7* ANNÉE mwnn n N® 24 c*' • PR-KC - France: -15 cent.
7' ArfNEE - No 24.. - Etranger et Colonies: 30 cent.
JEUDI 21 JUIN 1106
:il
- -. -':<-. - -
Les - - Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Y administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur m chef.
JOURNAL HEBDOMADAIRE
Paraissant tous les Jeudis
Directeur : MARCEL RUEDEL
4, Galerie d'Orléans (Palais-Hoyal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
--..;.
Un an 6 moir
FRANCE ;-. 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES., 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tons les Boréaux de Poste
NOTRE AFRIQUE
J'aime à croire que nous n'aurons pas,
de sitôt, besoin de su ivre le Conseil don-
né par M. Elysée Reclus de « lâcher»,
l'Asie pour l'Afrique. On commence à
douter que la Chine se laisse dominer
par le Japon. Certains annoncent même
un refroidissement prochain des relations
entre les deux Etats et, pour plus tard,un
violent antagonisme dont l'Europe pour-
rait profiter.
Il est pourtant vraisemblable que tôt
ou lard l'Indo-Chine nous échappera, de
même que l'Inde cessera d'être anglaise.
Et, en prévision de ces révolutions,
même douteuses et lointaines, nous
sommes naturellement portés à suivre
avec le plus vif intérêt le développement
de notre empire colonial africain et les
progrès de la colonisation.
Le plus grand mérite de cet empire est
d'être très voisin de nos côtes. La
France serait bien malade le jour où sa
puissance maritime ne serait plus en
état de maintenir les libres communi-
cations avec Alger et Bizerte, et même
Dakar. Notre empire africain ne sera
pas éternel : rien no l'est en ce bas mon-
de ; toutes les races, ont leur heure de
décadence et l'Europe occidentale aura
son tour. Ce qui permet quelques inquié-
tudes, c'est que, si importante que soit
la colonie française ou francisée dans
l'Afrique du Nord, elle ne sera sans
doute jamais qu'une minorité. C'est
un fait saississant et certainement trou-
blant que la vigueur avec laquelle le
sol africain et les races indigènes (si an-
ciennes qu'on peut les regarder comme
autochtones) se défendent contre l'in-
vasion européenne. On sait ce qu'il est
resté de la colonisation romaine et byzan-
tine en Algérie et enTunisie.Encore main-
tenant, le vieux sang berbère, qui a sur-
vécu à tant d'invasions, fait preuve d'une
vitalité bien supérieure à la nôtre. L'Afri-
que australe présente le même spectacle.
Le colon anglais ou même le boer,pour-
tant si bien adapté au sol africain qu'il
est devenu une manière d'indigène,
maintient tout juste ses positions en fa-
ce des populations noires bien plus nom-
breuses. On sait aussi que depuis peu,
celles-ci donnent des signes d'une agi-
tation nationaliste sous le couvert d'une
Eglise protestante noire, appelée l'Eglise
Ethiopienne, lesquels paraissent médio-
crement rassurants pour l'avenir de la
domination européenne en Afrique aus-
trale.
Gardons nous pourtant, plus encore
que pour l'Asie,d'exagérer les périls de
notre situation coloniale en Afrique. Il
y a les plus grandes chances pour que
les Français, s'ils savent exploiter leur
domaine et s'ils praliquent,à l'égard des
populations musulmanes et fétichistes,
une politique habile et humaine, pour-
ront conserver très longtemps la supré-
matie politique dans les immenses ter-
ritoires de l'Afrique du Nord et de l'A-
frique occidentale.
Que sera cet empire ? de quel déve-
loppement est-il susceptible ? quel ap-
point apportera-t-il à la puissance éco-
nomique, politique, militaire de la Fran-
ce ? On pense bien que la réponse à cette
question ne pourrait tenir dans les limi-
tes d'un court article.
Nous voudrions seulement montrer
quelles'promesses commence à donner
la partie de nos possessions dont la va-
leur était le plus contestée récemment
encore : l'Afrique occidentale. Celte co-
lonie présente, sur quelques autres
possessions lointaines,des avantages ap-
préciables ; elle possède une population
pacifique à ce point que quelques milliers
de miliciens suffisent à garder un teritoi-
re quatre fois grand comme la France ;
elle échappe aux disputes et aux gaspil-
lages qui ailleurs sont le failde libertés
politiques mal comprises ; elle est riche
en produits tropicaux dont la métropole
a le plus grand besoin pour alimenter ses
industries.
Les défauts sont les suivants un
climat rude, parfois redoutable, et qui
ne permet pas à l'Européen un séjour
très prolongé ; des peuples indigènes en-
core arriérés, ayant peu de besoins, et
surtout raréfiés par des siècles de guerre
et de traite. Enfin, la configuration géo-
#
graphique est des plus défavorables à la
circulation des voyageurs et des mar-
chandises ;les rivages inhospitaliers sont
bordés d'un ourlet de déserts,ou de mon-
tagnes, ou de forêts épaisses, qui n'est
traversé que par des fleuves sans profon-
deur ou coupésdc cascades. « Tout le
Congo, disait Stanley, ne vaudra pas un
penny tant qu'on n'aura pas franchi
avec un chemin de fer la région côtière.
« Cette parole est vraie de l'Afrique
occidentale.
Un gouverneur hors de pair, M. Rou-
me, a entrepris de vivifier l'Afrique Oc-
cidentale en créant les voies de commu-
nication indispensables. Il poursuit avec
méthode et ténacité sa politique de tra-
vaux publics.
En 1903, la colonie empruntait 05
millions pour rétablissement de ports,
l'assainissement des villes maritimes et
surtout le prolongement des quatre
grandes voies ferrées qui, du Sénégal,de
lu Guinée, de la Côte d'Ivoire et du
Dahomey, se dirigent vers le bassin du
Niger.
L'état prospère des finances de la co-
lonie permet de réaliser un nouvel em-
prunt de cent millions. La majeure par-
tie sera employée à l'achèvement des
travaux déjà commencés, mais une por-
tion netable sera affectée à la politique
dhumanité. Les indigènes ont besoin
de secours médicaux et d'instruction.
On leur enverra des médecins et on
leur apprendra a perfectionner leur agri-
culture et leur industrie.
Celte double politique produit déjà ses
fruits.Les arachides, les cotons, le caout-
chouc, le riz du bassin du Niger com-
mencent à arriver à la côte. L'indigène
ensemence de nouveaux champs. On en-
trevoit, pour ces régions, naguère ina-
bordables et sans valeur, une prospérité
inattendue.Peut-être,avant peu d'années
l'Afrique occidentale sera-t-elle notre
Inde africaine, comme notre Algérie est
devenue une Provence transméditarra-
néenne.
Maurice ORDINAIRE.
<–
UN LIVRE RÉCENT
SUR LE CONGO BELGE
L'émotion causée en Belgique par
l'apparition du dernier ouvrage de M.
Catlier a dépassé les frontières de ce
pays.On sait combien la politique indi-
gène de l'Etat indépendant du Congo a
été discutée dans le monde civilisé pen-
dant ces dernières années. La publica-
tion impatiemment attendue du rapport
de la commission d'enquête qui a par-
couru l'Etat indépendant du 5 octobre
1904 au 26 janvier 1905, a fourni à la
fin de l'année dernière un nouvel aliment
aux polémiques. Elle. a été suivie de
près par l'ouvrage que M. Caltier a fait
paraître au mois de février 1906, dans
lequel celui-ci, s'appuyant sur les tra-
vaux mêmes de la commission, dresse
un acte d'accusation très net contre la
politique du Roi-Souverain. Tout esprit
de polémique mis à part, il est intéres-
sant de faire counaitreau lecteur fran-
çais l'œuvre et l'auteur.
M. Félicien Cattier, qui appar-
tient, en Belgique, au parti libéral, est
professeur à l'Université libre de Bruxel-
les. Depuis une dizaine d'années, il
s'est spécialisé dans l'étude des ques-
tions coloniales et en particulier dans
celle de la législation de l'Etat indépen-
dant du Congo qu'il connaît admirable-
ment. En 1898, il a publié un ouvrage
resté classique, intitulé Droit et Ad-
ministration de l'Etat indépendant
du Congo (un vol. in-S5, 504 p. édité
chez Larcier à Bruxelles et chez Pedone
à Paris),dans lequel tout le droit public
et privé de l'Etat indépendant est exposé
d'une manière complète et avec une
grande clarté. C'était là un ouvrage
d'une impartialité toute scientifiquement
à l'usage de ceux qui veulent étudier et
d'où toute polémique était soigneuse-
ment exclue. Les sentiments intimes de
l'auteur perçaient néanmoins déjà dans
ces quelques lignes qui terminent sa pré-
face- « Le sort,l'avenir des indigènes ont
constamment attiré mon attention. Les
intérêts matériels et économiques ont
une force d'expansion, une puissance
interne qui les protègent contre toute
atteinte. Les devoirs philantrophiques
ont besoin d'être toujours proclamés. La
défense des faibles est le premier devoir
des juristes, la plus haute mission du
droit.»
Lorsque la réputation scientifique
acquise par M. CatLier dans son pays lui
eut valu d'être élu membre associé de
l'Institut colonial international, il ap-
porta aux travaux de cette associati on
scientifique une collaboration précieuse.
Ceux qui ont assisté à la session tenue
à Rome par l'Institut au printemps de
1905 n'ont pas oublié son éloquente et
vigoureuse sortie en faveur des droits
des indigènes à propos de laquestion du
régime minier (1). Aucun de ceux qui
l'ont alors entendu n'a été surpris en
retrouvant ce même souci des droits et
des intérêts des indigènes dans sa ré-
cenle Etude sur la situation de YElat
indépendant du Congo, ( un vol. in-8°,
3G2p., 1906, Larcier, éditeur,Bruxelles,
et Pedone, éditeur, Paris) qui vient de
révéler au grand public son nom qui
jusque-là n'était guère connu que des
spécialistes.
C'esl à partir de la fin de 1891 que le
système politique de l'Etat indépendant
a pris les caractères d'une entreprise es-
sentiellement financière. Jusque-là, cet
état avait suivi à l'égard des indigènes
une politique libérale. Ceux-ci conti-
nuaient en fait à jouir, comme par le
passé, des terres de leur pays et des di-
vers produits qui s'y rencontrent. Au-
cun obstacle n'était apporté à la liberté
commerciale. Mais, à partir de 1891, le
Souverain de l'Etat indépendant, dési-
reux de faire grand et de faire vite, se
laisse tenter par l'idée de demander à
l'ivoire et surtout au caoutchouc, les
ressources nécessaires à cet effet. Dès
lors, le caractère primitif de l'Etat indé-
pendant se modifie profondément. Jus-
que-là son droit de propriété sur les le r-
res vacantes était reste purement thé-
orique ; désormais il cherche à le rendre
effectif, et il réclame eu qualité de pro-
priétaire le caoutchouc et l'ivoire qui se
trouvent sur son domaine : en même
temps, il élargit et il précise à la fois
cette notion de terres vacantes, enser-
rant ainsi l'activité des indigènes dans
des limites de plus en plus restreintes.
Pour écarter la concurrence des coni-
merçants européens auxquels les indi-
gènes pourraient être tentés de vendre
ce caoutchouc, il empêche en fait les
particuliers de s'établir dans le Haul-
Congo et supprime ainsi, en pratique, la
libertécommerciale. Enfin, sous prétex-
te d'enseigner au noir la nécessité du
travail et de faire son éducation écono-
mique,on impose à l'indigène un impôt
en nature équivalent à 40 heures de tra-
vail par mois, lequel se traduit le plus
souvent, en fait, par l'obligation de four-
nir une quantité déterminée de caout-
chouc dont la récolte exige un laps de
temps beaucoup plus considérable. Ré-
gime foncier, régime commercial, régi-
me fiscal, ces trois questions s'enchaî-
nent et les solutions adoptées au sujet
de chacune d'elles constituent un sys-
lème d'exploitation à outrance dont tou-
tes les parties se tiennent. A ce sys-
tème, M. Cattier ne ménage pas ses criti-
ques et il les présente avec une so-
briété et une méthode qui frappent
l'attention et obligent à rétléchir.
Une carte foncière en couleur de l'E-
tat indépendant, placée à la fin de l'ou-
vrage, est singulièrement suggestive.
Principalement au nord et à l'est, cou-
vrant la plus grande partie du pays, une
teinte rose : c'est le domaine privé de
l'Elat indépendant. A l'ouest, une masse
jaune : c'est le domaine de la couronne
-qui comprend 28(«X?375 hil. - carrés." Aû
cenlrc et au sud-est, des taches bleues :
c'est la part des sociétés propriétaires
comme celle de Katanga. Au sud-ouest
et vers le nord-ouest, une couleur ocre
mai que les territoires des sociétés conces-
sionnaires : c'est leKasaï, l'Abir, la So-
ciété anversoise, etc. Commentla liberté
commerciale n'existe dans aucune de ces
régions distinguées par ces teintes diver-
ses, c'est ce que le livre de M. Catlier a
pour but d'établir. Mais le passage le plus
curieux de cet ouvrage est celui qui est
(1) Institut colonial international. Compte ren-
du de la session tenue à, Rome les 25, 2-6 et 27
avril 1905, p. 235 et suive
consacréau domaine delà couronne.Quels
ont été les revenus de ce domaine,depuis
1896, l'année de sa création? Il est dif-
ficile de le savoir exactement,car on a tou-
jours cherché à en dissimuler l'impor-
tance. M. Cattier cherche à les évaluer
en usant de plusieurs procédés qui se
contrôlent et se corroborent réciproque-
ment, et finalement il adopte une esti-
mation de 80 à 85 millions de francs
(page214-219). Ces sommes considéra-
bles, au lieu de figurer en recettes au
budget de L'Etat indépendant,dont elles
auraient assuré l'équilibre, ont été af-
fectées à diverses destinations n'ayant
aucun rapport avec la colonisation du
bassin du Congo, et les pages les moins
cruelles de l'ouvrage ne sont pas celles
qui contiennent l'énumération détaillée
des terrains achetés par le domaine de la
couronne dans les seuls arrondissements
de Bruxelles et d'Ostende, avec la date ,
le prix d'acquisition, la contenance ca-
dastrale, sans oublier les noms des ven-
deurs et des notaires (p. 220-239).
Le livre de M. Cattier est la contre-
partie de l'Afrique nouvelle, ouvrage cé-
lèbre que M. Descamps-David, profes-
seur à l'Université catholique de Lou-
vain, a publié en 1903 en l'honneur du
Hoi-souverain. La comparaison entre
ces deux ouvrages, écrits l'un et autre
par un universitaire, s'impose naturelle-
ment à l'esprit. Mais, si intéressant que
puisse être ce parallèle, l'auteur de cet
article doit laisser au lecteur le soin de
le faire. A. G.
A. G.
-------.,..ç. -
L'Exposition de Bagatelle
La Société nationale des Beaux-Arts a
organisé dans les Palais de Bagatelle
une exposition rétrospective d œuvres
exécutées par ses sociélaires depuis plus
de quinze ans.
C'est une occasion pour les amateurs
d'art de faire une promenade dans le dé-
licieux parc de Bagatelle, qui présente,
par ces journées de printemps, un coup
d'œil plein de fraîcheur.
Ils ne seront pas non plus déljuS de
leur visite aux œuvres exposées. Car, si
le temps n'a pas embelli Mme Gautreau
sur son portrait peint par M. Courtois,
non plus que le Fumoir de M. Jean Bé-
raud, ou les peintures aussi pauvres que
célèbres de M. Meissonier, il a, par con-
tre, donné une belle patine à certaines
toiles que l'on revoit toujours avec un
nouveau plaisir.
C'est lecasde Venfant prodigue de
Puvis de Chavanne,quireste un des meil-
leurs tableaux de ce grand maître; de.
VEffet du soir sur les dunes de Carin ;
de l'Epave d'Ary Renan ; des toiles de
John Lewis Brown, Galland, Duer, Tis-
- sot, Boudin.
Parmi les peintures d'artistes vivants,
on reverra avec plaisir une aquarelle
d'enfant de MM. Boutet de Monvcl,
un petit portrait de son grand-père par
M. Dagnan ; d'autres par MM. Friant,
Aman-Jean,G. Dubufc, Carrière, Carolus
Duran, Roll, Gervex ; les Pays de M.
Jeanniot, le Saint-IIubertdans la neige
de M. Lagarde, le port de Toulon de M.
Moutenard, une Terrasse sur la baie
de Tanger de M. Girardot, une Matinée
d'automne de M. A. Ilarrisson et une
lithographie en couleurs de M. Lunois.
Dans les différentes salles, on voit en-
core des meubles de M. Carabin, des cires
perdues de Carriès, des bustes de MM.
Dampt, Dalou et de Saint-Marceaux. Le
tout est présenté de la façon la plus at-
trayante.
TAMARIS.
I -
m
La Semaine Coloniale.
L'Armée coloniale.
Le ministère de lit guerre et le bureau
des troupes au ministère descoloniesse
sont mis d'accord au sujetde lasuppres-
sion d'un certain nombre de régiments
des troupes coloniaies,dont les effectifs
seraient versés dans les troupes métro-
politaines où l'application du service de
deux ans entraîne un déficit d'environ
40.000 hommes.
Sur les trois divisiou d'infanterie et
les trois régiments d'arlillerie colonia-
le qui tiennent garnison en France on
supprimera une division et un régiment
d'artillerie. Les garnisons atteintes par
cette mesure sont celles de Cherbourg et
de Brest, les moins propres par leur cli-
mat à servir de séjour aux soldats reve-
nant des colonies. Les régiments sta-
tionnés dans ces ports sont : les 1er, 2e,
5e, 6e d'infanterie et 2* d'artillerie.
Cette mesure est le prélude de la sup-
pression totale des troupes coloniales en
séjour dans la métropole, autant parce
que de nouveaux vides seront à combler
dans l'armée métropolitaine où les en-
gagements et réengagements sur les-
quels comptaient les auteursde la loi de
deux ans menacent de faire défaut, que
parce que la tendance est maintenant
d'assurer la défense coloniale exclusive-
ment avec les éléments indigènes.
D'ailleurs, sur les 24 régiments d'in-
fanterie coloniale dont il est fait état au
ministère de la guerre et à celui des co-
lonies,deux sont totalement inexistants,
le 19e et 20e que personne ne connaît,ni
à l'état-major ni dans les bureaux, et
deux autres,le 17e et le 1 Se, qui avaient
formé autrefois le corps d'occupation en
Chine ne comptent plus maintenant que
des cadres.
Une révolte aux Philippines.
On annonce que le lieutenant E.-C.
Bolton,gouverneur de l'île deMindanao,
a été assassiné par des indigènes.
On croit qu'une nouvelle rébell ion
vient d'éclater dans la grande île de
Mindanao et que le gouverneur est
i tombé victime d'un complot.
Terre-Neuve
La surveillance despècheries, Un
télégramme de Saint-Jean-de Terre-Neu
ve informe que les croiseurs coloniaux
Fiond et Neptune surveillent active-
ment les côtes ouest et sud-ouest dans
le but d'empêcher toute infraction à la
loi par les pêcheurs américains et fran-
çais.
Nigeria
La question des transports. A l'une
des dernières séances de la Chambre des
Communes, M. Shackleton a demandé
à M. Churchill si le gouvernement an-
glais était décidé à faciliter les trans-
ports à la Nigeria, conformément aux
promesses faites le 14 mai dernier par
sir Henry Campbell-Bannerman à la
délégation de la British Cotton Gro-
iving Association.
Le sous-secrétaire d'Etat aux colonies
a répondu que son département prépa-
re en ce moment un plan d'extension
du chemin de fer de la Nigeria. Ce plan
sera définitivement établi en collabo-
ration avec le gouverneur de la Nigeria
du Sud et le haut commissaire de la Ni-
geria du Nord, qui seront prochainement
en Angleterre.
La ligne ferrée du Cap au Caire
Un télégramme annonce que la ligne
ferrée du Cap au Caire vient d'être ache-
vée jusqu'à Broken-Ilill, point situé à
374 milles de Victoria Falls et à 2,016
milles de Capetown.
A Madagascar.
M. Augagneur, gouverneur général
de Madagascar, s'est rendu le 11 mai à
Antsirabé, pour juger par lui-même de
lasituation des indigènes et des colons.
Ceux-ci, exposant leurs doléances, ont
demandé que des mesures fussent prises
pour obliger les indigènes à exécuter les
- contrats de travail, et réclamé pour les
mines le retour à la loi de 190*2.
Le gouverneur a assuré les colons de
sa sollicitude. Les différends relatifs à
la main-d'œuvre, a-t-il dit, seront dé-
sormais soumis à une chambre de pru-
d'hommes, composée d'un administra-
teur, d'un colon et d'un notable indigène
avec sanctions d amende et de prlon,
La prospection demeure interdite aux
Malgaches, et les prestations vont être
réglementées.
- C. F.
,.,. :#-
LA SEMAINE ÉCONOMIQUE
Madagascar.– Note sur une variété
de cotonnier. Au mois de juin 1905,
l'administrateur des colonies, chef de
la province de l'Emerina du Nord, fit
récolter un échantillon de coton du
« Candihazo mefy Kely » cotonnier indi-
gène cultivé autrefois dans le gouverne-
ment de Fibaomana et dont on ne
trouve plus aujourd'hui que quelques
pieds isolés.
Ce spécimen,envoyé à l'inspection gé-
nérale de l'Agriculture coloniale pour
être examiné au - point de vue de sa va-
leur industrielle et commerciales donné
lieu, de la part des experts aux appré-
ciations suivantes :
« Beau et bon coton, très propre, bel-
« le venancc dorée, brillante, soie forte
Il et nerveuse assez régulière, longue de
« 29-30 nl[m. Valeur76-78 fr. les 50
« kilos (base du terme à 60 fr.), très dé-
« sirable et de vente très facile,convien-
« drait parfaitement aux fabricants de
« bonneterie. »
Ces renseignements montrent aux
Européens et aux indigènes l'intérêt
qu'offrirait la culture raisonnée d'une
variété de ce cotonnier, qui, même sans
soin, produit un coton si favorablement
apprécié.
Kouang-Tchéou-Wan. Ce terri-
toire a été cédé par la Chine à laFrance,
par une convention en date du 16 no-
vembre 1899,et pour une durée de qua-
tre-vingt-dix-neuf ans.
En vertu des termes de la conven-
tion, la France était autorisée a y éta-
blir une station navale avec dépôt de
charbon, la Chine conservant tous ses
droits de souveraineté sur les territoi-
res cédés.
La baie de Kouang Tchéou est située
à 80 milles au Nord du détroit de Haï-
Nan, entre les parallèles 20"45 et 21°17
de latitude nord et les méridiens 107°55
est 108°16 de longitude est.
Par mer, le territoire est à 300 milles
de Haïphong, à 230 d'Hongkong.
Par terre, il est à 300 kilomètres de
Moncay, poste frontière du Tonkin, et
à 400 kilomètres de Canton.
Loge comme dans un coin dans la
Chine méridionale, tête de ligne des
voies les plus courtes et les moins oné-
reuses pour pénétrer dans les grands
et riches bassins du Si-Kang et du Yang
Té-Kang, merveilleusement servi par
la configuration de ses cô tes, Kouang-
Tchéou-Wan peut être appelé, dans un
bref avenir, à jouer un rôle prépondé-
rant dans l'expansion française en Chine
Comme hinterland, notre territoire, a
contrée salubre, au sol fertile, au sous-
sol riche en minerai, justifiera tous
les efforts. Notre vigilance doit être é-
veillée sans cesse sur ce petit pays, qui
est une des clefs qui ouvriront la Chine.
à l'aclivi lé européenne.
Il dépend de nous seuls Je faire de
Kouang-Théou-Wan le grand entrepôt
français du sudde la Chine.
Nouvelle convention douanière entre
la France et Ceylan. Une conven tion
commerciale relative à l'ile de Ceylan a
été signée à Londres, le 19 février 1903,
entre la France et la Grande-Bretagne,
et ratifiée le 27 mars 1905.
En vertu de cette convention, nous
concédons notre tarif minimum aux den-
rées coloniales originaires de Ceylan(au-
tres que le sucre, ses dérivés et les ta-
bacs) ; (l'autre part, les produits natu-
rels ou fabriqués, originaires de France
d'Algérie, des colonies et possessions
françaises et des pays de protelorat de
l'Indo-Chine et de lu Tunisie, jouiront
du bénéfice des taxes les plus réduites, à
l'entrée dans l'île de Ceylan.
Le sucre à Madagascar. Les sta-
tistiques du ministère des colonies mon-
trent que Madagascar cultive 927 hecta-
res de canne à sucre et 2 hectares 59
de betterave dans la région centrale.La
canne est surtout cultivée sur les ver-
sants est et ouest; ces cultures sont sur-
tout entreprises par les Européens. Les
indigènes ne cultivent en effet que 29
hectares de cannes à sucre.
Le sucre valait,en 1904 et au détail, à
7' ArfNEE - No 24.. - Etranger et Colonies: 30 cent.
JEUDI 21 JUIN 1106
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de M. Y administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
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4, Galerie d'Orléans (Palais-Hoyal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
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FRANCE ;-. 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES., 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tons les Boréaux de Poste
NOTRE AFRIQUE
J'aime à croire que nous n'aurons pas,
de sitôt, besoin de su ivre le Conseil don-
né par M. Elysée Reclus de « lâcher»,
l'Asie pour l'Afrique. On commence à
douter que la Chine se laisse dominer
par le Japon. Certains annoncent même
un refroidissement prochain des relations
entre les deux Etats et, pour plus tard,un
violent antagonisme dont l'Europe pour-
rait profiter.
Il est pourtant vraisemblable que tôt
ou lard l'Indo-Chine nous échappera, de
même que l'Inde cessera d'être anglaise.
Et, en prévision de ces révolutions,
même douteuses et lointaines, nous
sommes naturellement portés à suivre
avec le plus vif intérêt le développement
de notre empire colonial africain et les
progrès de la colonisation.
Le plus grand mérite de cet empire est
d'être très voisin de nos côtes. La
France serait bien malade le jour où sa
puissance maritime ne serait plus en
état de maintenir les libres communi-
cations avec Alger et Bizerte, et même
Dakar. Notre empire africain ne sera
pas éternel : rien no l'est en ce bas mon-
de ; toutes les races, ont leur heure de
décadence et l'Europe occidentale aura
son tour. Ce qui permet quelques inquié-
tudes, c'est que, si importante que soit
la colonie française ou francisée dans
l'Afrique du Nord, elle ne sera sans
doute jamais qu'une minorité. C'est
un fait saississant et certainement trou-
blant que la vigueur avec laquelle le
sol africain et les races indigènes (si an-
ciennes qu'on peut les regarder comme
autochtones) se défendent contre l'in-
vasion européenne. On sait ce qu'il est
resté de la colonisation romaine et byzan-
tine en Algérie et enTunisie.Encore main-
tenant, le vieux sang berbère, qui a sur-
vécu à tant d'invasions, fait preuve d'une
vitalité bien supérieure à la nôtre. L'Afri-
que australe présente le même spectacle.
Le colon anglais ou même le boer,pour-
tant si bien adapté au sol africain qu'il
est devenu une manière d'indigène,
maintient tout juste ses positions en fa-
ce des populations noires bien plus nom-
breuses. On sait aussi que depuis peu,
celles-ci donnent des signes d'une agi-
tation nationaliste sous le couvert d'une
Eglise protestante noire, appelée l'Eglise
Ethiopienne, lesquels paraissent médio-
crement rassurants pour l'avenir de la
domination européenne en Afrique aus-
trale.
Gardons nous pourtant, plus encore
que pour l'Asie,d'exagérer les périls de
notre situation coloniale en Afrique. Il
y a les plus grandes chances pour que
les Français, s'ils savent exploiter leur
domaine et s'ils praliquent,à l'égard des
populations musulmanes et fétichistes,
une politique habile et humaine, pour-
ront conserver très longtemps la supré-
matie politique dans les immenses ter-
ritoires de l'Afrique du Nord et de l'A-
frique occidentale.
Que sera cet empire ? de quel déve-
loppement est-il susceptible ? quel ap-
point apportera-t-il à la puissance éco-
nomique, politique, militaire de la Fran-
ce ? On pense bien que la réponse à cette
question ne pourrait tenir dans les limi-
tes d'un court article.
Nous voudrions seulement montrer
quelles'promesses commence à donner
la partie de nos possessions dont la va-
leur était le plus contestée récemment
encore : l'Afrique occidentale. Celte co-
lonie présente, sur quelques autres
possessions lointaines,des avantages ap-
préciables ; elle possède une population
pacifique à ce point que quelques milliers
de miliciens suffisent à garder un teritoi-
re quatre fois grand comme la France ;
elle échappe aux disputes et aux gaspil-
lages qui ailleurs sont le failde libertés
politiques mal comprises ; elle est riche
en produits tropicaux dont la métropole
a le plus grand besoin pour alimenter ses
industries.
Les défauts sont les suivants un
climat rude, parfois redoutable, et qui
ne permet pas à l'Européen un séjour
très prolongé ; des peuples indigènes en-
core arriérés, ayant peu de besoins, et
surtout raréfiés par des siècles de guerre
et de traite. Enfin, la configuration géo-
#
graphique est des plus défavorables à la
circulation des voyageurs et des mar-
chandises ;les rivages inhospitaliers sont
bordés d'un ourlet de déserts,ou de mon-
tagnes, ou de forêts épaisses, qui n'est
traversé que par des fleuves sans profon-
deur ou coupésdc cascades. « Tout le
Congo, disait Stanley, ne vaudra pas un
penny tant qu'on n'aura pas franchi
avec un chemin de fer la région côtière.
« Cette parole est vraie de l'Afrique
occidentale.
Un gouverneur hors de pair, M. Rou-
me, a entrepris de vivifier l'Afrique Oc-
cidentale en créant les voies de commu-
nication indispensables. Il poursuit avec
méthode et ténacité sa politique de tra-
vaux publics.
En 1903, la colonie empruntait 05
millions pour rétablissement de ports,
l'assainissement des villes maritimes et
surtout le prolongement des quatre
grandes voies ferrées qui, du Sénégal,de
lu Guinée, de la Côte d'Ivoire et du
Dahomey, se dirigent vers le bassin du
Niger.
L'état prospère des finances de la co-
lonie permet de réaliser un nouvel em-
prunt de cent millions. La majeure par-
tie sera employée à l'achèvement des
travaux déjà commencés, mais une por-
tion netable sera affectée à la politique
dhumanité. Les indigènes ont besoin
de secours médicaux et d'instruction.
On leur enverra des médecins et on
leur apprendra a perfectionner leur agri-
culture et leur industrie.
Celte double politique produit déjà ses
fruits.Les arachides, les cotons, le caout-
chouc, le riz du bassin du Niger com-
mencent à arriver à la côte. L'indigène
ensemence de nouveaux champs. On en-
trevoit, pour ces régions, naguère ina-
bordables et sans valeur, une prospérité
inattendue.Peut-être,avant peu d'années
l'Afrique occidentale sera-t-elle notre
Inde africaine, comme notre Algérie est
devenue une Provence transméditarra-
néenne.
Maurice ORDINAIRE.
<–
UN LIVRE RÉCENT
SUR LE CONGO BELGE
L'émotion causée en Belgique par
l'apparition du dernier ouvrage de M.
Catlier a dépassé les frontières de ce
pays.On sait combien la politique indi-
gène de l'Etat indépendant du Congo a
été discutée dans le monde civilisé pen-
dant ces dernières années. La publica-
tion impatiemment attendue du rapport
de la commission d'enquête qui a par-
couru l'Etat indépendant du 5 octobre
1904 au 26 janvier 1905, a fourni à la
fin de l'année dernière un nouvel aliment
aux polémiques. Elle. a été suivie de
près par l'ouvrage que M. Caltier a fait
paraître au mois de février 1906, dans
lequel celui-ci, s'appuyant sur les tra-
vaux mêmes de la commission, dresse
un acte d'accusation très net contre la
politique du Roi-Souverain. Tout esprit
de polémique mis à part, il est intéres-
sant de faire counaitreau lecteur fran-
çais l'œuvre et l'auteur.
M. Félicien Cattier, qui appar-
tient, en Belgique, au parti libéral, est
professeur à l'Université libre de Bruxel-
les. Depuis une dizaine d'années, il
s'est spécialisé dans l'étude des ques-
tions coloniales et en particulier dans
celle de la législation de l'Etat indépen-
dant du Congo qu'il connaît admirable-
ment. En 1898, il a publié un ouvrage
resté classique, intitulé Droit et Ad-
ministration de l'Etat indépendant
du Congo (un vol. in-S5, 504 p. édité
chez Larcier à Bruxelles et chez Pedone
à Paris),dans lequel tout le droit public
et privé de l'Etat indépendant est exposé
d'une manière complète et avec une
grande clarté. C'était là un ouvrage
d'une impartialité toute scientifiquement
à l'usage de ceux qui veulent étudier et
d'où toute polémique était soigneuse-
ment exclue. Les sentiments intimes de
l'auteur perçaient néanmoins déjà dans
ces quelques lignes qui terminent sa pré-
face- « Le sort,l'avenir des indigènes ont
constamment attiré mon attention. Les
intérêts matériels et économiques ont
une force d'expansion, une puissance
interne qui les protègent contre toute
atteinte. Les devoirs philantrophiques
ont besoin d'être toujours proclamés. La
défense des faibles est le premier devoir
des juristes, la plus haute mission du
droit.»
Lorsque la réputation scientifique
acquise par M. CatLier dans son pays lui
eut valu d'être élu membre associé de
l'Institut colonial international, il ap-
porta aux travaux de cette associati on
scientifique une collaboration précieuse.
Ceux qui ont assisté à la session tenue
à Rome par l'Institut au printemps de
1905 n'ont pas oublié son éloquente et
vigoureuse sortie en faveur des droits
des indigènes à propos de laquestion du
régime minier (1). Aucun de ceux qui
l'ont alors entendu n'a été surpris en
retrouvant ce même souci des droits et
des intérêts des indigènes dans sa ré-
cenle Etude sur la situation de YElat
indépendant du Congo, ( un vol. in-8°,
3G2p., 1906, Larcier, éditeur,Bruxelles,
et Pedone, éditeur, Paris) qui vient de
révéler au grand public son nom qui
jusque-là n'était guère connu que des
spécialistes.
C'esl à partir de la fin de 1891 que le
système politique de l'Etat indépendant
a pris les caractères d'une entreprise es-
sentiellement financière. Jusque-là, cet
état avait suivi à l'égard des indigènes
une politique libérale. Ceux-ci conti-
nuaient en fait à jouir, comme par le
passé, des terres de leur pays et des di-
vers produits qui s'y rencontrent. Au-
cun obstacle n'était apporté à la liberté
commerciale. Mais, à partir de 1891, le
Souverain de l'Etat indépendant, dési-
reux de faire grand et de faire vite, se
laisse tenter par l'idée de demander à
l'ivoire et surtout au caoutchouc, les
ressources nécessaires à cet effet. Dès
lors, le caractère primitif de l'Etat indé-
pendant se modifie profondément. Jus-
que-là son droit de propriété sur les le r-
res vacantes était reste purement thé-
orique ; désormais il cherche à le rendre
effectif, et il réclame eu qualité de pro-
priétaire le caoutchouc et l'ivoire qui se
trouvent sur son domaine : en même
temps, il élargit et il précise à la fois
cette notion de terres vacantes, enser-
rant ainsi l'activité des indigènes dans
des limites de plus en plus restreintes.
Pour écarter la concurrence des coni-
merçants européens auxquels les indi-
gènes pourraient être tentés de vendre
ce caoutchouc, il empêche en fait les
particuliers de s'établir dans le Haul-
Congo et supprime ainsi, en pratique, la
libertécommerciale. Enfin, sous prétex-
te d'enseigner au noir la nécessité du
travail et de faire son éducation écono-
mique,on impose à l'indigène un impôt
en nature équivalent à 40 heures de tra-
vail par mois, lequel se traduit le plus
souvent, en fait, par l'obligation de four-
nir une quantité déterminée de caout-
chouc dont la récolte exige un laps de
temps beaucoup plus considérable. Ré-
gime foncier, régime commercial, régi-
me fiscal, ces trois questions s'enchaî-
nent et les solutions adoptées au sujet
de chacune d'elles constituent un sys-
lème d'exploitation à outrance dont tou-
tes les parties se tiennent. A ce sys-
tème, M. Cattier ne ménage pas ses criti-
ques et il les présente avec une so-
briété et une méthode qui frappent
l'attention et obligent à rétléchir.
Une carte foncière en couleur de l'E-
tat indépendant, placée à la fin de l'ou-
vrage, est singulièrement suggestive.
Principalement au nord et à l'est, cou-
vrant la plus grande partie du pays, une
teinte rose : c'est le domaine privé de
l'Elat indépendant. A l'ouest, une masse
jaune : c'est le domaine de la couronne
-qui comprend 28(«X?375 hil. - carrés." Aû
cenlrc et au sud-est, des taches bleues :
c'est la part des sociétés propriétaires
comme celle de Katanga. Au sud-ouest
et vers le nord-ouest, une couleur ocre
mai que les territoires des sociétés conces-
sionnaires : c'est leKasaï, l'Abir, la So-
ciété anversoise, etc. Commentla liberté
commerciale n'existe dans aucune de ces
régions distinguées par ces teintes diver-
ses, c'est ce que le livre de M. Catlier a
pour but d'établir. Mais le passage le plus
curieux de cet ouvrage est celui qui est
(1) Institut colonial international. Compte ren-
du de la session tenue à, Rome les 25, 2-6 et 27
avril 1905, p. 235 et suive
consacréau domaine delà couronne.Quels
ont été les revenus de ce domaine,depuis
1896, l'année de sa création? Il est dif-
ficile de le savoir exactement,car on a tou-
jours cherché à en dissimuler l'impor-
tance. M. Cattier cherche à les évaluer
en usant de plusieurs procédés qui se
contrôlent et se corroborent réciproque-
ment, et finalement il adopte une esti-
mation de 80 à 85 millions de francs
(page214-219). Ces sommes considéra-
bles, au lieu de figurer en recettes au
budget de L'Etat indépendant,dont elles
auraient assuré l'équilibre, ont été af-
fectées à diverses destinations n'ayant
aucun rapport avec la colonisation du
bassin du Congo, et les pages les moins
cruelles de l'ouvrage ne sont pas celles
qui contiennent l'énumération détaillée
des terrains achetés par le domaine de la
couronne dans les seuls arrondissements
de Bruxelles et d'Ostende, avec la date ,
le prix d'acquisition, la contenance ca-
dastrale, sans oublier les noms des ven-
deurs et des notaires (p. 220-239).
Le livre de M. Cattier est la contre-
partie de l'Afrique nouvelle, ouvrage cé-
lèbre que M. Descamps-David, profes-
seur à l'Université catholique de Lou-
vain, a publié en 1903 en l'honneur du
Hoi-souverain. La comparaison entre
ces deux ouvrages, écrits l'un et autre
par un universitaire, s'impose naturelle-
ment à l'esprit. Mais, si intéressant que
puisse être ce parallèle, l'auteur de cet
article doit laisser au lecteur le soin de
le faire. A. G.
A. G.
-------.,..ç. -
L'Exposition de Bagatelle
La Société nationale des Beaux-Arts a
organisé dans les Palais de Bagatelle
une exposition rétrospective d œuvres
exécutées par ses sociélaires depuis plus
de quinze ans.
C'est une occasion pour les amateurs
d'art de faire une promenade dans le dé-
licieux parc de Bagatelle, qui présente,
par ces journées de printemps, un coup
d'œil plein de fraîcheur.
Ils ne seront pas non plus déljuS de
leur visite aux œuvres exposées. Car, si
le temps n'a pas embelli Mme Gautreau
sur son portrait peint par M. Courtois,
non plus que le Fumoir de M. Jean Bé-
raud, ou les peintures aussi pauvres que
célèbres de M. Meissonier, il a, par con-
tre, donné une belle patine à certaines
toiles que l'on revoit toujours avec un
nouveau plaisir.
C'est lecasde Venfant prodigue de
Puvis de Chavanne,quireste un des meil-
leurs tableaux de ce grand maître; de.
VEffet du soir sur les dunes de Carin ;
de l'Epave d'Ary Renan ; des toiles de
John Lewis Brown, Galland, Duer, Tis-
- sot, Boudin.
Parmi les peintures d'artistes vivants,
on reverra avec plaisir une aquarelle
d'enfant de MM. Boutet de Monvcl,
un petit portrait de son grand-père par
M. Dagnan ; d'autres par MM. Friant,
Aman-Jean,G. Dubufc, Carrière, Carolus
Duran, Roll, Gervex ; les Pays de M.
Jeanniot, le Saint-IIubertdans la neige
de M. Lagarde, le port de Toulon de M.
Moutenard, une Terrasse sur la baie
de Tanger de M. Girardot, une Matinée
d'automne de M. A. Ilarrisson et une
lithographie en couleurs de M. Lunois.
Dans les différentes salles, on voit en-
core des meubles de M. Carabin, des cires
perdues de Carriès, des bustes de MM.
Dampt, Dalou et de Saint-Marceaux. Le
tout est présenté de la façon la plus at-
trayante.
TAMARIS.
I -
m
La Semaine Coloniale.
L'Armée coloniale.
Le ministère de lit guerre et le bureau
des troupes au ministère descoloniesse
sont mis d'accord au sujetde lasuppres-
sion d'un certain nombre de régiments
des troupes coloniaies,dont les effectifs
seraient versés dans les troupes métro-
politaines où l'application du service de
deux ans entraîne un déficit d'environ
40.000 hommes.
Sur les trois divisiou d'infanterie et
les trois régiments d'arlillerie colonia-
le qui tiennent garnison en France on
supprimera une division et un régiment
d'artillerie. Les garnisons atteintes par
cette mesure sont celles de Cherbourg et
de Brest, les moins propres par leur cli-
mat à servir de séjour aux soldats reve-
nant des colonies. Les régiments sta-
tionnés dans ces ports sont : les 1er, 2e,
5e, 6e d'infanterie et 2* d'artillerie.
Cette mesure est le prélude de la sup-
pression totale des troupes coloniales en
séjour dans la métropole, autant parce
que de nouveaux vides seront à combler
dans l'armée métropolitaine où les en-
gagements et réengagements sur les-
quels comptaient les auteursde la loi de
deux ans menacent de faire défaut, que
parce que la tendance est maintenant
d'assurer la défense coloniale exclusive-
ment avec les éléments indigènes.
D'ailleurs, sur les 24 régiments d'in-
fanterie coloniale dont il est fait état au
ministère de la guerre et à celui des co-
lonies,deux sont totalement inexistants,
le 19e et 20e que personne ne connaît,ni
à l'état-major ni dans les bureaux, et
deux autres,le 17e et le 1 Se, qui avaient
formé autrefois le corps d'occupation en
Chine ne comptent plus maintenant que
des cadres.
Une révolte aux Philippines.
On annonce que le lieutenant E.-C.
Bolton,gouverneur de l'île deMindanao,
a été assassiné par des indigènes.
On croit qu'une nouvelle rébell ion
vient d'éclater dans la grande île de
Mindanao et que le gouverneur est
i tombé victime d'un complot.
Terre-Neuve
La surveillance despècheries, Un
télégramme de Saint-Jean-de Terre-Neu
ve informe que les croiseurs coloniaux
Fiond et Neptune surveillent active-
ment les côtes ouest et sud-ouest dans
le but d'empêcher toute infraction à la
loi par les pêcheurs américains et fran-
çais.
Nigeria
La question des transports. A l'une
des dernières séances de la Chambre des
Communes, M. Shackleton a demandé
à M. Churchill si le gouvernement an-
glais était décidé à faciliter les trans-
ports à la Nigeria, conformément aux
promesses faites le 14 mai dernier par
sir Henry Campbell-Bannerman à la
délégation de la British Cotton Gro-
iving Association.
Le sous-secrétaire d'Etat aux colonies
a répondu que son département prépa-
re en ce moment un plan d'extension
du chemin de fer de la Nigeria. Ce plan
sera définitivement établi en collabo-
ration avec le gouverneur de la Nigeria
du Sud et le haut commissaire de la Ni-
geria du Nord, qui seront prochainement
en Angleterre.
La ligne ferrée du Cap au Caire
Un télégramme annonce que la ligne
ferrée du Cap au Caire vient d'être ache-
vée jusqu'à Broken-Ilill, point situé à
374 milles de Victoria Falls et à 2,016
milles de Capetown.
A Madagascar.
M. Augagneur, gouverneur général
de Madagascar, s'est rendu le 11 mai à
Antsirabé, pour juger par lui-même de
lasituation des indigènes et des colons.
Ceux-ci, exposant leurs doléances, ont
demandé que des mesures fussent prises
pour obliger les indigènes à exécuter les
- contrats de travail, et réclamé pour les
mines le retour à la loi de 190*2.
Le gouverneur a assuré les colons de
sa sollicitude. Les différends relatifs à
la main-d'œuvre, a-t-il dit, seront dé-
sormais soumis à une chambre de pru-
d'hommes, composée d'un administra-
teur, d'un colon et d'un notable indigène
avec sanctions d amende et de prlon,
La prospection demeure interdite aux
Malgaches, et les prestations vont être
réglementées.
- C. F.
,.,. :#-
LA SEMAINE ÉCONOMIQUE
Madagascar.– Note sur une variété
de cotonnier. Au mois de juin 1905,
l'administrateur des colonies, chef de
la province de l'Emerina du Nord, fit
récolter un échantillon de coton du
« Candihazo mefy Kely » cotonnier indi-
gène cultivé autrefois dans le gouverne-
ment de Fibaomana et dont on ne
trouve plus aujourd'hui que quelques
pieds isolés.
Ce spécimen,envoyé à l'inspection gé-
nérale de l'Agriculture coloniale pour
être examiné au - point de vue de sa va-
leur industrielle et commerciales donné
lieu, de la part des experts aux appré-
ciations suivantes :
« Beau et bon coton, très propre, bel-
« le venancc dorée, brillante, soie forte
Il et nerveuse assez régulière, longue de
« 29-30 nl[m. Valeur76-78 fr. les 50
« kilos (base du terme à 60 fr.), très dé-
« sirable et de vente très facile,convien-
« drait parfaitement aux fabricants de
« bonneterie. »
Ces renseignements montrent aux
Européens et aux indigènes l'intérêt
qu'offrirait la culture raisonnée d'une
variété de ce cotonnier, qui, même sans
soin, produit un coton si favorablement
apprécié.
Kouang-Tchéou-Wan. Ce terri-
toire a été cédé par la Chine à laFrance,
par une convention en date du 16 no-
vembre 1899,et pour une durée de qua-
tre-vingt-dix-neuf ans.
En vertu des termes de la conven-
tion, la France était autorisée a y éta-
blir une station navale avec dépôt de
charbon, la Chine conservant tous ses
droits de souveraineté sur les territoi-
res cédés.
La baie de Kouang Tchéou est située
à 80 milles au Nord du détroit de Haï-
Nan, entre les parallèles 20"45 et 21°17
de latitude nord et les méridiens 107°55
est 108°16 de longitude est.
Par mer, le territoire est à 300 milles
de Haïphong, à 230 d'Hongkong.
Par terre, il est à 300 kilomètres de
Moncay, poste frontière du Tonkin, et
à 400 kilomètres de Canton.
Loge comme dans un coin dans la
Chine méridionale, tête de ligne des
voies les plus courtes et les moins oné-
reuses pour pénétrer dans les grands
et riches bassins du Si-Kang et du Yang
Té-Kang, merveilleusement servi par
la configuration de ses cô tes, Kouang-
Tchéou-Wan peut être appelé, dans un
bref avenir, à jouer un rôle prépondé-
rant dans l'expansion française en Chine
Comme hinterland, notre territoire, a
contrée salubre, au sol fertile, au sous-
sol riche en minerai, justifiera tous
les efforts. Notre vigilance doit être é-
veillée sans cesse sur ce petit pays, qui
est une des clefs qui ouvriront la Chine.
à l'aclivi lé européenne.
Il dépend de nous seuls Je faire de
Kouang-Théou-Wan le grand entrepôt
français du sudde la Chine.
Nouvelle convention douanière entre
la France et Ceylan. Une conven tion
commerciale relative à l'ile de Ceylan a
été signée à Londres, le 19 février 1903,
entre la France et la Grande-Bretagne,
et ratifiée le 27 mars 1905.
En vertu de cette convention, nous
concédons notre tarif minimum aux den-
rées coloniales originaires de Ceylan(au-
tres que le sucre, ses dérivés et les ta-
bacs) ; (l'autre part, les produits natu-
rels ou fabriqués, originaires de France
d'Algérie, des colonies et possessions
françaises et des pays de protelorat de
l'Indo-Chine et de lu Tunisie, jouiront
du bénéfice des taxes les plus réduites, à
l'entrée dans l'île de Ceylan.
Le sucre à Madagascar. Les sta-
tistiques du ministère des colonies mon-
trent que Madagascar cultive 927 hecta-
res de canne à sucre et 2 hectares 59
de betterave dans la région centrale.La
canne est surtout cultivée sur les ver-
sants est et ouest; ces cultures sont sur-
tout entreprises par les Européens. Les
indigènes ne cultivent en effet que 29
hectares de cannes à sucre.
Le sucre valait,en 1904 et au détail, à
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