Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 55
Le général Lyautey a répondu :
Mon cher Cottez,
Non, je ne fats pas récompenser les troupes selon leur
mérite. Ces troupes, je les vois à l'oeuvre tous les jours,
J.e viens de visiter tous les avant-postes; je sais quel est
l'effort qu'elles donnent sur ce front, qui est l'un des
-seuls fronts du monde où l'on se batte encore. C est ce
qu'il faut que la France sache : Elle ne le sait pas assez;
ce n'est certes pas ma faute! Mais je n épargne et n 'épar-
gnerai pas ma peine pour faire rendre justice à ces fronts
extérieurs et méconnus !
M. Bernaudat, doyen de la colonie française, a
rappelé les progrès du Maroc et le chemin par-
couru depuis le Maroc d'autrefois — d hier pour-
tant — où « les quelques rares compatriotes,
touristes ou missionnaires, qui osaient venir
visiter le Maroc, paraissaient entreprendre un
voyage au cœur de l'Afrique centrale ». Puis le
délégué du Grand-Vizir a apporté, les félicitations
et les remerciements du Makhzen. A quoi le gé-
néral a répondu :
Excellence,
Il m'est particulièrement agréable de recevoir de votre
bouche l'expression des sentiments que veulent bien
m'exprimer Sa Majesté Chérifienne et son Makhzen émi-
nent. Vous en êtes un des membres les plus distingués.
Après avoir rempli avec éclat vote haute mission à
Oudjda, vous me. rendez aujourd'hui les plus signalés
services à la tête de la délégation de l'enseignement.
C'est en effei par l'enseignement largement donné à cette
jeunesse marocaine, si. particulièrement intelligente, si
avide de s'instruire, que nous acheminerons ce peuple,
dans toutes les branches de l'activité humaine, vers les
destinées où ses aptitudes lui réservent un des premiers
rangs.
Mais cet enseignement ne sera efficace et fécond qu a la
condition d'être donné avec un discernement mesuré,
avec un souci constant de ne détourner la jeunesse ni
des grandes traditions de cet Empire, ni de sa religion si
respectable. C'est à cette tâche si délicate et si impor-
tante que dans votre collaboration étroite et cordiale avec
M. le Directeur de l'Enseignement, et sous la haute impul-
sion de Sa Majesté Chérifienne, vous vous consacrez avec
une intelligence et un zèle auxquels je suis heureux de
rendre hommage.
Et si j'insiste aujourd'hui sur votre mission particu--
lière, c'est parce que cette, œuvre de l'enseignement est
certainement l'une de celles qui caractérisent le mieux
l'oeuvre de paix, de développement et de progrès que la
France s'est assignée au Maroc.
Nul n'en a plus le sentiment que l'Auguste Souverain
dont la confiance et l'amitié me sont chaque jeur plus
précieuses. • •
Vous voudrez bien être auprès de lui 1 interprète des sen-
timents que je lui porte, et avec moi tous les Français
conscients du grand rôle qu'il a joué dans ce pays depuis
l'ètablissement du Protectorat
Si tant de vies humaines ont été épargnées, si de vastes
régions se sont unies à nous pacifiquement, c'est certaine-
ment pour la plus grande part grâce à son influence bien-
faisante.
En lui adressant mes vœux, j'y associe Son Excellence
le Grand Vizir et tout le Makhzen qui se sont si loyale-
ment conformés aux intentions du Souverain, et je vous
exprime tous mes souhaits pour Sa Majesté Moulay
Youssef, pour le Makhzen et pour le Peuple Marocain.
.Puis s'adressant à la colonie française, le gé-
néral a prononcé le discours suivant :
Mon cher Bernaudat,
Votre allocution me -Va au coeur.
Elle est empreinte de cette sympathie, de cette cordia-
lité dans l'effort commun qui seules rendent supportable
la tâche de plus en plus lourde que les difficultés des
temps imposent ici à ceux qui ont la charge de gouverner.
Vos paroles à l'adresse de ma femme me touchent parti-
culièrement. Je suis certainement son interprète en vous
remerciant du témoignage que vous rendez à la mission
qu'elle s'est tracée dans le domaine des œuvres sociales
et où elle m'apporte un concours sur lequel il ne m'appar-
tient pas de m'étendre.
J'exprime bien sincèrement ma gratitude à la Colonie
française du Maroc pour l'union dont, depuis mon retour
de France, elle a fait preuve autour de moi,pour la bonne
volonté, j'ajouterai si vous le permettez, la bonne grâce,
avec lesquelles elle s'efforce de nous seconder malgré les
difficultés si réelles, si croissantes qu'une crise générale
chaque jour plus lourde fait peser sur elle et dont, soyez-
en bien assuré, je ne connais que trop le poids pour les
intérêts privés.
Ayant, comme c'est mon devoir, à vous donner quel-
ques vues générales, en ce premier jour de l année où,
entre tous, il convient de faire un bilan, je me reporterai
aux paroles que je vous adressais il y a un an a pareille
date et, vraiment, les faits pendant'cette lourde année se
sont trouvés tellement d'accord avec ce que je vous disais
alors, les visions d'avenir restent tellement les mêmes,
que je me permets, tout simplement, ne trouvant pas
d'autres termes pour dire les mêmes choses, de voiis en
relire quelques passages.
Il ne-faut pas se le dissimuler —vous disais-je, 1 année
qui s'ouvre sera lourde entre toutes.
Tous les problèmes et les plus angoissants se posent à
la fois, et non seulement au Maroc mais dans le monde
entier.
Vous êtes suffisamment éclairés par toutes les informa-
tions pour vous rendre compte de la situation du monde.
Il est partout en pleine révolution, sinon dans le sens
politique, du moins dans le sens général de ce terme.
Toutes les conditions normales de la vie, fortune, pro-
duction. alimentation, transports, ont été renversees :
nous vivons des temps sans précédent.
La paix elle-même n'est pas encore partout acquise. En
Russie, en Pologne, au Nord-Est de l'Allemagne, en Asie
Mineure, on se bat toujours, on massacre, on pille, on
brûle.. ,
Si je crois devoir vous faire ce rapide expose, c est pour
que nous prenions le recul qui ramène les choses à leurs
justes proportions, pour que nous comprenions combien
au regard de problèmes si angoissants se rapetissent tant
de choses où piétinent nos préoccupations habituelles.
Lorsqu'on regarde la plaine du haut d'une cime, les col-
lines, les arbres, les maisons qui d'en bas nous dominent,
s'abîment dans la poussière et apparaissent si petits, si
négligeables.
C'est ainsi, Messieurs, que doivent nous apparaître dé-
sormais tant de petits intérêts particuliers, tant de petites
choses dont nous nous faisons des mondes, dont le débat
incessant n'aboutit qu'à des pertes de temps et de forces
que nous n'avons plus le droit de nous permettre.
A vous, Messieurs les Colons, mes très chers compa-
triotes, je vous demande de ne pas perdre de vue un jour
la prédominance des intérêts généraux, de faciliter notre
tâche déjà si rude en la dégageant des polémiques
oiseuses.
A vous, Messieurs les Fonctionnaires, civils ou mili-
taires, je demande de vous rendre compte qu 'à la situa-
tion que je viens d'esquisser, il faut des méthodes toutes
nouvelles. Les vieilles formules ont fait leur temps... Ce
qu'il laut aujourd'hui, c'est voir le but, toujours le but et
seulement le but, et constamment y adapter les moyens
pour l'atteindre dans le plus bref délai.
Je porte ce sentiment jusqu'à l'angoisse. Il hante mes
jours, mes nuits; je n'y ai aucun mérite parce que, du
poste que j'occupe, ayant participé au gouvernement de
mon pays, les problèmes s'imposent à moi dans toute leur
amplitude, la gravité des choses m'apparaît en pleine
lumière sans qu'aucun intermédiaire eu ait tamisé l éclat
aveuglant. Mais je voudrais pouvoir me dédoubler, mp
centupler pour être près de chacun de vous et vous dire :
« Ne coupez donc pas de cheveux en quatre, laissez
toutes ces vétilles, concluez, aboutissez, réalisez. »
En vous adressant mes vœux les plus affectueux pour
1
Le général Lyautey a répondu :
Mon cher Cottez,
Non, je ne fats pas récompenser les troupes selon leur
mérite. Ces troupes, je les vois à l'oeuvre tous les jours,
J.e viens de visiter tous les avant-postes; je sais quel est
l'effort qu'elles donnent sur ce front, qui est l'un des
-seuls fronts du monde où l'on se batte encore. C est ce
qu'il faut que la France sache : Elle ne le sait pas assez;
ce n'est certes pas ma faute! Mais je n épargne et n 'épar-
gnerai pas ma peine pour faire rendre justice à ces fronts
extérieurs et méconnus !
M. Bernaudat, doyen de la colonie française, a
rappelé les progrès du Maroc et le chemin par-
couru depuis le Maroc d'autrefois — d hier pour-
tant — où « les quelques rares compatriotes,
touristes ou missionnaires, qui osaient venir
visiter le Maroc, paraissaient entreprendre un
voyage au cœur de l'Afrique centrale ». Puis le
délégué du Grand-Vizir a apporté, les félicitations
et les remerciements du Makhzen. A quoi le gé-
néral a répondu :
Excellence,
Il m'est particulièrement agréable de recevoir de votre
bouche l'expression des sentiments que veulent bien
m'exprimer Sa Majesté Chérifienne et son Makhzen émi-
nent. Vous en êtes un des membres les plus distingués.
Après avoir rempli avec éclat vote haute mission à
Oudjda, vous me. rendez aujourd'hui les plus signalés
services à la tête de la délégation de l'enseignement.
C'est en effei par l'enseignement largement donné à cette
jeunesse marocaine, si. particulièrement intelligente, si
avide de s'instruire, que nous acheminerons ce peuple,
dans toutes les branches de l'activité humaine, vers les
destinées où ses aptitudes lui réservent un des premiers
rangs.
Mais cet enseignement ne sera efficace et fécond qu a la
condition d'être donné avec un discernement mesuré,
avec un souci constant de ne détourner la jeunesse ni
des grandes traditions de cet Empire, ni de sa religion si
respectable. C'est à cette tâche si délicate et si impor-
tante que dans votre collaboration étroite et cordiale avec
M. le Directeur de l'Enseignement, et sous la haute impul-
sion de Sa Majesté Chérifienne, vous vous consacrez avec
une intelligence et un zèle auxquels je suis heureux de
rendre hommage.
Et si j'insiste aujourd'hui sur votre mission particu--
lière, c'est parce que cette, œuvre de l'enseignement est
certainement l'une de celles qui caractérisent le mieux
l'oeuvre de paix, de développement et de progrès que la
France s'est assignée au Maroc.
Nul n'en a plus le sentiment que l'Auguste Souverain
dont la confiance et l'amitié me sont chaque jeur plus
précieuses. • •
Vous voudrez bien être auprès de lui 1 interprète des sen-
timents que je lui porte, et avec moi tous les Français
conscients du grand rôle qu'il a joué dans ce pays depuis
l'ètablissement du Protectorat
Si tant de vies humaines ont été épargnées, si de vastes
régions se sont unies à nous pacifiquement, c'est certaine-
ment pour la plus grande part grâce à son influence bien-
faisante.
En lui adressant mes vœux, j'y associe Son Excellence
le Grand Vizir et tout le Makhzen qui se sont si loyale-
ment conformés aux intentions du Souverain, et je vous
exprime tous mes souhaits pour Sa Majesté Moulay
Youssef, pour le Makhzen et pour le Peuple Marocain.
.Puis s'adressant à la colonie française, le gé-
néral a prononcé le discours suivant :
Mon cher Bernaudat,
Votre allocution me -Va au coeur.
Elle est empreinte de cette sympathie, de cette cordia-
lité dans l'effort commun qui seules rendent supportable
la tâche de plus en plus lourde que les difficultés des
temps imposent ici à ceux qui ont la charge de gouverner.
Vos paroles à l'adresse de ma femme me touchent parti-
culièrement. Je suis certainement son interprète en vous
remerciant du témoignage que vous rendez à la mission
qu'elle s'est tracée dans le domaine des œuvres sociales
et où elle m'apporte un concours sur lequel il ne m'appar-
tient pas de m'étendre.
J'exprime bien sincèrement ma gratitude à la Colonie
française du Maroc pour l'union dont, depuis mon retour
de France, elle a fait preuve autour de moi,pour la bonne
volonté, j'ajouterai si vous le permettez, la bonne grâce,
avec lesquelles elle s'efforce de nous seconder malgré les
difficultés si réelles, si croissantes qu'une crise générale
chaque jour plus lourde fait peser sur elle et dont, soyez-
en bien assuré, je ne connais que trop le poids pour les
intérêts privés.
Ayant, comme c'est mon devoir, à vous donner quel-
ques vues générales, en ce premier jour de l année où,
entre tous, il convient de faire un bilan, je me reporterai
aux paroles que je vous adressais il y a un an a pareille
date et, vraiment, les faits pendant'cette lourde année se
sont trouvés tellement d'accord avec ce que je vous disais
alors, les visions d'avenir restent tellement les mêmes,
que je me permets, tout simplement, ne trouvant pas
d'autres termes pour dire les mêmes choses, de voiis en
relire quelques passages.
Il ne-faut pas se le dissimuler —vous disais-je, 1 année
qui s'ouvre sera lourde entre toutes.
Tous les problèmes et les plus angoissants se posent à
la fois, et non seulement au Maroc mais dans le monde
entier.
Vous êtes suffisamment éclairés par toutes les informa-
tions pour vous rendre compte de la situation du monde.
Il est partout en pleine révolution, sinon dans le sens
politique, du moins dans le sens général de ce terme.
Toutes les conditions normales de la vie, fortune, pro-
duction. alimentation, transports, ont été renversees :
nous vivons des temps sans précédent.
La paix elle-même n'est pas encore partout acquise. En
Russie, en Pologne, au Nord-Est de l'Allemagne, en Asie
Mineure, on se bat toujours, on massacre, on pille, on
brûle.. ,
Si je crois devoir vous faire ce rapide expose, c est pour
que nous prenions le recul qui ramène les choses à leurs
justes proportions, pour que nous comprenions combien
au regard de problèmes si angoissants se rapetissent tant
de choses où piétinent nos préoccupations habituelles.
Lorsqu'on regarde la plaine du haut d'une cime, les col-
lines, les arbres, les maisons qui d'en bas nous dominent,
s'abîment dans la poussière et apparaissent si petits, si
négligeables.
C'est ainsi, Messieurs, que doivent nous apparaître dé-
sormais tant de petits intérêts particuliers, tant de petites
choses dont nous nous faisons des mondes, dont le débat
incessant n'aboutit qu'à des pertes de temps et de forces
que nous n'avons plus le droit de nous permettre.
A vous, Messieurs les Colons, mes très chers compa-
triotes, je vous demande de ne pas perdre de vue un jour
la prédominance des intérêts généraux, de faciliter notre
tâche déjà si rude en la dégageant des polémiques
oiseuses.
A vous, Messieurs les Fonctionnaires, civils ou mili-
taires, je demande de vous rendre compte qu 'à la situa-
tion que je viens d'esquisser, il faut des méthodes toutes
nouvelles. Les vieilles formules ont fait leur temps... Ce
qu'il laut aujourd'hui, c'est voir le but, toujours le but et
seulement le but, et constamment y adapter les moyens
pour l'atteindre dans le plus bref délai.
Je porte ce sentiment jusqu'à l'angoisse. Il hante mes
jours, mes nuits; je n'y ai aucun mérite parce que, du
poste que j'occupe, ayant participé au gouvernement de
mon pays, les problèmes s'imposent à moi dans toute leur
amplitude, la gravité des choses m'apparaît en pleine
lumière sans qu'aucun intermédiaire eu ait tamisé l éclat
aveuglant. Mais je voudrais pouvoir me dédoubler, mp
centupler pour être près de chacun de vous et vous dire :
« Ne coupez donc pas de cheveux en quatre, laissez
toutes ces vétilles, concluez, aboutissez, réalisez. »
En vous adressant mes vœux les plus affectueux pour
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