Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-10-11
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 octobre 1906 11 octobre 1906
Description : 1906/10/11 (A7,N40). 1906/10/11 (A7,N40).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374960g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
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Les Annales Coloniales
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en première page
L'Algérie agricole et forestière
à l'Exposition de Marseille
par Henri JUMELLE
Les Dépêches de la- dernière heure.
La Revue de la Presse.
A l'Exposition Coloniale.
Petite histoire coloniale.
Mouvements diplomatiq,ue et con-
sulaire italien.
en seconde page
CHEMINS DE FER COLONIAUX
par René DELAPORTE
La Semaine Coloniale.
La Semaine Economique.
- --- - -. --
L'Algérie agricole et forestière
à l'exposition de Marseille
Non loin du pavillon à l'aspect de mos-
quée qu'a édifié à l'Exposition coloniale
de Marseille la section tunisienne,
pavillon que nous avons fait parcourir
aux lecteurs des Annales dans un pré-
cédent article, - de l'autre côté de l'al-
lée centrale, un palais d'une éclatante
blancheur attire tout de suite les re-
gards du visiteur qui vient de franchir
la grande porte de l'Exposition.
Et alors que déjà, dans les allées em-
brasées par le soleil d'août, ce visiteur
cherche où il pourra fuir des rayons qu'at-
ténuent trop peu les rares branchages
d'arbres trop jeunes, c'est une agréable
surprise d'entrevoir dans la cour bordée
de colonnettes qui forme le milieu de la
façade, une vasque aux eaux jaillissan-
tes.
D'autre part, à gauche, un minaret à
à deux étages se dresse dépassant la
coupole centrale. Aux portes des deux
ailes latérales, des spahis, dans leurs
fauteuils, bâillent ou sommeillent.
C'est le pavillon principal de la sec-
tion algérienne.
Les produits y sont exposés dans un
ordre qui prouve, une fois de plus, que
bien souvent les classifications les plus
simples sont les meilleures. Chaque salle
est un chapitre de l'histoire agricole et
industrielle de l'Algérie.
La première est la salle des céréales,
et ainsi se trouve immédiatement rap-
pelée l'importance qu'ont ces céréales
dans le commerce extérieur de la colo-
nie :
,En 1904, il était exporté 99.275.200
kilos de blé, 46.657.700 kilos d'avoine
et 39.936.400 kilos d'orge.
Sur ce total, plus de la moitié pro-
vient du département d'Oran, qui est es-
sentiellement agricole, et dont la pro-
duction en grains étuit en 1905,de 1.673.
800.000 kilogs.
,.-.. - -
La région de bidi bel Abbés, en parti-
culier, est réputée pour le soin qu'elle
apporte à la culture de ces céréales et le
syndicat agricole de celte région s'est
efforcé avec succès de soutenir sa vieille
réputation à l'Exposition de Marseille.
Les blés exposés sont des blés durs et
des blés tendres,les premiers,comme on
sait, étant surtout obtenus par les indigè-
nes et les seconds, au contraire, surtout
récoltés nar les colons.
J. --
En 1904, par exemple, dans tout le
département d'Oran, les cultures euro-
péennes correspondaient à 107.750 hec-
tares de blés tendres et 50.750 hectares
de blés durs, et inversement les cultu-
res indigènes correspondaient à 50.750
hectares de blés tendres et 116.660 hec-
tares de blés durs.
L'Algérie n'a, d'ailleurs, nullement
à regretter que son climat et son sol se
prêtent tout particulièrement à la cul-
ture des blés durs puisque ces blés se
vendent à peu près aux mômes prix que
les variétés tendres et que leur écoule-
ment se trouve largement assuré pour
la fabrication des semoules et des pâtes
alimentaires.
Des spécimens de ces pâtes envoyés
par divers comices agricoles,témoignent
en passant que toute la récolte n'est pas
destinée à l'exportation et qu'une par-
tie sert aujourd'hui à alimenter quel-
ques usines, qui se sont installées no-
tamment à Oran, à Saïda, à Bel-Abbès
et à Mascara.
A côté des blés sont des avoines et des
orges. L'avoine est surtout une culture
européenne. L'orge, au contraire, est
plutôt cultivée par les indigènes qui le
font entrer dans leur consommation, li-
vrant le resteal'exportation. On n'ignore
pas que la grande région d'importation
de cette orge d'Algérie est le nord de la
France; où le grain est apprécié pour la
fabrication de la bière ; on sait moins
que depuis 1903 une brasserie a été
créée à Oran-Karguentah par la Société
anonyme algérienne, qui espère être
bientôt en mesure de fabriquer toute la
bière nécessaire pour la consommation
locale: elle en préparerait annuellement
dans un avenir prochain, 15.000 hectoli-
tres. Les orges employées sont les orges
du pays maltées en France.
De la salle des céréales nous passons
à la salle de Volivier.
Et, en effet, si l'olivier, en Algérie
comme en Tunisie, n'a peut-être pas
aujourd'hui le rôle qu'il avait sous la
domination romaine, son importance
n'en reste pas moins suffisante pour jus-
tifier qu une place.à part lui soit résec-
vée parmi les produits algériens.
Divers syndicats ou comices, dont les
grains figurent déjà dans la salle précé-
dente, présentent également ici au pu-
blic des huiles d'olives et des conserves.
Citons le Syndicat des colons d'Akboui,
le Syndicat agricole de Tlemcen, celui
de Sidi bel Abbès, celui de Gùelma.
Sur les murs de cette salle, comme
dans la précédente pour les céréales,
des graphiques et une carte indiquent
l'importance et la répartition des cul-
tures
On y voit que la zone algérienne de
l'olivier est assez étendue, car elle ne
comprend pas seulement toute la par-
tie littorale,mais s'étend vers l'intérieur,
jusqu'aux régions où l'altitude est infé-
rieure à 700 ou 800 mètres.
Dans le département d'Oran, l'olivier
réussit dans toutes les plaines et les
vallées depuis la mer jusqu'à la limite
des steppes. Tlemcen, Saint-Denis-du-
Sig, Mostaganem possèdent de. nom-
breuses olivettes.
Dans le département de Constantine, 1
ce sont les alluvions des vallées qui
sont surtout occupées par les oliviers,
abondants dans l'arrondissement de
Bougie, puis de Phillippeville àEl-Kan-
lal'a,à Jemmapes, ainsi qu'à Guelma, etc.
Dans le département d'Alger, le grand
centre de culture bien connu est la Ka-
bylie.
Sur toute cette large étendue, les va-
riétés exploitées sont nombreuses. Les
principales sont le chemlnl, le limli,
l'azeradj, etc.
En 1905, les exploitations d'huiles
d'olive algériennes ont été de 6.281.200
kilos, soit approximativement 68.500
hectolitres, sur une production qui est
d'environ 500.000 hectolitres.
A ce commerce, l'Algérie pourrait
tout comme la Tunisie, adjoindre celui
des conserves, qui est malheureuse-
ment à l'heure actuelle aussi peu déve-
loppé que dans la Régence.
Certaines variétés, telles que l'azeradj,
conviendraient parfaitement.
Après la salle de l'olivier, voici la
mile des vins, qui, très longue, est di-
visée en trois com partiments affectés
respectivement à chaque département.
La province d'Oran est représentée
par les Sociétés d'Agriculture ou les
Syndicats agricoles d'Oran, de Tlemcen,
de Sidi bel Abès, de Mascara, de Tiaret
et de nombreux exposants particuliers.
La province d'Alger comprend les ex-
positions des comices agricoles de Mé-
déah, de Boufarik, du Sahel, de Tizi.
Ouzou, de Marengo, de la Coopérative
vinicole de Mouzaïaville, du Syndicat
central des propriétaires viticulteurs al-
gériens, etc. Enfin, dans le comparti-
ment de Constantine, sont les exposi-
tions des comices de Bougie, Bône, Guel-
ma, Philippevillc, du Syndicat agricole
de Jemmapes, etc.
Vins ronges, vins blancs, vins de li-
queur, mistelles, eaux-de-vie consti-
tuent les divers spécimens envoyés de
tous les points de la Colonie où sont lo-
calisés les vignobles.
La surface de 170.029 hectares que
couvrait en 1905 la culture de la vigne
en Algérie, est surtout répartie dans les
trois départements sur le littoral, autour
des grands ports. Quelques vignobles
seulement sont disséminés à l'intérieur,
par petits groupes.
Il faut bien redire ce qui n'est que
trop connu, que le phylloxéra, qui n'est
apparu en Tunisie qu'en ces derniers
mois, exerce depuis 1885 ses ravages
en Algérie.
En 1905 les surfaces indemnes élaient
seulement : 30.683 hectares (sur 87.330
au total) dans le département d'Oran ;
6.518 (sur 15.406) dans le département
de Constantine ; et les 67.293 hectares
du département d'Alger, qui seul, jus-
qu'alors, a échappé au fléau.
Les difficultés de la lutte ne permet-
tent pas, hélas, d'assurer que le mal ne
continuera pas à s'étendre ; et ce n'est
qu'en se défendant avec opiniàtreté que
la Colonie parvient à maintenir le chif-
fre de ses exportations, qui étaient, en
1904 de 5.434.869 hectolitres de vin en
futailles (dont 5.403.038 pour laFrance,
où le principal port d'importation est
Rouen). La valeur totale représentait
95.110.000 francs.
11 a été exporté en même temps 229
hectolitres de vins en bouteilles et 1.805
hectolitres de vins de liqueur en fu-
tailles.
Les expéditions de mistelles, c'est-à-
dire de moûts dont la fermentation a
été empêchée par l'addition d'alcool,
ont été de 112.273 hectolitres dont
109.766 pour la France.
Terminant la galerie où se succèdent
les salles précédentes, une dernière salle
de mêmes dimensions, à peu près, que
celle de l'olivier, est réservée aux ta-
bacs. La manufacture de l'Etat y pré-
sente les produits dont elle s'approvi-
sionne dans la Colonie ; les grandes ma-
nu factures algériennes exposent leurs
marques ; les colons producteurs ont
envoyé des échantillons de feuilles.
Les variétés les plus cultivées sont
des hybridés de types à feuilles larges et
de types à feuilles étroites ; celles qui
tendent de plus en plus à prédominer
étant les variétés à feuilles étroites.
Les tabacs jaunes cultivés étaient origi-
naires duLevant; aujourd'hui,ce seraient
surtout des descendants transformés
des sortes du -Paraguay et d-a--Palfttimt.-t.-
Il est regrettable que ces tabacs ne
puissent entrer qu'en faible quantité
dans la composition des cigares, enrai-
sonde leur goût. Ils sont donc surtout
employés en mélange avec les sortes
étrangères, pour la fabrication des ciga-
rettes et des tabacs.
Les exportations en 1904 ont été de
3.400.000 kilos de feuilles, presque to-
talement expédiées en France, de 36.123
centaines de cigares et de 317.700 kilos
de cigarettes.
Tournant maintenant à droite, nous
traversons la salle de l'élevage,parallèle
à la façade, et où se trouvent, en outre
des peaux et des laines, quelques légu-
mes, ainsi que divers échantillons d'in-
dustries diverses tels que les essences à
parfums. C'est l'occasion de se souve-
nir que, bien que la cherté de la main-
d'œuvre n'ait pas permis de donner en
Algérie, à la culture des plantes à par-
fum, le développement que favoriserait
pourtant le climat, il est une plante qui
néanmoins est cultivée sur une assez
grande échelle, c'est le géranium.
Cette culture est principalement faite
dans le Sahel depuis Matifou jusqu'à
Cherchell et dans les plaines basses du
DERNIÈRE HEURE
Un emprunt pour le Congo
français.
M. Gentil, commissaire général au
Congo, arrivera à Bordeaux le 11 de ce
mois ; il est porteur d'un projet d'em-
prunt de 75 millions qu'il vient défendre.
*
lia fission JVIolt.
Les dernières nouvelles de la mission
Moll permettent d'espérer que le com-
mandant Moll aura terminé ses travaux
à la fin de cette année.
Il résulte d'une lettre privée du com-
mandant Moll, que cet officier était, le 10
août dernier, en bonne santé, à Léré.
*
Lia propagande antifrançaise
des Allemands en Algérrie.
Depuis quelque temps, l'agitation in-
discutable que l'on remarque dans le
monde musulman préoccupait les auto-
rités algériennes qui recherchaient quelle
pouvait en être l'origine. On a ainsi re-
levé les indices de toute une organisa-
tion de propagande antifrançaise parmi
les indigènes, qui a des ramifications
nombreuses avec le Maroc ; elle est pla-
cée sous la directiond'un agent allemand,
dont le nom est bien connu. Un des
émissaires envoyés par ce dernier dans
la région de Mascara, un nommé César
Otto Albajar, avait été signalé depuis
quelque temps au parquet ; on l'a arrêté
à Constantine, sous 1 inculpation d'es-
pionnage.
I
Lies réformes en Chine.
Le gouvernement chinois va transfor-
mer en ambassades ses légations de Pa-
ris, Londres, Tokio, Saint-Pétersbourg,
Washington et Berlin.
La cour aurait l'intention d'envoyer à
nouveau des princes ou des hauts man-
darins en mission à l'étranger.
A Pékin, onze ministères seront bien-
tôt créés. Le ministère de la police va
être transformé en ministère de l'inté-
rieur. De nombreux mandarins de Pékin
s'opposent très vivement à ces change-
monts.
#..
Mouvement diplomatique
et eonsulaire italien.
Le 4 octobre, a paru l'important mou-
vement attendu dans le personnel diplo-
matique et consulaire italien. Nous no-
tons les changements intéressants au
point de vue colonial. Parmi les agents
qui se retirent, citons M. Macchiavelli,
qui fut consul général à Tunis. de 1889 à
1899, puis à Alger; depuis 1904 il était en
disponibilité. M. BranGhi, consul gé-
néral à New-York, qui s'était distingué
notamment;, en qualité de commissaire
royal à Assab (mission près du Négus,
en 1883) et à Zanzibar.
M. Malmusi, de la Conférence d'Algé-
risas, est nommé consul général au
Caire, avec le titre de Ministre plénipo-
tentiaire. Il est très estimé comme con-
naisseur du monde arabe, et représentait
l'Italie, au Maroc depuis 1895. M.Medana,
consul à Tripoli depuis 1902, est nommé
ministre à Téhéran, où l'Italie se préoc-
cupe d'agrandir sa situation. M. Neraz-
zini, ancien médecin de marine, que sa
compétence dans les choses d'Afrique,
fit designer pour d'importantes missions,
notamment, en 1896, dans les négocia-
tions de paix avec Ménélick ; nommé, en
récompense, consul général, il occupait
depuis 1901 le poste de Sanghaï ; il est
envoyé à Tanger. Au Tripoli est désigné
M. Pestalozza, africanisant très connu,
et qui rendit d'importants services en
Somali, étant en même temps consul
général à Zanzibar.Cette double fonction,
en dernier lieu exercée par M. Mercatelli
(qui est nommé consul général à Calcutta)
est confiée au marquis Salvago-Raggi,
qui était consul général au Caire ; il était
à Pékin lors du siège des légations.
Comme le gouverneur de l'Ervt.hl'ée. M.
Martini a demande récemment son rap-
pel, tout l'empire colonial italien se trouve
en de nouvelles mains.
On loue beaucoup, dans le nouveau
mouvement, le souci, nouveau, assure-t-
on, de se préoccuper plus de la compé-
tence des hommes, que de leurs grades
ou de leur ancienneté dans la carrière.
J. R.
**.
Petite histoire coloniale.
On'en a écrit sur tous les tons et de toutes
les couleurs, mais la suivante, absolument
véridique, nous revient en mémoire :
C'est à propos d'un archipel français
d'Océanie, bien oublié: Les Iles Wallis,
que tant de Français ignorent. Un adminis-
trateur,marié et père de famille, y était ou-
blié, sans moyen de communication non
seulement avec laMétropole, mais avec la
Nouvelle-Calédonie dont relève l'archipel.
Vient à passer un bateau., il en profita,
se rendit auprès de son gouverneur qui
l'accueillit plulôt fraîchement et quelque
peu étonné,le traitant presque d'imposteur.
Suffisamment édifié et se remettant de sa
méprise, le susdit gouverneur, décédé au-
jourd'hui, se ravisa et parut surpris de n'a-
voir pas reçu régulièrement les rapports
mensuels du pauvre administrateur.Ce der-
nier s'en expliqua et répondit que,pl'ofitant
d'une occasion, il apportait ses quatorze
derniers rapports. Inutile d'ajouter : tête
du Gouverneur 1
Le fait prouve suffisamment l'intérêt que
l'Etat porte à nos pauvres archipels dé-
laissés de l'Océanie française. et ajou-
tons qu'il se passe de commentaires.
.*
Al'exposition coloniale.
Chacun sait que M. Paul Vivien, l'actif et
dévoué président du Syndicat de la Presse
coloniale, n'a que des idées excellentes et
réussit toujours ce qu'il entreprend. S'il
était besoin d'une preuve à l'appui de cette
assertion, l'exposition coloniale du grand
Palais la fournirait. M. Paul Vivien a donc
pris l'initiative de réunir, le mardi, en un
déjeuner amical, « les coloniaux » et tous se
sont rendus à son appel. Pouvait-on d'ail-
leurs un cadre plus exquis et mieux appro-
prié que celui de la coquette, riante et pim-
pante exposition du Grand Palais ? Aussi
une centaine de convives assistent-ils à
chacun de ces déjeuners du mardi, où. mi-
racle dû à l'ingéniosité de M. Vivien, on
trouve, pour un prix modique, de quoi con-
tenter les plus difficiles : cuisineexcellente
et plaisirs de l'oreille et des yeux, solo de
flûte par M. Fontbonne, danses cinghalai-
ses et même tours de prestidigitateur, pen-
dant qu'une accorte et authentique Nor-
mande vous verse de larges rasades d'une
vieille eau-de-vie de Calvados où que la mai-
son du chocolat Peter distribue des éven-
tails et des échantillons qui font le régal
des gourmets.
Parmi les habitués de ces déjeuners, nous
citerons au hasard de nos souvenirs, ou-
tre M. Paul Vivien et le si sympathique tré-
sorier du syndicat de la Presse coloniale M.
Berneton, MM. François Deloncle. Marcel
Ruedel, le baron de Cuers, Jean Iless, le
lieutenant-colonel Monteil, Drouhet, maire
do Cholon, C. Fidel, Octave Depoin, Le
Boucher, etc.
M. DESCAMPS.
LES COLONIES ET LA PRESSE
Guerre à l'opium.
Dans le Matin, M. JEAN AJALBERT atta-
que le gouvernement général de l'Indo-
Chine qui favorise l'importation de
l'opium.
Alors reste la France, seule, pour persé-
vérer dans la voie honteuse. Car nous n'igno-
rons pas la puissance terrible de la noire
divinité qui asservit et dégrade l'individu,
anéantit et ruine la race. Naguère, à Tou-
lon, dans d'autres ports de guerre, la police
découvrait d'innombrables fumeries clan-
destines.
Ici, on pourchasse comme un malfaiteur
le pauvre bougre qui aménage un apparte-
ment et prépare des pipes Jlux coloniaux
qui ne peuvent plus se passer de tirer sur le
bambou.
La-bas, on pousse a la consommation. Et
[es notes les meilleures sont données aux
administrateurs dont la province s'intoxi-
que davantage. Et cela se conçoit. On n'est
pas parvenu tout de suite aux magnifiques
résultats d'aujourd'hui. Prenez l'extraordi-
naire brochure des douanes et régies. Vous
y lirez qu' « en 1861, lorsque la Cochinchine
devint possession française, Vopium y était
peu en usage et qu'il n'y avait aucune manu-
facture ». Ah 1 le progrès 3 marché, et nos
sujets ou protégés ne peuvent douter de
notre esprit d'initiative quand ils contem-
plent la Bouillerie modèle de Saigon. -
Et n'est-il pas curieux d'apprendre que
dans l'Inde anglaise, où se récoltent les trois
quarts de l'opium qui se fume en Extrême-
Orient, il ne s'en consomme pas !
D'ailleurs, c'était le crève-cœur de nos
gouverneurs d'avoir à s'approvisionner de
matière première à Bénarès ou au Yunnan.
Pourquoi le pavot ne pousserait-il,pas en
Indo-Chine ? Nous ne serions plus tributai-
res de l'étranger. Et l'on se précipita dans
les expériences. Au Luos, les Mêos sauvages
cultivaient le pavot cherché : papaver somni-
ferum album, vous dirait l'excellente bro-
chure. On subventionna un colon improvisé
pour étudier leurs méthodes. Coût : une
centaine de mille francs. J'arrivai au temps
de la récolte. Il était sorti en tout un pavot.
C'est que le colon s'était établi confortable-
ment dans la vallée, tandis que les Méos
opèrent sur les pentes et les crêtes ; et le
papaver somniferum album a ses habitudes
invétérées. Ceci n'est pas pour rire. J'ai vu
le pavot. Et j'ai encore vu mieux : pour gar-
der le pavot, un douanier, nommé là, à vingt
jours de la côte pour prendre en charge le
latex innomable. L'entreprise disparue, le
douanier, naturellement, est resté.
*
t-*#
ue Panislamisme et
l'Allemagne.
- -- - --
Dans 1 Aurore, de M. GEORGES MANDIÎL
à propos des incidents de Denschavi.
A la vérité, les incidents qui viennent de
se produire en Egypte ne sont que la résul-
tante de cette campagne commune. L'in-
fluence des puissances occidentales dans
l'Afrique du Nord, après avoir été minée
pendant des années, se trouve maintenant
considérablement diminuée, et est à la merci
d'une insurrection désormais inévitable au
jour d'une conflagration européenne. Il y a
là, pour nous, un danger dont il est impos-
sible de se dissimuler le caractère d'extrême
gravite. Toutefois, sachons, au moins, pro-
fiter de \',e que l imprudente maiaciresse
d'adversaires trop pressés a éveillé notre
attention, pour aviser quand il en est encore
temps. L'Angleterre, elle, a déjà fait ren-
forcer son corps d'occupation en Egypte, et
lord Cromer, avec la pleine approbation de
sir Edward Grey et de tout le ministère, a
pris des mesures de la dernière énergie.
Cet exemple ne nous laissera certainement
pas indifférents. Il aura suffi que le péril
soit connu pour être conjuré.
*%t#
lia fiavafte sous le général
Wood.
Dans l'Eclair, de M. J. ARREN : On doit
reconnaître que pendant les deux ans et
demi qu'il passa a la Havane, le général
Wood sut faire exécuter ce beau programme.
Le plus pressé était naturellement le soin
de la santé publique compromise, nous
l'avons vu, par l'effroyable saleté qui régnait
dans les villes. Le général Wood, comme
médecin, était tout préparé à cette tâche.
On forma à la Havane une « armée » de six
cent soixante-trois balayeurs commandés
par trois inspecteurs et sept sous-inspec-
teurs; on leur donna un uniforme et les as-
treignit à une discipline militaire. Ils furent
divisés en équipes, la ville partagée en dis-
tricts. A chaque équipe fut attribuée un
district : dès le deuxième mois ils avaient
enlevé ?5.00U tombereaux d'ordures.
Les .rues furent arrosées toutes les nuits
avec un désinfectant spécial, l'électrozone,
fabriqué dans une usine que le génie mili-
taire fit élever ; on construisit des fours où
l'on brûla tous les objets qui avaient été
contaminés par des malades atteints de la
lièvre jaune. Un bateau disposé spéciale-
ment pour la désinfection des navires, le
Sanator. fut amené dans la rade.
Les pouvoirs étendus que possédait le
général Wood lui permirent d'aller plus
loin. Sous les ordres d'un médecin-major
de l'armée américaine, cent quatorze méde-
cins inspectèrent minutieusement toutes les
maisons de la Havane, signalant tout ce qui
présentait un danger au point de vue de la
salubrité publique: les habitants eurent
trente jours pour se mettre en règle. Le
commerce américain ne perdit rien, d'ail-
leurs, à ce nettoyage des écuries d'Augias:
on cite une maison de New-York qui, en un
jour, expédia 15.000 appareils de « tout à
régout » à la Havane:
Ces mesures énergiques eurent les plus
heureux résultats: le nombre des morts,
qui était de 1801 en janvier 1898 à la Havane,
tombait à 900 en janvier 1899 et décroissait
encore par la suite.
•
**
Dans le sud Oranais.
Dans le Journal des Débats, de M.
PAUL BLUYSEN, à propos des troubles ré-
cents :
Dans la région du Guir et du Tafilelt, ou
l'a vu, l'attitude des autorités cliérifiennes
est encore plus nettement hostile et nous
sommes fondés de reprocher au Makhzen :
1° De ne rien faire pour lutter contre
l'hostilité des Cheurfa des Tafilelt, et d'en-
courager au contraire, en les approuvant,
les décisions prises par eux à l'encontre
des tribus placées sous notre autorité ;
2° De présider à l'organisation des tenta-
.tives dirigées contre nous, telle que l'affaire
de Taghit. le rezzou d'Hassi Ouchen, le
récent rezzou que vient d'entreprendre une
première reconnaissance vers nos postes, et
les Harka qui se préparent contre nous chez
les Beraber et les Oulad Djerir dissidents et
auxquelles des Doui Menia peuvent se joindre.
3° De ne nous avoir jamais avertis, pas
plus à l'époque de l'affaire de Taghit et du
Rezzou d'Hazzi Ouchen qu'aujourd'hui, des
préparatifs belliqueux qui se font au Tafi-
lelt et que le aiaicnzen ne peut vraiment
feindre d'ignorer, puisque c est la rumeur
publique qui en apporte la nouvelle jusqu'à
nos postes. Je l'ai recueillie de toutes les
bouches et je la transmets en toute sincérité
et sans phrases au grouvernement métropo-
litain. Le gouvernement local n'a cessé de
s'en préoccuper et, de ce côté du moins, on
n'a pas de surprises à craindre.
Voilà tout ce qu'il y a derrière le rezzou
du 12 août.
*#
Rationalisme asiatique.
Dans la République française de M.
Maurice ORDINAIRE :
Il est évident qu'il y a,depuis les victoires
japonaises, quelque chose de changé en
Asie, et non pas seulement dans l'indous-
tan. Les peuples conquis par l'Europe ont
tressailli ; ils élèvent la voix et demandent
à compter pour quelque chose dans leur
propre pays. On signale, dans notre Indo-
Chine comme dans l'Inde, une sourde agi-
tation qu'il est impossible de traiter par le
mépris. C'est l'avis des gouvernements. M.
John Morley, ministre de l'Inde, est dis-
posé à donner satisfaction à quelques-uns
des désirs des Indous en leur ouvrant en-
core plus largement l'accès des fonctions
publiques, cependant que le vice-roi, lord
Minto, reprenant la vieille politique de ba-
lance, fait des avances aux musulmans, où
l'Angleterre recrute ses meilleurs soldats.
On sait que les projets de M. Beau pour
l'Indo-Chine s'inspirent des mêmes idées
que ceux de M. John Morley.
L'absolutisme colonial en Asie semble
donc battu en brèche. Il est juste de donner
à nos sujets des garanties de bonne admi-
nistration et, même si ces concessions ne
devaient pas prolonger une domination qui
ne peut être éternelle, l'Europe ne fera que
son devoir en les consentant.
#*#
Opinions en einq lignes.
L'Eclair croit savoir que c'est M.
CAILLALX, ancien ministre, vice-président'
de la Chambre des députés, qui succé-
dera à M. Beau, comme gouverneur
général de l'Indo-Chine ; d'autres feuilles
croient au succès de M. Pierre Baudin,
ancien ministre.
Dans le Journal des Débats, M.
EDOUARD PAYEN se félicite du développe-
ment des échanges entre la France et
ses colonies, sensiblement plus élevés
dans la période 1901-1905 que dans celle
de 1896 à 1900. I)'après lui, il y a excé-
dent des exportations françaises pour
l'Algérie, Madagascar, la Tunisie, l'Indo-
Chine, la Guyane et les établissements
de la côte occidentale d'Afrique et excé-
dent des importations pour Saint-Pierre
et Miquelon, l'Inde, la Réunion, la Gua-
deloupe, le Sénégal, la Nouvelle-Calédo-
nie et la Martinique.
Dans le Figaro, M. le comte BoNi
DE CASTELLANE, député des Basses-Alpes,
traite de mystification les récits de conflit
entre l'Espagne et le Vatican.
- Dans le Siècle, M. CHARLES GÉNIAUX
croit à Teuropéanisation rapide des fa-
milles musulmanes de Tunis et à l'éman-
cipation de la femme dans un avenir
prochain.
Dans le Siècle, M. J. DE LANESSAN,
ancien ministre, s'émeut de l'insuffisance
de recrutement de notre armée coloniale
qui manque même de sous-officiers en ce
moment ; il combat le rattachement des
troupes "coloniales au ministère des
colonies et croit à la nécessité de l'aug-
mentation des primes aux engagés vo-
lontaires pour les colonies.
.iif*
A la Soeiété de Géographie.
Boulevard Saint-Germain, 184.
Nous apprenons que la Société de
Géographie Commerciale va inaugurer
sa saison par une conférence de notre
collaborateur, le voyageur Eugène GAL-
LOIS,qui était cet été au Spitzberg. Il doit
parler de ce pays, le mardi 16 octobre,
au boulevard Saint-Germain et fera allu-
sion à la mission polaire Wellman dont
il a visité - l'installation là-bas, ainsi qu'à
l'échouement du paquebot-yacht Ile de
France à la Red bay. -
M. Gallois exposera aussi pendant une
huitaine de jours toute une série de des-
sins, aquarelles et photographies, par
lui exécutés, car il manie la plume et le
pinceau comme la parole. Il compte, du
reste, donner toute une suite de confé-
rences sur ses derniers voyages.
"s A/W–.
PRIX trarwe: 15 cent.
Etranger ei Colonies -' 30 cent.
JEUDI 11 OCTOBRE l\i
, -.-. - -7- -, -- '-. -
Les Annales Coloniales
! EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Toios les mandats doivent être adressés au nom
de M. Y administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
JOTT:R.ÏSr.A.I_. HEBDOMADAIRE
Paraissant tous les Jeudis
Directeur : MARCEL RUEDEL
Il -7 -- -.
Gralerie d'Orléans (PalaiSsRoyal» PARIS 1er)
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
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- Un an 6 moi:
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ETRANGER ET COLONIES 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
Lire aujourd'hui
en première page
L'Algérie agricole et forestière
à l'Exposition de Marseille
par Henri JUMELLE
Les Dépêches de la- dernière heure.
La Revue de la Presse.
A l'Exposition Coloniale.
Petite histoire coloniale.
Mouvements diplomatiq,ue et con-
sulaire italien.
en seconde page
CHEMINS DE FER COLONIAUX
par René DELAPORTE
La Semaine Coloniale.
La Semaine Economique.
- --- - -. --
L'Algérie agricole et forestière
à l'exposition de Marseille
Non loin du pavillon à l'aspect de mos-
quée qu'a édifié à l'Exposition coloniale
de Marseille la section tunisienne,
pavillon que nous avons fait parcourir
aux lecteurs des Annales dans un pré-
cédent article, - de l'autre côté de l'al-
lée centrale, un palais d'une éclatante
blancheur attire tout de suite les re-
gards du visiteur qui vient de franchir
la grande porte de l'Exposition.
Et alors que déjà, dans les allées em-
brasées par le soleil d'août, ce visiteur
cherche où il pourra fuir des rayons qu'at-
ténuent trop peu les rares branchages
d'arbres trop jeunes, c'est une agréable
surprise d'entrevoir dans la cour bordée
de colonnettes qui forme le milieu de la
façade, une vasque aux eaux jaillissan-
tes.
D'autre part, à gauche, un minaret à
à deux étages se dresse dépassant la
coupole centrale. Aux portes des deux
ailes latérales, des spahis, dans leurs
fauteuils, bâillent ou sommeillent.
C'est le pavillon principal de la sec-
tion algérienne.
Les produits y sont exposés dans un
ordre qui prouve, une fois de plus, que
bien souvent les classifications les plus
simples sont les meilleures. Chaque salle
est un chapitre de l'histoire agricole et
industrielle de l'Algérie.
La première est la salle des céréales,
et ainsi se trouve immédiatement rap-
pelée l'importance qu'ont ces céréales
dans le commerce extérieur de la colo-
nie :
,En 1904, il était exporté 99.275.200
kilos de blé, 46.657.700 kilos d'avoine
et 39.936.400 kilos d'orge.
Sur ce total, plus de la moitié pro-
vient du département d'Oran, qui est es-
sentiellement agricole, et dont la pro-
duction en grains étuit en 1905,de 1.673.
800.000 kilogs.
,.-.. - -
La région de bidi bel Abbés, en parti-
culier, est réputée pour le soin qu'elle
apporte à la culture de ces céréales et le
syndicat agricole de celte région s'est
efforcé avec succès de soutenir sa vieille
réputation à l'Exposition de Marseille.
Les blés exposés sont des blés durs et
des blés tendres,les premiers,comme on
sait, étant surtout obtenus par les indigè-
nes et les seconds, au contraire, surtout
récoltés nar les colons.
J. --
En 1904, par exemple, dans tout le
département d'Oran, les cultures euro-
péennes correspondaient à 107.750 hec-
tares de blés tendres et 50.750 hectares
de blés durs, et inversement les cultu-
res indigènes correspondaient à 50.750
hectares de blés tendres et 116.660 hec-
tares de blés durs.
L'Algérie n'a, d'ailleurs, nullement
à regretter que son climat et son sol se
prêtent tout particulièrement à la cul-
ture des blés durs puisque ces blés se
vendent à peu près aux mômes prix que
les variétés tendres et que leur écoule-
ment se trouve largement assuré pour
la fabrication des semoules et des pâtes
alimentaires.
Des spécimens de ces pâtes envoyés
par divers comices agricoles,témoignent
en passant que toute la récolte n'est pas
destinée à l'exportation et qu'une par-
tie sert aujourd'hui à alimenter quel-
ques usines, qui se sont installées no-
tamment à Oran, à Saïda, à Bel-Abbès
et à Mascara.
A côté des blés sont des avoines et des
orges. L'avoine est surtout une culture
européenne. L'orge, au contraire, est
plutôt cultivée par les indigènes qui le
font entrer dans leur consommation, li-
vrant le resteal'exportation. On n'ignore
pas que la grande région d'importation
de cette orge d'Algérie est le nord de la
France; où le grain est apprécié pour la
fabrication de la bière ; on sait moins
que depuis 1903 une brasserie a été
créée à Oran-Karguentah par la Société
anonyme algérienne, qui espère être
bientôt en mesure de fabriquer toute la
bière nécessaire pour la consommation
locale: elle en préparerait annuellement
dans un avenir prochain, 15.000 hectoli-
tres. Les orges employées sont les orges
du pays maltées en France.
De la salle des céréales nous passons
à la salle de Volivier.
Et, en effet, si l'olivier, en Algérie
comme en Tunisie, n'a peut-être pas
aujourd'hui le rôle qu'il avait sous la
domination romaine, son importance
n'en reste pas moins suffisante pour jus-
tifier qu une place.à part lui soit résec-
vée parmi les produits algériens.
Divers syndicats ou comices, dont les
grains figurent déjà dans la salle précé-
dente, présentent également ici au pu-
blic des huiles d'olives et des conserves.
Citons le Syndicat des colons d'Akboui,
le Syndicat agricole de Tlemcen, celui
de Sidi bel Abbès, celui de Gùelma.
Sur les murs de cette salle, comme
dans la précédente pour les céréales,
des graphiques et une carte indiquent
l'importance et la répartition des cul-
tures
On y voit que la zone algérienne de
l'olivier est assez étendue, car elle ne
comprend pas seulement toute la par-
tie littorale,mais s'étend vers l'intérieur,
jusqu'aux régions où l'altitude est infé-
rieure à 700 ou 800 mètres.
Dans le département d'Oran, l'olivier
réussit dans toutes les plaines et les
vallées depuis la mer jusqu'à la limite
des steppes. Tlemcen, Saint-Denis-du-
Sig, Mostaganem possèdent de. nom-
breuses olivettes.
Dans le département de Constantine, 1
ce sont les alluvions des vallées qui
sont surtout occupées par les oliviers,
abondants dans l'arrondissement de
Bougie, puis de Phillippeville àEl-Kan-
lal'a,à Jemmapes, ainsi qu'à Guelma, etc.
Dans le département d'Alger, le grand
centre de culture bien connu est la Ka-
bylie.
Sur toute cette large étendue, les va-
riétés exploitées sont nombreuses. Les
principales sont le chemlnl, le limli,
l'azeradj, etc.
En 1905, les exploitations d'huiles
d'olive algériennes ont été de 6.281.200
kilos, soit approximativement 68.500
hectolitres, sur une production qui est
d'environ 500.000 hectolitres.
A ce commerce, l'Algérie pourrait
tout comme la Tunisie, adjoindre celui
des conserves, qui est malheureuse-
ment à l'heure actuelle aussi peu déve-
loppé que dans la Régence.
Certaines variétés, telles que l'azeradj,
conviendraient parfaitement.
Après la salle de l'olivier, voici la
mile des vins, qui, très longue, est di-
visée en trois com partiments affectés
respectivement à chaque département.
La province d'Oran est représentée
par les Sociétés d'Agriculture ou les
Syndicats agricoles d'Oran, de Tlemcen,
de Sidi bel Abès, de Mascara, de Tiaret
et de nombreux exposants particuliers.
La province d'Alger comprend les ex-
positions des comices agricoles de Mé-
déah, de Boufarik, du Sahel, de Tizi.
Ouzou, de Marengo, de la Coopérative
vinicole de Mouzaïaville, du Syndicat
central des propriétaires viticulteurs al-
gériens, etc. Enfin, dans le comparti-
ment de Constantine, sont les exposi-
tions des comices de Bougie, Bône, Guel-
ma, Philippevillc, du Syndicat agricole
de Jemmapes, etc.
Vins ronges, vins blancs, vins de li-
queur, mistelles, eaux-de-vie consti-
tuent les divers spécimens envoyés de
tous les points de la Colonie où sont lo-
calisés les vignobles.
La surface de 170.029 hectares que
couvrait en 1905 la culture de la vigne
en Algérie, est surtout répartie dans les
trois départements sur le littoral, autour
des grands ports. Quelques vignobles
seulement sont disséminés à l'intérieur,
par petits groupes.
Il faut bien redire ce qui n'est que
trop connu, que le phylloxéra, qui n'est
apparu en Tunisie qu'en ces derniers
mois, exerce depuis 1885 ses ravages
en Algérie.
En 1905 les surfaces indemnes élaient
seulement : 30.683 hectares (sur 87.330
au total) dans le département d'Oran ;
6.518 (sur 15.406) dans le département
de Constantine ; et les 67.293 hectares
du département d'Alger, qui seul, jus-
qu'alors, a échappé au fléau.
Les difficultés de la lutte ne permet-
tent pas, hélas, d'assurer que le mal ne
continuera pas à s'étendre ; et ce n'est
qu'en se défendant avec opiniàtreté que
la Colonie parvient à maintenir le chif-
fre de ses exportations, qui étaient, en
1904 de 5.434.869 hectolitres de vin en
futailles (dont 5.403.038 pour laFrance,
où le principal port d'importation est
Rouen). La valeur totale représentait
95.110.000 francs.
11 a été exporté en même temps 229
hectolitres de vins en bouteilles et 1.805
hectolitres de vins de liqueur en fu-
tailles.
Les expéditions de mistelles, c'est-à-
dire de moûts dont la fermentation a
été empêchée par l'addition d'alcool,
ont été de 112.273 hectolitres dont
109.766 pour la France.
Terminant la galerie où se succèdent
les salles précédentes, une dernière salle
de mêmes dimensions, à peu près, que
celle de l'olivier, est réservée aux ta-
bacs. La manufacture de l'Etat y pré-
sente les produits dont elle s'approvi-
sionne dans la Colonie ; les grandes ma-
nu factures algériennes exposent leurs
marques ; les colons producteurs ont
envoyé des échantillons de feuilles.
Les variétés les plus cultivées sont
des hybridés de types à feuilles larges et
de types à feuilles étroites ; celles qui
tendent de plus en plus à prédominer
étant les variétés à feuilles étroites.
Les tabacs jaunes cultivés étaient origi-
naires duLevant; aujourd'hui,ce seraient
surtout des descendants transformés
des sortes du -Paraguay et d-a--Palfttimt.-t.-
Il est regrettable que ces tabacs ne
puissent entrer qu'en faible quantité
dans la composition des cigares, enrai-
sonde leur goût. Ils sont donc surtout
employés en mélange avec les sortes
étrangères, pour la fabrication des ciga-
rettes et des tabacs.
Les exportations en 1904 ont été de
3.400.000 kilos de feuilles, presque to-
talement expédiées en France, de 36.123
centaines de cigares et de 317.700 kilos
de cigarettes.
Tournant maintenant à droite, nous
traversons la salle de l'élevage,parallèle
à la façade, et où se trouvent, en outre
des peaux et des laines, quelques légu-
mes, ainsi que divers échantillons d'in-
dustries diverses tels que les essences à
parfums. C'est l'occasion de se souve-
nir que, bien que la cherté de la main-
d'œuvre n'ait pas permis de donner en
Algérie, à la culture des plantes à par-
fum, le développement que favoriserait
pourtant le climat, il est une plante qui
néanmoins est cultivée sur une assez
grande échelle, c'est le géranium.
Cette culture est principalement faite
dans le Sahel depuis Matifou jusqu'à
Cherchell et dans les plaines basses du
DERNIÈRE HEURE
Un emprunt pour le Congo
français.
M. Gentil, commissaire général au
Congo, arrivera à Bordeaux le 11 de ce
mois ; il est porteur d'un projet d'em-
prunt de 75 millions qu'il vient défendre.
*
lia fission JVIolt.
Les dernières nouvelles de la mission
Moll permettent d'espérer que le com-
mandant Moll aura terminé ses travaux
à la fin de cette année.
Il résulte d'une lettre privée du com-
mandant Moll, que cet officier était, le 10
août dernier, en bonne santé, à Léré.
*
Lia propagande antifrançaise
des Allemands en Algérrie.
Depuis quelque temps, l'agitation in-
discutable que l'on remarque dans le
monde musulman préoccupait les auto-
rités algériennes qui recherchaient quelle
pouvait en être l'origine. On a ainsi re-
levé les indices de toute une organisa-
tion de propagande antifrançaise parmi
les indigènes, qui a des ramifications
nombreuses avec le Maroc ; elle est pla-
cée sous la directiond'un agent allemand,
dont le nom est bien connu. Un des
émissaires envoyés par ce dernier dans
la région de Mascara, un nommé César
Otto Albajar, avait été signalé depuis
quelque temps au parquet ; on l'a arrêté
à Constantine, sous 1 inculpation d'es-
pionnage.
I
Lies réformes en Chine.
Le gouvernement chinois va transfor-
mer en ambassades ses légations de Pa-
ris, Londres, Tokio, Saint-Pétersbourg,
Washington et Berlin.
La cour aurait l'intention d'envoyer à
nouveau des princes ou des hauts man-
darins en mission à l'étranger.
A Pékin, onze ministères seront bien-
tôt créés. Le ministère de la police va
être transformé en ministère de l'inté-
rieur. De nombreux mandarins de Pékin
s'opposent très vivement à ces change-
monts.
#..
Mouvement diplomatique
et eonsulaire italien.
Le 4 octobre, a paru l'important mou-
vement attendu dans le personnel diplo-
matique et consulaire italien. Nous no-
tons les changements intéressants au
point de vue colonial. Parmi les agents
qui se retirent, citons M. Macchiavelli,
qui fut consul général à Tunis. de 1889 à
1899, puis à Alger; depuis 1904 il était en
disponibilité. M. BranGhi, consul gé-
néral à New-York, qui s'était distingué
notamment;, en qualité de commissaire
royal à Assab (mission près du Négus,
en 1883) et à Zanzibar.
M. Malmusi, de la Conférence d'Algé-
risas, est nommé consul général au
Caire, avec le titre de Ministre plénipo-
tentiaire. Il est très estimé comme con-
naisseur du monde arabe, et représentait
l'Italie, au Maroc depuis 1895. M.Medana,
consul à Tripoli depuis 1902, est nommé
ministre à Téhéran, où l'Italie se préoc-
cupe d'agrandir sa situation. M. Neraz-
zini, ancien médecin de marine, que sa
compétence dans les choses d'Afrique,
fit designer pour d'importantes missions,
notamment, en 1896, dans les négocia-
tions de paix avec Ménélick ; nommé, en
récompense, consul général, il occupait
depuis 1901 le poste de Sanghaï ; il est
envoyé à Tanger. Au Tripoli est désigné
M. Pestalozza, africanisant très connu,
et qui rendit d'importants services en
Somali, étant en même temps consul
général à Zanzibar.Cette double fonction,
en dernier lieu exercée par M. Mercatelli
(qui est nommé consul général à Calcutta)
est confiée au marquis Salvago-Raggi,
qui était consul général au Caire ; il était
à Pékin lors du siège des légations.
Comme le gouverneur de l'Ervt.hl'ée. M.
Martini a demande récemment son rap-
pel, tout l'empire colonial italien se trouve
en de nouvelles mains.
On loue beaucoup, dans le nouveau
mouvement, le souci, nouveau, assure-t-
on, de se préoccuper plus de la compé-
tence des hommes, que de leurs grades
ou de leur ancienneté dans la carrière.
J. R.
**.
Petite histoire coloniale.
On'en a écrit sur tous les tons et de toutes
les couleurs, mais la suivante, absolument
véridique, nous revient en mémoire :
C'est à propos d'un archipel français
d'Océanie, bien oublié: Les Iles Wallis,
que tant de Français ignorent. Un adminis-
trateur,marié et père de famille, y était ou-
blié, sans moyen de communication non
seulement avec laMétropole, mais avec la
Nouvelle-Calédonie dont relève l'archipel.
Vient à passer un bateau., il en profita,
se rendit auprès de son gouverneur qui
l'accueillit plulôt fraîchement et quelque
peu étonné,le traitant presque d'imposteur.
Suffisamment édifié et se remettant de sa
méprise, le susdit gouverneur, décédé au-
jourd'hui, se ravisa et parut surpris de n'a-
voir pas reçu régulièrement les rapports
mensuels du pauvre administrateur.Ce der-
nier s'en expliqua et répondit que,pl'ofitant
d'une occasion, il apportait ses quatorze
derniers rapports. Inutile d'ajouter : tête
du Gouverneur 1
Le fait prouve suffisamment l'intérêt que
l'Etat porte à nos pauvres archipels dé-
laissés de l'Océanie française. et ajou-
tons qu'il se passe de commentaires.
.*
Al'exposition coloniale.
Chacun sait que M. Paul Vivien, l'actif et
dévoué président du Syndicat de la Presse
coloniale, n'a que des idées excellentes et
réussit toujours ce qu'il entreprend. S'il
était besoin d'une preuve à l'appui de cette
assertion, l'exposition coloniale du grand
Palais la fournirait. M. Paul Vivien a donc
pris l'initiative de réunir, le mardi, en un
déjeuner amical, « les coloniaux » et tous se
sont rendus à son appel. Pouvait-on d'ail-
leurs un cadre plus exquis et mieux appro-
prié que celui de la coquette, riante et pim-
pante exposition du Grand Palais ? Aussi
une centaine de convives assistent-ils à
chacun de ces déjeuners du mardi, où. mi-
racle dû à l'ingéniosité de M. Vivien, on
trouve, pour un prix modique, de quoi con-
tenter les plus difficiles : cuisineexcellente
et plaisirs de l'oreille et des yeux, solo de
flûte par M. Fontbonne, danses cinghalai-
ses et même tours de prestidigitateur, pen-
dant qu'une accorte et authentique Nor-
mande vous verse de larges rasades d'une
vieille eau-de-vie de Calvados où que la mai-
son du chocolat Peter distribue des éven-
tails et des échantillons qui font le régal
des gourmets.
Parmi les habitués de ces déjeuners, nous
citerons au hasard de nos souvenirs, ou-
tre M. Paul Vivien et le si sympathique tré-
sorier du syndicat de la Presse coloniale M.
Berneton, MM. François Deloncle. Marcel
Ruedel, le baron de Cuers, Jean Iless, le
lieutenant-colonel Monteil, Drouhet, maire
do Cholon, C. Fidel, Octave Depoin, Le
Boucher, etc.
M. DESCAMPS.
LES COLONIES ET LA PRESSE
Guerre à l'opium.
Dans le Matin, M. JEAN AJALBERT atta-
que le gouvernement général de l'Indo-
Chine qui favorise l'importation de
l'opium.
Alors reste la France, seule, pour persé-
vérer dans la voie honteuse. Car nous n'igno-
rons pas la puissance terrible de la noire
divinité qui asservit et dégrade l'individu,
anéantit et ruine la race. Naguère, à Tou-
lon, dans d'autres ports de guerre, la police
découvrait d'innombrables fumeries clan-
destines.
Ici, on pourchasse comme un malfaiteur
le pauvre bougre qui aménage un apparte-
ment et prépare des pipes Jlux coloniaux
qui ne peuvent plus se passer de tirer sur le
bambou.
La-bas, on pousse a la consommation. Et
[es notes les meilleures sont données aux
administrateurs dont la province s'intoxi-
que davantage. Et cela se conçoit. On n'est
pas parvenu tout de suite aux magnifiques
résultats d'aujourd'hui. Prenez l'extraordi-
naire brochure des douanes et régies. Vous
y lirez qu' « en 1861, lorsque la Cochinchine
devint possession française, Vopium y était
peu en usage et qu'il n'y avait aucune manu-
facture ». Ah 1 le progrès 3 marché, et nos
sujets ou protégés ne peuvent douter de
notre esprit d'initiative quand ils contem-
plent la Bouillerie modèle de Saigon. -
Et n'est-il pas curieux d'apprendre que
dans l'Inde anglaise, où se récoltent les trois
quarts de l'opium qui se fume en Extrême-
Orient, il ne s'en consomme pas !
D'ailleurs, c'était le crève-cœur de nos
gouverneurs d'avoir à s'approvisionner de
matière première à Bénarès ou au Yunnan.
Pourquoi le pavot ne pousserait-il,pas en
Indo-Chine ? Nous ne serions plus tributai-
res de l'étranger. Et l'on se précipita dans
les expériences. Au Luos, les Mêos sauvages
cultivaient le pavot cherché : papaver somni-
ferum album, vous dirait l'excellente bro-
chure. On subventionna un colon improvisé
pour étudier leurs méthodes. Coût : une
centaine de mille francs. J'arrivai au temps
de la récolte. Il était sorti en tout un pavot.
C'est que le colon s'était établi confortable-
ment dans la vallée, tandis que les Méos
opèrent sur les pentes et les crêtes ; et le
papaver somniferum album a ses habitudes
invétérées. Ceci n'est pas pour rire. J'ai vu
le pavot. Et j'ai encore vu mieux : pour gar-
der le pavot, un douanier, nommé là, à vingt
jours de la côte pour prendre en charge le
latex innomable. L'entreprise disparue, le
douanier, naturellement, est resté.
*
t-*#
ue Panislamisme et
l'Allemagne.
- -- - --
Dans 1 Aurore, de M. GEORGES MANDIÎL
à propos des incidents de Denschavi.
A la vérité, les incidents qui viennent de
se produire en Egypte ne sont que la résul-
tante de cette campagne commune. L'in-
fluence des puissances occidentales dans
l'Afrique du Nord, après avoir été minée
pendant des années, se trouve maintenant
considérablement diminuée, et est à la merci
d'une insurrection désormais inévitable au
jour d'une conflagration européenne. Il y a
là, pour nous, un danger dont il est impos-
sible de se dissimuler le caractère d'extrême
gravite. Toutefois, sachons, au moins, pro-
fiter de \',e que l imprudente maiaciresse
d'adversaires trop pressés a éveillé notre
attention, pour aviser quand il en est encore
temps. L'Angleterre, elle, a déjà fait ren-
forcer son corps d'occupation en Egypte, et
lord Cromer, avec la pleine approbation de
sir Edward Grey et de tout le ministère, a
pris des mesures de la dernière énergie.
Cet exemple ne nous laissera certainement
pas indifférents. Il aura suffi que le péril
soit connu pour être conjuré.
*%t#
lia fiavafte sous le général
Wood.
Dans l'Eclair, de M. J. ARREN : On doit
reconnaître que pendant les deux ans et
demi qu'il passa a la Havane, le général
Wood sut faire exécuter ce beau programme.
Le plus pressé était naturellement le soin
de la santé publique compromise, nous
l'avons vu, par l'effroyable saleté qui régnait
dans les villes. Le général Wood, comme
médecin, était tout préparé à cette tâche.
On forma à la Havane une « armée » de six
cent soixante-trois balayeurs commandés
par trois inspecteurs et sept sous-inspec-
teurs; on leur donna un uniforme et les as-
treignit à une discipline militaire. Ils furent
divisés en équipes, la ville partagée en dis-
tricts. A chaque équipe fut attribuée un
district : dès le deuxième mois ils avaient
enlevé ?5.00U tombereaux d'ordures.
Les .rues furent arrosées toutes les nuits
avec un désinfectant spécial, l'électrozone,
fabriqué dans une usine que le génie mili-
taire fit élever ; on construisit des fours où
l'on brûla tous les objets qui avaient été
contaminés par des malades atteints de la
lièvre jaune. Un bateau disposé spéciale-
ment pour la désinfection des navires, le
Sanator. fut amené dans la rade.
Les pouvoirs étendus que possédait le
général Wood lui permirent d'aller plus
loin. Sous les ordres d'un médecin-major
de l'armée américaine, cent quatorze méde-
cins inspectèrent minutieusement toutes les
maisons de la Havane, signalant tout ce qui
présentait un danger au point de vue de la
salubrité publique: les habitants eurent
trente jours pour se mettre en règle. Le
commerce américain ne perdit rien, d'ail-
leurs, à ce nettoyage des écuries d'Augias:
on cite une maison de New-York qui, en un
jour, expédia 15.000 appareils de « tout à
régout » à la Havane:
Ces mesures énergiques eurent les plus
heureux résultats: le nombre des morts,
qui était de 1801 en janvier 1898 à la Havane,
tombait à 900 en janvier 1899 et décroissait
encore par la suite.
•
**
Dans le sud Oranais.
Dans le Journal des Débats, de M.
PAUL BLUYSEN, à propos des troubles ré-
cents :
Dans la région du Guir et du Tafilelt, ou
l'a vu, l'attitude des autorités cliérifiennes
est encore plus nettement hostile et nous
sommes fondés de reprocher au Makhzen :
1° De ne rien faire pour lutter contre
l'hostilité des Cheurfa des Tafilelt, et d'en-
courager au contraire, en les approuvant,
les décisions prises par eux à l'encontre
des tribus placées sous notre autorité ;
2° De présider à l'organisation des tenta-
.tives dirigées contre nous, telle que l'affaire
de Taghit. le rezzou d'Hassi Ouchen, le
récent rezzou que vient d'entreprendre une
première reconnaissance vers nos postes, et
les Harka qui se préparent contre nous chez
les Beraber et les Oulad Djerir dissidents et
auxquelles des Doui Menia peuvent se joindre.
3° De ne nous avoir jamais avertis, pas
plus à l'époque de l'affaire de Taghit et du
Rezzou d'Hazzi Ouchen qu'aujourd'hui, des
préparatifs belliqueux qui se font au Tafi-
lelt et que le aiaicnzen ne peut vraiment
feindre d'ignorer, puisque c est la rumeur
publique qui en apporte la nouvelle jusqu'à
nos postes. Je l'ai recueillie de toutes les
bouches et je la transmets en toute sincérité
et sans phrases au grouvernement métropo-
litain. Le gouvernement local n'a cessé de
s'en préoccuper et, de ce côté du moins, on
n'a pas de surprises à craindre.
Voilà tout ce qu'il y a derrière le rezzou
du 12 août.
*#
Rationalisme asiatique.
Dans la République française de M.
Maurice ORDINAIRE :
Il est évident qu'il y a,depuis les victoires
japonaises, quelque chose de changé en
Asie, et non pas seulement dans l'indous-
tan. Les peuples conquis par l'Europe ont
tressailli ; ils élèvent la voix et demandent
à compter pour quelque chose dans leur
propre pays. On signale, dans notre Indo-
Chine comme dans l'Inde, une sourde agi-
tation qu'il est impossible de traiter par le
mépris. C'est l'avis des gouvernements. M.
John Morley, ministre de l'Inde, est dis-
posé à donner satisfaction à quelques-uns
des désirs des Indous en leur ouvrant en-
core plus largement l'accès des fonctions
publiques, cependant que le vice-roi, lord
Minto, reprenant la vieille politique de ba-
lance, fait des avances aux musulmans, où
l'Angleterre recrute ses meilleurs soldats.
On sait que les projets de M. Beau pour
l'Indo-Chine s'inspirent des mêmes idées
que ceux de M. John Morley.
L'absolutisme colonial en Asie semble
donc battu en brèche. Il est juste de donner
à nos sujets des garanties de bonne admi-
nistration et, même si ces concessions ne
devaient pas prolonger une domination qui
ne peut être éternelle, l'Europe ne fera que
son devoir en les consentant.
#*#
Opinions en einq lignes.
L'Eclair croit savoir que c'est M.
CAILLALX, ancien ministre, vice-président'
de la Chambre des députés, qui succé-
dera à M. Beau, comme gouverneur
général de l'Indo-Chine ; d'autres feuilles
croient au succès de M. Pierre Baudin,
ancien ministre.
Dans le Journal des Débats, M.
EDOUARD PAYEN se félicite du développe-
ment des échanges entre la France et
ses colonies, sensiblement plus élevés
dans la période 1901-1905 que dans celle
de 1896 à 1900. I)'après lui, il y a excé-
dent des exportations françaises pour
l'Algérie, Madagascar, la Tunisie, l'Indo-
Chine, la Guyane et les établissements
de la côte occidentale d'Afrique et excé-
dent des importations pour Saint-Pierre
et Miquelon, l'Inde, la Réunion, la Gua-
deloupe, le Sénégal, la Nouvelle-Calédo-
nie et la Martinique.
Dans le Figaro, M. le comte BoNi
DE CASTELLANE, député des Basses-Alpes,
traite de mystification les récits de conflit
entre l'Espagne et le Vatican.
- Dans le Siècle, M. CHARLES GÉNIAUX
croit à Teuropéanisation rapide des fa-
milles musulmanes de Tunis et à l'éman-
cipation de la femme dans un avenir
prochain.
Dans le Siècle, M. J. DE LANESSAN,
ancien ministre, s'émeut de l'insuffisance
de recrutement de notre armée coloniale
qui manque même de sous-officiers en ce
moment ; il combat le rattachement des
troupes "coloniales au ministère des
colonies et croit à la nécessité de l'aug-
mentation des primes aux engagés vo-
lontaires pour les colonies.
.iif*
A la Soeiété de Géographie.
Boulevard Saint-Germain, 184.
Nous apprenons que la Société de
Géographie Commerciale va inaugurer
sa saison par une conférence de notre
collaborateur, le voyageur Eugène GAL-
LOIS,qui était cet été au Spitzberg. Il doit
parler de ce pays, le mardi 16 octobre,
au boulevard Saint-Germain et fera allu-
sion à la mission polaire Wellman dont
il a visité - l'installation là-bas, ainsi qu'à
l'échouement du paquebot-yacht Ile de
France à la Red bay. -
M. Gallois exposera aussi pendant une
huitaine de jours toute une série de des-
sins, aquarelles et photographies, par
lui exécutés, car il manie la plume et le
pinceau comme la parole. Il compte, du
reste, donner toute une suite de confé-
rences sur ses derniers voyages.
"s A/W–.
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