Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
166 BULLETIN DU COMITÉ
bas Congo. Le gouverneur voyait le danger d'ac-
coutumer les i>oirs à des rémunérations exces-
sives, et prévoyait une crise, quand les prix nor-
maux seront rétablis. Aussi résista-t-jl à l'abro-
gation du décret que M. Franck avait proposée
au Conseil colonial.
La présence au Congo d'une foule d'éléments
étrangers, sans cesse accrue, favorise l'établisse-
ment de grandes sociétés également étrangères.
Pour les grandes sociétés belges, M. Delcommune
les répartit en deux catégories, ayant des intérêts
diamétralement opposés: lessociétés ditespassives
et les sociétés dites actives. Les premières sont
les fournisseurs attitrés des petits traitants étran-
gers ; elles subissent leur action sans réagir;
elles ont intérêt à conserver les choses dans leur
état actuel. Les secondes, comme la Cie du Kasaï,
la Ci0 du Lomami-Loualaba, dont M. Delcom-
mune est administrateur délégué, font le com-
merce directement avec les indigènes et ne per-
dent pas de vue l'intérêt général de la colonie.
Mais, passives ou actives, toutes les grandes Com-
pagnies de commerce sont obligées, par les agis-
sements des petits traitants à vendre les mar-
chandises européennes à des prix très élevés. Il
n'existe, actuellement, aucun organisme com-
mercial qui ne vende à raison d'au moins 50 %
au-dessus du prix de revient, sur place, tandis
* qu'au temps de l'Etat indépendant, l'Etat cédait
les marchandises au prix de revient. D'où
M. Delcommune conclut que le système ancien
des grandes concessions à monopole était plus
avantageux aux populations congolaises que le
régime actuel. M. de Schoonen, directeur de la
Cie du Congo belge ayant attribué les maigres
résultats obtenus au Congo français, cette « colo-
nie morte » à ce fait que tout le commerce y est
aux mains de grandes sociétés, M. Delcommune
répliquaque sile Congo français ne prospère guère
ce n'est pas du tout, parce que le petit commerce
est exclu; la cause primordiale en est, dit-il, que
la colonie n'a pas de réseau navigable.
M. Delcommune voudrait voirie commerce rendu
accessible à la bourgeoisie belge. Les mesures
qu'il propose sont les suivantes : D'abord, épurer
la colonie des indésirables : Hindous, Grecs,
Portugais, etc., qui la rongent. En second lieu, ré-
glementer le commerce, abstraction faite du Ka-
tenga, les lois et ordonnances appelées à régir ce
pays devant être tout différentes des autres. Pour
cela, il faudrait exiger de ceux qui se livrent au
commerce, un certain capital, ou des répondants
de ce capital, et l'accomplissement de certaines
obligations. Sauf dans les centres, et dans cer-
taines parties, comme le Katanga, où la vente
serait libre, le gouvernement fixerait un prix
d'achat et un prix de vente. Il devrait décréter
que tout commerçant ne peut vendre des mar-.
chandises importées d'Europe, à l'usage des in-
digènes, qu'au prix de revient sur place, augmenté
de 10 0/0. L'exportation ne devait être permise
qu'à ceux qui importent directement. M. Delcom-
mune ne se borne pas à plaider en faveur de la
petite bourgeoisie belge, il se préoccupe aussi de
l'intérêt des indigènes ; il demande qu'on les
guide dans* leurs opérations commerciales, en
établissant de nombreux marchés indigènes, abso-
lument libres, non officiels, et des intermédiaires
indigènes.
M. Van der Kerken estime que la liberté du
commerce, sans limites. n^St pas sans danger
pour la population indigè . Le premier venu,
qu'il soit Européen, ou vaguement Hindou Be-
lontchi ou Levantin, est lib e de parcourir le ter-
ritoire des Sociétés indigènes, d'y installer des
capitas acheteurs, et d'y trafiquer. Peu importe
qu'il soit solvable ou non, qu'il ait un casier ju-
diciaire vierge ou qu'il ait subi des condamna-
tions. Nombre de commerçants ambulants exploi-
tent sans scrupule les indigènes, abusent de leur
confiance, et les excitent contre leur gouverne-
ment. Le personnel au service de ces trafiquants
se rend souvent insupportable, expulsant les in-
digènes de leurs huttes, pour-^'y installer, procé-
dant à de véritables réquisitions, exigeant pour
leur maître et pour eux, l'accomplissement de
corvées et de prestations diverses, qu'ils oublient
de rémunérer; bref, commettant tant de méfaits
que les indigènes en viennent à abandonner leurs
villages et à fuir dans la brousse. Les voyages
dans Tintérieur devraient être autorisés seule-
ment dans les régions où les Sociétés indigènes
sont bien organisées, et où les indigènes sont en
rapports suivis avec les Européens. Il faudrait
imiter la législation de l'Ouganda qui interdit au
commerce certain-es régions. M. Van der Kerken
est aussi d'avis que le gouvernement devrait exiger
des trafiquants des garanties de moralité. Enfin,
il pense que s'il y a intérêt à maintenir la con-
currence, il y en aurait aussi à faire disparaître
les intermédiaires. On arriverait à ce résultat en
constituant des coopératives indigènes. Il suffirait
de reconnaître les groupements existants, les
familles, les clans, les tribus étant de vraies coopé-
ratifs de production et de vente. Les chefs pour-
raient prendre des engagements, au nom de leur
groupe, sous le contrôle européen.
Cette question de la concurrence faite aux
grandes Sociétés commerciales belges par les
petits traitants non indigènes est, actuellement,
fort débattue dans le monde colonial; elle a été
l'objet d'une vive polémique entre M. Delcom-
mune et certains directeurs des Sociétés « pas-
sives ». M. Delcommune n'a pas réussi à rallier
à sa thèse le ministre des Colonies. M. Franck
est adversaire de toute réglementation, et per-
suadé qu'en matière économique, il n'y a qu'un
vrai système : la liberté. Le voyage qu'il a fait au
Congo l'a confirmé, lui aussi, dans son opinion.
Sa réponse est catégorique : « Ni légalement, en
présence du statut international du Congo, ni uti-
lement, en présence de l'enseignement de la pra-
tique coloniale, nous ne pourrions entrer dans
la voie que vous préconisez, concernant le petit
commerce. »
— Le résident belge dans l'Ouroundi a montré, dans
une Conférence, les difficultés qllP. rencontre l'évacuation
des produits du Rouanda. Le marché de Kigoma, qui cons-
bas Congo. Le gouverneur voyait le danger d'ac-
coutumer les i>oirs à des rémunérations exces-
sives, et prévoyait une crise, quand les prix nor-
maux seront rétablis. Aussi résista-t-jl à l'abro-
gation du décret que M. Franck avait proposée
au Conseil colonial.
La présence au Congo d'une foule d'éléments
étrangers, sans cesse accrue, favorise l'établisse-
ment de grandes sociétés également étrangères.
Pour les grandes sociétés belges, M. Delcommune
les répartit en deux catégories, ayant des intérêts
diamétralement opposés: lessociétés ditespassives
et les sociétés dites actives. Les premières sont
les fournisseurs attitrés des petits traitants étran-
gers ; elles subissent leur action sans réagir;
elles ont intérêt à conserver les choses dans leur
état actuel. Les secondes, comme la Cie du Kasaï,
la Ci0 du Lomami-Loualaba, dont M. Delcom-
mune est administrateur délégué, font le com-
merce directement avec les indigènes et ne per-
dent pas de vue l'intérêt général de la colonie.
Mais, passives ou actives, toutes les grandes Com-
pagnies de commerce sont obligées, par les agis-
sements des petits traitants à vendre les mar-
chandises européennes à des prix très élevés. Il
n'existe, actuellement, aucun organisme com-
mercial qui ne vende à raison d'au moins 50 %
au-dessus du prix de revient, sur place, tandis
* qu'au temps de l'Etat indépendant, l'Etat cédait
les marchandises au prix de revient. D'où
M. Delcommune conclut que le système ancien
des grandes concessions à monopole était plus
avantageux aux populations congolaises que le
régime actuel. M. de Schoonen, directeur de la
Cie du Congo belge ayant attribué les maigres
résultats obtenus au Congo français, cette « colo-
nie morte » à ce fait que tout le commerce y est
aux mains de grandes sociétés, M. Delcommune
répliquaque sile Congo français ne prospère guère
ce n'est pas du tout, parce que le petit commerce
est exclu; la cause primordiale en est, dit-il, que
la colonie n'a pas de réseau navigable.
M. Delcommune voudrait voirie commerce rendu
accessible à la bourgeoisie belge. Les mesures
qu'il propose sont les suivantes : D'abord, épurer
la colonie des indésirables : Hindous, Grecs,
Portugais, etc., qui la rongent. En second lieu, ré-
glementer le commerce, abstraction faite du Ka-
tenga, les lois et ordonnances appelées à régir ce
pays devant être tout différentes des autres. Pour
cela, il faudrait exiger de ceux qui se livrent au
commerce, un certain capital, ou des répondants
de ce capital, et l'accomplissement de certaines
obligations. Sauf dans les centres, et dans cer-
taines parties, comme le Katanga, où la vente
serait libre, le gouvernement fixerait un prix
d'achat et un prix de vente. Il devrait décréter
que tout commerçant ne peut vendre des mar-.
chandises importées d'Europe, à l'usage des in-
digènes, qu'au prix de revient sur place, augmenté
de 10 0/0. L'exportation ne devait être permise
qu'à ceux qui importent directement. M. Delcom-
mune ne se borne pas à plaider en faveur de la
petite bourgeoisie belge, il se préoccupe aussi de
l'intérêt des indigènes ; il demande qu'on les
guide dans* leurs opérations commerciales, en
établissant de nombreux marchés indigènes, abso-
lument libres, non officiels, et des intermédiaires
indigènes.
M. Van der Kerken estime que la liberté du
commerce, sans limites. n^St pas sans danger
pour la population indigè . Le premier venu,
qu'il soit Européen, ou vaguement Hindou Be-
lontchi ou Levantin, est lib e de parcourir le ter-
ritoire des Sociétés indigènes, d'y installer des
capitas acheteurs, et d'y trafiquer. Peu importe
qu'il soit solvable ou non, qu'il ait un casier ju-
diciaire vierge ou qu'il ait subi des condamna-
tions. Nombre de commerçants ambulants exploi-
tent sans scrupule les indigènes, abusent de leur
confiance, et les excitent contre leur gouverne-
ment. Le personnel au service de ces trafiquants
se rend souvent insupportable, expulsant les in-
digènes de leurs huttes, pour-^'y installer, procé-
dant à de véritables réquisitions, exigeant pour
leur maître et pour eux, l'accomplissement de
corvées et de prestations diverses, qu'ils oublient
de rémunérer; bref, commettant tant de méfaits
que les indigènes en viennent à abandonner leurs
villages et à fuir dans la brousse. Les voyages
dans Tintérieur devraient être autorisés seule-
ment dans les régions où les Sociétés indigènes
sont bien organisées, et où les indigènes sont en
rapports suivis avec les Européens. Il faudrait
imiter la législation de l'Ouganda qui interdit au
commerce certain-es régions. M. Van der Kerken
est aussi d'avis que le gouvernement devrait exiger
des trafiquants des garanties de moralité. Enfin,
il pense que s'il y a intérêt à maintenir la con-
currence, il y en aurait aussi à faire disparaître
les intermédiaires. On arriverait à ce résultat en
constituant des coopératives indigènes. Il suffirait
de reconnaître les groupements existants, les
familles, les clans, les tribus étant de vraies coopé-
ratifs de production et de vente. Les chefs pour-
raient prendre des engagements, au nom de leur
groupe, sous le contrôle européen.
Cette question de la concurrence faite aux
grandes Sociétés commerciales belges par les
petits traitants non indigènes est, actuellement,
fort débattue dans le monde colonial; elle a été
l'objet d'une vive polémique entre M. Delcom-
mune et certains directeurs des Sociétés « pas-
sives ». M. Delcommune n'a pas réussi à rallier
à sa thèse le ministre des Colonies. M. Franck
est adversaire de toute réglementation, et per-
suadé qu'en matière économique, il n'y a qu'un
vrai système : la liberté. Le voyage qu'il a fait au
Congo l'a confirmé, lui aussi, dans son opinion.
Sa réponse est catégorique : « Ni légalement, en
présence du statut international du Congo, ni uti-
lement, en présence de l'enseignement de la pra-
tique coloniale, nous ne pourrions entrer dans
la voie que vous préconisez, concernant le petit
commerce. »
— Le résident belge dans l'Ouroundi a montré, dans
une Conférence, les difficultés qllP. rencontre l'évacuation
des produits du Rouanda. Le marché de Kigoma, qui cons-
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