Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-05-03
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 03 mai 1906 03 mai 1906
Description : 1906/05/03 (A7,N17). 1906/05/03 (A7,N17).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374943z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
7- ANNÉE N° 17. PRIX
SE&" S5S, : 30 cent. JEUDI 3 1906"
El traleer et Colonies: 30 cent. JEUDI 3 MAI 106.
Les Annales Coloniales ':'
Tous les mandats doivent être adressés ait nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au non de M. le
Rédacteur en chef.
JO 1:.:T RN" AL HEBDOMADAIRE
Paraissant toul' les Jeudis
Directeur : MARCEL RUEDEL
4, Galerie d'Orléans (Palais-Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS .-
Un an 6 mois
Franc» - .8 fir. & ft». 30
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr.
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
Notes sur l'émigration italienne
Le Bulletin de VEmigration, publié
par le Commissariat spécial qu'a insti-
tué la grande loi italienne de 1901 pour
la protection des émigrants, entre dans
sa cinquième année. Son objet est suf-
fisamment important pour qu'il soit
inutile d'en rappeler l'intérêt : l'émi-
gration est un des facteurs essentiels de
la condition économique de l'Italie ;
prépondérante dans plusieurs provinces
son influence se fait sentir puissamment
sur la politique intérieure du royaume
entier. Elle-même subit les conséquen-
ces des crises qu'il traverse, et, depuis
quelque temps, à celles qui sont cou-
rantes dans un pays très peuplé, encore
en grande partie pauvre, de richesse
foncière particulièrement mal répartie,
et d'ignorance profonde dans les classes
populaires les grèves trop souvent
sanglantes de ces derniers temps,grèves
agricoles en majeure partie, sont une
des manifestations les plus graves de
cet état de choses s'en sont ajoutées
d'autres, d'un caractère plus exception-
nel et d'autant plus redoutable qu'on,
peut moins les prévoir, les pénétrer et
y remédier : après les terribles tremble-
ments de terre des provinces méridio-
niales, voici l'éruption du Vésuve, et,
dans un vaste rayon, des symptômes in-
quiétants affolent les populations, para-
lysent les secours, bouleversent l'éco-
nomie de provinces cntière. Or, les
dernières statistiques de l'émigration
italienne en montraient déjà une aug-
mentation inquiétante. Sans donc in-
sister inutilement sur l'intérêt d'un Bul-
letin souvent signalé aux lecteurs des
Annales coloniales, notons dans sa
composition des progrès appréciables :
fréquence plus grande de graphiques,
de cartes (plusieurs en couleurs , ca-
ractère plus approfondi de la plupart
des notices (aux renseignements tirés
d'ouvrages généraux ou d'annuaires,
s'ajoutent de plus en plus des observa-
tions originales, des enquêtes conscien-
cieuses) ; les rapports moins importants
sont simplement résumés. Le bas prix
de la publication lui conserve son rôle
vulgarisateur.
La dernière statistique parue, celle
de la direction générale (italienne) de
la statistique, donne le chiffre des émi-
grants partis dans le premier semestre
de 1905. Il offre sur le premier semestre
de 1904 une très forte augmentation :
430.579 départs, dont 245.868 pour les
pays « transocéaniques » (Amérique,
Extrême-Orient), au lieu de 284.800,
dont 145.917 au-delà des mers. Ce sont
les émigranls « transocéaniques » qu'il
faut surtout considérer, car ceux qui ne
quittent pas l'Europe ou le bassin de la
Méditerranée, reviennent en grande
majorité,la saison de travail finie,ou bien
reviendront, l'attrait du pays étant plus
impérieux et surtout plus facile a satis-
faire. Le nombre le plus fort d'émi-
grants est fourni par la Vénétie, mais
il s'agit précisément de ces travailleurs
temporaires, pour qui l'émigration n'est
qu'une absence périodique et régulière.
Beaucoup plus important et plus grave
est le cas des provinces qui viennent
ensuite : Campanie (53.921 contre
34.379 dans le premier semestre de
1904), Sicile (53.771 au lieu de 30.968),
Calabre (40.785 au lieu de 21.438). La
presque totalité de leurs émigrants vont
outre mer, leur retour est toujours
fort aléatoire. Le deuxième semestre de
1905 et surtout les premiers mois de
1906 (c'est en effet l'hiver, époque de
chômage pour l'agriculture, qu'a lieu
la plus forte émigration) ne pourront
manquer de donner des chiffres au
moins aussi alarmants, beaucoup de
villages ayant été ruinés par les catas-
trophes, et l'anxiété poussant naturel-
lement les paysans vers une résolution
qu'ils se sont trop habitués à considérer
comme un remède suprême. Si l'on ré-
fléchit que la crise de l'émigration sévit
en Italie de puis bien des années, on n'en
peut voir sans inquiétude un redouble-
ment d'intensité à une époque réputée
pour un réveil de prospérité et d'équi-
libre économique en Italie.
Des groupes italiens sont signalés
[Bolletino del VEmigrazione, 1905,
n° 20) au Yunnan, attirés par les tra-
vaux pour le chemin de fer de Laokai ;
partout où s'offre un salaire, même
médiocre, on peut s'attendre à en voir
arriver. Ce sont toujours les Etats-Unis
qui en reçoivent le plus ; il est à re-
marquer cependant que,dans ce pays, en
1904-05 (les statistiques américaines
partent de juillet), l'afflux d'Italiens,
bien qu'en progrès sur l'année précé-
dente, 221.479, est dépassé par l'émi-
gration provenant d'Aulriche-Hongric,
montée subitement de 177.156 à 275.693.
L'émigration de Russie, comme on
pouvait s'y attendre, a aussi augmenté
considérablement. Ce n'est pas une
consolation pour l'Italie de penser que
d'autres états souffrent de la même
crise ; c'est même un surcroît de pré-
occupation, les Italiens ne pouvant plus
compter trouver de travail dans ces
deux pays et rencontrant à l'étranger la
concurrence de leurs émigrants. Cette
affluence risque en outre de rendre
plus rigoureuses encore les mesures
prohibitives des Etats-Unis et des colo-
nies anglaises.
-Si l'émigration inquiète les philan-
thropes et les économistes, d'autres y
trouvent leur profit ; la loi italienne
de 1901, et les règlements qui se sont
succédé depuis, ont eu précisément
pour objet de supprimer des abus
odieux et d'empêcher toute une série
d'industriels, enrôleurs, placeurs, lo-
geurs, marchands et armateurs, d'ex-
ploiter trop rudement la foule des émi-
grants. De très grands progrès ont été
réalisés dans ce sens. Des conditions
d'hygiène, de confort, de vitesse, sont
exigées des navires qui font le transport,
et même on leur impose des commis-
saires du gouvernement, choisis parmi
les médecins de la marine. Un de ceux-
ci, le docteur Montano, publie dans un
des derniers Bulletins (1905, n° 20) un
rapport sur le service sanitaire à bor.d
de ces bâtiments. Il en résulte que les
conditions du voyage sont fort amélio-
liorées : la description, il y a quelque
dix ans, d'un de ces bateaux d'émigrants,
indignait toutes les âmes sensibles, et si
l'on se rapporte aux impressions de
M. de Amicis et d'autres écrivains, on
croirait à l'évocation d'un négrier des
plus mauvais temps de la traite. Au-
jourd'hui il n'en est plus de même.
M. Montano, sur 132.535 émigrants en
1904, d'Italie en Amérique du Nord,
compte 926 cas de maladie, dont 20
furent mortels ; sur 72.374, partis pour
l'Amérique du Sud, 912 cas dont 34
mortels ; et la majorité des décès porte
sur des enfants en bas âge et - résulte
des difficultés d'alimentation. Il reste-
rait d'ailleurs beaucoup à faire et
M. Montano réclame énergiquement
qu'on exige un certain nombre de con-
ditions élémentaires. Dans beaucoup
de navires autorisés à embarquer des
émigrants, il n'y a pas de latrines fixes,
et le transport des récipients mobiles
offre des inconvénients et des dangers
évidents ; des couchettes sont placées
jusque sur les parois voisines de la ma-
chine ; les moyens de toilette sont très
insuffisants, et cependant l'un des griefs
des Américains contre rémigrant italien
(généralement méridional) - est son as-
pect sordide et sa malpropreté. Presque
nul bâtiment ne comporte de réfectoire :
l'émigrant va chercher sa pitance, la
mange où il peut, et nettoie lu i-même,
ou ne nettoie pas sa gamelle. Cependant
les navires de presque tous les autres
pays comportent des réfectoires et un
personnel spécial pour servir et pour
laver la vaisselle. C'est une habi-
tude trop fréquente en Italie que de
considérer l'émigrant comme un bétail
qu'on néglige el qu'on rudoie, son ar-
gent une fois cm poché (le touriste étran-
ger d'ailleurs est-il vu toujours d'un
autre œil?) ; du moins faudrait-il lui en
donner pour son argent.
Une des premières réformes deman-
dées par M. Montano serait d'améliorer
radicalement le personnel des navires
préposé au soin des émigrants, et qui
trop souvent n'offre aucune garantie,
même au point de vue moral. Il fau-
drait aussi que l'émigrant s'améliorât
lui-même. L'ignorance profonde, la
mauvaise mine, la demi-barbarie de
beaucoup de paysans italiens, surtout
méridionaux, disposent mal en leur
faveur ; par défiance, ils cherchent à élu-
der les mesures de précaution, inspec-
tion médicale, dépôt des couteaux, etc.
Pour une médiocre économie, ils s'em-
barquent par fraude, ou en passant la
frontière, sur des bâtiments non contrô-
lés. L'instruction, le respect des autres
et de soi-même, sont partout, et en
Italie plus peut-être qu'ailleurs, des
desiderata urgents.- JacquesRAMBAUD.
- -- ..,., -
Cochon, Talon-Rogné et Tout-Nu
En vérité nous aurions tort, malgré les
grèves, les bombes et les morts de ne point
suivre le drame qui se joue à la Guade-
loupe : nousle connaissons d'une façon qui
ne manque pas de piquant.
Depuis un an, M. Boulloche,qui sévitsur
la Guadeloupe, gouverne en satrape cette
malheureuse île. Il emprisonne ses adver-
saires politiques, lui qui ne devrait avoir
ni partisans, ni ennemis, mais seulement
des administrés, il autorise les fauteurs
de désordres à tous les excès. à tous les
pillages, à tous les meurtres. Des élec-
tions municipales ou au conseil général ne
lui donnent pas satisfaction, vite il les ail-
nulent, jusqu'au jour où les urnes savam-
ment préparées vomissent enifn les élus de
ses rêves. Le correspondant de notre con-
frè"rë le 1TRRW-YR>BK_HKN.,I.R.D est une tlp HTV-
times de M. Boulloche et si M. Boullo-
che a été asse1 pnÍssant pour étouffer là-
bas les légitimes doléances de notre con-
frère, il n'a pas été de taille à empêcher
le grand organe américain de paraître- et
d'insérer les dépêches alarmistes de son cor-
i-espondant. Immédiateinent, lapresse fran-
çaise reproduit l'information, le ministre
des colonies s'inquiète, télégraphie pour
avoir lavérité. et à qui ? à l'homme
qui a commis le mauvais coup. Il reçoit
la réponse que tout le monde prévoit : l'or-
drt. règne à Basse- Terre comme à la Poin-
te-à-Pitre. C'est vraiment phénoménal et
voici un an que la comédie dure, et voici un
an que M. Boulloche en tient le premier
rôle avec.,. sérénité. Le coup du télégram-
me du ministre des colonies est du pur
vaudeville : c'est aussi joyeux que si nous
avions vu M. Bourdeaux télégraphier à
Galley s'il était content du Comptoir d'Es-
compte et s'il ne jugeait pas le moment
venu demettre la main au collet des mem-
I bresdu Conseil d'Administration,
Mais voilà qui est mieux : en période
électorale, il est bon de doubler la police ;
aussi pour empêcher les partisans de M.
Gerville-Réaclze, assommés consciencieu-
sement depuis un an, de commettre le cri-
me de se défendre, il leur est interdit de
sortir en ville avec le moindre petit bdto i;
la gendarmerie ne suffisant pas à cette
tache, nous rapporte le TUMPS les adversai-
res de Fé minent vice-présidenl de la
Chambre ont organisé des patrouilles
qui fonctionnent sous l'œil bienveillant de
M. Boulloche et sous la conduite de trois
malandrins, Victor Malo, dit Cochon; Al-
fred, dit Talon-Rog;zé, et Dorol, dit
Tout-Nu.
N'empêche, je serais le concurre nt de M.
Gerville-Réache, je serais bien inquiet :
on a invalidé pour moins que cela à la
Chambre, et je conseillerais à mes amis
Cochon, Talon-Rogné et Tout-Nu plus
d'habileté dans l'ouvrage, et à mon ami
Boulloche, plus de discrétion dans la can-
didature officielle. M. R.
.-. q _At.-:-
La Semaine Coloniale.
Les chemins de fer éthiopiens.
Le gouvernement a décidé de nommer
une commission pour régler la question
des chemins de fer éthiopiens. Nous
savons d'autre part qu'une entente est
sur le point d'intervenir entre la France,
l'Angleterre et l'Italie dans la question
des chemins de fer d'Abyssinie, l'Alle-
magne ayant renoncé à s'opposer à la
combinaison, et l'Italie'seule présentant
encore des objections. La France obtient
le maintien du caractère français au
chemin de fer de Djibouti à Addis-
Ababa; l'Angleterre aura le droit de con-
tinuer ce chemin de fer au-delà d'Addis-
Ababa et renonce à la construction d'un
embranchement aboutissant à Berbera.
Il est à souhaiter que l'accord franco-
anglo-ilalien soit promptement signé
pour que la commission puisse statuer
définitivement sur les mesures néces-
saires.
Une révolte en Tunisie.
Trois colons, dont deux Français et
-u.n--UoJi.e&, 15ft' .,.vlÓ., Janj ht
région de Kasserive, en Tunisie, par des
indigènes révoltés à la suite de la prédi-
cation d'un marabout venant d'Algérie.
Thala a été attaquée dans la matinée
par l'avant-garde des insurgés compre-
nant une trentaine d'hommes.Cette atta-
que a été repoussée par les Européens
réunis au contrôle civil pour la résis-
tance.
Les mineurs du gisement de phos-
phate de Kalaa-Djerdah se sont portés,
armés, au secours de Thala, située à
une distance de 15 kilomètres environ.
Le dépôt d'étalons de Kasserine a été
dévalisé. Les quelques soldats qui le gar-
daient ont dû se retirer.
Les Européens de Thala sont bien
armés et approvisionnés. Les volontaires
envoyés des mines de lialaa-Djerdad
sont arrivés au nombre de 50, pour
secourir en temps utile les Européens
réfugiés au contrôle de Thala.
Dans l'attaque du contrôle civil de
Thala, les indigènes ont eu 12 tués et
une dizaine de blessés.
Le marabout qui prêchait la guerre
sainte vient d'être arrêté.
Une compagnie d'infanterie est arri-
vée. On annonce la venue de deux esca-
drons de cavalerie.
Le résultat négatif de l'attaque d'au-
jourd'hui semble devoir amener la dis-
persion de la bande réunie autour de
Thala.
Le chemin de fer du Sud Marocain.
Par application de la loi du 7 avril
1900, la section du chemin de fer de
Ben-Zireg à Colomb-Béchar est ouverte
à l'exploitation à partir de ce jour.
Le différend anglo-turc.
On assure que la situation née de là
question de frontières turco-égyptiennes
est considérée comme grave. On a lieu
de croire que le conseil de cabinet anglais
s'en est occupé.
A la suite de la décision défavorable
prise par le sultan, on a lieu de croire
que le gouvernement anglais entend
voir retirer sans délai les troupes tur-
ques du territoire égyptien qu'elles occu-
pent.
- Le gouvernement impérial ayant en-
tendu dire au Caire que certaines bornes
frontières avaiant été enlevées par les
Turcs,le navire de guerre Minerva a reçu
l'ordre de se rendre dans les parages
d'El Arish, pour faire une enquête. En
attendant, étant donnée l'attitude du
sultan, la discussion a cessé entre le
Caire et Constantinople et les négocia-
tions auront lieu maintenant entre Cons-
tantinople et Londres.
Cette situation a motivé la décision
prise par le gouvernement anglais de
renforcer la garnison britannique en
Egypte.
On assure que le Sultan est encouragé
dans sa résistance par l'Allemagne.
L'incident franco-turc dans l'Afrique
Centrale.
'1 ̃ * Q.: flTtunny pnn
question d'une expédition turque au
Kaneni et que rien ne fait prévoir une
pareille intention de la part du gouver-
nement turc. Il n'y a donc pas lieu pour
le gouvernement français de protester à
Constantinople. ,
La délimitation du Soudan français et
de la Nigeria.
Les gouvernements anglais et fran-
çais se sont mis d'accord sur la question
de Zinder. On s'est entendu sur une
rectification de frontière dans le nord
de la Nigeria. Cette frontière s'infléchira
vers le sud de taçon à donner à la France
les territoires appartenant au Zinder.
Cet arrangement donne satisfaction
aux ministères des affaires étrangères
et des colonies des deux pays.
L'arrangement conclu à Londres est
ad referendum et doit être ratifié par
les deux gouvernements.
La délimitation du Congo-français et
du Cameroun.
Les travaux de la mission MoU avan-
cent rapidement, l'entente avec les Al-
lemands est parfaite.
La mission a terminé ses travaux jus-
qu'au 5e parallèle ; elle comptait finir
en mars à Koundé. Elle a constaté que
les positions de Gaza et de Koundé étaient
de beaucoup à l'ouest de ce qui était ad-
mis jusqu'à présent. Banié serait, au
contraire, légèrement à l'est de la posi-
tion qu'on lui avait attribuée.
Il se pourrait que la mission éprouvât
quelques difficultés au nord de Koundé
du fait de l'attitude peu favorable des
populations. A hauteur de la frontière,
pas bien loin de Koundé, le pays est en
insurrection contre l'autorité allemande.
Le lieutenant allemand Schrœder vient
d'être tué. Sa colonne, composée de 3
blancs, 80 tirailleurs, 2 mitrailleuses, 1
pièce de canon, a eu fort à faire et on ne
sait pas encore si elle a pu s'emparer de
la position des indigènes.
Quant à la mission Moll, elle a jus-
qu'ici passé partout pacifiquement, en
soumettant même par persuasion les tri-
bus hostiles ; il faut espérer que cela con-
tinuera car l'escorte de 27 tirailleurs dont
elle dispose, morcelée entre plusieurs
LI UlOI II LA SOCIÉTÉ
des Artistes Français.
Au moment de la scission du Champ
de Mars, Albert Wolf, affirmant toutes
ses sympathies pour les talents de la
nouvelle Société, prédisait qu'après
quelques années, l'ancien salon repren-
drait la première place. Il ne s'est pas
trompé : ceux qui étaient autrefois les
« jeunes » du Champ de Mars ont
vieilli ; ils exposent maintenant des
toiles de « vieux pompiers » ou, tout
du moins, sont-ils traités comme tels
par ceux du Salon d'automne ou des in-
dépendants.
Il est certain que la jeunesse qui tra-
vaille et produit do bonnes choses ex-
pose maintenant à la Société des Artis-
tes français, et c'est là que l'on peut
glaner encore le plus grand nombre de
bonnes œuvres. Mais combien la pré-
sentation en reste défectueuse ! Combien
Inorganisation de « la Nationale» est
supérieure à l'empilement alphabétique
et démocratique des quarante-trois sal-
les que l'on inaugurait lundi au Grand
Palais. Et pourtant, cette année, il y a
eu une amélioration sensible sur les
précédentes. On a donné, dans une cer-
taine mesure, satisfaction à ceux qui se
plaignaient de voir toute la cimaise ac-
caparée par de mauvais Hors-Concours.
Pourquoi ne ferait-on pas franchement,
comme à la société voisine, une sorte de
salon des refusés dans les salles du rez-
de-chaussée. On aurait des mécontents,
il y en a toujours, mais le Salon y ga-
gnerait et le public serait content. Il
y a trop de peintres, répète-t-on on
ne peut pourtout pas les tuer et la bombe
que l'on annonçait pour le jour du ver-
nissage n'a pas éclaté.
Le plus grand attrait du salon de 1906,
est, sans contredit, la salle où M. Henri
Martin expose les décorations pour le
Capitole de Toulouse en même temps
qu'un grand nombre d études peintes et
de dessins qu'il a faits à cette occasion.
Outre le triptyque que nous avions vu à
un salon précédent, il nous montre, se
promenant sur les bords de la Garonne,
d'une allure rêveuse et recueillie, les
célébrités toulousaines : Jaurès, J.-P.
Laurens, etc., éclairés par le soleil
couchant. M. HenriMartin est un artiste.
Toute sa vie, il a cherché. Ceux-
mêmes qui voudraient critiquer le proJ.
cédé de sa peinture dont les empâtements
pourront se salir avec le temps, doivent
s'incliner devant la conscience de sa
recherche et devant son sentiment dé-
coratif rempli d'émotion personnelle.
Commençons par dire un mot des
peintres qui intéressent plus particuliè-
rement notre journal.
LES
COLONIAUX ET LES ORIENTALISTES
M. Rochegrosse habite Alger pendant
une partie de l'année. Le soleil de là-bas,
les blanches terrasses, les femmes voi-
lées aux sourcils trop grands, ont im-
pressionné ce romantique et ont été
pour lui une source d'inspiration fé-
conde. Nous pouvonsdonc parler, en tête
de ce chapitre, de la grande toile qu'il
intitule la Joie Rouge, bien que le su-
jet lui-même ne se passe en aucun pays
d'Orient bien défini : Au milieu d'une
galopade de barbares, dans un amoncel-
lement de femmes nues, un rayon de
soleil tombe sur des fleurs, tandis qu'au
premier plan, un sauvage, en riant,
joue à la boule avec des têtes sanglantes.
M. Rochegrosse a-t-il voulu faire l'apo-
théose du sang ou nous le faire prendre
en horreur ? a-t-il voulu soutenir une
thèse ou simplement peindre ? En
tout cas nous retrouvons avec un vif
intérêt le peintre fougueux d'Androma-
que et des Derniers jours de Babylone.
Je ne ferai pas les mêmes compli-
ments à la grande toile de M. Gervais
les « Centaures » dont la vie est absen-
te complètement, malgré le mouvement
désordonné des personnages.
M. Gourdault, dont on n'a pas oublié
le succès du Campement en Provenez
expose Uneplace à Tunis, d'un effet dé-
licat et qui est l'œuvre d'un bon peintre ;
mais pourquoi a t-il donné une pareille
forme au cheval arabe qui occupe en
grandeur naturelle, le premier plan de
son tableau ? C'est là un cheval qui n'a
jamais existé. Au contraire, celui que
M. H. Rousseau met dans sa peinture
des Bergers de VAurès a malheureuse-
ment figuré trop souvent dans les ta-
bleaux d'un peintre nommé Washing-
ton et c'est dommage, car cet artiste
pourrait faire de jolies choses, s'il se
l contentait d'être personnel.
M. Brigdman nous montre une bien
luxueuse odalisque dans un jardin de
Mustapha ; M. Eugène Girardet une
femme arabe sur son âne dans un pas-
sage de Bou-Saada plein de soleil ; M.
Louis Cabanes des chameaux au clair de
lune ; Mme Lucas-Robiquet, des tisseu-
ses à Gabès ; M. Gillandelle, une jeune
fille ; M. Tanzi un intérieur mauresque,
et M. Chigot, la défense du marabout de
Sidi-Brahim en 1845.
M. Paul Leroy expose une scène arabe
d'un dessin très serré et très exact
qu'il a intitulé « Agnus Dei » et une dé-
coration pour le palais de Saïd Pacha au
Caire intitulée : Musique.
M. Maurice Levis montre la pagode
du Népal à Bénarès qui doit être très-
vraie ; M. Lemaître, l'ancien cimetière
des pachas et le marabout de Sidi ben
Ali à Alger ; enfin M.Paul Buffet un Bon
Samaritain d'un sentiment très correct
sans être bien nouveau.
Les deux toiles de M. Taupin repré-
sentant des femmes arabes dans leur
gourbi, à Laghouat, sont parmi les meil-
leures de ce peintre, qui connaît bien
l'Algérie et y fait de fréquents séjours.
M. Dagnac-Rivière expose en même
temps dans trois Salons : aux Indépen-
dants,a la Nationale,et aux Artistes Fran-
çais. Son petit Soco est peint dans une
belle pâte, mais avec un parti pris de
couleurs chaudes trop cuites.
L'impératrice douairière de Chine es-
pérait être mieux placée qu'à l'endroit
où elle est accrochée, quand elle a de-
mandé son portrait à un peintre hors-
concours, M. Hubert Vos.
Nous pouvons encore citer dans ce
chapitre les toiles de M. Guillonet, qui
s'est inspiré du soleil d'Algérie dans ses
Provençales, d'un beau jaune clair
dont il a le secret et aussi la grande
peinture de M. Hoffbauer : Le triomphe
d'un Condottiere. M. Hoffbauer expose
chaque année des sujets très différents,
mais qui sont toujours d'un excellent
artiste. , -
Un bien bon tableau également est
celui de M. Gambier ; Pèlerinage russe
à Jérusalem, peint très simplement et
avec une émotion profonde.
Citons encore un paysage de l'lle Ma
joi-que,de M. M.-Réalier-Dumas,les îles
Baléares de M.Dehayes ; un « Ecce Ho-
mo » de M. Louvet, des Espagnoles
de M. Chéca, la Vue d'Algésiras de M.
Fouqueray ; les Visions d'Egypte, que
SE&" S5S, : 30 cent. JEUDI 3 1906"
El traleer et Colonies: 30 cent. JEUDI 3 MAI 106.
Les Annales Coloniales ':'
Tous les mandats doivent être adressés ait nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au non de M. le
Rédacteur en chef.
JO 1:.:T RN" AL HEBDOMADAIRE
Paraissant toul' les Jeudis
Directeur : MARCEL RUEDEL
4, Galerie d'Orléans (Palais-Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS .-
Un an 6 mois
Franc» - .8 fir. & ft». 30
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr.
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
Notes sur l'émigration italienne
Le Bulletin de VEmigration, publié
par le Commissariat spécial qu'a insti-
tué la grande loi italienne de 1901 pour
la protection des émigrants, entre dans
sa cinquième année. Son objet est suf-
fisamment important pour qu'il soit
inutile d'en rappeler l'intérêt : l'émi-
gration est un des facteurs essentiels de
la condition économique de l'Italie ;
prépondérante dans plusieurs provinces
son influence se fait sentir puissamment
sur la politique intérieure du royaume
entier. Elle-même subit les conséquen-
ces des crises qu'il traverse, et, depuis
quelque temps, à celles qui sont cou-
rantes dans un pays très peuplé, encore
en grande partie pauvre, de richesse
foncière particulièrement mal répartie,
et d'ignorance profonde dans les classes
populaires les grèves trop souvent
sanglantes de ces derniers temps,grèves
agricoles en majeure partie, sont une
des manifestations les plus graves de
cet état de choses s'en sont ajoutées
d'autres, d'un caractère plus exception-
nel et d'autant plus redoutable qu'on,
peut moins les prévoir, les pénétrer et
y remédier : après les terribles tremble-
ments de terre des provinces méridio-
niales, voici l'éruption du Vésuve, et,
dans un vaste rayon, des symptômes in-
quiétants affolent les populations, para-
lysent les secours, bouleversent l'éco-
nomie de provinces cntière. Or, les
dernières statistiques de l'émigration
italienne en montraient déjà une aug-
mentation inquiétante. Sans donc in-
sister inutilement sur l'intérêt d'un Bul-
letin souvent signalé aux lecteurs des
Annales coloniales, notons dans sa
composition des progrès appréciables :
fréquence plus grande de graphiques,
de cartes (plusieurs en couleurs , ca-
ractère plus approfondi de la plupart
des notices (aux renseignements tirés
d'ouvrages généraux ou d'annuaires,
s'ajoutent de plus en plus des observa-
tions originales, des enquêtes conscien-
cieuses) ; les rapports moins importants
sont simplement résumés. Le bas prix
de la publication lui conserve son rôle
vulgarisateur.
La dernière statistique parue, celle
de la direction générale (italienne) de
la statistique, donne le chiffre des émi-
grants partis dans le premier semestre
de 1905. Il offre sur le premier semestre
de 1904 une très forte augmentation :
430.579 départs, dont 245.868 pour les
pays « transocéaniques » (Amérique,
Extrême-Orient), au lieu de 284.800,
dont 145.917 au-delà des mers. Ce sont
les émigranls « transocéaniques » qu'il
faut surtout considérer, car ceux qui ne
quittent pas l'Europe ou le bassin de la
Méditerranée, reviennent en grande
majorité,la saison de travail finie,ou bien
reviendront, l'attrait du pays étant plus
impérieux et surtout plus facile a satis-
faire. Le nombre le plus fort d'émi-
grants est fourni par la Vénétie, mais
il s'agit précisément de ces travailleurs
temporaires, pour qui l'émigration n'est
qu'une absence périodique et régulière.
Beaucoup plus important et plus grave
est le cas des provinces qui viennent
ensuite : Campanie (53.921 contre
34.379 dans le premier semestre de
1904), Sicile (53.771 au lieu de 30.968),
Calabre (40.785 au lieu de 21.438). La
presque totalité de leurs émigrants vont
outre mer, leur retour est toujours
fort aléatoire. Le deuxième semestre de
1905 et surtout les premiers mois de
1906 (c'est en effet l'hiver, époque de
chômage pour l'agriculture, qu'a lieu
la plus forte émigration) ne pourront
manquer de donner des chiffres au
moins aussi alarmants, beaucoup de
villages ayant été ruinés par les catas-
trophes, et l'anxiété poussant naturel-
lement les paysans vers une résolution
qu'ils se sont trop habitués à considérer
comme un remède suprême. Si l'on ré-
fléchit que la crise de l'émigration sévit
en Italie de puis bien des années, on n'en
peut voir sans inquiétude un redouble-
ment d'intensité à une époque réputée
pour un réveil de prospérité et d'équi-
libre économique en Italie.
Des groupes italiens sont signalés
[Bolletino del VEmigrazione, 1905,
n° 20) au Yunnan, attirés par les tra-
vaux pour le chemin de fer de Laokai ;
partout où s'offre un salaire, même
médiocre, on peut s'attendre à en voir
arriver. Ce sont toujours les Etats-Unis
qui en reçoivent le plus ; il est à re-
marquer cependant que,dans ce pays, en
1904-05 (les statistiques américaines
partent de juillet), l'afflux d'Italiens,
bien qu'en progrès sur l'année précé-
dente, 221.479, est dépassé par l'émi-
gration provenant d'Aulriche-Hongric,
montée subitement de 177.156 à 275.693.
L'émigration de Russie, comme on
pouvait s'y attendre, a aussi augmenté
considérablement. Ce n'est pas une
consolation pour l'Italie de penser que
d'autres états souffrent de la même
crise ; c'est même un surcroît de pré-
occupation, les Italiens ne pouvant plus
compter trouver de travail dans ces
deux pays et rencontrant à l'étranger la
concurrence de leurs émigrants. Cette
affluence risque en outre de rendre
plus rigoureuses encore les mesures
prohibitives des Etats-Unis et des colo-
nies anglaises.
-Si l'émigration inquiète les philan-
thropes et les économistes, d'autres y
trouvent leur profit ; la loi italienne
de 1901, et les règlements qui se sont
succédé depuis, ont eu précisément
pour objet de supprimer des abus
odieux et d'empêcher toute une série
d'industriels, enrôleurs, placeurs, lo-
geurs, marchands et armateurs, d'ex-
ploiter trop rudement la foule des émi-
grants. De très grands progrès ont été
réalisés dans ce sens. Des conditions
d'hygiène, de confort, de vitesse, sont
exigées des navires qui font le transport,
et même on leur impose des commis-
saires du gouvernement, choisis parmi
les médecins de la marine. Un de ceux-
ci, le docteur Montano, publie dans un
des derniers Bulletins (1905, n° 20) un
rapport sur le service sanitaire à bor.d
de ces bâtiments. Il en résulte que les
conditions du voyage sont fort amélio-
liorées : la description, il y a quelque
dix ans, d'un de ces bateaux d'émigrants,
indignait toutes les âmes sensibles, et si
l'on se rapporte aux impressions de
M. de Amicis et d'autres écrivains, on
croirait à l'évocation d'un négrier des
plus mauvais temps de la traite. Au-
jourd'hui il n'en est plus de même.
M. Montano, sur 132.535 émigrants en
1904, d'Italie en Amérique du Nord,
compte 926 cas de maladie, dont 20
furent mortels ; sur 72.374, partis pour
l'Amérique du Sud, 912 cas dont 34
mortels ; et la majorité des décès porte
sur des enfants en bas âge et - résulte
des difficultés d'alimentation. Il reste-
rait d'ailleurs beaucoup à faire et
M. Montano réclame énergiquement
qu'on exige un certain nombre de con-
ditions élémentaires. Dans beaucoup
de navires autorisés à embarquer des
émigrants, il n'y a pas de latrines fixes,
et le transport des récipients mobiles
offre des inconvénients et des dangers
évidents ; des couchettes sont placées
jusque sur les parois voisines de la ma-
chine ; les moyens de toilette sont très
insuffisants, et cependant l'un des griefs
des Américains contre rémigrant italien
(généralement méridional) - est son as-
pect sordide et sa malpropreté. Presque
nul bâtiment ne comporte de réfectoire :
l'émigrant va chercher sa pitance, la
mange où il peut, et nettoie lu i-même,
ou ne nettoie pas sa gamelle. Cependant
les navires de presque tous les autres
pays comportent des réfectoires et un
personnel spécial pour servir et pour
laver la vaisselle. C'est une habi-
tude trop fréquente en Italie que de
considérer l'émigrant comme un bétail
qu'on néglige el qu'on rudoie, son ar-
gent une fois cm poché (le touriste étran-
ger d'ailleurs est-il vu toujours d'un
autre œil?) ; du moins faudrait-il lui en
donner pour son argent.
Une des premières réformes deman-
dées par M. Montano serait d'améliorer
radicalement le personnel des navires
préposé au soin des émigrants, et qui
trop souvent n'offre aucune garantie,
même au point de vue moral. Il fau-
drait aussi que l'émigrant s'améliorât
lui-même. L'ignorance profonde, la
mauvaise mine, la demi-barbarie de
beaucoup de paysans italiens, surtout
méridionaux, disposent mal en leur
faveur ; par défiance, ils cherchent à élu-
der les mesures de précaution, inspec-
tion médicale, dépôt des couteaux, etc.
Pour une médiocre économie, ils s'em-
barquent par fraude, ou en passant la
frontière, sur des bâtiments non contrô-
lés. L'instruction, le respect des autres
et de soi-même, sont partout, et en
Italie plus peut-être qu'ailleurs, des
desiderata urgents.- JacquesRAMBAUD.
- -- ..,., -
Cochon, Talon-Rogné et Tout-Nu
En vérité nous aurions tort, malgré les
grèves, les bombes et les morts de ne point
suivre le drame qui se joue à la Guade-
loupe : nousle connaissons d'une façon qui
ne manque pas de piquant.
Depuis un an, M. Boulloche,qui sévitsur
la Guadeloupe, gouverne en satrape cette
malheureuse île. Il emprisonne ses adver-
saires politiques, lui qui ne devrait avoir
ni partisans, ni ennemis, mais seulement
des administrés, il autorise les fauteurs
de désordres à tous les excès. à tous les
pillages, à tous les meurtres. Des élec-
tions municipales ou au conseil général ne
lui donnent pas satisfaction, vite il les ail-
nulent, jusqu'au jour où les urnes savam-
ment préparées vomissent enifn les élus de
ses rêves. Le correspondant de notre con-
frè"rë le 1TRRW-YR>BK_HKN.,I.R.D est une tlp HTV-
times de M. Boulloche et si M. Boullo-
che a été asse1 pnÍssant pour étouffer là-
bas les légitimes doléances de notre con-
frère, il n'a pas été de taille à empêcher
le grand organe américain de paraître- et
d'insérer les dépêches alarmistes de son cor-
i-espondant. Immédiateinent, lapresse fran-
çaise reproduit l'information, le ministre
des colonies s'inquiète, télégraphie pour
avoir lavérité. et à qui ? à l'homme
qui a commis le mauvais coup. Il reçoit
la réponse que tout le monde prévoit : l'or-
drt. règne à Basse- Terre comme à la Poin-
te-à-Pitre. C'est vraiment phénoménal et
voici un an que la comédie dure, et voici un
an que M. Boulloche en tient le premier
rôle avec.,. sérénité. Le coup du télégram-
me du ministre des colonies est du pur
vaudeville : c'est aussi joyeux que si nous
avions vu M. Bourdeaux télégraphier à
Galley s'il était content du Comptoir d'Es-
compte et s'il ne jugeait pas le moment
venu demettre la main au collet des mem-
I bresdu Conseil d'Administration,
Mais voilà qui est mieux : en période
électorale, il est bon de doubler la police ;
aussi pour empêcher les partisans de M.
Gerville-Réaclze, assommés consciencieu-
sement depuis un an, de commettre le cri-
me de se défendre, il leur est interdit de
sortir en ville avec le moindre petit bdto i;
la gendarmerie ne suffisant pas à cette
tache, nous rapporte le TUMPS les adversai-
res de Fé minent vice-présidenl de la
Chambre ont organisé des patrouilles
qui fonctionnent sous l'œil bienveillant de
M. Boulloche et sous la conduite de trois
malandrins, Victor Malo, dit Cochon; Al-
fred, dit Talon-Rog;zé, et Dorol, dit
Tout-Nu.
N'empêche, je serais le concurre nt de M.
Gerville-Réache, je serais bien inquiet :
on a invalidé pour moins que cela à la
Chambre, et je conseillerais à mes amis
Cochon, Talon-Rogné et Tout-Nu plus
d'habileté dans l'ouvrage, et à mon ami
Boulloche, plus de discrétion dans la can-
didature officielle. M. R.
.-. q _At.-:-
La Semaine Coloniale.
Les chemins de fer éthiopiens.
Le gouvernement a décidé de nommer
une commission pour régler la question
des chemins de fer éthiopiens. Nous
savons d'autre part qu'une entente est
sur le point d'intervenir entre la France,
l'Angleterre et l'Italie dans la question
des chemins de fer d'Abyssinie, l'Alle-
magne ayant renoncé à s'opposer à la
combinaison, et l'Italie'seule présentant
encore des objections. La France obtient
le maintien du caractère français au
chemin de fer de Djibouti à Addis-
Ababa; l'Angleterre aura le droit de con-
tinuer ce chemin de fer au-delà d'Addis-
Ababa et renonce à la construction d'un
embranchement aboutissant à Berbera.
Il est à souhaiter que l'accord franco-
anglo-ilalien soit promptement signé
pour que la commission puisse statuer
définitivement sur les mesures néces-
saires.
Une révolte en Tunisie.
Trois colons, dont deux Français et
-u.n--UoJi.e&, 15ft' .,.vlÓ., Janj ht
région de Kasserive, en Tunisie, par des
indigènes révoltés à la suite de la prédi-
cation d'un marabout venant d'Algérie.
Thala a été attaquée dans la matinée
par l'avant-garde des insurgés compre-
nant une trentaine d'hommes.Cette atta-
que a été repoussée par les Européens
réunis au contrôle civil pour la résis-
tance.
Les mineurs du gisement de phos-
phate de Kalaa-Djerdah se sont portés,
armés, au secours de Thala, située à
une distance de 15 kilomètres environ.
Le dépôt d'étalons de Kasserine a été
dévalisé. Les quelques soldats qui le gar-
daient ont dû se retirer.
Les Européens de Thala sont bien
armés et approvisionnés. Les volontaires
envoyés des mines de lialaa-Djerdad
sont arrivés au nombre de 50, pour
secourir en temps utile les Européens
réfugiés au contrôle de Thala.
Dans l'attaque du contrôle civil de
Thala, les indigènes ont eu 12 tués et
une dizaine de blessés.
Le marabout qui prêchait la guerre
sainte vient d'être arrêté.
Une compagnie d'infanterie est arri-
vée. On annonce la venue de deux esca-
drons de cavalerie.
Le résultat négatif de l'attaque d'au-
jourd'hui semble devoir amener la dis-
persion de la bande réunie autour de
Thala.
Le chemin de fer du Sud Marocain.
Par application de la loi du 7 avril
1900, la section du chemin de fer de
Ben-Zireg à Colomb-Béchar est ouverte
à l'exploitation à partir de ce jour.
Le différend anglo-turc.
On assure que la situation née de là
question de frontières turco-égyptiennes
est considérée comme grave. On a lieu
de croire que le conseil de cabinet anglais
s'en est occupé.
A la suite de la décision défavorable
prise par le sultan, on a lieu de croire
que le gouvernement anglais entend
voir retirer sans délai les troupes tur-
ques du territoire égyptien qu'elles occu-
pent.
- Le gouvernement impérial ayant en-
tendu dire au Caire que certaines bornes
frontières avaiant été enlevées par les
Turcs,le navire de guerre Minerva a reçu
l'ordre de se rendre dans les parages
d'El Arish, pour faire une enquête. En
attendant, étant donnée l'attitude du
sultan, la discussion a cessé entre le
Caire et Constantinople et les négocia-
tions auront lieu maintenant entre Cons-
tantinople et Londres.
Cette situation a motivé la décision
prise par le gouvernement anglais de
renforcer la garnison britannique en
Egypte.
On assure que le Sultan est encouragé
dans sa résistance par l'Allemagne.
L'incident franco-turc dans l'Afrique
Centrale.
'1 ̃ * Q.: flTtunny pnn
question d'une expédition turque au
Kaneni et que rien ne fait prévoir une
pareille intention de la part du gouver-
nement turc. Il n'y a donc pas lieu pour
le gouvernement français de protester à
Constantinople. ,
La délimitation du Soudan français et
de la Nigeria.
Les gouvernements anglais et fran-
çais se sont mis d'accord sur la question
de Zinder. On s'est entendu sur une
rectification de frontière dans le nord
de la Nigeria. Cette frontière s'infléchira
vers le sud de taçon à donner à la France
les territoires appartenant au Zinder.
Cet arrangement donne satisfaction
aux ministères des affaires étrangères
et des colonies des deux pays.
L'arrangement conclu à Londres est
ad referendum et doit être ratifié par
les deux gouvernements.
La délimitation du Congo-français et
du Cameroun.
Les travaux de la mission MoU avan-
cent rapidement, l'entente avec les Al-
lemands est parfaite.
La mission a terminé ses travaux jus-
qu'au 5e parallèle ; elle comptait finir
en mars à Koundé. Elle a constaté que
les positions de Gaza et de Koundé étaient
de beaucoup à l'ouest de ce qui était ad-
mis jusqu'à présent. Banié serait, au
contraire, légèrement à l'est de la posi-
tion qu'on lui avait attribuée.
Il se pourrait que la mission éprouvât
quelques difficultés au nord de Koundé
du fait de l'attitude peu favorable des
populations. A hauteur de la frontière,
pas bien loin de Koundé, le pays est en
insurrection contre l'autorité allemande.
Le lieutenant allemand Schrœder vient
d'être tué. Sa colonne, composée de 3
blancs, 80 tirailleurs, 2 mitrailleuses, 1
pièce de canon, a eu fort à faire et on ne
sait pas encore si elle a pu s'emparer de
la position des indigènes.
Quant à la mission Moll, elle a jus-
qu'ici passé partout pacifiquement, en
soumettant même par persuasion les tri-
bus hostiles ; il faut espérer que cela con-
tinuera car l'escorte de 27 tirailleurs dont
elle dispose, morcelée entre plusieurs
LI UlOI II LA SOCIÉTÉ
des Artistes Français.
Au moment de la scission du Champ
de Mars, Albert Wolf, affirmant toutes
ses sympathies pour les talents de la
nouvelle Société, prédisait qu'après
quelques années, l'ancien salon repren-
drait la première place. Il ne s'est pas
trompé : ceux qui étaient autrefois les
« jeunes » du Champ de Mars ont
vieilli ; ils exposent maintenant des
toiles de « vieux pompiers » ou, tout
du moins, sont-ils traités comme tels
par ceux du Salon d'automne ou des in-
dépendants.
Il est certain que la jeunesse qui tra-
vaille et produit do bonnes choses ex-
pose maintenant à la Société des Artis-
tes français, et c'est là que l'on peut
glaner encore le plus grand nombre de
bonnes œuvres. Mais combien la pré-
sentation en reste défectueuse ! Combien
Inorganisation de « la Nationale» est
supérieure à l'empilement alphabétique
et démocratique des quarante-trois sal-
les que l'on inaugurait lundi au Grand
Palais. Et pourtant, cette année, il y a
eu une amélioration sensible sur les
précédentes. On a donné, dans une cer-
taine mesure, satisfaction à ceux qui se
plaignaient de voir toute la cimaise ac-
caparée par de mauvais Hors-Concours.
Pourquoi ne ferait-on pas franchement,
comme à la société voisine, une sorte de
salon des refusés dans les salles du rez-
de-chaussée. On aurait des mécontents,
il y en a toujours, mais le Salon y ga-
gnerait et le public serait content. Il
y a trop de peintres, répète-t-on on
ne peut pourtout pas les tuer et la bombe
que l'on annonçait pour le jour du ver-
nissage n'a pas éclaté.
Le plus grand attrait du salon de 1906,
est, sans contredit, la salle où M. Henri
Martin expose les décorations pour le
Capitole de Toulouse en même temps
qu'un grand nombre d études peintes et
de dessins qu'il a faits à cette occasion.
Outre le triptyque que nous avions vu à
un salon précédent, il nous montre, se
promenant sur les bords de la Garonne,
d'une allure rêveuse et recueillie, les
célébrités toulousaines : Jaurès, J.-P.
Laurens, etc., éclairés par le soleil
couchant. M. HenriMartin est un artiste.
Toute sa vie, il a cherché. Ceux-
mêmes qui voudraient critiquer le proJ.
cédé de sa peinture dont les empâtements
pourront se salir avec le temps, doivent
s'incliner devant la conscience de sa
recherche et devant son sentiment dé-
coratif rempli d'émotion personnelle.
Commençons par dire un mot des
peintres qui intéressent plus particuliè-
rement notre journal.
LES
COLONIAUX ET LES ORIENTALISTES
M. Rochegrosse habite Alger pendant
une partie de l'année. Le soleil de là-bas,
les blanches terrasses, les femmes voi-
lées aux sourcils trop grands, ont im-
pressionné ce romantique et ont été
pour lui une source d'inspiration fé-
conde. Nous pouvonsdonc parler, en tête
de ce chapitre, de la grande toile qu'il
intitule la Joie Rouge, bien que le su-
jet lui-même ne se passe en aucun pays
d'Orient bien défini : Au milieu d'une
galopade de barbares, dans un amoncel-
lement de femmes nues, un rayon de
soleil tombe sur des fleurs, tandis qu'au
premier plan, un sauvage, en riant,
joue à la boule avec des têtes sanglantes.
M. Rochegrosse a-t-il voulu faire l'apo-
théose du sang ou nous le faire prendre
en horreur ? a-t-il voulu soutenir une
thèse ou simplement peindre ? En
tout cas nous retrouvons avec un vif
intérêt le peintre fougueux d'Androma-
que et des Derniers jours de Babylone.
Je ne ferai pas les mêmes compli-
ments à la grande toile de M. Gervais
les « Centaures » dont la vie est absen-
te complètement, malgré le mouvement
désordonné des personnages.
M. Gourdault, dont on n'a pas oublié
le succès du Campement en Provenez
expose Uneplace à Tunis, d'un effet dé-
licat et qui est l'œuvre d'un bon peintre ;
mais pourquoi a t-il donné une pareille
forme au cheval arabe qui occupe en
grandeur naturelle, le premier plan de
son tableau ? C'est là un cheval qui n'a
jamais existé. Au contraire, celui que
M. H. Rousseau met dans sa peinture
des Bergers de VAurès a malheureuse-
ment figuré trop souvent dans les ta-
bleaux d'un peintre nommé Washing-
ton et c'est dommage, car cet artiste
pourrait faire de jolies choses, s'il se
l contentait d'être personnel.
M. Brigdman nous montre une bien
luxueuse odalisque dans un jardin de
Mustapha ; M. Eugène Girardet une
femme arabe sur son âne dans un pas-
sage de Bou-Saada plein de soleil ; M.
Louis Cabanes des chameaux au clair de
lune ; Mme Lucas-Robiquet, des tisseu-
ses à Gabès ; M. Gillandelle, une jeune
fille ; M. Tanzi un intérieur mauresque,
et M. Chigot, la défense du marabout de
Sidi-Brahim en 1845.
M. Paul Leroy expose une scène arabe
d'un dessin très serré et très exact
qu'il a intitulé « Agnus Dei » et une dé-
coration pour le palais de Saïd Pacha au
Caire intitulée : Musique.
M. Maurice Levis montre la pagode
du Népal à Bénarès qui doit être très-
vraie ; M. Lemaître, l'ancien cimetière
des pachas et le marabout de Sidi ben
Ali à Alger ; enfin M.Paul Buffet un Bon
Samaritain d'un sentiment très correct
sans être bien nouveau.
Les deux toiles de M. Taupin repré-
sentant des femmes arabes dans leur
gourbi, à Laghouat, sont parmi les meil-
leures de ce peintre, qui connaît bien
l'Algérie et y fait de fréquents séjours.
M. Dagnac-Rivière expose en même
temps dans trois Salons : aux Indépen-
dants,a la Nationale,et aux Artistes Fran-
çais. Son petit Soco est peint dans une
belle pâte, mais avec un parti pris de
couleurs chaudes trop cuites.
L'impératrice douairière de Chine es-
pérait être mieux placée qu'à l'endroit
où elle est accrochée, quand elle a de-
mandé son portrait à un peintre hors-
concours, M. Hubert Vos.
Nous pouvons encore citer dans ce
chapitre les toiles de M. Guillonet, qui
s'est inspiré du soleil d'Algérie dans ses
Provençales, d'un beau jaune clair
dont il a le secret et aussi la grande
peinture de M. Hoffbauer : Le triomphe
d'un Condottiere. M. Hoffbauer expose
chaque année des sujets très différents,
mais qui sont toujours d'un excellent
artiste. , -
Un bien bon tableau également est
celui de M. Gambier ; Pèlerinage russe
à Jérusalem, peint très simplement et
avec une émotion profonde.
Citons encore un paysage de l'lle Ma
joi-que,de M. M.-Réalier-Dumas,les îles
Baléares de M.Dehayes ; un « Ecce Ho-
mo » de M. Louvet, des Espagnoles
de M. Chéca, la Vue d'Algésiras de M.
Fouqueray ; les Visions d'Egypte, que
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.92%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.92%.
- Auteurs similaires Jardin d'agronomie tropicale Jardin d'agronomie tropicale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jardin d'agronomie tropicale" or dc.contributor adj "Jardin d'agronomie tropicale")Institut national d'agronomie de la France d'outre mer Institut national d'agronomie de la France d'outre mer /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Institut national d'agronomie de la France d'outre mer" or dc.contributor adj "Institut national d'agronomie de la France d'outre mer") France France /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "France" or dc.contributor adj "France")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6374943z/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6374943z/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6374943z/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6374943z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6374943z