Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-01-18
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 janvier 1906 18 janvier 1906
Description : 1906/01/18 (A4,N2). 1906/01/18 (A4,N2).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6374930b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
4* ANNÉE N° 2. pW
France 20 cent.
Etranger et Colonies : 40 cent.
JEUDI 18 JANVIERJl&oS
,.,
Les Annales Coloniales
j
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
JOTJTFLTSTAI-. :S:EB::DOl\.A.:D.A.:rR..E
Paraissant tous les Jeudis
OIRECTION, RÉDACTION, ADMINISTRATION
-.- - -
4, Galerie d'Orléans (Palais-Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
Un an 6 mois
FRANCE. - 8 fr. 4 fir. 50
ETRANGER ET COLONIES. 12 » S fr,
On s'abonne sans frais dans ions les IINUII de Poste
I. lareal Sainl-Garmain et la
réorganisation do l'Office colonial
M. Marcel Saint-Germain, l'éminert
sénateur d'Oran, a pris à cœur ses nou-
velles fonctions de président du Conseil
d'administration de l'Office colonial.
Son activité, son intelligence, son es-
prit pratique, ont à s'exercer da is une
large mesure pour réorganiser sur de
nouvelles bases l'Office colonial. Mais la
pierro d'achoppement de toutes les ré-
formes est le manque de crédits. Point
d'argent, point de vie, point d'améliora-
tion. Or l'argent manque, mais on peut
être sur qu'au jour très prochain où M.
Saint Germain prendra en main la direc-
tion du Pavillon de Flore, il aura à cœur
d'opérer les transformations nécessaires
au bon fonctionnement de l'Offic e colo-
nial.
Nous ne pouvons mieux faire que de
transcrire ses conclusions qui sont tout
un programme :
L'organisation intérieure doit être modifiée
et étendue, et les services spécialisés d'après
le cadre suivant :
1° Administration intérieure. Son
personnel doit être très restreint, n'ayant
pas affaire au public : c'est en quelque sorte
le bureau d'ordre, comprenant d'abord :
(AI Le Secrétariat. Réception et expé-
dition du courier, sa répartition entre les di-
vers services, correspondance, répertoire et
archives.
(B) La Comptabilité. Matière et finan-
cière, Inventaire du matériel, du mobilier,
de la bibliothèque, du musée.
2° - Relations avec le public. Elles se-
ront établies par l'intermédiaire des Agents
des colonies détachés à l'Office Colonial et
payés par lui. L'Administration intérieure
de l'Office, dans laquelle ils n'auront à s'im-
miscer, prendra à sa charge tout ce qui est
nécessaire pour leur service (fournitures de
bureaux, mobilier, chauflage, éclairage, ser-
vice ), elle assurera et expédiera leur corres-
pondance, chaque colonie ayant ses archives
et des dossiers spéciaux au Secrétariat ou
dans le bureau de l'Agent sous la surveil-
lance et l'autorité du Directeur de l'Office.
3 Bibliothèque et bureau de vente (le li-
vres, brochures et toutes autres publications
coloniales.
4° Masse et service Au eepositiom.
Ces deux services doivent être intimement
liés.
En dehors des relations avec le public.qui
constitueront le principal rôle des Agents
spéciaux des colonies, la Direction de l'Of-
fice devra assurer au moyen de ses autres
fonctionnaires, le service des renseignements
d'ordre général, des publications, des statis-
tiques, de la comptabilité, etc., etc.
C'est en particulier le service des ex-
positions qu'il faudra constituer. C'est
ui qui nécessitera le plus de soins ; celui
qui sera appelé à le diriger devra répa-
rer bien des erreurs passées, préparer
utilement les expositions de l'avenir fé-
condes en résultats heureux; attirer l'at-
tention du commerçant français sur le
marché d'outre-mer développer les échan-
ges entrela métropole et les colonies, fa-
ciliter par des passages gratuits ou ré-
duits l'émigration.
Et ce sera l'honneur de M. Marcel
Saint-Germain d'avoir préparé l'armatu-
re de l'utile édifice qu'il sera demain ap-
pelé à bâtir. M. R.
-" --
Les troubles récents de Shanghaï
et le Rôle des Japonais
Nos lecteurs sont certainement au
ccurant du mouvement d'émeute qui s'est
produit dernièrement à Shanghai à la
suite du conflit survenu entre un juge
anglais et un juge chinois au tribunal
mixte de la concession internationale.
Dans un télégramme récent, le corres-
pondant du Times dans cette ville a cru
devoir signaler la part qu'auraient prise
les Japonais aux troubles de la rue. Il
est dit, notamment, dans cette dépêche :
« Une caractéristique de ce mouvement a
été que les Japonais n'ont subi aucun
tort ; dans certains cas ils ont paru fra-
terniser avec la foule » Différents jour-
naux français ont reproduit cette affir-
mation et les commentaires qui l'ont ac-
compagnée dans le grand journal de la
Cité.
Il a paru à ce propos dans le numéro
du L. and C. Telegraph en date du pre-
mier de ce mois un entrefilet dont voici
la traduction :
« Les doutes que nous avons exprimés
dans notre dernier numéro, concernant
la prétendue complicité des Japonais
avec les éléments chinois turbulents
.(rowdy) à l'occasion de la récente émeu-
te à Shanghai sont maintenant confirmés.
Le correspondant du Times à Shanghaï,
qui a été responsable de la dissémina-
tion des bruits qui ont couru à ce sujet,
télégraphie maintenant le démenti du
Consul Général japonais à Shanghai,
niant qu'aucun des Japonais ait sympa-
thisé avec les émeutiers. Il explique que
les témoins oculaires qui ont signalé des
cas de Japonais fraternisant avec la foule
ont été probablement induits en erreur
par leur incapacité de distinguer entre
des Japonais et des étudiants chinois
sans natte,portant le vêtement européen.
Afin que l'allusion qu'il a faite à des avis
peu judicieux qui peuvent avoir été don-
nés à des Chinois par certains Japonais
ne donne pas lieu à de fausses interpré-
tations,* le correspondant continue en dé-
clarant que la majorité des sujets du Mi-
kado condamne sans aucun doute le mou-
vement anti-étranger chinois et coopère
loyalement, comme l'a prouvé l'activité
(keenness) de leur compagnie dans les
-- Volontaires do Shanghai. Sans déclarer
formellement que tel est le cas, il ajoute
encore qu'il est inévitable que la Chine
ait, depuis la guerre, attiré un grand
nombre de Japonais appartenant à la
même classe que ceux qui, comme on
l'admet, ont porté préjudice à l'adminis-
tration de la Corée. L'intervention irres-
ponsable (irresponsible activities) do
cette classe est particulièrement peu dé-
sirable en Chine où l'influence prépondé-
rante (paramount) du Japon implique
nécessairement des responsabilités cor-
respondantes. Pour en revenir à l'alléga-
tion primitive, nous pouvons noter que
l'Association japonaise de Shanghai a
envoyé le télégramme suivant au Times :
« Après l'enquête nécessaire, nous dé-
mentons l'allégation d'après laquelle les
Japonais auraient été en complicité ou
en bons termes avec les émeutiers et
nous protestons énergiquement contre
une manière aussi grossièrement erro-
née de représenter les choses. »
E. CLAVERY.
La Semaine Coloniale.
Le livre blanc allemand et la
Conférence d'Algésiras.
Le livre blanc allemand, qui renferme
vingt-cinq documents réunis en trente-
cinq pages, expose de la manière sui-
vante la thèse allemande dans l'affaire
marocaine. L'accord franco-anglais con-
cernant le Maroc n'a été porté à la con.
naissance du gouvernement allemand que
par des communications occasionnelles,
verbales et fragmentaires de M. Delcassé
lorsque l'usage diplomatique imposait la
forme écrite. La publication de l'accord
au Journal .officiel français est insuffi.
sante, car elle met les intéressés enlace
du fait accompli, rendant toute discussion
impossible ; cependant,comme un article
de l'accordstipulele maintien du statu quo)
le gouvernement allemand n'aurait pas
protesté ; mais après l'arrivée du minis-
tre de France à Fez, une situation se des-
« sina avec une clarté croissante, mena-
it çant l'intégralité des intérêts nonfran-
« çais au Maroc. « Le Sultan affirme au
consul d'Allemagne à Fez que M. Saint-
Reré Taillandier, en présentant les pro-
positions françaises de réformes, a invo-
qué un mandat de l'Europe. Et à M. de
Tattenbach, le Sultan déclare qu'il est
faux qu'il ait accepté en principe les pro-
positions françaises. Le Livre blanc al-
lemand renferme l'exposé, remis par le
gouvernement marocain, de ces propo-
sitions ; le ministre d'Allemagne les
considère comme un empiétement sur la
liberté politique du Maroc.
Il ne nous semble pas que le program-
me français de réorganisation financière
et de réorganisation de la police à l'aide
d'officiers français et de sous-officiers al-
gériens soient de nature à entraîner la
« tunisification » du Maroc. La Francs a
d'ailleurs dans tout le Maroc des intérêts
spéciaux qui lui confèrent des droits spé-
ciaux. Et de quel droit l'Allemagne invo-
que-t-elle à son tour un mandat euro-
péen pour la défense de l'intégralité des
intérêts-non français ? Il est à souhaiter
que la Conférence d'Algésiras trouve une
solution satisfaisant à la foisla France et
l'Allemagne ; mais il ne faut pas perdre
de vue que tout compromis qui ne con-
sacrerait pas la situation spéciale de la
France dans tout le Maroc entraînerait
un amoindrissement de sa puissance
africaine.
Le chemin de ferdu Cap au Caire.
Grâce à -l'achèvement prochain du
tronçon de Ouadi-Ralfa à Abou-Hamas,
le Caire se trouvera relié directement
avec Khartoum, la capitale du Soudan
égyptien. Désormais, les difficultés des
communications par le long du Nil ou le
désert disparaîtront, et l'on pourra se
rendre de Londres à Khartoum en huit
jours.
En outre, la voie rendra possible un
abaissement du prix des marchandises,
en Egypte et au Soudan. En revanche le
sol devient plus cher ; à Khartoum les
prix de terrains ont augmenté depuis une
année de cent à cinq cents pour cent.
Les Chemins de fer du Congo aux
Grands Lacs
Ce chemin de fer aura un développe-
t ment de 127 kilomètres. L. pose des rails
a atteint le kilomètre 110 et le dernier
pont a été construit au kilomètre 70, Il c
a en activité de service S locomotives,
dont 4 de 30 tonnes et 4 de 18 tonnes.
A partir de Ponthierville, le Congo of-
fre un bief praticable qui sera utilisé pour
la navigation à vapeur sur plus de 300
kilomètres jusqu'à Lumbulumbu.
La Compagnie va construire, de ce
point, un deuxième tronçon de voie fer-
rée qui aboutira aux environs de Kebwa
en amont des chutes dites « Porte d'Ei-
fer», d'où le Lualabaredevient navigable
de nouveau sur un immense parcours.
Ce bief est l'objet d'une étude nouvelle,
par des capitaines de steamers, en vue
de déterminer le type de vapeur le plus
avantageux pour y exécuter les trans-
ports.
'& Les premières études de cette deuxième
voie ferrée ont été entamées. Un steamer
est en montage à Ponthierville pour la
Compagnie des chemins de fer du Congo
supérieur, et d'autres vapeurs vont sui-
vre. Certains travaux d'améliorations des
passes du fleuve sont en cours d'exécu-
tion entre Ponthierville et Lumbulumbu.
Les travaux du deuxième tronçon ne sont
donc que le prolongement de la première
voie dont le rail atteindra le pointtarmi-
nus en février 1006.
Le marché de caoutchouc
Le mouvement, ascensionnel du mar-
ché français est presque mathématique-
ment identique à la marche suivie par
celui d'Anvers pendant les premières an-
nées de sa fondation. Parti de 21.0UO ki-
logrammes en 1801, ce dernier marché
arrivait, la sixième année, au chiffre de
1,115,875 kilogrammes, or, le marché de
Bordeaux, qui, en lR08,année de sa créa-
tion, en recevait 51,0000, a atteint, en
1903, le chiffre sensiblement équivalent
do 1,113,000. Si l'on totalise, d'autre part
les importations effectuées sur le marché
de Bordeaux pendant ces six premières
années, on arrive au chiffre de 2.492.
901 kg., alors que le chiffre total des
importations parvenues sur celui d' An-
vers, pendant la même période du début
n'avaitété une de 2,172,696
Les colonies françaises d'Amérique.
1 qui se sont
Les incidents regrettables qui se sont
déroulés récemment à la Guadeloupe ont
décidé M. Clémentel à supprimer les gou-
vernements de la Guadeloupe, de la Mar-
tinique et de la Guyane française.
Le ministre des colonies étudie, en ce
moment, un projet qui consiste à réun ir
en un seul gouvernement la Guadeloupe,
la Martinique eL la Guyane française.
Ces diverses colonies réunies prendront
le nom de «Groupe des Antilles ». A la
tête de ce groupe, sera un gouverneur
qui aura le tilre de « commissaire géné-
ral du gouvernement français », et sera
secondedans chaque colonie par un se-
crétaire général.
Le siège du gouvernement serait à la
Martinique.
Un discours de M. Beau
Dans le discours qu'il a prononcé à
l'occasion de l'ouverture du Conseil su-
périeur de l'Iudo-Chine. le 11 décembre
L905, M. Beau s'est félicité de la faveur
avec laquelle a été accueillie l'émission
de la dernière tranche de l'emprunt de
l'emprunt de 200 millions, On demande
au public SO millions, il a souscrit 2 mil-
liards et demi. Le nombre des souscrip-
teurs a été de 142,068. Le gouverneur gé-
néral ne pense pas qu'on puisse prendre
sur ces SQ millions plus de 15 ou 16 mil-
lions pour la défense de l'Indo-Chine. Ce
sont là, d'ailleurs, des dépenses incom-
bant surtout à la métropole. Mais grâce à
ce prélèvement, il serait déjà possible de
commencer immédiatement et de mener
de front la construction d'une forme de
radoub de 200 mètres, permettant aux
plus grands paquebots et aux navires de
guerre de premier rang de se réparer à
Saïgon, et la construction de casernes
définitives du camp des Marcs et à Thv-
daumot.
M. Beau a ensuite examiné la situation
des fonctionnaires, la question de l'en-
seignement et celle des travaux publics.
Au Cambodge il demande la construction
d'un chemin de fer partant de Pnom-Penh
et soudé aux voies ferrées qui doivent
être exécutées sur la rive droite du Mé-
kong.
Pour les impôts, M. Beau reconnaît
l'impopularité des taxes indirectes. Elle
tient à leur mode de perception actuel.
On a supprimé l'impôt sur la noix d'arec.
M. Morel, résident supérieur, a été char-
gé d'étudier un mode de perception plus
-libéral.
La politique coloniale de M. Clémentel.
M. Clémentel, ministre des colonies,
vient d'adresser à MM. Beau, gouverneur
général de l'Indo-Chine, et I Augagneur,
gouverneur général de Madagascar, den
instructions sur la politique générale à
suivre dans l'une et l'autre de ces colo-
nies.
Les indigènes étant suffisammentintel-
ligents et éduqués pour participer aux
fonctions publiques, M. Clémentel deman-
de qu'ils soient appelés à faire partie des
tribunaux et des conseils de gouverne-
ment.
Toutefois, il est nécessaire de diminuer
les charges financières des colonies, et
M. Clémentel, qui a déjà réduit le budget
de l'Indo-Chine de 2 millions, et celui dé
Madagascar de 1,400,000 francs, insiste
sur l'intérêt qu'il y a à effectuer sur les
dépenses générales des économies, no-
tamment par la suppression des emplois
inutiles.
Le ministre insiste sur le rôle civilisa-
teur de la France, qui doit donner aux
1 indigènes l'instruction et l'éducation, la
justice et l'exemple de la justice ; les in-
digènes rhe devront jamais, et sous aucun
prétexte, être traités comme des infé-
rieurs.
M. Clémentel enverra prochainement
des instructions aux gouverneurs de nos
colonies d'Afrique, qui s'inspireront des
mêmes principes ; mais on n'y verra pas
djappelàla coopération des indigènes
aux conseils du gouvernement, car les
noirs d'Afrique sont dénués de toute cul-
ture ; à ceux-ci, l'hygiène etl'instruction
doivent être prodiguées pendant long-
temps encore, avant qu'on songe à leur
faire prendre part aux affaires publiques.
Le gouverneur générai t Madagascar
M. Augagneur, arrivé à Tamatave le
17 décembre, est reparti pour Tananari-
ve le 21 décembre en empruntant la voie
ferrée d'AniveranoaFanovana. Il a ache-
vé son voyage en automobile.
Madame Augagneur est partie le rejoin-
dre par le dernier courrier.
Camille FIDEL.
LA SEMAINE ÉCONOMIQUE
Congo
Un décret en date du 30 novembre fixe
ainsi qu'il suit les quantités de cafés et
de cacaos m fèves originaires duCongo
français (bassin conventionnel) qui pour-
ront être admises enFrancependantl'an-
née 1906 dans les conditions prévues par
les décrets des 22 avril 1899 et 25 août
1900:
Cafés, , , , ;-)0.000 kilogrammes
Cacaos 25.000
Le portage en Guinée.
Une décision du lieutenant-gouverneur
de la Guinée fixe comme suit les condi-
tions dans lesquelles peuvent être con-
senties des cessions de transport par les
compagnies de porteurs permanents :
Des cessions de transport par les com-
pagnies de porteurs permanents peuvent
être consenties aux services publics, aux
commerçants et aux particuliers, sur leur
demande écrite, par les commandants
des régions de la Basse-Guinée, du Fou-
tah Djalloll et de la Haute-Guinée, spé-
cialement autorisés par le gouverneur.
Les cessions de transport sont subor-
données aux moyens dont disposera l'ad-
ministrateur après avoir assuré son ser-
vice.
Les demandes de cessions sont enre-
gistrées par ordre de date d'arrivée. Elles
reçoivent satisfaction dans cet ordre
strict, sans qu'aucun tour de faveur
puisse être accordé.
Les transports par cession peuvent
être groupés avec des transports pour
l'administration ou pour d'autres com-
merçants ou particuliers, de manière à
composer des convois par escouades ré-
glementaires de 50 porteurs, avec chefs
de convois et porteurs de vivres.
Les charges ne doivent dans aucun
cas dépasser le poids de 30 kilogram-
mes.
Les cessions de transport sont stricte-
ment limitées aux trajets sur la route de
Kankan à Kindia, par Kouroussa, Tou-
manéah et Timbo.
La moyenne de6 étapes sur route en
charge est de 25 à 30 kilomètres par
jour. Les porteurs sont payés et ravi-
taillés par l'administration.
Les étapes sont fixées comme suit :
De Kankan à Kouroussa. 3 jours
De Kouroussa àToumanéah. 4
De Toumanéahà Timbo 5
DeTtmboà.Kindm. 7
Le prix pour chaque charge est calculé
comme il est indiqué au tableau ci-après :
Kanllan Kouroussa
Francs Francs
Kankan x 3
Koul'Oussa. 3 »
Toumanéah.., , , , 7 4
Timbo t2 9
Kindia.,.:. 24 21
¡ Toumanéah Timbo Kindia
Francs Francs Francs
Kankan. 7 12 24
Kouroussa. 4 1) 21
Toumanéah.. » 5 17
Timbo. 5 » 12
Kindia. 17 12 »
Le Commerce de la France avec
ses colonies en 1904. Pendant
l'année 1904, la pa'rt des colonies fran-
çaises et des pays de protectorat dans le
commerce extérieur de la France a été de
487.400.000 fr. à l'importation, et de
557.600.000 fr. à l'exportation. Ces chif-
fres sont supérieurs de 9 et 12 à la
moyenne des cinq dernières années. Voici
d'après le rapport par M. Alfred Picard
fait au nom de la Commission des valeurs
en douane, les chiffres relatifs à chaque
colonie pour 1904.
IMPORTATIONS IMPORTATIONS
EN FRANCE DE FRANCE
chiffres comparai- chiffres comparai-
de son avec de son avec
1904. 1904 1904 igo3
- - - -
(en millions de francs)
Algérie. 233,8 - 29,0 314,9 - 28,2
Tunisie 52,8 -f- 1,4 57,5 +11,6
Afrique Oc-
dentale. 49,3 + 0,7 47,5 + 9,5
Madagascar. 5,7 + 2,9 23,9 4,8
Mayotte. 0,7 0,3 0,4 =
Réunion. 14,5 1,1 4,7 6,1
Indo-Chine.. 47,9 + 17,0 61,6 0,4
Inde. : 20,0 + 2,8 2,0 + 0,2
Nouvelle-Ca-
lédonie. 7,8 1,7 7,2 0.6
Tahiti. 0,5 - 0,1 0,6 =
Guyane. 2,5 - 1,7 11,5 + 3,2
Guadeloupe. 11,5 - 3,7 8,3 0,6
Martinique.. 10,5 - 3,0 9,8 0,4
St.-Pierre et
Miquelon
et Pêche. 29,8 - 0,6 7,3 + 1,1
487,4 557,6
Robert DOUCET.
La Semaine littéraire.
Visions de Guerre.
Six mois en Mandchourie avec S. A. L.
le Grand-Duc Boris de Russie, pari VAN DE
SCHAEC.
Ce livre est le simple journal quotidien
d'un témoin admirablement placé pour
tout voir, tout entendre et tout noter,
heure par heure, du drame formidable
qui se joua dans les plaines de Mand-
chourie et se dénoua par les boucheries
humaines de Liao-Yang et de Moukden.
M. le chevalier Ivan de Schasck avait dé
ia accompagné le grand-duc Boris de
Russie en Extrême-Orient deux ans au-
paravant. Il y est retourné au début des
hostilités, a assisté à l'inutile effort de
Port-Arthur, a vu le grand-duc Cyrille
échapper par miracle à la catastrophe
du Peti-ovaillosuk. Aucun détail ne lui a
semblé oiseux. S'il s'est attaché à donner
une vive et rapide impression de la gran-
de lutte en ia situant avec précision dans
son milieu vrai, il a rendn, avec non
moins de fidélité, les mœurs, l'état d'es-
prit. l'attitude des combattants : il a me-
suré exactement le péril jaune si mal ap-
précié en Europe : il a enalysé sans par-
ti pris les causes de cea ue l'opinion mon-
diale a appelé un peu légèrement la re-
culade russe, et défini de façon pittores-
que le sentiment des malheureux petits
cultivateurs chinois condamnés à payer
les pots cassés.Ces Vis ions de guerre sont
un tableau animé, une résurrection du
plus grand mouvement d'armes qui rap-
pelle les épopées légendaires. Elles se
complètent et s'éclairent d'une série de
quarante-deux illustrations du plus haut
intérêt, établies d'après les documents
photographiques du grand-duc Boris et
de l'auteur.
M. R.
-– -" #-
LA SEMAINE DRAMATIQUE
A la Gaité,.- Serge Panine, pièce en
cinq actes de M. Georges Ohnet.
La semaine n'a pas manqué de nou-
veautés selon l'usage qu'accorde aux
théâtres comme aux Parlements la trêve
des confiseurs ; mais nos directeurs ont
rattrapé le temps perdu.
Serge Panine, qui fut un des succès du
Gymnase d'autrefois, a retrouvé auprès
du public de la Gaité quelques-uns des
applaudissements de naguère. Mme Jane
Ilading a eu beaucoup de succès dans
son rôle de mère noble et digne ; Mlle
Léo nie Yahne a été très touchante ; M.
Castillar a su donner au personnage peu
sympathique de Serge Panine le carac-
tère qui lui convenait ; M. Jean Go-
quelin a tenu d'une façon satisfaisante
l'emploi toujours ingrat de mari trompé ;
Mlle Blanche Toutain demeure malgé
tout l'exquise créatrice des Miettes MM.
Laroche et Volny complètent l'ensemble.
Au Théâtre Antoine. –Le Coup d'ai-
le pièce en trois actes de M. François de
Curel.
M. François de Curel est un auteur
à thèse ; c'est un écrivain remarquable,
un penseur de premier ordre. Les piè-
ces de ce provincial sont des grandes
premières très parisiennes. Je me rap-
pelle ses œuvres des dernières années
les Fossiles, le Repas du Lion, la dernière
Idole, on peut dire que le Coup d'aile en
a les mêmes qualités et les mêmes dé-
fauts : profondément pensée, très forte,
cette nouvelle œuvre manque un peu d'os-
sature. On voit que M. de Curel a voulu
quelque chose et même plusieurs choses
mais le public a peine à débrouiller dans
cette pièce l'idée maitresse de l'auteur.
Résumons-la si possibilité il y a. Un
député,Bernard Prinson (M.Signoret) fai-
ble, ondoyant et divers, a un frère Mi-
chel Prinson (M. Antoine) qui, à. la tête
d'une mission en Afrique, a été atteint de
la soudanite. Il s'est révolté pour se
créer un empire ; le gouvernement de la
république a eu vivement raison de sa
révolte; il a été écrasé. La légende dit que
les noirs l'ont assassiné ; en réalité, il vit
à l'étranger sous un pseudonyme, bénéfi-
ciant de la part d'héritage de ses parents
que lui a fait tenir son :rère. Il vit même
si bien qu'il vient surprendre son frère
dans sa circonscription. Il habite chez
lui sous noms d'emprunt.
En même temps Bernard Prinson, par
réclame électorale, héberge chez lui plu-
sieurs officiers qui font les grandes ma-
nœuvres dans la région. Son frère est là,
l'on cause, il exprime même des rêves
de grandeur, indique le Coup d'Aile à
donner pour atteindre la gloire ; Michel
Prinson a raté il y a vingt ans, il espère
encore refaire quelque chose avec son
argent et la protection parlementaire de
son frère ; ce dernier la. lui refuse.
Michel aigri, à la veille de quitter la
demeure fraternelle, se trouve alors en
présence de sa fille Hélène (Mlle Van
Doen). Cette enfant de. dix huit-ans, qui
a été dans un cç)uvent, qui n'a j a-
a été éJ@.' dans un couvent, qui n'a ja-
mais connu son père, mais le haît-parce-
que sa mère est morte de chagrin, est
une révoltée ; face à face avec Michel,
elle comprend ses révoltes et lui expose
les siennes et elle veut partir avec lui ;
vole même le drapeau du régiment pour
être digne de ses indignités ; mais quand
elle apprend que Michel qu'elle aime est
son père, elle refuse de le suivre ; il la
brutalise alors, et cela suffit pour qu'elle
cède, je dirais même avec enthousiasme,
Bernard emmène sa fille, il abandonne
ses rêves de grandeur ; le condottière
deviendra un bon père.
Somme toute, pièce inégale avec de
très belles envolées : du François de
C urel en un mot.
Au Théâtre Royal. Mme Andrée Mé-
gard interprête agréablement une aima-
ble comédie de M. Edouard Guirand, le
Gardien de Square ou du danger qu'il
y a d'être l'ami discret d'une jolie fem-
me et de son amant. On passe dans cette
élégante petite boîte une bonne soirée.
L'on s'amuse franchement eh écoutant
le Péril jaune et surtout la jolie revuette
de Lucien Boyer et Paul Marinier « A
VAgrache. de Dieu ! »
PAPILLON.
..p.,.., -
La séance de Rentrée
A la Chambre
La Chambre a fait sa rentrée mardi,sous
la présidence de M. Bourgeois, député de
la Vendée, doyen d'âge. En ouvrant la
séance M. Bourgeois a prononcé un dis-
cours dont voici les principaux passages :
Messieurs et chers collègues. Dieu pro-
tège la France : c'est par ces mots, il y a
un an, que votre doyen d'âge terminait
son discours présidentiel.
Votre doyen d'âge, - ieux croyant ven-
ieux c: royant ven-
déen, n'est-il pas excusable quand il s'agit
des intérêts vitaux de notre pays, de sa sé-
curité, de ses libertés, de son honneur, de
son drapeau, de répéter encore ses paro-
les de l'an passé : Dieu protège la France !
Le moment approche, mes chers collè-
gues, où nous allons, de plein gré ou à
regret sortir, quelques-uns pour n'y plus
rentrer de ce Palais-Bourbon qu'il serait
peut-être prétentieux de comparer au para-
dis terrestre (itires).
Qu'il soit permis à votre doyen et vieux
camarade des bons et des mauvais jours de
saluer d'avance cordialement ceux de nous
qui,par leur loyauté,la fidélité à leurs prin-
cipes, la dignité de leur vie, auront gagné
l'estime et quelquefois l'amitié sincére de
leurs collègues.
Chassé du Paradis terrestre, le premier
homme emportait au moins l'espérance, la
promesse formelle d'un lendemain meilleur.
Le fardeau pesait moins lourdement sur les
épaules de l'humanité. Dieu restait le com-
pagnon de route du pauvre chemineau,
l'associé du travailleur, le frère du malheu-
reux. Aujourd'hui, on en a décidé autre-
ment. La séparation est faite,rhomme doit
rester seul en face des épreuves, de la mi-
sère et de la souffrance. Et après ? Quand
on aura fait la nuit, le désert,le néant dans
le cœur de l'homme,quand on aura éteint
dans le monde cette grande lumière, cette
étoile, cette petite lueur de l'au-delà,jele
demande à tous les penseurs,à tous les es-
prits, libéraux, tolérants, convaincus, qui
veulent garder fermement leur foi ou leur
conviction,mais qui admettent qu'on ait
une foi, une conviction différente; les com-
battants, les déshérités de la vie, les affli-
gés seront-ils plus forts devant l'épreuve
et la douleur ?
Vous n'avez pas oublié avec quelle logi-
que, avec quel charme, avec quelle émotion
communicative, l'un de nos meilleurs poè-
tes parlementaires nous parlait un jour ici
de la vieille et douce chanson qui si long-
temps berça l'humanité et endormit,tendre
berceuse,les petits,les souifreteuxjes mala-
bercense,le pet its lesj :ole u saisl"changé tout
des de la vie. On a, je le sais, changé tout
cela.D'autres chansons bruyantes ont rem-
placé celles de nos mères.L'avenir nous dira
ce que l'humanité aura gagné au change.
Ces jours-ci, chez nos voisins-aujour-
d'hui nos amis,un ministre prononçait les
paroles suivantes « Notre gouvernement
sera un gouvernement de paix, d'arbitra-
ge et si possible de limitation des arme -
ments qui sont devenus pour l'Europe un
fardeau 'et presque un honte. »
Jamais peut-être en Europe, en France,
nous n'avons vu tant de visites cordiales
échangées entre souverains et chefs de
peuples. La France a soutenu dignement
son bon renom de -courtoisie et d'hospita-
lité chevaleresque.
Nous saluons tous de tout cœur ces
rapprochements entre peuples, gage d'en-
tente,de paix que nous souhaitons plus que
jamais. Soyons tous des amis, des cham-
pions résolus de la paix, mais n'oublions
pas, ne gégligeons pas les patriotiques de..
voirs de la défense et les enseignements du
passé.
On a fait bien des traductions dans tous
es paya, dans toutes les langues de la
brutale mais prudente maxime du vieux
Romain : « Si vis pacem, para bellum »
Vous voulez la paix, soyez prêts à la guer-
pe.
Des idées néfastes, dissolvantes, qu'on
vouràit ériger en doctrines, ont essayé
dans ces derniers témps d'amoindrir dans
les âmes le sentiment, l'amour, le culte du
drapeau et .de la patrie. Ne provoquons per-
sonne. Donnons chez nous l'exemple de la
concorde, de la liberté, de la paix. Aimons,
respectons lès autres peuples ; mais , de
grâce, restons Français.
Mes chers ollègues; rassurons-nous J
France 20 cent.
Etranger et Colonies : 40 cent.
JEUDI 18 JANVIERJl&oS
,.,
Les Annales Coloniales
j
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. Vadministrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
JOTJTFLTSTAI-. :S:EB::DOl\.A.:D.A.:rR..E
Paraissant tous les Jeudis
OIRECTION, RÉDACTION, ADMINISTRATION
-.- - -
4, Galerie d'Orléans (Palais-Royal, PARIS 1er)
ABONNEMENTS
Un an 6 mois
FRANCE. - 8 fr. 4 fir. 50
ETRANGER ET COLONIES. 12 » S fr,
On s'abonne sans frais dans ions les IINUII de Poste
I. lareal Sainl-Garmain et la
réorganisation do l'Office colonial
M. Marcel Saint-Germain, l'éminert
sénateur d'Oran, a pris à cœur ses nou-
velles fonctions de président du Conseil
d'administration de l'Office colonial.
Son activité, son intelligence, son es-
prit pratique, ont à s'exercer da is une
large mesure pour réorganiser sur de
nouvelles bases l'Office colonial. Mais la
pierro d'achoppement de toutes les ré-
formes est le manque de crédits. Point
d'argent, point de vie, point d'améliora-
tion. Or l'argent manque, mais on peut
être sur qu'au jour très prochain où M.
Saint Germain prendra en main la direc-
tion du Pavillon de Flore, il aura à cœur
d'opérer les transformations nécessaires
au bon fonctionnement de l'Offic e colo-
nial.
Nous ne pouvons mieux faire que de
transcrire ses conclusions qui sont tout
un programme :
L'organisation intérieure doit être modifiée
et étendue, et les services spécialisés d'après
le cadre suivant :
1° Administration intérieure. Son
personnel doit être très restreint, n'ayant
pas affaire au public : c'est en quelque sorte
le bureau d'ordre, comprenant d'abord :
(AI Le Secrétariat. Réception et expé-
dition du courier, sa répartition entre les di-
vers services, correspondance, répertoire et
archives.
(B) La Comptabilité. Matière et finan-
cière, Inventaire du matériel, du mobilier,
de la bibliothèque, du musée.
2° - Relations avec le public. Elles se-
ront établies par l'intermédiaire des Agents
des colonies détachés à l'Office Colonial et
payés par lui. L'Administration intérieure
de l'Office, dans laquelle ils n'auront à s'im-
miscer, prendra à sa charge tout ce qui est
nécessaire pour leur service (fournitures de
bureaux, mobilier, chauflage, éclairage, ser-
vice ), elle assurera et expédiera leur corres-
pondance, chaque colonie ayant ses archives
et des dossiers spéciaux au Secrétariat ou
dans le bureau de l'Agent sous la surveil-
lance et l'autorité du Directeur de l'Office.
3 Bibliothèque et bureau de vente (le li-
vres, brochures et toutes autres publications
coloniales.
4° Masse et service Au eepositiom.
Ces deux services doivent être intimement
liés.
En dehors des relations avec le public.qui
constitueront le principal rôle des Agents
spéciaux des colonies, la Direction de l'Of-
fice devra assurer au moyen de ses autres
fonctionnaires, le service des renseignements
d'ordre général, des publications, des statis-
tiques, de la comptabilité, etc., etc.
C'est en particulier le service des ex-
positions qu'il faudra constituer. C'est
ui qui nécessitera le plus de soins ; celui
qui sera appelé à le diriger devra répa-
rer bien des erreurs passées, préparer
utilement les expositions de l'avenir fé-
condes en résultats heureux; attirer l'at-
tention du commerçant français sur le
marché d'outre-mer développer les échan-
ges entrela métropole et les colonies, fa-
ciliter par des passages gratuits ou ré-
duits l'émigration.
Et ce sera l'honneur de M. Marcel
Saint-Germain d'avoir préparé l'armatu-
re de l'utile édifice qu'il sera demain ap-
pelé à bâtir. M. R.
-" --
Les troubles récents de Shanghaï
et le Rôle des Japonais
Nos lecteurs sont certainement au
ccurant du mouvement d'émeute qui s'est
produit dernièrement à Shanghai à la
suite du conflit survenu entre un juge
anglais et un juge chinois au tribunal
mixte de la concession internationale.
Dans un télégramme récent, le corres-
pondant du Times dans cette ville a cru
devoir signaler la part qu'auraient prise
les Japonais aux troubles de la rue. Il
est dit, notamment, dans cette dépêche :
« Une caractéristique de ce mouvement a
été que les Japonais n'ont subi aucun
tort ; dans certains cas ils ont paru fra-
terniser avec la foule » Différents jour-
naux français ont reproduit cette affir-
mation et les commentaires qui l'ont ac-
compagnée dans le grand journal de la
Cité.
Il a paru à ce propos dans le numéro
du L. and C. Telegraph en date du pre-
mier de ce mois un entrefilet dont voici
la traduction :
« Les doutes que nous avons exprimés
dans notre dernier numéro, concernant
la prétendue complicité des Japonais
avec les éléments chinois turbulents
.(rowdy) à l'occasion de la récente émeu-
te à Shanghai sont maintenant confirmés.
Le correspondant du Times à Shanghaï,
qui a été responsable de la dissémina-
tion des bruits qui ont couru à ce sujet,
télégraphie maintenant le démenti du
Consul Général japonais à Shanghai,
niant qu'aucun des Japonais ait sympa-
thisé avec les émeutiers. Il explique que
les témoins oculaires qui ont signalé des
cas de Japonais fraternisant avec la foule
ont été probablement induits en erreur
par leur incapacité de distinguer entre
des Japonais et des étudiants chinois
sans natte,portant le vêtement européen.
Afin que l'allusion qu'il a faite à des avis
peu judicieux qui peuvent avoir été don-
nés à des Chinois par certains Japonais
ne donne pas lieu à de fausses interpré-
tations,* le correspondant continue en dé-
clarant que la majorité des sujets du Mi-
kado condamne sans aucun doute le mou-
vement anti-étranger chinois et coopère
loyalement, comme l'a prouvé l'activité
(keenness) de leur compagnie dans les
-- Volontaires do Shanghai. Sans déclarer
formellement que tel est le cas, il ajoute
encore qu'il est inévitable que la Chine
ait, depuis la guerre, attiré un grand
nombre de Japonais appartenant à la
même classe que ceux qui, comme on
l'admet, ont porté préjudice à l'adminis-
tration de la Corée. L'intervention irres-
ponsable (irresponsible activities) do
cette classe est particulièrement peu dé-
sirable en Chine où l'influence prépondé-
rante (paramount) du Japon implique
nécessairement des responsabilités cor-
respondantes. Pour en revenir à l'alléga-
tion primitive, nous pouvons noter que
l'Association japonaise de Shanghai a
envoyé le télégramme suivant au Times :
« Après l'enquête nécessaire, nous dé-
mentons l'allégation d'après laquelle les
Japonais auraient été en complicité ou
en bons termes avec les émeutiers et
nous protestons énergiquement contre
une manière aussi grossièrement erro-
née de représenter les choses. »
E. CLAVERY.
La Semaine Coloniale.
Le livre blanc allemand et la
Conférence d'Algésiras.
Le livre blanc allemand, qui renferme
vingt-cinq documents réunis en trente-
cinq pages, expose de la manière sui-
vante la thèse allemande dans l'affaire
marocaine. L'accord franco-anglais con-
cernant le Maroc n'a été porté à la con.
naissance du gouvernement allemand que
par des communications occasionnelles,
verbales et fragmentaires de M. Delcassé
lorsque l'usage diplomatique imposait la
forme écrite. La publication de l'accord
au Journal .officiel français est insuffi.
sante, car elle met les intéressés enlace
du fait accompli, rendant toute discussion
impossible ; cependant,comme un article
de l'accordstipulele maintien du statu quo)
le gouvernement allemand n'aurait pas
protesté ; mais après l'arrivée du minis-
tre de France à Fez, une situation se des-
« sina avec une clarté croissante, mena-
it çant l'intégralité des intérêts nonfran-
« çais au Maroc. « Le Sultan affirme au
consul d'Allemagne à Fez que M. Saint-
Reré Taillandier, en présentant les pro-
positions françaises de réformes, a invo-
qué un mandat de l'Europe. Et à M. de
Tattenbach, le Sultan déclare qu'il est
faux qu'il ait accepté en principe les pro-
positions françaises. Le Livre blanc al-
lemand renferme l'exposé, remis par le
gouvernement marocain, de ces propo-
sitions ; le ministre d'Allemagne les
considère comme un empiétement sur la
liberté politique du Maroc.
Il ne nous semble pas que le program-
me français de réorganisation financière
et de réorganisation de la police à l'aide
d'officiers français et de sous-officiers al-
gériens soient de nature à entraîner la
« tunisification » du Maroc. La Francs a
d'ailleurs dans tout le Maroc des intérêts
spéciaux qui lui confèrent des droits spé-
ciaux. Et de quel droit l'Allemagne invo-
que-t-elle à son tour un mandat euro-
péen pour la défense de l'intégralité des
intérêts-non français ? Il est à souhaiter
que la Conférence d'Algésiras trouve une
solution satisfaisant à la foisla France et
l'Allemagne ; mais il ne faut pas perdre
de vue que tout compromis qui ne con-
sacrerait pas la situation spéciale de la
France dans tout le Maroc entraînerait
un amoindrissement de sa puissance
africaine.
Le chemin de ferdu Cap au Caire.
Grâce à -l'achèvement prochain du
tronçon de Ouadi-Ralfa à Abou-Hamas,
le Caire se trouvera relié directement
avec Khartoum, la capitale du Soudan
égyptien. Désormais, les difficultés des
communications par le long du Nil ou le
désert disparaîtront, et l'on pourra se
rendre de Londres à Khartoum en huit
jours.
En outre, la voie rendra possible un
abaissement du prix des marchandises,
en Egypte et au Soudan. En revanche le
sol devient plus cher ; à Khartoum les
prix de terrains ont augmenté depuis une
année de cent à cinq cents pour cent.
Les Chemins de fer du Congo aux
Grands Lacs
Ce chemin de fer aura un développe-
t ment de 127 kilomètres. L. pose des rails
a atteint le kilomètre 110 et le dernier
pont a été construit au kilomètre 70, Il c
a en activité de service S locomotives,
dont 4 de 30 tonnes et 4 de 18 tonnes.
A partir de Ponthierville, le Congo of-
fre un bief praticable qui sera utilisé pour
la navigation à vapeur sur plus de 300
kilomètres jusqu'à Lumbulumbu.
La Compagnie va construire, de ce
point, un deuxième tronçon de voie fer-
rée qui aboutira aux environs de Kebwa
en amont des chutes dites « Porte d'Ei-
fer», d'où le Lualabaredevient navigable
de nouveau sur un immense parcours.
Ce bief est l'objet d'une étude nouvelle,
par des capitaines de steamers, en vue
de déterminer le type de vapeur le plus
avantageux pour y exécuter les trans-
ports.
'& Les premières études de cette deuxième
voie ferrée ont été entamées. Un steamer
est en montage à Ponthierville pour la
Compagnie des chemins de fer du Congo
supérieur, et d'autres vapeurs vont sui-
vre. Certains travaux d'améliorations des
passes du fleuve sont en cours d'exécu-
tion entre Ponthierville et Lumbulumbu.
Les travaux du deuxième tronçon ne sont
donc que le prolongement de la première
voie dont le rail atteindra le pointtarmi-
nus en février 1006.
Le marché de caoutchouc
Le mouvement, ascensionnel du mar-
ché français est presque mathématique-
ment identique à la marche suivie par
celui d'Anvers pendant les premières an-
nées de sa fondation. Parti de 21.0UO ki-
logrammes en 1801, ce dernier marché
arrivait, la sixième année, au chiffre de
1,115,875 kilogrammes, or, le marché de
Bordeaux, qui, en lR08,année de sa créa-
tion, en recevait 51,0000, a atteint, en
1903, le chiffre sensiblement équivalent
do 1,113,000. Si l'on totalise, d'autre part
les importations effectuées sur le marché
de Bordeaux pendant ces six premières
années, on arrive au chiffre de 2.492.
901 kg., alors que le chiffre total des
importations parvenues sur celui d' An-
vers, pendant la même période du début
n'avaitété une de 2,172,696
Les colonies françaises d'Amérique.
1 qui se sont
Les incidents regrettables qui se sont
déroulés récemment à la Guadeloupe ont
décidé M. Clémentel à supprimer les gou-
vernements de la Guadeloupe, de la Mar-
tinique et de la Guyane française.
Le ministre des colonies étudie, en ce
moment, un projet qui consiste à réun ir
en un seul gouvernement la Guadeloupe,
la Martinique eL la Guyane française.
Ces diverses colonies réunies prendront
le nom de «Groupe des Antilles ». A la
tête de ce groupe, sera un gouverneur
qui aura le tilre de « commissaire géné-
ral du gouvernement français », et sera
secondedans chaque colonie par un se-
crétaire général.
Le siège du gouvernement serait à la
Martinique.
Un discours de M. Beau
Dans le discours qu'il a prononcé à
l'occasion de l'ouverture du Conseil su-
périeur de l'Iudo-Chine. le 11 décembre
L905, M. Beau s'est félicité de la faveur
avec laquelle a été accueillie l'émission
de la dernière tranche de l'emprunt de
l'emprunt de 200 millions, On demande
au public SO millions, il a souscrit 2 mil-
liards et demi. Le nombre des souscrip-
teurs a été de 142,068. Le gouverneur gé-
néral ne pense pas qu'on puisse prendre
sur ces SQ millions plus de 15 ou 16 mil-
lions pour la défense de l'Indo-Chine. Ce
sont là, d'ailleurs, des dépenses incom-
bant surtout à la métropole. Mais grâce à
ce prélèvement, il serait déjà possible de
commencer immédiatement et de mener
de front la construction d'une forme de
radoub de 200 mètres, permettant aux
plus grands paquebots et aux navires de
guerre de premier rang de se réparer à
Saïgon, et la construction de casernes
définitives du camp des Marcs et à Thv-
daumot.
M. Beau a ensuite examiné la situation
des fonctionnaires, la question de l'en-
seignement et celle des travaux publics.
Au Cambodge il demande la construction
d'un chemin de fer partant de Pnom-Penh
et soudé aux voies ferrées qui doivent
être exécutées sur la rive droite du Mé-
kong.
Pour les impôts, M. Beau reconnaît
l'impopularité des taxes indirectes. Elle
tient à leur mode de perception actuel.
On a supprimé l'impôt sur la noix d'arec.
M. Morel, résident supérieur, a été char-
gé d'étudier un mode de perception plus
-libéral.
La politique coloniale de M. Clémentel.
M. Clémentel, ministre des colonies,
vient d'adresser à MM. Beau, gouverneur
général de l'Indo-Chine, et I Augagneur,
gouverneur général de Madagascar, den
instructions sur la politique générale à
suivre dans l'une et l'autre de ces colo-
nies.
Les indigènes étant suffisammentintel-
ligents et éduqués pour participer aux
fonctions publiques, M. Clémentel deman-
de qu'ils soient appelés à faire partie des
tribunaux et des conseils de gouverne-
ment.
Toutefois, il est nécessaire de diminuer
les charges financières des colonies, et
M. Clémentel, qui a déjà réduit le budget
de l'Indo-Chine de 2 millions, et celui dé
Madagascar de 1,400,000 francs, insiste
sur l'intérêt qu'il y a à effectuer sur les
dépenses générales des économies, no-
tamment par la suppression des emplois
inutiles.
Le ministre insiste sur le rôle civilisa-
teur de la France, qui doit donner aux
1 indigènes l'instruction et l'éducation, la
justice et l'exemple de la justice ; les in-
digènes rhe devront jamais, et sous aucun
prétexte, être traités comme des infé-
rieurs.
M. Clémentel enverra prochainement
des instructions aux gouverneurs de nos
colonies d'Afrique, qui s'inspireront des
mêmes principes ; mais on n'y verra pas
djappelàla coopération des indigènes
aux conseils du gouvernement, car les
noirs d'Afrique sont dénués de toute cul-
ture ; à ceux-ci, l'hygiène etl'instruction
doivent être prodiguées pendant long-
temps encore, avant qu'on songe à leur
faire prendre part aux affaires publiques.
Le gouverneur générai t Madagascar
M. Augagneur, arrivé à Tamatave le
17 décembre, est reparti pour Tananari-
ve le 21 décembre en empruntant la voie
ferrée d'AniveranoaFanovana. Il a ache-
vé son voyage en automobile.
Madame Augagneur est partie le rejoin-
dre par le dernier courrier.
Camille FIDEL.
LA SEMAINE ÉCONOMIQUE
Congo
Un décret en date du 30 novembre fixe
ainsi qu'il suit les quantités de cafés et
de cacaos m fèves originaires duCongo
français (bassin conventionnel) qui pour-
ront être admises enFrancependantl'an-
née 1906 dans les conditions prévues par
les décrets des 22 avril 1899 et 25 août
1900:
Cafés, , , , ;-)0.000 kilogrammes
Cacaos 25.000
Le portage en Guinée.
Une décision du lieutenant-gouverneur
de la Guinée fixe comme suit les condi-
tions dans lesquelles peuvent être con-
senties des cessions de transport par les
compagnies de porteurs permanents :
Des cessions de transport par les com-
pagnies de porteurs permanents peuvent
être consenties aux services publics, aux
commerçants et aux particuliers, sur leur
demande écrite, par les commandants
des régions de la Basse-Guinée, du Fou-
tah Djalloll et de la Haute-Guinée, spé-
cialement autorisés par le gouverneur.
Les cessions de transport sont subor-
données aux moyens dont disposera l'ad-
ministrateur après avoir assuré son ser-
vice.
Les demandes de cessions sont enre-
gistrées par ordre de date d'arrivée. Elles
reçoivent satisfaction dans cet ordre
strict, sans qu'aucun tour de faveur
puisse être accordé.
Les transports par cession peuvent
être groupés avec des transports pour
l'administration ou pour d'autres com-
merçants ou particuliers, de manière à
composer des convois par escouades ré-
glementaires de 50 porteurs, avec chefs
de convois et porteurs de vivres.
Les charges ne doivent dans aucun
cas dépasser le poids de 30 kilogram-
mes.
Les cessions de transport sont stricte-
ment limitées aux trajets sur la route de
Kankan à Kindia, par Kouroussa, Tou-
manéah et Timbo.
La moyenne de6 étapes sur route en
charge est de 25 à 30 kilomètres par
jour. Les porteurs sont payés et ravi-
taillés par l'administration.
Les étapes sont fixées comme suit :
De Kankan à Kouroussa. 3 jours
De Kouroussa àToumanéah. 4
De Toumanéahà Timbo 5
DeTtmboà.Kindm. 7
Le prix pour chaque charge est calculé
comme il est indiqué au tableau ci-après :
Kanllan Kouroussa
Francs Francs
Kankan x 3
Koul'Oussa. 3 »
Toumanéah.., , , , 7 4
Timbo t2 9
Kindia.,.:. 24 21
¡ Toumanéah Timbo Kindia
Francs Francs Francs
Kankan. 7 12 24
Kouroussa. 4 1) 21
Toumanéah.. » 5 17
Timbo. 5 » 12
Kindia. 17 12 »
Le Commerce de la France avec
ses colonies en 1904. Pendant
l'année 1904, la pa'rt des colonies fran-
çaises et des pays de protectorat dans le
commerce extérieur de la France a été de
487.400.000 fr. à l'importation, et de
557.600.000 fr. à l'exportation. Ces chif-
fres sont supérieurs de 9 et 12 à la
moyenne des cinq dernières années. Voici
d'après le rapport par M. Alfred Picard
fait au nom de la Commission des valeurs
en douane, les chiffres relatifs à chaque
colonie pour 1904.
IMPORTATIONS IMPORTATIONS
EN FRANCE DE FRANCE
chiffres comparai- chiffres comparai-
de son avec de son avec
1904. 1904 1904 igo3
- - - -
(en millions de francs)
Algérie. 233,8 - 29,0 314,9 - 28,2
Tunisie 52,8 -f- 1,4 57,5 +11,6
Afrique Oc-
dentale. 49,3 + 0,7 47,5 + 9,5
Madagascar. 5,7 + 2,9 23,9 4,8
Mayotte. 0,7 0,3 0,4 =
Réunion. 14,5 1,1 4,7 6,1
Indo-Chine.. 47,9 + 17,0 61,6 0,4
Inde. : 20,0 + 2,8 2,0 + 0,2
Nouvelle-Ca-
lédonie. 7,8 1,7 7,2 0.6
Tahiti. 0,5 - 0,1 0,6 =
Guyane. 2,5 - 1,7 11,5 + 3,2
Guadeloupe. 11,5 - 3,7 8,3 0,6
Martinique.. 10,5 - 3,0 9,8 0,4
St.-Pierre et
Miquelon
et Pêche. 29,8 - 0,6 7,3 + 1,1
487,4 557,6
Robert DOUCET.
La Semaine littéraire.
Visions de Guerre.
Six mois en Mandchourie avec S. A. L.
le Grand-Duc Boris de Russie, pari VAN DE
SCHAEC.
Ce livre est le simple journal quotidien
d'un témoin admirablement placé pour
tout voir, tout entendre et tout noter,
heure par heure, du drame formidable
qui se joua dans les plaines de Mand-
chourie et se dénoua par les boucheries
humaines de Liao-Yang et de Moukden.
M. le chevalier Ivan de Schasck avait dé
ia accompagné le grand-duc Boris de
Russie en Extrême-Orient deux ans au-
paravant. Il y est retourné au début des
hostilités, a assisté à l'inutile effort de
Port-Arthur, a vu le grand-duc Cyrille
échapper par miracle à la catastrophe
du Peti-ovaillosuk. Aucun détail ne lui a
semblé oiseux. S'il s'est attaché à donner
une vive et rapide impression de la gran-
de lutte en ia situant avec précision dans
son milieu vrai, il a rendn, avec non
moins de fidélité, les mœurs, l'état d'es-
prit. l'attitude des combattants : il a me-
suré exactement le péril jaune si mal ap-
précié en Europe : il a enalysé sans par-
ti pris les causes de cea ue l'opinion mon-
diale a appelé un peu légèrement la re-
culade russe, et défini de façon pittores-
que le sentiment des malheureux petits
cultivateurs chinois condamnés à payer
les pots cassés.Ces Vis ions de guerre sont
un tableau animé, une résurrection du
plus grand mouvement d'armes qui rap-
pelle les épopées légendaires. Elles se
complètent et s'éclairent d'une série de
quarante-deux illustrations du plus haut
intérêt, établies d'après les documents
photographiques du grand-duc Boris et
de l'auteur.
M. R.
-– -" #-
LA SEMAINE DRAMATIQUE
A la Gaité,.- Serge Panine, pièce en
cinq actes de M. Georges Ohnet.
La semaine n'a pas manqué de nou-
veautés selon l'usage qu'accorde aux
théâtres comme aux Parlements la trêve
des confiseurs ; mais nos directeurs ont
rattrapé le temps perdu.
Serge Panine, qui fut un des succès du
Gymnase d'autrefois, a retrouvé auprès
du public de la Gaité quelques-uns des
applaudissements de naguère. Mme Jane
Ilading a eu beaucoup de succès dans
son rôle de mère noble et digne ; Mlle
Léo nie Yahne a été très touchante ; M.
Castillar a su donner au personnage peu
sympathique de Serge Panine le carac-
tère qui lui convenait ; M. Jean Go-
quelin a tenu d'une façon satisfaisante
l'emploi toujours ingrat de mari trompé ;
Mlle Blanche Toutain demeure malgé
tout l'exquise créatrice des Miettes MM.
Laroche et Volny complètent l'ensemble.
Au Théâtre Antoine. –Le Coup d'ai-
le pièce en trois actes de M. François de
Curel.
M. François de Curel est un auteur
à thèse ; c'est un écrivain remarquable,
un penseur de premier ordre. Les piè-
ces de ce provincial sont des grandes
premières très parisiennes. Je me rap-
pelle ses œuvres des dernières années
les Fossiles, le Repas du Lion, la dernière
Idole, on peut dire que le Coup d'aile en
a les mêmes qualités et les mêmes dé-
fauts : profondément pensée, très forte,
cette nouvelle œuvre manque un peu d'os-
sature. On voit que M. de Curel a voulu
quelque chose et même plusieurs choses
mais le public a peine à débrouiller dans
cette pièce l'idée maitresse de l'auteur.
Résumons-la si possibilité il y a. Un
député,Bernard Prinson (M.Signoret) fai-
ble, ondoyant et divers, a un frère Mi-
chel Prinson (M. Antoine) qui, à. la tête
d'une mission en Afrique, a été atteint de
la soudanite. Il s'est révolté pour se
créer un empire ; le gouvernement de la
république a eu vivement raison de sa
révolte; il a été écrasé. La légende dit que
les noirs l'ont assassiné ; en réalité, il vit
à l'étranger sous un pseudonyme, bénéfi-
ciant de la part d'héritage de ses parents
que lui a fait tenir son :rère. Il vit même
si bien qu'il vient surprendre son frère
dans sa circonscription. Il habite chez
lui sous noms d'emprunt.
En même temps Bernard Prinson, par
réclame électorale, héberge chez lui plu-
sieurs officiers qui font les grandes ma-
nœuvres dans la région. Son frère est là,
l'on cause, il exprime même des rêves
de grandeur, indique le Coup d'Aile à
donner pour atteindre la gloire ; Michel
Prinson a raté il y a vingt ans, il espère
encore refaire quelque chose avec son
argent et la protection parlementaire de
son frère ; ce dernier la. lui refuse.
Michel aigri, à la veille de quitter la
demeure fraternelle, se trouve alors en
présence de sa fille Hélène (Mlle Van
Doen). Cette enfant de. dix huit-ans, qui
a été dans un cç)uvent, qui n'a j a-
a été éJ@.' dans un couvent, qui n'a ja-
mais connu son père, mais le haît-parce-
que sa mère est morte de chagrin, est
une révoltée ; face à face avec Michel,
elle comprend ses révoltes et lui expose
les siennes et elle veut partir avec lui ;
vole même le drapeau du régiment pour
être digne de ses indignités ; mais quand
elle apprend que Michel qu'elle aime est
son père, elle refuse de le suivre ; il la
brutalise alors, et cela suffit pour qu'elle
cède, je dirais même avec enthousiasme,
Bernard emmène sa fille, il abandonne
ses rêves de grandeur ; le condottière
deviendra un bon père.
Somme toute, pièce inégale avec de
très belles envolées : du François de
C urel en un mot.
Au Théâtre Royal. Mme Andrée Mé-
gard interprête agréablement une aima-
ble comédie de M. Edouard Guirand, le
Gardien de Square ou du danger qu'il
y a d'être l'ami discret d'une jolie fem-
me et de son amant. On passe dans cette
élégante petite boîte une bonne soirée.
L'on s'amuse franchement eh écoutant
le Péril jaune et surtout la jolie revuette
de Lucien Boyer et Paul Marinier « A
VAgrache. de Dieu ! »
PAPILLON.
..p.,.., -
La séance de Rentrée
A la Chambre
La Chambre a fait sa rentrée mardi,sous
la présidence de M. Bourgeois, député de
la Vendée, doyen d'âge. En ouvrant la
séance M. Bourgeois a prononcé un dis-
cours dont voici les principaux passages :
Messieurs et chers collègues. Dieu pro-
tège la France : c'est par ces mots, il y a
un an, que votre doyen d'âge terminait
son discours présidentiel.
Votre doyen d'âge, - ieux croyant ven-
ieux c: royant ven-
déen, n'est-il pas excusable quand il s'agit
des intérêts vitaux de notre pays, de sa sé-
curité, de ses libertés, de son honneur, de
son drapeau, de répéter encore ses paro-
les de l'an passé : Dieu protège la France !
Le moment approche, mes chers collè-
gues, où nous allons, de plein gré ou à
regret sortir, quelques-uns pour n'y plus
rentrer de ce Palais-Bourbon qu'il serait
peut-être prétentieux de comparer au para-
dis terrestre (itires).
Qu'il soit permis à votre doyen et vieux
camarade des bons et des mauvais jours de
saluer d'avance cordialement ceux de nous
qui,par leur loyauté,la fidélité à leurs prin-
cipes, la dignité de leur vie, auront gagné
l'estime et quelquefois l'amitié sincére de
leurs collègues.
Chassé du Paradis terrestre, le premier
homme emportait au moins l'espérance, la
promesse formelle d'un lendemain meilleur.
Le fardeau pesait moins lourdement sur les
épaules de l'humanité. Dieu restait le com-
pagnon de route du pauvre chemineau,
l'associé du travailleur, le frère du malheu-
reux. Aujourd'hui, on en a décidé autre-
ment. La séparation est faite,rhomme doit
rester seul en face des épreuves, de la mi-
sère et de la souffrance. Et après ? Quand
on aura fait la nuit, le désert,le néant dans
le cœur de l'homme,quand on aura éteint
dans le monde cette grande lumière, cette
étoile, cette petite lueur de l'au-delà,jele
demande à tous les penseurs,à tous les es-
prits, libéraux, tolérants, convaincus, qui
veulent garder fermement leur foi ou leur
conviction,mais qui admettent qu'on ait
une foi, une conviction différente; les com-
battants, les déshérités de la vie, les affli-
gés seront-ils plus forts devant l'épreuve
et la douleur ?
Vous n'avez pas oublié avec quelle logi-
que, avec quel charme, avec quelle émotion
communicative, l'un de nos meilleurs poè-
tes parlementaires nous parlait un jour ici
de la vieille et douce chanson qui si long-
temps berça l'humanité et endormit,tendre
berceuse,les petits,les souifreteuxjes mala-
bercense,le pet its lesj :ole u saisl"changé tout
des de la vie. On a, je le sais, changé tout
cela.D'autres chansons bruyantes ont rem-
placé celles de nos mères.L'avenir nous dira
ce que l'humanité aura gagné au change.
Ces jours-ci, chez nos voisins-aujour-
d'hui nos amis,un ministre prononçait les
paroles suivantes « Notre gouvernement
sera un gouvernement de paix, d'arbitra-
ge et si possible de limitation des arme -
ments qui sont devenus pour l'Europe un
fardeau 'et presque un honte. »
Jamais peut-être en Europe, en France,
nous n'avons vu tant de visites cordiales
échangées entre souverains et chefs de
peuples. La France a soutenu dignement
son bon renom de -courtoisie et d'hospita-
lité chevaleresque.
Nous saluons tous de tout cœur ces
rapprochements entre peuples, gage d'en-
tente,de paix que nous souhaitons plus que
jamais. Soyons tous des amis, des cham-
pions résolus de la paix, mais n'oublions
pas, ne gégligeons pas les patriotiques de..
voirs de la défense et les enseignements du
passé.
On a fait bien des traductions dans tous
es paya, dans toutes les langues de la
brutale mais prudente maxime du vieux
Romain : « Si vis pacem, para bellum »
Vous voulez la paix, soyez prêts à la guer-
pe.
Des idées néfastes, dissolvantes, qu'on
vouràit ériger en doctrines, ont essayé
dans ces derniers témps d'amoindrir dans
les âmes le sentiment, l'amour, le culte du
drapeau et .de la patrie. Ne provoquons per-
sonne. Donnons chez nous l'exemple de la
concorde, de la liberté, de la paix. Aimons,
respectons lès autres peuples ; mais , de
grâce, restons Français.
Mes chers ollègues; rassurons-nous J
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