Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE . 85
lui-même. Elle respectera les personnes qui au-
ront vu le jour dans la Régence d'un père et
d'une mère venus tous deux de l'étranger. Elle
se bornera à donner aux membres de cette
deuxième génération la latitude de se faire ins-
crire comme Français, s'ils le désirent, par une
simple déclaration devant un juge de paix. Faculté
dont usera sans doute plus d'un parmi ceux qui
auront épousé des Françaises. Il va de soi qu'une
loi de ce genre ne s'arrêterait pas aux Italiens et
engloberait tous les étrangers non musulmans.
Pour les musulmans, un décret beylical créerait
une naturalisation tunisienne inspirée des mêmes
considérations.
Les conventions de 1896 nous lient-elles pour
le moment les mains? L'article 13 de la conven-
tion consulaire et d'établissement énonce que :
Seront considérés comme sujets tunisiens en Italie
et comme sujets italiens en Tunisie, ceux qui auront COIl-
servé, d'après les lois de leur pays, la nationalité tuni-
sienne ou italienne.
Or, d'après le code italien, article 11 :
La cittadinanza si perde...
f 0 Da colui che vi rinunzia ;
2° Da colui che abbia ottenuto la cittadinanza in paese
estero ;
3°
Si donc un Italien obtient la naturalisation
française, il cesse ipso facto d'être Italien. Tou-
tefois, dans le protocole annexé à la convention
précitée, on a stipulé ceci :
I. — Il est entendu que les dispositions de l'article 13 ne
sont pas applicables aux Italiens qni auraient acquis une
autre natioualité, en Tunisie, en vertu d'un acte de natu-
ralisation, ou, hors de Tunisie, soit en vertu d'un acte de
naturalisation, soit par l'effet de la loi.
On argumente de là qu'en Tunisie, les Italiens
peuvent devenir Français par un acte de natura-
lisation (individuelle) mais qu'ils n'y sont pas
susceptibles d'acquérir cette qualité par l'effet de
la loi (naturalisation automatique) puisque ce
moyen ne leur est consenti que hors de la Régence,
c'est-à-dire en France ou en Algérie. Si le régime
du Protectorat n'est pas un obstacle à la natura-
lisation française automatique des étrangers
européens, cette mesure trouve au contraire sa
pierre d'achoppement vis-à-vis des Italiens dans
les conventions de 1896.
Or. celles-ci, ne l'oublions pas, sont dénoncées
depuis deux ans environ. Il est d'une courtoisie
élémentaire et d'une tradition constante de leur
conserver leur effet tant que d'autres ne les au-
ront pas remplacées. Il serait fâcheux que le
recul aux calendes grecques de cette substitution
prorogeât indéfiniment le contenu des accords
abolis.
Car l'ouverture de la cité française aux étran-
gers fixés corps et âmes en Tunisie transformera
entièrement et la question italienne et la posi-
tion même de tout l'élément européen. On a pu
remarquer qu'au cours de cette étude, tout en
indiquant les progrès accomplis par nos frères
latins en Tunisie et l'attitude combative de leurs
dirigeants, nous avons évité de prendre à notre
compte les expressions de « péril italien » ou
d' c envahissement sicilien ». Les variations sur
ce thème épanchées dans l'atmosphère de Tuni-
sie ou de France par de lourds pianos ou des
violons subtils s'expliquaient avant 1914, l'Italie
étant membre de la Triple-Alliance. La victoire
des alliés, et ce qui s'en est suivi, ont retourné la
situation. Les airs connus égrenés aujourd'hui
par les mêmes instruments font plus honneur
au talent des artistes qu'à leur science de tous
les éléments du sujet. Ces virtuoses ignorent le
véritable état d'esprit de la masse italienne de
Tunisie et font 11 des effets du bouleversement
mondial. Leur mélodie est imprégnée d'anachro-
nisme. Les indigènes du beylik ne sont plus des
gens de tout repos. Borgne ou aveugle est celui
qui n'aperçoit pas que le seul problème qui
compte maintenant est le problème jeune tuni-
sien. Persister à parler de péril italien dans les
circonstances présentes rappelle la cécité de nos
hommes d'Etat de jadis s'obstinant à lutter con-
tre la Maison d'Autriche après l'apparition de la
Prusse au firmament européen.
Non moins désuet est l'entêtement des cercles-
italiens de Tunisie à vouloir écarter des Français
leurs ressortissants. Politique nationaliste assu-
rément respectable par le haut sentiment patrio-
tique dont elle s'inspire. Politique qui, néanmoins,
a fait son temps elle aussi et dont la prolongation
serait néfaste à la civilisation latine et à son
développement en Afrique. Démosthène est loué
d'avoir guerroyé contre Philippe de Macédoine,
mais, heureusement pour l'hellénisme, le grand
orateur se fit vaincre à Chéronée et sa défaite-
constitua l'indispensable préface à la conquête de
l'Asie par Alexandre. Pour l'Espagne islamique,
une des premières causes de faiblesse et de
ruine fut la rivalité entre Syriens et Berbères,
également musulmans, mais colonisant El Anda-
los par bandes ennemies ou rivales et se refusant
à toute fusion.
L'utilité pour la France de l'introduction en
Tunisie de la naturalisation automatique des
Européens est évidente et il serait superflu d'y
insister. Il s'agit, cela est clair, d'un intérêt
national de premier ordre, lié -4 la solidité de
tout notre établissement dans l'Afrique du Nord.
Notons que le nombre restreint des Français de
la Régence et surtout de ceux exerçant la profes-
sion agricole est un des arguments principaux
dont usent les auteurs de La Tunisie martyre
pour nous inviter à céder la place.
Les Italiens enracinés en Tunisie ont à cette
innovation un intérêt plus considérable encore
que le nôtre, car elle se traduirait pour eux, non
point par un gain assez creux, somme toute, d'in-
fluence politique, mais par une substantifique
moelle quotidienne. Dès l'instant, en effet, où ils
ne se grouperont plus en Tunisie en un clan
fermé donnant forcément prise anx soupçons des
gens inquiets, du jour où ils commenceront à
être versés progressivement dans nos rangs, les
Italiens ne seront plus des étrangers à perpétuité
lui-même. Elle respectera les personnes qui au-
ront vu le jour dans la Régence d'un père et
d'une mère venus tous deux de l'étranger. Elle
se bornera à donner aux membres de cette
deuxième génération la latitude de se faire ins-
crire comme Français, s'ils le désirent, par une
simple déclaration devant un juge de paix. Faculté
dont usera sans doute plus d'un parmi ceux qui
auront épousé des Françaises. Il va de soi qu'une
loi de ce genre ne s'arrêterait pas aux Italiens et
engloberait tous les étrangers non musulmans.
Pour les musulmans, un décret beylical créerait
une naturalisation tunisienne inspirée des mêmes
considérations.
Les conventions de 1896 nous lient-elles pour
le moment les mains? L'article 13 de la conven-
tion consulaire et d'établissement énonce que :
Seront considérés comme sujets tunisiens en Italie
et comme sujets italiens en Tunisie, ceux qui auront COIl-
servé, d'après les lois de leur pays, la nationalité tuni-
sienne ou italienne.
Or, d'après le code italien, article 11 :
La cittadinanza si perde...
f 0 Da colui che vi rinunzia ;
2° Da colui che abbia ottenuto la cittadinanza in paese
estero ;
3°
Si donc un Italien obtient la naturalisation
française, il cesse ipso facto d'être Italien. Tou-
tefois, dans le protocole annexé à la convention
précitée, on a stipulé ceci :
I. — Il est entendu que les dispositions de l'article 13 ne
sont pas applicables aux Italiens qni auraient acquis une
autre natioualité, en Tunisie, en vertu d'un acte de natu-
ralisation, ou, hors de Tunisie, soit en vertu d'un acte de
naturalisation, soit par l'effet de la loi.
On argumente de là qu'en Tunisie, les Italiens
peuvent devenir Français par un acte de natura-
lisation (individuelle) mais qu'ils n'y sont pas
susceptibles d'acquérir cette qualité par l'effet de
la loi (naturalisation automatique) puisque ce
moyen ne leur est consenti que hors de la Régence,
c'est-à-dire en France ou en Algérie. Si le régime
du Protectorat n'est pas un obstacle à la natura-
lisation française automatique des étrangers
européens, cette mesure trouve au contraire sa
pierre d'achoppement vis-à-vis des Italiens dans
les conventions de 1896.
Or. celles-ci, ne l'oublions pas, sont dénoncées
depuis deux ans environ. Il est d'une courtoisie
élémentaire et d'une tradition constante de leur
conserver leur effet tant que d'autres ne les au-
ront pas remplacées. Il serait fâcheux que le
recul aux calendes grecques de cette substitution
prorogeât indéfiniment le contenu des accords
abolis.
Car l'ouverture de la cité française aux étran-
gers fixés corps et âmes en Tunisie transformera
entièrement et la question italienne et la posi-
tion même de tout l'élément européen. On a pu
remarquer qu'au cours de cette étude, tout en
indiquant les progrès accomplis par nos frères
latins en Tunisie et l'attitude combative de leurs
dirigeants, nous avons évité de prendre à notre
compte les expressions de « péril italien » ou
d' c envahissement sicilien ». Les variations sur
ce thème épanchées dans l'atmosphère de Tuni-
sie ou de France par de lourds pianos ou des
violons subtils s'expliquaient avant 1914, l'Italie
étant membre de la Triple-Alliance. La victoire
des alliés, et ce qui s'en est suivi, ont retourné la
situation. Les airs connus égrenés aujourd'hui
par les mêmes instruments font plus honneur
au talent des artistes qu'à leur science de tous
les éléments du sujet. Ces virtuoses ignorent le
véritable état d'esprit de la masse italienne de
Tunisie et font 11 des effets du bouleversement
mondial. Leur mélodie est imprégnée d'anachro-
nisme. Les indigènes du beylik ne sont plus des
gens de tout repos. Borgne ou aveugle est celui
qui n'aperçoit pas que le seul problème qui
compte maintenant est le problème jeune tuni-
sien. Persister à parler de péril italien dans les
circonstances présentes rappelle la cécité de nos
hommes d'Etat de jadis s'obstinant à lutter con-
tre la Maison d'Autriche après l'apparition de la
Prusse au firmament européen.
Non moins désuet est l'entêtement des cercles-
italiens de Tunisie à vouloir écarter des Français
leurs ressortissants. Politique nationaliste assu-
rément respectable par le haut sentiment patrio-
tique dont elle s'inspire. Politique qui, néanmoins,
a fait son temps elle aussi et dont la prolongation
serait néfaste à la civilisation latine et à son
développement en Afrique. Démosthène est loué
d'avoir guerroyé contre Philippe de Macédoine,
mais, heureusement pour l'hellénisme, le grand
orateur se fit vaincre à Chéronée et sa défaite-
constitua l'indispensable préface à la conquête de
l'Asie par Alexandre. Pour l'Espagne islamique,
une des premières causes de faiblesse et de
ruine fut la rivalité entre Syriens et Berbères,
également musulmans, mais colonisant El Anda-
los par bandes ennemies ou rivales et se refusant
à toute fusion.
L'utilité pour la France de l'introduction en
Tunisie de la naturalisation automatique des
Européens est évidente et il serait superflu d'y
insister. Il s'agit, cela est clair, d'un intérêt
national de premier ordre, lié -4 la solidité de
tout notre établissement dans l'Afrique du Nord.
Notons que le nombre restreint des Français de
la Régence et surtout de ceux exerçant la profes-
sion agricole est un des arguments principaux
dont usent les auteurs de La Tunisie martyre
pour nous inviter à céder la place.
Les Italiens enracinés en Tunisie ont à cette
innovation un intérêt plus considérable encore
que le nôtre, car elle se traduirait pour eux, non
point par un gain assez creux, somme toute, d'in-
fluence politique, mais par une substantifique
moelle quotidienne. Dès l'instant, en effet, où ils
ne se grouperont plus en Tunisie en un clan
fermé donnant forcément prise anx soupçons des
gens inquiets, du jour où ils commenceront à
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