Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-10-04
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 octobre 1906 04 octobre 1906
Description : 1906/10/04 (A7,N39). 1906/10/04 (A7,N39).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
-- ANNEE - N- 39. pPRRIiX Y France : <5 cent.
78 ANNEE - N° 39. PRIX Etranger et. Colonies A30 cent.
-: ii
JEUDI 4 OCTOBRE
Les Annales Coloniales
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LE
PEUPLEMENT FRANÇAIS
DE L'AFRIQUE DU NORD
par CAMILLE FIDEL
Les dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
Petite histoire coloniale.
en seconde page
L'Italie et l'Abyssinie, par SUgèlC
",.a rQ.
Congrès marseillais.
La Semaine Coloniale.
La Semaine Economique.
Le peuplement français
del'Atrique (la Nord.
Par leur aspect volumineux, la séche-
resse de leurs démonstrations et l'aridité
de leurs chiffres, les publications officiel-
les, malgré leur utilité pratique, rebutent
souvent le lecteur le mieux intentionné
et le plus désireux d étendre le cercle de
ses connaissances. Tel n'est pas le cas,
assurément du rapport adressé à M. Jon-
nart, gouverneur général de l'Algérie,
par M. de Peyerimhoff, directeur de l'a-
griculture, du commerce et de la coloni-
sation, signalant les résultats d'une en-
quête sur la colonisation officielle en Al-
gérie (1). Ce travail considérable, pré-
senté sous une forme attrayante et accom-
pagné de nombreux tableaux, cartes et
graphiques, mérite de retenir l'attention
de tous les Français que préoccupe l'ave-
nir colonial de la France, car il donne une
haute idée de l'œuvre colonisatrice de no-
tre pays et des facultés d'expansion de
notre race :il fait le plus grand honneur
tant aux fonctionnaires qui ont su mener
àbicll cette tâche difficile qu'aux éminents
gouverneurs généraux qui en ont conçu
le plan et dirigé l'exécution.
Bien que l'enquête, ordonnée par M.
Lépineen 189S, porte sur les résultats de
la colonisation officielle de 1871 à 18)5, le
rapport de M. Peyerimhoff renferme éga-
lement un historique de la colonisation
depuis les origines jusqu'en 1871, ainsi
que l'indication des mesures prises et des
résultats obtenus dans le courant dos
dernières années : c'est ainsi un tableau
complet de la colonisation officielle en Al-
gérie depuis la conquête jusqu'à nos
jours.
**
Nous ne suivrons pas M. de Peyerimhoff
dans son histoire du peuplement algérien
qu'il étudie par décades, de 1831 à 1901.
Nous - nous - contenterons, pour en indi-
(1) Enquête sur les résultats de la colonisation
officielle de 1871 à 18g5. Rapport à M. Jomrart.
Alger 1906.
quer le développement, de rappeler les
chiffres de la population européenne re-
censés à la fin de chaque décade.
Population
Anntfcs Population Population européenne
française étrangère totale
1841. 15.497 20.230 35.727
1851.. 05.497 65.233 130.730
1801.. 103.322 76.330 179.652
1871.. 129.993 115.516 245.514
1881.. 195.148 181.354 376.77-2
1891.. 2G7 672 233.169 500.841
1901.. 364.257 245.853 610.110
Tel est le résultat du grand effort indi-
viduel et administratif accompli par des
moyens divers et àtravers des vicissitu-
des variées depuis la conquête.
La population rurale européenne, celle
dont s'occupe spécialement le rapport,
s'élevait, en 1901 à 189.164 habitants. De
1871 à 18W5, la colonisation officielle a
utilisé 6i3.n4G hectares, et a dépensé
37.38t.3U francs. Les centres de coloni-
sation ont été peuplés de deux éléments :
l'élément algérien et l'élément métropo-
litain. Le second est le seul intéressant,
carie peuplement algérien ne représente
pas une augmentation de population,
mais simplement un déplacement dans
1 intérieur de la colonie. De 1871 à 1895, il
a été installé sur les nouveaux périmè-
tres de colonisation 13.301 familles fran-
çaises comptant 54 314 personnes : 7.61G
familles avec 27.143 personnes ont été
recrutées sur place, et 5,655 familles avec
27.171 personnes provenaient de la mé-
tropole. Le recrutement métropolitain
(sauf quelques exceptions, notamment en
ce qui concerne la colonisation des Alsa-
ciens-Lorrains), s'est effectué en général
presque spontanément : faute de publi-
cité suffisante, la seule propagande effi-
cace était faite par les colons déjà instal-
lés. Contrairement à l'opinion courante,
ce n'est pas avec des colons des départe-
ments riverains de la Méditerranée quo
les centres de colonisation ont été peu-
plés, mais surtout avec des montagnards
du Sud-Est et de la partie méridionale du
plateau central : l'Aveyron, l'Ardèche, la
Drôme, les Hautes-Alpes, l'Isère, le Tarn,
les deux Savoies, le Vaucluse, ont fourni
le plus fort contingent ; l'émigration cor-
se, au début assez modeste, s'est préci-
pitée depuis, et elle aurait tendance en
ce moment à prendre la première place.
La publicité faite depuis 1902 semble avoir
élargi sensiblement les cadres de ce re-
crutement spontnné ; mais ilest difficile
d'en me. urer avec précision l'effet.
Si l'on examine les résultats économi..
ques de la colonisation officielle, on cons.
tate que la valeur de la production an-
nuelle (céréales èt vin sealement.) des
périmètres nouveaux égale le montant
des dépenses faites par l'administration
pour leur premier établissement, et que
la valeur du matériel et des construc-
tions agricoles et industrielles le dépasse
de 150 0/0. Ces résultats pouvaient-ils
être obtenus par la seule colonisation
libre ? M. de Peyerimhoff montre que la
plus grande partie des terres consacrées
à la colonisation officielle aurait été, sans
elle, hors de l'atteinte des agriculteurs
français : d'autre part la colonisation offi-
cielle a entraîné avec elle et elle a payé
les chemins, les ponts, les conduites d'eau,
les services publics ; elle constitue en
outre pour la colonisation privée une ga-
rantie morale autant qu'un secours maté-
riel. Sa caractéristique est la création et
l'extension de ces quelque trois cents
centres dans lesquels est groupée la po-
pulation française des nouvelles régions
La colonisation privée, en dehors des ré-
gions riches, voisines des grands centres,
ne pouvait être tentée par des Français
que sous la forme du grand, ou tput au
plus du moyen domaine : ni l'un ni l'au-
tre ne rendent nécessaire un peuplement
dense ; la nécessité d'abaisser ses prix
de revient pousse le propriétaire à cher-
cher lamain-d'œuvi'e la plus économique
ce ne peut être la française :1e peuple-
ment étranger prédomine dans les l'rgion.
de colonisation libre. Et M. de Peyerim-
hoff, après avoir montré les résultats
comparatifs de la colonisation libre dans
la province d'Oran, en tire la conclusion
suivante : « Qu'on suppose absente la
force qui a recruté et fixé sur le sol le co-
Ion de notre race, et toute cette région,
d'activé et. féconde mise en valeur, offri-
rait une apparence analogue à celle des
environs de Tunis; une aristocratie de
grands propriétaires français peu nom-
breux, souvent absents, un prolétariat
étranger débordant et qui finira par con-
quérir la terre, parce qu'il la mérite. En
face du Berbère laborieux et attaché au
sol, économiquement éducable, et du
Bas-Latin acclimaté, dur au travail et
peu exigeant,la présence en Algérie d'une
démocratie rurale française constitue
une sorte deparadoxe; la nature des cho-
ses y contredisait ; il a fallu, pour le meil-
leur succès de l'œuvre nationale, la vo-
lonté du prince, tenace et bien servie. »
Le peuplement n'existerait pas sans la
colonisation officielle. En voici les résul-
tats d'après la dernière statistique agri-
cole (1903) : sur 199.434 ruraux de race
européenne, les Français d'origine sont
104.220, les naturalisés 21,98-4,les étran-
gers 73.230 (Espagnols 59.595, Italiens
7,581, Maltais 2,004, autres nationalités
3,060j.
Tnndis que pendant les premières an-
nées de la colonisation, les décès delà
population européenne dépassaient les
naissances, par suite de la profonde amé.
lioration des conditions de la vie euro-
péenne en Algérie, les naissances dépas-
sent régulièrement les décès, et l'écart
augmente d'une façon continue (1). D'au-
tre part, tandis que la natalité fléchit peu
à peudans les grandes villes, elle se main-
tient dans les centres : phénomène d'au-
tant plus remarquable que L'afflux des clé-
ments étrangers à forte natalité agit
puissamment à Alger et à Oran, et qu'au
contraire la population française prédo-
mine dans les centres et très largement
dans les centres récents. L'écart entre
les naissances et les décès est de 13,3
pour 1000 dans les campagnes contre 9
seulement da.ns les villes. C'est à peu près
(1) Il y a lieu cepcndantde faire observer qu'en
1904 cet écart a diminué en I:aison d'une mor-
talité anormale due à une recrudescence du pa-
ludisme.
l'inverse de ce qui se passe en France.
Tandis qu'il n'y a que 3 pour 1000 d'écart
entre la natalité étrangère dans les cam-
pagnes et dans les villes, il y en a plus
de 12 pour 1000 entre la natalité française
urbaine et la natalité française rurale :
celle-ci apparaît même plus forte que la
natalité étrangère (37,1 contre 35,5 pour
1000 en 1903)..« Ainsi, dit M.de Peyerim-
hoff, cette race rurale française a trouvé
en Algérie un sol favorable ; elle y est
saine et féconde. Elle a subi, comme de
juste, l'effet du déracinement et les multi-
ples influences du milieu ; elle apris une
physionomie qui est originale ; il existe
un type physique, il existe un accent, des
formes sociales, des aspects moraux al-
gériens ; môme, on l'a trop dit, et avec
injustice, une mentalité algérienne. La
transplantation élargit forcément la vi-
sion,enrichiL l'imagination et éveille l'es-
prit critique ; à ce triple point de vue, le
colon algérien est beaucoup plus déve-
loppé que le paysan de France, plus vif
d'esprit,plus prompt de décision,plus au-
dacieux ; il est courageux, il est résis-
tant, il a des lumières de tout; avec la
juste fierté de l'héroïque labeur de ses
devanciers et du sien propre ; il possède
cette confiance en soi qui est la moitié du
succès. »
Quant aux indigènes il ressort nette-
ment de l'enquête qu'ils doivent à la pé-
nétration opérée grâce à la colonisation
officielle une transformation économique
dont la rapidité et l'importance compen
sent, et bien au delà, la gêne qu'ils ont
pu en ressentir. Le séquestre, la consti-
tution des périmètres en terres indigè-
nes ont pu avoir des conséquences fâ-
cheuses dans un petit nombre de cas dé-
favorables (déracinement, formation de
prolétariat indigène), mais ces' inconvé-
nients sont peu de chose en regard des
avantages qu'a eus la pénétration au
point de vue de notre politique indigène
et des intérêts de la population locale.
D'abord la colonisation officielle est. aux
yeux de l'indigène, la manifestation la
plus tangible de la conquête ; ensuite les
indigènes bénéficient de la richesse nou-
velle créée par la colonisation,des travaux
publics, des débouchés nouveaux, des de-
mandes de main-d'œuvre, de l'élargisse-
ment du crédit,de la hausse des terres et
des produits, des exemples transforma-
teurs.
La société indigène, dans son ensem-
ble, n'offre aucun de ces symptômes de
dépérissement physiologique ou de dimi-
nution économique qui marquent les
races menacées. Depuis 1872, elle a sen-
siblement doublé de nombre; puur les
dernières années, les excédents de la na-
talité ont atteint 9.60 pour mille. L'cxa-
men des transactions foncières fournit
la preuve de leur prospérité matérielle :
de L89) à 1904, à ne considérer que la va-
leur des transactions, les indigènes ont
acheté aux Européens plus qu'ils ne leur
ont vendu. Dans son ensemble, la situa-
tion foncière des indigènes algériens du
territoire civil n'est pas mauvaise ; mais
elle n'olire qu'une marge réduite aux em-
prises ultérieures de !a colonisation.
**#
Quels qu'aient été les avantages de la
colonisation officielle au point de vue du
développement économique, de la stabi-
lité de la conquête et de l'amélioration
de la condition des indigènes,son œuvre
essentielle est d'avoir installé artificiel-
lement, mais avec une solidité sulTisa"
te, tant au moyen de la concession gra-
tuite que de la vente, tout un peuple de
colons franç-iis remarquablement pro-
lifique, dont l'cffcctit dépasse sensible-
ment celui de la population étrangère.
Voici la composition de la population
de l'Algérie au dénombrement de 19 )1 ;
Français d'origine nés en France 121.500
Français d'originenés en Algérie 170.964
Etrang-cl's nalnralisés. 71.113
Israélites r. attirai Lés 57.132
Musulmans sujets fi ançais 4.072.089
Etrangers lunisiensou marocains 20.200
Espagnols. 155.205
Ha lien s. 38.791
Autres nalionalité. 25.531
On peut dire cependant que les trois
cinquièmes de la population européenne
sont actuellement, soit entièrement, soit
pour une très forte part, de sang étran-
ger. La nationalité française peut, il est
vrai, assimiler les éléments étrangers et
les mariages mixtes sont fréquents; mal-
hcureuscment,t.andis que la mortalité est
a peine plus forte chez les étrangers que
chez les Français, la natalité l'est beau-
coup plus ; dans les 13 dernières années,
l'écart annuel entre les naissances et les
décès se chiffre par 11 pour 1000chez les
étrangers contre 4 1/2 chez les Français
(chiffre d'ailleurs Lrès supérieur à celui
de la métropole) ; et l'on constate un af-
faiblissement continu de la natalité fran
çaise. Quant à l'immigration moyenne
annuelle, elle s'établit à environ 7.000.
dont 3000 à 3500 Français. La double tâ-
che qui s'impose au gouvernement fran-
çais est de transformer et franciser le
plus rapidement possible les éléments
étrangers, d'attirer, retenir et fixer le
plus possible de Français dans le pays,
surtout par une publicité bien organisée.
Et M.de Peyerimhoff conclut à la nécessi-
té. d'une immigration annuelle de cinq à
six mille Français que la métropole est
parfaitement en état de fournir, et qui
est nécessaire pour contrebalancer l'af-
flux étranger.
#.:ijc
L'étude si complète et si documentée
de M. Peyerimhoff nous ayant permis de
préciser la situation exacte du peuple-
ment français de l'Algérie et ses perspec-
tives d'avenir, il nous paraît intéressant
d'étendre cet examen à l'ensemble de
l'Afrique du Nord. En Tunisie, la situa-
tion, en ce qui concerne le peuplement
français est certes beaucoup moins favo-
rable qu'en Algérie. Voici, en effet, les
chiffres de la population européenne en
Tunisie, en 1904 (1) :
Français. 28.800
Italiens 86.360
Maltais. 12.068
Etrangers divers 3.765
Eurui éi ns ):!0.993
(1) Renseignements extraits du Rappoi t sur
la situation de l.1 Tunisie en i(jo4, Tunis 1905.
En Tunisie,la France n'ayant pas com-
me en Algérie, la chance d'acquérir ja-
mais la majorité, du nombre par rapport
aux étrangers, son émigration étant trop
faible, doit s'efforcer de transformer avec
le temps cette population étrangère en
une société française d'idées, et suppléer
à l'action du nombre par son influence
morale et sa prééminence indiscutable
au point de vue économique. Sur 712.917
hectares de terres appartenant aux Euro-
péens en 1903, la colonie française en
possède 628.917 : elle est la principale
détentrice des capitaux et des entrepri-
ses, tandis que les autres colonies eu-
ropéennes représentent surtout la main-
d'œuvre.
Si maintenant nous tournons les yeux
vers le troisième pays de l'Afrique du
Nord, le Maroc, ce prolongement occi-
dental de l'Algérie, une statistique An-
glaise récente (1) donne les chiffres sui-
vants de la population européenne du
Maroc :
Espagnols. 6.813
Anlai. 1.017
Français. 784
Allemands. 169
Itatiens. 130
Autres nationaliléq. 100
Européens.,. 9.013
Il est à remarquer que la colonie fran-
çaise au Maroc est la seule indiquée dans
le rapport anglais comme augmentant
rapidement : il n'est donc pas téméraire
de penser qu'à l'heure actuelle elle doit
avoir atteint un millier de personnes ;
elle vaut plus encore par la qualité que
par le nombre,car ses représentants,dont
beaucoup sont Algériens, détiennent la
plus grande partie des capitaux et des
entreprises commerciales et industriel-
les.
**#
Les derniers chiffres connus de la po-
pulation européenne, française et étran-
gère de l'Afrique du Nord, sont donc les
suivants :
POPULATION
- --- -----..-
Européenne
Française Etrangère totale
Algérie (1901). 364.257 245.853 610.110
Tunisie (1904). 28.800 102.193 130.993
Maroc (1903). 784 8.229 9.013
Tolal. 393.841 356.275 750.116
Ces chiffres, fort intéressants, appel-
pellent les constatations suivantes, qui
formeront la conclusion de cette étude.
1° On est frappé de l'importance du chif-
fre global de la population européenne
dans l'Afrique du Nord, d'autant plus
qu'actuellement, et en tablant sur l'aug-
mentation normale de la population euro-
péenne d'Algérie depuis 1901, il doit cer-
tainement y avoir plus de 800.000 Euro-
péens dans l'Afrique du Nord, et ceux-ci
atteindront le million dans un avenir
très proche. Abstraction faite de la colo-
nie européenne du Maroc, certes tort
intéressante et en augmentation rapide,
mais encore numériquement faible, la
(1) Foreign office. Annual Sériés, N" 3547 et
3597.
DERNIÈRti HEIKi
t.C commandant Moll assassiné
La malle congolaise Albertville est
ai'nvftp îi Anvers
"-- - ,.,..-.
Des passagers rapportent que M. Moll,
c >mmandant de la mission française de
délimitation de la frontière du Came-
roun, aurait été massacré dans la San-
gha, en compagnie d'un sergent blanc
et d'un agent européen. Une colonne
serait partie de Brazzaville pour châtier
les assassins.
P. S. - Au ministère des Colonies
on dément catégoriquement la mort du
Commandant Moll.
#*#
Les révoltes aux Indes
Néerlandaises
Des dépêches officielles de l'île de Ba-
li annoncent que deux chefs ont été
pris à Badœog, avec leurs femmes et
leurs enfants.
Dans une dernière sortie désespérée à
la lance, les indigènes ont eu 4 0 tués
environ. Du côté hollandais, il y a eu4
soldats tués, un officier et 9 soldats bles-
sés.
On annonce ofticiellcmenl que le chef
baliTabanan s'est soumis sans condition
avec sa famille.
̃*
irçcîdçrrt Frr)c-jjz
Pendant l'émeute de Ha -Cha-Nhien,
une église catholique a été détruite ; on
craint que deux missionnaires français
n'aient été massacrés. Le ministre de
France a eu une conférence avec le weï-
wou-pouà ce sujet.
* t.
L,e corjsul de France à Fez
M. Gaillard, consul de France à Fez,
qui était en congé en France, est arrivé
hier h Tanger. 11 partira prochainement
pour Fez.
*e#
La Presse et les colonies
La question éthiopienne.
Dans là Liberté :
Logiquement: honnêtement, la question
d'Ethiopie devait être résolue au lendemain
de l'accord franco-anglo-italien ; toutes les
dirliculll's politiques étant écartées, la con-
ciliation des intérêts en présence étant as-
surée par l'esprit très large où la France
déclarait appliquer son incontestable privi-
lège, il ne restait qu a enregistrer 1 accepta-
tion du négus et à régler au plus vite l'ap-
plication pratique du compromis.
Mais l'inlrigne antifrançaise, malheureu-
sement appuyée en France même sur des
complaisances singnHères, est poursuivie à
Addis-Ababa avec plus d'âpreté que jamais.
Ménélik, tiraillé entre les menaces et les
promesses, dupé par les aventuriers cosmo-
polites qui se succèdent auprès de lui, se
risquerait à résister à la signification de
l'accord franco-anglo-italien. Le néJus au-
rait l'intention d'envoyer à Paris et à Berlin
des ambassades extraordinaires, confiées
aux plus singuliers personnages,pour traî-
ner en longueur cette affaire dont la prolon-
gation nous fut déjà si préjudiciable. Nous
reviendrons sur les inadmissibles manœu-
vres qui, à Paris et à Berlin, comme à Ad-
dis-Ababa, cherchent à ruiner une entente
si laborieusement acquise entre les trois
puissances intéressées. Un peu de décision
du gouvernement français, fort du règle-
ment acquis, suffirait, d'ailleurs, à couper
court à cette éternelle intrigue.
***
Une. rnaïsorç arabe
Lans 1/ Temps (de Mme MYRRIAM IIARRY).
C'est une vieille maison mauresque avec
une grande cour dallée en marbre blanc,des
faïences andalouses qui luisent aux murs,
des piliers en granit rose qui contiennent
de hautes arcades cintrées et une galerie à
colonnettes qui court tout autour.
Elle est située au cœur même de la ville
arabe, dans le quartier le plus ancien, le
plus aristocratique deTunis : la Médina.
Pour y aller de la porte de France, il faut
traverser une des deux voies franques, puis
le labyrinthe amusant des souks, celui des
cordonniers où les babouches alignées sont
jaunes, si jaune éclatant que l'on dirait des
chapelets de lumières, celui des essences où
l'ombre est bleue et parfumée, celui des vê-
tements où l'œil se grise de couleurs, et d'au-
très: et d autres encore si étroits et si perces
de trous que l'on se croirait dans quelque cité
de termites. Puis quand on a encore tourné
trois ou quatre fois à gauche, à droite, entre
des cubes de neige et sur des pavés d'ar-
gent, on est à peu près arrivé dans notre
quartier de silence et devant notre chère
maison de rêve.
Un autre chemin descend à la rue des An-
dalous et vers le mausolée des Deys.Derric-
re nous, c'est un cimetière abandonné, une
enceinte détruite dont seule reste debout,
la porte des Minarets qui conduit vers les
remparts abrupts de Sidi-Abdallah et ses
marabouts vénérés.
Extérieurement notre maison n'a rien de
particulier. C'est, comme presque toutes les
demeures arabes,une haute muraille passée
au lait de chaux, ou s ouvre, quand on a
frappé longtemps, longtemps avec un lourd
heurtoir, une petite poterne basse découpée
dans un vaste portail clouté. Mais quand on
a viré dans un couloir obscur et anguleux,
s'est heurté le front contre une seconde po-
terne embusquée, et que L'on aperçoit sou-
dain, !à, devant soi, notre cour lumineuse,
notre cour avec ses faïences jaunes, ses ar-
cades blanches, et entre ses colonnes roses
l'œil inquiet et sombre des fenêtres, alors
on éprouve un charme si paisible, si mysté-
rieux, si pénétrant,qu'on a envie de l'ètreiil-
dredans sesbras et de baiser ses couleurs
d'ambre dorr.
***
$la Guyarçe
Dans le Siècle. ( le M. Fernancl DUBIEF,
ancien minislre).
C'est un pays admirable et, ccpendm*,
comme abandonné.
Ce n'est pas qu'à la Guyane l'homme n'ait
travaillé et beaucoup travaillé. Comme le
dit dans son discours inaugural le nouveau
gouverneur de la Guyane, M. l'inspecteur
des colonies Picanon : « 11 suffit d'avoir vu
et avec quelle mélancolique émotion
pour ma part, je les ai contemplés ! ces
rrstesde grands ouvrages,ces routes aujour-
d'hui en partie disparues sous la poussée
puissante de la végétation, ces canaux à
l'heure présente envasés, impraticables, -
devenus de fangeux marécages, après avoir
été de si précieux moyens de drainage et de
circulation ces ruines d'usines à sucre ou
à rocou, dont les cheminées pointent par-
fois encore, ici et là, par dessus l'épaisse
frondaison des arbres, ces restes de plan-
tations seules reconnaiss'ables à quelques
antiques plants de caféiers, de roucoyers
011 de cacaoyeis, ces vestiges d'habitations
jadis prospères, que marquent seuls mainte-
nant les hauts palmistes et les manguiers
aux tronc noueux qui en ornaient t'entrée,
il suffit d'avoir vu ces témoins d'une ac-
tivité méthodique et féconde pour rendre à
cet égard pleine justice au passé. »
C'est toute cette ancienne splendeur qu'il
s'agit de faire renaître, et, pour cela,M.Ley-
gues a raison : il n'est point tant besoin de
bacheliers que de techniciens. Ce qui est à
faire? C'est un wharf à construire à Cayenne
pour remplacer « l'ancien appontement
dont les misérables débris attristent l'œil à
l'arrivée ». C'est une rade ou un port à amé-
nager. C'est la vieille route de Cayenne au
Maroni à restaurer à délivrer des lianes qui
l'ont envahie et désagrégée sous l'effort
d'une végétation qui atteste la puissance
productrice du sol. C'est la route de Roura
aKaw qu'il faut rendre praticable. C'est le
chemin de fer de pénétration qui est à créer
et pousser dans l'intérieur d'un pays pour
ainsi dire inexploré, en tout cas inexploité
à quelques kilomètres de la côte. C'est en-
Un de l'eau potable à amener de Beanregard
et de Remire à Cayenne, pour assurer à la
la capitale tout au moins des conditions
sortantes de salubrité et d'hygiène. Pour
telle oeuvra, point n'est besoin de bache-
liers.
**#
t-a Fernmle nrçusulrrçarçe
Dans le Figaro (de MOUSTAFA KAMEL PA-
CHA). 1
On se trompe beaucoup en Europe en
croyant à la souffrance et à l'abaissement
de la femme musulmane non européani-
sée. Elle est, au contraire, plus heureuse
que bien des femmes eUJ'opéenoes.EUe com-
prendautrement la vie, vuilà tout, et elle
plaint sincèrement ses sœurs d'Occident.
Une grande damemusutmane,restée toute
orientale, disait un jour avec commiséra-
tion à une Européenne en visite chez elle
cette phrase qui étonnerait sûrement bien
des Parisiennes : « Combien je vous plains,
madame, d'être obligée de voir tant d'hom-
mes, de voyager, et de vous agiter ainsi ! »
C'est une erreur aussi de penser que l'Is-
lam opprime la femme et la condamne à l'in-
fériorité. Bien des Européennes souhaite-
raient avoir le même sort que tes musul-
manes si elles apprenaient que la loiislami-
que a accordé à la femme la pleine liberté
de gérer sa fortune. Elles ne crieraient, cer-
tes pas si fort contre l'Islam si elles savaient
que notre prophète a dit: « Le paradis est
bux pieds des mères ! »
La femme a joué dans notre histoire un
grand rôle. Son action sur les générations
a été et sera toujours considérable. Les mè-
res qui ont donné à l'Islam ses héros et ses
défenseurs -étaient aussi courageuses, aussi
sublimes dans leur amour de la « race »
que le furent jadis les plus nobles des fem-
mes romaines ou de nos jours les femmes
boers.
Un jour, le père deMouawia, le fondateur
de la dynastie des Amawites, admirant le vi-
sage étincelant d'intelligence de son fils,dit
avec joie à sa femme : CI Il est digne de do-
miner les siens ». Et sa femme de répon-
dre : « Les siens seulement ! Qu'il soit per-
du pour sa mère, s'il ne domine pas aussi le
monde ! »
Et c'est cette éducation héroïque donnée
par les mères, cette confiance en soi inspi-
rée par elles à leurs fils qui a fait les musul-
mans si grands autrefois.
Tous les mahométans instruits et sensés
qui veulent voir leurs patries relevrcs et
respectées sont pour l'instruction de la fem-
me, mais pour une instruction compatible
avec nos mœurs et notre prog rès et en ac-
cord avec nos aspirations et nos sentiments.
Une instruction qui ferait de la femme une
épouse modèle et une éducairice admi-
rable.
**#
Cpînïorçs elj cîrçq lignes
- Dans le Matin, M. LAUTEUF, illoév
nieur en chef de la marine, préconise la
construction des sous-marins, moyen de
défense efficace et économique, pour
les nations faibles.
Dans Y Eclair, M. Maurice RONDET-
SAINT, le constructeur bien connu pro-
pose un remède radical au fléau des ar-
senaux maritimes, foyer de paresse et
de révolte : leur suppression et en re-
tour le développement des commandes à
l'industrie privée qui fabrique mieux et
moins cher.
Dans le Journal des Débats, M. Jac-
ques BARDOUX expose la politique socia-
liste de la Nouvelle-Zélande et présente
le nouveau premier ministre sir Joseph
Ward, un gentleman qui a remplacé le
célèbre M. Seddon, d'abord mineur ,puis
marchand de vin, député et chef du gou-
vernement.
Dans l'Humanité, M. Gustave
ROUANET, député, s'en prend à M. Hum-
blot, directeur de la Société d'exploita-
tion de la Grande Comore, qu'il accuse
des pires méfaits. M. Humblot se serait
approprié les biens de Saïd Ali, sultan
des Comores qui lui avait demande le
protectorat français, et en remerciement
l'a fait exiler à la Réunion.
Dans le Siècle, M. J.-L. Lanessan,
ancien ministre, critique la situation qui
est faite à la France au Maroc, par suite
du manque de police et de l'arrogance
des Marocains qui nous considèrent
comme les vaincus de la conférence d'Al- -
gésiras.
78 ANNEE - N° 39. PRIX Etranger et. Colonies A30 cent.
-: ii
JEUDI 4 OCTOBRE
Les Annales Coloniales
F.TV VF.ATTF. TIA1VS Tfbll T P. Q TFS V- A lft lkl Q
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de M. l'administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
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en première page
LE
PEUPLEMENT FRANÇAIS
DE L'AFRIQUE DU NORD
par CAMILLE FIDEL
Les dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
Petite histoire coloniale.
en seconde page
L'Italie et l'Abyssinie, par SUgèlC
",.a rQ.
Congrès marseillais.
La Semaine Coloniale.
La Semaine Economique.
Le peuplement français
del'Atrique (la Nord.
Par leur aspect volumineux, la séche-
resse de leurs démonstrations et l'aridité
de leurs chiffres, les publications officiel-
les, malgré leur utilité pratique, rebutent
souvent le lecteur le mieux intentionné
et le plus désireux d étendre le cercle de
ses connaissances. Tel n'est pas le cas,
assurément du rapport adressé à M. Jon-
nart, gouverneur général de l'Algérie,
par M. de Peyerimhoff, directeur de l'a-
griculture, du commerce et de la coloni-
sation, signalant les résultats d'une en-
quête sur la colonisation officielle en Al-
gérie (1). Ce travail considérable, pré-
senté sous une forme attrayante et accom-
pagné de nombreux tableaux, cartes et
graphiques, mérite de retenir l'attention
de tous les Français que préoccupe l'ave-
nir colonial de la France, car il donne une
haute idée de l'œuvre colonisatrice de no-
tre pays et des facultés d'expansion de
notre race :il fait le plus grand honneur
tant aux fonctionnaires qui ont su mener
àbicll cette tâche difficile qu'aux éminents
gouverneurs généraux qui en ont conçu
le plan et dirigé l'exécution.
Bien que l'enquête, ordonnée par M.
Lépineen 189S, porte sur les résultats de
la colonisation officielle de 1871 à 18)5, le
rapport de M. Peyerimhoff renferme éga-
lement un historique de la colonisation
depuis les origines jusqu'en 1871, ainsi
que l'indication des mesures prises et des
résultats obtenus dans le courant dos
dernières années : c'est ainsi un tableau
complet de la colonisation officielle en Al-
gérie depuis la conquête jusqu'à nos
jours.
**
Nous ne suivrons pas M. de Peyerimhoff
dans son histoire du peuplement algérien
qu'il étudie par décades, de 1831 à 1901.
Nous - nous - contenterons, pour en indi-
(1) Enquête sur les résultats de la colonisation
officielle de 1871 à 18g5. Rapport à M. Jomrart.
Alger 1906.
quer le développement, de rappeler les
chiffres de la population européenne re-
censés à la fin de chaque décade.
Population
Anntfcs Population Population européenne
française étrangère totale
1841. 15.497 20.230 35.727
1851.. 05.497 65.233 130.730
1801.. 103.322 76.330 179.652
1871.. 129.993 115.516 245.514
1881.. 195.148 181.354 376.77-2
1891.. 2G7 672 233.169 500.841
1901.. 364.257 245.853 610.110
Tel est le résultat du grand effort indi-
viduel et administratif accompli par des
moyens divers et àtravers des vicissitu-
des variées depuis la conquête.
La population rurale européenne, celle
dont s'occupe spécialement le rapport,
s'élevait, en 1901 à 189.164 habitants. De
1871 à 18W5, la colonisation officielle a
utilisé 6i3.n4G hectares, et a dépensé
37.38t.3U francs. Les centres de coloni-
sation ont été peuplés de deux éléments :
l'élément algérien et l'élément métropo-
litain. Le second est le seul intéressant,
carie peuplement algérien ne représente
pas une augmentation de population,
mais simplement un déplacement dans
1 intérieur de la colonie. De 1871 à 1895, il
a été installé sur les nouveaux périmè-
tres de colonisation 13.301 familles fran-
çaises comptant 54 314 personnes : 7.61G
familles avec 27.143 personnes ont été
recrutées sur place, et 5,655 familles avec
27.171 personnes provenaient de la mé-
tropole. Le recrutement métropolitain
(sauf quelques exceptions, notamment en
ce qui concerne la colonisation des Alsa-
ciens-Lorrains), s'est effectué en général
presque spontanément : faute de publi-
cité suffisante, la seule propagande effi-
cace était faite par les colons déjà instal-
lés. Contrairement à l'opinion courante,
ce n'est pas avec des colons des départe-
ments riverains de la Méditerranée quo
les centres de colonisation ont été peu-
plés, mais surtout avec des montagnards
du Sud-Est et de la partie méridionale du
plateau central : l'Aveyron, l'Ardèche, la
Drôme, les Hautes-Alpes, l'Isère, le Tarn,
les deux Savoies, le Vaucluse, ont fourni
le plus fort contingent ; l'émigration cor-
se, au début assez modeste, s'est préci-
pitée depuis, et elle aurait tendance en
ce moment à prendre la première place.
La publicité faite depuis 1902 semble avoir
élargi sensiblement les cadres de ce re-
crutement spontnné ; mais ilest difficile
d'en me. urer avec précision l'effet.
Si l'on examine les résultats économi..
ques de la colonisation officielle, on cons.
tate que la valeur de la production an-
nuelle (céréales èt vin sealement.) des
périmètres nouveaux égale le montant
des dépenses faites par l'administration
pour leur premier établissement, et que
la valeur du matériel et des construc-
tions agricoles et industrielles le dépasse
de 150 0/0. Ces résultats pouvaient-ils
être obtenus par la seule colonisation
libre ? M. de Peyerimhoff montre que la
plus grande partie des terres consacrées
à la colonisation officielle aurait été, sans
elle, hors de l'atteinte des agriculteurs
français : d'autre part la colonisation offi-
cielle a entraîné avec elle et elle a payé
les chemins, les ponts, les conduites d'eau,
les services publics ; elle constitue en
outre pour la colonisation privée une ga-
rantie morale autant qu'un secours maté-
riel. Sa caractéristique est la création et
l'extension de ces quelque trois cents
centres dans lesquels est groupée la po-
pulation française des nouvelles régions
La colonisation privée, en dehors des ré-
gions riches, voisines des grands centres,
ne pouvait être tentée par des Français
que sous la forme du grand, ou tput au
plus du moyen domaine : ni l'un ni l'au-
tre ne rendent nécessaire un peuplement
dense ; la nécessité d'abaisser ses prix
de revient pousse le propriétaire à cher-
cher lamain-d'œuvi'e la plus économique
ce ne peut être la française :1e peuple-
ment étranger prédomine dans les l'rgion.
de colonisation libre. Et M. de Peyerim-
hoff, après avoir montré les résultats
comparatifs de la colonisation libre dans
la province d'Oran, en tire la conclusion
suivante : « Qu'on suppose absente la
force qui a recruté et fixé sur le sol le co-
Ion de notre race, et toute cette région,
d'activé et. féconde mise en valeur, offri-
rait une apparence analogue à celle des
environs de Tunis; une aristocratie de
grands propriétaires français peu nom-
breux, souvent absents, un prolétariat
étranger débordant et qui finira par con-
quérir la terre, parce qu'il la mérite. En
face du Berbère laborieux et attaché au
sol, économiquement éducable, et du
Bas-Latin acclimaté, dur au travail et
peu exigeant,la présence en Algérie d'une
démocratie rurale française constitue
une sorte deparadoxe; la nature des cho-
ses y contredisait ; il a fallu, pour le meil-
leur succès de l'œuvre nationale, la vo-
lonté du prince, tenace et bien servie. »
Le peuplement n'existerait pas sans la
colonisation officielle. En voici les résul-
tats d'après la dernière statistique agri-
cole (1903) : sur 199.434 ruraux de race
européenne, les Français d'origine sont
104.220, les naturalisés 21,98-4,les étran-
gers 73.230 (Espagnols 59.595, Italiens
7,581, Maltais 2,004, autres nationalités
3,060j.
Tnndis que pendant les premières an-
nées de la colonisation, les décès delà
population européenne dépassaient les
naissances, par suite de la profonde amé.
lioration des conditions de la vie euro-
péenne en Algérie, les naissances dépas-
sent régulièrement les décès, et l'écart
augmente d'une façon continue (1). D'au-
tre part, tandis que la natalité fléchit peu
à peudans les grandes villes, elle se main-
tient dans les centres : phénomène d'au-
tant plus remarquable que L'afflux des clé-
ments étrangers à forte natalité agit
puissamment à Alger et à Oran, et qu'au
contraire la population française prédo-
mine dans les centres et très largement
dans les centres récents. L'écart entre
les naissances et les décès est de 13,3
pour 1000 dans les campagnes contre 9
seulement da.ns les villes. C'est à peu près
(1) Il y a lieu cepcndantde faire observer qu'en
1904 cet écart a diminué en I:aison d'une mor-
talité anormale due à une recrudescence du pa-
ludisme.
l'inverse de ce qui se passe en France.
Tandis qu'il n'y a que 3 pour 1000 d'écart
entre la natalité étrangère dans les cam-
pagnes et dans les villes, il y en a plus
de 12 pour 1000 entre la natalité française
urbaine et la natalité française rurale :
celle-ci apparaît même plus forte que la
natalité étrangère (37,1 contre 35,5 pour
1000 en 1903)..« Ainsi, dit M.de Peyerim-
hoff, cette race rurale française a trouvé
en Algérie un sol favorable ; elle y est
saine et féconde. Elle a subi, comme de
juste, l'effet du déracinement et les multi-
ples influences du milieu ; elle apris une
physionomie qui est originale ; il existe
un type physique, il existe un accent, des
formes sociales, des aspects moraux al-
gériens ; môme, on l'a trop dit, et avec
injustice, une mentalité algérienne. La
transplantation élargit forcément la vi-
sion,enrichiL l'imagination et éveille l'es-
prit critique ; à ce triple point de vue, le
colon algérien est beaucoup plus déve-
loppé que le paysan de France, plus vif
d'esprit,plus prompt de décision,plus au-
dacieux ; il est courageux, il est résis-
tant, il a des lumières de tout; avec la
juste fierté de l'héroïque labeur de ses
devanciers et du sien propre ; il possède
cette confiance en soi qui est la moitié du
succès. »
Quant aux indigènes il ressort nette-
ment de l'enquête qu'ils doivent à la pé-
nétration opérée grâce à la colonisation
officielle une transformation économique
dont la rapidité et l'importance compen
sent, et bien au delà, la gêne qu'ils ont
pu en ressentir. Le séquestre, la consti-
tution des périmètres en terres indigè-
nes ont pu avoir des conséquences fâ-
cheuses dans un petit nombre de cas dé-
favorables (déracinement, formation de
prolétariat indigène), mais ces' inconvé-
nients sont peu de chose en regard des
avantages qu'a eus la pénétration au
point de vue de notre politique indigène
et des intérêts de la population locale.
D'abord la colonisation officielle est. aux
yeux de l'indigène, la manifestation la
plus tangible de la conquête ; ensuite les
indigènes bénéficient de la richesse nou-
velle créée par la colonisation,des travaux
publics, des débouchés nouveaux, des de-
mandes de main-d'œuvre, de l'élargisse-
ment du crédit,de la hausse des terres et
des produits, des exemples transforma-
teurs.
La société indigène, dans son ensem-
ble, n'offre aucun de ces symptômes de
dépérissement physiologique ou de dimi-
nution économique qui marquent les
races menacées. Depuis 1872, elle a sen-
siblement doublé de nombre; puur les
dernières années, les excédents de la na-
talité ont atteint 9.60 pour mille. L'cxa-
men des transactions foncières fournit
la preuve de leur prospérité matérielle :
de L89) à 1904, à ne considérer que la va-
leur des transactions, les indigènes ont
acheté aux Européens plus qu'ils ne leur
ont vendu. Dans son ensemble, la situa-
tion foncière des indigènes algériens du
territoire civil n'est pas mauvaise ; mais
elle n'olire qu'une marge réduite aux em-
prises ultérieures de !a colonisation.
**#
Quels qu'aient été les avantages de la
colonisation officielle au point de vue du
développement économique, de la stabi-
lité de la conquête et de l'amélioration
de la condition des indigènes,son œuvre
essentielle est d'avoir installé artificiel-
lement, mais avec une solidité sulTisa"
te, tant au moyen de la concession gra-
tuite que de la vente, tout un peuple de
colons franç-iis remarquablement pro-
lifique, dont l'cffcctit dépasse sensible-
ment celui de la population étrangère.
Voici la composition de la population
de l'Algérie au dénombrement de 19 )1 ;
Français d'origine nés en France 121.500
Français d'originenés en Algérie 170.964
Etrang-cl's nalnralisés. 71.113
Israélites r. attirai Lés 57.132
Musulmans sujets fi ançais 4.072.089
Etrangers lunisiensou marocains 20.200
Espagnols. 155.205
Ha lien s. 38.791
Autres nalionalité. 25.531
On peut dire cependant que les trois
cinquièmes de la population européenne
sont actuellement, soit entièrement, soit
pour une très forte part, de sang étran-
ger. La nationalité française peut, il est
vrai, assimiler les éléments étrangers et
les mariages mixtes sont fréquents; mal-
hcureuscment,t.andis que la mortalité est
a peine plus forte chez les étrangers que
chez les Français, la natalité l'est beau-
coup plus ; dans les 13 dernières années,
l'écart annuel entre les naissances et les
décès se chiffre par 11 pour 1000chez les
étrangers contre 4 1/2 chez les Français
(chiffre d'ailleurs Lrès supérieur à celui
de la métropole) ; et l'on constate un af-
faiblissement continu de la natalité fran
çaise. Quant à l'immigration moyenne
annuelle, elle s'établit à environ 7.000.
dont 3000 à 3500 Français. La double tâ-
che qui s'impose au gouvernement fran-
çais est de transformer et franciser le
plus rapidement possible les éléments
étrangers, d'attirer, retenir et fixer le
plus possible de Français dans le pays,
surtout par une publicité bien organisée.
Et M.de Peyerimhoff conclut à la nécessi-
té. d'une immigration annuelle de cinq à
six mille Français que la métropole est
parfaitement en état de fournir, et qui
est nécessaire pour contrebalancer l'af-
flux étranger.
#.:ijc
L'étude si complète et si documentée
de M. Peyerimhoff nous ayant permis de
préciser la situation exacte du peuple-
ment français de l'Algérie et ses perspec-
tives d'avenir, il nous paraît intéressant
d'étendre cet examen à l'ensemble de
l'Afrique du Nord. En Tunisie, la situa-
tion, en ce qui concerne le peuplement
français est certes beaucoup moins favo-
rable qu'en Algérie. Voici, en effet, les
chiffres de la population européenne en
Tunisie, en 1904 (1) :
Français. 28.800
Italiens 86.360
Maltais. 12.068
Etrangers divers 3.765
Eurui éi ns ):!0.993
(1) Renseignements extraits du Rappoi t sur
la situation de l.1 Tunisie en i(jo4, Tunis 1905.
En Tunisie,la France n'ayant pas com-
me en Algérie, la chance d'acquérir ja-
mais la majorité, du nombre par rapport
aux étrangers, son émigration étant trop
faible, doit s'efforcer de transformer avec
le temps cette population étrangère en
une société française d'idées, et suppléer
à l'action du nombre par son influence
morale et sa prééminence indiscutable
au point de vue économique. Sur 712.917
hectares de terres appartenant aux Euro-
péens en 1903, la colonie française en
possède 628.917 : elle est la principale
détentrice des capitaux et des entrepri-
ses, tandis que les autres colonies eu-
ropéennes représentent surtout la main-
d'œuvre.
Si maintenant nous tournons les yeux
vers le troisième pays de l'Afrique du
Nord, le Maroc, ce prolongement occi-
dental de l'Algérie, une statistique An-
glaise récente (1) donne les chiffres sui-
vants de la population européenne du
Maroc :
Espagnols. 6.813
Anlai. 1.017
Français. 784
Allemands. 169
Itatiens. 130
Autres nationaliléq. 100
Européens.,. 9.013
Il est à remarquer que la colonie fran-
çaise au Maroc est la seule indiquée dans
le rapport anglais comme augmentant
rapidement : il n'est donc pas téméraire
de penser qu'à l'heure actuelle elle doit
avoir atteint un millier de personnes ;
elle vaut plus encore par la qualité que
par le nombre,car ses représentants,dont
beaucoup sont Algériens, détiennent la
plus grande partie des capitaux et des
entreprises commerciales et industriel-
les.
**#
Les derniers chiffres connus de la po-
pulation européenne, française et étran-
gère de l'Afrique du Nord, sont donc les
suivants :
POPULATION
- --- -----..-
Européenne
Française Etrangère totale
Algérie (1901). 364.257 245.853 610.110
Tunisie (1904). 28.800 102.193 130.993
Maroc (1903). 784 8.229 9.013
Tolal. 393.841 356.275 750.116
Ces chiffres, fort intéressants, appel-
pellent les constatations suivantes, qui
formeront la conclusion de cette étude.
1° On est frappé de l'importance du chif-
fre global de la population européenne
dans l'Afrique du Nord, d'autant plus
qu'actuellement, et en tablant sur l'aug-
mentation normale de la population euro-
péenne d'Algérie depuis 1901, il doit cer-
tainement y avoir plus de 800.000 Euro-
péens dans l'Afrique du Nord, et ceux-ci
atteindront le million dans un avenir
très proche. Abstraction faite de la colo-
nie européenne du Maroc, certes tort
intéressante et en augmentation rapide,
mais encore numériquement faible, la
(1) Foreign office. Annual Sériés, N" 3547 et
3597.
DERNIÈRti HEIKi
t.C commandant Moll assassiné
La malle congolaise Albertville est
ai'nvftp îi Anvers
"-- - ,.,..-.
Des passagers rapportent que M. Moll,
c >mmandant de la mission française de
délimitation de la frontière du Came-
roun, aurait été massacré dans la San-
gha, en compagnie d'un sergent blanc
et d'un agent européen. Une colonne
serait partie de Brazzaville pour châtier
les assassins.
P. S. - Au ministère des Colonies
on dément catégoriquement la mort du
Commandant Moll.
#*#
Les révoltes aux Indes
Néerlandaises
Des dépêches officielles de l'île de Ba-
li annoncent que deux chefs ont été
pris à Badœog, avec leurs femmes et
leurs enfants.
Dans une dernière sortie désespérée à
la lance, les indigènes ont eu 4 0 tués
environ. Du côté hollandais, il y a eu4
soldats tués, un officier et 9 soldats bles-
sés.
On annonce ofticiellcmenl que le chef
baliTabanan s'est soumis sans condition
avec sa famille.
̃*
irçcîdçrrt Frr)c-jjz
Pendant l'émeute de Ha -Cha-Nhien,
une église catholique a été détruite ; on
craint que deux missionnaires français
n'aient été massacrés. Le ministre de
France a eu une conférence avec le weï-
wou-pouà ce sujet.
* t.
L,e corjsul de France à Fez
M. Gaillard, consul de France à Fez,
qui était en congé en France, est arrivé
hier h Tanger. 11 partira prochainement
pour Fez.
*e#
La Presse et les colonies
La question éthiopienne.
Dans là Liberté :
Logiquement: honnêtement, la question
d'Ethiopie devait être résolue au lendemain
de l'accord franco-anglo-italien ; toutes les
dirliculll's politiques étant écartées, la con-
ciliation des intérêts en présence étant as-
surée par l'esprit très large où la France
déclarait appliquer son incontestable privi-
lège, il ne restait qu a enregistrer 1 accepta-
tion du négus et à régler au plus vite l'ap-
plication pratique du compromis.
Mais l'inlrigne antifrançaise, malheureu-
sement appuyée en France même sur des
complaisances singnHères, est poursuivie à
Addis-Ababa avec plus d'âpreté que jamais.
Ménélik, tiraillé entre les menaces et les
promesses, dupé par les aventuriers cosmo-
polites qui se succèdent auprès de lui, se
risquerait à résister à la signification de
l'accord franco-anglo-italien. Le néJus au-
rait l'intention d'envoyer à Paris et à Berlin
des ambassades extraordinaires, confiées
aux plus singuliers personnages,pour traî-
ner en longueur cette affaire dont la prolon-
gation nous fut déjà si préjudiciable. Nous
reviendrons sur les inadmissibles manœu-
vres qui, à Paris et à Berlin, comme à Ad-
dis-Ababa, cherchent à ruiner une entente
si laborieusement acquise entre les trois
puissances intéressées. Un peu de décision
du gouvernement français, fort du règle-
ment acquis, suffirait, d'ailleurs, à couper
court à cette éternelle intrigue.
***
Une. rnaïsorç arabe
Lans 1/ Temps (de Mme MYRRIAM IIARRY).
C'est une vieille maison mauresque avec
une grande cour dallée en marbre blanc,des
faïences andalouses qui luisent aux murs,
des piliers en granit rose qui contiennent
de hautes arcades cintrées et une galerie à
colonnettes qui court tout autour.
Elle est située au cœur même de la ville
arabe, dans le quartier le plus ancien, le
plus aristocratique deTunis : la Médina.
Pour y aller de la porte de France, il faut
traverser une des deux voies franques, puis
le labyrinthe amusant des souks, celui des
cordonniers où les babouches alignées sont
jaunes, si jaune éclatant que l'on dirait des
chapelets de lumières, celui des essences où
l'ombre est bleue et parfumée, celui des vê-
tements où l'œil se grise de couleurs, et d'au-
très: et d autres encore si étroits et si perces
de trous que l'on se croirait dans quelque cité
de termites. Puis quand on a encore tourné
trois ou quatre fois à gauche, à droite, entre
des cubes de neige et sur des pavés d'ar-
gent, on est à peu près arrivé dans notre
quartier de silence et devant notre chère
maison de rêve.
Un autre chemin descend à la rue des An-
dalous et vers le mausolée des Deys.Derric-
re nous, c'est un cimetière abandonné, une
enceinte détruite dont seule reste debout,
la porte des Minarets qui conduit vers les
remparts abrupts de Sidi-Abdallah et ses
marabouts vénérés.
Extérieurement notre maison n'a rien de
particulier. C'est, comme presque toutes les
demeures arabes,une haute muraille passée
au lait de chaux, ou s ouvre, quand on a
frappé longtemps, longtemps avec un lourd
heurtoir, une petite poterne basse découpée
dans un vaste portail clouté. Mais quand on
a viré dans un couloir obscur et anguleux,
s'est heurté le front contre une seconde po-
terne embusquée, et que L'on aperçoit sou-
dain, !à, devant soi, notre cour lumineuse,
notre cour avec ses faïences jaunes, ses ar-
cades blanches, et entre ses colonnes roses
l'œil inquiet et sombre des fenêtres, alors
on éprouve un charme si paisible, si mysté-
rieux, si pénétrant,qu'on a envie de l'ètreiil-
dredans sesbras et de baiser ses couleurs
d'ambre dorr.
***
$la Guyarçe
Dans le Siècle. ( le M. Fernancl DUBIEF,
ancien minislre).
C'est un pays admirable et, ccpendm*,
comme abandonné.
Ce n'est pas qu'à la Guyane l'homme n'ait
travaillé et beaucoup travaillé. Comme le
dit dans son discours inaugural le nouveau
gouverneur de la Guyane, M. l'inspecteur
des colonies Picanon : « 11 suffit d'avoir vu
et avec quelle mélancolique émotion
pour ma part, je les ai contemplés ! ces
rrstesde grands ouvrages,ces routes aujour-
d'hui en partie disparues sous la poussée
puissante de la végétation, ces canaux à
l'heure présente envasés, impraticables, -
devenus de fangeux marécages, après avoir
été de si précieux moyens de drainage et de
circulation ces ruines d'usines à sucre ou
à rocou, dont les cheminées pointent par-
fois encore, ici et là, par dessus l'épaisse
frondaison des arbres, ces restes de plan-
tations seules reconnaiss'ables à quelques
antiques plants de caféiers, de roucoyers
011 de cacaoyeis, ces vestiges d'habitations
jadis prospères, que marquent seuls mainte-
nant les hauts palmistes et les manguiers
aux tronc noueux qui en ornaient t'entrée,
il suffit d'avoir vu ces témoins d'une ac-
tivité méthodique et féconde pour rendre à
cet égard pleine justice au passé. »
C'est toute cette ancienne splendeur qu'il
s'agit de faire renaître, et, pour cela,M.Ley-
gues a raison : il n'est point tant besoin de
bacheliers que de techniciens. Ce qui est à
faire? C'est un wharf à construire à Cayenne
pour remplacer « l'ancien appontement
dont les misérables débris attristent l'œil à
l'arrivée ». C'est une rade ou un port à amé-
nager. C'est la vieille route de Cayenne au
Maroni à restaurer à délivrer des lianes qui
l'ont envahie et désagrégée sous l'effort
d'une végétation qui atteste la puissance
productrice du sol. C'est la route de Roura
aKaw qu'il faut rendre praticable. C'est le
chemin de fer de pénétration qui est à créer
et pousser dans l'intérieur d'un pays pour
ainsi dire inexploré, en tout cas inexploité
à quelques kilomètres de la côte. C'est en-
Un de l'eau potable à amener de Beanregard
et de Remire à Cayenne, pour assurer à la
la capitale tout au moins des conditions
sortantes de salubrité et d'hygiène. Pour
telle oeuvra, point n'est besoin de bache-
liers.
**#
t-a Fernmle nrçusulrrçarçe
Dans le Figaro (de MOUSTAFA KAMEL PA-
CHA). 1
On se trompe beaucoup en Europe en
croyant à la souffrance et à l'abaissement
de la femme musulmane non européani-
sée. Elle est, au contraire, plus heureuse
que bien des femmes eUJ'opéenoes.EUe com-
prendautrement la vie, vuilà tout, et elle
plaint sincèrement ses sœurs d'Occident.
Une grande damemusutmane,restée toute
orientale, disait un jour avec commiséra-
tion à une Européenne en visite chez elle
cette phrase qui étonnerait sûrement bien
des Parisiennes : « Combien je vous plains,
madame, d'être obligée de voir tant d'hom-
mes, de voyager, et de vous agiter ainsi ! »
C'est une erreur aussi de penser que l'Is-
lam opprime la femme et la condamne à l'in-
fériorité. Bien des Européennes souhaite-
raient avoir le même sort que tes musul-
manes si elles apprenaient que la loiislami-
que a accordé à la femme la pleine liberté
de gérer sa fortune. Elles ne crieraient, cer-
tes pas si fort contre l'Islam si elles savaient
que notre prophète a dit: « Le paradis est
bux pieds des mères ! »
La femme a joué dans notre histoire un
grand rôle. Son action sur les générations
a été et sera toujours considérable. Les mè-
res qui ont donné à l'Islam ses héros et ses
défenseurs -étaient aussi courageuses, aussi
sublimes dans leur amour de la « race »
que le furent jadis les plus nobles des fem-
mes romaines ou de nos jours les femmes
boers.
Un jour, le père deMouawia, le fondateur
de la dynastie des Amawites, admirant le vi-
sage étincelant d'intelligence de son fils,dit
avec joie à sa femme : CI Il est digne de do-
miner les siens ». Et sa femme de répon-
dre : « Les siens seulement ! Qu'il soit per-
du pour sa mère, s'il ne domine pas aussi le
monde ! »
Et c'est cette éducation héroïque donnée
par les mères, cette confiance en soi inspi-
rée par elles à leurs fils qui a fait les musul-
mans si grands autrefois.
Tous les mahométans instruits et sensés
qui veulent voir leurs patries relevrcs et
respectées sont pour l'instruction de la fem-
me, mais pour une instruction compatible
avec nos mœurs et notre prog rès et en ac-
cord avec nos aspirations et nos sentiments.
Une instruction qui ferait de la femme une
épouse modèle et une éducairice admi-
rable.
**#
Cpînïorçs elj cîrçq lignes
- Dans le Matin, M. LAUTEUF, illoév
nieur en chef de la marine, préconise la
construction des sous-marins, moyen de
défense efficace et économique, pour
les nations faibles.
Dans Y Eclair, M. Maurice RONDET-
SAINT, le constructeur bien connu pro-
pose un remède radical au fléau des ar-
senaux maritimes, foyer de paresse et
de révolte : leur suppression et en re-
tour le développement des commandes à
l'industrie privée qui fabrique mieux et
moins cher.
Dans le Journal des Débats, M. Jac-
ques BARDOUX expose la politique socia-
liste de la Nouvelle-Zélande et présente
le nouveau premier ministre sir Joseph
Ward, un gentleman qui a remplacé le
célèbre M. Seddon, d'abord mineur ,puis
marchand de vin, député et chef du gou-
vernement.
Dans l'Humanité, M. Gustave
ROUANET, député, s'en prend à M. Hum-
blot, directeur de la Société d'exploita-
tion de la Grande Comore, qu'il accuse
des pires méfaits. M. Humblot se serait
approprié les biens de Saïd Ali, sultan
des Comores qui lui avait demande le
protectorat français, et en remerciement
l'a fait exiler à la Réunion.
Dans le Siècle, M. J.-L. Lanessan,
ancien ministre, critique la situation qui
est faite à la France au Maroc, par suite
du manque de police et de l'arrogance
des Marocains qui nous considèrent
comme les vaincus de la conférence d'Al- -
gésiras.
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