Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-07-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 juillet 1906 19 juillet 1906
Description : 1906/07/19 (A7,N28). 1906/07/19 (A7,N28).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374949f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
7e ANNEE - No 28.
PRIA France 6üoent.
EtrangmÈt Colonies 30 cent.
JEUDI 19 JUILLET 1906
Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. l'administrateur, toutes les communicam
lions concernant la rédaction au nom de M. le
Rè dacteur en chef.
JO"tTR..N".AL :a:EBDOl\l.I:.A.:I:J.A.IR..E
Paraissant tous- les Jeudis
- :_I
Directéu rY MARCEL RUEDEL
20, Gralerie dtOJ.-.léans (Palais=Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
Un an 6 moii
FRANCE 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tons les Bureaux de Poste
EN CHINE
Le nouvel éditeur les
Douanes et les Puissances
La nouvelle arrivée dernièrement do
la publication d'un édit de l'Impératrice,
plaçantles Chinois Tich Liang, président
du conseil des revenus et Tang Shao Yi
à la tête des affaires douanières, a suscité
une légitime émotion dans les chancel-
leries européennes. A la Chambre des
Communes du parlement britannique,
sir Edward Grey, en réponse aux ques-
tions qui lui étaient posées à ce sujet,
déclara qu'en vertu d'accords passés à
diverses reprises avec le Gouvernement
chinois,ce dernier s'était engagé à ne rien
changer dans l'organisation actuelle des
douanes impériales, non plus qu'à la si-
tuation de sir Robert Hart, tant que du-
rerait le remboursement des emprunts
étrangers contractés depuis 1898. En
même temps, le chargé d'affaires de
Grande-Bretagne à Pékin adressait plu-
sieurs notes successives au wai-wou-pou
et réclamait des explications ; le Corps
diplomatique se réunissait et s'entendait
pour appuyer collectivement, le cas
échéant, les protestations anglaises.
S'il est une question qui soit de nature
à unir dans une action commune, en
Chine, les diplomaties de l'Europe et de
l'Amérique, trop souvent portées à suivre
les suggestions d'une politique égoiste
et étroite, c'est bien celle des douanes,
dont les revenus constituent la seule
garantie d'intérêt et de remboursement
de la dette chinoise extérieure qui s'élève
aujourd'hui à plusieurs milliards de francs.
La mise en tutelle, sous un ministère
chinois, de ce service international et
tout à fait étranger à l'administration
propre du Céleste Empire aurait pour
conséquence inévitable la retraite antici-
pée de sir Robert Hart. Ce dernier, qu i
en 1860 établit les bases de l'organisme
douanier tel qu'il fonctionne encore ac-
tuellement, et qui, depuis lors, n'a cessé,
sous sa seule responsabilité, d'en assu-
re la marche régulière, pour le plus
grand bien des finances chinoises, ne
saurait accepter une mesure qui ne man-
querait pas. d'être interprétée comme une
marque de défiance à son égard.
Son successeur qui, aux termes des
traités, doit être Anglais,tant que le pa-
villon britannique continuera à occuper
le premier rang dans le commerce des
mers de Chine, aurait une succession
difficile et manquerait de l'autorité né-
cessaire pour rester neutre. Le person-
nel ne tarderait pas à souffrir d'infiltra-
tions chinoises et japonaises et le carac-
tère d'élite internationale, qui fait au-
jourd'hui sa force et son poids, ne tarde-
rait pas à disparaître pour faire place à
un inconnu gros de mystère et de dan-
ger.
Le gouvernement chinois ne peut pas
manquer de comprendre les raisons
très justes qui empêchent les Puissances
d'accepter la mise en vigueur du nouvel
édit.
Peut-être à l'avenir, hésitcra-t-il à é-
couter et surtout à mettre trop rapide-
ment en pratique les avis intéressés du
Cabinet de Tokyo, dont il n'est pas diffi-
cile de démêler l'action occulte dans
cette affaire.
Cet essai de « fermeture » n'est d'ail-
leurs pas pour surprendre quiconque
connait la situation intérieure de la Chi-
ne et les mouvements profonds dont elle
est secouée actuellement, mouvements
- qui gravitent tous autour de la triple con-
quête politique, économique et morale
de la Chine par les Japonais. Le traité
de Portsmouth, en consacrant l'écrase -
ment de la Russie par les armées du Mi-
kado et la disparition de cette Puissance
de la scène extrême-orientale, où elle
avait tenu jusqu'alors le rôle prépondé-
rant, détruisit l'équilibre des forces qui
maintenaient le statu quo dans le Céleste
Empire. Le Japon, depuis longtemps,
avait commencé l'œuvre d'initiation de
la Chine aux procédés de la civilisation
occidentale, en favorisant de tout son
pouvoir la venue, chaque année plus
nombreuse, d'étudiants chinois dans les
universités nippones.
Libre des entraves qu'apportaient à la
réalisation de ses projets, le parti «Vieil-
le Chine », Li Hong Chang et la Russie,
fort de l'autorité morale que lui assu-
raient ses victoires sur un peuple de ra-
ce blanche, l'impérialisme japonais ne
connut plus de bornes et rêva de s'éten-
dre sur tout le continent asiatique. On
n'a pas oublié la propagande effrénée
qu'ils firent dans notre Indo-Chine,
lors de la dernière guerre, pour ébran-
ler le loyalisme des Annamites. On sait
l'énorme influenoe qu'ils ont acquise au
Siam, déjà à demi-japonisé. Il n'est pas
jusque dans l'Inde Anglaise, où, sans
égards pour leurs alliés, ils n'envoyèrent
leurs émissaires. Lord Curzon, malgré
toute sa sympathie pour les petits «Japs»,
dut s'inquiéter de leurs menées auprès
des Hindous révolutionnaires.
L'histoire de cette infiltration japo-
naise à tous les degrés du monde chinois
a été faite et nous n'avons pas à y revenir.
A l'heure actuelle, la japonisation est
très avancée. Par leurs officiers, qui oc-
cupent les cadres des hauts états-majors;
par les Chinois qu'ils ont élevés dans
leurs écoles militaires et , qui sont tout
imprégnés de leur esprit, ils tiennent
l'armée nouvelle et la jeune flotte en for-
mation ; - par leurs professeurs répan-
dus dan* les écoles, les collèges et les
universités, et s urtout par le courant
qui porte de plus en plus les Chinois ai-
sés à faire élever leurs enfants au Japon,
ils créent une nouvelle génération de
fonctionnaires, dont ils espèrent beau-
coup ; par leurs journaux et surtout
par la nouvelle. presse populaire en
langue parlée, répandue depuis quelques
années dans tout l'empire, dont le suc-
cès a été considérable et qui est dirigée
par leurs élèves, ils sont maîtres de l'o-
pinion. La police chinoise elle-même a
été réorganisée par des Japonais et on
sait de quelle puissance jcst cette arme
pour qui sait s'en servir.
Ils ont enfin, dans le gouvernement
et près de l'Impératrice, des hommes à
eux, tout acquis à leur cause comme
Yuan Shi Kai, le puissant vice roi du
Nord, qui possède cinquante mille hom-
mes de bonnes troupes entièrement équi-
pées et dressées à l'européenne,comman-
dées par des officiers japonais ou chinois,
mais instruits et connaissant toutes les
méthodes de la guerremodorne. Autre-
fois réfractaire aux idées nouvelles,
Yuan Shi Kai avait été le plus ferme ap-
pui de l'Impératrice dans son coup d'Etat
de 1898 et,zélé à proscrire ou à faire exé-
cuter les partisans de Quang Yu Wei. NI
té sans doute par les victoires japonai-
ses, séduit par les promesses adroites
du gouvernement du Mikado qui lui au-
rait fait miroiter la perspective du trône
de Chine à la mort de la vieille Tze
Hi,il devint subitement le plus chaud par-
tisan des réformes japonaises et ne man-
que jamais l'occasion d'humiiUr lu pres-
tige européen, comme àTientsin derniè-
rement à propos d un policeman indigène
de la concession anglaise.
Sur de son armée,qui est aux portes de
Pékiu, fort de l'amitié japonaise, il dicte
au gouvernement de l'Impératrice les
réformes que le Japon lui suggère.
Les dernières nouvelles nous annon-
cent que le nouvel édit sur les douanes
vient de lui.
Tze Hine peut plus, comme naguère,
régner sur la division des partis. Elle est
bien obligée de suivre le Ilot envahis-
seur, sous peine de se laisser submer-
ger.
En attendant la réorganisation à l'cu-
ropéennedeses «bannières » mandchoues,
ce qui lui assurera peut-être un peu plus
d'indépendance, elle se laisse arracher
les concessions pour conserver sa cou-
ronne. Cependant, par son intelligence
politique, par son énergie, par son pres-
tige aussi, elle met encore un frein aux
ambitions japonaises. Sa mort, comme
celle de François-Joseph, déterminera
une tourmente qui bouleversera peut-
être l'édifice disparate et vermoulu d'une
monarchie trop vieille.
Il importerait que le parti réellement
national et libéral de la « Jeune Chine a
qui se dessine un peu partout à la faveur
des idées nouvelles , prît conscience
de ses destinées et se tînt prêt à jouer le
grand rôle qui lui revient.
Des Chinois instruits, imbus des idées
européennes, et qui, au contact des Ja-
ponais, ont retrouvé un patriotisme ar-
dent et sincère, se sont déjà inquiétés
des ambitions non dissimulées de leurs
éducateurs. Ils s'imaginent difficilement
que la création d'une Chine autonome et
maîtresse de ses destinées est le but de
de la politique du Mikado. Ils ne leur plaît
pas de.travailler à régénérer leur pays
pour le « roi de Prusse »,je veux dire pour
l'Empereur du Japon. Ils s'inspirent du
fameux livre du vice-roi des deux Hous,
Tchang Tche Tong ; Introduction à l'Etu-
de, et sont d'avis que les réformes ne se
défendent que si elles servent à accroître
la grandeur et la prospérité de la Patrie
chinoise.
En plus d'un endroit, les feuilles popu-
aires, en attisant la vieille haine contre
l'étraager qui sommeille toujours dans la
lie du peuple, n'ont pas été peu surprises
des mouvements anti-japonais qu'elles
suscitaient du même coup et qui pour-
tant n'avaient rien d'exceptionnel chez
une race qui naguère méprisait les Japo-
nais plus encore que les Européens.
Au Fokein, les exactions et les tyran-
nies des sujets du mikado et de leurs pro-
tégés,ont déterminé les mandarins à re-
chercher l'appui des Européens pour se
défendre et à dénoncer à la Cour de Pé-
kin leurs manœuvres antidynastiques et
révolutionnaires (1).
Enfin leur prétention non dissimulée
de vouloir se réserver à eux seuls les bé-
néfices de l'ouverture de l'immense mar-
di é chinois, où il y aurait., semble-t-il,
largement place pour toutes les inilittives,
a semblé quelque peu exagérée et inadmis-
sible dans la classe nombreuse et éclai-
rée des grands négociants chinois. Ceux-
ci, résidant dans les ports ouverts, qui
ont généralement voyage dans tout l'Ex-
trême-Orient et parfois même jusqu'en
Europe, dont la fortune et les affaires re-
posent sur des rapports ex-cefents ave £
des hommes de race blanche ; qui, par
un contact quotidien avec ceux-ci, ont
saisi, mieux que d'autres, biea des points
du génie de notre civilisation, savent très
bien qu'ils auraient tout à perdre dans
la fermeture de la Chine aux capitaux
européens et rien à gagaer avec une
« Chine aux Japonais » où ils ne tarde-
raient pas à devenir des exploités.
C'est précisément dans cette catégorie
de commerçants chinois intelligents et
progressistes que l'on trouve actuelle-
ment les idées les plus saines et les plus
conformes aux vrais intérêts du pays. Ils
viennent de donner une preuve de leu r
nationalisme intégral dans le « boycott »
des marchandises américaines.
Les Américains qui sont, comme on
sait, partisans, en Chine, de la politique
delà porte ouverte, qui leur permet d'é-
couler le trop-plein de leur production
industrielle, ont, par contre chez eux, fer-
mé la porte à l'immigration chinoise,
concurrence menaçant) pour la main
d'ovivre anglo-saxonne. Ils se livraient
môme à des vexations et à des sévices à
l'é^:i.\l des coolies chinois crnloy;
che,: ux. Apprenant cela, plusieurs né-
gociants de Shanghaï et de Hong Kong
d écidèrent de boycotter les marchanlises
américaines et travaillèrent à propager
un mouvement d'ensemble. En quelques
se naines, le mot d'ordre courut du nord
au sud et du sul au nord, tout le long
de cette côte du Pacifique, emportant
l'adhésion de tous les ports et de toutes
les villes de la Chine et de l'étranger. Il
y a trois mois, il m'était impossible de
trouver à Saïgon ou à Hong Kong, chez
un épicier chinois, un cigare de Manille 1
Les caisses de pétrole débordaient des
entrepôts, les sacs de farine ne se débar-
quaient même plus. Le commerce amé-
ricain subit de ce chef un préjudice énor-
me, etle gouvernement de l'Union se dé-
cida à rapporter certaines mesures vexa-
toires. Les commerçants chinois ont re-
vélé une fois de plus, par cet exemple de
solidarité, la puissance de leur esprit
d'association.
Dans la Chine méridionale, dans tes
deux Kouang, au Kouei Tcheouet au
Fôkien, il a toujours existé un ardent
foyer de sentiments nationalistes. C'est
de là que sont issues toutes les insur-
rections ayant pour objet le renversement
de la dynastie tartare des « Ming » pour
la remplacer par celle des « Tsing » na-
tionale, et dont un rejeton existerait en-
core. On n'a pas oublié, pour ne parler
que du plus important, le soulèvement
des Taïpings en 1860. Descendus des
montagnes du Kouang Si, le3 Taïpings
s'emparèrent de toute la Chine jusqu'au
Yang Tse-Kiatig ; établis à Nangkin, le
reste de l'Empire était condamné à tom-
ber en leur pouvoir, si les Puissances
européennes n avaient prête a La clynas-
die l'appui de leurs armées et de leurs
canons. Pour la seconde fois, depuis la
guerre de l'opium, l'Europe intervenait
en Chine pour la défense d'une cause in-
juste et contraire aux intérêts du peuple
chinois.
Refoulés dans leurs montagnes, après
une' répression sanglante, ils n'ont pas
cessé de continuer leur propagande. La
fameuse société secrète des nTnadûaB,
née de la défaite des Taïpings, poursuit
l'œuvre de renversement de la dynastie.
C'est ellequi soutint Sun-Yat-Seng dans
ses tentatives pour s'emparer de Canton.
Nullement hostile aux Européens, c'est
sur eux au contraire et sur la protection
qu'il a toujours trouvée chez les Anglais
de Hong-Kong qu'il s'appuie pour la réa-
lisation de son projet de création d'un Etat
chinois démocratique etindépendant dans
le bassin du Si-Kiang. Depuis trois ans,
on n'entend plus parler de lui.Qui sait s'il
(1) Cf « La Japonisaliôn de la Chine 1) par Reué.
Pinon. R VII des Deux-Mondes, 16 août 1905.
1\ -.
ne prépare pas un nouvel essai plus dé-
cisif avec l'orque ne lui comptent pas les
riches Chinois de Singapore, des Indes,
des Philippines et de Saigon.
Les idées séparatistes et très avancées
des Cantonnais ont forjé le vice-roi des
deux Kouang, Tchen, à donner à son
gouvernement une allure moderne et
quasi-démocratique. IL gouverne assisté
de ses « Chambres a-qui sont des assem-
blées de notables qui lui font entendre
parfois un rude langage.
On n'a p is oublié la cris i d'1 février, à
)ropos de la continuation de la ligne de
ïhemin de fer Canton-Hankeou, après
Sam-choui. Tchen voulait assurer lui-
même la construction de la ligne et de-
manda des crédits aux notables. Ceux-ci
luirefisèrent et l'an Vie n Ud tat Li, se
levant, fit au vice-roi les représentation s
les plus violentes sursa façon d'adminis-
trer les deniers publics"; il lui déclara que
l'assemblée ne l'autoriserait pas à lever
de nouveaux impôts, qui ne serviraient,
comme toujours, qu'à l'engraisser davan-
tage, lui et les autres mandarins. Au sor-
tir de la réunion, Li fut arrêté ; mais la
nouvelle de son arrestation faisait naître
une surexcitation des esprits qui n'aurait
pas manqué de déterminer une émeute si
le hasard n'avait fait tomber l'événement
la veille du « Tèt ». On sait le recueille-
ment qui entoure cette date du premier
de l'an chinois, à laquelle se soldent les
comptes et s'établissent les bilans. On
laissa donc passer le « Tèt » puis de puis-
sants avocats s'entremirent à Pékin et
obtinrent l'élargissement île Li.
Depuis lors, des corre spondances de
Canton nous ont appris qu'une Société
exclusivement chinoise s'était formée
pour l'achèvement des travaux du che-
min de fer et que les souscriptions d'ac-
tions atteignaient déjà plus de quatre
millions de taëls.
On voit donc, par ces manifestations
encore clairsemées, se dessiner les élé-
ments d'un grand parti nationaliste et
libéral qui, répudiant toute tentative
« coloniale », des étrangers quels qu'ils
soients dans la Chine,ouvrirait largement
la porte aux participations loyales qui
sont nécessaires à son essor économique.
Les diplomates de l'Europe et de l'A-
mérique feraient œuvre utile et féconde en
aidant la Chine à comprendre et à prépa-
,)rea d re et à
rer les conditions dans lesquelles elle
pourra se développer sans subir aucune
influence étrangère, dangereuse pour sa
liberté, comme celle de son audacieux,
jeune et turbulent voisin, le Japon.
Pierre CALLITTE.
–- -,.,,
La Semaine Coloniale.
1 La question abyssine.
L'accord francu-anglo-ilalien concernant
l'Abyssiniu a été conclu. Le projet sera
communiqué au gouvernement abyssin et
sera signé et livré à la publicité après avoir
été approuvé par l'empereur Ménélik.
L'accord maintient le statu quoen Abys-
sinie. Afin de préciser autant que cela est
possible le statu quo, la situation exacte
del'Abyssinie vis à vis des puissances voi-
sines est définie dans l'entente par l'in-
clusion de tous les accords conclus par ces
puissances avec le gouvernement du Né-
gus.
L'égalité des droits commerciaux pour
toutes les nations est également reconnue.
En ce qui concerne l'avenir et les évé-
nements imprévus, on a seulement pu ar-
rêter les lignes générales d'une politique
commune. Les puissances signataires se
consulteront avant de prendre des mesu-
res pour protéger les intérêts étrangers,
leur existence et leur propriété menacées,
et chacune d'elles fera part aux autres de
son intention d'intervenir.
11 ne s'agit pas d'une zone d'influence
pour chacune des trois puissances intéres-
sées : elles prennent seulement, respecti-
vement rengagement de laisser à chacune
d'elles le soin exclusif de développer ses
relations économiques avec l'Ethiopie dans
la région frontière de sa colonie et ne pas
lui faire concurrence.
En ce qui concerne les chemins de fer, 1
la concession de la. Compagnie du chemin
de fer éthiopien de Djibouti à Addis-Ababa
est reconnue ; la Compagnie restera fran-
çaise, mais sera réorganisée, et deux nou-
veaux administrateurs, l'un Anglais, l'au-
tre Italien, seront adjoints à l'administras
lion actuelle. On ne permettra pas, assu-
re-t-on, la construction d'une ligne paral-
lèle ou concurrente partant de lu côte est.
L'Italie aie droit de construire un chemin
de fer reliant sa colonie d'Erylhée avec ses
possessions de la Somalie ; et l'Angleterre
pourra relier par voie ferrée Ad dis-Ababa
au Nil. - -
Cependant,d'après certaines informations
l'Angleterre serait autorisée à construire
une ligne de Berbera à Ilarrai, ce qui se-
rait très préjudiciable à la ligne française
de Djibouti à Harrai et aux intérêts fran-
çais en Abyssinie.
Par une mesure de sage précaution, le
traité franco-angto-italien a été communi-
qué à l'Allemagne qui a donné son adhé-
sion. Bien que le traité soit en général
favorablement accueilli dans ce pays,il est
à remarquer que l'on i nsiste dans certains
milieux sur la nécessité de sauvegarder les
intérêts économiques allemands en Abys-
sinie.
La polioeau Maroc.
On commence à se préoccuper de l'orga-
nisation pratique de la police au Maroc ;
il est probable que 12 officiers et 24 sous-
officiers seront répartis dans les ports at*
tribués à la France et à l'Espagn e, 8 offi-
ciers et 10 sous officiers à Tanger et à Ca-
sablanca, où, comme on le sait, la police
est mixte.
Les cadres français seront sous les or-
dres d'un lieutenant-colonel qui résidera à
Casablanca.
La délimination anglo-allemande au
Tchad.
Un arrangement a été conclu entre les
gouvernements anglais et allemand pour
le règlement de la frontière du Camerouu
entre Yola et le lac Tchad.
L'Angleterre abandonne ses prétentions
sur Dikoa et reçoit en compensation un pe-
tit district situé sur la rive gauche du fleuve
Jaroqui et appartenant jusqu'ici à l'Alle-
magne.
Le Chemin de fer de Bagdad.
Cette compagnie a encaissé en 1905 une
somme de 1,251,978 fr., provenant princi-
palement d'intérêts, à concurrence de
995,205 fr. Les dépenses d'administration
ont exigé 113,892 fr., laissant ainsi un bé-
néfice net de 1,138.080 fr , en augmenta-
tion de 332,901 fr., surle chiffre de 1904.Ce
résultat autorise la répartition suivante :
dividende de 0 p. c. sur le capital versé de
7.500,000 fr., 450,000 fr, ; fonds de pré-
voyance, 500,000 fr., réserve ordinaire,
54,376 fr. tantièmes 11,438 fr. ; à nouveau
122,272 francs.
Le gouvernement turc a versé à la com-
pagnie, le 30 janvier 1900, une somme de
574.249fr. représentant la recette kilo-
métrique garantie par lui. La construction
de la première section Konia-Bulgurlu a
laissé une économie de 3,096.061 fr. qui
ontété versés àun fonds de réserve spécial.
Le dividende de l'exercice 1904 avait
été de 5 p. c.
Le Chemin de fer du Chantoung.
Les résultats de l'exercice 1905 sont sen-
siblement supérieurs à ceux de 1904 et té-
moignent du développement pris par le tra-
fic de cette ligne. Les recettes totales de
l'année dernière se sont élevées à 1,912,293
dollars mexicains, contre 1;246,037 dollars
en 1904. La recette kilométrique a passé
de 3,0J6 à 4,382 dollars. Les dépenses ont
atteint 910,382 dollars, en augmentation
de 231,855 dollars sur le chiffre de l'exer-
cice antérieur ; la dépense (kilométrique a
été de 2,086 dollars, contre 1,686 dollars
en 1904. Après déduction des frais géné-
raux,, amortissement de 50,000 marks sur
matériel et versement de 300,000 M. au
fonds de renouvellement, le bénéfice net
ressort à 2,063,572 M. permettant 1 alloca-
tion de 103,179 M. aux réserves, la distri-
bution d'un dividende de 3 lei p. c. sur
le capital de 54 millions de marks et le re-
port à nouveau de 102,215 M. Le dividen-
de, payable depuis le 1er juillet, est donc
de M. 32-50, contre 2 p. c. ou20 M. l'an-
née dernière.
L'exercice encours s'annonce sous les
meilleurs auspices ; c'est ainsi que la re-
cette des cinq premiers mois de 190G at-
teint 919,700 dollars, contre 763,200 doit.
pendant la période correspondante de 1905.
Camille FIDEL
-. ".#"------
LA -SEMAINE ÉCONOMIQUE
Navigation par le Canal de Suez
én 1905. Parts respectives des pa-
villons britannique et allemand.
Les relevés annuels de la navigation par
le Canal de Suez, pendant l'année 1905,
comparés avec ceux des deux années pré-
cédentes 1903 et 190-1, viennent d'être pu-
bliés sous l'orme de Papier Parlementaire
présenté aux Chambres britanniques.
Dans le numéro du L.and C. Telegraph,
en date du 5 curant, ce document lait
l'objet d'une analyse dont voici la traduc-
tion :
Le tonnage netde l'année passée esten
diminution de 267 730 tonnes relativement
à celui de 1904 et en augmentation de
1 226 817 tonnes relativement à celui de
1903. Le nombre de navires qui sont passés
parle Canal a été de 4.237 en 1904 et de
4.116 en 1906 dont 2679 en 1904 et 2.484 en
1905 battaient pavillon britannique. Il y a
eu une diminution de 476 989 tonnes, l'an-
née dernière, par comparaison avec 1904,
dans le tonnage des navires britanniques,
qui est monté à 8.356.940 tonnes en 1905.
Le pourcentage du nombre des navires
britanniques et de leur tonnage net a dé-
cru en 19v5, étant respectivement de 60.4
et 63.6 respectivement, au lieu de 63.2 et
65.9 en 1904. LH pourcentage du nombre
des navires allemands et de leur tonnage
net a été de 14.6 et 16.1 respectivement,au
lieu de 12.8 et 14.7 en 1904, tandis que le
pourcentage du tonnage net des autres na-
tions maritimes ayant fait usage du canal
de Suez en 1905 demeura pratiquement sta-
tionnaire, relativement à l'année précé-
dente.
La durée moyenne du passaga pour
tous les navires ayant navigué par le Ca-
nal a été de 18 heures 8 minutes en
1904, au lieu de 18 heures 35 minutes en
1095, tandis que le pourcentage des navi-
res ayant navigué la nuit s'est élevé à 95.7
pour cent en 1904, au lieu de 9.I pour
cent en 1905.
Des données qui précèdent, il résulte
que le pourcentage du tonnage net des
navires, autres que britanniques ou alle-
mands, ayant passé par le Canal de Suez
en 1905, n'a pas dépassé pendant cet exer-
cice 20.3 010. E. C.
Le commerce entre la Chine et la
Birmani. - Ou n'a pas oublié Us ef-
forts tentés par les Anglais pour relier,
par une voie ferrée, la capitale du Yunnan
aux. grands centres de Mandalay de Maul-
mein et de Rangoon, pour nous enlever
le bénéfice de notre voie de pénétration
plus courte vers Yunnansen par le fleuve
Rouge et Mongtz6. Après Bhamô, tous les
tracés avaient été reconnus impraticables à
cause des hautes chaînes de montagnes que
l'Hymalaya projette en contreforts escar-
pés et parallèles au travers du parcours.
Le gouvernement de Birmanie s'occupa
alors de la construction d'une simple route
carrossable vers la Chine et,vers le milieu
de 1904, l'une des sections les plus péni-
bles, celle qui, de la frontière birmane
jusqu'à Muits-Jien, se déroule pendant 28
kilomètres à travers les monts Kachin,
était achevée.
En même temps, les Anglais établis-
saient un drawback considérable sur les
marchandises transitant à travers la Bir-
manie pour être réexportées en Chine, via
Bhamô.
Le résultat de pareilles mesures ne tarda
pas à se manifester et le commerce du
Yunnan avec la colonie anglaise augmenta
de 20 0/01 en un an, d'après le rapport de
M. Napier, agent des douanes impériales
chinoises à Tengyeh.
Ilest vrai que des circonstances excep-
tionnelles ont d'un autre côté favorisé cette
augmentation. En 1004, les roules du
Kouang-Si étaient si peu sûres que les ca-
ravanes chargées de l'opium du Yunnan
avaient abandonné leur itinéraire tradi-
tionnel pour se diriger vers la Birmanie.
Les taxes nouvelles et exorbitantes qui
venaient de s'abattre sur la divine drogue
dans les Kouangs e tau Hounan ont aussi
beaucoup contribué à dériver vers Bhamô
le marché de ce produit essentiel du Yun-
nan.
Il n'en faut pas moins retenir que le gou-
vernement anglais cherche par tous les
moyens possibles à favoriser le mouve-
mentd affaires entre la Birmanie et la Chine
et qu'aussi la sécurité et les moyens de
communications de la partie occidentale
du Yunnan s'améliorent et rendent les
transactions plus faciles avec la Birma-
nie.
Il y a donc là une preuve nouvelle de la
nécessité d'activer les travaux de notre
voie ferrée Hanoï-Laokai-Yunnansen qui
placera nos négociants indo-chinois dans
une situation bien meilleure que celle de
leur concurrent de Rangoon.
Les éléphants du Cambodge.
La méthode en usage au Cambodge pour
capturer les éléphants sauvages diffère
quelque peu de celle employée dans l'Inde.
Un éléphantbien dressé et très fort porte
deux cornacs, un sur le cou, l'autre sur
le dos. Un cornac est muni d'un fort bâ-
ton rattaché à une-sangle par une de ses
extrémités, l'autre portant un nœud cou-
lant formé de lanières, de peau de buffle
tressées.
PRIA France 6üoent.
EtrangmÈt Colonies 30 cent.
JEUDI 19 JUILLET 1906
Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. l'administrateur, toutes les communicam
lions concernant la rédaction au nom de M. le
Rè dacteur en chef.
JO"tTR..N".AL :a:EBDOl\l.I:.A.:I:J.A.IR..E
Paraissant tous- les Jeudis
- :_I
Directéu rY MARCEL RUEDEL
20, Gralerie dtOJ.-.léans (Palais=Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
Un an 6 moii
FRANCE 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tons les Bureaux de Poste
EN CHINE
Le nouvel éditeur les
Douanes et les Puissances
La nouvelle arrivée dernièrement do
la publication d'un édit de l'Impératrice,
plaçantles Chinois Tich Liang, président
du conseil des revenus et Tang Shao Yi
à la tête des affaires douanières, a suscité
une légitime émotion dans les chancel-
leries européennes. A la Chambre des
Communes du parlement britannique,
sir Edward Grey, en réponse aux ques-
tions qui lui étaient posées à ce sujet,
déclara qu'en vertu d'accords passés à
diverses reprises avec le Gouvernement
chinois,ce dernier s'était engagé à ne rien
changer dans l'organisation actuelle des
douanes impériales, non plus qu'à la si-
tuation de sir Robert Hart, tant que du-
rerait le remboursement des emprunts
étrangers contractés depuis 1898. En
même temps, le chargé d'affaires de
Grande-Bretagne à Pékin adressait plu-
sieurs notes successives au wai-wou-pou
et réclamait des explications ; le Corps
diplomatique se réunissait et s'entendait
pour appuyer collectivement, le cas
échéant, les protestations anglaises.
S'il est une question qui soit de nature
à unir dans une action commune, en
Chine, les diplomaties de l'Europe et de
l'Amérique, trop souvent portées à suivre
les suggestions d'une politique égoiste
et étroite, c'est bien celle des douanes,
dont les revenus constituent la seule
garantie d'intérêt et de remboursement
de la dette chinoise extérieure qui s'élève
aujourd'hui à plusieurs milliards de francs.
La mise en tutelle, sous un ministère
chinois, de ce service international et
tout à fait étranger à l'administration
propre du Céleste Empire aurait pour
conséquence inévitable la retraite antici-
pée de sir Robert Hart. Ce dernier, qu i
en 1860 établit les bases de l'organisme
douanier tel qu'il fonctionne encore ac-
tuellement, et qui, depuis lors, n'a cessé,
sous sa seule responsabilité, d'en assu-
re la marche régulière, pour le plus
grand bien des finances chinoises, ne
saurait accepter une mesure qui ne man-
querait pas. d'être interprétée comme une
marque de défiance à son égard.
Son successeur qui, aux termes des
traités, doit être Anglais,tant que le pa-
villon britannique continuera à occuper
le premier rang dans le commerce des
mers de Chine, aurait une succession
difficile et manquerait de l'autorité né-
cessaire pour rester neutre. Le person-
nel ne tarderait pas à souffrir d'infiltra-
tions chinoises et japonaises et le carac-
tère d'élite internationale, qui fait au-
jourd'hui sa force et son poids, ne tarde-
rait pas à disparaître pour faire place à
un inconnu gros de mystère et de dan-
ger.
Le gouvernement chinois ne peut pas
manquer de comprendre les raisons
très justes qui empêchent les Puissances
d'accepter la mise en vigueur du nouvel
édit.
Peut-être à l'avenir, hésitcra-t-il à é-
couter et surtout à mettre trop rapide-
ment en pratique les avis intéressés du
Cabinet de Tokyo, dont il n'est pas diffi-
cile de démêler l'action occulte dans
cette affaire.
Cet essai de « fermeture » n'est d'ail-
leurs pas pour surprendre quiconque
connait la situation intérieure de la Chi-
ne et les mouvements profonds dont elle
est secouée actuellement, mouvements
- qui gravitent tous autour de la triple con-
quête politique, économique et morale
de la Chine par les Japonais. Le traité
de Portsmouth, en consacrant l'écrase -
ment de la Russie par les armées du Mi-
kado et la disparition de cette Puissance
de la scène extrême-orientale, où elle
avait tenu jusqu'alors le rôle prépondé-
rant, détruisit l'équilibre des forces qui
maintenaient le statu quo dans le Céleste
Empire. Le Japon, depuis longtemps,
avait commencé l'œuvre d'initiation de
la Chine aux procédés de la civilisation
occidentale, en favorisant de tout son
pouvoir la venue, chaque année plus
nombreuse, d'étudiants chinois dans les
universités nippones.
Libre des entraves qu'apportaient à la
réalisation de ses projets, le parti «Vieil-
le Chine », Li Hong Chang et la Russie,
fort de l'autorité morale que lui assu-
raient ses victoires sur un peuple de ra-
ce blanche, l'impérialisme japonais ne
connut plus de bornes et rêva de s'éten-
dre sur tout le continent asiatique. On
n'a pas oublié la propagande effrénée
qu'ils firent dans notre Indo-Chine,
lors de la dernière guerre, pour ébran-
ler le loyalisme des Annamites. On sait
l'énorme influenoe qu'ils ont acquise au
Siam, déjà à demi-japonisé. Il n'est pas
jusque dans l'Inde Anglaise, où, sans
égards pour leurs alliés, ils n'envoyèrent
leurs émissaires. Lord Curzon, malgré
toute sa sympathie pour les petits «Japs»,
dut s'inquiéter de leurs menées auprès
des Hindous révolutionnaires.
L'histoire de cette infiltration japo-
naise à tous les degrés du monde chinois
a été faite et nous n'avons pas à y revenir.
A l'heure actuelle, la japonisation est
très avancée. Par leurs officiers, qui oc-
cupent les cadres des hauts états-majors;
par les Chinois qu'ils ont élevés dans
leurs écoles militaires et , qui sont tout
imprégnés de leur esprit, ils tiennent
l'armée nouvelle et la jeune flotte en for-
mation ; - par leurs professeurs répan-
dus dan* les écoles, les collèges et les
universités, et s urtout par le courant
qui porte de plus en plus les Chinois ai-
sés à faire élever leurs enfants au Japon,
ils créent une nouvelle génération de
fonctionnaires, dont ils espèrent beau-
coup ; par leurs journaux et surtout
par la nouvelle. presse populaire en
langue parlée, répandue depuis quelques
années dans tout l'empire, dont le suc-
cès a été considérable et qui est dirigée
par leurs élèves, ils sont maîtres de l'o-
pinion. La police chinoise elle-même a
été réorganisée par des Japonais et on
sait de quelle puissance jcst cette arme
pour qui sait s'en servir.
Ils ont enfin, dans le gouvernement
et près de l'Impératrice, des hommes à
eux, tout acquis à leur cause comme
Yuan Shi Kai, le puissant vice roi du
Nord, qui possède cinquante mille hom-
mes de bonnes troupes entièrement équi-
pées et dressées à l'européenne,comman-
dées par des officiers japonais ou chinois,
mais instruits et connaissant toutes les
méthodes de la guerremodorne. Autre-
fois réfractaire aux idées nouvelles,
Yuan Shi Kai avait été le plus ferme ap-
pui de l'Impératrice dans son coup d'Etat
de 1898 et,zélé à proscrire ou à faire exé-
cuter les partisans de Quang Yu Wei. NI
té sans doute par les victoires japonai-
ses, séduit par les promesses adroites
du gouvernement du Mikado qui lui au-
rait fait miroiter la perspective du trône
de Chine à la mort de la vieille Tze
Hi,il devint subitement le plus chaud par-
tisan des réformes japonaises et ne man-
que jamais l'occasion d'humiiUr lu pres-
tige européen, comme àTientsin derniè-
rement à propos d un policeman indigène
de la concession anglaise.
Sur de son armée,qui est aux portes de
Pékiu, fort de l'amitié japonaise, il dicte
au gouvernement de l'Impératrice les
réformes que le Japon lui suggère.
Les dernières nouvelles nous annon-
cent que le nouvel édit sur les douanes
vient de lui.
Tze Hine peut plus, comme naguère,
régner sur la division des partis. Elle est
bien obligée de suivre le Ilot envahis-
seur, sous peine de se laisser submer-
ger.
En attendant la réorganisation à l'cu-
ropéennedeses «bannières » mandchoues,
ce qui lui assurera peut-être un peu plus
d'indépendance, elle se laisse arracher
les concessions pour conserver sa cou-
ronne. Cependant, par son intelligence
politique, par son énergie, par son pres-
tige aussi, elle met encore un frein aux
ambitions japonaises. Sa mort, comme
celle de François-Joseph, déterminera
une tourmente qui bouleversera peut-
être l'édifice disparate et vermoulu d'une
monarchie trop vieille.
Il importerait que le parti réellement
national et libéral de la « Jeune Chine a
qui se dessine un peu partout à la faveur
des idées nouvelles , prît conscience
de ses destinées et se tînt prêt à jouer le
grand rôle qui lui revient.
Des Chinois instruits, imbus des idées
européennes, et qui, au contact des Ja-
ponais, ont retrouvé un patriotisme ar-
dent et sincère, se sont déjà inquiétés
des ambitions non dissimulées de leurs
éducateurs. Ils s'imaginent difficilement
que la création d'une Chine autonome et
maîtresse de ses destinées est le but de
de la politique du Mikado. Ils ne leur plaît
pas de.travailler à régénérer leur pays
pour le « roi de Prusse »,je veux dire pour
l'Empereur du Japon. Ils s'inspirent du
fameux livre du vice-roi des deux Hous,
Tchang Tche Tong ; Introduction à l'Etu-
de, et sont d'avis que les réformes ne se
défendent que si elles servent à accroître
la grandeur et la prospérité de la Patrie
chinoise.
En plus d'un endroit, les feuilles popu-
aires, en attisant la vieille haine contre
l'étraager qui sommeille toujours dans la
lie du peuple, n'ont pas été peu surprises
des mouvements anti-japonais qu'elles
suscitaient du même coup et qui pour-
tant n'avaient rien d'exceptionnel chez
une race qui naguère méprisait les Japo-
nais plus encore que les Européens.
Au Fokein, les exactions et les tyran-
nies des sujets du mikado et de leurs pro-
tégés,ont déterminé les mandarins à re-
chercher l'appui des Européens pour se
défendre et à dénoncer à la Cour de Pé-
kin leurs manœuvres antidynastiques et
révolutionnaires (1).
Enfin leur prétention non dissimulée
de vouloir se réserver à eux seuls les bé-
néfices de l'ouverture de l'immense mar-
di é chinois, où il y aurait., semble-t-il,
largement place pour toutes les inilittives,
a semblé quelque peu exagérée et inadmis-
sible dans la classe nombreuse et éclai-
rée des grands négociants chinois. Ceux-
ci, résidant dans les ports ouverts, qui
ont généralement voyage dans tout l'Ex-
trême-Orient et parfois même jusqu'en
Europe, dont la fortune et les affaires re-
posent sur des rapports ex-cefents ave £
des hommes de race blanche ; qui, par
un contact quotidien avec ceux-ci, ont
saisi, mieux que d'autres, biea des points
du génie de notre civilisation, savent très
bien qu'ils auraient tout à perdre dans
la fermeture de la Chine aux capitaux
européens et rien à gagaer avec une
« Chine aux Japonais » où ils ne tarde-
raient pas à devenir des exploités.
C'est précisément dans cette catégorie
de commerçants chinois intelligents et
progressistes que l'on trouve actuelle-
ment les idées les plus saines et les plus
conformes aux vrais intérêts du pays. Ils
viennent de donner une preuve de leu r
nationalisme intégral dans le « boycott »
des marchandises américaines.
Les Américains qui sont, comme on
sait, partisans, en Chine, de la politique
delà porte ouverte, qui leur permet d'é-
couler le trop-plein de leur production
industrielle, ont, par contre chez eux, fer-
mé la porte à l'immigration chinoise,
concurrence menaçant) pour la main
d'ovivre anglo-saxonne. Ils se livraient
môme à des vexations et à des sévices à
l'é^:i.\l des coolies chinois crnloy;
che,: ux. Apprenant cela, plusieurs né-
gociants de Shanghaï et de Hong Kong
d écidèrent de boycotter les marchanlises
américaines et travaillèrent à propager
un mouvement d'ensemble. En quelques
se naines, le mot d'ordre courut du nord
au sud et du sul au nord, tout le long
de cette côte du Pacifique, emportant
l'adhésion de tous les ports et de toutes
les villes de la Chine et de l'étranger. Il
y a trois mois, il m'était impossible de
trouver à Saïgon ou à Hong Kong, chez
un épicier chinois, un cigare de Manille 1
Les caisses de pétrole débordaient des
entrepôts, les sacs de farine ne se débar-
quaient même plus. Le commerce amé-
ricain subit de ce chef un préjudice énor-
me, etle gouvernement de l'Union se dé-
cida à rapporter certaines mesures vexa-
toires. Les commerçants chinois ont re-
vélé une fois de plus, par cet exemple de
solidarité, la puissance de leur esprit
d'association.
Dans la Chine méridionale, dans tes
deux Kouang, au Kouei Tcheouet au
Fôkien, il a toujours existé un ardent
foyer de sentiments nationalistes. C'est
de là que sont issues toutes les insur-
rections ayant pour objet le renversement
de la dynastie tartare des « Ming » pour
la remplacer par celle des « Tsing » na-
tionale, et dont un rejeton existerait en-
core. On n'a pas oublié, pour ne parler
que du plus important, le soulèvement
des Taïpings en 1860. Descendus des
montagnes du Kouang Si, le3 Taïpings
s'emparèrent de toute la Chine jusqu'au
Yang Tse-Kiatig ; établis à Nangkin, le
reste de l'Empire était condamné à tom-
ber en leur pouvoir, si les Puissances
européennes n avaient prête a La clynas-
die l'appui de leurs armées et de leurs
canons. Pour la seconde fois, depuis la
guerre de l'opium, l'Europe intervenait
en Chine pour la défense d'une cause in-
juste et contraire aux intérêts du peuple
chinois.
Refoulés dans leurs montagnes, après
une' répression sanglante, ils n'ont pas
cessé de continuer leur propagande. La
fameuse société secrète des nTnadûaB,
née de la défaite des Taïpings, poursuit
l'œuvre de renversement de la dynastie.
C'est ellequi soutint Sun-Yat-Seng dans
ses tentatives pour s'emparer de Canton.
Nullement hostile aux Européens, c'est
sur eux au contraire et sur la protection
qu'il a toujours trouvée chez les Anglais
de Hong-Kong qu'il s'appuie pour la réa-
lisation de son projet de création d'un Etat
chinois démocratique etindépendant dans
le bassin du Si-Kiang. Depuis trois ans,
on n'entend plus parler de lui.Qui sait s'il
(1) Cf « La Japonisaliôn de la Chine 1) par Reué.
Pinon. R VII des Deux-Mondes, 16 août 1905.
1\ -.
ne prépare pas un nouvel essai plus dé-
cisif avec l'orque ne lui comptent pas les
riches Chinois de Singapore, des Indes,
des Philippines et de Saigon.
Les idées séparatistes et très avancées
des Cantonnais ont forjé le vice-roi des
deux Kouang, Tchen, à donner à son
gouvernement une allure moderne et
quasi-démocratique. IL gouverne assisté
de ses « Chambres a-qui sont des assem-
blées de notables qui lui font entendre
parfois un rude langage.
On n'a p is oublié la cris i d'1 février, à
)ropos de la continuation de la ligne de
ïhemin de fer Canton-Hankeou, après
Sam-choui. Tchen voulait assurer lui-
même la construction de la ligne et de-
manda des crédits aux notables. Ceux-ci
luirefisèrent et l'an Vie n Ud tat Li, se
levant, fit au vice-roi les représentation s
les plus violentes sursa façon d'adminis-
trer les deniers publics"; il lui déclara que
l'assemblée ne l'autoriserait pas à lever
de nouveaux impôts, qui ne serviraient,
comme toujours, qu'à l'engraisser davan-
tage, lui et les autres mandarins. Au sor-
tir de la réunion, Li fut arrêté ; mais la
nouvelle de son arrestation faisait naître
une surexcitation des esprits qui n'aurait
pas manqué de déterminer une émeute si
le hasard n'avait fait tomber l'événement
la veille du « Tèt ». On sait le recueille-
ment qui entoure cette date du premier
de l'an chinois, à laquelle se soldent les
comptes et s'établissent les bilans. On
laissa donc passer le « Tèt » puis de puis-
sants avocats s'entremirent à Pékin et
obtinrent l'élargissement île Li.
Depuis lors, des corre spondances de
Canton nous ont appris qu'une Société
exclusivement chinoise s'était formée
pour l'achèvement des travaux du che-
min de fer et que les souscriptions d'ac-
tions atteignaient déjà plus de quatre
millions de taëls.
On voit donc, par ces manifestations
encore clairsemées, se dessiner les élé-
ments d'un grand parti nationaliste et
libéral qui, répudiant toute tentative
« coloniale », des étrangers quels qu'ils
soients dans la Chine,ouvrirait largement
la porte aux participations loyales qui
sont nécessaires à son essor économique.
Les diplomates de l'Europe et de l'A-
mérique feraient œuvre utile et féconde en
aidant la Chine à comprendre et à prépa-
,)rea d re et à
rer les conditions dans lesquelles elle
pourra se développer sans subir aucune
influence étrangère, dangereuse pour sa
liberté, comme celle de son audacieux,
jeune et turbulent voisin, le Japon.
Pierre CALLITTE.
–- -,.,,
La Semaine Coloniale.
1 La question abyssine.
L'accord francu-anglo-ilalien concernant
l'Abyssiniu a été conclu. Le projet sera
communiqué au gouvernement abyssin et
sera signé et livré à la publicité après avoir
été approuvé par l'empereur Ménélik.
L'accord maintient le statu quoen Abys-
sinie. Afin de préciser autant que cela est
possible le statu quo, la situation exacte
del'Abyssinie vis à vis des puissances voi-
sines est définie dans l'entente par l'in-
clusion de tous les accords conclus par ces
puissances avec le gouvernement du Né-
gus.
L'égalité des droits commerciaux pour
toutes les nations est également reconnue.
En ce qui concerne l'avenir et les évé-
nements imprévus, on a seulement pu ar-
rêter les lignes générales d'une politique
commune. Les puissances signataires se
consulteront avant de prendre des mesu-
res pour protéger les intérêts étrangers,
leur existence et leur propriété menacées,
et chacune d'elles fera part aux autres de
son intention d'intervenir.
11 ne s'agit pas d'une zone d'influence
pour chacune des trois puissances intéres-
sées : elles prennent seulement, respecti-
vement rengagement de laisser à chacune
d'elles le soin exclusif de développer ses
relations économiques avec l'Ethiopie dans
la région frontière de sa colonie et ne pas
lui faire concurrence.
En ce qui concerne les chemins de fer, 1
la concession de la. Compagnie du chemin
de fer éthiopien de Djibouti à Addis-Ababa
est reconnue ; la Compagnie restera fran-
çaise, mais sera réorganisée, et deux nou-
veaux administrateurs, l'un Anglais, l'au-
tre Italien, seront adjoints à l'administras
lion actuelle. On ne permettra pas, assu-
re-t-on, la construction d'une ligne paral-
lèle ou concurrente partant de lu côte est.
L'Italie aie droit de construire un chemin
de fer reliant sa colonie d'Erylhée avec ses
possessions de la Somalie ; et l'Angleterre
pourra relier par voie ferrée Ad dis-Ababa
au Nil. - -
Cependant,d'après certaines informations
l'Angleterre serait autorisée à construire
une ligne de Berbera à Ilarrai, ce qui se-
rait très préjudiciable à la ligne française
de Djibouti à Harrai et aux intérêts fran-
çais en Abyssinie.
Par une mesure de sage précaution, le
traité franco-angto-italien a été communi-
qué à l'Allemagne qui a donné son adhé-
sion. Bien que le traité soit en général
favorablement accueilli dans ce pays,il est
à remarquer que l'on i nsiste dans certains
milieux sur la nécessité de sauvegarder les
intérêts économiques allemands en Abys-
sinie.
La polioeau Maroc.
On commence à se préoccuper de l'orga-
nisation pratique de la police au Maroc ;
il est probable que 12 officiers et 24 sous-
officiers seront répartis dans les ports at*
tribués à la France et à l'Espagn e, 8 offi-
ciers et 10 sous officiers à Tanger et à Ca-
sablanca, où, comme on le sait, la police
est mixte.
Les cadres français seront sous les or-
dres d'un lieutenant-colonel qui résidera à
Casablanca.
La délimination anglo-allemande au
Tchad.
Un arrangement a été conclu entre les
gouvernements anglais et allemand pour
le règlement de la frontière du Camerouu
entre Yola et le lac Tchad.
L'Angleterre abandonne ses prétentions
sur Dikoa et reçoit en compensation un pe-
tit district situé sur la rive gauche du fleuve
Jaroqui et appartenant jusqu'ici à l'Alle-
magne.
Le Chemin de fer de Bagdad.
Cette compagnie a encaissé en 1905 une
somme de 1,251,978 fr., provenant princi-
palement d'intérêts, à concurrence de
995,205 fr. Les dépenses d'administration
ont exigé 113,892 fr., laissant ainsi un bé-
néfice net de 1,138.080 fr , en augmenta-
tion de 332,901 fr., surle chiffre de 1904.Ce
résultat autorise la répartition suivante :
dividende de 0 p. c. sur le capital versé de
7.500,000 fr., 450,000 fr, ; fonds de pré-
voyance, 500,000 fr., réserve ordinaire,
54,376 fr. tantièmes 11,438 fr. ; à nouveau
122,272 francs.
Le gouvernement turc a versé à la com-
pagnie, le 30 janvier 1900, une somme de
574.249fr. représentant la recette kilo-
métrique garantie par lui. La construction
de la première section Konia-Bulgurlu a
laissé une économie de 3,096.061 fr. qui
ontété versés àun fonds de réserve spécial.
Le dividende de l'exercice 1904 avait
été de 5 p. c.
Le Chemin de fer du Chantoung.
Les résultats de l'exercice 1905 sont sen-
siblement supérieurs à ceux de 1904 et té-
moignent du développement pris par le tra-
fic de cette ligne. Les recettes totales de
l'année dernière se sont élevées à 1,912,293
dollars mexicains, contre 1;246,037 dollars
en 1904. La recette kilométrique a passé
de 3,0J6 à 4,382 dollars. Les dépenses ont
atteint 910,382 dollars, en augmentation
de 231,855 dollars sur le chiffre de l'exer-
cice antérieur ; la dépense (kilométrique a
été de 2,086 dollars, contre 1,686 dollars
en 1904. Après déduction des frais géné-
raux,, amortissement de 50,000 marks sur
matériel et versement de 300,000 M. au
fonds de renouvellement, le bénéfice net
ressort à 2,063,572 M. permettant 1 alloca-
tion de 103,179 M. aux réserves, la distri-
bution d'un dividende de 3 lei p. c. sur
le capital de 54 millions de marks et le re-
port à nouveau de 102,215 M. Le dividen-
de, payable depuis le 1er juillet, est donc
de M. 32-50, contre 2 p. c. ou20 M. l'an-
née dernière.
L'exercice encours s'annonce sous les
meilleurs auspices ; c'est ainsi que la re-
cette des cinq premiers mois de 190G at-
teint 919,700 dollars, contre 763,200 doit.
pendant la période correspondante de 1905.
Camille FIDEL
-. ".#"------
LA -SEMAINE ÉCONOMIQUE
Navigation par le Canal de Suez
én 1905. Parts respectives des pa-
villons britannique et allemand.
Les relevés annuels de la navigation par
le Canal de Suez, pendant l'année 1905,
comparés avec ceux des deux années pré-
cédentes 1903 et 190-1, viennent d'être pu-
bliés sous l'orme de Papier Parlementaire
présenté aux Chambres britanniques.
Dans le numéro du L.and C. Telegraph,
en date du 5 curant, ce document lait
l'objet d'une analyse dont voici la traduc-
tion :
Le tonnage netde l'année passée esten
diminution de 267 730 tonnes relativement
à celui de 1904 et en augmentation de
1 226 817 tonnes relativement à celui de
1903. Le nombre de navires qui sont passés
parle Canal a été de 4.237 en 1904 et de
4.116 en 1906 dont 2679 en 1904 et 2.484 en
1905 battaient pavillon britannique. Il y a
eu une diminution de 476 989 tonnes, l'an-
née dernière, par comparaison avec 1904,
dans le tonnage des navires britanniques,
qui est monté à 8.356.940 tonnes en 1905.
Le pourcentage du nombre des navires
britanniques et de leur tonnage net a dé-
cru en 19v5, étant respectivement de 60.4
et 63.6 respectivement, au lieu de 63.2 et
65.9 en 1904. LH pourcentage du nombre
des navires allemands et de leur tonnage
net a été de 14.6 et 16.1 respectivement,au
lieu de 12.8 et 14.7 en 1904, tandis que le
pourcentage du tonnage net des autres na-
tions maritimes ayant fait usage du canal
de Suez en 1905 demeura pratiquement sta-
tionnaire, relativement à l'année précé-
dente.
La durée moyenne du passaga pour
tous les navires ayant navigué par le Ca-
nal a été de 18 heures 8 minutes en
1904, au lieu de 18 heures 35 minutes en
1095, tandis que le pourcentage des navi-
res ayant navigué la nuit s'est élevé à 95.7
pour cent en 1904, au lieu de 9.I pour
cent en 1905.
Des données qui précèdent, il résulte
que le pourcentage du tonnage net des
navires, autres que britanniques ou alle-
mands, ayant passé par le Canal de Suez
en 1905, n'a pas dépassé pendant cet exer-
cice 20.3 010. E. C.
Le commerce entre la Chine et la
Birmani. - Ou n'a pas oublié Us ef-
forts tentés par les Anglais pour relier,
par une voie ferrée, la capitale du Yunnan
aux. grands centres de Mandalay de Maul-
mein et de Rangoon, pour nous enlever
le bénéfice de notre voie de pénétration
plus courte vers Yunnansen par le fleuve
Rouge et Mongtz6. Après Bhamô, tous les
tracés avaient été reconnus impraticables à
cause des hautes chaînes de montagnes que
l'Hymalaya projette en contreforts escar-
pés et parallèles au travers du parcours.
Le gouvernement de Birmanie s'occupa
alors de la construction d'une simple route
carrossable vers la Chine et,vers le milieu
de 1904, l'une des sections les plus péni-
bles, celle qui, de la frontière birmane
jusqu'à Muits-Jien, se déroule pendant 28
kilomètres à travers les monts Kachin,
était achevée.
En même temps, les Anglais établis-
saient un drawback considérable sur les
marchandises transitant à travers la Bir-
manie pour être réexportées en Chine, via
Bhamô.
Le résultat de pareilles mesures ne tarda
pas à se manifester et le commerce du
Yunnan avec la colonie anglaise augmenta
de 20 0/01 en un an, d'après le rapport de
M. Napier, agent des douanes impériales
chinoises à Tengyeh.
Ilest vrai que des circonstances excep-
tionnelles ont d'un autre côté favorisé cette
augmentation. En 1004, les roules du
Kouang-Si étaient si peu sûres que les ca-
ravanes chargées de l'opium du Yunnan
avaient abandonné leur itinéraire tradi-
tionnel pour se diriger vers la Birmanie.
Les taxes nouvelles et exorbitantes qui
venaient de s'abattre sur la divine drogue
dans les Kouangs e tau Hounan ont aussi
beaucoup contribué à dériver vers Bhamô
le marché de ce produit essentiel du Yun-
nan.
Il n'en faut pas moins retenir que le gou-
vernement anglais cherche par tous les
moyens possibles à favoriser le mouve-
mentd affaires entre la Birmanie et la Chine
et qu'aussi la sécurité et les moyens de
communications de la partie occidentale
du Yunnan s'améliorent et rendent les
transactions plus faciles avec la Birma-
nie.
Il y a donc là une preuve nouvelle de la
nécessité d'activer les travaux de notre
voie ferrée Hanoï-Laokai-Yunnansen qui
placera nos négociants indo-chinois dans
une situation bien meilleure que celle de
leur concurrent de Rangoon.
Les éléphants du Cambodge.
La méthode en usage au Cambodge pour
capturer les éléphants sauvages diffère
quelque peu de celle employée dans l'Inde.
Un éléphantbien dressé et très fort porte
deux cornacs, un sur le cou, l'autre sur
le dos. Un cornac est muni d'un fort bâ-
ton rattaché à une-sangle par une de ses
extrémités, l'autre portant un nœud cou-
lant formé de lanières, de peau de buffle
tressées.
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