Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-11-08
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 novembre 1906 08 novembre 1906
Description : 1906/11/08 (A7,N44). 1906/11/08 (A7,N44).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374963q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
M.
VT
":'- ANNEE No 44.
PRIX France : 15 cent.
Etranger et Colorwes >130 cent,
JEUDI 8 NOVEMBRE 1906
Les Annales Coloniales
EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. l'administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au norn de M. le
Rédàcteur en chef.
JOuR.A.:L :a:E'BPO.AD.A.IR..E'
Paraissant tous les Jeudis
Graler*ie d'Orléans (PJs&is-Royal, paris i",
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
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ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
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en première page
LES
RÉFORMES POSTALES COLONIALES
par Charles LEMIRE
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
KN FEUILLETON
LE PEUPLEMENT ALGÉRIEN
par René DELAPORTE
La Revue de la Presse Étrangère.
La Semaine Coloniale.
La Semaine Economique.
LES
Réformes Postales Coloniales
Depuis 1903 la question des réformes
postales pour les échanges avec les colo-
nies a été posée devant les Associations de
Presse et le Parlement. On n'y a don-
né aucune suite. Les Congrès de 1906,
malgré les centaines de vœux émis,
n'ont pas repris le projet. Mais l'opinion
publique, basée sur l'intérêt de nos re-
lations, a singulièrement amplifié les
propositions faites. Nous croyons devoir
1 es rappeler :
Il faut d'abord constater que nos co-
lonies sont en grande partie traitées, de
la part de la métropole, comme des pays-
étrangers, ou Inème moins bien que
les pays étrangers.
Depuis le 1er janvier 1899 et le 1er
avril 1906 la taxes des lettres échangées
avec nos colonies a été réduite ; mais
les imprimés continuent à subir un ma-
ximun de 5 centimes, les échantillons
10 centimes, les papiers d'affaires 15 cen-
times avec poids de 2 kil. au lieu de 5
kilos.
Pour les journaux, la taxe, en Fran-
ce, de 2 centimes, est portée, pour nos
colonies, à 5centimes, comme pour l'é-
tranger, soit 100 0/0.
Si à cette taxe, on ajoute le droit pro-
jeté en décembre 1903, c'est la ruine et
la disparition de nos envois de pres-
se aux colonies.
Pour les mandats, le droit est d'e- 25
0/0.11 est excessif pour les modiques
envois.
De plus, le montant du mandat est
limité à la moitié de ceux échangés en
France. Enfin notre service n'admet pas
les mandats télégraphiques avec nos
colonies et les admet avec l'étranger.
En ce quiconcerneles recouvrements
la lacune constitue une grave anomalie.
La poste fait recouvrer une valeur sur
Java et la refuse sur Saïgon. Il paraît
que l'Administration des Postes est dis-
posée à se charger de ce service, mais
que le ministère des colonies ajourne le
projet qui lui a été soumis.
La Grande-Bretagne a fait profiter ses
colonies de Y Union internationale.
Mais elle a en outre créé pour elles une
Union inter-cojo niale spèciale.. La
réduction des taxes inter-coloniales
fait qu'une lettre de Londres pour Syd-
ney coûtait moins, en mars 1906, qu'une
lettre de Paris à Sèvres et coûte enco-
re moins qu'une lettre de Douvres a Ca-
lais. On peut envoyer des mandats télé-
graphiques français en Islande. Ils ne
sont pas admis pour nos colonies ! !
Quant aux Colis-vostaux nous pou-
vons les échanger avec déclaration de
valeur et remboursement avec les bu-
reauxjaponais de Chine et de Corée, alors
quenousavons en Chine des bureaux
français. (En Corée, les bureaux dirigés
par un Français ont été repris par les
Japonais.)
Cette mesure, applicable depuis le
1er mars 1904, fait contraste, comme le
l'ait précédent, avec certains errements
en matière postale,qui sont de véritables
chinoiseries à faire cesser.
J'ai proposé dans les Congres el dans
la Presse coloniale d'émettre des vœux
conformes à ceux formulés et adoptés
par le Congrès colonial de 1903, et d'y
ajouter trois autres vœux.
L'ensemble de ces six propositions
peut s'énoncer comme suit :
1° Que tous les obj ets de correspon-
dance circulant entre les colonies,
notamment les journaux et autres im-
primés périodiques, soient soumis aux
taxes, poids et dimensions en usage
dans le service intérieur métropolitain.
2° Que le maximum des mandais colo-
niaux soit porté à 1000 francs par man-
dat et que le minimun de droits soit sup-
primé ;
3° Qu'un service de recouvrements
et d'envois contre remboursements
soit établi entre la France et ses princi-
pales colonies, notamment avec l'Indo-
Chine où le premierde ces services fonc-
tionne déjà dans l'intérieur de nos posses-
sions ;
4° Il serait désirable de créer entre les
colonies françaises une union postale
internationale.
5° llyalieu d'étendre à nos colonies
le service des manda ts télégraphiques en
usage avec l'étranger.
6° Il n'est pas désirable de grever les
-tMilioiis de feuilles périodiques d'un
droit de patente et l'article 17 de la loi de
1880 ne saurait sans inconvénient être
modifiée.
Si les Départements des Finances,des
Postes et des Colonies, voulaient bien
s'entendre pour adopter et appliquer ces
mesures, il en résulterait pourleséchan-
gcs et les relations avec nos colonies,
des avantages d'une importance consi-
dérable.
Ces avantages sont si urgents que c'est
l'Administration des Postes d'Indo-Chi-
ne qui les réclame. Le nouveau directeur
général a été, dès son arrivée, frappé de
ces lacunes.11 a donc proposé de créer
un service rura l pour les 18 millions
d'indigènes et les quelques centaines
de Français habitant les communes de
l'intérieur des cinq pays.
Les chefs-lieux de province sont quo-
tidiennement desservis par des courriers
à pied ou à cheval appelés trams. Des
maisons de relais de tram existent de
15 en 15 kilomètres sur un parcours de
2000 kilomètres du sud au nord.
Ils s'agit de placer des boîtes aux let-
tres : 1° dans les localités situées sur le
parcours des trams ; 2° dans les prinoi-
pales localités voisines ; 3° aux escales
des vapeurs lfuviaux.
Les premières seraient levées par
les trams, les secondes, par un notable
de la commune, les troisièmes, par le
commissaire du bord.
Les maisons de trams, les débits de
la régie du tabac et de l'alcool, ven-
draient des timbres.
On estime que 2 millions d'habitants
expédieraient une lettre par mois, d'où
une recette de 3.680.000 francs, chiffre
qui irait en augmentant. Cette organisa-
tion permettraitde réduire à 10 cent. le
tarit actuel dans l'intérieur.
Une faut pas confondre trams avec
train, ni avec tramway. Disons à ce su-
jet que les Siamois viennent d'établir
dans chaque gare de leurs chemins de fer
un bureau de poste. Chez nous, on ne
peut même pas s'y procurer de timbres
ni de cartes-lettres. !
L'Union indo-chinoise demande à être
enfui dotée : 1° D'un service de mandats
télégraphiques avec la métropole et
l'Europe et réciproquement.
20 D'un service de mandats interna-
tionaux. Ce service serait d'une incon-
testable utilité pour les menues transac-
tions, car les grosses opérations finan-
cières se font par les banques.
Les mandats internationaux existent
dans les colonies anglaises et néerlan-
daises d'Extrême-Orient ; nous sommes
les seuls à ne pas les utiliser dans nos
colonies;
3° D'un service de mandats de recou-
vrements pour la métropole.
Actuellement on doit recourir aux
banques pour ce genre d'opérations.C'est
très justifié et très pratique pour les
grosses opérations commerciales, mais
très onéreux, presque impossible, pour
les petits recouvrements. D'autre part,
les banques font les recouvrements dans
les villes banquables ou dans les centres
importants, mais dans les postes de l'in-
térieur, il ne leur est pas possible d'ef-
fectuer ces opérations.
Lorsqu'on veut recevoir de menues
commandes de France, l'expéditeur ne
peut encaisser que par voie de rembour-
sement ce qui est fort incommode et
empêche le crédit, qui est la base même
du commerce. D'un autre côté, il est
certains commerces d'exportation de dé-
tail par colis postaux qui pourraient se
créer si l'on avait la faculté des mandats
DERNIÈRE HEURE
lia situation en Mauritanie
Il se confirme que la nouvelle de sour-
ce anglaise, annonçant le massacre d'u-
ne patrouille française, à 200 milles au
Nord-Est du Tchad, est malheureuse-
ment vraie.
-- - -- -
Deux officiers, deux sous-officiers et
seize tirailleurs ont été tués, non loin
du poste de Tidjikda, ancienne capitale
du Tagout, qui est le plus extrême de
nos établissements de la Mauritanie,
confinant presque au Sud-Marocain.
C'est au même point que fut assassiné
le 12 mai 1905, M. Coppolani, commis-
saire de la Mauritanie. Il est fort proba-
ble que c'est encore le Cheik saharien
Mà-el-Ainin (un familier du sultan Abd-
el-Aziz) l'instigateur du nouveau massa-
cre, comme il avait été l'instigateur de
l'assassinat, de 1905. -
Dès que M. Milliès-Laéroix eut con-
naissance de la nouvelle, il réunit en
conférence, au pavillon de Flore, M.
Roume, gouverneur de l'Afrique occiden-
tale, M. Merleaux-Pouty, lieutenant-gou-
verneur du Huut-Sénégal-Niger,le géné-
ral Audéoud, commandant supérieur des
troupes de l'Afrique occidentale et le co-
lonel Montané-Gapdebosq, le successeur
de Coppolani au poste de commissaire en
Mauritanie.
Il a été décidé que M. Merleaux-Pouty
et le général Audéoud rejoindraient leurs
postes par le plus prochain courrier.
Il est gran d temps que le gouvernement
français,qui a fait assez longtemps preuve
de longanimité, sorte de sa réserve et
donne au sultan du Maroc, responsable
en grande partie de tous ces troubles, la
leçon qu'il mérite.
P. C.
w
e#
ExpuisiQn illégale
M.deMahy vient de protester dans
une belle lettre rendue publique contre
l'expulsion illégale et arbitraire opérée à
la Guadeloupe par le gouverneur, contre
M. René-Boisneuf, chef du parti radical
socialiste dans cette île-, où il avait com-
battu les candidatures de MM. Gérault-
Richard et Légitimus.
.:ij:
lies bruits de massacre de
troupes françaises au Tchad
On a publié la dépêche suivante, de
source anglaise :
Zungeru, 31 octobre. On annonce
qu'une patrouille méhariste française,
comprenant 1 officier et60 hommes, a
été surprise et annihilée et ses armes
capturées par un parti de Senoussis, à 200
milles au nord-est du lac Tchad à la fin
du mois d'août. M. Gentil est sur le
Chari. Il à des forces importantes avec
lui.
Au ministère des colonies on a dé-
menti formellement ce prétendu com-
bat : le ministère n'a reçu aucune infor-
mation permettant de confirmer dans
quelque mesure que ce soit cette dé-
pêche. Tout autorise à croire que la nou-
velle de la destruction d'un détache-
ment de méharistes au nord du Tchad
est aussi inexacte que celle de la pré-
sence, en août, à plus d'une centaine
de kilomètres au sud, de M. le commis-
saire général Gentil. M. Gentil est ac-
tuellement en France et ne s'est pas ren-
du au Chari au cours de l'été dernier.Il
est difficile, d'ailleurs, de concevoir que
des laits de cet ordre, avant d'être con-
nus de nos gouverneurs de l'Afrique oc-
cidentale et du Congo, aient pu l'être
dans la Nigeria anglaise fort éloignée
des lieux où ils se seraient passés.
D'autre part, Y Agence Bavas a com-
muniqué la note suivante :
« On considère coiiime faiisse, dans les
milieux autorisés, la nouvelle de source
étrangère suivant laquelle une patrouil-
le méhariste française aurait été annihi-
lée au nord-est du lac Tchad, à la fin
du mois d'août. Une enquête est ouver-
te au sujet de ce bruit. »
# #
Li'inter^ention franco-
espagnole au Maroc
Le ministre de la marine a donné l'or-
dre de faire partir le croiseur Jeanne
d'Arc pour Tanger. De son côté l'Espa-
gne a U¡"(I) é fi Aizila la canonnière
Maria de Molina, qui a été renforcée par
le croiseur français Galilée, le Jeanne
d'Arc devant rester à Tanger. Ce croi-
seur cuirassé,portant pavillon du contre-
amiral Campion, a embarqué, en dehors
de son effectif complet, 200 hommes de
l'escadre de réserve. Il est arrivé à Tan-
ger. 1'"
D'autre part, d'après certains bruits,
l'escadre de la Méditerranée a reçu l'or-
dre de se ravitailler en charbons et en
vivres pour être prête à toute éventua-
lité, et l'on a ordonné de compléter les
effectifs des croiseurs cuirassés Gloire,
Amiral-Aube et Léon-Gambetta,de l'esca-
dre duNord. en raison des événements
du Maroc. Enfin on annonce, de Vigo, le
départ do l'escadre espagnole pour Ca-
dix ou deux unités seront détachées à
destination de Tanger. Le ministre de la
marine a ordonné d'envoyer de Cadix à
Tanger le croiseur Princesa de Astu-
rias.
En prenant ces mesures, les gouver-
nements français et espagnols agissent
eu vertu du droit de police qui leur a été
attribué par la conférence d'Algésiras.
Tout cela n'empêchepas que la seule
police efficace dans le Maroc du Nord soit
celle du bandit Raissouli,le maître incon-
testé de cette région, qui défie à lui seul
le Makhzen, la France et l'Europe.
11 y aurait là un joli sujet d'opérette si
cet état de choses n'était lamentable et
surtout humiliant pour notre pays.
C. F.
LES COLONIES ET LA PRESSE
lia défense des Colonies
De M, Pierre BAUDIN député, ancien
ministre, dans le Jounzal.
Une bonne politique étrangère est donc
le meilleur, le plus sjûr instrument de la
défense des Colonies. A quoi peut servir
une armée vigoureuse et bien outillée sur
les côtes d'Asie, bi la métropole est sans
forces, si î-a main est débile, si son esprit
est ailleurs ? A quoi sert l'héroïsme d'un
Dupleix aux Indes si le gouvernement est
Louis XV ?
Aujourd'hui-,comme au temps de la guer-
re de sept ans, la lutte pour les colonies
se déroulerait en Europe,et le monde jaune
n'a pas encore pris une telle place que
son intervention ait changé l'axe du
monde.
**
1
li'aleool aux Colonies
De M. François NICOL dans Y Action.
L'alcool, dont à juste raison on ne cesse
en France de nous montreras dangers,est
encore plus funeste aux indigènes qu'aux
Européens ; il faut attribuer ce? effets aux
causes suivantes :
1° Mauvaise qualité des spiritueux dits
eau-de-vie de traite ;
o Moindre résistance physique et sur-
tout morale des indigènes, qui ne peuvent
qu'abuser et non user ;
3° Orgies qu'il occasionne dans leurs réu-
nions, meurtres et désordres de toute sorte
qui en sont la conséquence directe ;
4° L'alcool va donc directement à l'encon-
-.. &.. - - &
tre ue la ventante prospérité des colonies ;
)I) IL abrutit le noir et rend impropre au
travail une main-d'œuvre déjà rare, que
rien ne peut remplacer ;
6" 11 démoralisé entièrement l'indigène et
le rend vicieux ;
7° Il abrège sensiblement la durée de sa
vie ;
8° Il diminue le nombre des naissances en
favorisant la débauche et en détournant les
femmes de leurs devoirs d'épouse et de
mère ;
(J° Il frappe d'abord et surtout les noirs
qui sont en contact journalier avec l'Euro-
péen dont ils sont les collaborateurs, corn
me pilotes, agents de factorerie,interprètes,
mécaniciens,etc.
#*#
lia France au atroe.
De M. le COMTE DE CASTELLANE, député
dans le Figaro:
Si l'on compare la situation prépondé-
rante que nous avions au Maroc avant
1902 avec celle qui résulte pour nous au-
jourd'hui des événements survenus et. de
la conférence qui en était l'inévitable abou-
tissant, nous pouvons nous rendre compte
de tout ce que nous avons pertu pendant
ces quatre dernières années.
Avant celle époque,nous jouissions d'une
liberté d'action complète ; nous pouvions,
en cas de conflit, agir,nous abstenir à notre
g. a : nous étions en mesure de demander et
d'obtenir du Maghzen le châtiment des
attentats et les indemnités auxquelles ils
auraient donné lieu ; nous avionsles proto-
coles qui assuraient notre commerce et no-
tre défense dans le Sud - Oranais ; nous
avions, avec l'Angleterre et l'Espagne, le
monopole des emprunts marocains, ce qui
revient à dire que nous possédions la clef
du Trésor chéritien et, par là, l'influence
absolue sur un Maghzen besogneux qui de-
vait recourir à toutinstant à notre aide pour
assurer ses moyens d'existence.
Aujourd'hui, nous avons les mains liées
par toutes sortes d'engagements internatio-
naux; nous ne sommes libres ni d'agir, ni
de nous abstenir ;nous devons tenir compte
des intérêts des autres et il nous est interdit
de faire un seul geste sans accord préalable
avec les nouveaux venus ; de telle sorte
que si les excès commis par les Marocains
atteignent quelques-uns de nos nationaux,
si nous allons nous plaindre et réclamer
contre les malfaiteurs auprès du gouverne-
mentchériflen, il se peut que l'on nous ré-
ponde que nous taisons 'maintenant partie
de la police marocaine et que nous avons,
par là, assumé une part de la responsabi-
lité que nous chercherons en vain h attribuer
au Maghzen !
**#
Transsaharien français.
De M. Albert CORBIE dans Y Eclair:
Le projet que 'nous préconisons par la
vallée de l'Oued Zousfana nous permet d'u-
tiliser les voies africaines en cours d'exploi-
tation et de construction, de réaliser, ainsi,
une économie considérable, eL de joindre,
par une seule bifurcatton que nous @ appel-
lerons la Fourche africaine, l'Algérie au
Sénégal par le Niger, l'Algérie au Congo
par le Tchad. Peut-être,en un jour detriom-
phe et de gloire, qui n'est pas éloigné,
joindra-t-elle le Maroc à l'Algérie par la
grande ligne de Tlemcen à ltabat-Salé, le
Maroc au Sahara par la vallée de l'Oued
Guir.
Cette ligne, d'un intérêt commercial et
stratégique de premier ordre, serait la pro-
longation naturelle de la ligne Oran-Arzen,
Saïda, Mecheria, Aïn-Sefra, Berzg, «Tient,
Djenien-Eou-Berzg, Duveyrier, Béni-Ounif
Dejnan-ed-Dar.
'1' .,-..
-.. -.. - -. -. - -.
Il sufiit de jeter les yeux sur la carte, de
voir la place occupée par le continent afri-
cain pour se rendre compte de l'importance
formidable de cette voie nouvelle.
1° Tout le commerce du pays achanti et
de la vallée de la Volta, la riche région de
Capc-Coasl-Caslle devrait emprunter la
voie française pour gagner plus rapidement
l'Angleterre en traversant la France.
2°LaNigéria britannique avec l'immense
delta du Niger et son affluent, la Bénoué,
les plaines fertiles de Sokoto et de Houka
tombe sous la même dépendance pour la
brièveté des communications.
Inutile, désormais, d'emprunter la voie
océanique de Saint-Louis et du Sénégal,
beaucoup plus longue et moins rapide que
la voie saharienne. La Méditerranée dépos-
sédera l'Atlantique du transit mondial.
Un pareil résultat serait encore plus sû-
rement atteint par la construction d'une au-
tre ligne qui serait un gigantesque embran-
chement au Transsaharien. -----
Elle partirait de Cotonou, Porto-Novo,
suivrait la Vallée de l'Ouéné jusqu'à Car-
notville, monterait droit au nord, à Para-
kou, NilÍki, traverserait les pays des Bari-
bas, à Kandi, le Niger à Bikini, Say, Zinder,
Kandadji, Karou, Asongo, Gall, contourne-
rait le Djebel en Nour pour rejoindre la
voietranssaharienneà El-Mabrouk.
3° Le Cameroun allemand seraitsousi'cn-
tière dépendance de la France dans ses re-
lations avec la métropole, soit par le Sa-
hara, soit par le Tchad.
4° Le Congo belge, si florissant, commu-
niquerait, par le Tchad, avec Bruxelles et
Anvers, plus rapidement que par l'Atlanti-
que.
5° La colonie portugaise d'Angola et ses
trois ports de Saint-Paul de Loanda, Saint-
Philippe de Benguella et Mossamédés, dé-
pendrait égalementde la ligne Loungo-Fran-
ceville-Tchad.
6° Le Sud-Ouest africain allemand le
Damaraland et le Namagualaiid,. avec le
port anglais de Walfish-Bay ne pourrait
que suivre la route indiquée déjà pour le
Cameroun.
7° Toutes les îles de, l'Atlantique, Fer-
nando-Po, San-Thomé, Annobon, l'Ascen-
sion, Sainte-Hélène se rattacheraient au sys-
tème continental africain.
8° La colonie du Cap, le Transvaal et
l'Orange seraient plus rapprochés de l'An-
gleterre par le Sahara que par l'Atlanti-
aue.
A 9° Le Mozambique portugais, dont toute
l'activité industrielle et commerciale se
trouve concentrée à Lourenço-Marquès, ne
pourrait que suivre « le grand mouvement
saharien » pour gagnerle Portugal, route
infiniment plus courte que l'immense dé-
tour de la Mer Rouge, du canal de Suez et
de la Méditerranée.
10° Mêmes conséquences pour les Comores
èt Madagascar qui auraient même une au-
tre voie plus courte à leur disposition et sui-
vraient, en cela, le mouvement de Zanzi-
bar et de l'Est africain allemand. Le che-
min de fer de Bagamayo à Oudjidji sur le
Tanganyka et le raccordement avec la voie
française par Kibanga, Stanleyville et
toute la ligne belge. -
11° L Afrique orientale anglaise (et l'Ou-
ganda par la ligne de Mahagi sur le lac
Albert à Stanley ville sur le Congo) serait en
communication plus rapiae avec la métro-
pole par le Tchad que par le Nil.
# %F#
lt'âme de Tunis
De Madame M YRIAM HARitvdansle Temps.
jj,!;Je savais bien, Tunis, que nous t'aime-
rions pour toi !
D'abord, quand on ne te connaît pas, à
cause d'un air de famille', on te confond avec
tes sœurs nombreuses du Levant. Mais
quand ensuite on te voit et te revoit, quand
on déviae le fil tortueux de les ruelles,plonge
au-dessus de tes cours ardentes et se-
crètes comme des prunelles ; quand on s'a'-
seoit sur tes places paisibles et fraîches,
tel un sourire d'enfant, respire de les plan-
tes vertes l'extatique haleine, passe devant
tes mosquées ouvertes et plus inviolable-
ment closes qu'un cœur fermé, écoute par
une nuit lunaire tes musiques bêlantes, re-
garde tes courtisanes accroupies au fond de
leurs échoppes et tes éphèbes qui dansent
avec une volupté dolente ; quand - on te con-
temple d'en haut, d'en bas, à l aurore, au
couchant, t'aperçoit de loin, blanche oda-
lisque au bord de son lac mollement couchée
vue de près, avec tes remparts, tes créneaux
tes tourelles, qui te valurent le nom de la
« Bien-Gardée a ; quand on connaît aussi tes
solitudes salées, ta lagune triste, les cime-
tières somptueux comme des parcs, vastes
comme des déserts, et la ceinture éclatante
de tes « marabouts Il ciui s'érigent en cita-
delles agressives sur tes collines ; et que
l'on a fréquenté ton peuple,ton peuple doux,
impénétrable, à la pensée fuyante, à la grâ-
ce hellénique, alors on comprend, o Tunis!
que tu ne ressembles à nulle autre, que tu
es seule, que tu es personnelle, et qu'il faut
t'aimer pour toi, ô étrange ville souriante, à
l'âme si mystérieusement islamique !
i *** islamique
lies Ecoles française d'Orient
A PROPOS DU RAPPORT DE M. Marcel CHARLOT
De M. Fernand BUISSON, dans le Radical
Tous les prodédés arriérés, inintelligents
cent fois condamnés en France par tous les
juges, même par les modernes théoriciens
de l'enseignement cungréganiste, reparais-
sent là-bas immuables comme le dogme ou
comme la routine. M. Chariot n'a pas seu-
lement retrouvé l'enseignement mécanique
et mnémonique d'autrefois, mais il a saisi
la stupéfaction des maîtres ou des :naîtresses
à la pensée qu'on pût leur demander autre
chose. Acetéarard. il v a des perles dans ces
notes d'iuspection, tout à fait pareilles à
celles des rapports de M. Baudouin, sous
l'Empire. Ici, C'est un maître qui a raconté
la guerre de Cent ans, sans nommer Etien-
ne Marcel. L'inspecteur s'en étonne : « Mon-
sieur, répond-il, ce nom n'est pas dans le
livl'e.« La c'est une bonne sœur qui fait lire
une page sur les devoirs des sujets envers
les rois. Comme il est visible que les élèves
n'en comprennent pas un mot, l'inspecteur
demande à la maîtresse d'expliquer : « Mon-
sieur, répond-elle, je n'explique pas les tex-
tes : cela prend trop de temps. »
* %F#
De M.Rou,&NFT, député dans l'Humazité:
Nous jouerions un jeu de dupes à croire
que les avantages de la propagande catho-
lique soient de nature à compenser tous les
inconvénient qu'elle nous coûte par ailleurs.
Mais nous ne pouvons même pas compter
que les catholiques par nous protégés et
subventionnés enseigneront à leurs caté-
chumènes l'amour de la France. C'est tout
le cont raire qu'ils s'appliquent à leur incul-
quer. Leur enseignement, c'est le dénigre-
ment et la haine systématique de la France
moderne, de la République et de la liberté,
dont l'histoire se confond avec celle de la
France contemporaine elle-même. Il suftit
de parcourir les passages où M. Chariot a
consigné avec beaucoup de réserve la na-
ture de l'enseignement congréganiste. pour
se convaincre que la Congrégation reste,
dans le Levant. fidèle à elle-même et que la
République est dupe, là-bas comme ici, de
sa trop longue magnanimité.
***
M. Fernand DUBIEF, député, ancien mi-
nistre.dans le Siècle, demande la suppres-
sion des subventions aux œuvres religieuses
du Levant et il ajoute :
Subventionnons les œuvres laïques pri-
vées ; créons des écoles surtout à Mersina,
Alexandrette, Latakié, Tripoli de Syrie, Alep,
Oms, Hama et Damas ; faisons de Beyrouth
un centre attractif et un foyer de rayonne-
ment grâce àune université laïque et exclu-
sivement française ; envoyons des médecins,
qui seront les plus utiles des missionnaires,
mais, de grâce, plus un sou aux moi-
nes !
Déjà Beyrouth se trouve être, à l'heure ac-
tuelle, le centre intellectuel, la Ville-Lumiè-
re du Levant, de Constantinople à Jaffa. Il
suffirait de consolider cette situation en en
tirant ànetre profit le meilleur parti possible,
c'est-à-dire en coucentrant dans nos établis-
sements tout le mouvement de progrès in-
tellectuel qui se fait dans le Levant, en cen-
tralisait tians nos écoles,pour les distri-'
buer, tous les rayons de la pensée contem-
poraine et tous les trésors des connaissan-
ces commerciales, agricoles et industrie l-
les, en imposant à tous notre prestige paci-
fique par l'excellence de notre enseigne-
ment détaché de toute préoccupation reli-
gieuse. On pourrait réaliser là un enseigne-
ment complet, en reprenant pour le compte
du gouvernement français, l'école de méde-
cine qui y fonctionne mal sous la plus dé-
testable inspiration, et en y ajoutant une
école de droit français et musulman. Lecol-
lège de Beyrouth serait érigé en lycée avec
des professeurs laïques. Une école pri m aire
supérieure y serait créée avec des sections
commerciale et industrielle sorte d'école
professionnelle analogue à celle de l'alliance
israélile.
#*
Opinions en einq lignes.
Dans la Patrie, l'amiral BIENAIMÉ
exprime ses craintes à propos de l'in-
tervention française et l'envoi des trou-
pes au Maroc, l'accord d'Algésiras ne lui
offrant pas assez de garanties II rappelle
que son parti n'a ni préparé, ni approu-
vé la politique suivie au Maroc.
Dans Y Echo de Paris. M. André
MÉVIL, conseille une action énergique et
rapporte les paroles que lui a tenues M.
Eugène Etienne, ancien ministre dé la
guerre, lui annonçant que lamobilisation
est opérée dans le Sud-Oranais et que le
général Lyautey a pris toutes les mesu-
-- res pour être à la hauteur de sa tâche.
La Petite République se félicite des
opérations du général Lyautey à la fron-
tière marocaine.
Dans l'Eclair, M. Ernest JUDET en-
visage la situation extérieure créée par
l'entente cordiale et se plaint de voir la
France à la remorque de l'Angleterre. Il
ne trouve pas que les bataillons anglais
soient pour nous d'un appui suffisant en
cas de conflagration sur le continent.
Dans la Tunisie francaise, 1\1. Viclor
DE CARNIÊRES demande que l'on impose
une redevance aux liciers ministériels
pour le monopole dont ils jouissent. Il
propose de multiplier ave c ces recettes
les bourses dans les internats primai-
res.
Dans Y Eclair, M. Maurice RONDET-
SAINT,continuant ses études sur la mari-
ne, indique le développement contempo-
rain des marines de guerre allemande et
japonaise, la reconstruction de la flotte
italienne, l'accroissement des armements
des Etats-Unis, la reconstitution de la
flotte russe.
L'Humanité, dans son numéro du 2
novembre place le Chari au Maroc, y
envoie M. Gentil, et supprime les dis-
tances qui sépare le Maroc du Tchad,de
la Nigéria anglaise et du Congo. Quelle
bouillabaisse !
VT
":'- ANNEE No 44.
PRIX France : 15 cent.
Etranger et Colorwes >130 cent,
JEUDI 8 NOVEMBRE 1906
Les Annales Coloniales
EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. l'administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au norn de M. le
Rédàcteur en chef.
JOuR.A.:L :a:E'BPO.AD.A.IR..E'
Paraissant tous les Jeudis
Graler*ie d'Orléans (PJs&is-Royal, paris i",
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
ABONNEMENTS
Un an 6 mou
FRANCE 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
Lire aujourd'hui
en première page
LES
RÉFORMES POSTALES COLONIALES
par Charles LEMIRE
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
KN FEUILLETON
LE PEUPLEMENT ALGÉRIEN
par René DELAPORTE
La Revue de la Presse Étrangère.
La Semaine Coloniale.
La Semaine Economique.
LES
Réformes Postales Coloniales
Depuis 1903 la question des réformes
postales pour les échanges avec les colo-
nies a été posée devant les Associations de
Presse et le Parlement. On n'y a don-
né aucune suite. Les Congrès de 1906,
malgré les centaines de vœux émis,
n'ont pas repris le projet. Mais l'opinion
publique, basée sur l'intérêt de nos re-
lations, a singulièrement amplifié les
propositions faites. Nous croyons devoir
1 es rappeler :
Il faut d'abord constater que nos co-
lonies sont en grande partie traitées, de
la part de la métropole, comme des pays-
étrangers, ou Inème moins bien que
les pays étrangers.
Depuis le 1er janvier 1899 et le 1er
avril 1906 la taxes des lettres échangées
avec nos colonies a été réduite ; mais
les imprimés continuent à subir un ma-
ximun de 5 centimes, les échantillons
10 centimes, les papiers d'affaires 15 cen-
times avec poids de 2 kil. au lieu de 5
kilos.
Pour les journaux, la taxe, en Fran-
ce, de 2 centimes, est portée, pour nos
colonies, à 5centimes, comme pour l'é-
tranger, soit 100 0/0.
Si à cette taxe, on ajoute le droit pro-
jeté en décembre 1903, c'est la ruine et
la disparition de nos envois de pres-
se aux colonies.
Pour les mandats, le droit est d'e- 25
0/0.11 est excessif pour les modiques
envois.
De plus, le montant du mandat est
limité à la moitié de ceux échangés en
France. Enfin notre service n'admet pas
les mandats télégraphiques avec nos
colonies et les admet avec l'étranger.
En ce quiconcerneles recouvrements
la lacune constitue une grave anomalie.
La poste fait recouvrer une valeur sur
Java et la refuse sur Saïgon. Il paraît
que l'Administration des Postes est dis-
posée à se charger de ce service, mais
que le ministère des colonies ajourne le
projet qui lui a été soumis.
La Grande-Bretagne a fait profiter ses
colonies de Y Union internationale.
Mais elle a en outre créé pour elles une
Union inter-cojo niale spèciale.. La
réduction des taxes inter-coloniales
fait qu'une lettre de Londres pour Syd-
ney coûtait moins, en mars 1906, qu'une
lettre de Paris à Sèvres et coûte enco-
re moins qu'une lettre de Douvres a Ca-
lais. On peut envoyer des mandats télé-
graphiques français en Islande. Ils ne
sont pas admis pour nos colonies ! !
Quant aux Colis-vostaux nous pou-
vons les échanger avec déclaration de
valeur et remboursement avec les bu-
reauxjaponais de Chine et de Corée, alors
quenousavons en Chine des bureaux
français. (En Corée, les bureaux dirigés
par un Français ont été repris par les
Japonais.)
Cette mesure, applicable depuis le
1er mars 1904, fait contraste, comme le
l'ait précédent, avec certains errements
en matière postale,qui sont de véritables
chinoiseries à faire cesser.
J'ai proposé dans les Congres el dans
la Presse coloniale d'émettre des vœux
conformes à ceux formulés et adoptés
par le Congrès colonial de 1903, et d'y
ajouter trois autres vœux.
L'ensemble de ces six propositions
peut s'énoncer comme suit :
1° Que tous les obj ets de correspon-
dance circulant entre les colonies,
notamment les journaux et autres im-
primés périodiques, soient soumis aux
taxes, poids et dimensions en usage
dans le service intérieur métropolitain.
2° Que le maximum des mandais colo-
niaux soit porté à 1000 francs par man-
dat et que le minimun de droits soit sup-
primé ;
3° Qu'un service de recouvrements
et d'envois contre remboursements
soit établi entre la France et ses princi-
pales colonies, notamment avec l'Indo-
Chine où le premierde ces services fonc-
tionne déjà dans l'intérieur de nos posses-
sions ;
4° Il serait désirable de créer entre les
colonies françaises une union postale
internationale.
5° llyalieu d'étendre à nos colonies
le service des manda ts télégraphiques en
usage avec l'étranger.
6° Il n'est pas désirable de grever les
-tMilioiis de feuilles périodiques d'un
droit de patente et l'article 17 de la loi de
1880 ne saurait sans inconvénient être
modifiée.
Si les Départements des Finances,des
Postes et des Colonies, voulaient bien
s'entendre pour adopter et appliquer ces
mesures, il en résulterait pourleséchan-
gcs et les relations avec nos colonies,
des avantages d'une importance consi-
dérable.
Ces avantages sont si urgents que c'est
l'Administration des Postes d'Indo-Chi-
ne qui les réclame. Le nouveau directeur
général a été, dès son arrivée, frappé de
ces lacunes.11 a donc proposé de créer
un service rura l pour les 18 millions
d'indigènes et les quelques centaines
de Français habitant les communes de
l'intérieur des cinq pays.
Les chefs-lieux de province sont quo-
tidiennement desservis par des courriers
à pied ou à cheval appelés trams. Des
maisons de relais de tram existent de
15 en 15 kilomètres sur un parcours de
2000 kilomètres du sud au nord.
Ils s'agit de placer des boîtes aux let-
tres : 1° dans les localités situées sur le
parcours des trams ; 2° dans les prinoi-
pales localités voisines ; 3° aux escales
des vapeurs lfuviaux.
Les premières seraient levées par
les trams, les secondes, par un notable
de la commune, les troisièmes, par le
commissaire du bord.
Les maisons de trams, les débits de
la régie du tabac et de l'alcool, ven-
draient des timbres.
On estime que 2 millions d'habitants
expédieraient une lettre par mois, d'où
une recette de 3.680.000 francs, chiffre
qui irait en augmentant. Cette organisa-
tion permettraitde réduire à 10 cent. le
tarit actuel dans l'intérieur.
Une faut pas confondre trams avec
train, ni avec tramway. Disons à ce su-
jet que les Siamois viennent d'établir
dans chaque gare de leurs chemins de fer
un bureau de poste. Chez nous, on ne
peut même pas s'y procurer de timbres
ni de cartes-lettres. !
L'Union indo-chinoise demande à être
enfui dotée : 1° D'un service de mandats
télégraphiques avec la métropole et
l'Europe et réciproquement.
20 D'un service de mandats interna-
tionaux. Ce service serait d'une incon-
testable utilité pour les menues transac-
tions, car les grosses opérations finan-
cières se font par les banques.
Les mandats internationaux existent
dans les colonies anglaises et néerlan-
daises d'Extrême-Orient ; nous sommes
les seuls à ne pas les utiliser dans nos
colonies;
3° D'un service de mandats de recou-
vrements pour la métropole.
Actuellement on doit recourir aux
banques pour ce genre d'opérations.C'est
très justifié et très pratique pour les
grosses opérations commerciales, mais
très onéreux, presque impossible, pour
les petits recouvrements. D'autre part,
les banques font les recouvrements dans
les villes banquables ou dans les centres
importants, mais dans les postes de l'in-
térieur, il ne leur est pas possible d'ef-
fectuer ces opérations.
Lorsqu'on veut recevoir de menues
commandes de France, l'expéditeur ne
peut encaisser que par voie de rembour-
sement ce qui est fort incommode et
empêche le crédit, qui est la base même
du commerce. D'un autre côté, il est
certains commerces d'exportation de dé-
tail par colis postaux qui pourraient se
créer si l'on avait la faculté des mandats
DERNIÈRE HEURE
lia situation en Mauritanie
Il se confirme que la nouvelle de sour-
ce anglaise, annonçant le massacre d'u-
ne patrouille française, à 200 milles au
Nord-Est du Tchad, est malheureuse-
ment vraie.
-- - -- -
Deux officiers, deux sous-officiers et
seize tirailleurs ont été tués, non loin
du poste de Tidjikda, ancienne capitale
du Tagout, qui est le plus extrême de
nos établissements de la Mauritanie,
confinant presque au Sud-Marocain.
C'est au même point que fut assassiné
le 12 mai 1905, M. Coppolani, commis-
saire de la Mauritanie. Il est fort proba-
ble que c'est encore le Cheik saharien
Mà-el-Ainin (un familier du sultan Abd-
el-Aziz) l'instigateur du nouveau massa-
cre, comme il avait été l'instigateur de
l'assassinat, de 1905. -
Dès que M. Milliès-Laéroix eut con-
naissance de la nouvelle, il réunit en
conférence, au pavillon de Flore, M.
Roume, gouverneur de l'Afrique occiden-
tale, M. Merleaux-Pouty, lieutenant-gou-
verneur du Huut-Sénégal-Niger,le géné-
ral Audéoud, commandant supérieur des
troupes de l'Afrique occidentale et le co-
lonel Montané-Gapdebosq, le successeur
de Coppolani au poste de commissaire en
Mauritanie.
Il a été décidé que M. Merleaux-Pouty
et le général Audéoud rejoindraient leurs
postes par le plus prochain courrier.
Il est gran d temps que le gouvernement
français,qui a fait assez longtemps preuve
de longanimité, sorte de sa réserve et
donne au sultan du Maroc, responsable
en grande partie de tous ces troubles, la
leçon qu'il mérite.
P. C.
w
e#
ExpuisiQn illégale
M.deMahy vient de protester dans
une belle lettre rendue publique contre
l'expulsion illégale et arbitraire opérée à
la Guadeloupe par le gouverneur, contre
M. René-Boisneuf, chef du parti radical
socialiste dans cette île-, où il avait com-
battu les candidatures de MM. Gérault-
Richard et Légitimus.
.:ij:
lies bruits de massacre de
troupes françaises au Tchad
On a publié la dépêche suivante, de
source anglaise :
Zungeru, 31 octobre. On annonce
qu'une patrouille méhariste française,
comprenant 1 officier et60 hommes, a
été surprise et annihilée et ses armes
capturées par un parti de Senoussis, à 200
milles au nord-est du lac Tchad à la fin
du mois d'août. M. Gentil est sur le
Chari. Il à des forces importantes avec
lui.
Au ministère des colonies on a dé-
menti formellement ce prétendu com-
bat : le ministère n'a reçu aucune infor-
mation permettant de confirmer dans
quelque mesure que ce soit cette dé-
pêche. Tout autorise à croire que la nou-
velle de la destruction d'un détache-
ment de méharistes au nord du Tchad
est aussi inexacte que celle de la pré-
sence, en août, à plus d'une centaine
de kilomètres au sud, de M. le commis-
saire général Gentil. M. Gentil est ac-
tuellement en France et ne s'est pas ren-
du au Chari au cours de l'été dernier.Il
est difficile, d'ailleurs, de concevoir que
des laits de cet ordre, avant d'être con-
nus de nos gouverneurs de l'Afrique oc-
cidentale et du Congo, aient pu l'être
dans la Nigeria anglaise fort éloignée
des lieux où ils se seraient passés.
D'autre part, Y Agence Bavas a com-
muniqué la note suivante :
« On considère coiiime faiisse, dans les
milieux autorisés, la nouvelle de source
étrangère suivant laquelle une patrouil-
le méhariste française aurait été annihi-
lée au nord-est du lac Tchad, à la fin
du mois d'août. Une enquête est ouver-
te au sujet de ce bruit. »
# #
Li'inter^ention franco-
espagnole au Maroc
Le ministre de la marine a donné l'or-
dre de faire partir le croiseur Jeanne
d'Arc pour Tanger. De son côté l'Espa-
gne a U¡"(I) é fi Aizila la canonnière
Maria de Molina, qui a été renforcée par
le croiseur français Galilée, le Jeanne
d'Arc devant rester à Tanger. Ce croi-
seur cuirassé,portant pavillon du contre-
amiral Campion, a embarqué, en dehors
de son effectif complet, 200 hommes de
l'escadre de réserve. Il est arrivé à Tan-
ger. 1'"
D'autre part, d'après certains bruits,
l'escadre de la Méditerranée a reçu l'or-
dre de se ravitailler en charbons et en
vivres pour être prête à toute éventua-
lité, et l'on a ordonné de compléter les
effectifs des croiseurs cuirassés Gloire,
Amiral-Aube et Léon-Gambetta,de l'esca-
dre duNord. en raison des événements
du Maroc. Enfin on annonce, de Vigo, le
départ do l'escadre espagnole pour Ca-
dix ou deux unités seront détachées à
destination de Tanger. Le ministre de la
marine a ordonné d'envoyer de Cadix à
Tanger le croiseur Princesa de Astu-
rias.
En prenant ces mesures, les gouver-
nements français et espagnols agissent
eu vertu du droit de police qui leur a été
attribué par la conférence d'Algésiras.
Tout cela n'empêchepas que la seule
police efficace dans le Maroc du Nord soit
celle du bandit Raissouli,le maître incon-
testé de cette région, qui défie à lui seul
le Makhzen, la France et l'Europe.
11 y aurait là un joli sujet d'opérette si
cet état de choses n'était lamentable et
surtout humiliant pour notre pays.
C. F.
LES COLONIES ET LA PRESSE
lia défense des Colonies
De M, Pierre BAUDIN député, ancien
ministre, dans le Jounzal.
Une bonne politique étrangère est donc
le meilleur, le plus sjûr instrument de la
défense des Colonies. A quoi peut servir
une armée vigoureuse et bien outillée sur
les côtes d'Asie, bi la métropole est sans
forces, si î-a main est débile, si son esprit
est ailleurs ? A quoi sert l'héroïsme d'un
Dupleix aux Indes si le gouvernement est
Louis XV ?
Aujourd'hui-,comme au temps de la guer-
re de sept ans, la lutte pour les colonies
se déroulerait en Europe,et le monde jaune
n'a pas encore pris une telle place que
son intervention ait changé l'axe du
monde.
**
1
li'aleool aux Colonies
De M. François NICOL dans Y Action.
L'alcool, dont à juste raison on ne cesse
en France de nous montreras dangers,est
encore plus funeste aux indigènes qu'aux
Européens ; il faut attribuer ce? effets aux
causes suivantes :
1° Mauvaise qualité des spiritueux dits
eau-de-vie de traite ;
o Moindre résistance physique et sur-
tout morale des indigènes, qui ne peuvent
qu'abuser et non user ;
3° Orgies qu'il occasionne dans leurs réu-
nions, meurtres et désordres de toute sorte
qui en sont la conséquence directe ;
4° L'alcool va donc directement à l'encon-
-.. &.. - - &
tre ue la ventante prospérité des colonies ;
)I) IL abrutit le noir et rend impropre au
travail une main-d'œuvre déjà rare, que
rien ne peut remplacer ;
6" 11 démoralisé entièrement l'indigène et
le rend vicieux ;
7° Il abrège sensiblement la durée de sa
vie ;
8° Il diminue le nombre des naissances en
favorisant la débauche et en détournant les
femmes de leurs devoirs d'épouse et de
mère ;
(J° Il frappe d'abord et surtout les noirs
qui sont en contact journalier avec l'Euro-
péen dont ils sont les collaborateurs, corn
me pilotes, agents de factorerie,interprètes,
mécaniciens,etc.
#*#
lia France au atroe.
De M. le COMTE DE CASTELLANE, député
dans le Figaro:
Si l'on compare la situation prépondé-
rante que nous avions au Maroc avant
1902 avec celle qui résulte pour nous au-
jourd'hui des événements survenus et. de
la conférence qui en était l'inévitable abou-
tissant, nous pouvons nous rendre compte
de tout ce que nous avons pertu pendant
ces quatre dernières années.
Avant celle époque,nous jouissions d'une
liberté d'action complète ; nous pouvions,
en cas de conflit, agir,nous abstenir à notre
g. a : nous étions en mesure de demander et
d'obtenir du Maghzen le châtiment des
attentats et les indemnités auxquelles ils
auraient donné lieu ; nous avionsles proto-
coles qui assuraient notre commerce et no-
tre défense dans le Sud - Oranais ; nous
avions, avec l'Angleterre et l'Espagne, le
monopole des emprunts marocains, ce qui
revient à dire que nous possédions la clef
du Trésor chéritien et, par là, l'influence
absolue sur un Maghzen besogneux qui de-
vait recourir à toutinstant à notre aide pour
assurer ses moyens d'existence.
Aujourd'hui, nous avons les mains liées
par toutes sortes d'engagements internatio-
naux; nous ne sommes libres ni d'agir, ni
de nous abstenir ;nous devons tenir compte
des intérêts des autres et il nous est interdit
de faire un seul geste sans accord préalable
avec les nouveaux venus ; de telle sorte
que si les excès commis par les Marocains
atteignent quelques-uns de nos nationaux,
si nous allons nous plaindre et réclamer
contre les malfaiteurs auprès du gouverne-
mentchériflen, il se peut que l'on nous ré-
ponde que nous taisons 'maintenant partie
de la police marocaine et que nous avons,
par là, assumé une part de la responsabi-
lité que nous chercherons en vain h attribuer
au Maghzen !
**#
Transsaharien français.
De M. Albert CORBIE dans Y Eclair:
Le projet que 'nous préconisons par la
vallée de l'Oued Zousfana nous permet d'u-
tiliser les voies africaines en cours d'exploi-
tation et de construction, de réaliser, ainsi,
une économie considérable, eL de joindre,
par une seule bifurcatton que nous @ appel-
lerons la Fourche africaine, l'Algérie au
Sénégal par le Niger, l'Algérie au Congo
par le Tchad. Peut-être,en un jour detriom-
phe et de gloire, qui n'est pas éloigné,
joindra-t-elle le Maroc à l'Algérie par la
grande ligne de Tlemcen à ltabat-Salé, le
Maroc au Sahara par la vallée de l'Oued
Guir.
Cette ligne, d'un intérêt commercial et
stratégique de premier ordre, serait la pro-
longation naturelle de la ligne Oran-Arzen,
Saïda, Mecheria, Aïn-Sefra, Berzg, «Tient,
Djenien-Eou-Berzg, Duveyrier, Béni-Ounif
Dejnan-ed-Dar.
'1' .,-..
-.. -.. - -. -. - -.
Il sufiit de jeter les yeux sur la carte, de
voir la place occupée par le continent afri-
cain pour se rendre compte de l'importance
formidable de cette voie nouvelle.
1° Tout le commerce du pays achanti et
de la vallée de la Volta, la riche région de
Capc-Coasl-Caslle devrait emprunter la
voie française pour gagner plus rapidement
l'Angleterre en traversant la France.
2°LaNigéria britannique avec l'immense
delta du Niger et son affluent, la Bénoué,
les plaines fertiles de Sokoto et de Houka
tombe sous la même dépendance pour la
brièveté des communications.
Inutile, désormais, d'emprunter la voie
océanique de Saint-Louis et du Sénégal,
beaucoup plus longue et moins rapide que
la voie saharienne. La Méditerranée dépos-
sédera l'Atlantique du transit mondial.
Un pareil résultat serait encore plus sû-
rement atteint par la construction d'une au-
tre ligne qui serait un gigantesque embran-
chement au Transsaharien. -----
Elle partirait de Cotonou, Porto-Novo,
suivrait la Vallée de l'Ouéné jusqu'à Car-
notville, monterait droit au nord, à Para-
kou, NilÍki, traverserait les pays des Bari-
bas, à Kandi, le Niger à Bikini, Say, Zinder,
Kandadji, Karou, Asongo, Gall, contourne-
rait le Djebel en Nour pour rejoindre la
voietranssaharienneà El-Mabrouk.
3° Le Cameroun allemand seraitsousi'cn-
tière dépendance de la France dans ses re-
lations avec la métropole, soit par le Sa-
hara, soit par le Tchad.
4° Le Congo belge, si florissant, commu-
niquerait, par le Tchad, avec Bruxelles et
Anvers, plus rapidement que par l'Atlanti-
que.
5° La colonie portugaise d'Angola et ses
trois ports de Saint-Paul de Loanda, Saint-
Philippe de Benguella et Mossamédés, dé-
pendrait égalementde la ligne Loungo-Fran-
ceville-Tchad.
6° Le Sud-Ouest africain allemand le
Damaraland et le Namagualaiid,. avec le
port anglais de Walfish-Bay ne pourrait
que suivre la route indiquée déjà pour le
Cameroun.
7° Toutes les îles de, l'Atlantique, Fer-
nando-Po, San-Thomé, Annobon, l'Ascen-
sion, Sainte-Hélène se rattacheraient au sys-
tème continental africain.
8° La colonie du Cap, le Transvaal et
l'Orange seraient plus rapprochés de l'An-
gleterre par le Sahara que par l'Atlanti-
aue.
A 9° Le Mozambique portugais, dont toute
l'activité industrielle et commerciale se
trouve concentrée à Lourenço-Marquès, ne
pourrait que suivre « le grand mouvement
saharien » pour gagnerle Portugal, route
infiniment plus courte que l'immense dé-
tour de la Mer Rouge, du canal de Suez et
de la Méditerranée.
10° Mêmes conséquences pour les Comores
èt Madagascar qui auraient même une au-
tre voie plus courte à leur disposition et sui-
vraient, en cela, le mouvement de Zanzi-
bar et de l'Est africain allemand. Le che-
min de fer de Bagamayo à Oudjidji sur le
Tanganyka et le raccordement avec la voie
française par Kibanga, Stanleyville et
toute la ligne belge. -
11° L Afrique orientale anglaise (et l'Ou-
ganda par la ligne de Mahagi sur le lac
Albert à Stanley ville sur le Congo) serait en
communication plus rapiae avec la métro-
pole par le Tchad que par le Nil.
# %F#
lt'âme de Tunis
De Madame M YRIAM HARitvdansle Temps.
jj,!;Je savais bien, Tunis, que nous t'aime-
rions pour toi !
D'abord, quand on ne te connaît pas, à
cause d'un air de famille', on te confond avec
tes sœurs nombreuses du Levant. Mais
quand ensuite on te voit et te revoit, quand
on déviae le fil tortueux de les ruelles,plonge
au-dessus de tes cours ardentes et se-
crètes comme des prunelles ; quand on s'a'-
seoit sur tes places paisibles et fraîches,
tel un sourire d'enfant, respire de les plan-
tes vertes l'extatique haleine, passe devant
tes mosquées ouvertes et plus inviolable-
ment closes qu'un cœur fermé, écoute par
une nuit lunaire tes musiques bêlantes, re-
garde tes courtisanes accroupies au fond de
leurs échoppes et tes éphèbes qui dansent
avec une volupté dolente ; quand - on te con-
temple d'en haut, d'en bas, à l aurore, au
couchant, t'aperçoit de loin, blanche oda-
lisque au bord de son lac mollement couchée
vue de près, avec tes remparts, tes créneaux
tes tourelles, qui te valurent le nom de la
« Bien-Gardée a ; quand on connaît aussi tes
solitudes salées, ta lagune triste, les cime-
tières somptueux comme des parcs, vastes
comme des déserts, et la ceinture éclatante
de tes « marabouts Il ciui s'érigent en cita-
delles agressives sur tes collines ; et que
l'on a fréquenté ton peuple,ton peuple doux,
impénétrable, à la pensée fuyante, à la grâ-
ce hellénique, alors on comprend, o Tunis!
que tu ne ressembles à nulle autre, que tu
es seule, que tu es personnelle, et qu'il faut
t'aimer pour toi, ô étrange ville souriante, à
l'âme si mystérieusement islamique !
i *** islamique
lies Ecoles française d'Orient
A PROPOS DU RAPPORT DE M. Marcel CHARLOT
De M. Fernand BUISSON, dans le Radical
Tous les prodédés arriérés, inintelligents
cent fois condamnés en France par tous les
juges, même par les modernes théoriciens
de l'enseignement cungréganiste, reparais-
sent là-bas immuables comme le dogme ou
comme la routine. M. Chariot n'a pas seu-
lement retrouvé l'enseignement mécanique
et mnémonique d'autrefois, mais il a saisi
la stupéfaction des maîtres ou des :naîtresses
à la pensée qu'on pût leur demander autre
chose. Acetéarard. il v a des perles dans ces
notes d'iuspection, tout à fait pareilles à
celles des rapports de M. Baudouin, sous
l'Empire. Ici, C'est un maître qui a raconté
la guerre de Cent ans, sans nommer Etien-
ne Marcel. L'inspecteur s'en étonne : « Mon-
sieur, répond-il, ce nom n'est pas dans le
livl'e.« La c'est une bonne sœur qui fait lire
une page sur les devoirs des sujets envers
les rois. Comme il est visible que les élèves
n'en comprennent pas un mot, l'inspecteur
demande à la maîtresse d'expliquer : « Mon-
sieur, répond-elle, je n'explique pas les tex-
tes : cela prend trop de temps. »
* %F#
De M.Rou,&NFT, député dans l'Humazité:
Nous jouerions un jeu de dupes à croire
que les avantages de la propagande catho-
lique soient de nature à compenser tous les
inconvénient qu'elle nous coûte par ailleurs.
Mais nous ne pouvons même pas compter
que les catholiques par nous protégés et
subventionnés enseigneront à leurs caté-
chumènes l'amour de la France. C'est tout
le cont raire qu'ils s'appliquent à leur incul-
quer. Leur enseignement, c'est le dénigre-
ment et la haine systématique de la France
moderne, de la République et de la liberté,
dont l'histoire se confond avec celle de la
France contemporaine elle-même. Il suftit
de parcourir les passages où M. Chariot a
consigné avec beaucoup de réserve la na-
ture de l'enseignement congréganiste. pour
se convaincre que la Congrégation reste,
dans le Levant. fidèle à elle-même et que la
République est dupe, là-bas comme ici, de
sa trop longue magnanimité.
***
M. Fernand DUBIEF, député, ancien mi-
nistre.dans le Siècle, demande la suppres-
sion des subventions aux œuvres religieuses
du Levant et il ajoute :
Subventionnons les œuvres laïques pri-
vées ; créons des écoles surtout à Mersina,
Alexandrette, Latakié, Tripoli de Syrie, Alep,
Oms, Hama et Damas ; faisons de Beyrouth
un centre attractif et un foyer de rayonne-
ment grâce àune université laïque et exclu-
sivement française ; envoyons des médecins,
qui seront les plus utiles des missionnaires,
mais, de grâce, plus un sou aux moi-
nes !
Déjà Beyrouth se trouve être, à l'heure ac-
tuelle, le centre intellectuel, la Ville-Lumiè-
re du Levant, de Constantinople à Jaffa. Il
suffirait de consolider cette situation en en
tirant ànetre profit le meilleur parti possible,
c'est-à-dire en coucentrant dans nos établis-
sements tout le mouvement de progrès in-
tellectuel qui se fait dans le Levant, en cen-
tralisait tians nos écoles,pour les distri-'
buer, tous les rayons de la pensée contem-
poraine et tous les trésors des connaissan-
ces commerciales, agricoles et industrie l-
les, en imposant à tous notre prestige paci-
fique par l'excellence de notre enseigne-
ment détaché de toute préoccupation reli-
gieuse. On pourrait réaliser là un enseigne-
ment complet, en reprenant pour le compte
du gouvernement français, l'école de méde-
cine qui y fonctionne mal sous la plus dé-
testable inspiration, et en y ajoutant une
école de droit français et musulman. Lecol-
lège de Beyrouth serait érigé en lycée avec
des professeurs laïques. Une école pri m aire
supérieure y serait créée avec des sections
commerciale et industrielle sorte d'école
professionnelle analogue à celle de l'alliance
israélile.
#*
Opinions en einq lignes.
Dans la Patrie, l'amiral BIENAIMÉ
exprime ses craintes à propos de l'in-
tervention française et l'envoi des trou-
pes au Maroc, l'accord d'Algésiras ne lui
offrant pas assez de garanties II rappelle
que son parti n'a ni préparé, ni approu-
vé la politique suivie au Maroc.
Dans Y Echo de Paris. M. André
MÉVIL, conseille une action énergique et
rapporte les paroles que lui a tenues M.
Eugène Etienne, ancien ministre dé la
guerre, lui annonçant que lamobilisation
est opérée dans le Sud-Oranais et que le
général Lyautey a pris toutes les mesu-
-- res pour être à la hauteur de sa tâche.
La Petite République se félicite des
opérations du général Lyautey à la fron-
tière marocaine.
Dans l'Eclair, M. Ernest JUDET en-
visage la situation extérieure créée par
l'entente cordiale et se plaint de voir la
France à la remorque de l'Angleterre. Il
ne trouve pas que les bataillons anglais
soient pour nous d'un appui suffisant en
cas de conflagration sur le continent.
Dans la Tunisie francaise, 1\1. Viclor
DE CARNIÊRES demande que l'on impose
une redevance aux liciers ministériels
pour le monopole dont ils jouissent. Il
propose de multiplier ave c ces recettes
les bourses dans les internats primai-
res.
Dans Y Eclair, M. Maurice RONDET-
SAINT,continuant ses études sur la mari-
ne, indique le développement contempo-
rain des marines de guerre allemande et
japonaise, la reconstruction de la flotte
italienne, l'accroissement des armements
des Etats-Unis, la reconstitution de la
flotte russe.
L'Humanité, dans son numéro du 2
novembre place le Chari au Maroc, y
envoie M. Gentil, et supprime les dis-
tances qui sépare le Maroc du Tchad,de
la Nigéria anglaise et du Congo. Quelle
bouillabaisse !
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