Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1919-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1919 01 janvier 1919
Description : 1919/01/01 (N1)-1919/12/31 (N12). 1919/01/01 (N1)-1919/12/31 (N12).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k98041559
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
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- SOMMAIRE
- Nos 1 et 2
- Nos 3 et 4
- Nos 5 et 6
- .......... Page(s) .......... 107
- .......... Page(s) .......... 111
- Nos 7 et 8
- Nos 9 et 10
RENSEIGNEMENTS COLONIAUX
Liitions de nature à favoriser leur développement
moral et matériel.
Le iravail. — En réclamant 1 abolition de
l'esclavage, le Congrès Panafricain a eu sans
doute en vue quelques régions du Nord-Est de
l'Afrique qui, jusqu'à présent, ont échappé en
partie au contrôle des nations européennes et où
l'esclavage est encore pratiqué plus ou moins
clandestinement. Peut-être aussi a-t-il eu en
vue certaines colonies dans lesquelles, au temps
où elles étaient allemandes, l'esclavage, quoique
prohibé en théorie, existait cependant en réalité,
tant pour le profit de l'Etat que pour celui des
particuliers. Quoi qu'il en soit, tout le monde
est d'accord pour que nulle part ne subsiste
aucune trace de cette barbarie consistant à
asservir l'homme à l'homme et à transformer
un être humain en bête de somme sans liberté
individuelle comme sans personnalité.
En ce qui concernée les châtiments corporels,
s'ils sont abolis depuis longtemps dans les colo-
nies françaises, ils étaient fort en honneur dans
les possessions allemandes et ils sont encore
employés dans quelques pays étrangers. D'excel-
lents esprits, nullement cruels et remplis de fort
bonnes intentions à l'égard des populations.
africaines, se montrent partisans résolus du
maintien de ces châtiments, estimant qu'ils ne
sont pas plus inhumains que la prison et qu'ils
ont un effet beaucoup plus salutaire. Il est fort
possible que ces bons esprits aient raison, mais
il convient de tenir compte de l'évolution des
mœurs et des sentiments et il semble bien diffi-
cile, dussent les criminalistes ne pas y trouver
leur compte, de refuser aux représentants de
la race noire la satisfaction qu'ils demandent au
nom de la dignité humaine et de l'égalité devant
la loi. Au temps où les indigènes se faisaient
justice eux-mêmes et se trouvaient entre eux,
ils pouvaient sans inconvénient flageller les
voleurs ou même leur trancher le poignet. La
chose devient beaucoup plus délicate lorsque
c'est l'Européen qui s'institue justicier. Elle
devient une humiliation imméritée pour toute
une race humaine lorsqu'il est admis que, dans
un même pays, les indigènes peuvent être
frappés de châtiments corporels tandis que les
Européens en sont exempts.
Quant à l'abolition du travail forcé, il n'était
pas inutile de demander qu'elle fût officiellement
consacrée par la Société des Nations, au lende-
main de l'heure à laquelle les Allemands avaient
rendu légal, dans leurs colonies africaines,
l'emploi de la main-d'œuvre obligatoire et autant
dire gratuite. Même ailleurs qu'en Allemagne, il
est encore des partisans convaincus de ce sys-
tème barbare de colonisation. Il était donc bon
de proclamer qu'un tel système ne saurait être
ni employé ni même préconisé, où que ce soit.
Une seule exception est permise ; c'est lorsqu'il
s'agit, non de Iravail forcé, mais de iravaux fo]'ch;,
châtiment admis pour les criminels dans tous les
pays civilisés. Mais le Congrès a bien fait de
mentionner cette exception et de parler de
« matière pénale » ou, selon la version anglaise,
de « penal procédure », car cela rappellera à propos,
à ceux qui seraient tentés d'imiter la manière
allemande, que s'il est légal de condamner un
criminel à purger sa peine en travaillant au
profit de la société, il ne l'est pas de forcer un
innocent à travailler pour le compte de l'Etat
ou d'un particulier et de le punir ensuite pour ne
pas s'être touvé sur le chantier. Une réglemen-
tation officielle du travail serait désirable, ne
fût-cé que pour rappeler à certains qu'aux
colonies comme en Europe le travail doit être
le résultat d'un contrat entre l'employé et l'em-
ployeur et que ce contrat doit être librement
consenti de part et d'autre.
L'éducalion. — Si j'ai bien compris la pensée
du Congrès et si je m'en tiens au texte français
de sa motion, il a voulu exprimer le vœu que
l'instruction soit donnée aux indigènes africains
dans leur propre langue d'abord et ensuite dans
la langue de la nation tutrice. En d'autres
termes, et pour prendre un exemple concret, un
enfant d'Abomey recevra d'abord une éducation
donnée en langue dahoméenne, après quoi son
instruction sera complétée en faisant usage de la
langue française. Je ne puis croire en effet qu'on
ait voulu dire, comme le texte anglais publié par
le Times tendrait à le faire supposer, qu'il faille
lui apprendre à parler dahoméen et ensuite ■—•
ou en même temps — à parler français, pour la
simple raison qu'il parlera déjà le dahoméen
lorsqu'il sera en âge d'aller à. l'école et qu'on
n'aura rien à lui enseigner à Mt égard.
Je pense plutôt que, déférant '.aux' dèsiderata
maintes fois exprimés par ceux qui s,-, sont
occupés de la question de l'enseignement à dis-
tribuer aux indigènes, les membres du Congrès
Panafricain ont voulu conseiller de se servir de
l'idiome maternel des enfants comme langue
« véhiculaire )1, pour employer une expression
chère aux pédagogues et du reste fort juste,
c'est-à-dire de faire pénétrer dans leurs jeunes
cerveaux les idées que l'on y veut introduire en
faisant usage de la langue dans laquelle leur --
mère leur a déjà appris à penser. C'est en effet
le procédé le meilleur pour habituer un enfant
— ou même un adulte — à des concepts nou-
veaux pour lui : le fait que ces concepts lui par-
viendront habillés à la mode du pays, si j'ose
ainsi dire, lui en rendra l'assimilation infiniment
plus aisée et la compréhension plus parfaite.
Plus tard, aux enfants qui auront montré les
dispositions les meilleures pour l'étude, on ensei-
gnera la langue de la nation tutrice, toujours en
employant le langage maternel comme langue
véhiculaire, et ce n'est qu'au troisième stade,
quand l'élève sera devenu apte à penser en
français, en anglais, en portugais, sans dénaturer
sa pensée par les mots employés, que l'on perfec-
tionnera son éducation en se serveant d'une
langue européenne.
— 5-1 —
Liitions de nature à favoriser leur développement
moral et matériel.
Le iravail. — En réclamant 1 abolition de
l'esclavage, le Congrès Panafricain a eu sans
doute en vue quelques régions du Nord-Est de
l'Afrique qui, jusqu'à présent, ont échappé en
partie au contrôle des nations européennes et où
l'esclavage est encore pratiqué plus ou moins
clandestinement. Peut-être aussi a-t-il eu en
vue certaines colonies dans lesquelles, au temps
où elles étaient allemandes, l'esclavage, quoique
prohibé en théorie, existait cependant en réalité,
tant pour le profit de l'Etat que pour celui des
particuliers. Quoi qu'il en soit, tout le monde
est d'accord pour que nulle part ne subsiste
aucune trace de cette barbarie consistant à
asservir l'homme à l'homme et à transformer
un être humain en bête de somme sans liberté
individuelle comme sans personnalité.
En ce qui concernée les châtiments corporels,
s'ils sont abolis depuis longtemps dans les colo-
nies françaises, ils étaient fort en honneur dans
les possessions allemandes et ils sont encore
employés dans quelques pays étrangers. D'excel-
lents esprits, nullement cruels et remplis de fort
bonnes intentions à l'égard des populations.
africaines, se montrent partisans résolus du
maintien de ces châtiments, estimant qu'ils ne
sont pas plus inhumains que la prison et qu'ils
ont un effet beaucoup plus salutaire. Il est fort
possible que ces bons esprits aient raison, mais
il convient de tenir compte de l'évolution des
mœurs et des sentiments et il semble bien diffi-
cile, dussent les criminalistes ne pas y trouver
leur compte, de refuser aux représentants de
la race noire la satisfaction qu'ils demandent au
nom de la dignité humaine et de l'égalité devant
la loi. Au temps où les indigènes se faisaient
justice eux-mêmes et se trouvaient entre eux,
ils pouvaient sans inconvénient flageller les
voleurs ou même leur trancher le poignet. La
chose devient beaucoup plus délicate lorsque
c'est l'Européen qui s'institue justicier. Elle
devient une humiliation imméritée pour toute
une race humaine lorsqu'il est admis que, dans
un même pays, les indigènes peuvent être
frappés de châtiments corporels tandis que les
Européens en sont exempts.
Quant à l'abolition du travail forcé, il n'était
pas inutile de demander qu'elle fût officiellement
consacrée par la Société des Nations, au lende-
main de l'heure à laquelle les Allemands avaient
rendu légal, dans leurs colonies africaines,
l'emploi de la main-d'œuvre obligatoire et autant
dire gratuite. Même ailleurs qu'en Allemagne, il
est encore des partisans convaincus de ce sys-
tème barbare de colonisation. Il était donc bon
de proclamer qu'un tel système ne saurait être
ni employé ni même préconisé, où que ce soit.
Une seule exception est permise ; c'est lorsqu'il
s'agit, non de Iravail forcé, mais de iravaux fo]'ch;,
châtiment admis pour les criminels dans tous les
pays civilisés. Mais le Congrès a bien fait de
mentionner cette exception et de parler de
« matière pénale » ou, selon la version anglaise,
de « penal procédure », car cela rappellera à propos,
à ceux qui seraient tentés d'imiter la manière
allemande, que s'il est légal de condamner un
criminel à purger sa peine en travaillant au
profit de la société, il ne l'est pas de forcer un
innocent à travailler pour le compte de l'Etat
ou d'un particulier et de le punir ensuite pour ne
pas s'être touvé sur le chantier. Une réglemen-
tation officielle du travail serait désirable, ne
fût-cé que pour rappeler à certains qu'aux
colonies comme en Europe le travail doit être
le résultat d'un contrat entre l'employé et l'em-
ployeur et que ce contrat doit être librement
consenti de part et d'autre.
L'éducalion. — Si j'ai bien compris la pensée
du Congrès et si je m'en tiens au texte français
de sa motion, il a voulu exprimer le vœu que
l'instruction soit donnée aux indigènes africains
dans leur propre langue d'abord et ensuite dans
la langue de la nation tutrice. En d'autres
termes, et pour prendre un exemple concret, un
enfant d'Abomey recevra d'abord une éducation
donnée en langue dahoméenne, après quoi son
instruction sera complétée en faisant usage de la
langue française. Je ne puis croire en effet qu'on
ait voulu dire, comme le texte anglais publié par
le Times tendrait à le faire supposer, qu'il faille
lui apprendre à parler dahoméen et ensuite ■—•
ou en même temps — à parler français, pour la
simple raison qu'il parlera déjà le dahoméen
lorsqu'il sera en âge d'aller à. l'école et qu'on
n'aura rien à lui enseigner à Mt égard.
Je pense plutôt que, déférant '.aux' dèsiderata
maintes fois exprimés par ceux qui s,-, sont
occupés de la question de l'enseignement à dis-
tribuer aux indigènes, les membres du Congrès
Panafricain ont voulu conseiller de se servir de
l'idiome maternel des enfants comme langue
« véhiculaire )1, pour employer une expression
chère aux pédagogues et du reste fort juste,
c'est-à-dire de faire pénétrer dans leurs jeunes
cerveaux les idées que l'on y veut introduire en
faisant usage de la langue dans laquelle leur --
mère leur a déjà appris à penser. C'est en effet
le procédé le meilleur pour habituer un enfant
— ou même un adulte — à des concepts nou-
veaux pour lui : le fait que ces concepts lui par-
viendront habillés à la mode du pays, si j'ose
ainsi dire, lui en rendra l'assimilation infiniment
plus aisée et la compréhension plus parfaite.
Plus tard, aux enfants qui auront montré les
dispositions les meilleures pour l'étude, on ensei-
gnera la langue de la nation tutrice, toujours en
employant le langage maternel comme langue
véhiculaire, et ce n'est qu'au troisième stade,
quand l'élève sera devenu apte à penser en
français, en anglais, en portugais, sans dénaturer
sa pensée par les mots employés, que l'on perfec-
tionnera son éducation en se serveant d'une
langue européenne.
— 5-1 —
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