Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-04-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 12 avril 1906 12 avril 1906
Description : 1906/04/12 (A7,N14). 1906/04/12 (A7,N14).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63749414
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
7* ANNÉE N* 14.
PRIS
France : 15 cent.
Etranger et Colonies : 30 cent.
JEUDI 12 AVRIL 1906.
.-. ',"
Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés att nom
de M. l'administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nomade M. le
Rédacteur en chef.
TOTTIR-Iv AU HEBDOMADAIRE
Paraissant tous les Jeudis
Directeur : MARCEL RUEDEL
4, Galerie d'Orléans (Palais-Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS -
Un an 6 mois
FRANCE 8 fr. 4 fr. oO
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
Nos ateliers étant fermés les
lundi et mardi de Pâques, le
prochain numéro du Journal
paraîtra le jeudi 26 avril.
La France au Maroc
après la Conférence d'Algéciras
Un an exactement s'étant écoulé de-
puis la descente de l'empereur d'Alle-
magne à Tanger, après deux mois et de-
mi de pénibles et laborieues discussions,
l'entente définitive intervenue à la Con-
férence d'Algéciras, mettant fin à la
tension franco-allemande, fait disparai-
tre l'inquiétude générale et répand à
travers le monde une impression de
profond soulagement. Un échec de la
conférence n'aurait pas entrainé néces-
sairement une guerre franco-allemande,
mais il en serait résulté un état
permanent de lutte d'influences rivales,
une situation délicate et périlleuse, sus'-
ceptible d'amener une rupture. Au point
de vue international, le résultat utile
de cette conférence a été de mettre à
l'épreuve les relations de la France avec
les autres puissances représentées ; dé-
passant l'objet du litige, elle devait
montrer clairement lequel des deux
adversaires, la France ou l'Allemagne,
jouissait de la sympathie dis autres
nations, les avait gagnées à sa cause.
Le large esprit de conciliation montré
par la France, les tempéraments con-
sentis par elle à ses revendications pri-
mitives en vue de rendre l'entente pos-
sible, ont fait pencher, d'une manière
décisive, la balance en sa faveur. L'An-
gleterre et la Russie, en donnant à notre
pays leur appui entier et sans réserves,
en facilitant l'adoption os solutions
désirées par lui, ont tenu jusqu'au bout
les engagements résultant pour elles de
l'Entente cordiale et de l'Allia.nce fran-
co-russe, qui sortent fortifiées de cette
redoutable épreuve. L'Espagne devait
être forcément gagnée au point de vue
français parla situation inespérée que
la France consentait à lui faire à côté
d'elle au Maroc. Le Portugal, non sans
nn certain courage, a également appuyé
les revendications françaises. L'Autri-
che parait être la seule nation qui ait
soutenu l'Allemagne à la Conférence,
et encore faut-il rendre justice à l'esprit
de conciliation montré par son délégué,
le comte Welserheimb, dont les efforts
en vue de trouver un terrain d'entente
entre la France et l'Allemagne, efforts
auxquels s'est largement associé M.
White, le délégué des Etats-Unis, n'ont
pas été vains. Quant à l'Italie, son ac-
cord méditérranéen avec la France lui
dictait ses préférences ; l'état de suspi-
cion dans lequel l'Allemagne la tenait
pour cette raison, l'a empêchée de jouer
le rôle de médiatrice auquel l'autorité
universellement reconnue de son délé-
gué, M. Viseonti Venosta, paraissait la
destiner. Si l'Entenle cordiale et l'Al-
liance franco-russe sortent fortifiées de
la Conférence d'Algéciras ; par contre,la
Triplice en sort affaiblie et amoindrie.
L'imposant groupement de quatre puis-
sances autour de la France, la neutrali-
té, bienveillante envers elle, de la plu-
part des autres, onl: fait comprendre a
l'Allemagne qu'elle ne pouvait sans
danger persister dans son intransigeance
et lui ont enfin arraché les conces-
sions nécessaires qui ont amené l'en-
tente.
Nous n'insisterons pas davantage sur
les enseignements à tirer, au point île
vue international, de la Conférence
d'Algéciras, lesquels peuvent se résumer
dans l'isolement de l'Allemagne et le
groupement autour de la France d'un
solide faisceau d'amitiés et d'alliances.
Il nous parait plus intéressant de re-
chercher ici quel a été pour les puissan-
ces les plus directement intéressées, et
spécialement pour laFrunce, le résultat
de la Conférence au point de vue maro-
cain. Il n'y a rien à dire de l'Angleterre,
qui considérait ses importants intérêts
commerciaux comme pleinement sau-
vegardés par son accord avec la France,
et à qui la Conférence donne à peine
quelques garanties de plus.
;t;*
L'Espagne dont les droits au Maroc,
après avoir été reconnus par la décla-
ration franco-espagnole du 6 octobre
1904, ont été précisés par un nouvel ac-
cord intervenu dans le courant de 1906
entre la France et le gouvernement ibé-
rien et demeuré secret, est sans contredit
la puissance qui gagne le plus à la Con-
férence ; ayant réussi à faire reconnaî-
tre par elle, au même titre que la France,
sa « situation spéciale » au Maro;1., avec
les conséquences qui en résultent. De
même que la France sur sa frontière al-
gérienne, elle obtient le droit de régler
directement et exclusivement avec le
Sultan la police et l'application des rè-
glements concernant les douanes et la
répression de la contrebande des armes,
non seulement à la frontière de ses pos-
sessions, mais encore dans tout le Riff
« et dans la région de Santa Cruz, de
« Mar Pequena et l'extrémité méridio-
« nalede l'Empire, en vertu de la mise à
« exécution de l'article 8 du traité his-
« pano-marocain du 26 avril 1860 et
« du développement *des relations de
« frontière des domaines chérifiens et
« des possessions espagnoles de la côte
« du Sahara. » (Art. 16 du projet de
règlement concernant la contrebande
LES PEINTRES ORIENTALISTES ET COLONIAUX.
GEORGES mVBO.
M. Georges Wybo est un jeune dansia ^'$35 des Orientalistes si heureusement
groupés autour de Rochegrosse, de Dinet, d'Aublet et de tant de maîtres illustres.
Il a le don des colorations et des nuances: il en a l'impression juste, il en note
tous les détails avec une sûreté remarq uable.
Né le 11 octobre 1880, il a déjà réussi, malgré son âge, à s'imposer à l'Exposi-
tion internationale de Liège où il a envové une aquarelle très remarquée, et au
Salon des Orientalistes, où son envoi, cette année, lui a valu les éloges unanimes
des connaisseurs. Tandis qu'au Salon, où il a déjà obtenu une mention honorable
et à Liège, il n'avait donné que des paysages de France, de Hollande ou d'Angle-
terre, cette fois il a cherché, et très heureusement, ses inspirations au Maroc.
Le Salon de cette année comptera, aulreste, plusieurs de ses aquarelles marocaines.
Parmi celles qui ont retenu plus .particulièrement l'attention aux Orientalistes,
signalons La Rue Bleue et La Rue Rouge à Tanger, Le Miracle de Cordoue,
quelques vues de Tanger, aux couleurs vives et chatoyantes, Les Jardins de
VAlcazar à Séville.
La carrière de M. Wybo s'annonce pour la peinture particulièrement brillante.
des armes) (1). Voilà des concessions
singulièrement compréhensives, et qui
ne tendent à rien moins qu'à la recon-
naissance de deux zones d'influence es-
pagnole, la première dans le Riff, et la
seconde dans la région côtière faisant
face aux Canaries,s'étendant entre le cap
Bojador, extrémité nord du territoire
espagnol du Rio de Oro, et les monta-
gnes qui bordent au Sud la vallée du
Sous. Il n'est pas sans intérêt de rappe-
ler àce propos qu'aux termes du contrat
de vente par l'Angleterre au Sultan du
Maroc de la factorerie de Tarfaïa, au cap
Juby, signé le 13 mars 1893, « nul ne
pourra élever une prétention quelconque
« sur le territoire situé entre l'ouad Dra
« et le Cap Bojador, appelé Tarfuïa, » et
que « le gouvernement marocain s'en-
« gage envers le gouvernement anglais à
0 0 0 v
« ne céder à personne aucune partie des
« territoires en question sans l'asscnli-
« ment du gouvernement anglais » (2).
En admettant querAngletcrre renonce
à ses droits, ce qui serait conforme au
(1) Il est à remarquer que cet-Le précision con-
cernant l'extrémité méridionale du Maroc dispa-
raît des articles 30 et 103 de rAcle général de lu
conférence. 1
(2) Voir G. FIDEL, Les intérêts économiques de
la France ait Maroc, Paria, Cliallamol. 1903, p.
126 et suiv.
Le Maroc après la Conférence.
désintéressement qu'elle montre actuel-
lement dans la question marocaine, il
nous semble que la France, à laquelle
le traité de délimitation franco-espagnol
du 27 juin 1900 attribue l'arrière-pays
de cette même région, aurait un mot à
dire à ce sujet. On sait d'autre part que
la déclaration relative à l'organisation
de la police (art. 12 de l'Acte général de
la conférence) donne à l'Espagne le droit
de fournir le cadre des instructeurs de
police, ofliciers et sous-officiers, à Té-
touan et à Larache, et de fournir avec la
France le cadre des instructeurs à Tan-
ger et à Casablanca, le commandement
devant être français dans le premier port
et espagnol dans le second. Enfin, aux
termes de l'acte de concession de la
Banque d'Etat marocaine (art. 37 de
l'Acte général), la monnaie espagnole
continuera à être admise à la circulation
avec force libératoire.
**#
L'Allemagne, quia été l'instigatrice de
la Conférence, a obtenu la proclamation
solennelle du « triple principe de la
« souveraineté du Sultan, de l'intégrité
« de ses Etats, et de la liberté économi-
«que sans aucune Inégalité» , notamment
en ce qui concerne les concessions de
services et de travaux publics. Il est à
remarquer que l'action française au Ma-
roc a toujours été guidée par ces princi-
pes. Seule, .la clause de l'accord franco-
anglais limitant à 30 années la durée de
la liberté commerciale, disparaît ; mais
on se rappelle que la France, dès le dé-
but du différend franco-allemand, s'est
déclarée disposée à admettre la liberté
économique sans limitation de durée Si
l'Allemagne n'avait pas d'autres inten-
tions que de faire reconnaître l'intégri-
té du Maroc et le principe de la « porte
ouverte », il était bien inutile de réunir
pour cela en Conférence un si grand
nombre de puissances dont la plupart
étaient fort peu intéressées à la ques-
tion ; il y avait trop de disproportion
entre le but à atteindre et les moyens
employés, etee formidable déplacement
de la puissance allemande, avec la ridi-
cule campagne de menaces qui 1 a ac-
compagné, semble peu en rapport avec
la pauvreté des résultats obtenus, sur-
t'oulsi l'on songe que, pour les obtenir,
l'Allemagne n'aurait eu qu'à conclure
avec la France un accord direct que
celle-ci lui proposait. Peut-être en por-
tant la question sur le terrain interna-
tional, l'Allemagne a-t-elle voulu con-
vaincre le monde de son désintéresse-
ment. L'attitude si longtemps obstruc-
tionniste de MM. de Radowitz et de
Tattenbach, et surtout l'insistance à vou-
loir soustraire le port de Casablanca au
régime de police franco-espagnole, per-
mettent de douter de ce désintéresse-
1
ment, d'autant plus que nous savons les
visées, non seulement des pangerma-
nistes, mais aussi des milieux coloniaux
allemands sur la côte atlantique du Ma-
roc (1).
L'Allemagne obtient, il est vrai, un
avantage particulier qui n'est pas négli-
geable : le droit de poser un câble au
Maroc, au même titre que la France,
l'Angleterre et l'Espagne. D'une manière
générale, on peut dire que l'Allemagne
a échoué, grâce à l'efficacité de l'en-
tente franco-anglaise et de l'alliance
franco-russe, dans son projet de faire
établir au Marocun régime purementin-
ternational. Le prince de Bülow, dans
son discours prononcé le 5 avril au
Reichstag, reconnaît en termes formels,
bien tardivement il est vrai, les intérêts
spéciaux de la France et de l'Espagne,
et l'on peut dire que le régime établi au
Maroc par voie d'accord international
y consacre la prépondérance franco-es-
pagnole, mais beaucoup plus française
qu'espagnole. Tel est le résultat de la
politique allemande.
***
Si maintenant nous examinons les
conséquences qu'auront pour l'influence
française au Maroc les décisions prises
par la conférence d'Algésiras, nous de-
vons tout d'abord reconnaître que la
France, dans un large esprit de conci-
liation, a fait de grandes concessions ;
mais hâtons-nous d'ajouter que ces con-
cessions ne diminuent en rien sa situa-
tion dans l'Afrique du Nord-Ouest, et
que ses accords avec l'Angleterre, l'Es-
pagne et Italie ne reçoivent aucune at-
teinte. L'acceptation de l'inspecteur gé-
néral suisse de la police n'a qu'une im-
portance secondaire.En ce qui concerne
la police franco-espagnole, abstraction
faite de l'organisation mixte de Tanger
et de Casablanca, il-est à remarquer que
la France obtient quatre ports : Rabat,
Mazagan, Safi et Mogador, tandis que
l'Espagne n'en obtient que deux, Té-
louan et Larache. S'iln'ya rien à objec-
ter à l'établissement d'une police espa-
gnole à Tétouan,ville située à proximité
de Ceuta et habitée par 5000 Israélites,
d'origine et de langue espagnoles, par
contre, il est regrettable qu'une sembla-
ble organisation ait été décidée pour
Larache, le principal port de Fez, où le
commerce français a une importance
relative considérable et où l'Espagne n'a
presque pas d'intérêts. A part cette ré-
serve, la répartition des ports nous pa-
raît assez avantageuse au point de vue
français en ce sens que l'établissement
d'une police française dans les trois
ports du-Maroc méridional accroîtra
sensiblement l'influence de la France
dans cette région où, pour des raisons
d'ordre géographique, sa pénétration
était jusqu'à présent moins aisée que
dans la partie septentrionale du pays.
D'ailleurs,il ne faut pas oublier que,dans
le Maroc du Nord, la France a ses mis-
sions militaires de Fez et d'Oudjda.
Nous.avons critiqué plus haut, comme
étant beaucoup trop étendu, le droit de
police réservé à l'Espagne dans toute
la partie sud du Maroc voisine de l'At-
lantique. Le contrepoids nécessaire doit
être, au pointde vue française l'extension
réalisée graduellement de la police
franco-algérienne dans les bassins de la
Moulouya, de l'ouad Ghir et de Fouad
Ziz, avec prolongation de nos chemins
de fer jusqu'à Oudjda dans le Nord, et
vers leTafilelt, dans le sud.
Au point de vue financier, la situation
de la France n'est pas moins bonne qu'au
point de vue militaire. Aux termes de
l'art. 50 de l'Acte général (chapitre Ill.
Acte de concession d'une Banque (T Etat):
« le capital initial de la Banque sera di-
« visé en autant de parts égales qu'il y
« aura de parties prenantes parmi les
« puissances représentées à la Confé-
«rence. Toutefois, deux parts égales
« à celles réservées à chacun des grou*
« pes souscripteurs seront attribuées au
«consortium des banques signataires
« du contract du 12 juin 1904, en com-
« pensation de la cession qui sera faite
« par le consortium à la Banque d'Etat
« du Maroc : 1° des droits spécifiés à
(1) Voir C.FIDEL, L'opinion atlemande et la ques-
tion dit Maroc, rapport au Comité du Maroc.
(Bulletin du Comité de l'Afrique française, sep-
tembre 1905). ,
« l'art 33 du contrat >: (droit de préfé-
rence accordé à conditions égales au
syndicat de l'emprunt de 1904 en cas de
nouveaux emprunts et de nouvelles
frappes de monnaies à l'étranger « 2°
du droit inscrit à l'art. 32 « (§ 2) du con-
« trat, concernant le solde disponible
« des recettes douanières, sous réser-
« ve expresse du privilège général con-
"K féré en premier rang par l'art. 11
« du même contract aux porteurs deti-
« très sur la totalité des produits des
« douanes ». En d'autres termes, en de-
hors de la part de la France dans le ca-
pital de la Banque l'Etat, le syndicat des
banques françaises ayant contracté l'em-
prunt de 61.500.000 francs obtient deux
parts contre renonciation à son droit de
préférence, ce qui augmente le nombre
- - --
des parts françaises ; d'autre part, le droit
de contrôle des porteurs de l'emprunt
sur les recettes douanières reste in-
tact : par conséquent, les délégués fran-
çais établis dans chaque port pour per-
cevoir 60 ° o des recettes des douanes
sont maintenus. Aux termes de l'art. 51
de l'Acte général, la Banque deFrance,la"
Banque d'Espagne, la Banque d'Angle-
terre et la Banque de l'Empire allemand
nommeront chacune un censeur auprès
de J a Banque d'Etat du Maroc : les cen-
seurs des trois puissances amies pourront
ainsi exercer une influence dominante.
Enfin il est intéressant de noter que la
Banque est régie par la loi française sur
les sociétés anonymes (art. 44) et que la
I législation commerciale française est ap-
plicable aux procès concernant la Ban-
que (art. 45).
On peut donc dire que la Conférence,
reconnaissant officiellement la situation
spéciale de la France au Maroc, consa-
cre sa prépondérance dans ce pays, tant
au point de vue militaire qu'au point de
vuefinancier. Si la France n'obtient pas
la confirmation de tous les avantages ré-
sultant pour elle de l'accord franco-an-
glais, si elle a dû faire d'importantes con-
cessions au point de vue international et
une part très large à l'Espagne, du moins
cette Conférence, qui lui a été imposée,
a pour elle le grand avantage de faire
disparaître les entraves qu'une puissance
! étrangère pouvait mettre à son action
civilisatrice. C'est là un résultat très
appréciable et la France ne saurait être
trop reconnaissante à M. Revoil de l'im-
mense service qu'il lui a rendu en main-
tenant les revendications françaises sur
tous les points où il n'était pas possible
de céder. La France peut désormais tirer
pleinement parti des incomparables élé-
ments d'influence matérielle et morale
dont elle dispose dans l'empire chéri-
fien ét prendre une part essentielle dàns
sa mise en valeur.
Le Comité du Maroc et ses dévoués
collaborateurs, dont l'initiative ne s'est
pas découragée un seul instant pendant
l'année critique qui vient de s'écouler,
voient s'ouvrir devant eux un magnifique
chnmp d'activité. Nous avons l'impres-
sion que la France se créera au Maroc,
au bout d'un certain temps, une situa-
tion analogue à celle de l'Angleterre en
Egypte, et ce sera la plus éclalante jus-
tification de la politique de M. Úelcassé
et de ses continuateurs.
Camille FIDEL.
-.,..,.. -'
Rapporteurs et Budgets.
C'est une tâche bien ingrate que celle de
rapporteur d'un budget quelconque au
Sénat. En huit jours, tout est dit, et l'on
vient trop tard pour commenter d'actualité
le travail du Luxembourg.
Chaque ministère : colonies, commerce,
affaires étrangères, n'a occupé, cette année
l'ordre du jour au une heure ou deux.
Le dommage est grand, quand le rap-
port est sérieux, documenté, plein d'idées
nouvelles et d'aperçus originaux. C'est le
cas du budget des colonies, quia eu la bonne
fortune d'être rapporté* cette année encore,
par l'esprit si judicieux et si merveilleuse-
ment avisé qu'est M. Marcel Saint-Ger-
main. Quel contraste entre la belle ordon-
nance, la précision, la justesse des appré-
ciations du travail, fait par l'honorable
sénateur d' Oran et le pêle-mêle du rapport
déposé. à la Chambre des députés sur le
même sujet.
; M. Saint-Germain. qui s'est attaché cette
année à mettre en relief la valeur de
chacwiè de nos colonies, y a admirable-
PRIS
France : 15 cent.
Etranger et Colonies : 30 cent.
JEUDI 12 AVRIL 1906.
.-. ',"
Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés att nom
de M. l'administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nomade M. le
Rédacteur en chef.
TOTTIR-Iv AU HEBDOMADAIRE
Paraissant tous les Jeudis
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4, Galerie d'Orléans (Palais-Royal, PARIS 1er)
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FRANCE 8 fr. 4 fr. oO
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
Nos ateliers étant fermés les
lundi et mardi de Pâques, le
prochain numéro du Journal
paraîtra le jeudi 26 avril.
La France au Maroc
après la Conférence d'Algéciras
Un an exactement s'étant écoulé de-
puis la descente de l'empereur d'Alle-
magne à Tanger, après deux mois et de-
mi de pénibles et laborieues discussions,
l'entente définitive intervenue à la Con-
férence d'Algéciras, mettant fin à la
tension franco-allemande, fait disparai-
tre l'inquiétude générale et répand à
travers le monde une impression de
profond soulagement. Un échec de la
conférence n'aurait pas entrainé néces-
sairement une guerre franco-allemande,
mais il en serait résulté un état
permanent de lutte d'influences rivales,
une situation délicate et périlleuse, sus'-
ceptible d'amener une rupture. Au point
de vue international, le résultat utile
de cette conférence a été de mettre à
l'épreuve les relations de la France avec
les autres puissances représentées ; dé-
passant l'objet du litige, elle devait
montrer clairement lequel des deux
adversaires, la France ou l'Allemagne,
jouissait de la sympathie dis autres
nations, les avait gagnées à sa cause.
Le large esprit de conciliation montré
par la France, les tempéraments con-
sentis par elle à ses revendications pri-
mitives en vue de rendre l'entente pos-
sible, ont fait pencher, d'une manière
décisive, la balance en sa faveur. L'An-
gleterre et la Russie, en donnant à notre
pays leur appui entier et sans réserves,
en facilitant l'adoption os solutions
désirées par lui, ont tenu jusqu'au bout
les engagements résultant pour elles de
l'Entente cordiale et de l'Allia.nce fran-
co-russe, qui sortent fortifiées de cette
redoutable épreuve. L'Espagne devait
être forcément gagnée au point de vue
français parla situation inespérée que
la France consentait à lui faire à côté
d'elle au Maroc. Le Portugal, non sans
nn certain courage, a également appuyé
les revendications françaises. L'Autri-
che parait être la seule nation qui ait
soutenu l'Allemagne à la Conférence,
et encore faut-il rendre justice à l'esprit
de conciliation montré par son délégué,
le comte Welserheimb, dont les efforts
en vue de trouver un terrain d'entente
entre la France et l'Allemagne, efforts
auxquels s'est largement associé M.
White, le délégué des Etats-Unis, n'ont
pas été vains. Quant à l'Italie, son ac-
cord méditérranéen avec la France lui
dictait ses préférences ; l'état de suspi-
cion dans lequel l'Allemagne la tenait
pour cette raison, l'a empêchée de jouer
le rôle de médiatrice auquel l'autorité
universellement reconnue de son délé-
gué, M. Viseonti Venosta, paraissait la
destiner. Si l'Entenle cordiale et l'Al-
liance franco-russe sortent fortifiées de
la Conférence d'Algéciras ; par contre,la
Triplice en sort affaiblie et amoindrie.
L'imposant groupement de quatre puis-
sances autour de la France, la neutrali-
té, bienveillante envers elle, de la plu-
part des autres, onl: fait comprendre a
l'Allemagne qu'elle ne pouvait sans
danger persister dans son intransigeance
et lui ont enfin arraché les conces-
sions nécessaires qui ont amené l'en-
tente.
Nous n'insisterons pas davantage sur
les enseignements à tirer, au point île
vue international, de la Conférence
d'Algéciras, lesquels peuvent se résumer
dans l'isolement de l'Allemagne et le
groupement autour de la France d'un
solide faisceau d'amitiés et d'alliances.
Il nous parait plus intéressant de re-
chercher ici quel a été pour les puissan-
ces les plus directement intéressées, et
spécialement pour laFrunce, le résultat
de la Conférence au point de vue maro-
cain. Il n'y a rien à dire de l'Angleterre,
qui considérait ses importants intérêts
commerciaux comme pleinement sau-
vegardés par son accord avec la France,
et à qui la Conférence donne à peine
quelques garanties de plus.
;t;*
L'Espagne dont les droits au Maroc,
après avoir été reconnus par la décla-
ration franco-espagnole du 6 octobre
1904, ont été précisés par un nouvel ac-
cord intervenu dans le courant de 1906
entre la France et le gouvernement ibé-
rien et demeuré secret, est sans contredit
la puissance qui gagne le plus à la Con-
férence ; ayant réussi à faire reconnaî-
tre par elle, au même titre que la France,
sa « situation spéciale » au Maro;1., avec
les conséquences qui en résultent. De
même que la France sur sa frontière al-
gérienne, elle obtient le droit de régler
directement et exclusivement avec le
Sultan la police et l'application des rè-
glements concernant les douanes et la
répression de la contrebande des armes,
non seulement à la frontière de ses pos-
sessions, mais encore dans tout le Riff
« et dans la région de Santa Cruz, de
« Mar Pequena et l'extrémité méridio-
« nalede l'Empire, en vertu de la mise à
« exécution de l'article 8 du traité his-
« pano-marocain du 26 avril 1860 et
« du développement *des relations de
« frontière des domaines chérifiens et
« des possessions espagnoles de la côte
« du Sahara. » (Art. 16 du projet de
règlement concernant la contrebande
LES PEINTRES ORIENTALISTES ET COLONIAUX.
GEORGES mVBO.
M. Georges Wybo est un jeune dansia ^'$35 des Orientalistes si heureusement
groupés autour de Rochegrosse, de Dinet, d'Aublet et de tant de maîtres illustres.
Il a le don des colorations et des nuances: il en a l'impression juste, il en note
tous les détails avec une sûreté remarq uable.
Né le 11 octobre 1880, il a déjà réussi, malgré son âge, à s'imposer à l'Exposi-
tion internationale de Liège où il a envové une aquarelle très remarquée, et au
Salon des Orientalistes, où son envoi, cette année, lui a valu les éloges unanimes
des connaisseurs. Tandis qu'au Salon, où il a déjà obtenu une mention honorable
et à Liège, il n'avait donné que des paysages de France, de Hollande ou d'Angle-
terre, cette fois il a cherché, et très heureusement, ses inspirations au Maroc.
Le Salon de cette année comptera, aulreste, plusieurs de ses aquarelles marocaines.
Parmi celles qui ont retenu plus .particulièrement l'attention aux Orientalistes,
signalons La Rue Bleue et La Rue Rouge à Tanger, Le Miracle de Cordoue,
quelques vues de Tanger, aux couleurs vives et chatoyantes, Les Jardins de
VAlcazar à Séville.
La carrière de M. Wybo s'annonce pour la peinture particulièrement brillante.
des armes) (1). Voilà des concessions
singulièrement compréhensives, et qui
ne tendent à rien moins qu'à la recon-
naissance de deux zones d'influence es-
pagnole, la première dans le Riff, et la
seconde dans la région côtière faisant
face aux Canaries,s'étendant entre le cap
Bojador, extrémité nord du territoire
espagnol du Rio de Oro, et les monta-
gnes qui bordent au Sud la vallée du
Sous. Il n'est pas sans intérêt de rappe-
ler àce propos qu'aux termes du contrat
de vente par l'Angleterre au Sultan du
Maroc de la factorerie de Tarfaïa, au cap
Juby, signé le 13 mars 1893, « nul ne
pourra élever une prétention quelconque
« sur le territoire situé entre l'ouad Dra
« et le Cap Bojador, appelé Tarfuïa, » et
que « le gouvernement marocain s'en-
« gage envers le gouvernement anglais à
0 0 0 v
« ne céder à personne aucune partie des
« territoires en question sans l'asscnli-
« ment du gouvernement anglais » (2).
En admettant querAngletcrre renonce
à ses droits, ce qui serait conforme au
(1) Il est à remarquer que cet-Le précision con-
cernant l'extrémité méridionale du Maroc dispa-
raît des articles 30 et 103 de rAcle général de lu
conférence. 1
(2) Voir G. FIDEL, Les intérêts économiques de
la France ait Maroc, Paria, Cliallamol. 1903, p.
126 et suiv.
Le Maroc après la Conférence.
désintéressement qu'elle montre actuel-
lement dans la question marocaine, il
nous semble que la France, à laquelle
le traité de délimitation franco-espagnol
du 27 juin 1900 attribue l'arrière-pays
de cette même région, aurait un mot à
dire à ce sujet. On sait d'autre part que
la déclaration relative à l'organisation
de la police (art. 12 de l'Acte général de
la conférence) donne à l'Espagne le droit
de fournir le cadre des instructeurs de
police, ofliciers et sous-officiers, à Té-
touan et à Larache, et de fournir avec la
France le cadre des instructeurs à Tan-
ger et à Casablanca, le commandement
devant être français dans le premier port
et espagnol dans le second. Enfin, aux
termes de l'acte de concession de la
Banque d'Etat marocaine (art. 37 de
l'Acte général), la monnaie espagnole
continuera à être admise à la circulation
avec force libératoire.
**#
L'Allemagne, quia été l'instigatrice de
la Conférence, a obtenu la proclamation
solennelle du « triple principe de la
« souveraineté du Sultan, de l'intégrité
« de ses Etats, et de la liberté économi-
«que sans aucune Inégalité» , notamment
en ce qui concerne les concessions de
services et de travaux publics. Il est à
remarquer que l'action française au Ma-
roc a toujours été guidée par ces princi-
pes. Seule, .la clause de l'accord franco-
anglais limitant à 30 années la durée de
la liberté commerciale, disparaît ; mais
on se rappelle que la France, dès le dé-
but du différend franco-allemand, s'est
déclarée disposée à admettre la liberté
économique sans limitation de durée Si
l'Allemagne n'avait pas d'autres inten-
tions que de faire reconnaître l'intégri-
té du Maroc et le principe de la « porte
ouverte », il était bien inutile de réunir
pour cela en Conférence un si grand
nombre de puissances dont la plupart
étaient fort peu intéressées à la ques-
tion ; il y avait trop de disproportion
entre le but à atteindre et les moyens
employés, etee formidable déplacement
de la puissance allemande, avec la ridi-
cule campagne de menaces qui 1 a ac-
compagné, semble peu en rapport avec
la pauvreté des résultats obtenus, sur-
t'oulsi l'on songe que, pour les obtenir,
l'Allemagne n'aurait eu qu'à conclure
avec la France un accord direct que
celle-ci lui proposait. Peut-être en por-
tant la question sur le terrain interna-
tional, l'Allemagne a-t-elle voulu con-
vaincre le monde de son désintéresse-
ment. L'attitude si longtemps obstruc-
tionniste de MM. de Radowitz et de
Tattenbach, et surtout l'insistance à vou-
loir soustraire le port de Casablanca au
régime de police franco-espagnole, per-
mettent de douter de ce désintéresse-
1
ment, d'autant plus que nous savons les
visées, non seulement des pangerma-
nistes, mais aussi des milieux coloniaux
allemands sur la côte atlantique du Ma-
roc (1).
L'Allemagne obtient, il est vrai, un
avantage particulier qui n'est pas négli-
geable : le droit de poser un câble au
Maroc, au même titre que la France,
l'Angleterre et l'Espagne. D'une manière
générale, on peut dire que l'Allemagne
a échoué, grâce à l'efficacité de l'en-
tente franco-anglaise et de l'alliance
franco-russe, dans son projet de faire
établir au Marocun régime purementin-
ternational. Le prince de Bülow, dans
son discours prononcé le 5 avril au
Reichstag, reconnaît en termes formels,
bien tardivement il est vrai, les intérêts
spéciaux de la France et de l'Espagne,
et l'on peut dire que le régime établi au
Maroc par voie d'accord international
y consacre la prépondérance franco-es-
pagnole, mais beaucoup plus française
qu'espagnole. Tel est le résultat de la
politique allemande.
***
Si maintenant nous examinons les
conséquences qu'auront pour l'influence
française au Maroc les décisions prises
par la conférence d'Algésiras, nous de-
vons tout d'abord reconnaître que la
France, dans un large esprit de conci-
liation, a fait de grandes concessions ;
mais hâtons-nous d'ajouter que ces con-
cessions ne diminuent en rien sa situa-
tion dans l'Afrique du Nord-Ouest, et
que ses accords avec l'Angleterre, l'Es-
pagne et Italie ne reçoivent aucune at-
teinte. L'acceptation de l'inspecteur gé-
néral suisse de la police n'a qu'une im-
portance secondaire.En ce qui concerne
la police franco-espagnole, abstraction
faite de l'organisation mixte de Tanger
et de Casablanca, il-est à remarquer que
la France obtient quatre ports : Rabat,
Mazagan, Safi et Mogador, tandis que
l'Espagne n'en obtient que deux, Té-
louan et Larache. S'iln'ya rien à objec-
ter à l'établissement d'une police espa-
gnole à Tétouan,ville située à proximité
de Ceuta et habitée par 5000 Israélites,
d'origine et de langue espagnoles, par
contre, il est regrettable qu'une sembla-
ble organisation ait été décidée pour
Larache, le principal port de Fez, où le
commerce français a une importance
relative considérable et où l'Espagne n'a
presque pas d'intérêts. A part cette ré-
serve, la répartition des ports nous pa-
raît assez avantageuse au point de vue
français en ce sens que l'établissement
d'une police française dans les trois
ports du-Maroc méridional accroîtra
sensiblement l'influence de la France
dans cette région où, pour des raisons
d'ordre géographique, sa pénétration
était jusqu'à présent moins aisée que
dans la partie septentrionale du pays.
D'ailleurs,il ne faut pas oublier que,dans
le Maroc du Nord, la France a ses mis-
sions militaires de Fez et d'Oudjda.
Nous.avons critiqué plus haut, comme
étant beaucoup trop étendu, le droit de
police réservé à l'Espagne dans toute
la partie sud du Maroc voisine de l'At-
lantique. Le contrepoids nécessaire doit
être, au pointde vue française l'extension
réalisée graduellement de la police
franco-algérienne dans les bassins de la
Moulouya, de l'ouad Ghir et de Fouad
Ziz, avec prolongation de nos chemins
de fer jusqu'à Oudjda dans le Nord, et
vers leTafilelt, dans le sud.
Au point de vue financier, la situation
de la France n'est pas moins bonne qu'au
point de vue militaire. Aux termes de
l'art. 50 de l'Acte général (chapitre Ill.
Acte de concession d'une Banque (T Etat):
« le capital initial de la Banque sera di-
« visé en autant de parts égales qu'il y
« aura de parties prenantes parmi les
« puissances représentées à la Confé-
«rence. Toutefois, deux parts égales
« à celles réservées à chacun des grou*
« pes souscripteurs seront attribuées au
«consortium des banques signataires
« du contract du 12 juin 1904, en com-
« pensation de la cession qui sera faite
« par le consortium à la Banque d'Etat
« du Maroc : 1° des droits spécifiés à
(1) Voir C.FIDEL, L'opinion atlemande et la ques-
tion dit Maroc, rapport au Comité du Maroc.
(Bulletin du Comité de l'Afrique française, sep-
tembre 1905). ,
« l'art 33 du contrat >: (droit de préfé-
rence accordé à conditions égales au
syndicat de l'emprunt de 1904 en cas de
nouveaux emprunts et de nouvelles
frappes de monnaies à l'étranger « 2°
du droit inscrit à l'art. 32 « (§ 2) du con-
« trat, concernant le solde disponible
« des recettes douanières, sous réser-
« ve expresse du privilège général con-
"K féré en premier rang par l'art. 11
« du même contract aux porteurs deti-
« très sur la totalité des produits des
« douanes ». En d'autres termes, en de-
hors de la part de la France dans le ca-
pital de la Banque l'Etat, le syndicat des
banques françaises ayant contracté l'em-
prunt de 61.500.000 francs obtient deux
parts contre renonciation à son droit de
préférence, ce qui augmente le nombre
- - --
des parts françaises ; d'autre part, le droit
de contrôle des porteurs de l'emprunt
sur les recettes douanières reste in-
tact : par conséquent, les délégués fran-
çais établis dans chaque port pour per-
cevoir 60 ° o des recettes des douanes
sont maintenus. Aux termes de l'art. 51
de l'Acte général, la Banque deFrance,la"
Banque d'Espagne, la Banque d'Angle-
terre et la Banque de l'Empire allemand
nommeront chacune un censeur auprès
de J a Banque d'Etat du Maroc : les cen-
seurs des trois puissances amies pourront
ainsi exercer une influence dominante.
Enfin il est intéressant de noter que la
Banque est régie par la loi française sur
les sociétés anonymes (art. 44) et que la
I législation commerciale française est ap-
plicable aux procès concernant la Ban-
que (art. 45).
On peut donc dire que la Conférence,
reconnaissant officiellement la situation
spéciale de la France au Maroc, consa-
cre sa prépondérance dans ce pays, tant
au point de vue militaire qu'au point de
vuefinancier. Si la France n'obtient pas
la confirmation de tous les avantages ré-
sultant pour elle de l'accord franco-an-
glais, si elle a dû faire d'importantes con-
cessions au point de vue international et
une part très large à l'Espagne, du moins
cette Conférence, qui lui a été imposée,
a pour elle le grand avantage de faire
disparaître les entraves qu'une puissance
! étrangère pouvait mettre à son action
civilisatrice. C'est là un résultat très
appréciable et la France ne saurait être
trop reconnaissante à M. Revoil de l'im-
mense service qu'il lui a rendu en main-
tenant les revendications françaises sur
tous les points où il n'était pas possible
de céder. La France peut désormais tirer
pleinement parti des incomparables élé-
ments d'influence matérielle et morale
dont elle dispose dans l'empire chéri-
fien ét prendre une part essentielle dàns
sa mise en valeur.
Le Comité du Maroc et ses dévoués
collaborateurs, dont l'initiative ne s'est
pas découragée un seul instant pendant
l'année critique qui vient de s'écouler,
voient s'ouvrir devant eux un magnifique
chnmp d'activité. Nous avons l'impres-
sion que la France se créera au Maroc,
au bout d'un certain temps, une situa-
tion analogue à celle de l'Angleterre en
Egypte, et ce sera la plus éclalante jus-
tification de la politique de M. Úelcassé
et de ses continuateurs.
Camille FIDEL.
-.,..,.. -'
Rapporteurs et Budgets.
C'est une tâche bien ingrate que celle de
rapporteur d'un budget quelconque au
Sénat. En huit jours, tout est dit, et l'on
vient trop tard pour commenter d'actualité
le travail du Luxembourg.
Chaque ministère : colonies, commerce,
affaires étrangères, n'a occupé, cette année
l'ordre du jour au une heure ou deux.
Le dommage est grand, quand le rap-
port est sérieux, documenté, plein d'idées
nouvelles et d'aperçus originaux. C'est le
cas du budget des colonies, quia eu la bonne
fortune d'être rapporté* cette année encore,
par l'esprit si judicieux et si merveilleuse-
ment avisé qu'est M. Marcel Saint-Ger-
main. Quel contraste entre la belle ordon-
nance, la précision, la justesse des appré-
ciations du travail, fait par l'honorable
sénateur d' Oran et le pêle-mêle du rapport
déposé. à la Chambre des députés sur le
même sujet.
; M. Saint-Germain. qui s'est attaché cette
année à mettre en relief la valeur de
chacwiè de nos colonies, y a admirable-
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