Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-10-25
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 octobre 1906 25 octobre 1906
Description : 1906/10/25 (A7,N42). 1906/10/25 (A7,N42).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374961w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
?• ANNEE N* 42.
PRIX France: 15 cent.
Etranger et Colonies -130 cent,
JEUDI 25 OCTOBRE 1906
: 0
Les Annales Coloniales
1 d 4 O À - c 4 À&
EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
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J"OuR..J:'f..AL hebdomadaire
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ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr.
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Lire aujourd'hui
en première page
L'AFFAIRE E lHIOPIENNE
par Pierre CALLITTE
VES ùE TflpiUEliT
par Camille FIDEL
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
EN FEUIIXKTON
La main - d'muvre à Madagascar
par René DELAPORTE
ua Semaine Coloniale.
La Semaine Economique.
rr - -
t/Aitaire Ethiopienne
Quatre mois se sont écoulés depuis
l'accord intervenu entre l'Angleterre,
l'Italie et la France au sujet de l'affaire
éthiopienne.On pensait généralement à
la fin de juin, en avoir fini une fois pour
toutes, avec une situation intolérable
que les atermoiements et les retards ag-
gravaient sans cesse. La ratification de
l'accord par le Négus, prélude de l'é-
change des signatures définitives, ne
faisait pas de doute dans l'esprit des gens
désintéressés. Ménélik pouvait-il pren-
dre ombrage d'une convention par laquel-
ta les trois puissances limitrophes et les
seules dont il eût à craindre des visées
territoriales s'engageaient à respecter
son indépendance !
Et voilà que le roides rois d'Ethiopie
fait tarder sa signature et sa J'éponse.
Les dernières nouvelles nous le mon-
trent encore hésitant et indécis au mi-
lieu des avis conlradiloiresdes ministres
accrédités auprès de sa personne, de
ses conseillers intimes et des nombreux
agents entretenus a Addis-Ababa par
une meute de financiers cosmopolites h.
raffut d'affaires à lancer ou à repren-
dre.
Ceux qui, par impérialisme politique
ou dans un but moins avouable de tripo-
tages financiers ont lancé en France et
à l'Etranger, l'idée de l'internationali-
sation de la ligne de chemin de fer Dji-
bouti-Diré-Daouah-Addis-Ababa n'ont
pas trouvé leur compte dans l'arrange-
ment franco-anglo-italien. Ce dernier,
autant qu'on peut en jugor'sur les com-
muniqués officieux,reconnaît,en effet, le
caractère d'entreprise française à la li-
gneferrée; il accorde d'ailleurs aux An-
glais et aux Italiens des droits analogues
dans d'autres parties de l'Abyssinie,
mais il a le grand mérite, au point do
vue désintérêts français, desauvegarder
l'avenir commercial deDjibouli en mô-
me temps que l'indépendance abso lue
de notre point d'appuisur la route d'Ex-
trême-Orient.
Ce résultat, qui est le mini m un auquel
pouvait consentir le Gouvernement fran-
çais même après les maladresses de no-
tre diplomatie depuis 10 ans et la ruine
de notre antique prédominance en Abys-
sinie, ne devait pas être, en particulier,
pour plaire au ministre de. la Grande-
Bretague à Addis-Ababa, Sir John Har-
ring ton, non plus qu'à son collègue d'I-
talie, le major Ciccodicola. Leaders de
la campagne si violemment anli-françai-
se menée auprès du Négus, ces deux di-
plomates étaienttoutacquis à lacause de
l'internationalisation du chemin de fer.
« Il me sembledisait Sir John Harring-
« ton, au cours de la fameuse séance di-
« plomatique tenue à Addis-Ababa le 11
,( avril 1905, qu'on pourrait s'entendre
« sur cette question du chemin de fer
« aussi bien que nous nous sommes en-
,( tendus pour la création d'une banque
« (Bank of Abyssinia). Je puis donner ma
« parole que mon gouvernement n'entre
« pour rien dans la création de cette ban-
« que qui est une entreprise purement
« commerciale et internationale et je ré-
« pète que je verrais avec plaisir et sou-
« tiendrai près de mon gouvernement un
« arrangement pour le chemin de fer
« dans le sens indiqué plus haut ». Il
surfit de lire les statuts de la Bank of
Abyssinia pour être pleinement édifié
sur la conception que se faisaitleminis-
tre d'Angleterre d'une entreprise «pure-
ment commerciale et internationale ».
Filiale de la National Bank of Egypt et
étroitement assujettie à celte dernière
la Bank of Abyssinia, avec son gouver-
neur anglais et son Conseil composé en
maj eure partie d'Anglais, est un instru-
ment politique de haute valeur entre les
mai ns de lord Gromcr et du gouverne-
ment égyptien.
C'est donc bien l'anglicisation qu'il
fallait entendre quand Sir John Ilar-
rington parlait de la neutralisa-
tion du chemin de fer. Nous ne
ferons pas à ce diplomate non plus
qu'à son collègue italien, l'injure de
croire qu'ilsont pu continuer, après l'ac-
cord franco-anglo-italien, le système po-
litique qu'ils avaient poursuivi jusque-
là, ; il n'en reste pas moins que nous su-
bissons aujourd'hui les effets néfastes de
leur campagne et si Ménélik hésite à si-
gner la convention qu'on lui présente,
c'est beaucoup à cause d'eux et à cause
de certaines propositions qui lui ont été
faites à leur instigation etqui l'ont for-
tement tenté.
Nous parlions tout à l'heure de la
réunion diplomatique du 11 avril 1905.
Le procès verbal de cette séarkee, bien
que dramatisé par M. Hugues Le Roux
pour les besoins de sa cause, contenait
déjà la menace suivante du Négus: « Si
«je ne reçois aucune proposition de vos
« gouvernements, aucune proposition
« mettant d'accord vos intérêts interna-
« tionaux, ce qui mettrait fin à ce conflit,
«je me verrai, pour assurer la construc-
« tion du chemin de fer dans la nécessité
« de l'entreprendre moi même, celte
« construction, sans solliciter, ni accep-
« ter de concours d'aucune part».
Quelque portée qu'on attache à ces
propos, on est bien forcé de reconnaître
qu'à cette époque déjà, la Bank of Abys-
sinia et le grou pe financier de Sir. E.
Cassel avaient fait des ouvertures au
Négus au sujet. de la construction du
tronçon Di ré-D non ah-Ad il is-Ababa, dont
la Compagnie française possède cepen-
dont la concession.
L'accord entre les chancelleries de
Londres, de Rome et de Paris, loin
d'arrêter de ce côté les intrigues finan-
cières, les a surexcitées. Il faut enfin
compter avec la campagne menée auprès
de Ménélik en faveur de l'internationa-
lisation par les agents de VInternational
Ethiopian Railwall Trust et de la
Compagnie Impériale des Chemins de
fer Etinpiens.
Chacun sait que le Trust ne poursuit
dans celle affaire qu'un but 'exclusive-
ment financier, encore ce groupe anglais
est-il entièrement d'accord avec les
idées impérialistes anglaises et fait-il
œuvre hautement patriotique en pour-
suivant l'internationalisation de la Com-
pagnie française, car, c'estencore et sous
une autre forme, unc anglicisation delà
ligne ferrée Djibouti-Addis-Ababa. Mais
que là Compagnie Impériale des Che-
mins de fer Ethiopiens dont tous les ad-
ministrateurs sont français,dont le per-
sonnel administratif et technique est
entièrement français et que les Chambres
françaises ont subventionnée de vingt-
cinq millions d'argent français, poursui-
ve, elle aussi,la cause de l'internationali-
sa lion et se mette en travers de l'action
diplomatique française, cela est moins
concevable. Rien n'est cependant plus
vrai. Le Comité de VAfrique française
qui poursuit inlassab lement la défense
de nos intérêts nationaux dans cette af
TIFŒBTTISrE LIBRE
VERS LE TAFILELT
La situation subitement aggravée à
la frontière marocaine préoccupe à jus-
te titre les autorités algériennes. Le gé-
néral Lyauley, craignant une recrudes-
cence de l'agitation au Tafilelt et dans
les régions environnantes, a demandé à
M. Jonnart le renforcement de divers
postes du sud et télégraphié aux chefs
des postes avancés des instructions préci-
ses afin que toutes les mesures soient
prises pourropousser une attaque éven-
tuelle ; de plus la section de montagne
de la 15" batterie du 126 d'artillerie en
garnison à Oran, a quitté cette ville pour
se rendre dans le. sud, à proximité du
Talilelt. Cet état de choses intolérable,
qui paralyse toutes les transactions com-
merciales et qui tend à enrayer de nou-
veau le grand développement des échan-
ges entre le Sud-Oranais et le Maroc,que
nous signalions dans le. Radical du 12 oc
tobre, tient à deux causes, l'une politi-
que, l'autre économique.La première est
la répercussion de l'intervention alle-
mande dans les alfaires du Maroc dont
les conséquences locales persistent : les
chefs musulmans, plus ou moins « tra-
vailLés » 1 se préparent ouvertement à la
lutte contre la France, et les fonction-
naires du Magzen, qui les encouragent,
violent les accords franco-marocains de
1901 et 1902.La seconde cause est la pro-
longation du chemin de fer du Sud-
Oranais dans la direction de Tafilelt, ce
qui, en drainant vers 1 Algérie le com-
merce de cette riche région qui s'effec-
tuait auparavant par Fez à travers l'At-
las, à lésé les intérêts des entrepreneurs
de caravanes et ceux des chefs locaux
qui imposaient des droits exorbitants sur
les marchandises traversant leur terri-
toire.
Nous ne doutons pas qu en raison des
précautions prises, une attaque des gens
du Tafilelt ne soit aisément repoussée.
Mais il importe de mettre un terme à
cette situation si préjudiciable à notre
prestige et à nos intérêts commerciaux.
D'une part, la complicité du Mahzen
étant prouvée,il fautagir à F ez pour le rap-
peler au respect de ses engagements en-
vers nous; d'autre part, le chemin de fer
qui s'arrête actuellement à Colomb-Be-
char et dont la construction vers Kenad-
sa a été suspendue,devrait être prolongé
jusqu'au Guir et au Tafilelt, ce qui
- - - -
n'entrainerait de la part de la France
aucune mainmise sur cette oasis où l'on
pourrait créer une situation analogue à
celle qui a donné de si heureux résultats
à Figuig ; il est permis de prévoir dès
aujourd'hui ce qui, dans quelques an-
nées sera sans doute devenu une réalité.
Il n'y a d'ailleurs là qu'une question de
voisinage franco-marocain ne pouvant
entraîner en aucune façon des complica-
tions internationales.
Camille FIDEL.
faire, nous apprenait dans un de ses
derniers bulletinsqueM. Chefneux, pré-
sident. du Conseil d'administration de la
Compagnie des Ethiopiens et son agent
perpétuel à Addis-Ababa, avait reçu,
quelques jours après la nouvelle de l'ac.
cord franco-anglo-italien,un càblogram-
me de Londres, l'invitant à agir de
tout son pouvoir auprès du Négus pour
le détourner d'accepter l'accord. Dans le
bulletin suivant, le Trust ne manquait
pas de faire insérer un démenti, ajou-
tant quel'envoi du télégramme n'avait pas
été fait par lui. La maladresse était in-
signe, car si le Trust n'était pas l'expé-
diteur du télégramme, qui était-il, sinon
la Compagnie française, qui pour éviter
les indiscrétions ou écarter les soup-
DERNIERE HEURE
La Convention des
fiouvelles-Hébtûdes
M. Camhon, ambassadeur de France
en Angleterre, et sir Edward Grey, mi-
nistre des affaires étrangères, ont signé
samedi, définitivement, une convention
approuvant l'ai rangement conclu le 27
février 1906 au sujet des Nouvelles-Hé-
brides par les délégués des deux gou-
vernements, sir Eldon Gorse et M. Hu-
ghes Bertran Cox pour le gouvernement
anglais, et MM. Saint-Germain, séna-
teur, et Picanon, gouverneur de la
Guyane française, pour le gouvernement
français.
Celle longue convention comprend
68 articles. Elle a pour but la réorgani-
sation de l'administration des Nouvellps-
Hébrides. Elle garantit les intérêts res-
pectifs des Français, des Anglais et des
indigènes, et fixe le régime de la pro-
priété foncière dans l'archipel.
***
1l'Allemagne au JVIaroc.
Pour répondre aux commentaires de
presse provoqués par le voyage du
docteur Rosen à Fez, la Gazette de
Cologne a publié une note officieuse
dans laquelle elle se dit autorisée à dé-
clarer que les instructions du docteur
Rosen, comme celles de ses collègues
du corps diplomatique à Tanger, sont de
hâter la scrupuleuse exécution des dé-
cisions de la Conférence d'Algésiras.
« - La politique allemande, ajoute la
note, ne saurait être blâmée de donner,
dans la limite du Iespect dû à ces déci-
sions, une attention particulière aux
intérêts allemands. Mais en aucuncfaçon
le docteur Hosen ne pourrait songer à
éluder les décisions de la Conférence et
à obtenir des avantages spéciaux en
faveur de l'industrie allemande, avant le
régulier établissementd'un département
d'Etat marocain chargé de délivrer de
telles concessions. Bien que l'Allemagne
- no soit engagée vis-à-vis d'aucune autre
puissance signataire, non plus que vis-
à-vis du Maroc par aucun engagement
formel, elle se considère néanmoins
comme moralement liée, etneveut, pour
le moment, revendiquer aucune conces-
sion particulière de travaux publics, qui
ne serait pas conforme aux conditions
d'adjudication arrêtées par la Conférence
d'Algésiras. »
Mais alors, comment concilier celte
prétendue correction de l'attitude de
l'Allemagne avec la concession des tra-
vaux du port de Larache, obtenue, quoi
qu'en disent tous les démentis officieux
et officiels, après la Conférence ? Et
comme si cela ne suffisait pas, le bruit
court que le gouvernement chérifien,
désireux de convertir Larache en pl acc-
fortc en aurait confié lestravauxà un
ingénieur allemand naturellement !
#
**
Ghemins de fert espagnols au
JVIaFoe ?
L'Espagne,. pénétrée du sentiment de
sa « mission » au Maroc, ne doute plus
de rien. Il ne s'agilde rien moins que de
la construction de deux lignes de che-
min de fer, pour lesquelles la somme
nécessaire doit être inscrite au prochain
budget: l'une de CeutaàTétouan, l'au-
tre de Molilla à la frontière algé-
rienne 1 Ce sont là de hardis projets.
Nous sa vans, il est vrai, percxpérience,
que l'Espagne projette beaucoup et
n'exécute iamais.. - -
C. FI
/J;f
Seandales coloniaux italiens
Après les scandales coloniaux anglais
et allemands, serions-nous à la veille
de scandales italiens ? Voici, en effet, ce
que dit YAvanti (organe socialiste) du
14 octobre 1906 :
« Les comptes budgétaires de l'Ery-
thrée (exercice 1904-05) se clôturent par
un déneit d'environ 100.000 lire, bien
que les recettes aient été supérieures
aux prévisions. Un tel résultat est le
meilleur témoignage de ce que nous
affirmions et démontrions avec preuves
en mains depuis quelque temps, à pro-
pos du gaspillage continuel et fraudu-
leux qui se pratique en Erythrée avec
les deniers publics par Tceuvre de M.
Martini.
« Nous nous réservons d examiner
attentivement le nouveau budget de
FErythrée et d'en reparler longuement
dans YAvanti. Pour aujourd'hui, nous
ne pouvons faire moins que de relever
combien Son Excellence le gouverneur
de l'Erythrée doit se trouver à court
d'arguments. Dans une série de pré-
tendues justifications et démonstrations
des causes qui produisirent le déficit,
M. Martini se laisse aller à des affirma-
tions qui peuvent laisser indifférents et
peut-être satisfont ceux qui ne connais-
sent rien des coulisses financières-admi-
nistratives de l'Erythrée, mais qui sont
de véritables révélations pour nous, qui
-- - - 1 1
savons quelles dépenses spéciales on a
coutume d'inscrire, par exemple, dans
le chapitre : « Présents aux chefs et no-
tabilités indigènes ».
Aujourd'hui, nous voulons relever
que,parmi les causes auxquelles M. Mar-
tini attribue le déficit, il y a 67.000 lire
pour dépenses imprévues pour la fête du
Mascal.
Mascal en amarique signifie
Croix et la fête du Mascal est, on le
sait, la plus grande fête religieuse que
la chrétienté copte a l'habitude de célé-
brer.
Nous prenons note de ce que M. F.
Martini, 33e de la franc-maconnerie,
et digne représentant du gouvernement
italien en Erylhrée, s'est cru le droit de
dépenser 67.000 lire pour une ffte qui
s'intitule La Croix ».
E.M.
LES COLONIES ET LA PRESSE
lies Prestations à JVIadagaseaF
De M. Raoul ALLIER dans le Siècle, à
propos du « fokonolona », sorte de pres-
tation imposée aux indigènes de Mada-
gascar:
At-cALRiJtnp ne t mn-
r aP. inctigene te seti e a montre dans
son labeur. Il se dit que la besogne termi-
née, il touchera son salaire, et cette pensée
le rend actif. Avec la corvée de « fokono-
lona », il n'en va pas ainsi. Le Malgache
sait que l'administration ne dépense pas un
centime. Les outils, c'est lui qui doit les four-
nir. Sa nourriture, c'est lui qui en est seul
responsable. Alors il fait ce raisonnement
qui, par malheur, est souvent justifié par
l'expérience : « Si j'ai vite achevé ma tâche,
l'on en découvrira tout de suite une autre à
m'imposer. Ce n'est pas la peine de me dé-
pêcher. » Et il fait le moins possible ; il «tire
au flanc », comme on dit au régiment ; et
dès Qu'il le neut. il se sauve.
Et, pendant ce temps, ces travaux sou-
vent absurdes, qui entraînent des popula-
tions entières loin de leurs villages, qui
font négliger les rizières, qui épuisent les
gens de t'atigue, aident singulièrement à la
propagation du paludisme. La région de
Tsiafaby a été, cette année, pour le fléau, un
centre de recrudescence. Que l'on y fasse
une enquête, et l'on verra quels labeurs
énormes y ont été réclamés du « fokono-
lona n.
Je répète que M. Augagneur n'est pour
rien dans ces abus. Mais il ne peut pas être
partout à la fois ; et ces pratiques sont en-
trées si bien dans les mœurs des adminis-
trateurs locaux qu'ils ne se résignent pas à
y renoncer. Il le faudra bien pourtant. Que
le souverneur général n'hésite pas à le faire
sentir par des menaces et, si c'est néces-
saire, par des sanctions sévères. Il avait dé-
cidé que toutes les corvées devaient cesser
en août. Or, à la daie du 7 septembre der-
nier, l'on travaillait encore partout sur les
chantiers de « fokonolona », alors que les
rizières auraient dû être déjà travaillées
pour les pluies prochaines. Est-ce toléra-
ble?
M. Augagneur se préoccupe beaucoup au
fléau , qui dévaste l'île. Il tait fort bien que
les distributions de quinine ne suffiront pas
à L'enrayel'. Il s'efforce de mettre fin aux
abus qui ont aggravé de manière si terrible
le paludisme à Madagascar. Il peut compter
pour appuyer ses actes d'énergie nécessaire,
sur tous ceux qui n'acceptent pas la prompte
transformation de l'île en un vaste cime-
tière.
***
lia polie d'un roi.
M. J. L. DE LANESSAN dans le Siècle
confirme la folie de Thauli-Taï au temps
où il était gouverneur général de l'Indo-
Chine.
Surchauffé par les excitations de son en-
tourage et par les encouragements indi-
rects qu'il recevait de la résidence ::\lp'-
rieure, le jeune Thanh-Thaïse livre à tous
les débordements. Un annamite m'écrivait:
« Outre les parties de promenade qu'il fait
avec la calèche de gllyen-Tllan, il sort en-
core très souvent incognito. Il va dans les
auberges, dans loulci lc-5 rue*, au marché
deDong-Ba. Il s'est fait f lire des costumes
français pour lui et des costumes de dames
françaises pour ses l'emnrus. Il s'Inbille et
fait habiller les autres à l'européenne pour
singer les Français et. rire, comme il le
dit. Encore une foule (l'antrcs enfantillages
qui font jaser les gens etqui profitent d au-
tant à ses ennemis. Il refuse toujours '!e re-
cevoir les régent s en audience privée, comme
il avait autrefois l'habitude, craignant pro-
bablement qu'ils ne lui fassent des remon-
trances. Toutes ORS manœuvres sont me-
nées par Nguycn-Than, qui cherche par là a
dégoûter les régents pour prendre leur
u .uto » i– –T: 7- y
toute jeune encore, est d^i-i fort ,intrigante.
Elle pousse son jeune et royal époux ame-
ner très durement ses camarades. Et tous
les jours elle suscite des scènes de ménage
à rendre folle la reine-mère ».
Pendant les fêtes de l'anniversaire de sa
naissance, le jeune lhanh-1 ai invita un jour
le résident supérieur à un spectacle qui de-
vait être contemplé du haut de la jonque
royale. L'étiquette annamite, conforme en
cette occurrence àla nôtre, veut que le roi ne
quitte pas un seul instant ses invités : agir
autrement serait commettre une grosse in-
convenance. Or, ce jour-là, au bout de quel-
ques instants, le jeune Thanh-Taï, sans dire
mot et sans fournir aucun prétexte, quitta
tout à coup le résident, descendit dans une
baraue où étaient ses eunuques et, nouvelle
inconvenance à l'égard non seulement du
résident supérieur, mais encore de toute la
cour et même du peuple, il se livra, sous les
yeux du peuple ébahi et peu satisfait, a
mille jeux enfantins. Puis il rentra tran-
quillement au palais, laissant là le résident
supérieur, stupéfait, et non sans motif, très
froissé de cette conduite. Il s'en plaignit à
moi plus tard, n'ayant pent-ètrn pas encore
compris que le jeune Thanh-Taï ne faisait
que s'émanciper, comme il L'y avait lui-même
poussé, mais éprouvant un vif froissement
d'amour-propre, à la pensée que, cette fois,
,amour-propreS, 'était produite à ses frais.
l'émaucio:iLion s'était produite à ses frais.
- Après mon arrivée à Hué, j eus une entre-
vue avec le troisième régent, Nguyen-Trong-
Hiep, l'homme de l'empire qui connaissait
la mieux toutes les affaires et qui jouissait
de la plus haute considération parmi les
mandarins. Il me promit tout son concours
et son dévouement pour l'œuvre commune
que nous entreprenions. Démon côté, te-
nant beaucoup à le conserver à la tête des
affaires, je l'assurai de ma résolution de le
débarrasser de toutes les entraves que cette
fpnvrfi nnnvait rencontrer.
- 1 - r - - -, - - - -- - -
Il me demanda alors-d'adresser avant tou-
tes choses, au jeune roi, des remontrances,
disant que moi seul pourrais avoir assez
d'influence sur son esprit pour l'amener à
changer de conduite. Il me faisait cette de-
mande en son nom, au nom des régents, du
comat et des trois reines-mères, qui étaient
désolées de - la tournure prise par les affai-
- , - -- - - -
res depuis quelque temps. La meine aenian-
deme fut faite, à l'aide d'un autre intermé-
diaire, par la mère même du roi qui jouis-
sait du titre officiel d'impératrice et en exer-
çait les pouvoirs.
Il fut résolu que mes remontrances se-
raient écrites et que l'interprète du roi les
lui traduirait en présence du Vanh-Minh.
J'eus soin de faire, au préalable, envoyer
ma lettre aux régents et aux reines-mères,
afin d'être certain d'avoir leur adhésion,
puis je la lis tenir au jeune Thanh-Taï par
M. Millot, son interprèle. Le Vanh-Mmh
assistait à la lecture prosterné devant le roi.
M. Millot me rendit compte de cette séance
de la façon suivante : « Une fois la traduc-
tion terminée, j'ai remis à Sa Majesté l'ori-
ginal, signé de votre main, et une copie en
coque-nguu, caractères d'écriture familiers
au roi. Après quelques instants de silence
et sous le coup d'une forte émotion. Sa Ma-
jesté m'a dit : « Veuillez dire à M. le gou-
verneur général que je suis profondément
touché des conseils affectueux qu'il a bien
voulu vous charger de me communiquer.
Mais surtout je vous serais bien reconnais-
sant d'assurer M. le gouverneur général que
toutes ces fautes ont été commises par inex-
périence et que si j'avais reçu plus tôt de sem-
blables conseils,je ne meserais pasengagési
loin - dans cette fâcheuse voie. Jepromets a M.
Q,1W\f. f!eT?nstï-
écarterai jamais plus. »
Les remontrances contenues dans la let-
tre que M. Millot venait de traduire au jeu-
ne roi étaient nettes et sévères. J'avais eu
soin de rappeler les inconvenances commi-
ses par le jeune Thanh-Taï à l'égard du ré-
sident supérieur le jour de la cérémonie
publique du Tôt et pendant les fêtes de son
anniversaire.
***
lia pêehe dans le lae de ÔizePte
De M. GRÉsiLLON dans la Tunisie Fran-
ca ise :
Le lac de Bizerte constituait autrefois
avant les travaux une bonne affaire de
pêche.
Depuis que la Marine s'y est installée, les
frais d'entretien et d'exploitation n'ont ja-
mais été inférieurs au produit de la pêche,
et la Compagnie concessionnaire avait le
droit de fermer hermétiquement le goulet,
pourvu qu'elle laissât passer les navires de
l'Etat. Maintenant que ce droit est suppri-
mé, on peut se demander avec inquiétude si
l'Administration n'incite pas les personnes
qui ignorent cette situation et qu'elle a con-
voquées à soumissionner, à engager des
capitaux dans une affaire qui, étant donné
les clauses et conditions léonines du cahier
des charges, apparaît encore plus aléatoire
que les entreprises similaires qui ont échoué.
La pêche dans le lac de Bizerte est incom-
patible avec les exigences de la Marine qui
a le devoir de ne rien tolérer qui puisse
l'entraver, c'est pourquoi nous estimons que
l'administration manque de prévoyance en
l'amodiant dans ces conditions et qu'il eût
mieux valu qu'elle maintîut l'interdiction
grâce à laquelle aucune barque ne pouvait
pénétrer dans le lac et s'approcher de l'Ar-
senal. Si le poisson est encore aussi abon-
dant à Bizerte qu'il l'était autrefois, les pê-
cheurs libres pourront en capturer davan-
tage en mer et contribuer par l'apport de
leurs prises sur les marchés à la diminution
du prix du poisson.
*
En Côte clivoire
Dans la Revue des questions diplomati-
ques et coloniales, M. GENGHIS donne de
précieuses indications aux explorateurs
sur la composition de la pacotille dont ils
doivent se munir.
La pacotille, dont j'ai parlé plus haut, au
sujet du règlement des divers palabres sou-
levés par un boy mal dressé, est destinée à
un tout autre usage ; grâce à elle, on peut se
procurer, dans les villages, les vivres dont
ils disposent : poulets, œufs et fruits divers
quelquefois du lait, et, pour les porteurs,
riz, manioc, ignames ; elle sert aussi à ré-
tribuer les menus services que l'on est quel-
quefois obligé de demander aux habitants
et dont le principal, pour le voyageur sans
matériel de campement, est, aux etapes, de
se faire donner un abri. Dans tout le Séné-
gal, dans la plus grande partie de la Guinée
française et du Soudan, la pacotille est de-
venue inutile ; toutes transactions s'y font
maintenant, en espèce, pièces de 5 francs et
monnaie divisionnaire. Il n en est pas de
même dans la plus grande partie de fa Côte
d'Ivoire. Celle que j'avais emportée, à l'oc-
casion de ce petit voyage, faisait à peine
tf. (la charge est 28
-it a "14 as dg
ce tabac est importé dans nos colonies, viâ
Liverpool, Anvers ou Hambourg, une faible
quantité l'est par nos ports) ; de quelques
douzaines de pipes en terre (provenance al-
lemande) ; d'autant de boîtes d'allumettes,
dites Suédoises (provenance allemande et
anglaise,) ; de cinq ou six bouteilles de gin
(provenance allemande et hollandaise) ; de
3 ou 4 kilos de perles el de verroteries (pro-
venance allemande et autrichienne) ; de
quelques douzaines de mouchoirs de coton
imprimé et de 40 à 50 mètres de tissus for-
tement coloriés (le tout de Manchester). Le
tissu, d'une largeur de 80 centimètres à un
mètre, que l'on déchire par pagnes, c'est-à-
dire Dar morceaux d'une longueur de 2 à
2 m. 50, est avec le gin, réservé auxperson- ,
nagesimportants, tels que rois, chef de vil-,
lage et griots. :' -
#*#
Opinions en cinq lignes.
Un collaborateur occasionnel du
Matin, s'emparant des informations qui
ont paru dans tous les journaux depuis
un mois sur la situation à la frontière
algéro-marocaine, prévoit des troubles
et prêche la guerre.
M. HENRI FROIDEVAUX retrace,
dans les Questions Diplomatiques et
Coloniales, l'histoire de la colonisation
en Algérie jusqu'en 1839.
Dans la Dépêche Coloniale, M. ROTU-
REAU-LAUNAY apprécie très élogieuse-
ment l'œuvre de M. Gamon, conseiller
à la Cour d'appel de Madagascar, qui a
entrepris la publication d'un Code an-
noté de la législation de Madagascar et
dépendances.
La Petite République résume - la
question de l'hostilité des indigènes du
Tafilelt et espère que la fermeté de
notre attitude évitera tout incident
sérieux.
--"IV"-
1
PRIX France: 15 cent.
Etranger et Colonies -130 cent,
JEUDI 25 OCTOBRE 1906
: 0
Les Annales Coloniales
1 d 4 O À - c 4 À&
EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef. -
J"OuR..J:'f..AL hebdomadaire
Paraissant tous les Jeudis
Galerie d'Orléans (Patais=Royal, PARIS 1er)
Les manuscrits non insères ne sont I?as rendus
ABONNEMENTS
Un an ômoit
FRANCE. 8 fr. 4 fr. iiO
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr.
A 11 A * 1 A 1 n 1 1r.- (-
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
Lire aujourd'hui
en première page
L'AFFAIRE E lHIOPIENNE
par Pierre CALLITTE
VES ùE TflpiUEliT
par Camille FIDEL
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
EN FEUIIXKTON
La main - d'muvre à Madagascar
par René DELAPORTE
ua Semaine Coloniale.
La Semaine Economique.
rr - -
t/Aitaire Ethiopienne
Quatre mois se sont écoulés depuis
l'accord intervenu entre l'Angleterre,
l'Italie et la France au sujet de l'affaire
éthiopienne.On pensait généralement à
la fin de juin, en avoir fini une fois pour
toutes, avec une situation intolérable
que les atermoiements et les retards ag-
gravaient sans cesse. La ratification de
l'accord par le Négus, prélude de l'é-
change des signatures définitives, ne
faisait pas de doute dans l'esprit des gens
désintéressés. Ménélik pouvait-il pren-
dre ombrage d'une convention par laquel-
ta les trois puissances limitrophes et les
seules dont il eût à craindre des visées
territoriales s'engageaient à respecter
son indépendance !
Et voilà que le roides rois d'Ethiopie
fait tarder sa signature et sa J'éponse.
Les dernières nouvelles nous le mon-
trent encore hésitant et indécis au mi-
lieu des avis conlradiloiresdes ministres
accrédités auprès de sa personne, de
ses conseillers intimes et des nombreux
agents entretenus a Addis-Ababa par
une meute de financiers cosmopolites h.
raffut d'affaires à lancer ou à repren-
dre.
Ceux qui, par impérialisme politique
ou dans un but moins avouable de tripo-
tages financiers ont lancé en France et
à l'Etranger, l'idée de l'internationali-
sation de la ligne de chemin de fer Dji-
bouti-Diré-Daouah-Addis-Ababa n'ont
pas trouvé leur compte dans l'arrange-
ment franco-anglo-italien. Ce dernier,
autant qu'on peut en jugor'sur les com-
muniqués officieux,reconnaît,en effet, le
caractère d'entreprise française à la li-
gneferrée; il accorde d'ailleurs aux An-
glais et aux Italiens des droits analogues
dans d'autres parties de l'Abyssinie,
mais il a le grand mérite, au point do
vue désintérêts français, desauvegarder
l'avenir commercial deDjibouli en mô-
me temps que l'indépendance abso lue
de notre point d'appuisur la route d'Ex-
trême-Orient.
Ce résultat, qui est le mini m un auquel
pouvait consentir le Gouvernement fran-
çais même après les maladresses de no-
tre diplomatie depuis 10 ans et la ruine
de notre antique prédominance en Abys-
sinie, ne devait pas être, en particulier,
pour plaire au ministre de. la Grande-
Bretague à Addis-Ababa, Sir John Har-
ring ton, non plus qu'à son collègue d'I-
talie, le major Ciccodicola. Leaders de
la campagne si violemment anli-françai-
se menée auprès du Négus, ces deux di-
plomates étaienttoutacquis à lacause de
l'internationalisation du chemin de fer.
« Il me sembledisait Sir John Harring-
« ton, au cours de la fameuse séance di-
« plomatique tenue à Addis-Ababa le 11
,( avril 1905, qu'on pourrait s'entendre
« sur cette question du chemin de fer
« aussi bien que nous nous sommes en-
,( tendus pour la création d'une banque
« (Bank of Abyssinia). Je puis donner ma
« parole que mon gouvernement n'entre
« pour rien dans la création de cette ban-
« que qui est une entreprise purement
« commerciale et internationale et je ré-
« pète que je verrais avec plaisir et sou-
« tiendrai près de mon gouvernement un
« arrangement pour le chemin de fer
« dans le sens indiqué plus haut ». Il
surfit de lire les statuts de la Bank of
Abyssinia pour être pleinement édifié
sur la conception que se faisaitleminis-
tre d'Angleterre d'une entreprise «pure-
ment commerciale et internationale ».
Filiale de la National Bank of Egypt et
étroitement assujettie à celte dernière
la Bank of Abyssinia, avec son gouver-
neur anglais et son Conseil composé en
maj eure partie d'Anglais, est un instru-
ment politique de haute valeur entre les
mai ns de lord Gromcr et du gouverne-
ment égyptien.
C'est donc bien l'anglicisation qu'il
fallait entendre quand Sir John Ilar-
rington parlait de la neutralisa-
tion du chemin de fer. Nous ne
ferons pas à ce diplomate non plus
qu'à son collègue italien, l'injure de
croire qu'ilsont pu continuer, après l'ac-
cord franco-anglo-italien, le système po-
litique qu'ils avaient poursuivi jusque-
là, ; il n'en reste pas moins que nous su-
bissons aujourd'hui les effets néfastes de
leur campagne et si Ménélik hésite à si-
gner la convention qu'on lui présente,
c'est beaucoup à cause d'eux et à cause
de certaines propositions qui lui ont été
faites à leur instigation etqui l'ont for-
tement tenté.
Nous parlions tout à l'heure de la
réunion diplomatique du 11 avril 1905.
Le procès verbal de cette séarkee, bien
que dramatisé par M. Hugues Le Roux
pour les besoins de sa cause, contenait
déjà la menace suivante du Négus: « Si
«je ne reçois aucune proposition de vos
« gouvernements, aucune proposition
« mettant d'accord vos intérêts interna-
« tionaux, ce qui mettrait fin à ce conflit,
«je me verrai, pour assurer la construc-
« tion du chemin de fer dans la nécessité
« de l'entreprendre moi même, celte
« construction, sans solliciter, ni accep-
« ter de concours d'aucune part».
Quelque portée qu'on attache à ces
propos, on est bien forcé de reconnaître
qu'à cette époque déjà, la Bank of Abys-
sinia et le grou pe financier de Sir. E.
Cassel avaient fait des ouvertures au
Négus au sujet. de la construction du
tronçon Di ré-D non ah-Ad il is-Ababa, dont
la Compagnie française possède cepen-
dont la concession.
L'accord entre les chancelleries de
Londres, de Rome et de Paris, loin
d'arrêter de ce côté les intrigues finan-
cières, les a surexcitées. Il faut enfin
compter avec la campagne menée auprès
de Ménélik en faveur de l'internationa-
lisation par les agents de VInternational
Ethiopian Railwall Trust et de la
Compagnie Impériale des Chemins de
fer Etinpiens.
Chacun sait que le Trust ne poursuit
dans celle affaire qu'un but 'exclusive-
ment financier, encore ce groupe anglais
est-il entièrement d'accord avec les
idées impérialistes anglaises et fait-il
œuvre hautement patriotique en pour-
suivant l'internationalisation de la Com-
pagnie française, car, c'estencore et sous
une autre forme, unc anglicisation delà
ligne ferrée Djibouti-Addis-Ababa. Mais
que là Compagnie Impériale des Che-
mins de fer Ethiopiens dont tous les ad-
ministrateurs sont français,dont le per-
sonnel administratif et technique est
entièrement français et que les Chambres
françaises ont subventionnée de vingt-
cinq millions d'argent français, poursui-
ve, elle aussi,la cause de l'internationali-
sa lion et se mette en travers de l'action
diplomatique française, cela est moins
concevable. Rien n'est cependant plus
vrai. Le Comité de VAfrique française
qui poursuit inlassab lement la défense
de nos intérêts nationaux dans cette af
TIFŒBTTISrE LIBRE
VERS LE TAFILELT
La situation subitement aggravée à
la frontière marocaine préoccupe à jus-
te titre les autorités algériennes. Le gé-
néral Lyauley, craignant une recrudes-
cence de l'agitation au Tafilelt et dans
les régions environnantes, a demandé à
M. Jonnart le renforcement de divers
postes du sud et télégraphié aux chefs
des postes avancés des instructions préci-
ses afin que toutes les mesures soient
prises pourropousser une attaque éven-
tuelle ; de plus la section de montagne
de la 15" batterie du 126 d'artillerie en
garnison à Oran, a quitté cette ville pour
se rendre dans le. sud, à proximité du
Talilelt. Cet état de choses intolérable,
qui paralyse toutes les transactions com-
merciales et qui tend à enrayer de nou-
veau le grand développement des échan-
ges entre le Sud-Oranais et le Maroc,que
nous signalions dans le. Radical du 12 oc
tobre, tient à deux causes, l'une politi-
que, l'autre économique.La première est
la répercussion de l'intervention alle-
mande dans les alfaires du Maroc dont
les conséquences locales persistent : les
chefs musulmans, plus ou moins « tra-
vailLés » 1 se préparent ouvertement à la
lutte contre la France, et les fonction-
naires du Magzen, qui les encouragent,
violent les accords franco-marocains de
1901 et 1902.La seconde cause est la pro-
longation du chemin de fer du Sud-
Oranais dans la direction de Tafilelt, ce
qui, en drainant vers 1 Algérie le com-
merce de cette riche région qui s'effec-
tuait auparavant par Fez à travers l'At-
las, à lésé les intérêts des entrepreneurs
de caravanes et ceux des chefs locaux
qui imposaient des droits exorbitants sur
les marchandises traversant leur terri-
toire.
Nous ne doutons pas qu en raison des
précautions prises, une attaque des gens
du Tafilelt ne soit aisément repoussée.
Mais il importe de mettre un terme à
cette situation si préjudiciable à notre
prestige et à nos intérêts commerciaux.
D'une part, la complicité du Mahzen
étant prouvée,il fautagir à F ez pour le rap-
peler au respect de ses engagements en-
vers nous; d'autre part, le chemin de fer
qui s'arrête actuellement à Colomb-Be-
char et dont la construction vers Kenad-
sa a été suspendue,devrait être prolongé
jusqu'au Guir et au Tafilelt, ce qui
- - - -
n'entrainerait de la part de la France
aucune mainmise sur cette oasis où l'on
pourrait créer une situation analogue à
celle qui a donné de si heureux résultats
à Figuig ; il est permis de prévoir dès
aujourd'hui ce qui, dans quelques an-
nées sera sans doute devenu une réalité.
Il n'y a d'ailleurs là qu'une question de
voisinage franco-marocain ne pouvant
entraîner en aucune façon des complica-
tions internationales.
Camille FIDEL.
faire, nous apprenait dans un de ses
derniers bulletinsqueM. Chefneux, pré-
sident. du Conseil d'administration de la
Compagnie des Ethiopiens et son agent
perpétuel à Addis-Ababa, avait reçu,
quelques jours après la nouvelle de l'ac.
cord franco-anglo-italien,un càblogram-
me de Londres, l'invitant à agir de
tout son pouvoir auprès du Négus pour
le détourner d'accepter l'accord. Dans le
bulletin suivant, le Trust ne manquait
pas de faire insérer un démenti, ajou-
tant quel'envoi du télégramme n'avait pas
été fait par lui. La maladresse était in-
signe, car si le Trust n'était pas l'expé-
diteur du télégramme, qui était-il, sinon
la Compagnie française, qui pour éviter
les indiscrétions ou écarter les soup-
DERNIERE HEURE
La Convention des
fiouvelles-Hébtûdes
M. Camhon, ambassadeur de France
en Angleterre, et sir Edward Grey, mi-
nistre des affaires étrangères, ont signé
samedi, définitivement, une convention
approuvant l'ai rangement conclu le 27
février 1906 au sujet des Nouvelles-Hé-
brides par les délégués des deux gou-
vernements, sir Eldon Gorse et M. Hu-
ghes Bertran Cox pour le gouvernement
anglais, et MM. Saint-Germain, séna-
teur, et Picanon, gouverneur de la
Guyane française, pour le gouvernement
français.
Celle longue convention comprend
68 articles. Elle a pour but la réorgani-
sation de l'administration des Nouvellps-
Hébrides. Elle garantit les intérêts res-
pectifs des Français, des Anglais et des
indigènes, et fixe le régime de la pro-
priété foncière dans l'archipel.
***
1l'Allemagne au JVIaroc.
Pour répondre aux commentaires de
presse provoqués par le voyage du
docteur Rosen à Fez, la Gazette de
Cologne a publié une note officieuse
dans laquelle elle se dit autorisée à dé-
clarer que les instructions du docteur
Rosen, comme celles de ses collègues
du corps diplomatique à Tanger, sont de
hâter la scrupuleuse exécution des dé-
cisions de la Conférence d'Algésiras.
« - La politique allemande, ajoute la
note, ne saurait être blâmée de donner,
dans la limite du Iespect dû à ces déci-
sions, une attention particulière aux
intérêts allemands. Mais en aucuncfaçon
le docteur Hosen ne pourrait songer à
éluder les décisions de la Conférence et
à obtenir des avantages spéciaux en
faveur de l'industrie allemande, avant le
régulier établissementd'un département
d'Etat marocain chargé de délivrer de
telles concessions. Bien que l'Allemagne
- no soit engagée vis-à-vis d'aucune autre
puissance signataire, non plus que vis-
à-vis du Maroc par aucun engagement
formel, elle se considère néanmoins
comme moralement liée, etneveut, pour
le moment, revendiquer aucune conces-
sion particulière de travaux publics, qui
ne serait pas conforme aux conditions
d'adjudication arrêtées par la Conférence
d'Algésiras. »
Mais alors, comment concilier celte
prétendue correction de l'attitude de
l'Allemagne avec la concession des tra-
vaux du port de Larache, obtenue, quoi
qu'en disent tous les démentis officieux
et officiels, après la Conférence ? Et
comme si cela ne suffisait pas, le bruit
court que le gouvernement chérifien,
désireux de convertir Larache en pl acc-
fortc en aurait confié lestravauxà un
ingénieur allemand naturellement !
#
**
Ghemins de fert espagnols au
JVIaFoe ?
L'Espagne,. pénétrée du sentiment de
sa « mission » au Maroc, ne doute plus
de rien. Il ne s'agilde rien moins que de
la construction de deux lignes de che-
min de fer, pour lesquelles la somme
nécessaire doit être inscrite au prochain
budget: l'une de CeutaàTétouan, l'au-
tre de Molilla à la frontière algé-
rienne 1 Ce sont là de hardis projets.
Nous sa vans, il est vrai, percxpérience,
que l'Espagne projette beaucoup et
n'exécute iamais.. - -
C. FI
/J;f
Seandales coloniaux italiens
Après les scandales coloniaux anglais
et allemands, serions-nous à la veille
de scandales italiens ? Voici, en effet, ce
que dit YAvanti (organe socialiste) du
14 octobre 1906 :
« Les comptes budgétaires de l'Ery-
thrée (exercice 1904-05) se clôturent par
un déneit d'environ 100.000 lire, bien
que les recettes aient été supérieures
aux prévisions. Un tel résultat est le
meilleur témoignage de ce que nous
affirmions et démontrions avec preuves
en mains depuis quelque temps, à pro-
pos du gaspillage continuel et fraudu-
leux qui se pratique en Erythrée avec
les deniers publics par Tceuvre de M.
Martini.
« Nous nous réservons d examiner
attentivement le nouveau budget de
FErythrée et d'en reparler longuement
dans YAvanti. Pour aujourd'hui, nous
ne pouvons faire moins que de relever
combien Son Excellence le gouverneur
de l'Erythrée doit se trouver à court
d'arguments. Dans une série de pré-
tendues justifications et démonstrations
des causes qui produisirent le déficit,
M. Martini se laisse aller à des affirma-
tions qui peuvent laisser indifférents et
peut-être satisfont ceux qui ne connais-
sent rien des coulisses financières-admi-
nistratives de l'Erythrée, mais qui sont
de véritables révélations pour nous, qui
-- - - 1 1
savons quelles dépenses spéciales on a
coutume d'inscrire, par exemple, dans
le chapitre : « Présents aux chefs et no-
tabilités indigènes ».
Aujourd'hui, nous voulons relever
que,parmi les causes auxquelles M. Mar-
tini attribue le déficit, il y a 67.000 lire
pour dépenses imprévues pour la fête du
Mascal.
Mascal en amarique signifie
Croix et la fête du Mascal est, on le
sait, la plus grande fête religieuse que
la chrétienté copte a l'habitude de célé-
brer.
Nous prenons note de ce que M. F.
Martini, 33e de la franc-maconnerie,
et digne représentant du gouvernement
italien en Erylhrée, s'est cru le droit de
dépenser 67.000 lire pour une ffte qui
s'intitule La Croix ».
E.M.
LES COLONIES ET LA PRESSE
lies Prestations à JVIadagaseaF
De M. Raoul ALLIER dans le Siècle, à
propos du « fokonolona », sorte de pres-
tation imposée aux indigènes de Mada-
gascar:
At-cALRiJtnp ne t mn-
r aP. inctigene te seti e a montre dans
son labeur. Il se dit que la besogne termi-
née, il touchera son salaire, et cette pensée
le rend actif. Avec la corvée de « fokono-
lona », il n'en va pas ainsi. Le Malgache
sait que l'administration ne dépense pas un
centime. Les outils, c'est lui qui doit les four-
nir. Sa nourriture, c'est lui qui en est seul
responsable. Alors il fait ce raisonnement
qui, par malheur, est souvent justifié par
l'expérience : « Si j'ai vite achevé ma tâche,
l'on en découvrira tout de suite une autre à
m'imposer. Ce n'est pas la peine de me dé-
pêcher. » Et il fait le moins possible ; il «tire
au flanc », comme on dit au régiment ; et
dès Qu'il le neut. il se sauve.
Et, pendant ce temps, ces travaux sou-
vent absurdes, qui entraînent des popula-
tions entières loin de leurs villages, qui
font négliger les rizières, qui épuisent les
gens de t'atigue, aident singulièrement à la
propagation du paludisme. La région de
Tsiafaby a été, cette année, pour le fléau, un
centre de recrudescence. Que l'on y fasse
une enquête, et l'on verra quels labeurs
énormes y ont été réclamés du « fokono-
lona n.
Je répète que M. Augagneur n'est pour
rien dans ces abus. Mais il ne peut pas être
partout à la fois ; et ces pratiques sont en-
trées si bien dans les mœurs des adminis-
trateurs locaux qu'ils ne se résignent pas à
y renoncer. Il le faudra bien pourtant. Que
le souverneur général n'hésite pas à le faire
sentir par des menaces et, si c'est néces-
saire, par des sanctions sévères. Il avait dé-
cidé que toutes les corvées devaient cesser
en août. Or, à la daie du 7 septembre der-
nier, l'on travaillait encore partout sur les
chantiers de « fokonolona », alors que les
rizières auraient dû être déjà travaillées
pour les pluies prochaines. Est-ce toléra-
ble?
M. Augagneur se préoccupe beaucoup au
fléau , qui dévaste l'île. Il tait fort bien que
les distributions de quinine ne suffiront pas
à L'enrayel'. Il s'efforce de mettre fin aux
abus qui ont aggravé de manière si terrible
le paludisme à Madagascar. Il peut compter
pour appuyer ses actes d'énergie nécessaire,
sur tous ceux qui n'acceptent pas la prompte
transformation de l'île en un vaste cime-
tière.
***
lia polie d'un roi.
M. J. L. DE LANESSAN dans le Siècle
confirme la folie de Thauli-Taï au temps
où il était gouverneur général de l'Indo-
Chine.
Surchauffé par les excitations de son en-
tourage et par les encouragements indi-
rects qu'il recevait de la résidence ::\lp'-
rieure, le jeune Thanh-Thaïse livre à tous
les débordements. Un annamite m'écrivait:
« Outre les parties de promenade qu'il fait
avec la calèche de gllyen-Tllan, il sort en-
core très souvent incognito. Il va dans les
auberges, dans loulci lc-5 rue*, au marché
deDong-Ba. Il s'est fait f lire des costumes
français pour lui et des costumes de dames
françaises pour ses l'emnrus. Il s'Inbille et
fait habiller les autres à l'européenne pour
singer les Français et. rire, comme il le
dit. Encore une foule (l'antrcs enfantillages
qui font jaser les gens etqui profitent d au-
tant à ses ennemis. Il refuse toujours '!e re-
cevoir les régent s en audience privée, comme
il avait autrefois l'habitude, craignant pro-
bablement qu'ils ne lui fassent des remon-
trances. Toutes ORS manœuvres sont me-
nées par Nguycn-Than, qui cherche par là a
dégoûter les régents pour prendre leur
u .uto » i– –T: 7- y
toute jeune encore, est d^i-i fort ,intrigante.
Elle pousse son jeune et royal époux ame-
ner très durement ses camarades. Et tous
les jours elle suscite des scènes de ménage
à rendre folle la reine-mère ».
Pendant les fêtes de l'anniversaire de sa
naissance, le jeune lhanh-1 ai invita un jour
le résident supérieur à un spectacle qui de-
vait être contemplé du haut de la jonque
royale. L'étiquette annamite, conforme en
cette occurrence àla nôtre, veut que le roi ne
quitte pas un seul instant ses invités : agir
autrement serait commettre une grosse in-
convenance. Or, ce jour-là, au bout de quel-
ques instants, le jeune Thanh-Taï, sans dire
mot et sans fournir aucun prétexte, quitta
tout à coup le résident, descendit dans une
baraue où étaient ses eunuques et, nouvelle
inconvenance à l'égard non seulement du
résident supérieur, mais encore de toute la
cour et même du peuple, il se livra, sous les
yeux du peuple ébahi et peu satisfait, a
mille jeux enfantins. Puis il rentra tran-
quillement au palais, laissant là le résident
supérieur, stupéfait, et non sans motif, très
froissé de cette conduite. Il s'en plaignit à
moi plus tard, n'ayant pent-ètrn pas encore
compris que le jeune Thanh-Taï ne faisait
que s'émanciper, comme il L'y avait lui-même
poussé, mais éprouvant un vif froissement
d'amour-propre, à la pensée que, cette fois,
,amour-propreS, 'était produite à ses frais.
l'émaucio:iLion s'était produite à ses frais.
- Après mon arrivée à Hué, j eus une entre-
vue avec le troisième régent, Nguyen-Trong-
Hiep, l'homme de l'empire qui connaissait
la mieux toutes les affaires et qui jouissait
de la plus haute considération parmi les
mandarins. Il me promit tout son concours
et son dévouement pour l'œuvre commune
que nous entreprenions. Démon côté, te-
nant beaucoup à le conserver à la tête des
affaires, je l'assurai de ma résolution de le
débarrasser de toutes les entraves que cette
fpnvrfi nnnvait rencontrer.
- 1 - r - - -, - - - -- - -
Il me demanda alors-d'adresser avant tou-
tes choses, au jeune roi, des remontrances,
disant que moi seul pourrais avoir assez
d'influence sur son esprit pour l'amener à
changer de conduite. Il me faisait cette de-
mande en son nom, au nom des régents, du
comat et des trois reines-mères, qui étaient
désolées de - la tournure prise par les affai-
- , - -- - - -
res depuis quelque temps. La meine aenian-
deme fut faite, à l'aide d'un autre intermé-
diaire, par la mère même du roi qui jouis-
sait du titre officiel d'impératrice et en exer-
çait les pouvoirs.
Il fut résolu que mes remontrances se-
raient écrites et que l'interprète du roi les
lui traduirait en présence du Vanh-Minh.
J'eus soin de faire, au préalable, envoyer
ma lettre aux régents et aux reines-mères,
afin d'être certain d'avoir leur adhésion,
puis je la lis tenir au jeune Thanh-Taï par
M. Millot, son interprèle. Le Vanh-Mmh
assistait à la lecture prosterné devant le roi.
M. Millot me rendit compte de cette séance
de la façon suivante : « Une fois la traduc-
tion terminée, j'ai remis à Sa Majesté l'ori-
ginal, signé de votre main, et une copie en
coque-nguu, caractères d'écriture familiers
au roi. Après quelques instants de silence
et sous le coup d'une forte émotion. Sa Ma-
jesté m'a dit : « Veuillez dire à M. le gou-
verneur général que je suis profondément
touché des conseils affectueux qu'il a bien
voulu vous charger de me communiquer.
Mais surtout je vous serais bien reconnais-
sant d'assurer M. le gouverneur général que
toutes ces fautes ont été commises par inex-
périence et que si j'avais reçu plus tôt de sem-
blables conseils,je ne meserais pasengagési
loin - dans cette fâcheuse voie. Jepromets a M.
Q,1W\f. f!eT?nstï-
écarterai jamais plus. »
Les remontrances contenues dans la let-
tre que M. Millot venait de traduire au jeu-
ne roi étaient nettes et sévères. J'avais eu
soin de rappeler les inconvenances commi-
ses par le jeune Thanh-Taï à l'égard du ré-
sident supérieur le jour de la cérémonie
publique du Tôt et pendant les fêtes de son
anniversaire.
***
lia pêehe dans le lae de ÔizePte
De M. GRÉsiLLON dans la Tunisie Fran-
ca ise :
Le lac de Bizerte constituait autrefois
avant les travaux une bonne affaire de
pêche.
Depuis que la Marine s'y est installée, les
frais d'entretien et d'exploitation n'ont ja-
mais été inférieurs au produit de la pêche,
et la Compagnie concessionnaire avait le
droit de fermer hermétiquement le goulet,
pourvu qu'elle laissât passer les navires de
l'Etat. Maintenant que ce droit est suppri-
mé, on peut se demander avec inquiétude si
l'Administration n'incite pas les personnes
qui ignorent cette situation et qu'elle a con-
voquées à soumissionner, à engager des
capitaux dans une affaire qui, étant donné
les clauses et conditions léonines du cahier
des charges, apparaît encore plus aléatoire
que les entreprises similaires qui ont échoué.
La pêche dans le lac de Bizerte est incom-
patible avec les exigences de la Marine qui
a le devoir de ne rien tolérer qui puisse
l'entraver, c'est pourquoi nous estimons que
l'administration manque de prévoyance en
l'amodiant dans ces conditions et qu'il eût
mieux valu qu'elle maintîut l'interdiction
grâce à laquelle aucune barque ne pouvait
pénétrer dans le lac et s'approcher de l'Ar-
senal. Si le poisson est encore aussi abon-
dant à Bizerte qu'il l'était autrefois, les pê-
cheurs libres pourront en capturer davan-
tage en mer et contribuer par l'apport de
leurs prises sur les marchés à la diminution
du prix du poisson.
*
En Côte clivoire
Dans la Revue des questions diplomati-
ques et coloniales, M. GENGHIS donne de
précieuses indications aux explorateurs
sur la composition de la pacotille dont ils
doivent se munir.
La pacotille, dont j'ai parlé plus haut, au
sujet du règlement des divers palabres sou-
levés par un boy mal dressé, est destinée à
un tout autre usage ; grâce à elle, on peut se
procurer, dans les villages, les vivres dont
ils disposent : poulets, œufs et fruits divers
quelquefois du lait, et, pour les porteurs,
riz, manioc, ignames ; elle sert aussi à ré-
tribuer les menus services que l'on est quel-
quefois obligé de demander aux habitants
et dont le principal, pour le voyageur sans
matériel de campement, est, aux etapes, de
se faire donner un abri. Dans tout le Séné-
gal, dans la plus grande partie de la Guinée
française et du Soudan, la pacotille est de-
venue inutile ; toutes transactions s'y font
maintenant, en espèce, pièces de 5 francs et
monnaie divisionnaire. Il n en est pas de
même dans la plus grande partie de fa Côte
d'Ivoire. Celle que j'avais emportée, à l'oc-
casion de ce petit voyage, faisait à peine
tf. (la charge est 28
-it a "14 as dg
ce tabac est importé dans nos colonies, viâ
Liverpool, Anvers ou Hambourg, une faible
quantité l'est par nos ports) ; de quelques
douzaines de pipes en terre (provenance al-
lemande) ; d'autant de boîtes d'allumettes,
dites Suédoises (provenance allemande et
anglaise,) ; de cinq ou six bouteilles de gin
(provenance allemande et hollandaise) ; de
3 ou 4 kilos de perles el de verroteries (pro-
venance allemande et autrichienne) ; de
quelques douzaines de mouchoirs de coton
imprimé et de 40 à 50 mètres de tissus for-
tement coloriés (le tout de Manchester). Le
tissu, d'une largeur de 80 centimètres à un
mètre, que l'on déchire par pagnes, c'est-à-
dire Dar morceaux d'une longueur de 2 à
2 m. 50, est avec le gin, réservé auxperson- ,
nagesimportants, tels que rois, chef de vil-,
lage et griots. :' -
#*#
Opinions en cinq lignes.
Un collaborateur occasionnel du
Matin, s'emparant des informations qui
ont paru dans tous les journaux depuis
un mois sur la situation à la frontière
algéro-marocaine, prévoit des troubles
et prêche la guerre.
M. HENRI FROIDEVAUX retrace,
dans les Questions Diplomatiques et
Coloniales, l'histoire de la colonisation
en Algérie jusqu'en 1839.
Dans la Dépêche Coloniale, M. ROTU-
REAU-LAUNAY apprécie très élogieuse-
ment l'œuvre de M. Gamon, conseiller
à la Cour d'appel de Madagascar, qui a
entrepris la publication d'un Code an-
noté de la législation de Madagascar et
dépendances.
La Petite République résume - la
question de l'hostilité des indigènes du
Tafilelt et espère que la fermeté de
notre attitude évitera tout incident
sérieux.
--"IV"-
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