Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 83
haussant leurs édifices, soit en les transportant
dans des locaux plus vastes. Ils obtinrent égala-
ment d'ouvrir d'autres écoles privées eii dehors
des de.ux figurant au décret. '
A défaut de la Statistique générale de la Tu-
nisie qui ne mentionne, on ne sait pourquoi,
que les écoles françaises, Camille Fidel (1) nous
avait fourni pour 1910 un tableau des écoles ita-
liennes alors fréquentées par 8.000 élèves envi-
ron. En 1914, un opuscule de. la Dante Alighieri
de Tunis (2) précisait qu'il y avait, cette année-là,
29 écoles, 1-65 professeurs et 8.174 enfants. Res-
pectivement, 8,20 et 1, 120. dépendaient de l'acti-
vité privée; concentrée entre les mains de la
Dante. En 1920, M. Cadini, directeur de l'école
Umberto 1er, lut au Congrès de la Dante .Alighier i
tenu à Trieste une communication sur La nuova
situazione, fatta agli Italiani di. Tunisia que la
Tribuna Coloniale imprima dans son numéro du
12 février 1921. Ce rapport contient des rensei-
gnements sur la scolarité. Ecoles et instituteurs
so.ut, en 1920,au même nombre qu'en 1914, mais
il y a 8:474 élèves dont 1. 420. pour les écoles ou
cours de la Dante. De la comparaison des di-
verses statistiques, il résulte que l'accroissement
observé depuis 1910 est dû avant tout aux écoles
privées et . subsidiairement aux établissements
officiels de Tunis. Au contraire, les écoles royales
de La Goulette, Sousse et Sfax ont perdu beau-
coup de leur clientèle, ce qui montre bien que
là où il y a des écoles françaises suffisantes, les
Italiens les préfèrent à leurs propres établisse-
ments. Notons à cet égard qu'en 1919, les enfants
italiens, qui recevaient l'instruction dans des
écoles françaises étaient'9.133. Dans les écoles
officielles italiennes, les programmes sont entiè-'
rement italiens, les inspections sont faites par
des fonctionnaires ou dés commissions envoyées
d'Italie. L'administration locale n'a pas à se
mêler de ce qui s'y passe, sauf en ce qui con-
cerne l'hygiène et l'ordre public.
. Mais le plus grand privilège dont s'enorgueil-
lissent les Italiens en Tunisie, privilège qui d'ail-
leurs tourne d'aventure à leur détriment, est
celui de rester indéfiniment... Italiens de père en
fils. C'est la vieille coutume du Levant, perpétuée
jusqu'ici malgré quarante années de Protectorat
français. Dans les conventions de 1896, aucun
texte ne consacre expressément cette immunité
qui a survécu à l'abolition des capitulations. On
étaye d'habitude sa persistance sur le fait que la
Tunisie est une personne du droit international
différente de la France et que, par suite, celle-ci
manque dans la Régence de qualité juridique
'p'°ur absorber à son profit, à la seconde ou à la
troisième génération, les Européens, à l'instar de
ce qui a, lieu sur son sol propre ou dans ses co-
lonies de domaine immédiat. En d'autres termes,
faute, d'annexion, la naturalisation automatique
est impossible. Du moins on le pense.
Ces diverses prérogatives ont pour résultat
dH C. FIDE,L. Les intérêts italiens en Tunisie. (L'Afrique fran-
fa:se, 1911, p. 124-134 )
Il (2) Semprè Cotitro. Tunisie, 1914. 1
qu'il est loisible à un Italien depuis sa naissance
jusqu'à sa mort de dérouler tout le cycle de sa
vie civile sans sortir d'un milieu italien. Il se
marie au Consulat d'Ilalie, y déclare ses enfants
qu'il met dans des écoles italiennes; il est soigné
à l'hôpital italien par des médecins italiens, il
est défendu par des avocats italiens, il lit des
journaux italiens, il est membre de sociétés ita-
liennes, etc. Sans limitation dans le temps. sa
descendance demeure italienne. Il y a là une si-
tuation véritablement extraordinaire et dont on
ne rencontre le pendant dans aucun autre pays
en dehors de l'Orient.
Pour tout esprit jugeant objectivement, ce ré-
gime d'exception ne saurait continuer, d'autant
plus que l'évolution de la Tunisie rapproche
celle-ci chaque jour davantage, en ce qui con-
cerne les non indigènes, du type social européen.
Au surplus, la France tend à considérer de plus
en plus l'île du Maghreb (Maroc-Algérie-Tunisie)
comme une parcelle intégrante de la mère-patrie.
La solution qui s'impose avec rigueur est donc
la suivante : appliquer aux étrangers en Tunisie
les mêmes lois, règlements ou usages que ceux
auxquels.ils sont soumis en France ou en Algérié.
Ce qu'ils y perdront en privilèges sera largement
compensé "pour eux par leur participation à tous
les avantages dont bénéficient leurs compatriotes
de Dunkerque à Nice ou d'Oran à La Calle. Il ne
serait ni humiliant ni vexatoire pour les
100,000 Italiens de Tunisie d'être sur le même
pied que les 100.000 Italiens de Marseille. Les
deux conventions dénoncées de 1896 sont donc
purement et simplement à remplacer par un ac-
cord, dense de suc et sobre de paroles, comme le
récent arrangement franco-britannique que le
décret beylical du 19 décembre 1919 homologua.
Mais l'italianité défendra sans doute ses positions.
Présentons ici une remarque: Alors que les
Italiens d'Algérie ou de France ne provoquent
jamais de friction entre le gouvernement de la
république et celui du roi Victor-Emmanuel III,
ceux de la Régence ont été à plus d'une reprise
la cause de dissentiments assez sérieux allant jus-
qu'à risquer de nuire aux bonnes relations indis-
pensables aux deux peuples. Ainsi que tous les
privilégiés, ils font feu à chaque instant, à Rome
ou à Tunis, de leurs prérogatives et immunités
et, comme celles-ci heurtent en plus d'une occa-
sion le cours normal des choses, il en résulte des
conflits ou des malentendus. Les événements ont
prouvé que le retour des Italiens de Tunisie au
droit commun d'Europe est essentiel à la bonne
harmonie des deux sœurs latines.
Notre ministre des Affaires étrangères a là une
raison particulière de liquider une fois pour toutes
les hypothèques italiennes. Après avoir longtemps
soldé en monnaie tunisienne l'assentiment de
l'Italie ,en d'autres questions (encore tout récem-
ment l'accord franco-italien du 12 septembre 1919
payait sur le dos de la Régence nos augmentations
coloniales africaines au Cameroun et au Togo),
l'heure a sonné de jouer le jeu inverse et de solder
avec des valeurs adriatiques et orientales ou avec
haussant leurs édifices, soit en les transportant
dans des locaux plus vastes. Ils obtinrent égala-
ment d'ouvrir d'autres écoles privées eii dehors
des de.ux figurant au décret. '
A défaut de la Statistique générale de la Tu-
nisie qui ne mentionne, on ne sait pourquoi,
que les écoles françaises, Camille Fidel (1) nous
avait fourni pour 1910 un tableau des écoles ita-
liennes alors fréquentées par 8.000 élèves envi-
ron. En 1914, un opuscule de. la Dante Alighieri
de Tunis (2) précisait qu'il y avait, cette année-là,
29 écoles, 1-65 professeurs et 8.174 enfants. Res-
pectivement, 8,20 et 1, 120. dépendaient de l'acti-
vité privée; concentrée entre les mains de la
Dante. En 1920, M. Cadini, directeur de l'école
Umberto 1er, lut au Congrès de la Dante .Alighier i
tenu à Trieste une communication sur La nuova
situazione, fatta agli Italiani di. Tunisia que la
Tribuna Coloniale imprima dans son numéro du
12 février 1921. Ce rapport contient des rensei-
gnements sur la scolarité. Ecoles et instituteurs
so.ut, en 1920,au même nombre qu'en 1914, mais
il y a 8:474 élèves dont 1. 420. pour les écoles ou
cours de la Dante. De la comparaison des di-
verses statistiques, il résulte que l'accroissement
observé depuis 1910 est dû avant tout aux écoles
privées et . subsidiairement aux établissements
officiels de Tunis. Au contraire, les écoles royales
de La Goulette, Sousse et Sfax ont perdu beau-
coup de leur clientèle, ce qui montre bien que
là où il y a des écoles françaises suffisantes, les
Italiens les préfèrent à leurs propres établisse-
ments. Notons à cet égard qu'en 1919, les enfants
italiens, qui recevaient l'instruction dans des
écoles françaises étaient'9.133. Dans les écoles
officielles italiennes, les programmes sont entiè-'
rement italiens, les inspections sont faites par
des fonctionnaires ou dés commissions envoyées
d'Italie. L'administration locale n'a pas à se
mêler de ce qui s'y passe, sauf en ce qui con-
cerne l'hygiène et l'ordre public.
. Mais le plus grand privilège dont s'enorgueil-
lissent les Italiens en Tunisie, privilège qui d'ail-
leurs tourne d'aventure à leur détriment, est
celui de rester indéfiniment... Italiens de père en
fils. C'est la vieille coutume du Levant, perpétuée
jusqu'ici malgré quarante années de Protectorat
français. Dans les conventions de 1896, aucun
texte ne consacre expressément cette immunité
qui a survécu à l'abolition des capitulations. On
étaye d'habitude sa persistance sur le fait que la
Tunisie est une personne du droit international
différente de la France et que, par suite, celle-ci
manque dans la Régence de qualité juridique
'p'°ur absorber à son profit, à la seconde ou à la
troisième génération, les Européens, à l'instar de
ce qui a, lieu sur son sol propre ou dans ses co-
lonies de domaine immédiat. En d'autres termes,
faute, d'annexion, la naturalisation automatique
est impossible. Du moins on le pense.
Ces diverses prérogatives ont pour résultat
dH C. FIDE,L. Les intérêts italiens en Tunisie. (L'Afrique fran-
fa:se, 1911, p. 124-134 )
Il (2) Semprè Cotitro. Tunisie, 1914. 1
qu'il est loisible à un Italien depuis sa naissance
jusqu'à sa mort de dérouler tout le cycle de sa
vie civile sans sortir d'un milieu italien. Il se
marie au Consulat d'Ilalie, y déclare ses enfants
qu'il met dans des écoles italiennes; il est soigné
à l'hôpital italien par des médecins italiens, il
est défendu par des avocats italiens, il lit des
journaux italiens, il est membre de sociétés ita-
liennes, etc. Sans limitation dans le temps. sa
descendance demeure italienne. Il y a là une si-
tuation véritablement extraordinaire et dont on
ne rencontre le pendant dans aucun autre pays
en dehors de l'Orient.
Pour tout esprit jugeant objectivement, ce ré-
gime d'exception ne saurait continuer, d'autant
plus que l'évolution de la Tunisie rapproche
celle-ci chaque jour davantage, en ce qui con-
cerne les non indigènes, du type social européen.
Au surplus, la France tend à considérer de plus
en plus l'île du Maghreb (Maroc-Algérie-Tunisie)
comme une parcelle intégrante de la mère-patrie.
La solution qui s'impose avec rigueur est donc
la suivante : appliquer aux étrangers en Tunisie
les mêmes lois, règlements ou usages que ceux
auxquels.ils sont soumis en France ou en Algérié.
Ce qu'ils y perdront en privilèges sera largement
compensé "pour eux par leur participation à tous
les avantages dont bénéficient leurs compatriotes
de Dunkerque à Nice ou d'Oran à La Calle. Il ne
serait ni humiliant ni vexatoire pour les
100,000 Italiens de Tunisie d'être sur le même
pied que les 100.000 Italiens de Marseille. Les
deux conventions dénoncées de 1896 sont donc
purement et simplement à remplacer par un ac-
cord, dense de suc et sobre de paroles, comme le
récent arrangement franco-britannique que le
décret beylical du 19 décembre 1919 homologua.
Mais l'italianité défendra sans doute ses positions.
Présentons ici une remarque: Alors que les
Italiens d'Algérie ou de France ne provoquent
jamais de friction entre le gouvernement de la
république et celui du roi Victor-Emmanuel III,
ceux de la Régence ont été à plus d'une reprise
la cause de dissentiments assez sérieux allant jus-
qu'à risquer de nuire aux bonnes relations indis-
pensables aux deux peuples. Ainsi que tous les
privilégiés, ils font feu à chaque instant, à Rome
ou à Tunis, de leurs prérogatives et immunités
et, comme celles-ci heurtent en plus d'une occa-
sion le cours normal des choses, il en résulte des
conflits ou des malentendus. Les événements ont
prouvé que le retour des Italiens de Tunisie au
droit commun d'Europe est essentiel à la bonne
harmonie des deux sœurs latines.
Notre ministre des Affaires étrangères a là une
raison particulière de liquider une fois pour toutes
les hypothèques italiennes. Après avoir longtemps
soldé en monnaie tunisienne l'assentiment de
l'Italie ,en d'autres questions (encore tout récem-
ment l'accord franco-italien du 12 septembre 1919
payait sur le dos de la Régence nos augmentations
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