Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1911-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1911 01 janvier 1911
Description : 1911/01/01 (A21,N1)-1911/12/31 (A21,N12). 1911/01/01 (A21,N1)-1911/12/31 (A21,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9808610p
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/12/2017
- Aller à la page de la table des matières3
- SOMMAIRE
- Vingt et unième Année - N° 1
- .......... Page(s) .......... 3
- .......... Page(s) .......... 6
- .......... Page(s) .......... 7
- .......... Page(s) .......... 19
- .......... Page(s) .......... 21
- .......... Page(s) .......... 26
- .......... Page(s) .......... 29
- .......... Page(s) .......... 32
- .......... Page(s) .......... 42
- .......... Page(s) .......... 45
- .......... Page(s) .......... 47
- .......... Page(s) .......... 47
- Vingt et unième Année - N° 2
- .......... Page(s) .......... 49
- .......... Page(s) .......... 51
- .......... Page(s) .......... 53
- .......... Page(s) .......... 53
- .......... Page(s) .......... 56
- .......... Page(s) .......... 57
- .......... Page(s) .......... 63
- .......... Page(s) .......... 66
- .......... Page(s) .......... 73
- .......... Page(s) .......... 74
- .......... Page(s) .......... 76
- .......... Page(s) .......... 79
- .......... Page(s) .......... 79
- Sommaire du Supplément n° 2
- Vingt et unième Année - N° 3
- .......... Page(s) .......... 81
- .......... Page(s) .......... 84
- .......... Page(s) .......... 88
- .......... Page(s) .......... 92
- .......... Page(s) .......... 93
- .......... Page(s) .......... 95
- Le réveil de l'Afrique équatoriale française
- Algérie: La démission de M. Jonnart. - Un vœu des Chambres de Commerce d'Algérie. - Incidents universitaires à Alger. - La situation économique des Hauts-Plateaux. - Sur les contins marocains
- .......... Page(s) .......... 114
- .......... Page(s) .......... 115
- .......... Page(s) .......... 116
- .......... Page(s) .......... 119
- .......... Page(s) .......... 120
- Vingt et unième Année - N° 4
- .......... Page(s) .......... 121
- .......... Page(s) .......... 129
- .......... Page(s) .......... 130
- .......... Page(s) .......... 134
- .......... Page(s) .......... 137
- .......... Page(s) .......... 143
- .......... Page(s) .......... 148
- .......... Page(s) .......... 151
- .......... Page(s) .......... 151
- .......... Page(s) .......... 154
- .......... Page(s) .......... 154
- Sommaire du Supplément n° 4.
- Vingt et unième Année - N° 5
- .......... Page(s) .......... 157
- .......... Page(s) .......... 160
- .......... Page(s) .......... 161
- .......... Page(s) .......... 164
- .......... Page(s) .......... 168
- .......... Page(s) .......... 169
- .......... Page(s) .......... 176
- .......... Page(s) .......... 178
- .......... Page(s) .......... 178
- .......... Page(s) .......... 188
- .......... Page(s) .......... 188
- .......... Page(s) .......... 189
- .......... Page(s) .......... 190
- .......... Page(s) .......... 190
- .......... Page(s) .......... 191
- .......... Page(s) .......... 192
- .......... Page(s) .......... 166
- Vingt et unième Année - N° 6
- Sommaire du Supplément n° 6.
- Sommaire du Supplément n° 7.
- Vingt et unième Année - N° 8
- .......... Page(s) .......... 273
- .......... Page(s) .......... 277
- .......... Page(s) .......... 277
- .......... Page(s) .......... 280
- .......... Page(s) .......... 283
- .......... Page(s) .......... 285
- .......... Page(s) .......... 287
- .......... Page(s) .......... 291
- .......... Page(s) .......... 291
- .......... Page(s) .......... 300
- .......... Page(s) .......... 300
- .......... Page(s) .......... 304
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- .......... Page(s) .......... 305
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- .......... Page(s) .......... 307
- .......... Page(s) .......... 307
- Vingt et unième Année - N° 9
- .......... Page(s) .......... 309
- .......... Page(s) .......... 310
- .......... Page(s) .......... 312
- .......... Page(s) .......... 316
- .......... Page(s) .......... 318
- .......... Page(s) .......... 320
- .......... Page(s) .......... 328
- .......... Page(s) .......... 330
- .......... Page(s) .......... 337
- .......... Page(s) .......... 350
- .......... Page(s) .......... 350
- .......... Page(s) .......... 351
- .......... Page(s) .......... 354
- .......... Page(s) .......... 355
- .......... Page(s) .......... 355
- .......... Page(s) .......... 355
- .......... Page(s) .......... 323
- Sommaire du Supplément n° 9.
- Vingt et unième Année - N° 10
- .......... Page(s) .......... 357
- .......... Page(s) .......... 360
- .......... Page(s) .......... 376
- .......... Page(s) .......... 380
- .......... Page(s) .......... 380
- .......... Page(s) .......... 382
- .......... Page(s) .......... 383
- .......... Page(s) .......... 384
- .......... Page(s) .......... 395
- .......... Page(s) .......... 400
- .......... Page(s) .......... 403
- Sommaire du Supplément n° 10.
- Vingt et unième Année - N° 11
- .......... Page(s) .......... 405
- .......... Page(s) .......... 407
- .......... Page(s) .......... 408
- .......... Page(s) .......... 413
- .......... Page(s) .......... 416
- .......... Page(s) .......... 447
- .......... Page(s) .......... 450
- .......... Page(s) .......... 451
- .......... Page(s) .......... 452
- .......... Page(s) .......... 460
- .......... Page(s) .......... 412
- Vingt et unième Année - N° 12
DE I/afriqd;E FRANÇAISE 55»
je ne vous apprendrai pas grand'chme que vous ne sachiez
déjà par les renseignements qu'ont dû vous apporter les
ofiiciers heureusement revenus de ces régions.
Le Bahr-el Ghazai, comme le Kanem, dans la saison où
nous l'avons traversé, est un pays riant, même en dehors
de la grande vallée du fleuve mort. Des mares dans les
dépressions et les oueds que limitent des dunes ver-
doyantes, c'est tantôt la steppe, tantôt la savane — paysage
que nous connaissons bien le long du même parallèle,
depuis Dakar jusqu'aux rives du Tchad. Mais ici, la laté-
rite, l'affreuse latérite, qui donne au sol, même en hiver-
nage, cette teinte de briques calcinées qui laisse l'impres-
sion, partout où on la rencontre, d'un pays brûlé, infertile,
inhabitable, a complètement disparu. Les sables, et les
fonds. argileux lui ont succédé. Mais tout cela est vert à
_l'hivercage.
Après le Bahr-el-Gbazal et avant le Titri marécageux,
entre Mao et Djémené (nord de Mao) s'étend le Ilâr « la
brousse mauvaise », vaste prairie aux herbes hautes,
à fortes odeurs balsamiques, où l'on disparaît à cheval,
d'où émerge à peine le fanion du colonel, et où mes tirail-
leurs ont de la peine à se frayer un chemin ; car depuis
Moussoro, nous marchons hors des sentiers battus, par la
route la plus directe, allant du Kanem au Ouadaï. En cette
époque de l'année tout est vert, tout est riant, tout respire
la fraîcheur; fraîcheur trompeuse en cette époque de l'an-
née, comme d'ailleurs en toute saison, mais plus encore en
hivernage : on risque de mourir de soif dans le Hâr ver-
doyant. Les puits profonds sur lesquels on peut compter
en saison sèche se sont remplis de sable, e-t, entre deux
tornades, les mares sur lesquelles on compte peuvent être
à sec. C'est ce qui nous arriva avec le colonel, le lende-
main du départ de Moussoro, et encore avait-il avec lui tous
les chefs Kredas et Kecherdas, ces nomades de race gorâne,
grands éleveurs de bovidés, coureurs de brousse, qu'il
avait convoqués à de nombreux palabres, pour leur don-
ner une constitution.
En arrivant 'à deux heures de l'après-midi à la mare où
Poli croyait trouver de l'eau, on constate que la mare était
à sec: et le puits comblé. Il fallut trouver un autre trou
d'eau. Un tirailleur était mort en route d'un coup de cha-
leur malgré toutes les précautions prises.
Après le Hâr, le Titri, à la terre noirâtre. Rizière immense,
coupée de bahr et de marigots, cette si riche contrée est en
saison des pluies le tombeau des chameaux, des bœufs et
des chevaux. Le bétail monte vers le Nord, au Mortcha,
pour fuir les nuées de moustiques, de taons énormes, de
mouches de toutes couleurs qeii, malgré les feux que l'on
entretient nuit et jour, assaillent les bêtes et le& gens.
Theral avec une section à pied avait pris la route du Nord,
la route gorâne, qui de Moussoro passe au S1œd de la Mare
de N'gnetty, pour atteindre, .par Aïn-Razaa, les premiers
villages du Mortcha. Martinet, avec un peloton, les ba-
gages, avec 250 bœufs et 209 convoyeurs Kredas, qui
pour la première fois faisaient le métier de convoyeurs,
s'était dirigé sur At Y (Atya-Mandeli) en évitant les maie-
cages du Titri. C'est la route qu'en hivernage les convois
du Ouadaï, venant de Fort-Lamy, emprunteront. Le colonel
tenait fort à la réussite de son expérience. Grâce à l'activité,
à la bienveillance ferme, à l'habileté de mon lieutenant, ce
gros convoi arriva sans encombre à Aty, n'ayant laissé en
route qu'un animal. Nous étions partis dix jours plus tard
de Moussoro avec le colonel, avec ma dernière section pour
escorte. Cette section lit journellement à pied de 37 à
40 kilomètres et, malgré un itinéraire plus long par Djéménè,
rejoignit au poste du Mont-Dioumbo (ioO kilomètres Ouest
d'Abécher) le gros de la compagnie qui y était concentré
le 25 septembre.
Avant d'atteindre la Batha, qui à Aty coule gentiment
entre de jolis arbres comme une vraie rivière de France,
nous é-tions passés à Djeméné où le fils du sultan du Titri
(Hassan) commande un poste de 50 irréguliers armés de
fusils 71. Le sultan Hassan et le Chirrouma (prince héri-
tier) nous avaient conduits jusqu'à la limite de leurs terres
marécageuses, après quoi notre convoi, déchargé et chargé
à chaque bahr profond, put continuer- sans encombre sa
route.
Après le Batha, la route suivie, quittant Aty, monte
vers le Nord pour atteindre le Mortcha. L'aspect du Mor-
tcha est le même que celui du Kanem, mais avec des
formes plus adoucies, des cuvettes et des oueds à peine
marqués, des ^ dunes à peine perceptibles. Comme au
Kanem, des pâturages à perte de vue, où tous les cha-
meaux du Titri, tous les bœufs de la région ont émigré. Il
y a là les troupeaux des Arabes d'Atya, des Ouled Rachid,
des Zouaba. des Kredas du Mortcha, mélangés au hasard
des points d'eau et des mares. Et au milieu de ces pâtu-
rages, des villages qu'entourent de vastes champs de mil.
Villages habités par des nomades aujourd'hui sédenta-
risés, construits et disposés, comme leurs anciens campe-
ments, avec les cases en cercle ou en carré, laissant au
centre une vaste place, le parc à bestiaux; tandis que
dans les cases rondes, en. guise de lit, on retrouve encore
l'abri de nattes qu'ils emportaient jadis dans leurs dépla-
cements.
Et après le Mortcha, après avoir séjourné deux jours au
poste d'Haraye, à 15 kilomètres à peine du pain de sucre
du Dioumbo où le lieutenant de Jonquières, avec 50 tirail-
leurs, couvre la route du Titri au Ouadaï, après avoir re-
joint le gros de ma compagnie, je me suis dirigé à la tête
de ma grande tribu sur la capitale, à travers de beaux
champs de mil, d'où émergent, comme des îlots du sein de
la mer, les buttes granitiques géantes, précédant la mu-
raille dentelée des monts de Katouga qui ferme à l'Ouest
la vallée d'Abécher.
Enfin Abécher, où j'entre pour éprouver la même désillu-
sion que dans toutes les capitales noires, Djéné.Tombouctou,
Zinder, à travers des murs de terre effondrés, des cases
éventrées, des trous remplis d'immondices. Mais. la joie
d'arriver enfin à la tête d'une si belle compagnie, dans
une région où j'aurai à agir, me rend aveugle. Et le tata
de l'aguid Mohamed où s installe ma compagnie, me paraît
un séjour enchanteur.
Encore faut-il que ce séjour ne se prolonge pas-, Vous
connaissez la situation. Les morts de llir-Taouil ne sont
pas vengés. La victoire de Gredah fut un fait glorieux,
mais laisse les Massalits impunis. Un moment la situation
paraissait favorable pour les attaquer et le colonel Moll,
de Fort-Lamy, donna l'ordre, anxieusement attendu-. Mais
après un an d'occupation nous - n'avons pas bougé. Nous
sommes isolés dans la capitale, immobiles, avec 2 postes,
Mont-Dioumbo et Bir-Taouil.
Mais voici les renforts arrivés. La compagnie qui me suit
sera là dans quelques jours. Le colonel Moll disposera au
Ouadaï de 600 fusils et de 2 canons. Plus qu'il n'en faut
pour réduire les Massalits dont l'orgueil ne connaît plus de
bornes. Doudmourrah avec 200 fusils et 120 Khoans bien
armés, est auprès de Tadjanine, toujours menaçant sur
l'Ouadi-Kadja. Tant que l'affaire Massalit ne sera pas ré-glée,
on ne pourra rien faire, on ne pourra pas travailler poiiir
la mise en valeur d'un pays susceptible d'un bel essor,
mais'qui a besoin qu'on s'occupe de lui.
Que fera le colonel? Son désir est de régler la question,
Mais comment? Quelles sont les instructions reçues. Ma
compagnie a été arrêtée à Abécher. Avant d'aller s'organi-
ser à Arada en compagnie méhariste elle aura sans doute à
faire ses preuves comme compagnie à pied. J'espère que
ma prochaine lettre vous dira qu'elle n'a pas failli à sa jeune
réputation.
Voilà pour le Ouadaï.
La paix et le calme au Nord, après deux contre-rezzous
heureux de nos auxiliaires, l'aguid Barkaï et l'aguid Maha-
mid, tué en pleine victoire.
A l'Est, les bruits persistants de l'arrivée des Anglais à.
El-Facher, de la fuite d'Ali Dinar dans les montagnes du
Darfour, et l'attitude menaçante de Tadjanine renforcé par
les 120 Khoans et les fidèles de Doudmourrah.
Du côfé de Kanem, les bruits au sujet de l'offensive se-
noussiste contre un de nos postes persistent et se « recou-
pent ». Le colonel a donné des ordres pour faire face à une
brusque attaque. Non compris les garnisons de sûreté des
postes de Rigrig, Zigueï, Mao, Moussoro, Massa Kory, il
peut disposer de 300 fusils (dont 150 méharistes) et de 2 ca-
nons mais c'est encore une attitude défensive, qui ne pour-
rait être gardée trop longtemps sans user notre force vive
et augmenter l'audace déjà trop grande de nos adversaires.
Le colonel n'hésitera pas : à la première occasion il pour-
suivra l'épée dans les reins jusque dans leurs repaires tous
ces fauteurs de désordre.
Aïn-Galaka occupé, les Massalits châtiés, tout sera fini
je ne vous apprendrai pas grand'chme que vous ne sachiez
déjà par les renseignements qu'ont dû vous apporter les
ofiiciers heureusement revenus de ces régions.
Le Bahr-el Ghazai, comme le Kanem, dans la saison où
nous l'avons traversé, est un pays riant, même en dehors
de la grande vallée du fleuve mort. Des mares dans les
dépressions et les oueds que limitent des dunes ver-
doyantes, c'est tantôt la steppe, tantôt la savane — paysage
que nous connaissons bien le long du même parallèle,
depuis Dakar jusqu'aux rives du Tchad. Mais ici, la laté-
rite, l'affreuse latérite, qui donne au sol, même en hiver-
nage, cette teinte de briques calcinées qui laisse l'impres-
sion, partout où on la rencontre, d'un pays brûlé, infertile,
inhabitable, a complètement disparu. Les sables, et les
fonds. argileux lui ont succédé. Mais tout cela est vert à
_l'hivercage.
Après le Bahr-el-Gbazal et avant le Titri marécageux,
entre Mao et Djémené (nord de Mao) s'étend le Ilâr « la
brousse mauvaise », vaste prairie aux herbes hautes,
à fortes odeurs balsamiques, où l'on disparaît à cheval,
d'où émerge à peine le fanion du colonel, et où mes tirail-
leurs ont de la peine à se frayer un chemin ; car depuis
Moussoro, nous marchons hors des sentiers battus, par la
route la plus directe, allant du Kanem au Ouadaï. En cette
époque de l'année tout est vert, tout est riant, tout respire
la fraîcheur; fraîcheur trompeuse en cette époque de l'an-
née, comme d'ailleurs en toute saison, mais plus encore en
hivernage : on risque de mourir de soif dans le Hâr ver-
doyant. Les puits profonds sur lesquels on peut compter
en saison sèche se sont remplis de sable, e-t, entre deux
tornades, les mares sur lesquelles on compte peuvent être
à sec. C'est ce qui nous arriva avec le colonel, le lende-
main du départ de Moussoro, et encore avait-il avec lui tous
les chefs Kredas et Kecherdas, ces nomades de race gorâne,
grands éleveurs de bovidés, coureurs de brousse, qu'il
avait convoqués à de nombreux palabres, pour leur don-
ner une constitution.
En arrivant 'à deux heures de l'après-midi à la mare où
Poli croyait trouver de l'eau, on constate que la mare était
à sec: et le puits comblé. Il fallut trouver un autre trou
d'eau. Un tirailleur était mort en route d'un coup de cha-
leur malgré toutes les précautions prises.
Après le Hâr, le Titri, à la terre noirâtre. Rizière immense,
coupée de bahr et de marigots, cette si riche contrée est en
saison des pluies le tombeau des chameaux, des bœufs et
des chevaux. Le bétail monte vers le Nord, au Mortcha,
pour fuir les nuées de moustiques, de taons énormes, de
mouches de toutes couleurs qeii, malgré les feux que l'on
entretient nuit et jour, assaillent les bêtes et le& gens.
Theral avec une section à pied avait pris la route du Nord,
la route gorâne, qui de Moussoro passe au S1œd de la Mare
de N'gnetty, pour atteindre, .par Aïn-Razaa, les premiers
villages du Mortcha. Martinet, avec un peloton, les ba-
gages, avec 250 bœufs et 209 convoyeurs Kredas, qui
pour la première fois faisaient le métier de convoyeurs,
s'était dirigé sur At Y (Atya-Mandeli) en évitant les maie-
cages du Titri. C'est la route qu'en hivernage les convois
du Ouadaï, venant de Fort-Lamy, emprunteront. Le colonel
tenait fort à la réussite de son expérience. Grâce à l'activité,
à la bienveillance ferme, à l'habileté de mon lieutenant, ce
gros convoi arriva sans encombre à Aty, n'ayant laissé en
route qu'un animal. Nous étions partis dix jours plus tard
de Moussoro avec le colonel, avec ma dernière section pour
escorte. Cette section lit journellement à pied de 37 à
40 kilomètres et, malgré un itinéraire plus long par Djéménè,
rejoignit au poste du Mont-Dioumbo (ioO kilomètres Ouest
d'Abécher) le gros de la compagnie qui y était concentré
le 25 septembre.
Avant d'atteindre la Batha, qui à Aty coule gentiment
entre de jolis arbres comme une vraie rivière de France,
nous é-tions passés à Djeméné où le fils du sultan du Titri
(Hassan) commande un poste de 50 irréguliers armés de
fusils 71. Le sultan Hassan et le Chirrouma (prince héri-
tier) nous avaient conduits jusqu'à la limite de leurs terres
marécageuses, après quoi notre convoi, déchargé et chargé
à chaque bahr profond, put continuer- sans encombre sa
route.
Après le Batha, la route suivie, quittant Aty, monte
vers le Nord pour atteindre le Mortcha. L'aspect du Mor-
tcha est le même que celui du Kanem, mais avec des
formes plus adoucies, des cuvettes et des oueds à peine
marqués, des ^ dunes à peine perceptibles. Comme au
Kanem, des pâturages à perte de vue, où tous les cha-
meaux du Titri, tous les bœufs de la région ont émigré. Il
y a là les troupeaux des Arabes d'Atya, des Ouled Rachid,
des Zouaba. des Kredas du Mortcha, mélangés au hasard
des points d'eau et des mares. Et au milieu de ces pâtu-
rages, des villages qu'entourent de vastes champs de mil.
Villages habités par des nomades aujourd'hui sédenta-
risés, construits et disposés, comme leurs anciens campe-
ments, avec les cases en cercle ou en carré, laissant au
centre une vaste place, le parc à bestiaux; tandis que
dans les cases rondes, en. guise de lit, on retrouve encore
l'abri de nattes qu'ils emportaient jadis dans leurs dépla-
cements.
Et après le Mortcha, après avoir séjourné deux jours au
poste d'Haraye, à 15 kilomètres à peine du pain de sucre
du Dioumbo où le lieutenant de Jonquières, avec 50 tirail-
leurs, couvre la route du Titri au Ouadaï, après avoir re-
joint le gros de ma compagnie, je me suis dirigé à la tête
de ma grande tribu sur la capitale, à travers de beaux
champs de mil, d'où émergent, comme des îlots du sein de
la mer, les buttes granitiques géantes, précédant la mu-
raille dentelée des monts de Katouga qui ferme à l'Ouest
la vallée d'Abécher.
Enfin Abécher, où j'entre pour éprouver la même désillu-
sion que dans toutes les capitales noires, Djéné.Tombouctou,
Zinder, à travers des murs de terre effondrés, des cases
éventrées, des trous remplis d'immondices. Mais. la joie
d'arriver enfin à la tête d'une si belle compagnie, dans
une région où j'aurai à agir, me rend aveugle. Et le tata
de l'aguid Mohamed où s installe ma compagnie, me paraît
un séjour enchanteur.
Encore faut-il que ce séjour ne se prolonge pas-, Vous
connaissez la situation. Les morts de llir-Taouil ne sont
pas vengés. La victoire de Gredah fut un fait glorieux,
mais laisse les Massalits impunis. Un moment la situation
paraissait favorable pour les attaquer et le colonel Moll,
de Fort-Lamy, donna l'ordre, anxieusement attendu-. Mais
après un an d'occupation nous - n'avons pas bougé. Nous
sommes isolés dans la capitale, immobiles, avec 2 postes,
Mont-Dioumbo et Bir-Taouil.
Mais voici les renforts arrivés. La compagnie qui me suit
sera là dans quelques jours. Le colonel Moll disposera au
Ouadaï de 600 fusils et de 2 canons. Plus qu'il n'en faut
pour réduire les Massalits dont l'orgueil ne connaît plus de
bornes. Doudmourrah avec 200 fusils et 120 Khoans bien
armés, est auprès de Tadjanine, toujours menaçant sur
l'Ouadi-Kadja. Tant que l'affaire Massalit ne sera pas ré-glée,
on ne pourra rien faire, on ne pourra pas travailler poiiir
la mise en valeur d'un pays susceptible d'un bel essor,
mais'qui a besoin qu'on s'occupe de lui.
Que fera le colonel? Son désir est de régler la question,
Mais comment? Quelles sont les instructions reçues. Ma
compagnie a été arrêtée à Abécher. Avant d'aller s'organi-
ser à Arada en compagnie méhariste elle aura sans doute à
faire ses preuves comme compagnie à pied. J'espère que
ma prochaine lettre vous dira qu'elle n'a pas failli à sa jeune
réputation.
Voilà pour le Ouadaï.
La paix et le calme au Nord, après deux contre-rezzous
heureux de nos auxiliaires, l'aguid Barkaï et l'aguid Maha-
mid, tué en pleine victoire.
A l'Est, les bruits persistants de l'arrivée des Anglais à.
El-Facher, de la fuite d'Ali Dinar dans les montagnes du
Darfour, et l'attitude menaçante de Tadjanine renforcé par
les 120 Khoans et les fidèles de Doudmourrah.
Du côfé de Kanem, les bruits au sujet de l'offensive se-
noussiste contre un de nos postes persistent et se « recou-
pent ». Le colonel a donné des ordres pour faire face à une
brusque attaque. Non compris les garnisons de sûreté des
postes de Rigrig, Zigueï, Mao, Moussoro, Massa Kory, il
peut disposer de 300 fusils (dont 150 méharistes) et de 2 ca-
nons mais c'est encore une attitude défensive, qui ne pour-
rait être gardée trop longtemps sans user notre force vive
et augmenter l'audace déjà trop grande de nos adversaires.
Le colonel n'hésitera pas : à la première occasion il pour-
suivra l'épée dans les reins jusque dans leurs repaires tous
ces fauteurs de désordre.
Aïn-Galaka occupé, les Massalits châtiés, tout sera fini
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