Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-01-25
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 janvier 1906 25 janvier 1906
Description : 1906/01/25 (A7,N3). 1906/01/25 (A7,N3).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374931r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
7* ANNÉE-;– N.13.
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""*" 1 Etranger et Colonies: 40 cent.
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Les Annales Coloniales
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i ous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant là rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
JOURNAL. HEBDOMADAIRE
Paraissant tons les Jeudis
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Un an 6 mois
FRANCE. 8 fr. 4 fr. âo
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tons les Bureaux de Poste
LE POINT DE VUE FRANÇAIS
à la Conférence marocaine.
La Conférence d'Algeciras a inauguré
ses séances par la discussion de la ques-
tion de la contrebande d'armes au Maroc.
C'est unequestion accessoire sur laquelle
l'entente paraît devoir se faire, bien qu'el-
le ait certaines relations avec la grosse
question de la police, le point critique
de la Conférence, que l'on semble redou-
ter d'aborder et que l'on réserve pour la
fin. L'Espagne a demandé que la surveil-
lance de la contrebande sur la cô te du
Rif et dans la région de Santa Cruz de
Mar Pequena (sur la côte de l'Atlantique
dans le Maroc méridional) lui soit confiée
aux mêmes conditions que celles aux-
quelles la France exercera la surveillance
sur la frontière algéro-marocaine. No-
tons que M. de Radowitz, délégué alle-
mand, a donné son adhésion à la propo-
sition espagnole. Sans aller jusqu'à pré-
tendre que les solutions adoptées pour
la répression de la contrebande préj u-
geront des décisions à prendre en ce
qui concerne la police, on ne peut nier
qu'il y ait une certaine corrélation entre
le fait de surveiller la contrebande dans
une région déterminée et celui d'exer-
cer la police dans cette même région.
Partant de ce principe, il serait pos-
sible que l'Espagne demandât à être
chargée de la police dans le Rif et dans
cette région indéterminée du Maroc mé-
ridional où est censée se trouver l'hypo-
thétique Santa Cruz de Mar Pequena. Ces
prétentions ne pourraient évidemment
être prises en considération par la France
qu'autant qu'elles n'impliqueraient pas,
par voie de conséquence, la divisi on du
Marocenzones entre les différentes puis-
sances pour l'exercice de la police, solu-
tion inacceptable pour notre pays dont
la politique a pour base l'intégrité du
Maroc.
Si l'Allemagne ne semble pas préconi-
ser ouvertement cette solution, du moins
ses organes les plus autorisés s'accor-
dent pour ne tolérer qu'une organisation
internationale de la police. La Deutsche
Monatschrift fiir Kolonialpolitik und Ko-
Ionisation (décembre 1905) se plaint de ce
que nous ayons ici même désigné comme
empreint de brutalité un article de la
Magdeburgische Zeitung (27 décembre
1905) où il est dit textuellement que
« tous les moyens devront être employés
« pour rendre impossible l'abandon à la
« France de l'organisation de la police. »
On lit dans ce même article de la Deuts-
che Monatschrift : « De la France seul e
« dépend le résultat de la conférence : si
« elle renonce loyalement aune situation
1 privilégiée, alors seulement le succès
1 dela Conférence sera assuré. » Et M.
leD' P. Mohr, le distingué directeur de
cette revue, dans une intéressante lettre
qu'il nous adresse, où il rend d'ailleurs
pleinement justice à l'activité du Comité
du Maroc et à l'esprit d'initiative et de
sacrifice des explorateurs français au
Maroc, dit entre autres choses : « Lors-
t qu'à la lecture des Annales coloniales je
tt constate la différence profonde existant
« entre le point de vue allemand et le
« point de vue français en ce qui a trait à
« l'importante question de la police, je
« ne puis me défendre d'impressions pea-
« simistes. Il se peut -que je me trompe ;
« il se peut que les diplomates,parmi les-
« quels figurent tant de personnalités
« éminentes, trouvent une solution pra-
« tique, mais il n'en sera ainsi que si la
« France ne revendique pas pour elle un
« mandat européen. »
Ces quelques citations montrent clai-
rement l'antagonisme absolu du point de
vue français et du point de vue allemand.
Malgré les assurances données par la
France relativement au maintien de la
porte ouverte et de la liberté économique
pour toutes les nations dans le sans le
plus large, on considère en Allemagne
qu'une organisation française de la po-
lice exclut uatel régime. Cette crainte
nous parait bien peu justifiée, car il y a
là deux questions d'ordre tout différent,
n'ayant entre elles aucune relation de
cause à effet. On se refuse à comprendre,
en Allemagne, que la situation de puis-
sance prépondérante dans l'Afrique du
nord-ouest donne à la France des moyens
spéciaux pour étendre son influence dans
un pays de même race et de même reli-
gion que ceux sur lesquels elle a établi
sa domination, que cette situation de
puissance nord-africaine et musulmane
lui impose la nécessité d'être, au Maroc,
enclave et dépendance géographique de
ses possessions, quelque chose de plus
que les autres nations moins directement
intéressées, qu'U y va de son prestige sur
ses sujets musulmans, de sa sécurité ma-
térielle, de son existence même en tant
que puissance coloniale. Et si l'on se
place au point de vue du succès même de
l'œuvre à accomplir dans l'intérêt géné-
ral, peut-on nier qu'une police franco-al-
gérienne, fortifiée par une expérience de-
mi-séculaire, réussirait, tandis que les
tâtonnements maladroits et dangereux
d'une police internationale serait con-
damnés à un échec certain ? Nous esti-
mons les intérêts commerciaux allemands
au Maroc à leur juste valeur, mais ils ne
nous paraissent pas pouvoir entrer en
comparaison avec la grande situation de
la France, puissance limitrophe du Maroc.
Nous souhaitons quela Conférence trouve,
pour la solution du différend franco-alle-
mand, un compromis satisfaisant pour les
deux pays. Mais il ne faut pas oublier
qu'un compromis comporte des conces-
sions de part et d'autre et que ces con-
cessions sont plus ou moins dures suivant
qu'il s'agit d'un intérêt vital ou d'un intérêt
secondaire joint à une question d'amour-
propre dont on veut sortir avec honneur.
Cette constatation ne nous autorise-t-elle
pas à répondre à M. le Dr P. Mohr : C'est
de l'Allemagne seule que dépend le résul-
tat de la Conférence ?
Camille FIDEL.
;
-- .,..g-
LA MUTUALITE FÉMININE.
et la colonisation.
Les statistiques de l'émigration en
France et en pays étrangers enregis-
trent une proportion particulièrement
faible du nombre des femmes comparé
au nombre des hommes. L'exode vers les
pays d'outre-mer, colonies, pays de pro-
tectorat, est masculin ; les recrues de
l'agriculture, de l'industrie, du commerce
qui rayonnent au-delà de la métropole
sont surtout des célibataires.
Cette observation démographique n'ett
pas sans portée ni valeur, c'est une des
données d'un des plus graves problèmes
coloniaux,le peuplement national,disons :
le peuplement français.
Ce problème ne se pose pas dans toutes
nos colonies, dans tous nos protectorats
dans des circonstances qui en rendent
la solution partout également difficile.
Il y a des distinctions d'espèces selon les
caractères que présentent les popula-
tions ou indigènes ou étrangères.
Avec les populations indigènes, sauf
de rares exceptions, aucune fusion des
populations européennes n'est possible :
les associations, d'ailleurs éphémères,ne
produisent que des générations marquées
par un atavisme aborigène indélébile.
C'est ce que prouvent les nombreux
exemple notés chez les métis asiatiques.
Avec les populations étrangères, les
unions sont possibles, sont fréquentes ,
ces associations entre Européens révè-
lent la forme des contrats ; elles insti-
tuent la famille solide,durable,forte ; elles
donnent naissance à des générations re-
nouvelées, régies par la double loi natu-
relle du croisement des races et de la sé-
lection des individus ; c'est ce qu'il est
déjà facile de constater dès aujourd'hui
dans l'Afrique française du Nord, ou
croît, se développe le type si vaillant et
original du Néo-algérien.
De ces constatations il ressort un fait,
qui est le caractère général du peuple-
ment national dans les colonies de la
France et de tous les Etats coloniaux,
c'est la rareté de l'institution familiale.En
termes concrets et au point de vue natio-
nal, il n'y a point assez, dans; notre do-
maine d'outre-mer de familles françaises.
N'est-ce pas là la cause du faible déve-
loppement fr&nçais ? Tant que l'exode
sera, continuera à être masculin, il n'y
aura point de transplantation, il n'y au-
ra point de souche-famille, il n'y aura
point de générations acclimatées par nai-
sance, adaptées par éducation, enraci-
nées par des racines àncestrale& formant
sur un nouveau sol un essaim filial de la
ruche-mère. La colonisation procédera
t-elle par une émigration de célibataires,
elle sera moins une œuvre d'expansion
nationale et de civilisation qu'une entre-
prise d'exploitation aussi hasardeuse et
fugitive qu'une spéculation. Ce n'est pas
là la mission de la France, ce n'est pas
davantage celle des autres puissances
européennes qui ont conscience des de-
voirs imposés aux peuples européens par
la politique coloniale.
Favoriser l'émigration féminine, ce se-
rait donc seconder le peuplement natio-
nal : ce serait préparer la constitution de
la famille, la cellule sociale qui engendre
la nation.
Pourquoi la femme ne se dirige-t-elle
pas vers les colonies? Pourquoi ceux qui,
pendant leur temps de tutelle disposent
de ses destinées hésitent-ils à lui donner
leur consentement lorsqu'elle est sollicitée
4
par un fiancé qui est un colonial ? Pour-
quoi même lorsqu'une femme se reconnaît
à elle même, en elle-même quelque res-
source qui lui permet de suffire à ses exi-
gences de l'existence, se rcsignet-elle,
même lorsqu'une situation avantageuse
lui est offerte outre mer, à végéter dans la
métropole.Des exemples'de l'un et l'autre
cassontdonc assez fréquents. nns entrer
dans la voie d'une eiiquête privée où il
est d'ailleurs loisible à chacun de recueil-
lir des informations personnelles, il peut
êtrepermisde rappeler un faitde noto-
riété publique, garanti par un témoigna-
ge officiel : il est relaté dans l'exposé gé-
néral de la situation de l'Algérie que M.
Jonnart, gouverneur général, présentait
en 1904 aux délégations financières. L'au-
teur retrace les efforts du gouverneur gé
néral pour organiser l'assistance médi-
cale indigène ; il retrace le rôle salutaire
des femmes médecins auprès dets femmes
indigènes, soit pour les assister dans le
labeur de la maternité, soit pour les diri-
ger dans les soins àdonner aux nouveau-
nés ; il rapporte que, pour l'organisa-
tion de ce service,ila fait appelen France
aux diverses facultés ou écoles de mé-
decine, s'adressant aux jeunes docto-
resses : quelle que soit l'activité qui ait
été déployée pour rechercher et détermi-
ner les candidates à ces fonctions de mé-
decins attachés par le gouvernement gé-
néral àl'assistance indigène, deux docto-
teresses seulement ont répondu à l'appel
du gouvernement général.
Pour dégager de ce fait tout l'ensei-
gnement qu'il contient, peut-être ne sera-
t-il pas inutile de noter deux circonstan-
ces qui pouvaient être des plus favorables
aune émigration féminine, circonstances
faites pour assurer et encourager les
volontés inquiètes et vacillantes. Notons
qu'il s'agissait d'une situation offerte en
Algérie. Dans cette colonie qui aujour-
d'hui revêt tous les caractères de la vie
française par le climat et par les habitu-
des sociales, à une trentaine d'heures
au plus de la métropole, ce qui marquait
il n'y a pas longtemps, même en France,
ladistance deNice à Paris. Notons enfin,
qu'il s'agissait d'une situation semi-
officielle, qui offrait au titulaire la sécu-
rité d'un m..nimum de ressources et la
possibilité d'un accroissement sensible,
résultant de l'exercice de la fonction et de
la création d'une clientèle.
Comment s'étonner que, pour d'autres
colonies moins propices et avec la pers-
pective de situations moins sures, la fem-
me se montre plus timide et que ses con-
seillers soient plus timorés ?
Si tel est l'état des esprits dans la mé-
tropole, et les faits le démontrant, on ne
peut être surpris de la lenteur du peu-
plement français. Là où n'est point la
femme française, il n'y a point, il ne peut
y avoir de famille française. Dès lors, il
ne saurait y avoir de colonisation dura-
ble, d'emprise nationale sur le sol et sur
l'indigène, de domination morale par
l'éducation de l'exemple, d'influence d'ac-
tion civilisatrice et perpétuelle.
Pourquoi l'exode vers les colonies même
les plus accueillantes n'est-il pas fémi-
nin?
Il y a deux causes ; l'éducation de la
femme dans la métropole: la condition.
de la femme dans les colonies ?
Quelles que soient la réalité et l'impor-
tance de la première cause, il n'en saurait
être question pour le moment, du moins
dans cette communication.
La condition de la femme aux colonies
et, d'une manière générale, en pays d'au-
delà de nos frontières européennes, nous
paraî.t mériter une attention particulière ;
l'occasion s'en présente à nous dans une
initiative récente qui a été prise dans
notre protectorat de l'Afrique du Nord :
YAdelphie tunisienne.
Tout cl aborcl, n est-il pas vrai que ce
qui retient la femme dans la mère-patrie,
au foyer paternel ou dans le rayonne-
ment de sa tiède atmosphère, c'est le
sentiment de sa faiblesse et de son iso-
lement dans une terre lointaine qui d'ail-
leurs lui est en général et jusqu'à présent
iuconnue ou mal connue f
Mariée, appuyée sur un soutien robus-
te de santé, d'intelligence et de cause,
elle aurait confiance : elle braverait avec
son compagnon de route, pour lui, pour
les enfants, les rudes épreuves du climat,
-. - -
de la nostalgie, de la concurrence, fai-
ble par la loi de nature, la femme est
forte par la loi de l'amour, combien d'hé-
roïnes ignorées nos Annales coloniales
auraient-elles à célébrer !
Sans soutien, jeune fille, jeune femme,
orpheline ou veuve là-bas, sans capitaux
ou revenus qui l'abritent contre l'adver-
siié, sans garde, qui éclaire sa route cre-
vassée en pays neuf de fondrières par-
fois t,rattl'esses,n'ayant que ses bras pour
giagner le pain de chaque jour, le sien,
celui de frères ou d'enfants privés du
chef, n'ayantque l'auréole de son honneur
pour protéger sa jeunesse, contrainte à
se produire pour solliciter le travail et
tenue à se dérober aux regards pour
conserver sa respectabilité, telle est la
condition de la femme que le malheur
frappe sur la terre lointaine, hors de la
patrie et du regard bienveillant et vigilant
de la mère. N'est-ce pas là, sinon en un
tableau aux contours précis, mais dans
une vision confuse, apeurée, au demeu-
rant très concrète, l'intuition que la
femme ade son sort, lorsque l'émigration
hante son esprit, sa demeure.
C'est, ce nous semble, dans l'intelli-
gence très vive du péril auquel la livre
l'isolement éventuel, bien plus encore
que dans les défectuosités d'une éduca-
tion livresque que réside la cause pri-
mordiale et profonde de ce fait, l'éloigne-
ment de la femme pour la vie coloniale
A des erreurs déprogrammé, de métho-
de et d'orientation dans son éducation,
la femme pourra da ns une ce rtaine mesure
opposer elle-même un correctif, elle sera
guidée par ses qualités naturelles, par
- - - 1
son sens pratique,elle sera soutenue par
son endurance morale. Quiconque a par-
couruieô/ea? eta reçu l'hospitalité d'une
famille française emporte de ces char-
mantes journées un souvenir ineffaçable,
une impression forte, et fièrement il re-
vient en douce France plein d'admira-
tion et de respect pour la femrcn, plein
de confiance dans colle qui là-bas est la
cheville ouvrière de l'entreprise, reste
l'ange du foyer, le symbole de cette race
dont la devise séculaire et démocratique
est inscrite sur ses monuments de pierre:
« A cœur vaillant rien d'impossible ».
Pour se défendre contre l'adversité, la
femme peut-elle ne compter que sur elle-
même ? Une organisation ne semble-t-
elle pas nécessaire, organisation qui lui
prete son aide,ne disons pas : son assis
tance ; organisation qui lui prête fcon
appui, qui ne lui accorde pas l'aumône,
ne lui fasse par la charité?
Loin de nous soit la pensée de mécon-
naître le rôle et l'ulilité des Sociétés
de bienfaisance. Autant par l'initiative
officielle de nos ambassades et de nos
consulats que par l'initiative privée de nos
nationaux, il existe partout outre mer
des sociétés de bienfaisance : elles s'ef-
forçent de secourir toutes les misères et
chacun selon sa misère.
Une restriction ne s'impose-t-ellc pas
à leur action bienfaisante à leur zèle phi-
lanthropique, quelque souci qu'elles
aient de ne rester étrangères à aucune
souffrance. Ce n'est pas leur fait ; elles
ne peuvent secourir que les adversités
qu'elles savent. Or elles le reconnaissent
elles-mêmes et qui ne le sait un peu par
propre expérience : bien dg misères
sont ignorées dans la métropole. Com-
bien y en a-t-il plus hors de la métropole,
lorsque nos nationaux sont disséminés,
noyés dans le flot des populations au-
tochones ?
Il y a les pauvres, ne parlons pas des
professionnels, et il y a des pauvres hon-
teux.
Or c'est parmi les pauvres honteux que
se rencontrent le plus de femmes.
La femme honorable, réduite à la gêne,
au dénùment par l'infortune, par une ca-
lamité, capable de travailler pour vivre,
mais manquant d'occasion pour travail-
ler, n'osant solliciter, dans la crainte
retenue par la pudeur, de livrer quelque
chose d'elle-même en livrant quelque
chose de son secret, voilà la femme à
secourir, la femme que la société de bien-
faisance ne peut découvrir, atteindre,
voilà la femme que ngs filles, nos femmes
dans la métropole craignent de devenir,
entrevoient dans une hallucination an-
goissante comme un fantôme d'épou-
vante.
Comment venir en aide à cette femme
honorable et laborieuse ? L'Adelp/zie tuni-
sienne présente la solution de cette dif-
ficulté ? C'est la mutualité féminine.
Quel est le but de cette institution ?
Quel est son fonctionnement ? quels
sont ses caractères ? quelles initiatives
suggère-t-elle ?
Fondée à Tunis en fin décembre 1904,
l'Adelphie tunisienne a pour but « de ve-
nir en aide à la femme honorable qui; par
sa situation de famille ne peut utiliser
ouvertement ses talents sans blesser
son amour-propre. »
Cet aide ne consiste point en un se-
cours pécuniaire ; elle procède du prin-
cipe de l'assistance par le travail ; ce
n'est point une inslitutioll de charité
c'est une institution de solidarité. Des
dames honorables se groupent pour faci-
liter aux sociétaires : 1° le moyen de se
procurer du travail ; 2° et le moyen
d'écouler le produit de leur travail.
A cette double fin correspondent,dans
l'association,deux groupements, et deux
rouages administratifs.
Pour organiser la mutualité, la société
s'est partagée en deux catégories de per-
sonnes: des membres sociétaires, seules
responsables de la direction de la socié-
té; 2° des membres simples, jouissant des
avantages offerts par l'Association ne
participant en aucune manière à l'admi-
nistration.
Dans l'organisation du travailles deux
rouages sont : le l'inspection du travail ;
23 l'exposition du travail.
Lealnspectricos du travail se recrutent
parmi les membres sociétaires; elles exer-
cent leurs fonctions purement gratuites
à tour de rôle suivant un roulement arrê-
té en assemblée. Elles centralisent les
offres et les demandes de travaux ; elles
en contrôlent l'exécution ; elles les exa-
minent en vue de leur admission à l'Ex-
position, elles contribuent avec le con-
seil d'administration à régler les opéra-
tions de vente, se chargeant d'en encais-
ser et faire transmettre, s'il y a lieu, le
montant aux intéressées.
L'exposition du travail a lieu dans un
magasin sur la principale avenue de la
ville, obligeamment mis à la disposition
de l'œuvre par une des premières mai-
sons de commerce françaises et arrangé
par les divers entrepreneurs aux prix les
plus réduits. La salle comporte plusieurs
compartiments. Il comprend même une
vitrine réservée à des articles qui ne
sont pas le produit de travaux person-
nels, dentelles ou autres objets que quel-
ques membres de l'association pourraient
désirer vendre. Il n'est d'ailleurs admis
que dés travaux examinés, contrôlés par
la commission spéciale ; ils ne peuvent
rester exposés au-delà d'un an. Le prix
de vente est fixé par les intéressés et il
leur est compté défalcation faite de 5
conformémentauxstatuts pour frais d'ad-
ministration.
Nulle condition de nationalité, de reli-
gion, n'est, exigée pour être admise
dans l'Association ; il n'est exigé qu'une
cotisation annuelle égale pour les mem-
bres sociétaires et les membres simples,
Les membres simples reçoivcntdeux car-
nets : l'une porte leur nom,l'autre unnumé-
ro d ordre, votir les diverses opérations,
demande de travail, exposition, vente,
elles ont la faculté d'user de leur nom ou
de leur numéro. Leur ouvrage, est coté
par clles-mêmes,il porte leur nom ou leur
numéro. Une tierce personne peut même
s'interposer pour recevoir le travail, ap-
porter le produit, toucher le montant.Les
opérations se poursuivent tous les jours
de la semaine, à l'exception du jeudi',jour
réservé par le comité des inspectrices à
la réception des travaux; la Société décli-
ne toute responsabilité pour les travaux
fragiles.
Le fonds social est alimenté par les
cotisations, six francs par an; par le pro-
duit du prélèvement de 5 «i sur le mon-
tant des ventes.
L'administration est aux mains d'un
conseil composé de dames.
L'Adelphie tunisienne se présente donc
avec les caractères suivants: sans dis-
tinction de nationalités, sur cette terre
où vivent côte à côte françaises et ita-
liennes entremêlées de l'élément belge,
suisse etc., elle est humanitaire ; sans
distinction de religions, au milieu de po-
pulations catholiques,pro testantes,israé -
lites,etc., elle est laïque ; soutenue par la
collaboration de dames honorables qui
consacrent à leurs sœurs infortunées
leur temps, mettent à leur disposition
leurs relations, les réconfortent de leurs
conseils, de leur affection, les accompa-
gnent jusque dans leurs foyers de leur
fraternelle sollicitude, elle est mutualis-
te; respectueuse de la dignité de son sexe,
par une consciente et secrète intelligence
des délicatesses d'une àme féminine, elle
-a relevé une sœur du coup de l'adversité,
par le. travail elle la protège contre la cu-
riosité indiscrète et parfois malsaine,par
l'anonymat de l'infortune et l'anonymat
de l'aide; soucieuse de la cordiale entente
entre les membres de l'Association, elle
confirme le droit pour les unes d'admi-
nistrer, pour les autres d'être aidées par
l'égalitéde cotisations ; non moins zélée
pour le renom de l'association qui à l'ex-
térieur ne veut être disqualifiée par la
qualité des produits du travail et confon-
due avec une entreprise de spéculation
aurabais, elle respecte la liberté destra-
vailleuses en leur reconnaissant la li-
berté d'évaluation dans l'appréciation de
leurs talents; et elle sauvegarde la répu-
tation professionnelle du groupe dea tra-
vailleuses en plaçant leurs articles à
l'admission sous la garantie d'un contrôle
confié à une commission intérieure ; en-
fin par la constitution d'un fonds social
que composent les associées elles-mêmes
avec leurs propres ressources, elle ga-
rantit, affermit son existence et son indé-
pendance, elle jouit d'une entière et fer-
me autonomie.
A ces titres, par la simplicité de son or-
ganisation et par sa remarquable adap-
tation au milieu et aux besoins, l'Adel-
phie tunisienne n'apparaît pas comme un
type de la mutualité féminine : c'est l'or-
ganisation de l'assistance féminine par
- - -
le travail et par des femmes.
Ne mérite-t-elle pas l'attention des so-
ciologues ? Ne provoque-t-elle pas l'ini-
tiative des coloniaux ? N'apporte-t-elle
pas aux femmes métropolitaines un ga-
ge de sécurité ? Pour celles que les périls
de la colonisation, périls réels qui justi-
fient des craintes légitimes, arrêtent àux
heures des graves délibérations, l'Adel-
phie se dresse comme un pavois devant
l'adversité : c'est l'institution de sauve-
garde coloniale.
Puissent ces quelques lignes contribuer
à la faire connaître, à en généraliser l'i-
nitiative ? L'Adelphie ne peut-elle devenir
un des facteurs du peuplemntnational ?
Semer l'idée en Algérie, en Indo-Chine,
à Madagascar, la semer par-delà nos
domaines dans l'Inde anglaise, au Cap,
partout où une femme risque de souffrir,
susciter ici et là des initiatives, c'est un
- - - - --
devoir de large fraternité : c'est réaliser
en une modeste sphère l'idéal de nos -
ancêtres de S9 : souhaiter aux autres
peuples, porter chez eux tout le bien dont
nous avons nous mêmes conçu l'idée et
apprécié l'expérience.
Gaston VALRAN.
i
La Semaine Coloniale.
Chemins de.fer français et allemands
en Asie-Mineure.
Les travaux du chemin de fer français
de Hamah à Alcp avancent rapidement
et pourront être terminés dans un an ;la
longueur de la ligne estde 154 kilomètres.
Alep sera le point terminus de la ligne
Beyrout-Rayak -Damas-Alep,et les Fran-
çais auront en Syrie l'exploitation do 600
kilomètres en comptaut lâ ligne de Da-
mas-Mezireb. Ce réseau est susceptible
d'être prolongé, plus tard, jusqu'à Bired-
jik, soit encore une longueur de 150 kilo-
mètres environ, et de se joindre alors au
chemin de fer de Konia-Bagdad.
La Société française étudie en ce mo-
ment le projet d'un tunnel à construire
sur un point du parcours de la ligne Bey-
routh-Damas' pour raccourcir de 3 heu-
res le trajet entre ces deux villes.
On annonce,d'autre part l'achat des ac-
tions du chemin de fer Mersina-Adana
par la « Deutsche Bank ». Cette ligne ne
tire pas son importance de sa longueur
de seulement 65 kilomètres ; mais sa
possession permettra à la ligne de Bag-
dad de disposer d'un port sur la Méditer-
ranée, ce qui ne pourra qu'augmenter
son trafic. Le port de Mersina est très
rudimentaire, mais il peutfacilementêtre
amélioré.
Les chemins de fer algériens.
M. Dervillé, président de la compagnie
de Paris-Lyon-Méterranée,vient d'adres-
ser à M. Jonnart, nu nom des présidents
des diverses compagnies exploitant des
réseaux en Algérie, une lettre où il offre
de favoriser la constitution d'une « So-
ciété algérienne des chemins de fer » au
capital de 25 millions, qui assurerait
l'exploitation de tous les chemins de fer
nigériens. Cette solution aurait l'avan-
tage de simplifier économiquement l'ad-
ministration, d'unifierles conditions d'ex-
ploitation, et notamment les tarifs,ce qui
faciliterait les transactions commercia-
les. Elle conserverait, d'autre part, aux
actionnaires et obligataires des compa-
gnies actuelles, toutes leurs garanties.
Enfin, tout en déchargeant le gouverne-
ment de l'Algérie du soin de l'exploita-
tion, elle le ferait participer aux profits
de celle-ci, en partageant avec le trésor
public la différence entre le produit net
réel et son produit forfaitaire calculé sur
la moyenne des 7 dernières années, qui
constitueraite prix du fermage.
La question de Tripolitaine.
Ou prête à l'Italie l'intention de soule-
ver à la conférence d'Algeciras la ques-
tion de la reconnaissance de ses préten-
tions sur la Tripolitaine.
Il n'est pas sans intérêt de signaler à
ce prbpos que l'attaché militaire d'am-
bassade d'Autriche-Hongrie à Constanti-
nople se .dispose à partir pour Tripoli,où
son gouvernement renvoie avec le man-
dat d'étudier les conditions du port et
des côtes de la Tripolitaine. -
Cette nouvelle soulève dans les milieux
politiques italiens une vive émotion.
PR [X ( FrOJnce: 20 cent.
""*" 1 Etranger et Colonies: 40 cent.
JEUDI 25 JANVIEITTEEÊ^ 1
- 1
1 ,. i
Les Annales Coloniales
Il X c i
i
i ous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant là rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
JOURNAL. HEBDOMADAIRE
Paraissant tons les Jeudis
DIRECTION, RÉDACTION, ADMINISTRATION
4, Galerie d'Orléans (Palais-Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
Un an 6 mois
FRANCE. 8 fr. 4 fr. âo
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr,
On s'abonne sans frais dans tons les Bureaux de Poste
LE POINT DE VUE FRANÇAIS
à la Conférence marocaine.
La Conférence d'Algeciras a inauguré
ses séances par la discussion de la ques-
tion de la contrebande d'armes au Maroc.
C'est unequestion accessoire sur laquelle
l'entente paraît devoir se faire, bien qu'el-
le ait certaines relations avec la grosse
question de la police, le point critique
de la Conférence, que l'on semble redou-
ter d'aborder et que l'on réserve pour la
fin. L'Espagne a demandé que la surveil-
lance de la contrebande sur la cô te du
Rif et dans la région de Santa Cruz de
Mar Pequena (sur la côte de l'Atlantique
dans le Maroc méridional) lui soit confiée
aux mêmes conditions que celles aux-
quelles la France exercera la surveillance
sur la frontière algéro-marocaine. No-
tons que M. de Radowitz, délégué alle-
mand, a donné son adhésion à la propo-
sition espagnole. Sans aller jusqu'à pré-
tendre que les solutions adoptées pour
la répression de la contrebande préj u-
geront des décisions à prendre en ce
qui concerne la police, on ne peut nier
qu'il y ait une certaine corrélation entre
le fait de surveiller la contrebande dans
une région déterminée et celui d'exer-
cer la police dans cette même région.
Partant de ce principe, il serait pos-
sible que l'Espagne demandât à être
chargée de la police dans le Rif et dans
cette région indéterminée du Maroc mé-
ridional où est censée se trouver l'hypo-
thétique Santa Cruz de Mar Pequena. Ces
prétentions ne pourraient évidemment
être prises en considération par la France
qu'autant qu'elles n'impliqueraient pas,
par voie de conséquence, la divisi on du
Marocenzones entre les différentes puis-
sances pour l'exercice de la police, solu-
tion inacceptable pour notre pays dont
la politique a pour base l'intégrité du
Maroc.
Si l'Allemagne ne semble pas préconi-
ser ouvertement cette solution, du moins
ses organes les plus autorisés s'accor-
dent pour ne tolérer qu'une organisation
internationale de la police. La Deutsche
Monatschrift fiir Kolonialpolitik und Ko-
Ionisation (décembre 1905) se plaint de ce
que nous ayons ici même désigné comme
empreint de brutalité un article de la
Magdeburgische Zeitung (27 décembre
1905) où il est dit textuellement que
« tous les moyens devront être employés
« pour rendre impossible l'abandon à la
« France de l'organisation de la police. »
On lit dans ce même article de la Deuts-
che Monatschrift : « De la France seul e
« dépend le résultat de la conférence : si
« elle renonce loyalement aune situation
1 privilégiée, alors seulement le succès
1 dela Conférence sera assuré. » Et M.
leD' P. Mohr, le distingué directeur de
cette revue, dans une intéressante lettre
qu'il nous adresse, où il rend d'ailleurs
pleinement justice à l'activité du Comité
du Maroc et à l'esprit d'initiative et de
sacrifice des explorateurs français au
Maroc, dit entre autres choses : « Lors-
t qu'à la lecture des Annales coloniales je
tt constate la différence profonde existant
« entre le point de vue allemand et le
« point de vue français en ce qui a trait à
« l'importante question de la police, je
« ne puis me défendre d'impressions pea-
« simistes. Il se peut -que je me trompe ;
« il se peut que les diplomates,parmi les-
« quels figurent tant de personnalités
« éminentes, trouvent une solution pra-
« tique, mais il n'en sera ainsi que si la
« France ne revendique pas pour elle un
« mandat européen. »
Ces quelques citations montrent clai-
rement l'antagonisme absolu du point de
vue français et du point de vue allemand.
Malgré les assurances données par la
France relativement au maintien de la
porte ouverte et de la liberté économique
pour toutes les nations dans le sans le
plus large, on considère en Allemagne
qu'une organisation française de la po-
lice exclut uatel régime. Cette crainte
nous parait bien peu justifiée, car il y a
là deux questions d'ordre tout différent,
n'ayant entre elles aucune relation de
cause à effet. On se refuse à comprendre,
en Allemagne, que la situation de puis-
sance prépondérante dans l'Afrique du
nord-ouest donne à la France des moyens
spéciaux pour étendre son influence dans
un pays de même race et de même reli-
gion que ceux sur lesquels elle a établi
sa domination, que cette situation de
puissance nord-africaine et musulmane
lui impose la nécessité d'être, au Maroc,
enclave et dépendance géographique de
ses possessions, quelque chose de plus
que les autres nations moins directement
intéressées, qu'U y va de son prestige sur
ses sujets musulmans, de sa sécurité ma-
térielle, de son existence même en tant
que puissance coloniale. Et si l'on se
place au point de vue du succès même de
l'œuvre à accomplir dans l'intérêt géné-
ral, peut-on nier qu'une police franco-al-
gérienne, fortifiée par une expérience de-
mi-séculaire, réussirait, tandis que les
tâtonnements maladroits et dangereux
d'une police internationale serait con-
damnés à un échec certain ? Nous esti-
mons les intérêts commerciaux allemands
au Maroc à leur juste valeur, mais ils ne
nous paraissent pas pouvoir entrer en
comparaison avec la grande situation de
la France, puissance limitrophe du Maroc.
Nous souhaitons quela Conférence trouve,
pour la solution du différend franco-alle-
mand, un compromis satisfaisant pour les
deux pays. Mais il ne faut pas oublier
qu'un compromis comporte des conces-
sions de part et d'autre et que ces con-
cessions sont plus ou moins dures suivant
qu'il s'agit d'un intérêt vital ou d'un intérêt
secondaire joint à une question d'amour-
propre dont on veut sortir avec honneur.
Cette constatation ne nous autorise-t-elle
pas à répondre à M. le Dr P. Mohr : C'est
de l'Allemagne seule que dépend le résul-
tat de la Conférence ?
Camille FIDEL.
;
-- .,..g-
LA MUTUALITE FÉMININE.
et la colonisation.
Les statistiques de l'émigration en
France et en pays étrangers enregis-
trent une proportion particulièrement
faible du nombre des femmes comparé
au nombre des hommes. L'exode vers les
pays d'outre-mer, colonies, pays de pro-
tectorat, est masculin ; les recrues de
l'agriculture, de l'industrie, du commerce
qui rayonnent au-delà de la métropole
sont surtout des célibataires.
Cette observation démographique n'ett
pas sans portée ni valeur, c'est une des
données d'un des plus graves problèmes
coloniaux,le peuplement national,disons :
le peuplement français.
Ce problème ne se pose pas dans toutes
nos colonies, dans tous nos protectorats
dans des circonstances qui en rendent
la solution partout également difficile.
Il y a des distinctions d'espèces selon les
caractères que présentent les popula-
tions ou indigènes ou étrangères.
Avec les populations indigènes, sauf
de rares exceptions, aucune fusion des
populations européennes n'est possible :
les associations, d'ailleurs éphémères,ne
produisent que des générations marquées
par un atavisme aborigène indélébile.
C'est ce que prouvent les nombreux
exemple notés chez les métis asiatiques.
Avec les populations étrangères, les
unions sont possibles, sont fréquentes ,
ces associations entre Européens révè-
lent la forme des contrats ; elles insti-
tuent la famille solide,durable,forte ; elles
donnent naissance à des générations re-
nouvelées, régies par la double loi natu-
relle du croisement des races et de la sé-
lection des individus ; c'est ce qu'il est
déjà facile de constater dès aujourd'hui
dans l'Afrique française du Nord, ou
croît, se développe le type si vaillant et
original du Néo-algérien.
De ces constatations il ressort un fait,
qui est le caractère général du peuple-
ment national dans les colonies de la
France et de tous les Etats coloniaux,
c'est la rareté de l'institution familiale.En
termes concrets et au point de vue natio-
nal, il n'y a point assez, dans; notre do-
maine d'outre-mer de familles françaises.
N'est-ce pas là la cause du faible déve-
loppement fr&nçais ? Tant que l'exode
sera, continuera à être masculin, il n'y
aura point de transplantation, il n'y au-
ra point de souche-famille, il n'y aura
point de générations acclimatées par nai-
sance, adaptées par éducation, enraci-
nées par des racines àncestrale& formant
sur un nouveau sol un essaim filial de la
ruche-mère. La colonisation procédera
t-elle par une émigration de célibataires,
elle sera moins une œuvre d'expansion
nationale et de civilisation qu'une entre-
prise d'exploitation aussi hasardeuse et
fugitive qu'une spéculation. Ce n'est pas
là la mission de la France, ce n'est pas
davantage celle des autres puissances
européennes qui ont conscience des de-
voirs imposés aux peuples européens par
la politique coloniale.
Favoriser l'émigration féminine, ce se-
rait donc seconder le peuplement natio-
nal : ce serait préparer la constitution de
la famille, la cellule sociale qui engendre
la nation.
Pourquoi la femme ne se dirige-t-elle
pas vers les colonies? Pourquoi ceux qui,
pendant leur temps de tutelle disposent
de ses destinées hésitent-ils à lui donner
leur consentement lorsqu'elle est sollicitée
4
par un fiancé qui est un colonial ? Pour-
quoi même lorsqu'une femme se reconnaît
à elle même, en elle-même quelque res-
source qui lui permet de suffire à ses exi-
gences de l'existence, se rcsignet-elle,
même lorsqu'une situation avantageuse
lui est offerte outre mer, à végéter dans la
métropole.Des exemples'de l'un et l'autre
cassontdonc assez fréquents. nns entrer
dans la voie d'une eiiquête privée où il
est d'ailleurs loisible à chacun de recueil-
lir des informations personnelles, il peut
êtrepermisde rappeler un faitde noto-
riété publique, garanti par un témoigna-
ge officiel : il est relaté dans l'exposé gé-
néral de la situation de l'Algérie que M.
Jonnart, gouverneur général, présentait
en 1904 aux délégations financières. L'au-
teur retrace les efforts du gouverneur gé
néral pour organiser l'assistance médi-
cale indigène ; il retrace le rôle salutaire
des femmes médecins auprès dets femmes
indigènes, soit pour les assister dans le
labeur de la maternité, soit pour les diri-
ger dans les soins àdonner aux nouveau-
nés ; il rapporte que, pour l'organisa-
tion de ce service,ila fait appelen France
aux diverses facultés ou écoles de mé-
decine, s'adressant aux jeunes docto-
resses : quelle que soit l'activité qui ait
été déployée pour rechercher et détermi-
ner les candidates à ces fonctions de mé-
decins attachés par le gouvernement gé-
néral àl'assistance indigène, deux docto-
teresses seulement ont répondu à l'appel
du gouvernement général.
Pour dégager de ce fait tout l'ensei-
gnement qu'il contient, peut-être ne sera-
t-il pas inutile de noter deux circonstan-
ces qui pouvaient être des plus favorables
aune émigration féminine, circonstances
faites pour assurer et encourager les
volontés inquiètes et vacillantes. Notons
qu'il s'agissait d'une situation offerte en
Algérie. Dans cette colonie qui aujour-
d'hui revêt tous les caractères de la vie
française par le climat et par les habitu-
des sociales, à une trentaine d'heures
au plus de la métropole, ce qui marquait
il n'y a pas longtemps, même en France,
ladistance deNice à Paris. Notons enfin,
qu'il s'agissait d'une situation semi-
officielle, qui offrait au titulaire la sécu-
rité d'un m..nimum de ressources et la
possibilité d'un accroissement sensible,
résultant de l'exercice de la fonction et de
la création d'une clientèle.
Comment s'étonner que, pour d'autres
colonies moins propices et avec la pers-
pective de situations moins sures, la fem-
me se montre plus timide et que ses con-
seillers soient plus timorés ?
Si tel est l'état des esprits dans la mé-
tropole, et les faits le démontrant, on ne
peut être surpris de la lenteur du peu-
plement français. Là où n'est point la
femme française, il n'y a point, il ne peut
y avoir de famille française. Dès lors, il
ne saurait y avoir de colonisation dura-
ble, d'emprise nationale sur le sol et sur
l'indigène, de domination morale par
l'éducation de l'exemple, d'influence d'ac-
tion civilisatrice et perpétuelle.
Pourquoi l'exode vers les colonies même
les plus accueillantes n'est-il pas fémi-
nin?
Il y a deux causes ; l'éducation de la
femme dans la métropole: la condition.
de la femme dans les colonies ?
Quelles que soient la réalité et l'impor-
tance de la première cause, il n'en saurait
être question pour le moment, du moins
dans cette communication.
La condition de la femme aux colonies
et, d'une manière générale, en pays d'au-
delà de nos frontières européennes, nous
paraî.t mériter une attention particulière ;
l'occasion s'en présente à nous dans une
initiative récente qui a été prise dans
notre protectorat de l'Afrique du Nord :
YAdelphie tunisienne.
Tout cl aborcl, n est-il pas vrai que ce
qui retient la femme dans la mère-patrie,
au foyer paternel ou dans le rayonne-
ment de sa tiède atmosphère, c'est le
sentiment de sa faiblesse et de son iso-
lement dans une terre lointaine qui d'ail-
leurs lui est en général et jusqu'à présent
iuconnue ou mal connue f
Mariée, appuyée sur un soutien robus-
te de santé, d'intelligence et de cause,
elle aurait confiance : elle braverait avec
son compagnon de route, pour lui, pour
les enfants, les rudes épreuves du climat,
-. - -
de la nostalgie, de la concurrence, fai-
ble par la loi de nature, la femme est
forte par la loi de l'amour, combien d'hé-
roïnes ignorées nos Annales coloniales
auraient-elles à célébrer !
Sans soutien, jeune fille, jeune femme,
orpheline ou veuve là-bas, sans capitaux
ou revenus qui l'abritent contre l'adver-
siié, sans garde, qui éclaire sa route cre-
vassée en pays neuf de fondrières par-
fois t,rattl'esses,n'ayant que ses bras pour
giagner le pain de chaque jour, le sien,
celui de frères ou d'enfants privés du
chef, n'ayantque l'auréole de son honneur
pour protéger sa jeunesse, contrainte à
se produire pour solliciter le travail et
tenue à se dérober aux regards pour
conserver sa respectabilité, telle est la
condition de la femme que le malheur
frappe sur la terre lointaine, hors de la
patrie et du regard bienveillant et vigilant
de la mère. N'est-ce pas là, sinon en un
tableau aux contours précis, mais dans
une vision confuse, apeurée, au demeu-
rant très concrète, l'intuition que la
femme ade son sort, lorsque l'émigration
hante son esprit, sa demeure.
C'est, ce nous semble, dans l'intelli-
gence très vive du péril auquel la livre
l'isolement éventuel, bien plus encore
que dans les défectuosités d'une éduca-
tion livresque que réside la cause pri-
mordiale et profonde de ce fait, l'éloigne-
ment de la femme pour la vie coloniale
A des erreurs déprogrammé, de métho-
de et d'orientation dans son éducation,
la femme pourra da ns une ce rtaine mesure
opposer elle-même un correctif, elle sera
guidée par ses qualités naturelles, par
- - - 1
son sens pratique,elle sera soutenue par
son endurance morale. Quiconque a par-
couruieô/ea? eta reçu l'hospitalité d'une
famille française emporte de ces char-
mantes journées un souvenir ineffaçable,
une impression forte, et fièrement il re-
vient en douce France plein d'admira-
tion et de respect pour la femrcn, plein
de confiance dans colle qui là-bas est la
cheville ouvrière de l'entreprise, reste
l'ange du foyer, le symbole de cette race
dont la devise séculaire et démocratique
est inscrite sur ses monuments de pierre:
« A cœur vaillant rien d'impossible ».
Pour se défendre contre l'adversité, la
femme peut-elle ne compter que sur elle-
même ? Une organisation ne semble-t-
elle pas nécessaire, organisation qui lui
prete son aide,ne disons pas : son assis
tance ; organisation qui lui prête fcon
appui, qui ne lui accorde pas l'aumône,
ne lui fasse par la charité?
Loin de nous soit la pensée de mécon-
naître le rôle et l'ulilité des Sociétés
de bienfaisance. Autant par l'initiative
officielle de nos ambassades et de nos
consulats que par l'initiative privée de nos
nationaux, il existe partout outre mer
des sociétés de bienfaisance : elles s'ef-
forçent de secourir toutes les misères et
chacun selon sa misère.
Une restriction ne s'impose-t-ellc pas
à leur action bienfaisante à leur zèle phi-
lanthropique, quelque souci qu'elles
aient de ne rester étrangères à aucune
souffrance. Ce n'est pas leur fait ; elles
ne peuvent secourir que les adversités
qu'elles savent. Or elles le reconnaissent
elles-mêmes et qui ne le sait un peu par
propre expérience : bien dg misères
sont ignorées dans la métropole. Com-
bien y en a-t-il plus hors de la métropole,
lorsque nos nationaux sont disséminés,
noyés dans le flot des populations au-
tochones ?
Il y a les pauvres, ne parlons pas des
professionnels, et il y a des pauvres hon-
teux.
Or c'est parmi les pauvres honteux que
se rencontrent le plus de femmes.
La femme honorable, réduite à la gêne,
au dénùment par l'infortune, par une ca-
lamité, capable de travailler pour vivre,
mais manquant d'occasion pour travail-
ler, n'osant solliciter, dans la crainte
retenue par la pudeur, de livrer quelque
chose d'elle-même en livrant quelque
chose de son secret, voilà la femme à
secourir, la femme que la société de bien-
faisance ne peut découvrir, atteindre,
voilà la femme que ngs filles, nos femmes
dans la métropole craignent de devenir,
entrevoient dans une hallucination an-
goissante comme un fantôme d'épou-
vante.
Comment venir en aide à cette femme
honorable et laborieuse ? L'Adelp/zie tuni-
sienne présente la solution de cette dif-
ficulté ? C'est la mutualité féminine.
Quel est le but de cette institution ?
Quel est son fonctionnement ? quels
sont ses caractères ? quelles initiatives
suggère-t-elle ?
Fondée à Tunis en fin décembre 1904,
l'Adelphie tunisienne a pour but « de ve-
nir en aide à la femme honorable qui; par
sa situation de famille ne peut utiliser
ouvertement ses talents sans blesser
son amour-propre. »
Cet aide ne consiste point en un se-
cours pécuniaire ; elle procède du prin-
cipe de l'assistance par le travail ; ce
n'est point une inslitutioll de charité
c'est une institution de solidarité. Des
dames honorables se groupent pour faci-
liter aux sociétaires : 1° le moyen de se
procurer du travail ; 2° et le moyen
d'écouler le produit de leur travail.
A cette double fin correspondent,dans
l'association,deux groupements, et deux
rouages administratifs.
Pour organiser la mutualité, la société
s'est partagée en deux catégories de per-
sonnes: des membres sociétaires, seules
responsables de la direction de la socié-
té; 2° des membres simples, jouissant des
avantages offerts par l'Association ne
participant en aucune manière à l'admi-
nistration.
Dans l'organisation du travailles deux
rouages sont : le l'inspection du travail ;
23 l'exposition du travail.
Lealnspectricos du travail se recrutent
parmi les membres sociétaires; elles exer-
cent leurs fonctions purement gratuites
à tour de rôle suivant un roulement arrê-
té en assemblée. Elles centralisent les
offres et les demandes de travaux ; elles
en contrôlent l'exécution ; elles les exa-
minent en vue de leur admission à l'Ex-
position, elles contribuent avec le con-
seil d'administration à régler les opéra-
tions de vente, se chargeant d'en encais-
ser et faire transmettre, s'il y a lieu, le
montant aux intéressées.
L'exposition du travail a lieu dans un
magasin sur la principale avenue de la
ville, obligeamment mis à la disposition
de l'œuvre par une des premières mai-
sons de commerce françaises et arrangé
par les divers entrepreneurs aux prix les
plus réduits. La salle comporte plusieurs
compartiments. Il comprend même une
vitrine réservée à des articles qui ne
sont pas le produit de travaux person-
nels, dentelles ou autres objets que quel-
ques membres de l'association pourraient
désirer vendre. Il n'est d'ailleurs admis
que dés travaux examinés, contrôlés par
la commission spéciale ; ils ne peuvent
rester exposés au-delà d'un an. Le prix
de vente est fixé par les intéressés et il
leur est compté défalcation faite de 5
conformémentauxstatuts pour frais d'ad-
ministration.
Nulle condition de nationalité, de reli-
gion, n'est, exigée pour être admise
dans l'Association ; il n'est exigé qu'une
cotisation annuelle égale pour les mem-
bres sociétaires et les membres simples,
Les membres simples reçoivcntdeux car-
nets : l'une porte leur nom,l'autre unnumé-
ro d ordre, votir les diverses opérations,
demande de travail, exposition, vente,
elles ont la faculté d'user de leur nom ou
de leur numéro. Leur ouvrage, est coté
par clles-mêmes,il porte leur nom ou leur
numéro. Une tierce personne peut même
s'interposer pour recevoir le travail, ap-
porter le produit, toucher le montant.Les
opérations se poursuivent tous les jours
de la semaine, à l'exception du jeudi',jour
réservé par le comité des inspectrices à
la réception des travaux; la Société décli-
ne toute responsabilité pour les travaux
fragiles.
Le fonds social est alimenté par les
cotisations, six francs par an; par le pro-
duit du prélèvement de 5 «i sur le mon-
tant des ventes.
L'administration est aux mains d'un
conseil composé de dames.
L'Adelphie tunisienne se présente donc
avec les caractères suivants: sans dis-
tinction de nationalités, sur cette terre
où vivent côte à côte françaises et ita-
liennes entremêlées de l'élément belge,
suisse etc., elle est humanitaire ; sans
distinction de religions, au milieu de po-
pulations catholiques,pro testantes,israé -
lites,etc., elle est laïque ; soutenue par la
collaboration de dames honorables qui
consacrent à leurs sœurs infortunées
leur temps, mettent à leur disposition
leurs relations, les réconfortent de leurs
conseils, de leur affection, les accompa-
gnent jusque dans leurs foyers de leur
fraternelle sollicitude, elle est mutualis-
te; respectueuse de la dignité de son sexe,
par une consciente et secrète intelligence
des délicatesses d'une àme féminine, elle
-a relevé une sœur du coup de l'adversité,
par le. travail elle la protège contre la cu-
riosité indiscrète et parfois malsaine,par
l'anonymat de l'infortune et l'anonymat
de l'aide; soucieuse de la cordiale entente
entre les membres de l'Association, elle
confirme le droit pour les unes d'admi-
nistrer, pour les autres d'être aidées par
l'égalitéde cotisations ; non moins zélée
pour le renom de l'association qui à l'ex-
térieur ne veut être disqualifiée par la
qualité des produits du travail et confon-
due avec une entreprise de spéculation
aurabais, elle respecte la liberté destra-
vailleuses en leur reconnaissant la li-
berté d'évaluation dans l'appréciation de
leurs talents; et elle sauvegarde la répu-
tation professionnelle du groupe dea tra-
vailleuses en plaçant leurs articles à
l'admission sous la garantie d'un contrôle
confié à une commission intérieure ; en-
fin par la constitution d'un fonds social
que composent les associées elles-mêmes
avec leurs propres ressources, elle ga-
rantit, affermit son existence et son indé-
pendance, elle jouit d'une entière et fer-
me autonomie.
A ces titres, par la simplicité de son or-
ganisation et par sa remarquable adap-
tation au milieu et aux besoins, l'Adel-
phie tunisienne n'apparaît pas comme un
type de la mutualité féminine : c'est l'or-
ganisation de l'assistance féminine par
- - -
le travail et par des femmes.
Ne mérite-t-elle pas l'attention des so-
ciologues ? Ne provoque-t-elle pas l'ini-
tiative des coloniaux ? N'apporte-t-elle
pas aux femmes métropolitaines un ga-
ge de sécurité ? Pour celles que les périls
de la colonisation, périls réels qui justi-
fient des craintes légitimes, arrêtent àux
heures des graves délibérations, l'Adel-
phie se dresse comme un pavois devant
l'adversité : c'est l'institution de sauve-
garde coloniale.
Puissent ces quelques lignes contribuer
à la faire connaître, à en généraliser l'i-
nitiative ? L'Adelphie ne peut-elle devenir
un des facteurs du peuplemntnational ?
Semer l'idée en Algérie, en Indo-Chine,
à Madagascar, la semer par-delà nos
domaines dans l'Inde anglaise, au Cap,
partout où une femme risque de souffrir,
susciter ici et là des initiatives, c'est un
- - - - --
devoir de large fraternité : c'est réaliser
en une modeste sphère l'idéal de nos -
ancêtres de S9 : souhaiter aux autres
peuples, porter chez eux tout le bien dont
nous avons nous mêmes conçu l'idée et
apprécié l'expérience.
Gaston VALRAN.
i
La Semaine Coloniale.
Chemins de.fer français et allemands
en Asie-Mineure.
Les travaux du chemin de fer français
de Hamah à Alcp avancent rapidement
et pourront être terminés dans un an ;la
longueur de la ligne estde 154 kilomètres.
Alep sera le point terminus de la ligne
Beyrout-Rayak -Damas-Alep,et les Fran-
çais auront en Syrie l'exploitation do 600
kilomètres en comptaut lâ ligne de Da-
mas-Mezireb. Ce réseau est susceptible
d'être prolongé, plus tard, jusqu'à Bired-
jik, soit encore une longueur de 150 kilo-
mètres environ, et de se joindre alors au
chemin de fer de Konia-Bagdad.
La Société française étudie en ce mo-
ment le projet d'un tunnel à construire
sur un point du parcours de la ligne Bey-
routh-Damas' pour raccourcir de 3 heu-
res le trajet entre ces deux villes.
On annonce,d'autre part l'achat des ac-
tions du chemin de fer Mersina-Adana
par la « Deutsche Bank ». Cette ligne ne
tire pas son importance de sa longueur
de seulement 65 kilomètres ; mais sa
possession permettra à la ligne de Bag-
dad de disposer d'un port sur la Méditer-
ranée, ce qui ne pourra qu'augmenter
son trafic. Le port de Mersina est très
rudimentaire, mais il peutfacilementêtre
amélioré.
Les chemins de fer algériens.
M. Dervillé, président de la compagnie
de Paris-Lyon-Méterranée,vient d'adres-
ser à M. Jonnart, nu nom des présidents
des diverses compagnies exploitant des
réseaux en Algérie, une lettre où il offre
de favoriser la constitution d'une « So-
ciété algérienne des chemins de fer » au
capital de 25 millions, qui assurerait
l'exploitation de tous les chemins de fer
nigériens. Cette solution aurait l'avan-
tage de simplifier économiquement l'ad-
ministration, d'unifierles conditions d'ex-
ploitation, et notamment les tarifs,ce qui
faciliterait les transactions commercia-
les. Elle conserverait, d'autre part, aux
actionnaires et obligataires des compa-
gnies actuelles, toutes leurs garanties.
Enfin, tout en déchargeant le gouverne-
ment de l'Algérie du soin de l'exploita-
tion, elle le ferait participer aux profits
de celle-ci, en partageant avec le trésor
public la différence entre le produit net
réel et son produit forfaitaire calculé sur
la moyenne des 7 dernières années, qui
constitueraite prix du fermage.
La question de Tripolitaine.
Ou prête à l'Italie l'intention de soule-
ver à la conférence d'Algeciras la ques-
tion de la reconnaissance de ses préten-
tions sur la Tripolitaine.
Il n'est pas sans intérêt de signaler à
ce prbpos que l'attaché militaire d'am-
bassade d'Autriche-Hongrie à Constanti-
nople se .dispose à partir pour Tripoli,où
son gouvernement renvoie avec le man-
dat d'étudier les conditions du port et
des côtes de la Tripolitaine. -
Cette nouvelle soulève dans les milieux
politiques italiens une vive émotion.
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