Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-01-11
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 janvier 1906 11 janvier 1906
Description : 1906/01/11 (A7,N1). 1906/01/11 (A7,N1).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
7* ANNÉE– NM.
PRIX
France : 20 'cent.
Etrangers Colonies : 40 cent.
JEUDI 11 JANVIER 1906.
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Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés av. nom
de M. l'administrateur, toutes les comrnunica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
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FRANCE. , 8 fr. 4 fr. iiO
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LES FIBRES ALGERIENNES
-
Les fibres algériennes peuvent inté-
resser l'industrie suisse à deux points de
vue : pour la fabrication du papier, pour
la corderie.
De ces fibres, la plus importante, c'est
l'alfa : elle est susceptible des emplois les
plus divers. Elle peut entrer dans la
préparation de la pâte à papier, elle peut
être utilisée dans la confection des liens.
Peut-être même son usage pourait-il être
étendu à des ouvrage de tresses, nattes,
paniers, chaussures.
Pour être complet, il conviendrait d'a-
jouter à l'alfa : le lin, le crin végétal, l'a-
loès, la ramie, 1P - ')ton. En l'état actuel
de la productioii ou de la concurrence,
ces fibres ne sont pas obtenues avec un
rendement suffisant pour attirer l'atten-
tion des importations suisses.
On ne peut évaluer qu'à 1.500 hectares
la superficie des semis cultivés en lin,
soit 860 pour Oran, 584 pour Alger .D'ail-
leurs,l'Européen,qui détient cette culture
pour ainsi dire à l'exclusion de l'indi-
gène, ne paraît guère rechercher que la
graine.
Le crin végétal est le filament obtenu
par le palmier, il n'est que depuis peu
employé par l'industrie. Il mènerait
l'attention. L'Algérie en a exporté en VMO
32.000 quintaux, les 2/3 en provenance
de l'Oranie. S'il pouvait répondre aux
mêmes besoins que le crin animal, l'ex-
portation trouverait en Algérie une sour-
ce considérable d'approvisionnement.
On sait que dans l'Afrique française du
Nord, Algérie et Tunisie, le palmier
pousse à l'état naturel. Il y a, disait M
Aubert dans les Notes économiques, deux
qualités de crin végétal. La meilleure sert
à faire des cordages ou des liens hns.
o, L'autre est dressée en torons, lesquels
sont mis en balles pour l'exportation et
employés dans l'ameublement, la bourel-
lerie, la carrosserie Ja tapisserie, etc. Les
Indigènes vendent les feuilles de. palmier
, nain de 0 fr. 50 à 1 fr. le quintal a l'in-
térieur, 1 fr. 25 à 1 fr. 50 sur le marché
d'Oran. Pendant les 8 premiers mois de
l'année 1905, d'après la statistique pu-
bliée par la Chambre de commerce d Ai-
ger, la quantité exportée de l'Algérie a été
au total de 289.370 quintaux, pour une
valeur de 2.830.000 francs, soit environ
10 fr. le quintal. 234 698 quintaux étaient
destinés à l'étranger etaux colonies fran-
çaises ; 83.000 quintaux ont été expédiés
d'Alger. Les principaux centres de pro-
duction sont aux environs d'Oran, dans
la plaine: la fibre de M'iéta (Ain el Arba
Hamroam-bou-Adjar) ; Lourmel, Ain Te-
mouchent, Bel Abbès, pour Alger El Af-
froun, AtTreville, etBordj-MiuaéeienKa-
bylie. La région de Constantine s'occupe
encore peu du crin végétal.
Les fibres d'aloès ne sont encore 1 objet
que d'expérience. La ramie ne donne lieu
qu'à des essais timides, toujours arrêtée
dans son développement par la difiiculté
de ladécortication. Le rendement en tiges
a été de200 quintaux en 1903, ils ont été
obtenus à Alger. Le coton est depuis 1900
l'objet d'une reprise qui de tous points
méritera d'être suivie par les filateurs eu-
ropéens toujours menacés par le péril
américain. Les observations recueillies
par l'Association cotonnière française au
cours de ses campagnes de 1904 et de
lWaVautorisent à fonder les plus légi-
times espérances sur 1 avenir de la cul-
ture cotonnière en Algérie. Cette der-
nière année a été marquée par un ren-
dement de 300 tonnes. On se préoccupe de
mettre en valeur la vallée du Chélilf.
Pour encourager ces initiatives, les dé-
légations financières ont voté à cette cul-
ture une subvention de 10.000 francs.
Seul, en l'état actuel de la production
algérienne des fibres textiles, l'alfa est
obtenu en quantité assez considérable et
avec un rendement assez continu pour
nourrir un important courant d'affaires.
D'après M. Auber (d'Oran), dont l'in-
formation est sûre, la critique judicieuse,
on peut évaluer à 5 millions d'hectares
la superficie qui est occupée par l'alfa en
Algérie.
L'aire de cette culture est adossée au
plateau, regardant vers le sud; sa station
de préférence est l'Oranie. C'est là que
s'étend, moutonnant en ondes verdoyan-
tes et frissonnantes, la u mer d'Alfa a.
Que l'on se représente une nappe continue
de 400 kilom. de long sur 170 kilom. de
large ; cette immense plaine est bordée
au nord par le Tell, à l'ouest par le Ma-
roc, au sud par la chaîne saharienne ; à
l'est elle se profile vers la région méri-
dionale d'Alger. Elle reparaitra d'ail-
leurs dans le Sud-Tunisien.
La cueillette, si l'on procède en se
conformant aux conditions normales, se
1
fait de juin à octobre. C'est la seule sai-
son propice. Dans cette partie de l'an-
née, la fibre est parvenue à son degré de
maturité parfaite ; elle se sèche, elle
se détache, elle se déboîte de son pied
sans déchirure, sans arrachage; la racine
est respectée, la cueillette suivante est
assurée. Hâterait-on la cueillette, pren-
drait-on le brin vert, ce serait non cueil.
lir, mais arracher; l'arrachage prématuré
serait, des expériences l'ont déjà montré,
la ruine même de la plantation. Pénétré
de l'imminence de ce danger, le Gouver-
nement général a même dû prendre, dès
1888, des précautions; en 1902, le Conseil
général d'Oran a insisté de toute son
énergie pour que l'on veillât par toute
mesure de protection à la défense, à la
conservation du précieux textile. Cette
intervention des pouvoirs publics est d'ail-
leurs dans l'intérêt même de l'indigène
et de l'Européen : l'alfa assure à la main-
d'œuvre arabe un salaire d'été d'autant
plus appréciable que dès lors elle n'est
plus sollicitée par les travaux de la mois-
son et qu'elle ne l'est pas encore pour ceux
de la vendange. Quant à l'Européen,
c'est pour lui une branche de commerce
- - - -
qui ne peut que se développer lorsque,
plus et mieux connu,l'all'a pourra se diri-
ger vers des débouchés plus larges et plus
variés.
Mûr et sec, après la cueillette l'alfa
est trié. Les tiges sont assemblées en bot-
tes ; ces bottes réduites en balles sont
comprimées en blocs de 140 à 150 kg. Cette
opération se fait aujourd'hui non plus à
Saïda, en pleine mer d'Alfa, mais de pré-
férence à Arzew, à Oran, dans les ports
au bord de la grande mer bleue, ce che-
min qui marche, la route d'exporta-
tion.
Un hectare d'alfa produit environ 10
quintaux d'alfa sec et trié, le quintal se
vend à Oran de 4 à 8 francs.
La principale exploitation était aux
mains d'une compagnie franco-algérienne:
elle avait obtenu, pour la région de Moz-
bat à Maroum,une concession privilégiée
sous condition détablir une voie ferrée.
Aujourd'hui,cette concession est partagée
par suite d'accords particuliers entre la
Compagnie et des sous-traitants en plu-
sieurs exploitations.
L'Algérie a exporté en 1S93921.7&! quin-
taux d'alfa ; elle a en 19 K) dépassé 1 mil-
lion de quintaux. L'année 1933 a été
marquée par un ralentissement : l'expor-
tation a descendu à 749.000 quintaux, pour
une valeur de 5.775.000 francs.La majeure
partie de cette exportation 1727.000 quin-
taux) est dirigée vers l'Etranger. La
Grande Bretagne est, pour ce produit, le
principal client de l'Algérie. Pendant les
trois premiers mois de l'année 1905, l'ex-
portation a été de 551.000 quintaux pour
une valeur de 4.223,000 francs. La Tuni-
sie, la Tripolitaine, le Maroc, l'Espagne
même peuvent faire concurrence à l'Al-
gérie.
L'industrie suisse trouvera-t-elle dans
les fibres algériennes une matière pre-
mière intéressante ? C'est une question
à poser. A consulter le rapport annuel
du département fédéral des douanes sur
la statistique du commerce suisse en 1904,
il n'apparaît pas que l'alfa soit l'objet
d'une consommation appréciable. Cette
fibre n'est mentionnée dans aucune no-
menclature de produits manufacturés.
Peut-être méritera-t-elle l'attention de nos
lecteurs, et son étude, poursuivie par un
industriel, suggérera, il est permis de le
souhaiter, son application aux besoins
de la consommation et une initiative qui
sera l'occasion d'un nouveau mouvement
commercial : importation de matières
premières ici et exportation d'articles
manufacturés au-delà.
Gaston VALRAN.
-------.,.,., ,-
a PROPOS DE « LIVRES JAUNES »
Mon cher directeur,
Votre si clairvoyant et si ferme colla-
borateur, M. C. Fidel, nous dit, dans vo-
tre dernier numéro,que,s'il a eu connais-
sance du dernier- Livi-e jaune, c'est parce
que celui-ci lui « a été obligeamment
communiqué ».
C'est,en effet,une chose assez étrange:
à l'heure qu'il est, et comme si le « secret
des cabinets » était encore de la diplo-
matie, un citoyen français soucieux de
s'initier aux mystères de la politique ex-
térieure ne peut- 's.-
térieure ne peut (sauf s'il appartient à
une petite élite de privilégiés) connaître
les « documents diplomatiques » qu'à
travers le résumé, nécessairement et
parfois volontairement incomplet, du
Temps. A moins cependant qu'il ne trouve
le précieux volume sur les quais ; ce qui
prouve, soit dit en passant, le haut inté-
rêt qu'il inspire à quelques-uns de ceux
à qui il a été distribué.
Or, les « Livres jannes» ne constituent
pas seulement,à l'heure où ils paraissent,
des documents politiques de la plus hau-
te importance : ils sont destinés à ren-
trer très vite dans la catégorie des docu-
ments historiques ; et, comme tels, ils
devraient être mis libéralement à la dis-
position des historiens.
Tout dernièrement, la bibliothèquej
d'une Université française s'adressait
au quai d'Orsay,par l'intermédiaire de la
rue de Grsnelle, pour demandera rece-
voir à l'avenir les «documents diplomati-
ques ». Il semblait à cette Universitéque
des professeurs d'histoire,de géographie,
do droit international public, de législa-
tion coloniale, de droit commercial, d'é-
conomie politique,auraient pu les consul-
ter avec profit, - Le ministère répondit
gravement qu'il ne faisait tirer, en sus
des exemplaires réclamés par ses servi-
ces, que le nombre strictement néces-
saire au Parlement.
Mais, vraiment, à qui fera-t-on croire
qne le budget des Affaires étrangères
serait obéré si l'on ajoutait à ce tirage
une vingtaine ou une trentaine d'exem-
plaires destinés à être partagés entre les
bibliothèques universitairpti, trois ou
quatre bibliothèques parisiennes,cinq ou
six bibliothèques de villes ! Et peut-être
que les livres et les articles de revue qui
traitent des questions de politique étran-
gère y gagneraient en sérieux et en so-
lidité, ce qui serait tout bénéfice, non
seulement pour notre diplomatie, mais
pour la nation elle-même.
Aujourd'hui il faut bien qu'on se le
dise au quai d Orsay - « l'Etat, c'est
nous ». Les combinaisons diplomatiques
les mieux conçues ne peuvent réussir
que si l'opinion publique a été préparée
a les comprendre, à les faire siennes.
Et les hommes qui préparent la généra-
tion dedemain ne peuvent expliquer au
public l'action de notre diplomatie que
s'ils Ont lt! moyeu étudier le texte même
des dépèches et des instructions.
Richelieu lui-même ne dédaignait pas
de collaborer à la Galette. S'il vivait en
1906, il ordonnerait le dépôt des « livres
jannes », dans nos bibliothèques.
Croyez, mon cher directeur, à mes
meilleurs sentiments.
Henri IIACSER..
-.--- - -- ----.,..,,,,,,,,---'-
11 REPRÉSENTATION COLONIALE
AU SEMAT.
Le 7 janvier dernier, ont eu lieu les
élections pour le renouvellement des sé-
nateurs de la série B. Cette série com-
prend vingt-neuf département métropo-
litains, de la Haute-Garonne à l'Oise in-
clusivement, un département de l'Algé-
rie, celui de Constantine, et une colonie,
la Martinique.
Notre empire colonial est représenté
dans la Haute Assemblée par sept séna-
teurs, dont trois pour les départements
algériens et un pour chacune des colo-
nies de la Guadeloupe, de la Martinique,
de la Réunion et de l'Inde française. On
sait que, par une bizarre anomalie cons-
titutionnelle, la Guyane, le Sénégal et
la Cochinchine élisent des députés, mais
n'ont point de représentants au Sénat.
Depuis les élections sénatoriales qui
eurent lieu le 30 janvier 1870, il a été
procédé trois fois au renouvellement
des sénateurs appartenant à chaque sé-
rie. La série A qui comprend Alger ,la
Guadeloupe et la Réunion, a été succes-
sivement réélue en 18S5, en iKUi et en
1903. Oran et les Etablissements fran-
çais de l'Inde ont élu des sénateurs fai-
sant partie de la série C en 1885, 1801 et
1900.Quant à la série B qui comprend,
comme nous venons de le dire, Constan-
tine et la Martinique, elle a été renouve-
lée en 1879, 1888, 1897, et elle l'a été
pour la quatrième fois dimanche der-
nier,
Les sénateurs coloniaux sont élus par
un collège composé de la même façon
que celui qui est appelé à nommer les
sénateurs de la métropole. La loi du 2
août 1875 sur l'élection des sénateurs
édicté seulement, dans son article 11,
qu'en Algérie, le collège électoral se com-
pose des députés; des ZD membres citoyens
français du Conseil Général, et des dé-
légués élus par les membres citoyens
français de chaque Conseil municipal
parmi les électeurs citoyens français de
la commune. Il était évidemment'inutile
d'insister de la même façon sur la na-
tionalité des électeurs sénatoriaux pour
les autres colonies, car les hommes de
couleur y jouissent de:s mêmes droits po-
litiques que les blancs.
La loi du 9 décembre 1884, qui a sup-
primé les 75 sénateurs inamovibles créés
par la Constitution de 1875, intéresse
peu les colonies auxquelles elle n'a at-
tribué aucun nouveau siège. Nous la
mentionnons cependant pour rappeler
qu'elle a modifié légèrement la compo-
sition des collèges électoraux en dispo-
sant que chaque commune, aux colonies
comme dans la métropole, serait repré-
-- - - -
sentée par un ou plusieurs délégués,
proportionnellement au nombre de ses
conseillers municipaux, et non plus par
un seul délégué uniformément et quelle
que soit sa population. D'autre part, cet-
te loi de 1881 contient, dans son article
0, quelques dispositions relatives à l ln-
de française : elle substitue, comme élec-
teurs sénatoriaux, les membres des con-
seils locaux aux conseillers d'arrondis-
sement ; elle fixe le nombre des délégués
à 5 pour Pondichéry, à 3 pour Karikal
et à 2 pour chacune des autres villes ;
enfin, elle décide que le vote aura lieu
au chef-lieu de chacun des établissements
et non pas dans la capitale delà colonie.
Depuis trente an, les sept sièges sé-
natoriaux attribués aux colonies ont eu
ving-quatre titulaires. Les élus de 1876
étaient MM. Le Lièvre pour Alger, Po-
mel pour Oran, Lucet pour Constantine,
Desmazes pour la Martinique, le géné-
l'al vicomte de la Jaille pour la Guade-
loupe, Lazerve pour la Réunion, et le
comte Desbassyns de Richemont pour
l'Inde.
Ces premiers sénateurs coloniaux ont
eu pour successeurs : MM. Mauguin
et Gérente à Alger ; Jacques et Saint-
Germain à Oran ; Forcioli, Lesueur et
Treille à Constantine ; Michaux, Allègre
et Knightà la Martinique ; Isaac et Ci-
céron il la Guadeloupe ; Milhet-Fontara-
bie, Drouhet et Brunet à la Réunion ;
Jacques Ilébrard et J. Godin dans l'Inde.
R. D.
La Semaine Coloniale.
Les affaires marocaines.
L'incertitude continue à régner sur
le lieu et la date de la Conférence. Le
gouvernement impérial vient de publier
•'a Livre blanc destiné a combler de
prétendues «lacunes "du Livre jaune fran-
çais.
.l Le commandant Dyé, qui a accompli
receinment une intéressante mission hy-
drographique sur la côte marocaine, a
été attaqué avec ses campagnons à l'em-
bouchure du Scbou par des Beni-llassen;
l'agression paraît avoir été heureuse-
ment repollssée,
On signale une recrudescence d'acti-
vité du Prétendant du côté de la frontière
algérienne.
La France dans le Pacifique.
Une dépêche fantaisiste de San Fran-
cisco annonçant que les Etats-Unis au-
raient offert vingt millions à la France
pOlit' l'achat de Tahiti a reçu un prompt
démenti. Il s'agit vraisemblablement
d'un « ballon d'essai » : mais il est né-
cessaire de ne pas laisser s'accréditer
la possibilité d'un pareil renoncement.
La France, puissance mondiale, doit,
surtout en présence des efforts persévé-
rants de ses rivaux, maintenir sa si-
tuation sur tous les points du globe. En
outre, s'il est compréhensible que Ta-
hiti ait une grande importance pour les
Etats-Unis, surtout à la veille du perce-
ront du canal de Panama, cette ile a une
i ", njj'tauce non moins grande pour la
-iL de vue uo aes commu-
nications internationales, et il serait
t'mps d songer à relier nos îles de l'O-
céanie avec la métropole par un service
régulier de vapeurs français.
La situation budgétaire de l'indo-Chine.
M. Clémentel, ministre des colonies, a
reçu de M. Beau, gouverneur général de
l'Indo-Chine, un télégramme lui annon-
rant que la session du conseil supérieur
a été clôturée le 13 décembre, sans inci-
dent.
Durant cette session, le '- Jnseil supé-
rieur a arrêté le budget g.' néral de l'Indo-
Lhine et les budgets locaux des ci un
- - - - - -- --.- - 'J - - ''1
parties de l'Union, sur les bases indi-
quées par le ministre : un classement
plus rationnel des dépenses dans les
divers budgets a été adopté, et des éco-
nomies importantes demandées par le
département ont été réalisées sur les
dépenses du budget général ; celui-ci a
été arrêté à 3?,430,(>;)() piastres, au lieu
do 33,3;0,00<>. La piastre vaut actuelle-
ment 2 fr. 30.
,.) 0
Le budget Tunisien.
Les recettes prévues pour 1905 dans la
régence de Tunis sont évaluées au total
à34.033,441 fr., se répartissant comme
suit entre les divers chapitres du budget
en comparaison des recettes réalisées en
1004 :
Réalisées Prévues
en MJ04. pour 190S.
Recettes ordinaires. tr. fr.
Impôts directs et
taxes assimilées.. 10.007. Impots et revevus
indirects 13.320.808 10.407.900
Produits des mono-
poles et exploita-
tions industrielles
de l'état. ll.G57.735 8.955.700
Produit du domai-
ne de l'Etat.,., l.R'JG.SI-i 1.2Ï8.900
Produits divers. 1 .Ut2.509 1.40i.075
Totaux 38.745.168 30.124.575
Recettes exception-
nelles 7.354.958 4.508.800
Totaux 40.100.120 34.033.441
Quant aux dépenses, estimées à
70.084.278 fr. pour 1905, contre 47.785.50G
fr. en 1901, elles se répartissent comme
suit :
Effectuées Prévues
en 1904. pour 1905.
fr. fr.
Direction générale
des finances. 19.121.912 21.000.105
Postes et télégra-
phes 1.9 i9.246 2.150.834
Administ. générale. 4.1015.879 4.300.914
Agricult. et comm. 2.560.380 3 014.938
Enscignem. public. 1.286.047 1.397.500
Armée tunisienne.. 756.807 1.904.790
Travaux publics. 17.997. G30 30.883.070
Dépenses imprévues 360.000
Totaux 47.785.500 70.084.278
Une concession en Algérie,
La commission des travaux publics a
été saisie par le gouvernement d'un pro-
jet de loi tendant à approuver les con-
ventions passées entre le gouverneur gé-
néral de l'Algérie et la Société d'études
de l'Ouenza, formée par un consortium
de grandes usines européennes ayant
pour représentant M. Eugène SchnClder,
de la société du Creusot.
Le but de ces conventions est de con-
céder à la société les minières du Djebel
Ouenza, glte métallifère dont la puissan-
ce est évaluée de 25 à 30 millions de ton-
nes. La Société reçoit la concession du
chemin de fer de Bône au Djebel Ouenza
et de divers emplacements dans le port
de Bône.
La commission des travaux publics
vient d'écrire au ministre des travaux pu-
blics que la concession de la minière et
celle de divers emplacements dans le port
de Bône ne comportaient pas l'interven-
tion législative.
Quant à la concession de la ligne de
de chemin de fer, la commission a con-
sidéré qu'elle dépend de la solution que
recevra la première question. Or celle-ci
ayant donné lieu à un procès avec une
autre société déjà concessionnaire d'une
mine de fer et cuivre comprise dans le
périmètre de la minière,et ce procès n'é-
tant pas encore jugé, la commission a es-
timé que, pour ne pas confondre les pou-
voirs législatif et judiciaire,il y avait lieu,
en attendant, de renvoyer le dossier au
ministre des travaux publics.
La mission de M. A. Chevalier en
Afrique occidentale.
Le Journal d'agriculture tropicale pu-
blic une interview de M. Auguste Cheva-
lier,chargé par M. Roume d'une mission
de botanique agricole en Afrique occi-
dentale.
M. Chevalier signale tout particulière-
ment les orangers du Fouta Djalon. dont
les produits sont de telle nature qu'il y
aurait peu de chose à faire pour les in-
troduire sur le marché métropolitain.
A la Côte d'Ivoire, les plantations de
caoutchoutiers hévéa, faites il y a six ans
autour de la lagune de Dabou, donnent
d'excellentes promesses. Dans quelques
années, ce seront de grands arbres fo-
restiers, susceptibles de fournir les mê-
mes récoltes qu'à Ceylan.
M. Chevalier fait un très long séjour à
San Thomé.Cette colonie portugaise, où
l'on cultive intensivement le cacaoyer, le
caféier,le palmier à l'huile et le bananier,
doit être étudiée comme un grand jardin
d'essai où les essais auraient réussi.
La répression de l'esclavage dans
l'Afrique française.
M. Clémentel, ministre des colonies,
d'accord avec M. Chaumié, garde des
sceaux, présente à la signature du Pré-
dent de la République un décret qui frap-
pe, sous quelque forme qu'il se présente,
tout acte accompli avec 1 intention de dis-
poser de la liberté d'un individu, contrai-
rement à sa volonté.
La portée de ce décret est générale ; il
s'applique dans nos colonies et territoi-
res de l'Afrique occidentale française et
du Congo à tous les individus citoyens
français, sujets français et étrangers,
qu'ils aient directement ou indirectement
participé à un fait de traite.
La vente, l'achat d'un noir sur notre
territoire, l'introduction d'un individu
destiné à être vendu dans une de nos
possessions, seront frappés des peines
d'amende et de deux à cinq années d'em-
prisonnement.
Le décret ne supprimera pas les droits
acquis ; les indigènes possédant des cap-
tifs de case, c'est-à-dire nés dans la mai-
son, ne seront pas atteints, mais ils ne
pourront désormais acheter on vendre
d'esclaves ; de plus, il n'est pas question
de mettre obstacle aux formes actuelles
du mariage parmi ceux de nos sujets qui
sont polygames et qui achètent leurs fem-
mes.
La délimitation du Congo français et
du Cameroun.
La mission française envoyée à Mis-
soum-Missoum a quitté Brazzaville le 18
octobre et doit être arrivée actuellement
à N'djolo.
Le recrutement des administrateurs
coloniaux.
Un nouveau décret réorganise le mode
de recrutement des administrâtenrs
coloniaux.
Aux termes du décret organique du 6
avril 1900, le corps des administrateurs
coloniaux se recrute : 1" parmi les admi-
nistrateurs stagiaires brevetés de l'Ecole
coloniale ; 2" parmi les candidats pour-
vus de certains diplômes universitaires
et ayant subi avec succès les épreuves
d'un concours; 3° parmi les explorateurs,
les fonctionnaires des diverses adminis-
trations coloniales et les officiers des trou-
pes coloniales assimilés, réunissant cer-
taines conditions de services ou d'ancien
neté et qui ont suivi- à l'Ecole coloniale
des cours spéciaux, destinés à compléter
leurs connaissances générales.
Dorénavant,les candidats appartenant
aux deux premières catégories seront as-
treints, après leur admission, à un stage
d'une année aumoins. accompli dans une
colonie d'Afrique, sous les ordres d'un
fonctionnaire expérimenté.
A l'expiration de ce stage, et par déci-
sion ministérielle, ces élèves administra-
teurs seront définitivement admis dans
les cadres ou licenciés, si leur inaptilude
est reconnue.
En outre,le nombre des administrateurs
en chef sera augmenté.
L'enquête sur le Congo français.
La Commission du Congo dans son
rapporteouvre complètement M. Gentil
et son administration. Les actes de cruau-
té qui lui ont été reprochés sontcontrou-
vés. Pour ceux dont furent accusés divers
fonctionnaires et agents de Compagnies,
il a été démontré que le commissaire
général du Congo, manquant du person-
nel suflisant et des moyens financiers
nécessaires pour pouvoir être exactement
et rapidement informé, ne connut pas la
plupart d'entre eux ; il a sévi contre tous
les actes de barbarie qui lui furent révé-
lés. notamment l'affaire Gaud-Toqué,
dont il saisit immédiatement la justice
après avoir envoyé un rapport détaillé
au ministre.
La commission constate que les recet-
tes del'impôt sur les indigènes, comme
les recettes douanières, ont notablement
augmenté les transactions sont plus
fréquentes ; certaines concessions com-
mencent à donner de bons résultats. Ce-
pendant le rapport se montre défavora-
ble au régime des compagnies conces-
sionnaires.
La Commission demande que la colo-
nie, en raison de son étendue, soit divi -
sée en trois gouvernements: Moyen-Con-
go, Gabon, Oubanghi-Tchad, adminis-
trés par trois lieutenants-gouverneurs,
sous les ordres du commissaire général.
Si ce système d'administration est ac-
cepté, il faudrait quatre budgets ; trois
locaux, un pour chaque gouvernement,
et un budget de dépenses communes ou
générales. Le commissaire général, dé-
chargé ainsi de l'administration directedu
Moyen-Congo, pourrait exercer une sur-
veillance plus active et plus efficace sur
les trois colonies.
La commission propose d'augmenter
la subvention de la métropole, ce qui
permettrait à la colonie de gager un em-
prunt qui serait probablement de cent
millions.
La commission demande enfin que l'on
augmente beaucoup le personnel.
On dit que M. Gentil ne retournera pas
au Congo et qu'une compensation lui
sera offerte en France.
La situation extérieure.
A mesure que s'approche la conférence
d'Algeciras, définitivement fixée au 16
Janvier, les inquiétudes,au lieu de s'apai-
ser, se font de plus en plus vives. L'Alle-
magne, par l'organe de sa presse offi-
cieuse, refuse de reconnaître la situation
spéciale de la France au Maroc, et la
Magdeburgische Zeitung, définissant le
point de vue allemand dans un article
inspiré dont la franchise n'exclut pas la
brutalité, dit que tous les moyens devront
être employés pour empêcher l'attribu-
tion à la France de la direction de la po-
lice. Ce point de vue apparaît eonrhe
d'autant plus égoïste et négatif, que la
France est la seule puissance à même,par
son expérience musulmane, de faire ces-
ser un état d'anarchie préjudiciable à
toutes les nations. D'ailleurs dans cer-
tains milieux allemands on paraît entre-
tenir des doutes sur l'efficacité d'une po-
lice internationale : aussi préconise-t-on
la division du Maroc en un certain nom-
bre de zones, chaque puissance devant
être chargée de l'organisation de la po-
lice dans la zone qui lui serait attribuée ;
naturellement l'Allemagne aurait la ré-
gion de Mogador, bien qu'elle n'y ait au-
cun intérêt prépondérant : ce serait le
partage du Maroc,c'est-à-dire la pire de
toutes les solutions, et. nous ne doutons
pas que le gouvernement français ne s'y
oppose de toutes ses forces. Il est d'au-
tant plus fondé à persévérer dans son at-
titude à la fois ferme et modérée que l'ap-
pui de 1 Angleterre lui est assure, et que
l'Allemagne, par son attitude, s'aliène
toutes les sympathies.En effet l'Autriche,
l'Italie et les Etats-Uuis sont décidés à
soutenir à la conférence le principe de la
liberté commerciale,mais ne semblent pas
disposés à contester à la France la légiti-
mité de son influence au Maroc. Quant à
l'Espagne, sa conduite est dictée par ses
accords, et l'incident de la factorerie de
Mar Chica,dont le gouvernement français
se désintéresse complètement, n'est pas
de nature à altérer la cordialité des rela-
tions franco-espagnoles. Cependant,bien
que la conscience de son isolement et ses
intérêts bien entendus déconseillent à
l'Allemagne d'avoir recours à des me-
sures extrêmes, son intransigeance est
de nature à entrenir des appréhensions
que certaines manifestations oratoires
de l'empereur ne sont pas faites pour
calmer.
Les troubles dans le Maroc du Sud.
On signale de graves désordres dans
les environs de Marrakesh, la capitale
méridionale. La tribu de Rhamna s'est
soulevée à la suite de la nomination d'un
caïd impopulaire et pille la campagne en-
vironnante. On n'est pas sans inquiétude
pour le sort des huit ou dix Européens
qui résident dans la ville. La tribu de
Rhamna est considérable et a déjà donné
de sérieux embarras au maghzen en 1885.
La garnison de Marrakesh a fait une
sortie. Il y aurait eu un combat avec une
quinzaine de tués et blessés.
Les spécialistes marocains d'Allema-
gne prétendront-ils encore que le besoin
d'une police ne se fait nullement sentir,
surtout dans le Maroc du Sud ?
M Jonnart au Maroc.
M.Jonnart a terminé son voyage d'ins.
pection de nos postes de la région fron-
tière algéro-marocaine par une visite au
ksar marocain de Kenaasaoù il a eu une
entrevue avec le marabout Si-Brahim, et
avec Mahomed Ould Fakir,un des princi-
paux notables d'Ain Chair. Il est inutile
d'insister sur la haute opportunité d'un
pareil voyage à un pareil moment : l'heu-
reuse initiative de l'éminent gouverneur
général de l'Algérie exercera une in-
fluence inappréciable sur le rayonne.
ment de l'influence française dans les
oasis du hid Marocain.
Les manœuvres au Tonkin.
De grandes manœuvres ont eu lieu au
Tonkin entre les Sept Pagodes et lIait-
ziong, eu présence au général Voyron.
6,000 hommes y ont pris part. Le but de
ces manœuvres était d'expérimenter les
conditions de combat en plein delta, le
fonctionnement des services de l'arrière,
l'emploi de la cavalerie et du génie pour
franchir des cours d'eau.
Le général commandant supérieur es-
time que les résultats et l'enseignement
de ces manœuvres ont été satisfaisants.
PRIX
France : 20 'cent.
Etrangers Colonies : 40 cent.
JEUDI 11 JANVIER 1906.
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Les Annales Coloniales
Tous les mandats doivent être adressés av. nom
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tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef.
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Paraissant tous les Jeudis
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ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr.
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LES FIBRES ALGERIENNES
-
Les fibres algériennes peuvent inté-
resser l'industrie suisse à deux points de
vue : pour la fabrication du papier, pour
la corderie.
De ces fibres, la plus importante, c'est
l'alfa : elle est susceptible des emplois les
plus divers. Elle peut entrer dans la
préparation de la pâte à papier, elle peut
être utilisée dans la confection des liens.
Peut-être même son usage pourait-il être
étendu à des ouvrage de tresses, nattes,
paniers, chaussures.
Pour être complet, il conviendrait d'a-
jouter à l'alfa : le lin, le crin végétal, l'a-
loès, la ramie, 1P - ')ton. En l'état actuel
de la productioii ou de la concurrence,
ces fibres ne sont pas obtenues avec un
rendement suffisant pour attirer l'atten-
tion des importations suisses.
On ne peut évaluer qu'à 1.500 hectares
la superficie des semis cultivés en lin,
soit 860 pour Oran, 584 pour Alger .D'ail-
leurs,l'Européen,qui détient cette culture
pour ainsi dire à l'exclusion de l'indi-
gène, ne paraît guère rechercher que la
graine.
Le crin végétal est le filament obtenu
par le palmier, il n'est que depuis peu
employé par l'industrie. Il mènerait
l'attention. L'Algérie en a exporté en VMO
32.000 quintaux, les 2/3 en provenance
de l'Oranie. S'il pouvait répondre aux
mêmes besoins que le crin animal, l'ex-
portation trouverait en Algérie une sour-
ce considérable d'approvisionnement.
On sait que dans l'Afrique française du
Nord, Algérie et Tunisie, le palmier
pousse à l'état naturel. Il y a, disait M
Aubert dans les Notes économiques, deux
qualités de crin végétal. La meilleure sert
à faire des cordages ou des liens hns.
o, L'autre est dressée en torons, lesquels
sont mis en balles pour l'exportation et
employés dans l'ameublement, la bourel-
lerie, la carrosserie Ja tapisserie, etc. Les
Indigènes vendent les feuilles de. palmier
, nain de 0 fr. 50 à 1 fr. le quintal a l'in-
térieur, 1 fr. 25 à 1 fr. 50 sur le marché
d'Oran. Pendant les 8 premiers mois de
l'année 1905, d'après la statistique pu-
bliée par la Chambre de commerce d Ai-
ger, la quantité exportée de l'Algérie a été
au total de 289.370 quintaux, pour une
valeur de 2.830.000 francs, soit environ
10 fr. le quintal. 234 698 quintaux étaient
destinés à l'étranger etaux colonies fran-
çaises ; 83.000 quintaux ont été expédiés
d'Alger. Les principaux centres de pro-
duction sont aux environs d'Oran, dans
la plaine: la fibre de M'iéta (Ain el Arba
Hamroam-bou-Adjar) ; Lourmel, Ain Te-
mouchent, Bel Abbès, pour Alger El Af-
froun, AtTreville, etBordj-MiuaéeienKa-
bylie. La région de Constantine s'occupe
encore peu du crin végétal.
Les fibres d'aloès ne sont encore 1 objet
que d'expérience. La ramie ne donne lieu
qu'à des essais timides, toujours arrêtée
dans son développement par la difiiculté
de ladécortication. Le rendement en tiges
a été de200 quintaux en 1903, ils ont été
obtenus à Alger. Le coton est depuis 1900
l'objet d'une reprise qui de tous points
méritera d'être suivie par les filateurs eu-
ropéens toujours menacés par le péril
américain. Les observations recueillies
par l'Association cotonnière française au
cours de ses campagnes de 1904 et de
lWaVautorisent à fonder les plus légi-
times espérances sur 1 avenir de la cul-
ture cotonnière en Algérie. Cette der-
nière année a été marquée par un ren-
dement de 300 tonnes. On se préoccupe de
mettre en valeur la vallée du Chélilf.
Pour encourager ces initiatives, les dé-
légations financières ont voté à cette cul-
ture une subvention de 10.000 francs.
Seul, en l'état actuel de la production
algérienne des fibres textiles, l'alfa est
obtenu en quantité assez considérable et
avec un rendement assez continu pour
nourrir un important courant d'affaires.
D'après M. Auber (d'Oran), dont l'in-
formation est sûre, la critique judicieuse,
on peut évaluer à 5 millions d'hectares
la superficie qui est occupée par l'alfa en
Algérie.
L'aire de cette culture est adossée au
plateau, regardant vers le sud; sa station
de préférence est l'Oranie. C'est là que
s'étend, moutonnant en ondes verdoyan-
tes et frissonnantes, la u mer d'Alfa a.
Que l'on se représente une nappe continue
de 400 kilom. de long sur 170 kilom. de
large ; cette immense plaine est bordée
au nord par le Tell, à l'ouest par le Ma-
roc, au sud par la chaîne saharienne ; à
l'est elle se profile vers la région méri-
dionale d'Alger. Elle reparaitra d'ail-
leurs dans le Sud-Tunisien.
La cueillette, si l'on procède en se
conformant aux conditions normales, se
1
fait de juin à octobre. C'est la seule sai-
son propice. Dans cette partie de l'an-
née, la fibre est parvenue à son degré de
maturité parfaite ; elle se sèche, elle
se détache, elle se déboîte de son pied
sans déchirure, sans arrachage; la racine
est respectée, la cueillette suivante est
assurée. Hâterait-on la cueillette, pren-
drait-on le brin vert, ce serait non cueil.
lir, mais arracher; l'arrachage prématuré
serait, des expériences l'ont déjà montré,
la ruine même de la plantation. Pénétré
de l'imminence de ce danger, le Gouver-
nement général a même dû prendre, dès
1888, des précautions; en 1902, le Conseil
général d'Oran a insisté de toute son
énergie pour que l'on veillât par toute
mesure de protection à la défense, à la
conservation du précieux textile. Cette
intervention des pouvoirs publics est d'ail-
leurs dans l'intérêt même de l'indigène
et de l'Européen : l'alfa assure à la main-
d'œuvre arabe un salaire d'été d'autant
plus appréciable que dès lors elle n'est
plus sollicitée par les travaux de la mois-
son et qu'elle ne l'est pas encore pour ceux
de la vendange. Quant à l'Européen,
c'est pour lui une branche de commerce
- - - -
qui ne peut que se développer lorsque,
plus et mieux connu,l'all'a pourra se diri-
ger vers des débouchés plus larges et plus
variés.
Mûr et sec, après la cueillette l'alfa
est trié. Les tiges sont assemblées en bot-
tes ; ces bottes réduites en balles sont
comprimées en blocs de 140 à 150 kg. Cette
opération se fait aujourd'hui non plus à
Saïda, en pleine mer d'Alfa, mais de pré-
férence à Arzew, à Oran, dans les ports
au bord de la grande mer bleue, ce che-
min qui marche, la route d'exporta-
tion.
Un hectare d'alfa produit environ 10
quintaux d'alfa sec et trié, le quintal se
vend à Oran de 4 à 8 francs.
La principale exploitation était aux
mains d'une compagnie franco-algérienne:
elle avait obtenu, pour la région de Moz-
bat à Maroum,une concession privilégiée
sous condition détablir une voie ferrée.
Aujourd'hui,cette concession est partagée
par suite d'accords particuliers entre la
Compagnie et des sous-traitants en plu-
sieurs exploitations.
L'Algérie a exporté en 1S93921.7&! quin-
taux d'alfa ; elle a en 19 K) dépassé 1 mil-
lion de quintaux. L'année 1933 a été
marquée par un ralentissement : l'expor-
tation a descendu à 749.000 quintaux, pour
une valeur de 5.775.000 francs.La majeure
partie de cette exportation 1727.000 quin-
taux) est dirigée vers l'Etranger. La
Grande Bretagne est, pour ce produit, le
principal client de l'Algérie. Pendant les
trois premiers mois de l'année 1905, l'ex-
portation a été de 551.000 quintaux pour
une valeur de 4.223,000 francs. La Tuni-
sie, la Tripolitaine, le Maroc, l'Espagne
même peuvent faire concurrence à l'Al-
gérie.
L'industrie suisse trouvera-t-elle dans
les fibres algériennes une matière pre-
mière intéressante ? C'est une question
à poser. A consulter le rapport annuel
du département fédéral des douanes sur
la statistique du commerce suisse en 1904,
il n'apparaît pas que l'alfa soit l'objet
d'une consommation appréciable. Cette
fibre n'est mentionnée dans aucune no-
menclature de produits manufacturés.
Peut-être méritera-t-elle l'attention de nos
lecteurs, et son étude, poursuivie par un
industriel, suggérera, il est permis de le
souhaiter, son application aux besoins
de la consommation et une initiative qui
sera l'occasion d'un nouveau mouvement
commercial : importation de matières
premières ici et exportation d'articles
manufacturés au-delà.
Gaston VALRAN.
-------.,.,., ,-
a PROPOS DE « LIVRES JAUNES »
Mon cher directeur,
Votre si clairvoyant et si ferme colla-
borateur, M. C. Fidel, nous dit, dans vo-
tre dernier numéro,que,s'il a eu connais-
sance du dernier- Livi-e jaune, c'est parce
que celui-ci lui « a été obligeamment
communiqué ».
C'est,en effet,une chose assez étrange:
à l'heure qu'il est, et comme si le « secret
des cabinets » était encore de la diplo-
matie, un citoyen français soucieux de
s'initier aux mystères de la politique ex-
térieure ne peut- 's.-
térieure ne peut (sauf s'il appartient à
une petite élite de privilégiés) connaître
les « documents diplomatiques » qu'à
travers le résumé, nécessairement et
parfois volontairement incomplet, du
Temps. A moins cependant qu'il ne trouve
le précieux volume sur les quais ; ce qui
prouve, soit dit en passant, le haut inté-
rêt qu'il inspire à quelques-uns de ceux
à qui il a été distribué.
Or, les « Livres jannes» ne constituent
pas seulement,à l'heure où ils paraissent,
des documents politiques de la plus hau-
te importance : ils sont destinés à ren-
trer très vite dans la catégorie des docu-
ments historiques ; et, comme tels, ils
devraient être mis libéralement à la dis-
position des historiens.
Tout dernièrement, la bibliothèquej
d'une Université française s'adressait
au quai d'Orsay,par l'intermédiaire de la
rue de Grsnelle, pour demandera rece-
voir à l'avenir les «documents diplomati-
ques ». Il semblait à cette Universitéque
des professeurs d'histoire,de géographie,
do droit international public, de législa-
tion coloniale, de droit commercial, d'é-
conomie politique,auraient pu les consul-
ter avec profit, - Le ministère répondit
gravement qu'il ne faisait tirer, en sus
des exemplaires réclamés par ses servi-
ces, que le nombre strictement néces-
saire au Parlement.
Mais, vraiment, à qui fera-t-on croire
qne le budget des Affaires étrangères
serait obéré si l'on ajoutait à ce tirage
une vingtaine ou une trentaine d'exem-
plaires destinés à être partagés entre les
bibliothèques universitairpti, trois ou
quatre bibliothèques parisiennes,cinq ou
six bibliothèques de villes ! Et peut-être
que les livres et les articles de revue qui
traitent des questions de politique étran-
gère y gagneraient en sérieux et en so-
lidité, ce qui serait tout bénéfice, non
seulement pour notre diplomatie, mais
pour la nation elle-même.
Aujourd'hui il faut bien qu'on se le
dise au quai d Orsay - « l'Etat, c'est
nous ». Les combinaisons diplomatiques
les mieux conçues ne peuvent réussir
que si l'opinion publique a été préparée
a les comprendre, à les faire siennes.
Et les hommes qui préparent la généra-
tion dedemain ne peuvent expliquer au
public l'action de notre diplomatie que
s'ils Ont lt! moyeu étudier le texte même
des dépèches et des instructions.
Richelieu lui-même ne dédaignait pas
de collaborer à la Galette. S'il vivait en
1906, il ordonnerait le dépôt des « livres
jannes », dans nos bibliothèques.
Croyez, mon cher directeur, à mes
meilleurs sentiments.
Henri IIACSER..
-.--- - -- ----.,..,,,,,,,,---'-
11 REPRÉSENTATION COLONIALE
AU SEMAT.
Le 7 janvier dernier, ont eu lieu les
élections pour le renouvellement des sé-
nateurs de la série B. Cette série com-
prend vingt-neuf département métropo-
litains, de la Haute-Garonne à l'Oise in-
clusivement, un département de l'Algé-
rie, celui de Constantine, et une colonie,
la Martinique.
Notre empire colonial est représenté
dans la Haute Assemblée par sept séna-
teurs, dont trois pour les départements
algériens et un pour chacune des colo-
nies de la Guadeloupe, de la Martinique,
de la Réunion et de l'Inde française. On
sait que, par une bizarre anomalie cons-
titutionnelle, la Guyane, le Sénégal et
la Cochinchine élisent des députés, mais
n'ont point de représentants au Sénat.
Depuis les élections sénatoriales qui
eurent lieu le 30 janvier 1870, il a été
procédé trois fois au renouvellement
des sénateurs appartenant à chaque sé-
rie. La série A qui comprend Alger ,la
Guadeloupe et la Réunion, a été succes-
sivement réélue en 18S5, en iKUi et en
1903. Oran et les Etablissements fran-
çais de l'Inde ont élu des sénateurs fai-
sant partie de la série C en 1885, 1801 et
1900.Quant à la série B qui comprend,
comme nous venons de le dire, Constan-
tine et la Martinique, elle a été renouve-
lée en 1879, 1888, 1897, et elle l'a été
pour la quatrième fois dimanche der-
nier,
Les sénateurs coloniaux sont élus par
un collège composé de la même façon
que celui qui est appelé à nommer les
sénateurs de la métropole. La loi du 2
août 1875 sur l'élection des sénateurs
édicté seulement, dans son article 11,
qu'en Algérie, le collège électoral se com-
pose des députés; des ZD membres citoyens
français du Conseil Général, et des dé-
légués élus par les membres citoyens
français de chaque Conseil municipal
parmi les électeurs citoyens français de
la commune. Il était évidemment'inutile
d'insister de la même façon sur la na-
tionalité des électeurs sénatoriaux pour
les autres colonies, car les hommes de
couleur y jouissent de:s mêmes droits po-
litiques que les blancs.
La loi du 9 décembre 1884, qui a sup-
primé les 75 sénateurs inamovibles créés
par la Constitution de 1875, intéresse
peu les colonies auxquelles elle n'a at-
tribué aucun nouveau siège. Nous la
mentionnons cependant pour rappeler
qu'elle a modifié légèrement la compo-
sition des collèges électoraux en dispo-
sant que chaque commune, aux colonies
comme dans la métropole, serait repré-
-- - - -
sentée par un ou plusieurs délégués,
proportionnellement au nombre de ses
conseillers municipaux, et non plus par
un seul délégué uniformément et quelle
que soit sa population. D'autre part, cet-
te loi de 1881 contient, dans son article
0, quelques dispositions relatives à l ln-
de française : elle substitue, comme élec-
teurs sénatoriaux, les membres des con-
seils locaux aux conseillers d'arrondis-
sement ; elle fixe le nombre des délégués
à 5 pour Pondichéry, à 3 pour Karikal
et à 2 pour chacune des autres villes ;
enfin, elle décide que le vote aura lieu
au chef-lieu de chacun des établissements
et non pas dans la capitale delà colonie.
Depuis trente an, les sept sièges sé-
natoriaux attribués aux colonies ont eu
ving-quatre titulaires. Les élus de 1876
étaient MM. Le Lièvre pour Alger, Po-
mel pour Oran, Lucet pour Constantine,
Desmazes pour la Martinique, le géné-
l'al vicomte de la Jaille pour la Guade-
loupe, Lazerve pour la Réunion, et le
comte Desbassyns de Richemont pour
l'Inde.
Ces premiers sénateurs coloniaux ont
eu pour successeurs : MM. Mauguin
et Gérente à Alger ; Jacques et Saint-
Germain à Oran ; Forcioli, Lesueur et
Treille à Constantine ; Michaux, Allègre
et Knightà la Martinique ; Isaac et Ci-
céron il la Guadeloupe ; Milhet-Fontara-
bie, Drouhet et Brunet à la Réunion ;
Jacques Ilébrard et J. Godin dans l'Inde.
R. D.
La Semaine Coloniale.
Les affaires marocaines.
L'incertitude continue à régner sur
le lieu et la date de la Conférence. Le
gouvernement impérial vient de publier
•'a Livre blanc destiné a combler de
prétendues «lacunes "du Livre jaune fran-
çais.
.l Le commandant Dyé, qui a accompli
receinment une intéressante mission hy-
drographique sur la côte marocaine, a
été attaqué avec ses campagnons à l'em-
bouchure du Scbou par des Beni-llassen;
l'agression paraît avoir été heureuse-
ment repollssée,
On signale une recrudescence d'acti-
vité du Prétendant du côté de la frontière
algérienne.
La France dans le Pacifique.
Une dépêche fantaisiste de San Fran-
cisco annonçant que les Etats-Unis au-
raient offert vingt millions à la France
pOlit' l'achat de Tahiti a reçu un prompt
démenti. Il s'agit vraisemblablement
d'un « ballon d'essai » : mais il est né-
cessaire de ne pas laisser s'accréditer
la possibilité d'un pareil renoncement.
La France, puissance mondiale, doit,
surtout en présence des efforts persévé-
rants de ses rivaux, maintenir sa si-
tuation sur tous les points du globe. En
outre, s'il est compréhensible que Ta-
hiti ait une grande importance pour les
Etats-Unis, surtout à la veille du perce-
ront du canal de Panama, cette ile a une
i ", njj'tauce non moins grande pour la
-iL de vue uo aes commu-
nications internationales, et il serait
t'mps d songer à relier nos îles de l'O-
céanie avec la métropole par un service
régulier de vapeurs français.
La situation budgétaire de l'indo-Chine.
M. Clémentel, ministre des colonies, a
reçu de M. Beau, gouverneur général de
l'Indo-Chine, un télégramme lui annon-
rant que la session du conseil supérieur
a été clôturée le 13 décembre, sans inci-
dent.
Durant cette session, le '- Jnseil supé-
rieur a arrêté le budget g.' néral de l'Indo-
Lhine et les budgets locaux des ci un
- - - - - -- --.- - 'J - - ''1
parties de l'Union, sur les bases indi-
quées par le ministre : un classement
plus rationnel des dépenses dans les
divers budgets a été adopté, et des éco-
nomies importantes demandées par le
département ont été réalisées sur les
dépenses du budget général ; celui-ci a
été arrêté à 3?,430,(>;)() piastres, au lieu
do 33,3;0,00<>. La piastre vaut actuelle-
ment 2 fr. 30.
,.) 0
Le budget Tunisien.
Les recettes prévues pour 1905 dans la
régence de Tunis sont évaluées au total
à34.033,441 fr., se répartissant comme
suit entre les divers chapitres du budget
en comparaison des recettes réalisées en
1004 :
Réalisées Prévues
en MJ04. pour 190S.
Recettes ordinaires. tr. fr.
Impôts directs et
taxes assimilées.. 10.007.
indirects 13.320.808 10.407.900
Produits des mono-
poles et exploita-
tions industrielles
de l'état. ll.G57.735 8.955.700
Produit du domai-
ne de l'Etat.,., l.R'JG.SI-i 1.2Ï8.900
Produits divers. 1 .Ut2.509 1.40i.075
Totaux 38.745.168 30.124.575
Recettes exception-
nelles 7.354.958 4.508.800
Totaux 40.100.120 34.033.441
Quant aux dépenses, estimées à
70.084.278 fr. pour 1905, contre 47.785.50G
fr. en 1901, elles se répartissent comme
suit :
Effectuées Prévues
en 1904. pour 1905.
fr. fr.
Direction générale
des finances. 19.121.912 21.000.105
Postes et télégra-
phes 1.9 i9.246 2.150.834
Administ. générale. 4.1015.879 4.300.914
Agricult. et comm. 2.560.380 3 014.938
Enscignem. public. 1.286.047 1.397.500
Armée tunisienne.. 756.807 1.904.790
Travaux publics. 17.997. G30 30.883.070
Dépenses imprévues 360.000
Totaux 47.785.500 70.084.278
Une concession en Algérie,
La commission des travaux publics a
été saisie par le gouvernement d'un pro-
jet de loi tendant à approuver les con-
ventions passées entre le gouverneur gé-
néral de l'Algérie et la Société d'études
de l'Ouenza, formée par un consortium
de grandes usines européennes ayant
pour représentant M. Eugène SchnClder,
de la société du Creusot.
Le but de ces conventions est de con-
céder à la société les minières du Djebel
Ouenza, glte métallifère dont la puissan-
ce est évaluée de 25 à 30 millions de ton-
nes. La Société reçoit la concession du
chemin de fer de Bône au Djebel Ouenza
et de divers emplacements dans le port
de Bône.
La commission des travaux publics
vient d'écrire au ministre des travaux pu-
blics que la concession de la minière et
celle de divers emplacements dans le port
de Bône ne comportaient pas l'interven-
tion législative.
Quant à la concession de la ligne de
de chemin de fer, la commission a con-
sidéré qu'elle dépend de la solution que
recevra la première question. Or celle-ci
ayant donné lieu à un procès avec une
autre société déjà concessionnaire d'une
mine de fer et cuivre comprise dans le
périmètre de la minière,et ce procès n'é-
tant pas encore jugé, la commission a es-
timé que, pour ne pas confondre les pou-
voirs législatif et judiciaire,il y avait lieu,
en attendant, de renvoyer le dossier au
ministre des travaux publics.
La mission de M. A. Chevalier en
Afrique occidentale.
Le Journal d'agriculture tropicale pu-
blic une interview de M. Auguste Cheva-
lier,chargé par M. Roume d'une mission
de botanique agricole en Afrique occi-
dentale.
M. Chevalier signale tout particulière-
ment les orangers du Fouta Djalon. dont
les produits sont de telle nature qu'il y
aurait peu de chose à faire pour les in-
troduire sur le marché métropolitain.
A la Côte d'Ivoire, les plantations de
caoutchoutiers hévéa, faites il y a six ans
autour de la lagune de Dabou, donnent
d'excellentes promesses. Dans quelques
années, ce seront de grands arbres fo-
restiers, susceptibles de fournir les mê-
mes récoltes qu'à Ceylan.
M. Chevalier fait un très long séjour à
San Thomé.Cette colonie portugaise, où
l'on cultive intensivement le cacaoyer, le
caféier,le palmier à l'huile et le bananier,
doit être étudiée comme un grand jardin
d'essai où les essais auraient réussi.
La répression de l'esclavage dans
l'Afrique française.
M. Clémentel, ministre des colonies,
d'accord avec M. Chaumié, garde des
sceaux, présente à la signature du Pré-
dent de la République un décret qui frap-
pe, sous quelque forme qu'il se présente,
tout acte accompli avec 1 intention de dis-
poser de la liberté d'un individu, contrai-
rement à sa volonté.
La portée de ce décret est générale ; il
s'applique dans nos colonies et territoi-
res de l'Afrique occidentale française et
du Congo à tous les individus citoyens
français, sujets français et étrangers,
qu'ils aient directement ou indirectement
participé à un fait de traite.
La vente, l'achat d'un noir sur notre
territoire, l'introduction d'un individu
destiné à être vendu dans une de nos
possessions, seront frappés des peines
d'amende et de deux à cinq années d'em-
prisonnement.
Le décret ne supprimera pas les droits
acquis ; les indigènes possédant des cap-
tifs de case, c'est-à-dire nés dans la mai-
son, ne seront pas atteints, mais ils ne
pourront désormais acheter on vendre
d'esclaves ; de plus, il n'est pas question
de mettre obstacle aux formes actuelles
du mariage parmi ceux de nos sujets qui
sont polygames et qui achètent leurs fem-
mes.
La délimitation du Congo français et
du Cameroun.
La mission française envoyée à Mis-
soum-Missoum a quitté Brazzaville le 18
octobre et doit être arrivée actuellement
à N'djolo.
Le recrutement des administrateurs
coloniaux.
Un nouveau décret réorganise le mode
de recrutement des administrâtenrs
coloniaux.
Aux termes du décret organique du 6
avril 1900, le corps des administrateurs
coloniaux se recrute : 1" parmi les admi-
nistrateurs stagiaires brevetés de l'Ecole
coloniale ; 2" parmi les candidats pour-
vus de certains diplômes universitaires
et ayant subi avec succès les épreuves
d'un concours; 3° parmi les explorateurs,
les fonctionnaires des diverses adminis-
trations coloniales et les officiers des trou-
pes coloniales assimilés, réunissant cer-
taines conditions de services ou d'ancien
neté et qui ont suivi- à l'Ecole coloniale
des cours spéciaux, destinés à compléter
leurs connaissances générales.
Dorénavant,les candidats appartenant
aux deux premières catégories seront as-
treints, après leur admission, à un stage
d'une année aumoins. accompli dans une
colonie d'Afrique, sous les ordres d'un
fonctionnaire expérimenté.
A l'expiration de ce stage, et par déci-
sion ministérielle, ces élèves administra-
teurs seront définitivement admis dans
les cadres ou licenciés, si leur inaptilude
est reconnue.
En outre,le nombre des administrateurs
en chef sera augmenté.
L'enquête sur le Congo français.
La Commission du Congo dans son
rapporteouvre complètement M. Gentil
et son administration. Les actes de cruau-
té qui lui ont été reprochés sontcontrou-
vés. Pour ceux dont furent accusés divers
fonctionnaires et agents de Compagnies,
il a été démontré que le commissaire
général du Congo, manquant du person-
nel suflisant et des moyens financiers
nécessaires pour pouvoir être exactement
et rapidement informé, ne connut pas la
plupart d'entre eux ; il a sévi contre tous
les actes de barbarie qui lui furent révé-
lés. notamment l'affaire Gaud-Toqué,
dont il saisit immédiatement la justice
après avoir envoyé un rapport détaillé
au ministre.
La commission constate que les recet-
tes del'impôt sur les indigènes, comme
les recettes douanières, ont notablement
augmenté les transactions sont plus
fréquentes ; certaines concessions com-
mencent à donner de bons résultats. Ce-
pendant le rapport se montre défavora-
ble au régime des compagnies conces-
sionnaires.
La Commission demande que la colo-
nie, en raison de son étendue, soit divi -
sée en trois gouvernements: Moyen-Con-
go, Gabon, Oubanghi-Tchad, adminis-
trés par trois lieutenants-gouverneurs,
sous les ordres du commissaire général.
Si ce système d'administration est ac-
cepté, il faudrait quatre budgets ; trois
locaux, un pour chaque gouvernement,
et un budget de dépenses communes ou
générales. Le commissaire général, dé-
chargé ainsi de l'administration directedu
Moyen-Congo, pourrait exercer une sur-
veillance plus active et plus efficace sur
les trois colonies.
La commission propose d'augmenter
la subvention de la métropole, ce qui
permettrait à la colonie de gager un em-
prunt qui serait probablement de cent
millions.
La commission demande enfin que l'on
augmente beaucoup le personnel.
On dit que M. Gentil ne retournera pas
au Congo et qu'une compensation lui
sera offerte en France.
La situation extérieure.
A mesure que s'approche la conférence
d'Algeciras, définitivement fixée au 16
Janvier, les inquiétudes,au lieu de s'apai-
ser, se font de plus en plus vives. L'Alle-
magne, par l'organe de sa presse offi-
cieuse, refuse de reconnaître la situation
spéciale de la France au Maroc, et la
Magdeburgische Zeitung, définissant le
point de vue allemand dans un article
inspiré dont la franchise n'exclut pas la
brutalité, dit que tous les moyens devront
être employés pour empêcher l'attribu-
tion à la France de la direction de la po-
lice. Ce point de vue apparaît eonrhe
d'autant plus égoïste et négatif, que la
France est la seule puissance à même,par
son expérience musulmane, de faire ces-
ser un état d'anarchie préjudiciable à
toutes les nations. D'ailleurs dans cer-
tains milieux allemands on paraît entre-
tenir des doutes sur l'efficacité d'une po-
lice internationale : aussi préconise-t-on
la division du Maroc en un certain nom-
bre de zones, chaque puissance devant
être chargée de l'organisation de la po-
lice dans la zone qui lui serait attribuée ;
naturellement l'Allemagne aurait la ré-
gion de Mogador, bien qu'elle n'y ait au-
cun intérêt prépondérant : ce serait le
partage du Maroc,c'est-à-dire la pire de
toutes les solutions, et. nous ne doutons
pas que le gouvernement français ne s'y
oppose de toutes ses forces. Il est d'au-
tant plus fondé à persévérer dans son at-
titude à la fois ferme et modérée que l'ap-
pui de 1 Angleterre lui est assure, et que
l'Allemagne, par son attitude, s'aliène
toutes les sympathies.En effet l'Autriche,
l'Italie et les Etats-Uuis sont décidés à
soutenir à la conférence le principe de la
liberté commerciale,mais ne semblent pas
disposés à contester à la France la légiti-
mité de son influence au Maroc. Quant à
l'Espagne, sa conduite est dictée par ses
accords, et l'incident de la factorerie de
Mar Chica,dont le gouvernement français
se désintéresse complètement, n'est pas
de nature à altérer la cordialité des rela-
tions franco-espagnoles. Cependant,bien
que la conscience de son isolement et ses
intérêts bien entendus déconseillent à
l'Allemagne d'avoir recours à des me-
sures extrêmes, son intransigeance est
de nature à entrenir des appréhensions
que certaines manifestations oratoires
de l'empereur ne sont pas faites pour
calmer.
Les troubles dans le Maroc du Sud.
On signale de graves désordres dans
les environs de Marrakesh, la capitale
méridionale. La tribu de Rhamna s'est
soulevée à la suite de la nomination d'un
caïd impopulaire et pille la campagne en-
vironnante. On n'est pas sans inquiétude
pour le sort des huit ou dix Européens
qui résident dans la ville. La tribu de
Rhamna est considérable et a déjà donné
de sérieux embarras au maghzen en 1885.
La garnison de Marrakesh a fait une
sortie. Il y aurait eu un combat avec une
quinzaine de tués et blessés.
Les spécialistes marocains d'Allema-
gne prétendront-ils encore que le besoin
d'une police ne se fait nullement sentir,
surtout dans le Maroc du Sud ?
M Jonnart au Maroc.
M.Jonnart a terminé son voyage d'ins.
pection de nos postes de la région fron-
tière algéro-marocaine par une visite au
ksar marocain de Kenaasaoù il a eu une
entrevue avec le marabout Si-Brahim, et
avec Mahomed Ould Fakir,un des princi-
paux notables d'Ain Chair. Il est inutile
d'insister sur la haute opportunité d'un
pareil voyage à un pareil moment : l'heu-
reuse initiative de l'éminent gouverneur
général de l'Algérie exercera une in-
fluence inappréciable sur le rayonne.
ment de l'influence française dans les
oasis du hid Marocain.
Les manœuvres au Tonkin.
De grandes manœuvres ont eu lieu au
Tonkin entre les Sept Pagodes et lIait-
ziong, eu présence au général Voyron.
6,000 hommes y ont pris part. Le but de
ces manœuvres était d'expérimenter les
conditions de combat en plein delta, le
fonctionnement des services de l'arrière,
l'emploi de la cavalerie et du génie pour
franchir des cours d'eau.
Le général commandant supérieur es-
time que les résultats et l'enseignement
de ces manœuvres ont été satisfaisants.
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