Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-11-29
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 novembre 1906 29 novembre 1906
Description : 1906/11/29 (A7,N47). 1906/11/29 (A7,N47).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374966z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
t ?• ANiNEE - N* 47.
1\
PRIX
France : 1-Kgent.,
Etranger etmlwifos : ̃ 30 cent.
JEUDI 291NOVEMBRE 1906
f J'
Les Annales Coloniales
r EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
f
JOURNAL ':3H3eÊK»Siwt^33jtfLi:BJE3
Paraissant tous les Jeudis
Gralerie d'Orléans (Palais=Royal, PARIS 1er)
Les manuscrits non insères ne sont pas rcndws
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Un an ômoit
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ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
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Lire aujourd'hui
en première page
Nos Colonies dlExtreme-Orient
par Lucien GASPARIN
Député de nie de la Réunion
NOTES CRITIQUE SUR
L'EXPOSITION DE MARSEILLE
par Henri HAUSER
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
in Semaine Coloniale.
EN F£UlLt.F.TON
La Revue de la Presse Étrangère.
en troisième page
La Semaine Economique.
L'abondance des matières et les
nécessités de la mise en pages
nous empêchent de publier aujour-
d'hui notra enquête sur la Politique
extérieur a Le 6 décembre lire les
réponses que nous ont adressées
les plus en vue des deux Chambres.
Nos colonies dlExtrerne - Orient
Depuis quelque temps, l'Indo-Chine
fait beaucoup parler d'elle. L'Adminis-
tration locale ne parvient pas à équili-
brer son budget, et le déficit va s'accen-
tuant de plus en plus dans les douanes
et régies qui supportent,presque seules,
le lourd fardeau du budget général.
D'autre part, certaines Sociétés asiati-
ques propagent, d'une façon inquiétante
pour l'avenir, leurs tendancesxénopho-
bes, et un organe parisien a pu écrire
tout récemment : « La révolution qui
couve depuis longtemps en Indo-Chine
est sur le pointd'éclatcr:). Espérons pour-
tant qu'il se trompe.
11 est vrai qu'on a connu en Indo-
Chine des fonctionnaires placés à la
tète de services importants, se désinté-
ressant de tout ; c'étaient des chefs de
clans, mais non des directeurs.
Ces raisons suffiraient à expliquer,
peut-être, la marche de l'Indo-Chinc à
la taillite, si une célèbre exclamation
ministérielle, un de ces mots historiques
qui font fortune, n'était venue compli-
quer les choses : « En Indo-Chine, il
convient d'appliquer la politique d'asso-
ciation l"
Des lors, chacun là-bas eut sa théorie
très particulière sur cette question. La
politique d'association, disait l'un, con-
siste à renvoyer en France tous les fonc-
tionnaires, à l'cxeeption des chefs, et à
les remplacer par des indigènes ; suivant
un autre, cette politique serait l'union
entre Français et indigènes.
Un haut fonctionnaire crutavoir trouvé
le véritable sens de la politique d'asso-
ciation. Il exposa que la France n'avait
encore rien fait pour les indigènes et qu'il
avait fallu, après un demi-siècle bien-
tôt d'occupation de la Coch inchine, la
venue d'un ministre intègre et clair-
voyant, épris de justice, pour entendre
prononcer cette parole de vérité.
Le Gouverneur général fit compren-
dre, dit-on, à son subordonne qu'il était
allé un peu trop loin.
Quoi ! La France a deuvrerindo-Chme
du joug de la Chine qui y lançait ses ban-
des de pillards et d'assassins, nous avons
- - - -
donné la sécurité aux propriétaires du sol,
nous avons développé le commerce et
l'agriculture, creusé des roules, des ca-
naux, aidé à l'essor de l'initiative privée ;
nous avons soustrait l'indigène à la
justice sommaire et vénale de ses man-
darins, nous lui avons ouvertnos écoles,
notre armée, notre magistrature ; nous
lui avons donné des médecins, luttant
chaque jour pour remédier aux fléaux
qui ravugenlla population et déciment
les troupeaux ; nous avons agi, enfin,
en protecteurs véritables et très souvent
môme, en associéi des indigènes, et
cela s'appellerait n'avoir rien fait pour
eux?
Tel est, malheureusement, le senti-
ment d'un grand nombre de nouveaux
débarqués dans nos colonies qui croient
les avoir découvertes au moment où ils
y mettent les pieds. Et, ce que nous di-
sons pour l'Indo-Chine, s'applique tout
particulièrement îiMadagascar, dont M.
Augagncur est leGouverneur depuis peu.
De la. a admettre et à faire admettre
que rien de sérieux n'avait été tenté
avant leur venue, il n'y a qu'un pas à
faire, et ce pas, leur suffisance l' a vite
franchi.
C'est justement au lendemain de la
Guerre russo-japonaise qu'il a été ques-
tion decette politique d'association. Emu
encore à la pensée que te Japon aurait
pu nous ravir l'Indo-Chine si la Russie
n'ait été là d'abord pour recevoir
le choc des Nippons, notre ministère
pensa que l'avenir nous serait favo-
rable s'il nous était possible de cap-
ter les bonnes grâces des indigènes.
Cette idée nous valut le cahier de
revendications adressé par un lettré
annamite au Ministre des Colonies, et
que la Politique Coloniale a publié. Il
Y est dit en propres termes que « si la
France ne change pas d'attitude en
Indo-Chine, avant peu le sang de ses
enfants y coulera ».
Les sociétés secrètes entretenues par
la Chine remuent de plus en plus en
Indo-Chine. Les affiliés à « La terre et
au Ciel «, aux «Briseurs de cercueils x,
au « Lotus sacré »,nc cessentde répan-
dre dans la population annamite desbruits
qui nous déconsidèrent et nous disquali-
fient en quelque sorte à ses yeux. Le Ja-
ponais est, pour elle, d'autre part, l'hom-
me du jour, le victorieux d hier, l éman-
eipateurde demain. Le Japonais auprès
des indigènes, n'a pas seulement vaincu
la Hussic, mais Y Europe entière.
Le Japonais: il est partout aujourd'-
hui, en Indo-Chine, non seulement en
qualité de commerçant habile, mais aus-
si comme espion adroit ila su fonder ce
qu'un euphémisme local a nommé des
« consulats » dans les provinces les
plus écartées du Tonkin. Ce genre d'éta-
blissements a, le plus souvent, à sa tè-
te un Japonais, lequel étudie et prépare
le terrain, en attendant l'heure do l'ac-
tion ; c'est parfois un ancien officier qui,
en guise de livres recréatil's, lit des ou-
vrages scientifiques écrits en anglais,
en allemand ou en français. Et ces mai-
sons Tellier créées auprès de nos gar-
nisons servent à se renseigner sur no-
tre organisation, comme à Nossi-Bé, ony
attirait les marins de la Flotte de l'Ami-
ral Rotjcswensky, selon le procédé de l'es-
cadron volant de la Reine Marie de Mé-
dicis.
L'Extrême «Orient subit donc une vé-
ritable crise depuis l'insuccès des Russes
en Corée et en Mandchourie. L'Occident
tout entier battu par l'Orient, tel est l'é-
vénement qui a fait germer un esprit de
révolte dans les pays du soleil levant.
Et l'Angleterre semble avoir mal com-
pris son rôle de peuple civilisateur le
jour où elle a poussé le Japon contre la
Russie, et où elle lui a prêté son concours
moral tout au moins.
De pareils errements ne lardent pas à
donner des fruits funestes. Ce n'est pas
seulement l'Indo-Chine qui bouge, mais
aussi la Chine qui se modernise et s' é-
veille sous l'impu lsion des Japonais. C'est
le Siam, c'est la Birmanie, c'est l'Inde
elle-même.
La situation est grave, à coup sur.
r -. -
L jviUFOpC et l'Amérique sont i-nfc.M'eo3trc:3–
dans l'évolution nouvelle de lu. Chine.
L'Angleterre y possède Hong-Kong,
S h an ga ï, W e i - h o i -"\Y ci. L'Allemane
lviat-Tchéoii ; la Russie, des territoires
Mandchous et NVladivostock. La Belgi-
que y a envoyé des capitaux, comme
toute l'Europe et l'Amérique d'ailleurs,
dans des alraires de mines etde chemins
de fer. Jusqu'au Portugal, avec sa colo-
nie de Macao, dans la haie de Canton;
jusqu'aux Etats-Unis installés aux Phi-
lippines, et la Hollande et la Grande
Bretagne, dans les iles de la Sonde, qui
peuvent se sentir atteints par le c hange-
ment qui survient dans la torpeur hié-
ratique de l'Empircdu Milieu.
Si les nations de l'Occident ne veu-
lent voir leur échapper le fruit de leurs
efforts dans ces contrées, force leur sera
de s'entendre un jour, bientôt peut-être,
et de s'unir encore comme elles l'ont
fait déjà en 1900, dans une action com-
mune, en vue de résister au péril jaune,
péril imminent, et qui couve en ce mo-
ment, comme le feu sous la cendre, et
peut produire une terrible et universelle
conflagration.
Lucien GASPARIN,
Député de l'Ile tic la Réunion,
- -
NOTES CRITIQUES
SUR
IExposition de Marseille
Je ne veux pas refaire les excellentes
études qui ont paru ici même, ni déflorer
celles qui paraîtront encore sur la remar-
quable Exposition coloniale de Marseille.
(1). Je voudrais seulement, avant qu'elle
ne ferme ses portes, présenter quelques
observations qui, peut-être, comportent
un enseignement pour l'avenir.
1
On a dit, dans certaines publications
étrangères, que l'Exposition, admirable
pour nous renseigner sur ce qui se vend
dans nos colonies, était très pauvre en
données sur les produits de nos colonies
susceptibles d'être importés en Europe.
Rien de plus injuste que ce reproche,
rien de plus inexact. Il semble vraiment,
que celui qui l'a formulé le premier n'ait
vu de l'Exposition que deux choses. Il
--SI:: ,1' hvd l' :0': ,cro-1.o-.C.n.d---
parce que c'était le Grand Palais, et
que, journaliste pressé, il a cru y trouver
comme un résumé, un raccourci de l'Ex-
position entière. Or le Grand Palais est
précisément un Palais de l'Exportation,
c'est-à-dire une exposition des produits
destinés à être exportés vers nos colo-
nies. Je ne puis dire d'ailleurs qu'une
sévère méthode ait présidé à l'organisa-
tion de cette section, qui est surtout
une exposition du commerce marseillais.
On y trouve de tout, depuis une très
inst.rnr.l.ivp pynnsitmn de la Chambre de
-_--_- --.L------- -- -- ------------
commerce de Marseille, où l'on voit à
plein comment le grand port est rapide-
ment devenu ville d'industrie, jusqu'à
des détaillants de nougat de Montélimar
ou de bibelots en aluminium, jusqu'à
deux exposants de thé. de'Ceylan! Le
thé de Ceylan ne pouvait pas décem-
ment figurer comme produit originaire
de nos colonies (1); on a trouvé moyen
de le glisser parmi les produits importés
dans nos colonies!
Après cette première visite, notre
journaliste, étant allemand, s'est préci-
pité sur l'exposition marocaine, ou plu-
tôt sur les deux petites salles du Palais
de l'Algérie qui ont été cédées au Comité
du Maroc. Il est vrai que ces deux salles
sont consacrées à l'importation europé-
péenne au Maroc. Dans les circonstances
actuelles, il était utile de mettre sous les
yeux du public des tableaux synoptiques
(1) Encore faut-il dire qu'on le déguste dans
un pavillon voisin, tout comme celui du Tonkin,
cl que l'on trouve du thé inglo-iiidien à l'Expo-
sil ion de l'Inde française ; on se demande par
suite de quelle aberration ou de quelle négli-
gence le Commissariat général a fermé les yeux
sur cette concurrence faite, dans une. Exposition
Jlationale, à nos producteurs coloniaux.
indiquant les produits importés par
chaque nation et la part de chaque pavil-
lon dans les divers ports marocains, de
lui faire toucher du doigt les cadenas et
serrures,les articles de quincaillerie et de
verrerie, les boîtes à thé, les lampes à pé-
trole, les jouets qui arrivent deWestphalie
revêtus d'étiquettes espagnoles, le sucre
qui vient d'Autriche sous des étiquettes
françaises, les soieries suisses, etc., bref,
tout ce que le commerce franco-algérien
pourrait fournir au Maroc. Il y a pour
nous un intérêt de premier ordre à être
renseignés à cet égard, et peut-être le
journaliste allemand eût-il préféré que -
nous fussions renseignés moins exacte-
ment.
–IL cat a ui un G t^ueTa- mauvaise nUllleur
l'a empêché de mettre les pieds ailleurs.
Car, pour tout le reste, l'Exposition est
avant tout, et presque exclusivement,
une exposition de produits coloniaux.
On peut même affirmer que jamais, dans
aucune exposition antérieure, ni à Lyon
en 1894, ni à Paris en 1900, ne s'est aussi
nettement affirmée la volonté d'établir
un inventaire complet et méthodique de
toutes nos richesses coloniales.
Cette préoccupation éclate, est-il be-
soin de le rappeler? à l'exposition algé-
rienne. Céréales, vins et spiritueux,
minéraux, oléagineux, textiles, chaque
groupe de produits est exposé en vue de
son utilisation sur le marché européen,
particulièrement sur le marché français.
Les graphiques, les cartes, les inscrip-
tions qui tapissent les murs insistent sur
le rôle que jouent sur ce marché les pro-
duits algériens, sur celui qu'ils peuvent
ambitionner. La carte où nous voyons les
exportations algériennes de vins, de
fruits, de primeurs se diriger vers les
ports de la Manche et de la mer du Nord
plutôt que vers ceux de la Méditerranée
est à cet égard des plus suggestives.
Sans être aussi complète et aussi riche
d'enseignements, l'exposition tunisienne
est conçue à peu près sur le même
modèle. Pêcheries, alfateries, huileries,
apiculture, forêts, mines de phosphates,
etc., y figurent à un point de vue tech-
• « J 1 i» • --- ---
nique et pratique tOUt a la 101s, en un
véritable musée d'échantillons, avec une
méthode interprétative de classement
qui m'a rappelé quelques-unes des salles
les mieux aménagées du Musée commer-
cial de Brème.
DERNIÈRE HEURE
ua France et l'Angleterre,
Dans les milieux poliiiques fronçais, on
déclare inexacte la nouvelle d'après laquelle
la France et l'Angleterre auraient signé un
traité d'ulliance offensive et défensive en
bonnaet due forme ; mais on considère que
les deux pays sont décidés à se porter as-
sistance mutuelle dans le cas de certaines
agressions étrangères.
La coopération éventuelle des forces na-
valos rritnco-anglaises a été étudiée etpré-
cisée jusqu'à fixer nn point de concentra-
tion de nos escadres ; la coopération éven-
tuelle des forces militaires a été, en sep-
tembre et octobre, l'objet d'un important
échango de vues.
.t:
Curieuse eoineidenee
Nous reproduisons sous toutes réserves
et sans commentaires inutiles la dépréjhe
suivante, publiée par 1 Information !
Tanger, 23 novembre. –« On signale sur
la f routière algéro-marocaine une centaine
d'orficiers allemands déguisés sous des cos-
tumes indigènes; plusieurs ont débarqué a
Meltilà, et explorent la région d'Oudjda.
Les autorités militaires françaises feront
bien de veiller. »
D'autre part la Gazette de Cologne publie le
télégramme suivant :
Tanger 23 novembro.- On déclare qu'une
demi-douzaine d'officiers allemands travail-
lent actuellement au camp de Raisouli qui
a son quartier général à deux heures et de-
mte de Tanger. »
#*#
Inaction franeo-allemancte
au flïaroc
M. Pichon, ministre des affaires étrangères, a
fait connaître au conseil qu'il poursuivait des
pourparlers avec l'Espagne envue d'une entente
complète sur les mesures éventuelles qui pour-
raient s'imposer aux deux puissances chargées
de l'établissement de la police à Tanger pour
augurer l'ordre dans cette ville. Il y a tout lieu
.la n.ni1'A nue cette entente.déjà faite en principe,
s'effectuera incessamment. -
A Tanger, le corps diplomatique a décidé
Vcuvoi dame note collective au makkzen, lui
signalant en termes pressants la situation à Tan-
ger, que le corps diplomatique juge intolérable.
liette note demande d'y porter remède.
Les consuls de France, d'Allemagne, d'An-
gleterre et d'Espagne à Fez seront en outre
invités par leurs légations respectives à appuyer
cette note près du ministre des affaires étrangè-
res du sultan.
Mardi, aura lieu, chez le doyen du corps 1 di-
plomatique, la première réunion avec les délé-
gués chérifiens pour l'application des réformes
adoptées à Algésiras.
*
* *
Les cuirassés Sunhn, Saint-Louis et le
Charlemagne, de l'escadre de la Méditerra-
née, ont reçu l'ordre de se tenir prêts fi. appa-
reiller pour Tanger où; se trouvent déjà
le Jeanne d'Are, le Galilée, et le For/Jin.
Le vice-amiral Touchard s'est rendu à Paris
pour recevoir les instructions ministérielles en
vue delà démonstration navale.
L Espagne, do son côté, a envoyé it Tanger
où se trouve déjà le croiseur Princesa des
Asturias, les cuirassés Pelayo, et Carlos
Quinto, et les croiseurs Infanta - Isabel, et
Dona-Maria-de-Molina, ainsi que des troupes
de débarquement. D'autr.e part, le ministre de
la marine a donné l'ordre à tous les navires de
la Hotte actuellement .à Cadix de se tenir prêts à
partir au premier ordre avec leur effectif au
complet.
On déjnent la nouvelle d'une coopération
éventuelle de l'escadre anglaise à la démonstra-
tion franco-espaguole.
Les mesures prises par la France et PEspagne
ne répondent pas à un danger immédiat, mais
sont motivés par le désir d'empêcher le retour
d'incidents que l'attitude de llaisouli rendrait
possibles. Le premier acte d'hostilité della part
des Marocains serait le signal d'un débarque-
ment.
C. F.
1
LES COLONIES ET LA PRESSE
lies deux Allernagnes
De M. Gabriel HANOTAUX, dans le Jour-
nal, à propos des mémoires du prince de
Hoheaiohe.
Sur ce masque impassible, dans ces
yeux clairs, on ne lit rien. Bismark, qui
l'emploie et le ménage, ne le devine pas ;
sinon, il aurait appréhendé le témoigoage,
devant l'avenir de l'homme de vieille roche
sondant le reitre, le « sauvage », une « na-
ture du démon ».
Hohenlohe est comme Mazarin : « Il ne
veut pas être deviné ». Il faudrait soulever
le dernier repli de cette conscience d'aris-
tocrate courbé et. plié par la main du des-
un, pour y trouver le ver ro iige-ur -:-ou plus
exactement, plus equitablement,–pour sur-
prendre, dans un coin de cette âme glacée
la « petite fleur bleue », le rêve1 d'une Alle-
magne tolérante, sensible, humaine, libé-
rale, sinon parlementaire : d'une Allema-
gne un instant entrevue et que l'autre chan-
celier, Bismarck, avait écrasée, à Francfort,
sous son dur talon. Qu'avait-on fait de ce
bel avril sentimental où il était si bon de
« lire Werther » !
- Sur cette Allemagne vieux jeu, 1 autre
AIJemagne scst superposee; mais la pre-
mière subsiste tout. de même, ou du moins
eUe a survécu longtemps, sans qu'on puisse
savoir si elle est encoc vivante ou morte
aujourd'hui.
*
li'embarras de la Tunisie,
Du Temps :
11 arrive à la Tunisie une chose fort ré-
jouissante, mais qui ne laisse pas d'être sin-
gulière.Elle plie littéralement sons le poids
de sa fortune. Elle est débordée par les be-
soins nouveaux, inattendus, impérieux et
énormes querette fortune lui crée.
Elle était partie pour être un petit pays
agricole vivant sur les céréales, l'élevaè, la
vigne et l'olivier. Elle s'outillait en consé-
quence, modestement, gérant parcimonieu-
sement ses finances et faisant toutes choses
au meilleur marché possible, lorsqu'une sé-
rie de découvertes sont venues bouleverser
cette médiocrité tranquille et la transfor-
mer en un des grands producteurs mi-
niers du monde. Cela a commencé par les
phosphates aujourd'hui fameux de Gafsa.
Puis la hausse du zinc a donné une plus-
value subite à une série de gisements de
calamine. Puis, dans le voisinage des gise-
ments de phosphates de Gafsa, on a trouvé
les gisements d'Aïn-Moularés, non moins im-
portants. Puis, plus au nord, on a reconnu
ceux de Kalaat-es-Senam et de Kalaat-ed-
Djerda, très considérables encore. Puis est
venu le tour du fer, dont cinq grands gise-
ments sont entrés ou sont sur le point d'en-
trer en exploitation aux Ilamennas, auDje-
rissa, au alla, a Nebeur et aux Nefzas. tt
maintenant l'attention se porte vers le sud,
où des minerais de maganèse, très imporr
tants aussi, ont été signalés entre Gafsa et
Gabès. Il y a que l'extrême sud, le1 pays dé-
sert au delà des chotts. dont on ne dise rien
encore ; mais l'avis des géologues est que
lee montagnes y étant de même origine que
dans le nord il y a bien des chances pour
qu'elles soient minéraliséés dans les mêmes
proportions. Eu tout cas, des prospections
s'organisent pour y aller voir.
!!I.
Dans un rapport aussi remarquable par
la largeur des vues que par la clarté sur
l'« établissement d'un programme de grands
travaux en Tunisie » Qu'il adressait, le 1er
octobre dernier, à M. Pichon, le directeur
général des travaux publics de la régence,
M. de Fage&, exposait que. pour seconder ce
prodigieux essor de richesses quitlui sur-
vient si inopinément, la Tunisie doit exécu-
ter pour uo millions de travaux en une di-
zaine d'années, qu'elle en peut trouver une
cinquantaine sur ses ressources ordinaires
et que force lui est de se procurer le reste,
soit 75 millions, par @ voie d'emprunt. M.
Pichon, qui avait donné, comme résident gé-
néral, son approbation à cette proposition,
est aujourd hui en état della soumettre k
1 approbation des Chambres comme minis-
tre. Il n'y a pas apparence qu'un projet pa-
reil rencontre la moindre objection. Non
seulement jamais travaux n'ont été d'une
utilité plus évidente, non seulement la Tu-
nisie est dans cette situation financière ex-
traordinaire quechaque année son budgetse
liauide Dar des excédents considérables oui
ont dépassé 10 millions de francs en 1904,
mais enfbre, M. de l'aies le démontre, ces
lignes à faire et à refaire étant assurées par
contrat d'un trafic très élevé immédiat de-
viendront très promptement elles-mêmes
des sources de bénéfices. Soit sous forme de
recettes de transport proprement dites, soit
sous forme de - redevances minières sur les
phosphates et les fers, elles donneront, à
partir de 1912 au plus tard, tous frais d'ex-
ploitation et d'entretien payés, un gain net
de 1.435.600 francs par an.
Ce ne sera donc pas une charge que la Tu-
nisie s'imposera en contra ctant cet emprunt
c'est une nouvelle branche de revenus
qu'elle se créera.
#.
ue Discours du chancelier
Allemand
De M. Marcel Saint-Germain, séna-
teur, ôai\slaiDépêche Coloniale, à propos
du passage du discours du prince de Bu-
low surla probabilité d'une entente « sur
telle ou telle question coloniale »
D'affaire coloniale pendante entre les
deux pays il n'en est qu'une, c'es.t l'affaire
marocaine. Si l'Allemagne reconnaît qu'elle
a fait fausse route en couvrant le sultan
de son bouclier, qu'elle a trahi les véritables
intérêts de son commerce et de son indus-
trie, en aggravant parsou attitude l'anarchie
qui rend, aux portes mêmes de Tanger, ac-
tuellement iin possible toute entreprise eu-
ropéenne, si telle est bien la portée des dé-
clarations du chancelier, il suffira d'instruc-
.tions netteset précisesjdonnées au représen-
tant de l'Allemagne au Maroc pour que la
situation s'améliore et que le commerce eu-
ropéen regagne une partie du terrain que
lui ont fait perdre les incidents de ces der-
niers mois. De par la volonté des puissances
représentées à Algésiras, la France et l'Es-
pagne ont reçu mandat d'organiser la po-
lice que le sultan est incapable d'asssurer.
L'Allemagne veut-elle de bonne, foi que
cette organisation aboutisse? Se prête-t-elle
à la mise en valeur de ce champ otfert, avec
une porte largemeut ouverte, à l'activité de
tous ? Qu'elle ne le dise pas seulement à la
tribune duReichstag, et pas seulement dans
des conversations diplomatiques, à Paris, à
Madrid, à Londres ou à Berliu, mais qu'elle
le fasse entendre clairement au sultan et à
ses conseiillers, qu'elle a eucouragés dans
leur résistance aux volontés de l'Europe et
qu'elle peut ramener, si elle le désire loya-
lement, à une plus saine compréhension de
ses véritables intérêts.
Si telle devait être la sanction pratique.
des paroles prononcées par le chancelier à
la tribune du ltek hstag, nous ne pourrions
que nous en féliciter. La prudence toute-
fois et l'expérience du passé commandent
la réserve. Les déclarations du premier mi-
nistre de l'empereur allemand ne sont pas
toujours d'accord - dec les manifestations
de son souverain. Pour y avoir prêté une
çreille trop complaisante, M. Delcassé s'est
endormi naguère dans une trompeuse sécu-
nle.LaFrance en a ressenti sous plus (rune
forme le contre-coup. Contre-coup au Ma-
roc où il faudra de longs et patients efforts
pour regagner,même avec le concours de
tous, le terrain perdu pour la civilisation ;
contre-coup dans nos finances où s'est creu-
sé un peu plus profond le gouffre de ces dé-
penses improductives qui consistent, sui-
vant la formule d'un impérial discoureur, à
tenir sa Doudre sèche et son elaive acéré.
En vérité,nous sommes loin de cet âge rêvé
où les ressources de notre beau pays pour-
ront.sans arrière-pensée d'aucune sorte,être
employées exclusivement aux entreprises
de paix et de prospérité: amélioration de
notre outillage économique, mise en valeur
de notre domaine extérieur, soulagement
des misères humaines. Ne sont-elles pas
assez nombreuses et assez cruelles pour
qu'il n'y ait folie à y ajouter bénévolement
la pire de toutes, la guerre avec son cortège
de maux ?
?
JVIoins de Cuirassés
De M. Charles DUMONT, député, dans l'Ac-
tion :
Il est trop certain que,en l'état actuel de
nos budgets, engager les crédits pour six
cuirassés,c'est nous mettre dans l'impossi-
bilité d'obtenir les ressources nécessaires à
la constitution de flotilles nombreuses de
submersibles et de sous-marins. Si désireux
que soit le Parlement de consacrer à la dé-
fense navale tout ce'qui est nécessaire, il ne
pourra consentir, dans les années qui vont
venir, à accroître le budget de la marine au
point de permettre la construction de six
cuirassés géants et, en même temps, de ces
flottilles qui devraient,pour être invincibles,
pouvoir autour de tous nos grands ports, es-
saimer innombrables.
Entre les cuirassés et les flottilles, il faut
choisir.
,.
Thomson veut-il, pour nous convaincre,
citer Tsoushima ? J'accorde que les cuiras-
sés japonais ont, avant l'entrée en ligne
des torpilleurs nippons, assuré la victoire.
Qui songe à nier que dans une bataille d'es-
cadre contre escadre, la puissance du feu,
l'habileté manœuvrière des chefs, le sang-
froid discipliné des équipages ne puis sent
rapidement donner l'avantage,et qu une flot-
te mal commandée, mal arm ée,fatiguée par
unlong voyage ne soit une proie promise a
une défaite que l'artillerie suffit à rendre
rapide et écrasante? L'exemple de Tsoushima
ne prouve rien pour la thèse de Thomson,
car l'organisation de la défense navale de la
France est, précisément, de savoir si dans
l'impossibilité absolue où nous sommesd'a-
voir une flotte cuirassée égale à celle de
l'Angleterre, nous devons construire beau-
coup de cuirassés et peu de sous-marins, ou
1 beaucoup de sous-marins et peu de cuiras-
sés.
***
Opinions en cinq lignes
Dans le Siècle, à propos du rapport
Chariot, M. ALFRED MASSÉ étudie les
moyens de créer un courant d'émigra-
tion pour une élite de maîtres laïques, ,
vers les écoles d'Orient. Il appelle l'at-
tention des ministres sur la défaveur qui
atteint. actuellement. au double noint de
vue avancement et retraite, les membres
de l'enseignement qui vont aux colonies
ou à l'étranger.
Dans le Radical, à propos du même
rapport, M.GUSTAVE RivET,toul en rendant
justice au dévouement de beaucoup des
religieux d'Orient, dénonce leurs procé-
dés archaïques et dogmatiques d'instruc-
tion ainsi que leur système d'éducation,
d'une moralité par trop primitive et
jésuite.
- Dans l'Echo de Paris; M. ANDRÉ MÉVIL,,
à propos des affaires du Maroc et de la
dépêche extraordinaire, soit-disant en-
voyée de Tanger à la Galette de Cologne,
en réalité fabriquée à Berlin par un fami-
lier du prince de Bulow, se demande si
nous allons voir recommencer les étran-
ges manœuvres qui consistaient à dire
blanc à Berlin pendant qu'à Tanger, on
broyait du noir. «
Dans VAurore, H. Ad. SOUBERBIELLE, à
propos de la question du Congo et de
l'interpellation Vandervelde à la Cham-
bre belge, rappelle l'œuvre' humanitaire
entreprise par la Congo Reform Asso-
ciation d'Angleterre, flétrit les forfaits
abominables commis, sous la protection
du roi Léopold, par les grosses entrepri-
ses congolaises,forfaits qui ont déterminé
une première intervention du cabinet
britannique.
Dans 1 Action, M. ALFRED BUQUET dé-
veloppe la thèse : Tout navire blindé est
nuisible et inutile, et cherche à prouver
que « sans escadre cuirassée, la France
peut vaincre et détruire n'importe quelle
escadre venue pour l'attaquer ».
-.,"",,--
1\
PRIX
France : 1-Kgent.,
Etranger etmlwifos : ̃ 30 cent.
JEUDI 291NOVEMBRE 1906
f J'
Les Annales Coloniales
r EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
f
JOURNAL ':3H3eÊK»Siwt^33jtfLi:BJE3
Paraissant tous les Jeudis
Gralerie d'Orléans (Palais=Royal, PARIS 1er)
Les manuscrits non insères ne sont pas rcndws
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Un an ômoit
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ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
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Lire aujourd'hui
en première page
Nos Colonies dlExtreme-Orient
par Lucien GASPARIN
Député de nie de la Réunion
NOTES CRITIQUE SUR
L'EXPOSITION DE MARSEILLE
par Henri HAUSER
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
in Semaine Coloniale.
EN F£UlLt.F.TON
La Revue de la Presse Étrangère.
en troisième page
La Semaine Economique.
L'abondance des matières et les
nécessités de la mise en pages
nous empêchent de publier aujour-
d'hui notra enquête sur la Politique
extérieur a Le 6 décembre lire les
réponses que nous ont adressées
les plus en vue des deux Chambres.
Nos colonies dlExtrerne - Orient
Depuis quelque temps, l'Indo-Chine
fait beaucoup parler d'elle. L'Adminis-
tration locale ne parvient pas à équili-
brer son budget, et le déficit va s'accen-
tuant de plus en plus dans les douanes
et régies qui supportent,presque seules,
le lourd fardeau du budget général.
D'autre part, certaines Sociétés asiati-
ques propagent, d'une façon inquiétante
pour l'avenir, leurs tendancesxénopho-
bes, et un organe parisien a pu écrire
tout récemment : « La révolution qui
couve depuis longtemps en Indo-Chine
est sur le pointd'éclatcr:). Espérons pour-
tant qu'il se trompe.
11 est vrai qu'on a connu en Indo-
Chine des fonctionnaires placés à la
tète de services importants, se désinté-
ressant de tout ; c'étaient des chefs de
clans, mais non des directeurs.
Ces raisons suffiraient à expliquer,
peut-être, la marche de l'Indo-Chinc à
la taillite, si une célèbre exclamation
ministérielle, un de ces mots historiques
qui font fortune, n'était venue compli-
quer les choses : « En Indo-Chine, il
convient d'appliquer la politique d'asso-
ciation l"
Des lors, chacun là-bas eut sa théorie
très particulière sur cette question. La
politique d'association, disait l'un, con-
siste à renvoyer en France tous les fonc-
tionnaires, à l'cxeeption des chefs, et à
les remplacer par des indigènes ; suivant
un autre, cette politique serait l'union
entre Français et indigènes.
Un haut fonctionnaire crutavoir trouvé
le véritable sens de la politique d'asso-
ciation. Il exposa que la France n'avait
encore rien fait pour les indigènes et qu'il
avait fallu, après un demi-siècle bien-
tôt d'occupation de la Coch inchine, la
venue d'un ministre intègre et clair-
voyant, épris de justice, pour entendre
prononcer cette parole de vérité.
Le Gouverneur général fit compren-
dre, dit-on, à son subordonne qu'il était
allé un peu trop loin.
Quoi ! La France a deuvrerindo-Chme
du joug de la Chine qui y lançait ses ban-
des de pillards et d'assassins, nous avons
- - - -
donné la sécurité aux propriétaires du sol,
nous avons développé le commerce et
l'agriculture, creusé des roules, des ca-
naux, aidé à l'essor de l'initiative privée ;
nous avons soustrait l'indigène à la
justice sommaire et vénale de ses man-
darins, nous lui avons ouvertnos écoles,
notre armée, notre magistrature ; nous
lui avons donné des médecins, luttant
chaque jour pour remédier aux fléaux
qui ravugenlla population et déciment
les troupeaux ; nous avons agi, enfin,
en protecteurs véritables et très souvent
môme, en associéi des indigènes, et
cela s'appellerait n'avoir rien fait pour
eux?
Tel est, malheureusement, le senti-
ment d'un grand nombre de nouveaux
débarqués dans nos colonies qui croient
les avoir découvertes au moment où ils
y mettent les pieds. Et, ce que nous di-
sons pour l'Indo-Chine, s'applique tout
particulièrement îiMadagascar, dont M.
Augagncur est leGouverneur depuis peu.
De la. a admettre et à faire admettre
que rien de sérieux n'avait été tenté
avant leur venue, il n'y a qu'un pas à
faire, et ce pas, leur suffisance l' a vite
franchi.
C'est justement au lendemain de la
Guerre russo-japonaise qu'il a été ques-
tion decette politique d'association. Emu
encore à la pensée que te Japon aurait
pu nous ravir l'Indo-Chine si la Russie
n'ait été là d'abord pour recevoir
le choc des Nippons, notre ministère
pensa que l'avenir nous serait favo-
rable s'il nous était possible de cap-
ter les bonnes grâces des indigènes.
Cette idée nous valut le cahier de
revendications adressé par un lettré
annamite au Ministre des Colonies, et
que la Politique Coloniale a publié. Il
Y est dit en propres termes que « si la
France ne change pas d'attitude en
Indo-Chine, avant peu le sang de ses
enfants y coulera ».
Les sociétés secrètes entretenues par
la Chine remuent de plus en plus en
Indo-Chine. Les affiliés à « La terre et
au Ciel «, aux «Briseurs de cercueils x,
au « Lotus sacré »,nc cessentde répan-
dre dans la population annamite desbruits
qui nous déconsidèrent et nous disquali-
fient en quelque sorte à ses yeux. Le Ja-
ponais est, pour elle, d'autre part, l'hom-
me du jour, le victorieux d hier, l éman-
eipateurde demain. Le Japonais auprès
des indigènes, n'a pas seulement vaincu
la Hussic, mais Y Europe entière.
Le Japonais: il est partout aujourd'-
hui, en Indo-Chine, non seulement en
qualité de commerçant habile, mais aus-
si comme espion adroit ila su fonder ce
qu'un euphémisme local a nommé des
« consulats » dans les provinces les
plus écartées du Tonkin. Ce genre d'éta-
blissements a, le plus souvent, à sa tè-
te un Japonais, lequel étudie et prépare
le terrain, en attendant l'heure do l'ac-
tion ; c'est parfois un ancien officier qui,
en guise de livres recréatil's, lit des ou-
vrages scientifiques écrits en anglais,
en allemand ou en français. Et ces mai-
sons Tellier créées auprès de nos gar-
nisons servent à se renseigner sur no-
tre organisation, comme à Nossi-Bé, ony
attirait les marins de la Flotte de l'Ami-
ral Rotjcswensky, selon le procédé de l'es-
cadron volant de la Reine Marie de Mé-
dicis.
L'Extrême «Orient subit donc une vé-
ritable crise depuis l'insuccès des Russes
en Corée et en Mandchourie. L'Occident
tout entier battu par l'Orient, tel est l'é-
vénement qui a fait germer un esprit de
révolte dans les pays du soleil levant.
Et l'Angleterre semble avoir mal com-
pris son rôle de peuple civilisateur le
jour où elle a poussé le Japon contre la
Russie, et où elle lui a prêté son concours
moral tout au moins.
De pareils errements ne lardent pas à
donner des fruits funestes. Ce n'est pas
seulement l'Indo-Chine qui bouge, mais
aussi la Chine qui se modernise et s' é-
veille sous l'impu lsion des Japonais. C'est
le Siam, c'est la Birmanie, c'est l'Inde
elle-même.
La situation est grave, à coup sur.
r -. -
L jviUFOpC et l'Amérique sont i-nfc.M'eo3trc:3–
dans l'évolution nouvelle de lu. Chine.
L'Angleterre y possède Hong-Kong,
S h an ga ï, W e i - h o i -"\Y ci. L'Allemane
lviat-Tchéoii ; la Russie, des territoires
Mandchous et NVladivostock. La Belgi-
que y a envoyé des capitaux, comme
toute l'Europe et l'Amérique d'ailleurs,
dans des alraires de mines etde chemins
de fer. Jusqu'au Portugal, avec sa colo-
nie de Macao, dans la haie de Canton;
jusqu'aux Etats-Unis installés aux Phi-
lippines, et la Hollande et la Grande
Bretagne, dans les iles de la Sonde, qui
peuvent se sentir atteints par le c hange-
ment qui survient dans la torpeur hié-
ratique de l'Empircdu Milieu.
Si les nations de l'Occident ne veu-
lent voir leur échapper le fruit de leurs
efforts dans ces contrées, force leur sera
de s'entendre un jour, bientôt peut-être,
et de s'unir encore comme elles l'ont
fait déjà en 1900, dans une action com-
mune, en vue de résister au péril jaune,
péril imminent, et qui couve en ce mo-
ment, comme le feu sous la cendre, et
peut produire une terrible et universelle
conflagration.
Lucien GASPARIN,
Député de l'Ile tic la Réunion,
- -
NOTES CRITIQUES
SUR
IExposition de Marseille
Je ne veux pas refaire les excellentes
études qui ont paru ici même, ni déflorer
celles qui paraîtront encore sur la remar-
quable Exposition coloniale de Marseille.
(1). Je voudrais seulement, avant qu'elle
ne ferme ses portes, présenter quelques
observations qui, peut-être, comportent
un enseignement pour l'avenir.
1
On a dit, dans certaines publications
étrangères, que l'Exposition, admirable
pour nous renseigner sur ce qui se vend
dans nos colonies, était très pauvre en
données sur les produits de nos colonies
susceptibles d'être importés en Europe.
Rien de plus injuste que ce reproche,
rien de plus inexact. Il semble vraiment,
que celui qui l'a formulé le premier n'ait
vu de l'Exposition que deux choses. Il
--SI:: ,1' hvd l' :0': ,cro-1.o-.C.n.d---
parce que c'était le Grand Palais, et
que, journaliste pressé, il a cru y trouver
comme un résumé, un raccourci de l'Ex-
position entière. Or le Grand Palais est
précisément un Palais de l'Exportation,
c'est-à-dire une exposition des produits
destinés à être exportés vers nos colo-
nies. Je ne puis dire d'ailleurs qu'une
sévère méthode ait présidé à l'organisa-
tion de cette section, qui est surtout
une exposition du commerce marseillais.
On y trouve de tout, depuis une très
inst.rnr.l.ivp pynnsitmn de la Chambre de
-_--_- --.L------- -- -- ------------
commerce de Marseille, où l'on voit à
plein comment le grand port est rapide-
ment devenu ville d'industrie, jusqu'à
des détaillants de nougat de Montélimar
ou de bibelots en aluminium, jusqu'à
deux exposants de thé. de'Ceylan! Le
thé de Ceylan ne pouvait pas décem-
ment figurer comme produit originaire
de nos colonies (1); on a trouvé moyen
de le glisser parmi les produits importés
dans nos colonies!
Après cette première visite, notre
journaliste, étant allemand, s'est préci-
pité sur l'exposition marocaine, ou plu-
tôt sur les deux petites salles du Palais
de l'Algérie qui ont été cédées au Comité
du Maroc. Il est vrai que ces deux salles
sont consacrées à l'importation europé-
péenne au Maroc. Dans les circonstances
actuelles, il était utile de mettre sous les
yeux du public des tableaux synoptiques
(1) Encore faut-il dire qu'on le déguste dans
un pavillon voisin, tout comme celui du Tonkin,
cl que l'on trouve du thé inglo-iiidien à l'Expo-
sil ion de l'Inde française ; on se demande par
suite de quelle aberration ou de quelle négli-
gence le Commissariat général a fermé les yeux
sur cette concurrence faite, dans une. Exposition
Jlationale, à nos producteurs coloniaux.
indiquant les produits importés par
chaque nation et la part de chaque pavil-
lon dans les divers ports marocains, de
lui faire toucher du doigt les cadenas et
serrures,les articles de quincaillerie et de
verrerie, les boîtes à thé, les lampes à pé-
trole, les jouets qui arrivent deWestphalie
revêtus d'étiquettes espagnoles, le sucre
qui vient d'Autriche sous des étiquettes
françaises, les soieries suisses, etc., bref,
tout ce que le commerce franco-algérien
pourrait fournir au Maroc. Il y a pour
nous un intérêt de premier ordre à être
renseignés à cet égard, et peut-être le
journaliste allemand eût-il préféré que -
nous fussions renseignés moins exacte-
ment.
–IL cat a ui un G t^ueTa- mauvaise nUllleur
l'a empêché de mettre les pieds ailleurs.
Car, pour tout le reste, l'Exposition est
avant tout, et presque exclusivement,
une exposition de produits coloniaux.
On peut même affirmer que jamais, dans
aucune exposition antérieure, ni à Lyon
en 1894, ni à Paris en 1900, ne s'est aussi
nettement affirmée la volonté d'établir
un inventaire complet et méthodique de
toutes nos richesses coloniales.
Cette préoccupation éclate, est-il be-
soin de le rappeler? à l'exposition algé-
rienne. Céréales, vins et spiritueux,
minéraux, oléagineux, textiles, chaque
groupe de produits est exposé en vue de
son utilisation sur le marché européen,
particulièrement sur le marché français.
Les graphiques, les cartes, les inscrip-
tions qui tapissent les murs insistent sur
le rôle que jouent sur ce marché les pro-
duits algériens, sur celui qu'ils peuvent
ambitionner. La carte où nous voyons les
exportations algériennes de vins, de
fruits, de primeurs se diriger vers les
ports de la Manche et de la mer du Nord
plutôt que vers ceux de la Méditerranée
est à cet égard des plus suggestives.
Sans être aussi complète et aussi riche
d'enseignements, l'exposition tunisienne
est conçue à peu près sur le même
modèle. Pêcheries, alfateries, huileries,
apiculture, forêts, mines de phosphates,
etc., y figurent à un point de vue tech-
• « J 1 i» • --- ---
nique et pratique tOUt a la 101s, en un
véritable musée d'échantillons, avec une
méthode interprétative de classement
qui m'a rappelé quelques-unes des salles
les mieux aménagées du Musée commer-
cial de Brème.
DERNIÈRE HEURE
ua France et l'Angleterre,
Dans les milieux poliiiques fronçais, on
déclare inexacte la nouvelle d'après laquelle
la France et l'Angleterre auraient signé un
traité d'ulliance offensive et défensive en
bonnaet due forme ; mais on considère que
les deux pays sont décidés à se porter as-
sistance mutuelle dans le cas de certaines
agressions étrangères.
La coopération éventuelle des forces na-
valos rritnco-anglaises a été étudiée etpré-
cisée jusqu'à fixer nn point de concentra-
tion de nos escadres ; la coopération éven-
tuelle des forces militaires a été, en sep-
tembre et octobre, l'objet d'un important
échango de vues.
.t:
Curieuse eoineidenee
Nous reproduisons sous toutes réserves
et sans commentaires inutiles la dépréjhe
suivante, publiée par 1 Information !
Tanger, 23 novembre. –« On signale sur
la f routière algéro-marocaine une centaine
d'orficiers allemands déguisés sous des cos-
tumes indigènes; plusieurs ont débarqué a
Meltilà, et explorent la région d'Oudjda.
Les autorités militaires françaises feront
bien de veiller. »
D'autre part la Gazette de Cologne publie le
télégramme suivant :
Tanger 23 novembro.- On déclare qu'une
demi-douzaine d'officiers allemands travail-
lent actuellement au camp de Raisouli qui
a son quartier général à deux heures et de-
mte de Tanger. »
#*#
Inaction franeo-allemancte
au flïaroc
M. Pichon, ministre des affaires étrangères, a
fait connaître au conseil qu'il poursuivait des
pourparlers avec l'Espagne envue d'une entente
complète sur les mesures éventuelles qui pour-
raient s'imposer aux deux puissances chargées
de l'établissement de la police à Tanger pour
augurer l'ordre dans cette ville. Il y a tout lieu
.la n.ni1'A nue cette entente.déjà faite en principe,
s'effectuera incessamment. -
A Tanger, le corps diplomatique a décidé
Vcuvoi dame note collective au makkzen, lui
signalant en termes pressants la situation à Tan-
ger, que le corps diplomatique juge intolérable.
liette note demande d'y porter remède.
Les consuls de France, d'Allemagne, d'An-
gleterre et d'Espagne à Fez seront en outre
invités par leurs légations respectives à appuyer
cette note près du ministre des affaires étrangè-
res du sultan.
Mardi, aura lieu, chez le doyen du corps 1 di-
plomatique, la première réunion avec les délé-
gués chérifiens pour l'application des réformes
adoptées à Algésiras.
*
* *
Les cuirassés Sunhn, Saint-Louis et le
Charlemagne, de l'escadre de la Méditerra-
née, ont reçu l'ordre de se tenir prêts fi. appa-
reiller pour Tanger où; se trouvent déjà
le Jeanne d'Are, le Galilée, et le For/Jin.
Le vice-amiral Touchard s'est rendu à Paris
pour recevoir les instructions ministérielles en
vue delà démonstration navale.
L Espagne, do son côté, a envoyé it Tanger
où se trouve déjà le croiseur Princesa des
Asturias, les cuirassés Pelayo, et Carlos
Quinto, et les croiseurs Infanta - Isabel, et
Dona-Maria-de-Molina, ainsi que des troupes
de débarquement. D'autr.e part, le ministre de
la marine a donné l'ordre à tous les navires de
la Hotte actuellement .à Cadix de se tenir prêts à
partir au premier ordre avec leur effectif au
complet.
On déjnent la nouvelle d'une coopération
éventuelle de l'escadre anglaise à la démonstra-
tion franco-espaguole.
Les mesures prises par la France et PEspagne
ne répondent pas à un danger immédiat, mais
sont motivés par le désir d'empêcher le retour
d'incidents que l'attitude de llaisouli rendrait
possibles. Le premier acte d'hostilité della part
des Marocains serait le signal d'un débarque-
ment.
C. F.
1
LES COLONIES ET LA PRESSE
lies deux Allernagnes
De M. Gabriel HANOTAUX, dans le Jour-
nal, à propos des mémoires du prince de
Hoheaiohe.
Sur ce masque impassible, dans ces
yeux clairs, on ne lit rien. Bismark, qui
l'emploie et le ménage, ne le devine pas ;
sinon, il aurait appréhendé le témoigoage,
devant l'avenir de l'homme de vieille roche
sondant le reitre, le « sauvage », une « na-
ture du démon ».
Hohenlohe est comme Mazarin : « Il ne
veut pas être deviné ». Il faudrait soulever
le dernier repli de cette conscience d'aris-
tocrate courbé et. plié par la main du des-
un, pour y trouver le ver ro iige-ur -:-ou plus
exactement, plus equitablement,–pour sur-
prendre, dans un coin de cette âme glacée
la « petite fleur bleue », le rêve1 d'une Alle-
magne tolérante, sensible, humaine, libé-
rale, sinon parlementaire : d'une Allema-
gne un instant entrevue et que l'autre chan-
celier, Bismarck, avait écrasée, à Francfort,
sous son dur talon. Qu'avait-on fait de ce
bel avril sentimental où il était si bon de
« lire Werther » !
- Sur cette Allemagne vieux jeu, 1 autre
AIJemagne scst superposee; mais la pre-
mière subsiste tout. de même, ou du moins
eUe a survécu longtemps, sans qu'on puisse
savoir si elle est encoc vivante ou morte
aujourd'hui.
*
li'embarras de la Tunisie,
Du Temps :
11 arrive à la Tunisie une chose fort ré-
jouissante, mais qui ne laisse pas d'être sin-
gulière.Elle plie littéralement sons le poids
de sa fortune. Elle est débordée par les be-
soins nouveaux, inattendus, impérieux et
énormes querette fortune lui crée.
Elle était partie pour être un petit pays
agricole vivant sur les céréales, l'élevaè, la
vigne et l'olivier. Elle s'outillait en consé-
quence, modestement, gérant parcimonieu-
sement ses finances et faisant toutes choses
au meilleur marché possible, lorsqu'une sé-
rie de découvertes sont venues bouleverser
cette médiocrité tranquille et la transfor-
mer en un des grands producteurs mi-
niers du monde. Cela a commencé par les
phosphates aujourd'hui fameux de Gafsa.
Puis la hausse du zinc a donné une plus-
value subite à une série de gisements de
calamine. Puis, dans le voisinage des gise-
ments de phosphates de Gafsa, on a trouvé
les gisements d'Aïn-Moularés, non moins im-
portants. Puis, plus au nord, on a reconnu
ceux de Kalaat-es-Senam et de Kalaat-ed-
Djerda, très considérables encore. Puis est
venu le tour du fer, dont cinq grands gise-
ments sont entrés ou sont sur le point d'en-
trer en exploitation aux Ilamennas, auDje-
rissa, au alla, a Nebeur et aux Nefzas. tt
maintenant l'attention se porte vers le sud,
où des minerais de maganèse, très imporr
tants aussi, ont été signalés entre Gafsa et
Gabès. Il y a que l'extrême sud, le1 pays dé-
sert au delà des chotts. dont on ne dise rien
encore ; mais l'avis des géologues est que
lee montagnes y étant de même origine que
dans le nord il y a bien des chances pour
qu'elles soient minéraliséés dans les mêmes
proportions. Eu tout cas, des prospections
s'organisent pour y aller voir.
!!I.
Dans un rapport aussi remarquable par
la largeur des vues que par la clarté sur
l'« établissement d'un programme de grands
travaux en Tunisie » Qu'il adressait, le 1er
octobre dernier, à M. Pichon, le directeur
général des travaux publics de la régence,
M. de Fage&, exposait que. pour seconder ce
prodigieux essor de richesses quitlui sur-
vient si inopinément, la Tunisie doit exécu-
ter pour uo millions de travaux en une di-
zaine d'années, qu'elle en peut trouver une
cinquantaine sur ses ressources ordinaires
et que force lui est de se procurer le reste,
soit 75 millions, par @ voie d'emprunt. M.
Pichon, qui avait donné, comme résident gé-
néral, son approbation à cette proposition,
est aujourd hui en état della soumettre k
1 approbation des Chambres comme minis-
tre. Il n'y a pas apparence qu'un projet pa-
reil rencontre la moindre objection. Non
seulement jamais travaux n'ont été d'une
utilité plus évidente, non seulement la Tu-
nisie est dans cette situation financière ex-
traordinaire quechaque année son budgetse
liauide Dar des excédents considérables oui
ont dépassé 10 millions de francs en 1904,
mais enfbre, M. de l'aies le démontre, ces
lignes à faire et à refaire étant assurées par
contrat d'un trafic très élevé immédiat de-
viendront très promptement elles-mêmes
des sources de bénéfices. Soit sous forme de
recettes de transport proprement dites, soit
sous forme de - redevances minières sur les
phosphates et les fers, elles donneront, à
partir de 1912 au plus tard, tous frais d'ex-
ploitation et d'entretien payés, un gain net
de 1.435.600 francs par an.
Ce ne sera donc pas une charge que la Tu-
nisie s'imposera en contra ctant cet emprunt
c'est une nouvelle branche de revenus
qu'elle se créera.
#.
ue Discours du chancelier
Allemand
De M. Marcel Saint-Germain, séna-
teur, ôai\slaiDépêche Coloniale, à propos
du passage du discours du prince de Bu-
low surla probabilité d'une entente « sur
telle ou telle question coloniale »
D'affaire coloniale pendante entre les
deux pays il n'en est qu'une, c'es.t l'affaire
marocaine. Si l'Allemagne reconnaît qu'elle
a fait fausse route en couvrant le sultan
de son bouclier, qu'elle a trahi les véritables
intérêts de son commerce et de son indus-
trie, en aggravant parsou attitude l'anarchie
qui rend, aux portes mêmes de Tanger, ac-
tuellement iin possible toute entreprise eu-
ropéenne, si telle est bien la portée des dé-
clarations du chancelier, il suffira d'instruc-
.tions netteset précisesjdonnées au représen-
tant de l'Allemagne au Maroc pour que la
situation s'améliore et que le commerce eu-
ropéen regagne une partie du terrain que
lui ont fait perdre les incidents de ces der-
niers mois. De par la volonté des puissances
représentées à Algésiras, la France et l'Es-
pagne ont reçu mandat d'organiser la po-
lice que le sultan est incapable d'asssurer.
L'Allemagne veut-elle de bonne, foi que
cette organisation aboutisse? Se prête-t-elle
à la mise en valeur de ce champ otfert, avec
une porte largemeut ouverte, à l'activité de
tous ? Qu'elle ne le dise pas seulement à la
tribune duReichstag, et pas seulement dans
des conversations diplomatiques, à Paris, à
Madrid, à Londres ou à Berliu, mais qu'elle
le fasse entendre clairement au sultan et à
ses conseiillers, qu'elle a eucouragés dans
leur résistance aux volontés de l'Europe et
qu'elle peut ramener, si elle le désire loya-
lement, à une plus saine compréhension de
ses véritables intérêts.
Si telle devait être la sanction pratique.
des paroles prononcées par le chancelier à
la tribune du ltek hstag, nous ne pourrions
que nous en féliciter. La prudence toute-
fois et l'expérience du passé commandent
la réserve. Les déclarations du premier mi-
nistre de l'empereur allemand ne sont pas
toujours d'accord - dec les manifestations
de son souverain. Pour y avoir prêté une
çreille trop complaisante, M. Delcassé s'est
endormi naguère dans une trompeuse sécu-
nle.LaFrance en a ressenti sous plus (rune
forme le contre-coup. Contre-coup au Ma-
roc où il faudra de longs et patients efforts
pour regagner,même avec le concours de
tous, le terrain perdu pour la civilisation ;
contre-coup dans nos finances où s'est creu-
sé un peu plus profond le gouffre de ces dé-
penses improductives qui consistent, sui-
vant la formule d'un impérial discoureur, à
tenir sa Doudre sèche et son elaive acéré.
En vérité,nous sommes loin de cet âge rêvé
où les ressources de notre beau pays pour-
ront.sans arrière-pensée d'aucune sorte,être
employées exclusivement aux entreprises
de paix et de prospérité: amélioration de
notre outillage économique, mise en valeur
de notre domaine extérieur, soulagement
des misères humaines. Ne sont-elles pas
assez nombreuses et assez cruelles pour
qu'il n'y ait folie à y ajouter bénévolement
la pire de toutes, la guerre avec son cortège
de maux ?
?
JVIoins de Cuirassés
De M. Charles DUMONT, député, dans l'Ac-
tion :
Il est trop certain que,en l'état actuel de
nos budgets, engager les crédits pour six
cuirassés,c'est nous mettre dans l'impossi-
bilité d'obtenir les ressources nécessaires à
la constitution de flotilles nombreuses de
submersibles et de sous-marins. Si désireux
que soit le Parlement de consacrer à la dé-
fense navale tout ce'qui est nécessaire, il ne
pourra consentir, dans les années qui vont
venir, à accroître le budget de la marine au
point de permettre la construction de six
cuirassés géants et, en même temps, de ces
flottilles qui devraient,pour être invincibles,
pouvoir autour de tous nos grands ports, es-
saimer innombrables.
Entre les cuirassés et les flottilles, il faut
choisir.
,.
Thomson veut-il, pour nous convaincre,
citer Tsoushima ? J'accorde que les cuiras-
sés japonais ont, avant l'entrée en ligne
des torpilleurs nippons, assuré la victoire.
Qui songe à nier que dans une bataille d'es-
cadre contre escadre, la puissance du feu,
l'habileté manœuvrière des chefs, le sang-
froid discipliné des équipages ne puis sent
rapidement donner l'avantage,et qu une flot-
te mal commandée, mal arm ée,fatiguée par
unlong voyage ne soit une proie promise a
une défaite que l'artillerie suffit à rendre
rapide et écrasante? L'exemple de Tsoushima
ne prouve rien pour la thèse de Thomson,
car l'organisation de la défense navale de la
France est, précisément, de savoir si dans
l'impossibilité absolue où nous sommesd'a-
voir une flotte cuirassée égale à celle de
l'Angleterre, nous devons construire beau-
coup de cuirassés et peu de sous-marins, ou
1 beaucoup de sous-marins et peu de cuiras-
sés.
***
Opinions en cinq lignes
Dans le Siècle, à propos du rapport
Chariot, M. ALFRED MASSÉ étudie les
moyens de créer un courant d'émigra-
tion pour une élite de maîtres laïques, ,
vers les écoles d'Orient. Il appelle l'at-
tention des ministres sur la défaveur qui
atteint. actuellement. au double noint de
vue avancement et retraite, les membres
de l'enseignement qui vont aux colonies
ou à l'étranger.
Dans le Radical, à propos du même
rapport, M.GUSTAVE RivET,toul en rendant
justice au dévouement de beaucoup des
religieux d'Orient, dénonce leurs procé-
dés archaïques et dogmatiques d'instruc-
tion ainsi que leur système d'éducation,
d'une moralité par trop primitive et
jésuite.
- Dans l'Echo de Paris; M. ANDRÉ MÉVIL,,
à propos des affaires du Maroc et de la
dépêche extraordinaire, soit-disant en-
voyée de Tanger à la Galette de Cologne,
en réalité fabriquée à Berlin par un fami-
lier du prince de Bulow, se demande si
nous allons voir recommencer les étran-
ges manœuvres qui consistaient à dire
blanc à Berlin pendant qu'à Tanger, on
broyait du noir. «
Dans VAurore, H. Ad. SOUBERBIELLE, à
propos de la question du Congo et de
l'interpellation Vandervelde à la Cham-
bre belge, rappelle l'œuvre' humanitaire
entreprise par la Congo Reform Asso-
ciation d'Angleterre, flétrit les forfaits
abominables commis, sous la protection
du roi Léopold, par les grosses entrepri-
ses congolaises,forfaits qui ont déterminé
une première intervention du cabinet
britannique.
Dans 1 Action, M. ALFRED BUQUET dé-
veloppe la thèse : Tout navire blindé est
nuisible et inutile, et cherche à prouver
que « sans escadre cuirassée, la France
peut vaincre et détruire n'importe quelle
escadre venue pour l'attaquer ».
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