, une por-
lion assez importante était en réalité destinée à
la Hussie.
En même temps, certaines révélations
relatives aux procédés trop souvent em-
ployés en Chine pour la récolte et la
préparation des thés ont contribué à
détourner le public de la consommation
des produits venant du Céleste Empire.
Voici, par exemple, quelques indica-
tions tirées de l'article Thés dans le Dic-
tionnaire du commerce (Guillaumin,
1899) : « En Chine, la préparation du thé
est faite à la main d'une façon peu pro-
pre ». Et plus loin : « Il y a environ 35
ans, la Chine tenait pour ainsi dire com-
plètement. le monopole du produit des
thés, lequel est aujourd'hui partagé en-
tre les Indes, Ceylan et la Chine ; dans
certains pays, comme l'Angleterre, l'Aus-
tralie, la Turquie et la Perse, la Chine
ne fournit que le huitième de la consom-
mation totale ; et si les thés des Indes et
de Ceylan n'étaient cotés plus cher que
ceux de Chine, on n'emploierait plus ces
derniers. »
« Le progrès principal dans la fabrica-
tion des thés est le remplacement de la
main-d'œuvre (réduite au minimum) par
la mécanique : en Chine, on y met les
mains et les pieds,qui ne sont propres ni
les uns ni les autres. Il n'est pas rare de
trouver dans une caisse de thé de Chine
des cheveux, des ongles et des grains de
riz, le Chinois ayant l'habitude de man-
ger en travaillant ».
Depuis quelques années, des efforts
ont été faits en vue de réagir, et de rem-
placer ces procédés par trop primitifs
par des méthodes plus appropriées, plus
conformes aux règles de l'hygiène. Des
résultats favorables ont d'ores et déjà été
atteints. Sans doute l'action de l'Asso-
ciation récemment fondée à Londres con-
tribuera-t-elle à hâter les progrès ea ce
sens.
D'ailleurs, même en ce qui concerne le
passé, il faut se garder de trop générali-
ser. Les pratiques défectueuses, malpro-
pres, signalées plus haut, n'étaient pas
seules en usage.
Il convient de citer à cet égard, le
passage suivant extrait d'un ouvrage
sérieux et intéressant,publié en 1897 chez
Hetzel, le IMonde Chinois, par Philippe
Daryl : « Cette cueillette doit toujours se
faire avec le plus grand soin : d'abord, il
importe de ne pas fatiguer l'arbuste,
soit en le secouant, soit en le dépouillant
d'un trop grand nombre de feuilles à la
fois ; puis, ces feuilles elles-mêmes doi-
vent être traitées délicatement pour ne
pas perdre leur précieux arome.Les jeu.
nes filles chargées de ce travail ont tou-
jours soin de se laver les doigts avant de
se mettre à la besogne : elles prennent
les feuilles une à une et les déposent en
de fines corbeilles de la plus grande ro.
p reté » (op.-cit. pp. 40-41.)
Après avoir annoncé, en trois lignes,
DERNIERE HEURE
k* action franco espagnol G et
l'Allemagne
L'amiral Touchard, commandant en chef des
forces navales franco-espagnoles, a été reçu à
Madrid par le roi et a conrêré avec les minis-
tres des affaires étrangères et de la marine
d'Espagne sur la question d'un débarquement
éventuel.
- Les deux escadres ont quitté Cadix pour
Tanger. Les ambassadeurs de France et dp'Eous-r
pagne ont remis à M. de Tschirschky une note
identique au sujet de l'attitude concertée en-
tre les deux puissances relativement au Maroc.
M. de Tschirschky a exprimé aux deux am-
bassadeurs lesremerciments du gouvernement
allemand, a déclaré prendre acte de cette com-
munication, au sujet de laquelle le gouverne-
ment n'a aucune objection à élever. Les termes
de cette note sont, en effet, tels que si la
France et l'Espagne les obser vent loyalement, au-
cun sujet de désacord ne pourra se produire.
Un Journal a parlé récemment d'un désa-
cord entre l'Aile magne d'une part, et la France
et 1 Espagne d'autre part. Cette information
est inexacte. Il n'y a pas eu, il n'y a pas de dé-
sacco rd.
***
lae débat sur le ftlarroe et l'aete
d'Algésiras
Dans sa séance du jeudi ê décembre, la Cham-
bre a discuté l'interpellation Jaurès sur la poli-
tique marocaine au gouvernement. On a en
tendu successivement MM. Jaurès, Boni de-
Castellane, Lucien Hubert, rapporteur de la
commission des affaires extérieures.
Répondant aux critiques de M. Jaurès qui,sou-
tenant le point de vue allemand, préconise une
action internationale et s'effraye de l'éventua-
lité d'une conquête au Maroc. M. Pichon, mi-
nistre des affales étrangères après avoir jus-
UA'" L'ACTION franco-esnairnole Qui ne sortlpas des
termes de l'acte d'Algésiras, a donné lecture
de la note concertée entre la France et l'Es-
pagne, rem ;8 à toutes les puissances signa-
taires de c.t acte et approuvée par elles.
Cette note il 1 en substance qu'en cas de né-
cessité les ministres de France, et d Espagne,
aouaréserv - d'en référer à leurs collègues du
corps diplo uatlque, pourront requérir du com-
mandant en chef des forces navales le débar-
quement de troupes ; les détachements se-
ralen t rembarquésle plus tôt possible et au plus
tard dès que la police aurait été mise à même
fonctionner. Après avoir rappelé les ins-
uctions données à M. Regnault et à M. Jon-
ir rt, M. Pichon déclare lavec raison au'en res-
la
tant daus le cadre des arrangements d'Algési-
ras, nous ferons respecter les intérêts de pre-
mier ordre que nous avons au Maroc, et précise
en excellents termes l'œuvre du progrès que la
France doit poursuivre au Maroc. « La France,
dit-il en concluant, veut une paix de dignité,
d'indépendance ; elle veut défendre ses inté-
rêts par le respect des conventions interna-
tionales et avec le concours des amitiés fidèles
qui ne nous ont pas manqué lorsque nous
avons été amenés à faire valoir ce que nous
considérions comme essentiel pour le bien,
l'honneur et le droit de la patrie. »
La Chambre a repoussé par 456 voix contre
87 la priorité en faveur d'un ordre du jour de
M. Jaurès affirmant la volonté d'appliquer
l'acte d'Algésiras dans ses termes et dans son
esprltset répudiant toute politique d'aventures.
lille a ensuite adopté par 457 voix contre 56
l'ordre du jour suivant de M. Grosdidier, ac-
cepté par M. Clémenceau : « La Chambre con7
fiante dans le gouvernement pour assurer
l'exécution de la convention d'Algésiras avec
le respect des droits qui en sont la conséquence
et pour garantir la sécurité de nos nationaux
et repoussant toute addition, passe à l'ordre du
jour. »
L'article unique du projet de loi portant ra-
tification de l'acte général d'Algésiras a été
adopté à l'una nimité de 537 votants.
**#
L'acte d'Algérisas a été également ratifié par
le Reichstaget par le Sénat américain.
C. F.
t
Cris d'alarme
De M. Henry HOUSSAYE, dans l'Echo de
Paris :
On les entend de tous côtés, surtout dans
les articles et les livres des écrivains mi-
litaires et des militaires écrivains. M.
Pierre Baudin vient mêler sa voix au
chœur. 1 rappelle l'alerte qui, l'an dernier,
pendant le séjour du roi d'Espagne à Paris,
émut si fort le pays, et, plus encore que le
pays, le gouvernement français. Il y avait,
sinon des menaces, du moins des craintes
de guerre immédiate, et il semble bien que
l'on n'était pas très prêt à faire la guerre,
puisqu'il fallut, sans débats dans les Cham-
bres, engager précipitamment 224 millions
de dépenses militaires : 94 millions pour les
munitions : 33 millions pour les places for-
tes de l'Est ; 70 millions pour l'armement et
l'habillement ; 26 millions pour « divers Il.
Ces chiffres, trop éloquents, disent tout ce
qui manquait à la défense. C'est simplement
effrayant.
L'alerte est passée, et k entendre M. Pierre
Bandin, la France l'a oubliée. « Il suffirait,
Baudin, d'un incident pour provoquer la
dit-il,
guerre, et l'incident est en germe un peu
partout. Or, tandis que l'Allemagne est tout
à la guerre, ttous voici revenus, nous, aux
bergeries et au bon temps du pacitlsme. »
Sur ce point spécial de la prétendue quié-
tude de la France, il y a des raisons de
croire que M. Baudin s alarme à tort. Il est
impossible que l'on ne voie pas des causes
ou des prétextes de guerre dans les troubles
du Maroc et dam l'opposition d'intérêts de
certaines grandes puissances. Il est impos-
sible que l'on ait pris pour une déclaration
nettement pacifique le discours au Reischtag
de M. de Bülow. Sous les fleurs offertes
à « l'exemplaire fierté nationale de la Fran-
ce », pointait l'énée allemande. Direoue « le
patriotisme des Français s'accommode mal
des réalités présentes », que « la conférence
d'Algésiras n'a rien changé à ce sentiment-
là M, et qu'en conséquence «l'Allemagne est
forcée d être toujours en vedette », c'était
bien une façon plus ou moins diplomatique
de sonner la garde au Rhin. Il est impossi-
ble, enfin, que les Français qui ont vécu les
années 1866 à 1870 et ceux-là sont nom-
breux encore dans les Chambres et dans le
gouvernement –ne trouvent pas dans leurs
souvenirs de ces temps-là de très inquiétan-
tes analogies av3c l'état de paix instable ou
nous sommes aujourd'hui.
.*.
lie JVIaroe
De M. Charles DUMONT; député, dans
l'Action :
Mais dans les limites du mandat d'Algé-
siras, ce serait nous déshonorer devant
l'Europe et ne pas avoir conscience de la
réalite des choses que de vouloir éviter des
responsabilités impérieuses.
11 faut savoir se servir de la force pour
empêcher la violence meurtrière des bri-
gands de s'imposer plus longtemps à tous
les travailleurs ou négociants marocains,
algériens, espagnols, européens de toutes
sortes.
Il serait ridicule de parler d'arbitrage.
L'or qui délie les fidélités des complices et
le fer qui maîtrise les plus, violents sont les
seuls procédés qui, au Maroc, puissent ré-
tablir le droit à la sécurité de la vie et du
travail.
La force devant être mise au service de la
paix, qui doit agir ?
Nos troupes sur les confins de l'Algérie ;
les Espagnols autour de Melilla,
Faut-il laisser Erraissouli continuer à
ensanglanter et à rançonner les villes de la
côte? Non, certes. Si la France se dérobait
à sa mission, d'autres viendraient pour
faire son œuvre.
Les confréries mulsumanes d'un bout à
l'autre de l'Afrique du Nord se communi-
quent leurs impressions et leurs volontés.
Abandonner à d'autres la tâche de redresser
les torts et d'accabler les criminels sur le
rivage atlantique du Maroc, c'est préparer
l'insurrection du mépris parmi nos tribus
algériennes des hauts plateaux, de la Kaby-
lie, comme du désert. Le souci de l'ordre
humain et la sauvegarde de nos compatrio-
tes algériens exigent que nous fassions no-
tre devoir à Tanger. Les tisons encore mal
éteints du commencement d'incendie de l'an
dernier exigent que nous fassions notre
devoir, d'accord avec l'Espagne, dans les
limites exactes du mandat de civilisation'
que, non sans péril, nous avons réclamé, et
non sans honneur nous avons obtenu à Al-
gésiras.
Lia subvention aux écoles
d'Orient
Conclusion d'un article de M. AULARD,
dans le Siècle :
Surtout n'oublions pas qu'en Orient nous
ne sommes pas chez nous ; nous sommes
chez le sultan. Le gouvernement français
n'a pas à prendre en main, lui-même, la
laïcisation d s écoles françaises d'Orient.
Il ne peut favoriser que les initiatives par-
ticuli èes, comme celles de la mission laï-
que, qui, avec la permission du gouverne-
ment ottoman, créeront des écoles dans l'em-
pire turc. Les professeurs que nous enver-
rons là-bas seront des hommes respectueux
des autorités du pays, respectueux des lois
du pays, des religions du pays. Ils ne de-
vront prendre parti dans aucune des que-
relles qui divisent les sujets du sultan.
Leur rôle sera de répandre la langue fran-
çaise, de faire connaître le génie français,
et de donner aux Orientaux, dans l'école et
par l'école, des preuves de cette sympathie
que la France moderne éprouve pour tous
les peuples, sans vouloir se mêler de leurs
affaires intérieures.
- --
IL faut que le sultan sache et voie que la
laïcité de l'enseignement français dans son
empire sera un moyen de concorde et d'a-
paisement général des esprits, un moyen
de pacification morale par la c ilture intel-
lectuelle, et que. dans les écoles laïques
françaises, il ne sera rien dit ni fait qui
tende à altérer le loyalisme des sujets otto-
mans.
Telle est, dans cette question des écoles
d'Orient et de leur subvention, la politique
que la mission laïque française recomman-
de au parti républicain comme la plus sage
la plus franche, la plus française.
DW.**
lie Japon veut-il la guerre.
Population trop nombreuse pour la sur-
face des terres cultivables- nécessité pour
les Japonais de rechercher au dehors de
nouvelles ressources.
De M. Charles PETTIT, du Petit Journal :
Dans un cas semblable, il y a deux solu-
tions. La première est, à l'exemple de l'An-
gleterre, de remédier à l'insuffisance de
L'agriculture par le développement du com-
merce et de l'industrie.
La seconde est de faire la guerre, d'obte-
nir par la force ce qu'on désire, d'exiger par
droit de conquête sa nourriture, d'être les
maîtres de ces greniers d'Extrême-Orient
que sont la Chine, l'Indo-Chine, la Corée,
l'Australie, les Indes néerlandaises et les
Philippines.
Les Japonais ne perdent pas de vue ces
deux solutions, mais dans les deux cas, ils
se heurtent principalement aux Américains
comme autrefois ils se trouvaient en face des
Russes, comme dans l'avenir ils auront à
combattre une autre nation, France, Alle-
magne ou Hollande, etpeut-èt^omème que
l'Angleterre, leur alliée d'aujourd'hui.
Je ne craindrai donc pas de l'affirmer, la
première cause qui peut amener une guerre
entre le Japon et l'Amérique, est d'ordre
économique. Le Japon, surpeuplé et ruiné,
meurt de faim dans ses îles ; il a besoin de
déborder et de s'enrichir. L'Amérique,maî-
tresse des Philippines et des îles Sandwich,
s'oppose partiellement à cette expansion,
comme les Français eu Indo-Chine,les Rus-
ses en Mandchourie,les Hollandais dans les
Indes néerlandaises.les Allemands en Chine
et'les Anglais en Australie. De plus. l'Amé-
rique fait au Japon une concurrence parti-
entièrement dangereuse ; son commerce et
son industrie se dressent oartout. en Extrè-
me-Orient, devant ceux du Japon.
L'Amérique, économiquement, est donc
aujourd'hui, une des nations qui empêchent
le plus les Japonais de « manger" ; logique-
ment, c'est sur elle que ces affamés désirent
se venger en premier des souffrances qu'ils
ressentent.
**#
Opinions en einq lignes
Dans l'Echo de Paris, M. FÉLIX DUBOIS
publie une série d'articles sur les com-
pagnies de discipline Bien qu'il soit à
Aîn-Sefra, l'écho des théâtres parisiens
parvient jusqu'à lui et le succès de Biribi
l'empêche de dormir. Pour faire pièce au
« Disciplinaire Darieu » et au fi Manager
Gémier » le grand homme qu'est Mon-
sieur Félix Dubois n'hésite pas à affir-
mer que tout est pour le mieux dans le
meilleur des codes de justice militaire,
que les abus n'existent pas et qu'enfin les
disciplinaires sont des gens vraiement
trop heureux. à Biribi.
Dans l'Action , sous le titre célèbre :
le Caoutchouc Sanglant,M.,A.N. dresse un
violent réquisitoire contre la honteuse et
barbare exploitation du Congo belge,
par le roi Léopold, l'escillvagiste, rappelle
la proposition de Lord Lawsdonne, de
réunir une nouvelle Conférence interna-
tionale pour régler sur de nouvelles bases
la question congolaise et exprime sa con-
fiance que l'interpellation Vandervelde à
la Chambre Belge fera éclater la vérité
sur les agissements criminels du roi né.
srier.
- La Petite République, à propos de l'em-
prunt tunisien, dont le principe est hors
de toute discussion, met en garde le Gou
vernement contre les avantages trop con
sidérables que vont produire les nou-
veaux travaux de chemins de fer à cer-
taines grosses compagnies,et l'engage à
traiter avec elles sur des bases moins oné-
reuses.
Dans la Tunisie française, M. V. de CAR
NIKRES s'élève contre les actes de bri-
gandage qui se multiplient d'une façon
inquiétante pour les colons tunisiens et
qui sont la conséquence de la faiblesse du
Gouvernement du Protectorat à l'égard
des Cheiks responsables.
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