Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE .«
Aoudjilla plus rapprochées, dont le chapelet
s'égrène au Midi des plateaux de Cyrénaïque.
Mais on lui attribue aussi Adjedabia. située à
14 kilomètres de la mer, là où la Grande-Syrte
dessine un golfe au Sud de Benghazi, Adjedabia
où Sidi Idris a, depuis au moins deux ans, sa rési-
dence et qui était à l'époque fatimite l'emporium
de 'top te cette, zone. Un voyage de Sidi Idris à
Rome (nov.-déc.) consacra cette création.
De ces divers événements et de ceux ultérieurs,
il ressort très nettement que la Tripolitaine est
livrée aux luttes des seigneurs féodaux et aux
rivalités entre tribus qu'exaspèrent vers notre
frontière les haines ethnico-religieuses entre les
arabes orthodoxes et les Berbères abadhites
qui. suivènt Khalifa ben Asker. L'Italie s'était
flattée de fixer l'humeur inquiète des feudataires
en leur conférant l'investiture administrative des
fonctions qu'ils détenaient déjà dans la réalité, ce
qui permettait de leur verser des subsides sous
couleur de traitements. Mais, sous les burnous
des nouveauxmoutessarifs ou caïmacans, battaient
toujours les cœurs ardents et indociles des sei-
gneurs bédouins.
Le Statuto futur n'est envisagé par chacun de
ces derniers que comme une arme d'un genre
spécial à brandir dans leurs querelles. Ce que
chacun y découvre de plus clair, c'est la garantie
de sa propre indépendance contre les interventions
gouvernementales et contre les coups de force
de ses collègues. Le Chtioui rebellè écrit au
ministre des Colonies, à Rome, pour invoquer la
charte, parce que le gouverneur a illégalement, à
son sens, aidé contre lui Tarhouna et" Orfella. A
Azîzia, le 16 juin, on réclame aussi l'application
du Statuto. Aucun loyalisme dans ce geste, comme
ont bien voulu le croire les journaux italiens,
.mais uniquement manifestation d'hostilité envers
les Ramdane, les Kobar et les Khalifa ben Asker.
La nuance n'est pas négligeable. Aussi, après son
algarade, Khalifa ben Asker a beau se rallier à
l'Italie, ses voisins, quoiqu'ils soient conseillers
du gouvernement, ne s'en jettent pas moins sur
lui.
La politique italienne était ainsi formulée le
6 juillet 1920, à Montecitorio, par le ministre
des Colonies, Rossi :
... L'intention du gouvernement est de limiter l'occupa-
tion a la côte, où pour des raisons d'évidence, qui sont
aussi d'ordre militaire, il doit y avoir une administration
directe de l'Etat italien, au lieu qu'à l'intérieur l'adminis-
tration peut être remise à des chefs arabes jouissant de la
confiance des populations.
Et peu avant, le 18 juin, le Corriere della Sera
avait expliqué que ;
... L'application du Statut et la convocation du Parlement
contribueront à rétablir la situation en Libye. Mais surtout
il importe que la sympathie du monde musulman pour
lltalie ne diminue pas : pour y parvenir, il faut suivre
envers les Arabes de Libye une politique dè loyale amitié
et examiner toutes les revendications arabes avec la plus
grande bienveillance.
En réalité, nous sommes là en plein moyen
âge. Le gouvernement, qu'il s'appelle Menzinger
ou, depuis la fin août 1920, Mercatelli, est sans
pouvoir et sans influence. Rééditant sous le ciel
d'Afrique et au xxe siècle les Charles le Simple
ou les Louis d'Outremer, il n'a d'autorité que
dans trois centres fortifiés, Zouara, Homs et Tri-
poli où il est moralement assiégé. L'Italie a retiré
dans l'été 1920 les petites garnisons qu'elle avait
placées au dehors dans la seconde moitié de 1919.
Pour obtenir la libération des prisonniers faits
par Ramdane Chtioui en mai 1920 près de Homs
et à Syrte, S. E. Louis Mercatelli a dû proclamer
le blocus maritime de la zone misuratienne. Il a
pu ainsi arriver à ce qu'on lui restituât ces mili-
taires en janvier 1921. Pas tous cependant. Car
une douzaine d'officiers demeurent encore comme
otages aux mains d'Ahmed Chtioui, frère de Ram-
dane .et seigneur de Misurata. Parfilesure d'éco-
nomie, le gouverneur a cassé aux gages tous les
indigènes qui ne rendaient pas de services et, en
même temps que ses présides, il a retiré la cava-
leriè'de Saint-Georges~ Aussi, les grands cheikhs,
conseillers du gouvernement, ne se donnent-ils
plus la peine de répondre à ses convocations.
En revanche, leur conducteur actuel, Ahmed
ben Mraied, que sa victoire sur Ramdane Chtioui
a hissé sur le pavoi, a provoqué en novembre la
réunion au Ghariane d'un nouveau congrès de
notables. Là, on décida qu'on élirait comme
chef suprême du pays un musulman de marque.
On a parlé pour ce poste, soit de Sidi Ahmed
Cherif, ex-cheikh des Senoussia et adversaire
tenace des Italiens en Cyrénaïque jusqu'à sa fuite
en Orient (août 1918) par sous-marin allemand,
soit du prince turc Othmane Fouad qui, venu en
Tripolitaine la même année combattre les Ita-
liens, se rendit le 8 mars 1919 à nos soldats de
Dehibat qui le remirent à nos voisins. Sous l'im-
pulsion d'Ahmed ben Mraied, chef du parti na-
tionaliste réformateur, renaît ainsi un projet déjà
lancé par les notables indigènes au moment où
se discutait entre eux et l'Italie le fameux Sta-
tuto. Ce que réclame l'assemblée de Ghariane,
c'est que l'Italie nomme comme gouverneur de
la Tripolitaine un personnage mahométan choisi
par les représentants de la population. Une délé-
gation doit aller à Rome proposer cette innova-
tion que la charte ne défend pas et qui ne serait,
après tout, qu'une extension du système inauguré
à Adjedabia.
Dans cette crise, S. E. Mercatelli ne rencontre
d'appui qu'auprès de la famille Montasser, rivale
misuratienne des Chtiouis, et dont le chef fut en
décembre l'objet à Tripoli même d'une tentative
d'assassinat, destinée à l'empêcher de passer la
mer pour renseigner le ministre des Colonies.
Appui aussi auprès de Khalifa ben Asker et de
Slimane El Barouni, parce que ceux-ci ne veulent
pas de l'hégémonie d'Ahmed ben Mraied et parce
qu'étant abadhites, ils détestent la suprématie
des chefs arabes orthodoxes. Pour apprécier,
d'ailleurs, la nature du loyalisme d'El Barouni,
on ne lira pas sans fruit la lettre assez étrange
qu'il adressa de Zouara le 30 septembre au gou-
verneur, et qu'il envoya pour reproduction à la
Aoudjilla plus rapprochées, dont le chapelet
s'égrène au Midi des plateaux de Cyrénaïque.
Mais on lui attribue aussi Adjedabia. située à
14 kilomètres de la mer, là où la Grande-Syrte
dessine un golfe au Sud de Benghazi, Adjedabia
où Sidi Idris a, depuis au moins deux ans, sa rési-
dence et qui était à l'époque fatimite l'emporium
de 'top te cette, zone. Un voyage de Sidi Idris à
Rome (nov.-déc.) consacra cette création.
De ces divers événements et de ceux ultérieurs,
il ressort très nettement que la Tripolitaine est
livrée aux luttes des seigneurs féodaux et aux
rivalités entre tribus qu'exaspèrent vers notre
frontière les haines ethnico-religieuses entre les
arabes orthodoxes et les Berbères abadhites
qui. suivènt Khalifa ben Asker. L'Italie s'était
flattée de fixer l'humeur inquiète des feudataires
en leur conférant l'investiture administrative des
fonctions qu'ils détenaient déjà dans la réalité, ce
qui permettait de leur verser des subsides sous
couleur de traitements. Mais, sous les burnous
des nouveauxmoutessarifs ou caïmacans, battaient
toujours les cœurs ardents et indociles des sei-
gneurs bédouins.
Le Statuto futur n'est envisagé par chacun de
ces derniers que comme une arme d'un genre
spécial à brandir dans leurs querelles. Ce que
chacun y découvre de plus clair, c'est la garantie
de sa propre indépendance contre les interventions
gouvernementales et contre les coups de force
de ses collègues. Le Chtioui rebellè écrit au
ministre des Colonies, à Rome, pour invoquer la
charte, parce que le gouverneur a illégalement, à
son sens, aidé contre lui Tarhouna et" Orfella. A
Azîzia, le 16 juin, on réclame aussi l'application
du Statuto. Aucun loyalisme dans ce geste, comme
ont bien voulu le croire les journaux italiens,
.mais uniquement manifestation d'hostilité envers
les Ramdane, les Kobar et les Khalifa ben Asker.
La nuance n'est pas négligeable. Aussi, après son
algarade, Khalifa ben Asker a beau se rallier à
l'Italie, ses voisins, quoiqu'ils soient conseillers
du gouvernement, ne s'en jettent pas moins sur
lui.
La politique italienne était ainsi formulée le
6 juillet 1920, à Montecitorio, par le ministre
des Colonies, Rossi :
... L'intention du gouvernement est de limiter l'occupa-
tion a la côte, où pour des raisons d'évidence, qui sont
aussi d'ordre militaire, il doit y avoir une administration
directe de l'Etat italien, au lieu qu'à l'intérieur l'adminis-
tration peut être remise à des chefs arabes jouissant de la
confiance des populations.
Et peu avant, le 18 juin, le Corriere della Sera
avait expliqué que ;
... L'application du Statut et la convocation du Parlement
contribueront à rétablir la situation en Libye. Mais surtout
il importe que la sympathie du monde musulman pour
lltalie ne diminue pas : pour y parvenir, il faut suivre
envers les Arabes de Libye une politique dè loyale amitié
et examiner toutes les revendications arabes avec la plus
grande bienveillance.
En réalité, nous sommes là en plein moyen
âge. Le gouvernement, qu'il s'appelle Menzinger
ou, depuis la fin août 1920, Mercatelli, est sans
pouvoir et sans influence. Rééditant sous le ciel
d'Afrique et au xxe siècle les Charles le Simple
ou les Louis d'Outremer, il n'a d'autorité que
dans trois centres fortifiés, Zouara, Homs et Tri-
poli où il est moralement assiégé. L'Italie a retiré
dans l'été 1920 les petites garnisons qu'elle avait
placées au dehors dans la seconde moitié de 1919.
Pour obtenir la libération des prisonniers faits
par Ramdane Chtioui en mai 1920 près de Homs
et à Syrte, S. E. Louis Mercatelli a dû proclamer
le blocus maritime de la zone misuratienne. Il a
pu ainsi arriver à ce qu'on lui restituât ces mili-
taires en janvier 1921. Pas tous cependant. Car
une douzaine d'officiers demeurent encore comme
otages aux mains d'Ahmed Chtioui, frère de Ram-
dane .et seigneur de Misurata. Parfilesure d'éco-
nomie, le gouverneur a cassé aux gages tous les
indigènes qui ne rendaient pas de services et, en
même temps que ses présides, il a retiré la cava-
leriè'de Saint-Georges~ Aussi, les grands cheikhs,
conseillers du gouvernement, ne se donnent-ils
plus la peine de répondre à ses convocations.
En revanche, leur conducteur actuel, Ahmed
ben Mraied, que sa victoire sur Ramdane Chtioui
a hissé sur le pavoi, a provoqué en novembre la
réunion au Ghariane d'un nouveau congrès de
notables. Là, on décida qu'on élirait comme
chef suprême du pays un musulman de marque.
On a parlé pour ce poste, soit de Sidi Ahmed
Cherif, ex-cheikh des Senoussia et adversaire
tenace des Italiens en Cyrénaïque jusqu'à sa fuite
en Orient (août 1918) par sous-marin allemand,
soit du prince turc Othmane Fouad qui, venu en
Tripolitaine la même année combattre les Ita-
liens, se rendit le 8 mars 1919 à nos soldats de
Dehibat qui le remirent à nos voisins. Sous l'im-
pulsion d'Ahmed ben Mraied, chef du parti na-
tionaliste réformateur, renaît ainsi un projet déjà
lancé par les notables indigènes au moment où
se discutait entre eux et l'Italie le fameux Sta-
tuto. Ce que réclame l'assemblée de Ghariane,
c'est que l'Italie nomme comme gouverneur de
la Tripolitaine un personnage mahométan choisi
par les représentants de la population. Une délé-
gation doit aller à Rome proposer cette innova-
tion que la charte ne défend pas et qui ne serait,
après tout, qu'une extension du système inauguré
à Adjedabia.
Dans cette crise, S. E. Mercatelli ne rencontre
d'appui qu'auprès de la famille Montasser, rivale
misuratienne des Chtiouis, et dont le chef fut en
décembre l'objet à Tripoli même d'une tentative
d'assassinat, destinée à l'empêcher de passer la
mer pour renseigner le ministre des Colonies.
Appui aussi auprès de Khalifa ben Asker et de
Slimane El Barouni, parce que ceux-ci ne veulent
pas de l'hégémonie d'Ahmed ben Mraied et parce
qu'étant abadhites, ils détestent la suprématie
des chefs arabes orthodoxes. Pour apprécier,
d'ailleurs, la nature du loyalisme d'El Barouni,
on ne lira pas sans fruit la lettre assez étrange
qu'il adressa de Zouara le 30 septembre au gou-
verneur, et qu'il envoya pour reproduction à la
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.66%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.66%.
- Auteurs similaires Indochine française Indochine française /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Indochine française" or dc.contributor adj "Indochine française")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 53/758
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k97878865/f53.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k97878865/f53.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k97878865/f53.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k97878865
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k97878865
Facebook
Twitter