Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
1 274 BULLETIN DU COMITÉ
Dr Angelo Nicola, consistant à internationaliser
le lac Tchad et ses rives.
Mais de ce que le Transafricain doive être fran-
çais jusqu'à la frontière du Congo belge, il ne
s'ensuit pas qu'il doive être marqué d'un parti-
cularisme exclusif : des lignes de raccordement
sont prévues avec les chemins de fer de laNigéria,
du Soudan égyptien, de l'Ouganda, et, bien en-
tendu, rien ne s'opposera à ce que sa jonction
soit aussi établie avec un chemin de fer italien
partant de Tripoli. Cette jonction, combinée avec
une équitable répartition du trafic du Centre afri-
cain, donnerait satisfaction au désir italien de
rendre à la Libye sa « valeur commerciale », en
supposant — ce qui n'est nullement démontré
— que cette valeur commercialç^soit fonction du
trafic du Centre africain.
Il n'est pas inutile, au point de vue de la dis-
cussion présente, de rappeler que, dans des cir-
constances antérieures, la politique française, à
l'occasion d'importantes tractations avec des tiers,
a montré un remarquable souci des intérêts de
l'Italie, de ses intérêts d'avenir. M. Francis
Charmes attirait l'attention sur ce point dans un
article publié par le Journal des Débats (1) peu
après la convention franco-anglaise du 21 mars
1899, où il s'efforçait de montrer que par cette
convention « nous avons respecté les droits de la
Porte et les espérances de l'Italie ». On y lisait
notamment :
... Si la Tripolitaine a un avenir, comme nous aimons à
le croire, ce sera grâce à la Cyrénaïque; or la déclaration du
21 mars ne s'est occupée de son hinterland, aussi loin qu'on
voudra le pousser, que pour l'exclure formellement des
régions dévolues à la France. On n'a peut-être pas assez
remarqué à Rome les ménagements infinis avec lesquels
l'arrangement touche, ou, pour être plus exact, évite de
toucher à ces territoires. La ligne qui a été tracée de
l'extrémité méridionale de la Tripolitaine et du Fezzan
jusqu'au M'Bomou se divise en deux tronçons parfaitement
distincts. La coupure est au 15° de latitude. Au Sud du 15°,
la France et l'Angleterre ont -pris des engagements réci-
proques à l'Est et à l'Ouest de la ligne : nous abandonnons
les territoires de l'Est à L'Angleterre, elle nous abandonne
les territoires de l'Ouest. Mais au Nord du 15°, il n'en est
plus de même. La ligne tracée par la. déclaration borne
nos-possessions à l'Ouest; à l'Est la déclaration est volon-
tairement muette, et rien n'est changé à l'état de choses
actuel. On aurait dû dire, si nous avions procédé par ana-
logie; que ces territoires étaient dévolus à l'Angleterre;
nous nous sommes bien gardés de le faire. Pourquoi? Sans
doute, parce que nous ne voulions prendre aucun engage-
ment qui pût s'appliquer à l'Egypte, mais aussi parce que
nous ne voulions pas en prendre qui pût s'appliquer à la
Tripolitaine et à son hinterland. Inutile d'ajouter que 'le
gouvernement anglais aurait préféré le contraire. Il a lutté
contre notre circonspection; mais nous n'avons pas cédé.
Tout l'hinterland de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque a
été maintenu aux détenteurs actuels de la province, ou à
leurs héritiers, s'ils doivent en avoir... Nous avons garanti
nos propres intérêts et nos droits sans compromettre en
rien ceux des autres... Nous avons pris toutes les mesures
qui dépendaient de nous pour que, de la déclaration du
21 mars, il ne résultât aucun titre au profit de l'Angleterre
en ce qui concerne l' hinterland de la Tripolitaine et de la
Cyrénaïque. Que pouvions-nous faire de plus dans l'in-
térêt de la Porte ou dans celui de l'Italie?
Il nous sera permis de dire que la diplomatie
française de 1899, en réservant ainsi les titres
\'1) l)H,eproduit par l'Afrique française d avril b.
éventuels de l'Italie à l'arrière-pays de la Cyré-
naïque, a rendu possible la reconnaissance par
l'Angleterre, en 1914, des droits de l'Italie sur
l'oasis de Koufra, considérée comme dépendance
de ladite province : en effet, puisqu'il s'agissait
d'un territoire n'appartenant pas à l'Egypte,
l'Angleterre, en le déclarant italien, jie faisait
aucun sacrifice.
La politique française s'inspirera de semblables
égards dans la délimitation des frontières entre
la Tripolitaine et les territoires dépendant de
l'Algérie et de l'Afrique Equatoriale Française.
Nous avons essayé de définir la situation de droit
et de fait dont le souci de l'avenir de notre empire
africain exige la sauvegarde. Ceci étant admis,
nos alliés italiens nous trouveront disposés à leur
accorder, dans l'esprit le plus- conciliant, les
rectifications de frontières de nature à satisfaire
leur désir légitime de détenir une' des voies de
communication entre les centres sahariens dont
la possession leur est reconnue..
II. - AFRIQUE ORIENTALE.
A l'appui de leurs prétentions en Afrique orien?
tale, nos distingués confrères italiens n'invoquent
pas d'argument nouveau, de nature à renforcer
leur thèse, que nous avons exposée 'et discutée
ici même. 11 convient toutefois de signaler que
Djibouti est de plus en plus l'objet essentiel de
ces visées.. i
M. Piazza déclare dans son rapport que le dé":
velopcment économique de l'Erythrée et du
Benadir « est étroitement lié à leur union écono-
mique à travers la sphère d'influence sur l'Ethio-
pie et ses dépendances, qui constitue pour l'une
et l'autre l'arrière-pays naturel ». Il rappelle les
« événements malheureux » qui ont frustré
l'Italie, de son influence exclusive sur l'Ethiopie
reconnue par le protocole de 1891, et les actes
internationaux passés avec ce pays par l'Angle-
terre et la France, « qui nous a enfoncé dans le
flanc l'enclave de Djibouti, pierre sépulcrale posée
sur l'exclusivité de notre influence éthiopienne D.
Et tandis que le Benadir est privé de son seul
port naturel, Kisimayou, l'Erythrée a perdu son ar-
rière-pays soudanais parla renonciation à Kassala
et à Tomat. Pour que les deux colonies italiennes
cessent d'être un poids mort, le rapporteur de-
mande une revision complète de tous les accords
et notamment l'attribution à l'Italie du port de
Kisimayou, « la reconnaissance définitive de l 'in-
fluence italienne sur l'Ethiopie et ses dépendances
d'une manière exclusive, — c'est-à-dire avec la
libération de l'enclave de Djibouti, moyennant,
bien entendu, d'opportuns systèmes de compen-
sation à la France — et enfin la restitution à
l'Erythrée de son arrière-pays soudanais, pour le
moins avec Tomat ». Il ajoute : « Nous croyons
que tout cela constitue une des tâches principales
et les plus impérieuses qui s imposent à notre
gouvernement dans ses relations diplomatiques
avec les alliés et que c'est de la part des alliés de
l'Italie la plus grande et substantielle preuve
d'amitié qu'ils puissent nous donner. »
Dr Angelo Nicola, consistant à internationaliser
le lac Tchad et ses rives.
Mais de ce que le Transafricain doive être fran-
çais jusqu'à la frontière du Congo belge, il ne
s'ensuit pas qu'il doive être marqué d'un parti-
cularisme exclusif : des lignes de raccordement
sont prévues avec les chemins de fer de laNigéria,
du Soudan égyptien, de l'Ouganda, et, bien en-
tendu, rien ne s'opposera à ce que sa jonction
soit aussi établie avec un chemin de fer italien
partant de Tripoli. Cette jonction, combinée avec
une équitable répartition du trafic du Centre afri-
cain, donnerait satisfaction au désir italien de
rendre à la Libye sa « valeur commerciale », en
supposant — ce qui n'est nullement démontré
— que cette valeur commercialç^soit fonction du
trafic du Centre africain.
Il n'est pas inutile, au point de vue de la dis-
cussion présente, de rappeler que, dans des cir-
constances antérieures, la politique française, à
l'occasion d'importantes tractations avec des tiers,
a montré un remarquable souci des intérêts de
l'Italie, de ses intérêts d'avenir. M. Francis
Charmes attirait l'attention sur ce point dans un
article publié par le Journal des Débats (1) peu
après la convention franco-anglaise du 21 mars
1899, où il s'efforçait de montrer que par cette
convention « nous avons respecté les droits de la
Porte et les espérances de l'Italie ». On y lisait
notamment :
... Si la Tripolitaine a un avenir, comme nous aimons à
le croire, ce sera grâce à la Cyrénaïque; or la déclaration du
21 mars ne s'est occupée de son hinterland, aussi loin qu'on
voudra le pousser, que pour l'exclure formellement des
régions dévolues à la France. On n'a peut-être pas assez
remarqué à Rome les ménagements infinis avec lesquels
l'arrangement touche, ou, pour être plus exact, évite de
toucher à ces territoires. La ligne qui a été tracée de
l'extrémité méridionale de la Tripolitaine et du Fezzan
jusqu'au M'Bomou se divise en deux tronçons parfaitement
distincts. La coupure est au 15° de latitude. Au Sud du 15°,
la France et l'Angleterre ont -pris des engagements réci-
proques à l'Est et à l'Ouest de la ligne : nous abandonnons
les territoires de l'Est à L'Angleterre, elle nous abandonne
les territoires de l'Ouest. Mais au Nord du 15°, il n'en est
plus de même. La ligne tracée par la. déclaration borne
nos-possessions à l'Ouest; à l'Est la déclaration est volon-
tairement muette, et rien n'est changé à l'état de choses
actuel. On aurait dû dire, si nous avions procédé par ana-
logie; que ces territoires étaient dévolus à l'Angleterre;
nous nous sommes bien gardés de le faire. Pourquoi? Sans
doute, parce que nous ne voulions prendre aucun engage-
ment qui pût s'appliquer à l'Egypte, mais aussi parce que
nous ne voulions pas en prendre qui pût s'appliquer à la
Tripolitaine et à son hinterland. Inutile d'ajouter que 'le
gouvernement anglais aurait préféré le contraire. Il a lutté
contre notre circonspection; mais nous n'avons pas cédé.
Tout l'hinterland de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque a
été maintenu aux détenteurs actuels de la province, ou à
leurs héritiers, s'ils doivent en avoir... Nous avons garanti
nos propres intérêts et nos droits sans compromettre en
rien ceux des autres... Nous avons pris toutes les mesures
qui dépendaient de nous pour que, de la déclaration du
21 mars, il ne résultât aucun titre au profit de l'Angleterre
en ce qui concerne l' hinterland de la Tripolitaine et de la
Cyrénaïque. Que pouvions-nous faire de plus dans l'in-
térêt de la Porte ou dans celui de l'Italie?
Il nous sera permis de dire que la diplomatie
française de 1899, en réservant ainsi les titres
\'1) l)H,eproduit par l'Afrique française d avril b.
éventuels de l'Italie à l'arrière-pays de la Cyré-
naïque, a rendu possible la reconnaissance par
l'Angleterre, en 1914, des droits de l'Italie sur
l'oasis de Koufra, considérée comme dépendance
de ladite province : en effet, puisqu'il s'agissait
d'un territoire n'appartenant pas à l'Egypte,
l'Angleterre, en le déclarant italien, jie faisait
aucun sacrifice.
La politique française s'inspirera de semblables
égards dans la délimitation des frontières entre
la Tripolitaine et les territoires dépendant de
l'Algérie et de l'Afrique Equatoriale Française.
Nous avons essayé de définir la situation de droit
et de fait dont le souci de l'avenir de notre empire
africain exige la sauvegarde. Ceci étant admis,
nos alliés italiens nous trouveront disposés à leur
accorder, dans l'esprit le plus- conciliant, les
rectifications de frontières de nature à satisfaire
leur désir légitime de détenir une' des voies de
communication entre les centres sahariens dont
la possession leur est reconnue..
II. - AFRIQUE ORIENTALE.
A l'appui de leurs prétentions en Afrique orien?
tale, nos distingués confrères italiens n'invoquent
pas d'argument nouveau, de nature à renforcer
leur thèse, que nous avons exposée 'et discutée
ici même. 11 convient toutefois de signaler que
Djibouti est de plus en plus l'objet essentiel de
ces visées.. i
M. Piazza déclare dans son rapport que le dé":
velopcment économique de l'Erythrée et du
Benadir « est étroitement lié à leur union écono-
mique à travers la sphère d'influence sur l'Ethio-
pie et ses dépendances, qui constitue pour l'une
et l'autre l'arrière-pays naturel ». Il rappelle les
« événements malheureux » qui ont frustré
l'Italie, de son influence exclusive sur l'Ethiopie
reconnue par le protocole de 1891, et les actes
internationaux passés avec ce pays par l'Angle-
terre et la France, « qui nous a enfoncé dans le
flanc l'enclave de Djibouti, pierre sépulcrale posée
sur l'exclusivité de notre influence éthiopienne D.
Et tandis que le Benadir est privé de son seul
port naturel, Kisimayou, l'Erythrée a perdu son ar-
rière-pays soudanais parla renonciation à Kassala
et à Tomat. Pour que les deux colonies italiennes
cessent d'être un poids mort, le rapporteur de-
mande une revision complète de tous les accords
et notamment l'attribution à l'Italie du port de
Kisimayou, « la reconnaissance définitive de l 'in-
fluence italienne sur l'Ethiopie et ses dépendances
d'une manière exclusive, — c'est-à-dire avec la
libération de l'enclave de Djibouti, moyennant,
bien entendu, d'opportuns systèmes de compen-
sation à la France — et enfin la restitution à
l'Erythrée de son arrière-pays soudanais, pour le
moins avec Tomat ». Il ajoute : « Nous croyons
que tout cela constitue une des tâches principales
et les plus impérieuses qui s imposent à notre
gouvernement dans ses relations diplomatiques
avec les alliés et que c'est de la part des alliés de
l'Italie la plus grande et substantielle preuve
d'amitié qu'ils puissent nous donner. »
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