Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-06-28
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 juin 1906 28 juin 1906
Description : 1906/06/28 (A7,N25). 1906/06/28 (A7,N25).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
7' ANNÉE; N° 2b.
PRrx f.va/nce\ 45 cent.
PRIX. Etranger et Colonies: - 30 cent.
JEUDI 28 JUINtl06
- - -- -- -. - --
- - ,. - -
- - - :
Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant ia -rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
JOD""R.:N" pL IîEB3D03S^A.IDA.IR.B
1
Paraissant tous les Jeudis
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Un an 6 moi/
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ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
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L'émigration de l'Autriche-Hongrie
Projet de loi du gouvernement
Autrichien.
L'émigration austro-hongroise est,
avec celles de l'Italie et de la Russie en
progrès inquiétant. L'augmentation an-
nuelle dépasse même celle des deux au-
tres : les Etats-Unis, où se dirige pres-
que toute cette émigration (1), avaient
reçu,dans l'année 1903-04,177.156 émi- ,
grants venant d'Autriche-Hongrie (l'Ita-
lie en avait envoyé 193.296) ; l'année
suivante, les émigrants venus d'Italie
étaient 221.479, ceux de provenance
austro-hongroise atteignaient 275.693.
La Russie, l'Angleterrro (mais celle-ci
réexpédiaitdes hôtes de passage bien plus
que des nationaux) venaient ensuite.
Pays encore agricole en très grande
proportion, de population rurale arrié-
rée en beaucoup de contrées, d'ailleurs
d'acroissement rapide, l'Autriche-Hon-
grie a souffert des graves crises agrai-
res plus que l'Europe occidentale.
Do là cette émigration si considérable
que certains villages en sont presque
- - 0 --- -
dépcnplés, tout comme ces bourgs ita-
liens dont la solitude attriste la pitto-
resque route de Sorrente à Salerne. On
rapportait il y a quelque temps le fait
que, dans un village hongrois, les hom-
mes adultes étant presque tous partis,
une femme remplissait les fonctions de
bourgmestre. Descendants de ces no-
mades intrépides qui sillonnèrent l'A-
sie et l'Europe, ayant gardé de ces temps
héroïques l'esprit d'aventures, conser-
vant a leurs villages l'aspect encore d'un
campement, ces paysans magyars sont
moins enracinés que les ruraux d'occi-
dent. Les Slaves qui coexistent avec
eux et prédominent en tant de contrées
de la monarchie dite austro-hongroise,
se déplacent, eux-aussi,sans grand'peine,
comme ces tziganes, dont les bandes tra-
versent à tout moment leur pays; Polo-
nais de Galacie, Slovènes de Carniole,
Croates du littoral dalmate fournis-
sentie plus fort contingent. Il est fort à
craindre qu'avec des éléments assez vo-
lontiers mobiles, les conflits politiques
aidant, avec les antinomies de langues
et de races, le mouvement ne prenne
une extension redoutable. On a remar-
qué souvent combien l'exemple des
compatriotes déjà émigrés, l'influence
de leurs lettres, envois d'argent, encou-
ragements, avaient de force sur la popu-
lation d'un pays peu prospère; c'est ainsi
qu'en Italie, on voit à côté de villages
(I) Le Canada, qui vient ensuite comme pays
d'outre-mer, reçoit 7 à 8000 émigrants d'Autri-
che.
restés à peu près stationnaires, d'autres
qui se vident parce qu'ils ont au loin des
enfants qui écrivent, conseillent, s'of-
frent à prêter leur assistance.
La Hongrie a dû déjà faire une loi sur
l'émigration ; mais, fait étrange dans
un pays si administratif et si réglemen-
teur, il n'y a pas encore en Autriche de
loi spéciale à ce sujet : on a laissé les
provinces prendre les mesures qui leur
semblaient à propos. En 1902, au Reichs-
rath, le député Licht, montrant le
progrès de l'émigration, a demandé
qu'une loi fût enfin établie pour la pro-
téger ; le 6 décembre 1904, le gouverne-
ment a présenté un projet ; il n'est pas
encore voté, mais le texte et les commen-
taires de la commission d'examen ont
paru récemment. Le texte est reproduit
par le Bulletin Italien de t Emigration
(1906, n° 3) ; nous en donnons une ana-
lyse sommaire. Il n'y aura d'offices d'é-
migration que ceux qu'aura autorisés le
ministre de l'Intérieur. Seuls, les entre-
preneurs de travaux à l'étranger pour-
ront recruter des travailleurs et pour
leurs seules entreprises. Les agents qui
voudront servir d'intermédiaires à ces
enrôlements devront avoir un permis
spécial du ministère, se soumettre aux
stipulations prescrites par les contrats de
travail, n'agir que dans une zone défi-
nie ; ils devront être sujets autrichiens
et verser un cautionnement minimum
de 5.000 couronnes, dont le premier
emploi serait pour payer l'ouvrier en-
rôlé et lésé. Toute entreprise de coloni-
sation sera soumise à l'approbation mi-
nistérielle, en donnant tous les rensei-
gnements à son sujet. - Suivent des
prescriptions relatives au transport par
mer des émigrants. Observons d'ailleurs
que, des à présent, ce service est fait par
le Llyod autrichien ou par la Cunard
Line dans des conditions satisfaisantes
(le docteur Montano, de la marine ita-
lienne, oppose les paquebots de la Cu-
nard aux transports italiens, souvent pri-
mitifs et mal tenus). Pour être autorisé à
faire ce transport, il faudra une patente
délivrée par le ministère et moyennant nn
cautionnement de 100.000 couronnes au
moins. Les armateurs patentés ne pour-
ront en aucune sorte encourager à l'émi-
gration. Un contrat sera passé, par écrit,
avec chaque émigrant, d'après des modè-
les déterminés.
Si le lieu de destination de l'émigranl
est plus éloigné que le port de débarque-
ment, il recevra tous renseignements
nécessaires et même, s'il le désire, le bil-
let pour le nouveau parcours ; l'armateur
négligent serait rendu responsable des
dommages qui pourraient survenir à
son ancien passager.
Si le bateau ne peut partir à la date
marquée, les émigrants seront entrete-
nus, enattendant,aux frais de l'armateur.
L'Etat interviendra minutieusementdans
la fixation des prix et du traitement à
bord, imposeraaux consuls à l'étranger
un rôle d'arbitre dans les contestations
relatives aux contrats de transport., cons-
tituera un « fonds de l'émigration ».
Sanctions pénales contre l'incitation à
émigrer, contre la traite des blanches.
La protection de la loi est étendue aux
émigrants étrangers partant d'Autriche-
Hongrie. Cette loi, faite après celle
de l'Allemagne, de la Hongrie et de
l'Italie, les suit naturellement de fort
près. On y remarque une tendance
plus forte et plus minutieuse à régle-
menter, un soin encore plus grand à
empêcher la propagande pour l'émi-
gration (la loi italienne, par exem ple,
se borne à limiter le nombre des agents
employés parles armateurs et à répan-
dre de son mieux des enseignement précis
et désintéressés sur les divers pays) ;
la tutelle, mais aussi la protection de
l'émigrant sont affirmées encore davan-
tage. Rappelons, d'ailleurs, qu'il ne s'a-
git que d'un projet de loi et que, en
tout cas, des avantages qu'il peut of-
frir, l'honneur revient à l'initiative et à
l'expérience de ses devanciers étran-
gers.
Jacques fiAMBAUD,
A la Société de Géographie
Conférence de M. Eugène Gallois
sur la Turquie d'Asie
Comme nous l'avions annoncé, notre
collaborateur,le voyageur chargé de mis-
sions, Eugène Gallois, a exposé devant
un auditoire nombreux et choisi les ré-
sultats de son voyage à travers l'Asie
Mineure et la Syrie.
Il a d'abord dépeint le pays, à larges
traits, en artiste, vantant les beautés
pittoresques, les avantages offerts parla
nature ; il a rappelé le beau climaLla ter-
re féconde, ne cachant pas que l'on
pourrait en tirer meilleur parti qu'on ne
le fait actuellement.!! a signalé les riches-
ses minières, à peine soupçonnées pour
certains. Puis, remontant dans le passé
au point de vue historique,le conférencier
a fait allusion aux civilisations disparues,
aux invasions successives, aux chevau-
chées des croisés, à la puissance tem-
poraire des princes francs.Et il a ajouté
que ces régions semblaient dormir depuis
des siècles sous le joug ottoman, alors
qu'au siècle dernier des puissances euro-
péennes ont cherché à les sortir de leur
torpeur; et la France a été au premier
rang de ses ingénieurs ont créé des
ports les ont outillés, d'autres ont cons-
truit des chemins de fer, certains ont
tenté des entreprises industrielles.
M. Gallois a énoncé sommairement le
réseau des lignes ferrées et fait entrevoir
les projets à venir, le tracé du chemin
de fer de Bagdad.
Les produits agricoles ont été rapide-
ment énumérés.
Jetant un coup .d'œil aux souvenirs
historiques, le voyageur a cité les ruines
principales.
Puis il a terminé par l'œuvre de l'é-
ducation et de l'instruction, toute à la
gloire de la France et des religieux et re-
ligieuses qui s'y sont voués depuis un
demi-siècle.
De belles projections ont souligné cette
instructive causerie.
..:- .ç-..,. --
La Semaine Coloniale.
La France et le Maroc
Le Maghzcn,fatsant droit aux réclama-
tions de la France, vient, ainsi qu'il s'é-
tait engagé aie faire au mois de mars
dernier, d'envoyer à Tanger Sidi Taieb,
fils de Bou Amama, qu'il retenait prison-
nier à Fez, malgré la qualité d'Algérien
invoquée par lui. Sidi Taieb sera dirigé
sur l'Algérie où il fera sa soumission so-
lennelle à la France.
Pour obtenir l'exécution de l'engage-
ment pris par le Maghzen à ce sujet, M.
Saint-René Taillandier a du lui adress er
une véritable sommation. Ce langage,
appuyé par la présence à Tanger de la
division navale envoyée àla suite de l'af-
faire Charbonnier, a produit un effet
immédiat.
Le Maghzen a fait savoir,en outre,qu'il
accordait toutes les réparations exigées
par le gouvernement français pour l'as-
sassinat de M. Charbonnier.
Le Sultan et la Conférence d'Algésiras.
Le sultan a décidé, le 18 juin,de signer
l'acte de la Conférence d'Algésiras. Il a
porté cette décision à la connaissance de
M. Malmussi, ministre d'Italie, le même
jour.
Dans sa communication, le sultan dé-
clare qu'il signe l'acte d'Algésiras sans
aucune restriction.
Le ministre d'Italie emportera à Tanger
le rescrit impérial, revêtu du sceau ché-
rifien, que le sultan lui a fait remettre et
qui accepte et ratifie intégralement l'Acte
général de la Conférence.d'Algésiras.
La mission hydrographique du Maroc.
On annonce l'arrivée à Tanger, sur le
yacht Scnta, de la mission hydrographi-
que du Maroc, envoyée par le Comité du
Maroc, sous le commandement du lieute-
nant de vaisseau Dyé,pour continuer les
études commencées l'année dernière sur
la Côte atlantique du Maroc.
La Banque d'Etat marocaine.
Au titre 5 des statuts de la Banque
d'Etat marocaine, quatre censeurs doi-
vent être nommés par la France,l'Angle-
terre, l'Espagne et l'Allemagne.
Le gouvernement français a désigné,
pour les fonctions de censeur, M. de Li-
ron d'Airolles, premier sous-gouverneur
de la Banque de France.
La situation financière du Maroc.
En rapprochant les renseignements pui-
sés aux meilleures sources, voici le bilan
approximatif du trésor chérifien :
Chapitre des recettes. Tous les im-
pots réguliers (capitalisation, impôt fon-
cier) ne sont plus perçus depuis quatre
ans.
Les douanes, après le prélèvement des
services de l'emprunt français et les
sommes nécessairement affectées au
service des ports, laissent un reliquat
d'environ deux millions de pesetas.
Les taxes extraordinaires {qui sont ac-
tuellement les seules régulières), fournis-
sent un million et demi de pesetas.
Soit trois millions et demi par an.
Chapitre des dépenses. Le total dé-
passe certainement 15 millions par an.
Le gouvernement central (sultan, palais,
fonds secrets, etc.), absorbe un mini-
mum de 600 à 700.000 pesetas par mois ;
les dépenses militaires montent à 500 ou
550.000 pesetas par mois. La seule mahal-
la d'Oudjda réclame mensuellement un
demi- million - qui arrive ou n'arrive
pas.
Dans une quinzaine, le sultan doit en-
caisser le deuxième et dernier versement
de l'emprunt allemand : 5.375.000 francs
(l'Allemagne prélève d'avance les inté-
rêts). Une assez bonne partie de ces re-
cettes sont engagées d'avance : il reste
ra au maghzen environ quatre mois
d'existence financière.
La situation financière et économique
de l'Algérie.
Le 18 juin a eu lieu à Alger, au Palais
d'Hiver,la séance d'ouverture du conseil
supérieur du gouvernement.
M. Jonnart, gouverneur, a prononcé
un important discours traitant plus par-
ticulièrement du budget spécial de l'Al-
gérie.
–L'institution du budget spécial, dit-
il; a consacré le régime de décentralisa-
tion qui, par des décrets successifs, fu
substitué au système des rattachements.
Le premier avantage était de garantir à
l'Algérie l'utilisation à son profit de la to-
talité de ses recettes.
Aussi, 1° en cinq ans, plus de 30 mil-
lions d'excédents budgétaires, aupara-
vant absorbés par le Trésor métropoli-
tain, alimentèrent la caisse de réserve ;
2° Les crédits ordinaires de l'instruc-
tion publique, des postes, télégraphes et
téléphones, des forêts ont pu être majo-
rés de près de 5 millions, sans parler
d'autres améliorations notables.
Enfin, 3° un emprunt de 50 millions
pour l'exécution des travaux, routes,
ports, travaux agricoles et de colonisa-
tion a pu être réalisé et garanti non seu-
lement sans nouvelles charges pour les
contribuables algériens, mais en leur as-
surant les bénéfices d'un dégrèvement
des sucres atteignant plus de 4 millions
en cinq ans. Cet effort sans précédent
dans l'histoire de l'Algérie a été accom-
pli grâce au budget spécial.
Le gouverneur parle ensuite de la ré-
forme des chemins de fer algériens.
M. Jonnart termine en disant que le
progrès économique commande le pro-
grès social ; la lutte contre le paludisme
sous la direction du docteur Roux va se
poursuivre ; l'idée de mutualité prend
son élan de plus en plus ; les crédits dis-
tribués comme secours individuels feront
place aux subventions aux associations
de prévoyance agricole.
L'Assistance médicale, école d'asso-
ciation des intérêts, rendra plus manifes-
te et plus rayonnantè chez nos sujets la
pensée généreuse qui domine les ambi-
tions nationales ; la sécurité des colons
a tout à gagner de ces réformes qui ten-
dent à les rapprocher des indigènes.
Avant de se séparer ,les conseillers ont
procédé à la formation de leur bureau et
ont nommé, comme président, M. Vérola
délégué financier.
Les communications entre Tombouc-
tou et la Tunisie.
I.a première caravane venant de Tom-
bouctou par In-Salah-est arrivée mardi à
Gabès. Escortée de trente cavaliers, com-
posé de ciuquante chameaux, elle con-
voyait de^wmhrpuses marchandises : 800
kilogrammes déplumé* d'j^itniche et
1,000 kilogrammes d'ivoire. –̃–
Les caravanes partant de Tombouctou
pour l'Afrique du Nord aboutissaient jus-
qu'ici à Tripoli ou au Maroc. Cette repri-
se des relations commerciales entre la Tu-
nisie et le « port des sables » de notre
Soudan nigérien est donc à signaler. Il y
a une douzaine d'années, le gouverne-
ment tunisien avait déjà tenté d'attirer
le courant des caravanes de Tombouctou.
Il avait dû y renoncer, à cause de la bais-
se de l'ivoire, qui ne valait que Il francs
Un sanatorium en Indo-Chine
Depuis que le développement d'un
empire colonial est devenu l'un des
points essentiels de la politique des
grands Etats de l'Europe,on s'est préoc-
cupé d'améliorer les conditions d'existen-
ce de ceux qui travaillent à la prospérité
des nouveaux domaines ; on a cherché
à protéger les colons et les fonctionnai-
res contre les atteintes de climats trop
souvent meurtriers.
Il est bien rare que, dans les régions
les plus déshéritées de notre planète,
dans celles même qui paraissent le plus
hostiles à l'établissement des Européen?,
il ne se trouve pas quelque endroit, au
bord de la mer ou dans la montagne,qui,
par l'influence combinée d'une exposition
favorable de vents périodiques, de cou-
rants marins, de pluies abondantes ou
d'une grande altitude,ne constitue une
sorte d'oasis à climat tempéré et salubre
totalement distinct de celui qui règne
alentour.
Découvrir ces oasis, les défricher, y
apporter les graines potagères et les ar-
bres fruitiers d'Europe ; améliorer encore
le climat par des plantations bien com-
prises ; construire des maisons et des
camps ; aménager des hôpitaux pourvus
de médecins et bien outillés ; rèlier enfin
ces régions privilégiées aux centres d'ac-
tivité de la colonie, telle est l'œuvre in-
dispensable à accomplir dans les pays où
notre organisme ne peut supporter plus
d'un certain temps la rigueur du climat.
Les Anglais et les Hollandais ont, les
premiers,abordé ce problème souvent dif
fi cile elles résultats merveilleux qu'ils ont
obtenus fait le plus grand honneur à leur
méthode et à leur ténacité. Les « health
cities à de l'Inde se trouvent dans les
vallées qu'abritent les derniers contre-
forts de l'Himalaya, à quelques heures de
chemin de fer de Calcutta. La plupart de
ceux qui sont allés en Extrême-Orient
connaissent Kandy,cette délicieuse sta-
tion cynghalaise,reliée par le rail à Co-
lombe. A Hong-Long, le pic Victoria
qu'un vertigiueux funiculaire met en
communication rapide avec la ville bas-
se,s'est couvert en vingt ans deplusieurs
centaines de villas, ainsi que d hôpitaux
et de jardins. Dans les îles de la Sonde,
les sanatoria de Sinday-Laya, de Tchi-
bodar,de Tozari, sont justement réputés.
Qu'avons-nous fait jusqu'à présent
dans cet ordre de travaux utiles ? Bien
peu de chose. On ne peut guère citer que
Salazie, à la Réunion, Camp-Jacob à la
Guadeloupe,Ralatin à la Martinique, et
la montagne d'Ambre à Madagascar.
Quanta nos autres colonies, le Congo,
le Sénégal, l'Indo-Chine,les plus impor
tantesenmême @ temps que les plus malsai-
nes aucune d'elles ne possède encore
sa « ville de santé ».
Pour ne parler que de l'Indo-Chine,
que de millions ontété dépenséspour.des
travaux publics dont l'importance était
loin d'égaler celle de la création d'un sa-
natorium. L exemple du pont tournant,
construit à Saigon, sur 1 arroyo chinois
est concluant. Depuis deux ans qu'il est
achevé,on n'a pas encore osé le livrer à la
circulation de peur d'entraver le mouve-
ment trop important, quoique tardive-
ment constaté, de la batellerie indigène
à cet endroit.
Il faut reconnaître pourtant que jus-
qu'en 1906, et depuis plusieurs années, il
existait une maison de convalescence
doublée d'un hôtel subventionné au Cap
Saint-Jacques,en Cochinchine : et, qu'au
Tonkin,une autre station balnéaire avait
été créée à Doson,près d'Haiphong. Mal-
heureusement, ni l'une,ni l'autre ne pos-
sédaient les conditions climatériques in-
dispensables au but qu'on se proposait
d'atteindre.
Le cap Saint. Jacques, situé à l'embou-
chure du Donnaï et distant d'une cen-
taine de kilomètres de Saïgon, était na-
guère,avant sa prise de possession par
la troupe,un lieu de repos agréable. La
plage superbe de Ti-Ouane y attirait les
amateurs de bains de mer, et, de mai à sep-
tembre,la mousson sud-ouest y réconfor-
tait les Saïgonnais pas trop anémiés.
Mais en mousson nord-est, c'est-à-dire
de septembre à mars,le vent passant sur
des marais voisins y apporte les fièvres.
En toute saison,d'ailleurs,la températu-
re diffère peu du reste de la Cochinchine.
Elle est encore accrue, durant le jour,
d'une réverbération insupportable sur
les sables brûlants et ce n'est que le soir
que la brise de mer répand une fraîcheur
relative.
Si l'on ajoute à cela des communica-
tions difficiles entre le cap et Saïgon, la
lenteur du voyage, la fatigue que cause
toujours une traversée sur une mer sou-
vent houleuse dans la baie deGanh-ray,
on comprendra aisément que la vogue
dont a joui un moment cette station,lors-
que le Gouverneur Général y faisait bà-
tir sa villa,ne pouvait durer. Maintenant
le cap Saint-Jacques,point d'appui de la
flotte et position stratégique de la plus
haute importance, fourmille de troupes
de toutes armes..Les Saïgonnais n'y
vont plus passer du samedi au lundi ;
comme naguère. Le sanatorium a été
supprimé, l'hôtel fermé et les bâtiments
vendus à l'autorité militaire.
La création de Doson,à l'embouchure
du Fleuve Rouge, a été la réplique des
Tonkinois à la construction du Cap. Ce-
pendant moins encore que son aînée,Do-
son ne répond aux exigencesd'une Ville de
santé. En hiver il y fait moins frais que
dans les parties moyennes du Tonkin,
voire même qu'à Hanoï, et en été il n'y a
pas un souffle d'air tout le long de la cô-
te. La mer y réfléchit un soleil torride ;
les nuits sont chaudes, et la température
ne varie pas du soir au matin. Le^olfe
- joue le rôle d'un énorme accumulateur
qui restitue pendant la. nuit la chaleur
absorbée le jour.
Les Tonkinois cependant continuent
à se rendre à Doson,tout en sachant fort
bien qu'ils n'y trouveront aucun repos
et qu'il y fera même presque plus chaud
qu'à Haïphong. Question de mode !.
Les difficultés d'accès sont plus gran-
des et plus onéreuses encore qu'au Cap.
Il faut venir d'Haïphong en voiture et
traverser en bac le Lac Tray. - -..
Le point de la côte indo-chinoise qui
aurait été le moins défavorable à l'établis-
sement d'un sanatorium, c'est le petit port
de Nhatrang, au nord du cap Padaran.
Non que la température moyenne y soit
de beaucoup inférieure à celle des autres
ports,mais parceque les nuits y sont tou-
jours fraîches et réparatrices. Nhatrang
se trouve placé à l'ouverture de deux
grandes vallées qui vont aboutir aux é-
normes massifs hauts de 1.500 à 2.000
mètres qui forment la crête ia plus élevée
de toute la chaîne aunamitique. Il en ré-
sulte une brise de terre très fraîche qui
souffle régulièrement tous les soirs à
partir de cinq heures, été comme hiver,et
qui provoque alors un abaissement no-
table de température. C'est beaucoup à
cause de la salubrité relative de son cli-
mat que M. le Docteur Yersiachoisi Nha-
trangpour l'installation de son institut
bactériologique.
Néanmoins, ce climat n'est pas encore
assez tempéré pour rendre la force et la
santé aux personnes débilitées par la
chaleur. Tout au plus peut-on ne pas s'y
anémier,mais non s'y refaire.
Il fallait donc renoncer à l'idée d'un
sanatorium côtier et tourner les regards
du côté des hauts plateaux de l'intérieur.
Lagrande difficulté qui se présentait tout
d'abord et qui avait arrêté jusque-là les
recherches,était de pénétrer dans ces ré-
gions montagneuses couvertes de forêts
vierges et peuplées de sauvages peu hos-
pitaliers.
En 1901,M.Doumer,Gouverneur Général
de l'Indo-Chine,fit explorer le plateau du
Lang Biau,dans le Sud-Annam. Les rap-
ports furent complètement favorables :
le pays était sain,tempéré,bien arrosé et
couvert de forêts de pins. On décidait
la même année, la construction d'un
̃ sanatorium à Dalat, à 1.495 mètres au-
dessus du niveau de la mer.
Il y eut par toute 1 lndo-L.nine un
grand mouvement d'enthousiasme, quand
on apprit que la colonie allait enfin être
dotée d'une ville de santé, comme celles
des Indes ou des îles de la Sonde. Mais
les choses n'allèrent pas aussi vite qu'on
croyait. Dalat, il est vrai, n'est guère
éloigné de plus de cent kilomètres du
petit port annamite de Phanrang. Mais
il fallait percer la route à travers la fo-
rêt. La main-d'œuvre n'existait pas sur
place. On dut tout faire venir de Saigon,
ce qui demanda beaucoup de temps et
d'argent. Cependant les victimes nom-
breuses que le défrichement ne manqua
pas de faire parmi les coolies employés
à la route, accréditaient, bien à tort, le
bruit que le pays était fiévreux et l'ardeur
des premiers Jours s'en trouva quelque
peu refroidie. Puis on renonça au pro-
jet trop onéreux de relier Dalat à Phan-
rang par une voie ferrée et on chercha un
autre tracé. C'est Nhatrang qui parait
maintenant avoir été définitivement choisi
comme tête de ligne de la voie d e péné-
tration au Lang-Bian.Mais quand les tra-
vaux seront-ils achevés ?Sans doute, pas
avant quatre ou cinq ans.
Au Lang-Bian même, les travaux ont
été plus vite : des constructions s'élèvent
à Dalat, qui n'attendent plus que les voya-
geurs et les malades. Non loin, à Dan-
Ghia, une station agricole est en pleine
prospérité et les essais d'élevage de mou-
tons et de bêtes à cornes y ont pleinement
réussi. Le climat est d'une douceur re-
marquable ; les températures de 30° et
même de 25° y sont rares. Les moyennes
sont de 20° en été et de 15° à 18" en hi-
ver.Les Français pourraient y travailler
de leurs mains et cultiver les légumes et
les fruits de France qui y viennent par-
faitement.
Le jour où le rail mettra ce nouvel
«Eden » à quelques heures de Nhatrang,
en attendant que le grand Trans-indo-
chinois le relie directement à Saigon, nul
doute que le Lang-Bian ne se développe
très rapidement. Couvert de jardins et de
vergers, de promenades aménagées dans
tous les sites pittoresques d'alentour et
qui rappellent ceux de nos pays graniti-
ques, Dalat verra se serrer les unes con-
tre les autres d'élégantes villas a cote
des bâtiments officiels et ce sera bien vite
le grand centre Européen de toute l'Union
Indo-chinoise.
Mais, nous n'en sommes pas encore là,
et, comme nous le disions plus haut, il
faudra plusieurs années avant qu'il soit
expédient d'aller faire une cure à Dalat.
En attendant les Français de Cochinchine
qui sont les plus maltraités par le cli-
mat, ne savent plus, depuis la suppres-
sion du sanatorium du Cap Saint-Jac-
ques, où aller se reposer et chercher un
air plus frais et pur.
L'endroit est pourtant tout désigné et
il sulfirait, pour l'aménager convenable-
ment, el à peu do frais, d'un peu de bonne
volonté de la partde l'Administration.
La ligne de chemin de fer Saigon-Tan-
liuts est, comme on sait, actuellement en
exploitation de Saigon au centième kilo-
mètre. Là se trouve la station de Gia-
Ray, résidence de M. Oderat, le célèbre
chasseur de tigres et d'éléphants, qui
administre ces contrées peuplées de sau-
vages Moïs. La station est dominée par
une haute montagne le Nui-Tua-Tchan
boisée sur ses pentes et surmontée d'un
petit plateau dénudé, où ne se trouvent
encore qu'une modeste cabane et le « po-
tager » de M. Oderat, où les fraises pous-
sent en toute saison. Une excellente
route accède au plateau situé à 800 mè-
tres d'altitude. La température y est tou-
jours très modérée, bien que de chaudes
couvertures soient nécessaires si l'on veut
passer la nuit dans la cabane mise à la
disposition des touristes.
C'est là qu'il faudrait installer, sans dé-
lai, un petit sanatorium, qui cesserait na-
turellement d'exister le jour de l'ouver-
ture du Lang-Bian. Une peut y avoir d'ob-
jection sérieuse à cette proposition. Le
chemin de fer met Gia-Ray à trois ou qua-
tre heures de Saïgon. Tout peut donc y
être expédié rapidement et sans frais
excessifs. La route de la montagne est
excellente et il ne manque pas de mu-
lets disponibles à Saïgon, qui pourraient
être employés à transporter les matériaux
et les ouvriers au sommet de la monta-
gne. «
Dans un de ses derniers voyages, M.
François Deloncle, député de Cochinchine
alla visiter les travaux de la ligne de
Tanliuts et gravit la montagne de Gia-
Ray. Charmé de la douceur toute prin-
tanière du climat, alors que l'on suffo-
quait à Saigon, il s'étonna que l'on n'ait
pas encore songé à tirer parti, pour le
plus grand bien des Cochinchinois, de
cet endroit si favorablement mis à pro-
ximité de Saïgon. Cependant il n'est ja-
mais trop tard pour bien faire et nous
espérons que l'Administration, sollicitée
de différents côtés, secouera un peu sa
torpeur toute coloniale et ne laissera pas
passer cette occasion de faire œuvre utile
et féconde.
Pierre CALLITTE,
PRrx f.va/nce\ 45 cent.
PRIX. Etranger et Colonies: - 30 cent.
JEUDI 28 JUINtl06
- - -- -- -. - --
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Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant ia -rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
JOD""R.:N" pL IîEB3D03S^A.IDA.IR.B
1
Paraissant tous les Jeudis
Directeur : MARCEL RUEDEL
4, Gr aie rie d'Orléans (Palais-Pioyal, PAR.IS 1er)
ABONNEMENTS -
Un an 6 moi/
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ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
L'émigration de l'Autriche-Hongrie
Projet de loi du gouvernement
Autrichien.
L'émigration austro-hongroise est,
avec celles de l'Italie et de la Russie en
progrès inquiétant. L'augmentation an-
nuelle dépasse même celle des deux au-
tres : les Etats-Unis, où se dirige pres-
que toute cette émigration (1), avaient
reçu,dans l'année 1903-04,177.156 émi- ,
grants venant d'Autriche-Hongrie (l'Ita-
lie en avait envoyé 193.296) ; l'année
suivante, les émigrants venus d'Italie
étaient 221.479, ceux de provenance
austro-hongroise atteignaient 275.693.
La Russie, l'Angleterrro (mais celle-ci
réexpédiaitdes hôtes de passage bien plus
que des nationaux) venaient ensuite.
Pays encore agricole en très grande
proportion, de population rurale arrié-
rée en beaucoup de contrées, d'ailleurs
d'acroissement rapide, l'Autriche-Hon-
grie a souffert des graves crises agrai-
res plus que l'Europe occidentale.
Do là cette émigration si considérable
que certains villages en sont presque
- - 0 --- -
dépcnplés, tout comme ces bourgs ita-
liens dont la solitude attriste la pitto-
resque route de Sorrente à Salerne. On
rapportait il y a quelque temps le fait
que, dans un village hongrois, les hom-
mes adultes étant presque tous partis,
une femme remplissait les fonctions de
bourgmestre. Descendants de ces no-
mades intrépides qui sillonnèrent l'A-
sie et l'Europe, ayant gardé de ces temps
héroïques l'esprit d'aventures, conser-
vant a leurs villages l'aspect encore d'un
campement, ces paysans magyars sont
moins enracinés que les ruraux d'occi-
dent. Les Slaves qui coexistent avec
eux et prédominent en tant de contrées
de la monarchie dite austro-hongroise,
se déplacent, eux-aussi,sans grand'peine,
comme ces tziganes, dont les bandes tra-
versent à tout moment leur pays; Polo-
nais de Galacie, Slovènes de Carniole,
Croates du littoral dalmate fournis-
sentie plus fort contingent. Il est fort à
craindre qu'avec des éléments assez vo-
lontiers mobiles, les conflits politiques
aidant, avec les antinomies de langues
et de races, le mouvement ne prenne
une extension redoutable. On a remar-
qué souvent combien l'exemple des
compatriotes déjà émigrés, l'influence
de leurs lettres, envois d'argent, encou-
ragements, avaient de force sur la popu-
lation d'un pays peu prospère; c'est ainsi
qu'en Italie, on voit à côté de villages
(I) Le Canada, qui vient ensuite comme pays
d'outre-mer, reçoit 7 à 8000 émigrants d'Autri-
che.
restés à peu près stationnaires, d'autres
qui se vident parce qu'ils ont au loin des
enfants qui écrivent, conseillent, s'of-
frent à prêter leur assistance.
La Hongrie a dû déjà faire une loi sur
l'émigration ; mais, fait étrange dans
un pays si administratif et si réglemen-
teur, il n'y a pas encore en Autriche de
loi spéciale à ce sujet : on a laissé les
provinces prendre les mesures qui leur
semblaient à propos. En 1902, au Reichs-
rath, le député Licht, montrant le
progrès de l'émigration, a demandé
qu'une loi fût enfin établie pour la pro-
téger ; le 6 décembre 1904, le gouverne-
ment a présenté un projet ; il n'est pas
encore voté, mais le texte et les commen-
taires de la commission d'examen ont
paru récemment. Le texte est reproduit
par le Bulletin Italien de t Emigration
(1906, n° 3) ; nous en donnons une ana-
lyse sommaire. Il n'y aura d'offices d'é-
migration que ceux qu'aura autorisés le
ministre de l'Intérieur. Seuls, les entre-
preneurs de travaux à l'étranger pour-
ront recruter des travailleurs et pour
leurs seules entreprises. Les agents qui
voudront servir d'intermédiaires à ces
enrôlements devront avoir un permis
spécial du ministère, se soumettre aux
stipulations prescrites par les contrats de
travail, n'agir que dans une zone défi-
nie ; ils devront être sujets autrichiens
et verser un cautionnement minimum
de 5.000 couronnes, dont le premier
emploi serait pour payer l'ouvrier en-
rôlé et lésé. Toute entreprise de coloni-
sation sera soumise à l'approbation mi-
nistérielle, en donnant tous les rensei-
gnements à son sujet. - Suivent des
prescriptions relatives au transport par
mer des émigrants. Observons d'ailleurs
que, des à présent, ce service est fait par
le Llyod autrichien ou par la Cunard
Line dans des conditions satisfaisantes
(le docteur Montano, de la marine ita-
lienne, oppose les paquebots de la Cu-
nard aux transports italiens, souvent pri-
mitifs et mal tenus). Pour être autorisé à
faire ce transport, il faudra une patente
délivrée par le ministère et moyennant nn
cautionnement de 100.000 couronnes au
moins. Les armateurs patentés ne pour-
ront en aucune sorte encourager à l'émi-
gration. Un contrat sera passé, par écrit,
avec chaque émigrant, d'après des modè-
les déterminés.
Si le lieu de destination de l'émigranl
est plus éloigné que le port de débarque-
ment, il recevra tous renseignements
nécessaires et même, s'il le désire, le bil-
let pour le nouveau parcours ; l'armateur
négligent serait rendu responsable des
dommages qui pourraient survenir à
son ancien passager.
Si le bateau ne peut partir à la date
marquée, les émigrants seront entrete-
nus, enattendant,aux frais de l'armateur.
L'Etat interviendra minutieusementdans
la fixation des prix et du traitement à
bord, imposeraaux consuls à l'étranger
un rôle d'arbitre dans les contestations
relatives aux contrats de transport., cons-
tituera un « fonds de l'émigration ».
Sanctions pénales contre l'incitation à
émigrer, contre la traite des blanches.
La protection de la loi est étendue aux
émigrants étrangers partant d'Autriche-
Hongrie. Cette loi, faite après celle
de l'Allemagne, de la Hongrie et de
l'Italie, les suit naturellement de fort
près. On y remarque une tendance
plus forte et plus minutieuse à régle-
menter, un soin encore plus grand à
empêcher la propagande pour l'émi-
gration (la loi italienne, par exem ple,
se borne à limiter le nombre des agents
employés parles armateurs et à répan-
dre de son mieux des enseignement précis
et désintéressés sur les divers pays) ;
la tutelle, mais aussi la protection de
l'émigrant sont affirmées encore davan-
tage. Rappelons, d'ailleurs, qu'il ne s'a-
git que d'un projet de loi et que, en
tout cas, des avantages qu'il peut of-
frir, l'honneur revient à l'initiative et à
l'expérience de ses devanciers étran-
gers.
Jacques fiAMBAUD,
A la Société de Géographie
Conférence de M. Eugène Gallois
sur la Turquie d'Asie
Comme nous l'avions annoncé, notre
collaborateur,le voyageur chargé de mis-
sions, Eugène Gallois, a exposé devant
un auditoire nombreux et choisi les ré-
sultats de son voyage à travers l'Asie
Mineure et la Syrie.
Il a d'abord dépeint le pays, à larges
traits, en artiste, vantant les beautés
pittoresques, les avantages offerts parla
nature ; il a rappelé le beau climaLla ter-
re féconde, ne cachant pas que l'on
pourrait en tirer meilleur parti qu'on ne
le fait actuellement.!! a signalé les riches-
ses minières, à peine soupçonnées pour
certains. Puis, remontant dans le passé
au point de vue historique,le conférencier
a fait allusion aux civilisations disparues,
aux invasions successives, aux chevau-
chées des croisés, à la puissance tem-
poraire des princes francs.Et il a ajouté
que ces régions semblaient dormir depuis
des siècles sous le joug ottoman, alors
qu'au siècle dernier des puissances euro-
péennes ont cherché à les sortir de leur
torpeur; et la France a été au premier
rang de ses ingénieurs ont créé des
ports les ont outillés, d'autres ont cons-
truit des chemins de fer, certains ont
tenté des entreprises industrielles.
M. Gallois a énoncé sommairement le
réseau des lignes ferrées et fait entrevoir
les projets à venir, le tracé du chemin
de fer de Bagdad.
Les produits agricoles ont été rapide-
ment énumérés.
Jetant un coup .d'œil aux souvenirs
historiques, le voyageur a cité les ruines
principales.
Puis il a terminé par l'œuvre de l'é-
ducation et de l'instruction, toute à la
gloire de la France et des religieux et re-
ligieuses qui s'y sont voués depuis un
demi-siècle.
De belles projections ont souligné cette
instructive causerie.
..:- .ç-..,. --
La Semaine Coloniale.
La France et le Maroc
Le Maghzcn,fatsant droit aux réclama-
tions de la France, vient, ainsi qu'il s'é-
tait engagé aie faire au mois de mars
dernier, d'envoyer à Tanger Sidi Taieb,
fils de Bou Amama, qu'il retenait prison-
nier à Fez, malgré la qualité d'Algérien
invoquée par lui. Sidi Taieb sera dirigé
sur l'Algérie où il fera sa soumission so-
lennelle à la France.
Pour obtenir l'exécution de l'engage-
ment pris par le Maghzen à ce sujet, M.
Saint-René Taillandier a du lui adress er
une véritable sommation. Ce langage,
appuyé par la présence à Tanger de la
division navale envoyée àla suite de l'af-
faire Charbonnier, a produit un effet
immédiat.
Le Maghzen a fait savoir,en outre,qu'il
accordait toutes les réparations exigées
par le gouvernement français pour l'as-
sassinat de M. Charbonnier.
Le Sultan et la Conférence d'Algésiras.
Le sultan a décidé, le 18 juin,de signer
l'acte de la Conférence d'Algésiras. Il a
porté cette décision à la connaissance de
M. Malmussi, ministre d'Italie, le même
jour.
Dans sa communication, le sultan dé-
clare qu'il signe l'acte d'Algésiras sans
aucune restriction.
Le ministre d'Italie emportera à Tanger
le rescrit impérial, revêtu du sceau ché-
rifien, que le sultan lui a fait remettre et
qui accepte et ratifie intégralement l'Acte
général de la Conférence.d'Algésiras.
La mission hydrographique du Maroc.
On annonce l'arrivée à Tanger, sur le
yacht Scnta, de la mission hydrographi-
que du Maroc, envoyée par le Comité du
Maroc, sous le commandement du lieute-
nant de vaisseau Dyé,pour continuer les
études commencées l'année dernière sur
la Côte atlantique du Maroc.
La Banque d'Etat marocaine.
Au titre 5 des statuts de la Banque
d'Etat marocaine, quatre censeurs doi-
vent être nommés par la France,l'Angle-
terre, l'Espagne et l'Allemagne.
Le gouvernement français a désigné,
pour les fonctions de censeur, M. de Li-
ron d'Airolles, premier sous-gouverneur
de la Banque de France.
La situation financière du Maroc.
En rapprochant les renseignements pui-
sés aux meilleures sources, voici le bilan
approximatif du trésor chérifien :
Chapitre des recettes. Tous les im-
pots réguliers (capitalisation, impôt fon-
cier) ne sont plus perçus depuis quatre
ans.
Les douanes, après le prélèvement des
services de l'emprunt français et les
sommes nécessairement affectées au
service des ports, laissent un reliquat
d'environ deux millions de pesetas.
Les taxes extraordinaires {qui sont ac-
tuellement les seules régulières), fournis-
sent un million et demi de pesetas.
Soit trois millions et demi par an.
Chapitre des dépenses. Le total dé-
passe certainement 15 millions par an.
Le gouvernement central (sultan, palais,
fonds secrets, etc.), absorbe un mini-
mum de 600 à 700.000 pesetas par mois ;
les dépenses militaires montent à 500 ou
550.000 pesetas par mois. La seule mahal-
la d'Oudjda réclame mensuellement un
demi- million - qui arrive ou n'arrive
pas.
Dans une quinzaine, le sultan doit en-
caisser le deuxième et dernier versement
de l'emprunt allemand : 5.375.000 francs
(l'Allemagne prélève d'avance les inté-
rêts). Une assez bonne partie de ces re-
cettes sont engagées d'avance : il reste
ra au maghzen environ quatre mois
d'existence financière.
La situation financière et économique
de l'Algérie.
Le 18 juin a eu lieu à Alger, au Palais
d'Hiver,la séance d'ouverture du conseil
supérieur du gouvernement.
M. Jonnart, gouverneur, a prononcé
un important discours traitant plus par-
ticulièrement du budget spécial de l'Al-
gérie.
–L'institution du budget spécial, dit-
il; a consacré le régime de décentralisa-
tion qui, par des décrets successifs, fu
substitué au système des rattachements.
Le premier avantage était de garantir à
l'Algérie l'utilisation à son profit de la to-
talité de ses recettes.
Aussi, 1° en cinq ans, plus de 30 mil-
lions d'excédents budgétaires, aupara-
vant absorbés par le Trésor métropoli-
tain, alimentèrent la caisse de réserve ;
2° Les crédits ordinaires de l'instruc-
tion publique, des postes, télégraphes et
téléphones, des forêts ont pu être majo-
rés de près de 5 millions, sans parler
d'autres améliorations notables.
Enfin, 3° un emprunt de 50 millions
pour l'exécution des travaux, routes,
ports, travaux agricoles et de colonisa-
tion a pu être réalisé et garanti non seu-
lement sans nouvelles charges pour les
contribuables algériens, mais en leur as-
surant les bénéfices d'un dégrèvement
des sucres atteignant plus de 4 millions
en cinq ans. Cet effort sans précédent
dans l'histoire de l'Algérie a été accom-
pli grâce au budget spécial.
Le gouverneur parle ensuite de la ré-
forme des chemins de fer algériens.
M. Jonnart termine en disant que le
progrès économique commande le pro-
grès social ; la lutte contre le paludisme
sous la direction du docteur Roux va se
poursuivre ; l'idée de mutualité prend
son élan de plus en plus ; les crédits dis-
tribués comme secours individuels feront
place aux subventions aux associations
de prévoyance agricole.
L'Assistance médicale, école d'asso-
ciation des intérêts, rendra plus manifes-
te et plus rayonnantè chez nos sujets la
pensée généreuse qui domine les ambi-
tions nationales ; la sécurité des colons
a tout à gagner de ces réformes qui ten-
dent à les rapprocher des indigènes.
Avant de se séparer ,les conseillers ont
procédé à la formation de leur bureau et
ont nommé, comme président, M. Vérola
délégué financier.
Les communications entre Tombouc-
tou et la Tunisie.
I.a première caravane venant de Tom-
bouctou par In-Salah-est arrivée mardi à
Gabès. Escortée de trente cavaliers, com-
posé de ciuquante chameaux, elle con-
voyait de^wmhrpuses marchandises : 800
kilogrammes déplumé* d'j^itniche et
1,000 kilogrammes d'ivoire. –̃–
Les caravanes partant de Tombouctou
pour l'Afrique du Nord aboutissaient jus-
qu'ici à Tripoli ou au Maroc. Cette repri-
se des relations commerciales entre la Tu-
nisie et le « port des sables » de notre
Soudan nigérien est donc à signaler. Il y
a une douzaine d'années, le gouverne-
ment tunisien avait déjà tenté d'attirer
le courant des caravanes de Tombouctou.
Il avait dû y renoncer, à cause de la bais-
se de l'ivoire, qui ne valait que Il francs
Un sanatorium en Indo-Chine
Depuis que le développement d'un
empire colonial est devenu l'un des
points essentiels de la politique des
grands Etats de l'Europe,on s'est préoc-
cupé d'améliorer les conditions d'existen-
ce de ceux qui travaillent à la prospérité
des nouveaux domaines ; on a cherché
à protéger les colons et les fonctionnai-
res contre les atteintes de climats trop
souvent meurtriers.
Il est bien rare que, dans les régions
les plus déshéritées de notre planète,
dans celles même qui paraissent le plus
hostiles à l'établissement des Européen?,
il ne se trouve pas quelque endroit, au
bord de la mer ou dans la montagne,qui,
par l'influence combinée d'une exposition
favorable de vents périodiques, de cou-
rants marins, de pluies abondantes ou
d'une grande altitude,ne constitue une
sorte d'oasis à climat tempéré et salubre
totalement distinct de celui qui règne
alentour.
Découvrir ces oasis, les défricher, y
apporter les graines potagères et les ar-
bres fruitiers d'Europe ; améliorer encore
le climat par des plantations bien com-
prises ; construire des maisons et des
camps ; aménager des hôpitaux pourvus
de médecins et bien outillés ; rèlier enfin
ces régions privilégiées aux centres d'ac-
tivité de la colonie, telle est l'œuvre in-
dispensable à accomplir dans les pays où
notre organisme ne peut supporter plus
d'un certain temps la rigueur du climat.
Les Anglais et les Hollandais ont, les
premiers,abordé ce problème souvent dif
fi cile elles résultats merveilleux qu'ils ont
obtenus fait le plus grand honneur à leur
méthode et à leur ténacité. Les « health
cities à de l'Inde se trouvent dans les
vallées qu'abritent les derniers contre-
forts de l'Himalaya, à quelques heures de
chemin de fer de Calcutta. La plupart de
ceux qui sont allés en Extrême-Orient
connaissent Kandy,cette délicieuse sta-
tion cynghalaise,reliée par le rail à Co-
lombe. A Hong-Long, le pic Victoria
qu'un vertigiueux funiculaire met en
communication rapide avec la ville bas-
se,s'est couvert en vingt ans deplusieurs
centaines de villas, ainsi que d hôpitaux
et de jardins. Dans les îles de la Sonde,
les sanatoria de Sinday-Laya, de Tchi-
bodar,de Tozari, sont justement réputés.
Qu'avons-nous fait jusqu'à présent
dans cet ordre de travaux utiles ? Bien
peu de chose. On ne peut guère citer que
Salazie, à la Réunion, Camp-Jacob à la
Guadeloupe,Ralatin à la Martinique, et
la montagne d'Ambre à Madagascar.
Quanta nos autres colonies, le Congo,
le Sénégal, l'Indo-Chine,les plus impor
tantesenmême @ temps que les plus malsai-
nes aucune d'elles ne possède encore
sa « ville de santé ».
Pour ne parler que de l'Indo-Chine,
que de millions ontété dépenséspour.des
travaux publics dont l'importance était
loin d'égaler celle de la création d'un sa-
natorium. L exemple du pont tournant,
construit à Saigon, sur 1 arroyo chinois
est concluant. Depuis deux ans qu'il est
achevé,on n'a pas encore osé le livrer à la
circulation de peur d'entraver le mouve-
ment trop important, quoique tardive-
ment constaté, de la batellerie indigène
à cet endroit.
Il faut reconnaître pourtant que jus-
qu'en 1906, et depuis plusieurs années, il
existait une maison de convalescence
doublée d'un hôtel subventionné au Cap
Saint-Jacques,en Cochinchine : et, qu'au
Tonkin,une autre station balnéaire avait
été créée à Doson,près d'Haiphong. Mal-
heureusement, ni l'une,ni l'autre ne pos-
sédaient les conditions climatériques in-
dispensables au but qu'on se proposait
d'atteindre.
Le cap Saint. Jacques, situé à l'embou-
chure du Donnaï et distant d'une cen-
taine de kilomètres de Saïgon, était na-
guère,avant sa prise de possession par
la troupe,un lieu de repos agréable. La
plage superbe de Ti-Ouane y attirait les
amateurs de bains de mer, et, de mai à sep-
tembre,la mousson sud-ouest y réconfor-
tait les Saïgonnais pas trop anémiés.
Mais en mousson nord-est, c'est-à-dire
de septembre à mars,le vent passant sur
des marais voisins y apporte les fièvres.
En toute saison,d'ailleurs,la températu-
re diffère peu du reste de la Cochinchine.
Elle est encore accrue, durant le jour,
d'une réverbération insupportable sur
les sables brûlants et ce n'est que le soir
que la brise de mer répand une fraîcheur
relative.
Si l'on ajoute à cela des communica-
tions difficiles entre le cap et Saïgon, la
lenteur du voyage, la fatigue que cause
toujours une traversée sur une mer sou-
vent houleuse dans la baie deGanh-ray,
on comprendra aisément que la vogue
dont a joui un moment cette station,lors-
que le Gouverneur Général y faisait bà-
tir sa villa,ne pouvait durer. Maintenant
le cap Saint-Jacques,point d'appui de la
flotte et position stratégique de la plus
haute importance, fourmille de troupes
de toutes armes..Les Saïgonnais n'y
vont plus passer du samedi au lundi ;
comme naguère. Le sanatorium a été
supprimé, l'hôtel fermé et les bâtiments
vendus à l'autorité militaire.
La création de Doson,à l'embouchure
du Fleuve Rouge, a été la réplique des
Tonkinois à la construction du Cap. Ce-
pendant moins encore que son aînée,Do-
son ne répond aux exigencesd'une Ville de
santé. En hiver il y fait moins frais que
dans les parties moyennes du Tonkin,
voire même qu'à Hanoï, et en été il n'y a
pas un souffle d'air tout le long de la cô-
te. La mer y réfléchit un soleil torride ;
les nuits sont chaudes, et la température
ne varie pas du soir au matin. Le^olfe
- joue le rôle d'un énorme accumulateur
qui restitue pendant la. nuit la chaleur
absorbée le jour.
Les Tonkinois cependant continuent
à se rendre à Doson,tout en sachant fort
bien qu'ils n'y trouveront aucun repos
et qu'il y fera même presque plus chaud
qu'à Haïphong. Question de mode !.
Les difficultés d'accès sont plus gran-
des et plus onéreuses encore qu'au Cap.
Il faut venir d'Haïphong en voiture et
traverser en bac le Lac Tray. - -..
Le point de la côte indo-chinoise qui
aurait été le moins défavorable à l'établis-
sement d'un sanatorium, c'est le petit port
de Nhatrang, au nord du cap Padaran.
Non que la température moyenne y soit
de beaucoup inférieure à celle des autres
ports,mais parceque les nuits y sont tou-
jours fraîches et réparatrices. Nhatrang
se trouve placé à l'ouverture de deux
grandes vallées qui vont aboutir aux é-
normes massifs hauts de 1.500 à 2.000
mètres qui forment la crête ia plus élevée
de toute la chaîne aunamitique. Il en ré-
sulte une brise de terre très fraîche qui
souffle régulièrement tous les soirs à
partir de cinq heures, été comme hiver,et
qui provoque alors un abaissement no-
table de température. C'est beaucoup à
cause de la salubrité relative de son cli-
mat que M. le Docteur Yersiachoisi Nha-
trangpour l'installation de son institut
bactériologique.
Néanmoins, ce climat n'est pas encore
assez tempéré pour rendre la force et la
santé aux personnes débilitées par la
chaleur. Tout au plus peut-on ne pas s'y
anémier,mais non s'y refaire.
Il fallait donc renoncer à l'idée d'un
sanatorium côtier et tourner les regards
du côté des hauts plateaux de l'intérieur.
Lagrande difficulté qui se présentait tout
d'abord et qui avait arrêté jusque-là les
recherches,était de pénétrer dans ces ré-
gions montagneuses couvertes de forêts
vierges et peuplées de sauvages peu hos-
pitaliers.
En 1901,M.Doumer,Gouverneur Général
de l'Indo-Chine,fit explorer le plateau du
Lang Biau,dans le Sud-Annam. Les rap-
ports furent complètement favorables :
le pays était sain,tempéré,bien arrosé et
couvert de forêts de pins. On décidait
la même année, la construction d'un
̃ sanatorium à Dalat, à 1.495 mètres au-
dessus du niveau de la mer.
Il y eut par toute 1 lndo-L.nine un
grand mouvement d'enthousiasme, quand
on apprit que la colonie allait enfin être
dotée d'une ville de santé, comme celles
des Indes ou des îles de la Sonde. Mais
les choses n'allèrent pas aussi vite qu'on
croyait. Dalat, il est vrai, n'est guère
éloigné de plus de cent kilomètres du
petit port annamite de Phanrang. Mais
il fallait percer la route à travers la fo-
rêt. La main-d'œuvre n'existait pas sur
place. On dut tout faire venir de Saigon,
ce qui demanda beaucoup de temps et
d'argent. Cependant les victimes nom-
breuses que le défrichement ne manqua
pas de faire parmi les coolies employés
à la route, accréditaient, bien à tort, le
bruit que le pays était fiévreux et l'ardeur
des premiers Jours s'en trouva quelque
peu refroidie. Puis on renonça au pro-
jet trop onéreux de relier Dalat à Phan-
rang par une voie ferrée et on chercha un
autre tracé. C'est Nhatrang qui parait
maintenant avoir été définitivement choisi
comme tête de ligne de la voie d e péné-
tration au Lang-Bian.Mais quand les tra-
vaux seront-ils achevés ?Sans doute, pas
avant quatre ou cinq ans.
Au Lang-Bian même, les travaux ont
été plus vite : des constructions s'élèvent
à Dalat, qui n'attendent plus que les voya-
geurs et les malades. Non loin, à Dan-
Ghia, une station agricole est en pleine
prospérité et les essais d'élevage de mou-
tons et de bêtes à cornes y ont pleinement
réussi. Le climat est d'une douceur re-
marquable ; les températures de 30° et
même de 25° y sont rares. Les moyennes
sont de 20° en été et de 15° à 18" en hi-
ver.Les Français pourraient y travailler
de leurs mains et cultiver les légumes et
les fruits de France qui y viennent par-
faitement.
Le jour où le rail mettra ce nouvel
«Eden » à quelques heures de Nhatrang,
en attendant que le grand Trans-indo-
chinois le relie directement à Saigon, nul
doute que le Lang-Bian ne se développe
très rapidement. Couvert de jardins et de
vergers, de promenades aménagées dans
tous les sites pittoresques d'alentour et
qui rappellent ceux de nos pays graniti-
ques, Dalat verra se serrer les unes con-
tre les autres d'élégantes villas a cote
des bâtiments officiels et ce sera bien vite
le grand centre Européen de toute l'Union
Indo-chinoise.
Mais, nous n'en sommes pas encore là,
et, comme nous le disions plus haut, il
faudra plusieurs années avant qu'il soit
expédient d'aller faire une cure à Dalat.
En attendant les Français de Cochinchine
qui sont les plus maltraités par le cli-
mat, ne savent plus, depuis la suppres-
sion du sanatorium du Cap Saint-Jac-
ques, où aller se reposer et chercher un
air plus frais et pur.
L'endroit est pourtant tout désigné et
il sulfirait, pour l'aménager convenable-
ment, el à peu do frais, d'un peu de bonne
volonté de la partde l'Administration.
La ligne de chemin de fer Saigon-Tan-
liuts est, comme on sait, actuellement en
exploitation de Saigon au centième kilo-
mètre. Là se trouve la station de Gia-
Ray, résidence de M. Oderat, le célèbre
chasseur de tigres et d'éléphants, qui
administre ces contrées peuplées de sau-
vages Moïs. La station est dominée par
une haute montagne le Nui-Tua-Tchan
boisée sur ses pentes et surmontée d'un
petit plateau dénudé, où ne se trouvent
encore qu'une modeste cabane et le « po-
tager » de M. Oderat, où les fraises pous-
sent en toute saison. Une excellente
route accède au plateau situé à 800 mè-
tres d'altitude. La température y est tou-
jours très modérée, bien que de chaudes
couvertures soient nécessaires si l'on veut
passer la nuit dans la cabane mise à la
disposition des touristes.
C'est là qu'il faudrait installer, sans dé-
lai, un petit sanatorium, qui cesserait na-
turellement d'exister le jour de l'ouver-
ture du Lang-Bian. Une peut y avoir d'ob-
jection sérieuse à cette proposition. Le
chemin de fer met Gia-Ray à trois ou qua-
tre heures de Saïgon. Tout peut donc y
être expédié rapidement et sans frais
excessifs. La route de la montagne est
excellente et il ne manque pas de mu-
lets disponibles à Saïgon, qui pourraient
être employés à transporter les matériaux
et les ouvriers au sommet de la monta-
gne. «
Dans un de ses derniers voyages, M.
François Deloncle, député de Cochinchine
alla visiter les travaux de la ligne de
Tanliuts et gravit la montagne de Gia-
Ray. Charmé de la douceur toute prin-
tanière du climat, alors que l'on suffo-
quait à Saigon, il s'étonna que l'on n'ait
pas encore songé à tirer parti, pour le
plus grand bien des Cochinchinois, de
cet endroit si favorablement mis à pro-
ximité de Saïgon. Cependant il n'est ja-
mais trop tard pour bien faire et nous
espérons que l'Administration, sollicitée
de différents côtés, secouera un peu sa
torpeur toute coloniale et ne laissera pas
passer cette occasion de faire œuvre utile
et féconde.
Pierre CALLITTE,
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