Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
1 - DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 143
qui, laissant de côté les questions de principe,
résolvait d'une façon satisfaisante le point des
intérêts de la pêche espagnole. »
En même temps que le communiqué, les jour-
naux publiaient des informations de Tanger dont
celle de l'A. B. C. est le prototype :
« M. Serrat, intimement convaincu de la raison
qui militait en faveur de nos compatriotes, confé-
rencia avec le représentant du Sultan et, adop-
tant une attitude énergique ne lui cacha pas la
nécessité de ce que le droit des Espagnols fut
reconnu et qu'on réparât la gêne et lé préjudice
soufferts. Le résultat a été que les autorités maro-
caines qui ont donné ordre aujourd'hui de retirer
les troupes chérifiennes qui interdisaient l'accès
aux embarcations avec le matériel de la madra-
gue, proclamant le droit de son utilisation, ont
déclaré que le propriétaire recevrait une indem-
nité de 1.600 pesetas pour les journées de travail
perdues. Il restait un autre incident à liquider,
celui que provoquèrent des Français qui profé-
rèrent, à bord du vapeur Abda, des phrases
injurieuses adressées au croiseur Alphonse XIII;
M. Serrat a adopté, à cet égard, une attitude
efficace et a reçu du ministre français d'amples
explications et l'assurance qu'on procéderait avec
.la rigueur nécessaire pour châtier les auteurs de
l'offense ».
Les journaux, grâce à la bienveillance de la
• censure officielle, donnaient entière satisfaction à
l'amour-propre espagnol.
A. B. 6. ajoutait que la colo-nie espagnole
applaudissait à l'énergie de M. Serrat et qu'on
avait donné aux troupes qui avaient été concen-
trées l'ordre de suspendre leur mouvement en
avant.
1;a Epoca commentait ce qu'elle appelait une
solution qui laissait entière la question de prin-
cipe et s'attendrissait sur la cordialité des rela-
tions franco-espagnoles. Elle trouvait dans tous
ces événements une raison de plus pour qu'une
négociation, définitive commençât sans retard.
cc C'est l'opinion du Cabinet de Madrid, ce
devrait être celle de Paris »
Le lundi 26, les journaux publiaient des infor-
mations de Paris et de Tanger qui réduisaient
l'incident de VAbda à un phénomène d'autosug-
gestion et ramenaient celui de la madrague à ses
justes proportions. Ces informations devaient
être, quelques jours plus tard, entièrement con-
firmées par un envoyé spécial du Libéral. Mais
l'état passionnel du samedi précédent ne pouvait
disparaitre aussi vite et surtout il était bien diffi-
cile à tous ceux qui avaient donné à entendre
que l'honneur national avait été gravement
atteint, qu'en réalité tout se réduisait d'une part
à l'expansion juvénile de conscrits français qui
maintenaient une tradition de bonne humeur et
d'autre part à un conflit d'ordre administratif qui
ne pouvait être sérieusement transformé en inci-
dent diplomatique.
A. B. C. crut préférable de qualifier ces ver-
sions d'enfantillages en même temps qu'il annon-
çait le baptême de la madrague, dont le parrain
serait M. Serrat, et la venue de nombreux .offi-
ciers espagnols à la cérémonie. 11 était facile de
constater la volonté de maintenir, tant bien que
mal, la première version.
Cet important journal qui jouit d'une si grande
influence sur l'opinion et les gouvernements
qu'elle n'est égalée par nul autre ajoutait :
« L'heure n'est plus à la discussion mais à
l'action et tout en gardant un profond respect
pour les légitimes préoccupations propres à cha-
que puissance, il faut proclamer qu'on ne peut
retarder la solution plus longtemps, en préférant
d'autres intérêts à celui de l'Espagne. »
L'Espagne d'après A. B. C. ne serait allée au
Maroc que pour garantir son indépendance et
cette garantie serait illusoire sans la possession de
Tanger. Et ensuite, répondant à ceux qui envisa-
gent une solution englobée dans l'orientation de la
politique extérieure vers les alliances, il disait
sèchement :
« Non, la France ne nous donnera rien et nous
n'avons pas à payer à la France la reconnaissance
stricte de notre droit. Tanger doit être espagnol,
il devrait l'être déjà depuis des années et, pour
ce qui regarde la France, l'incident ne doit avoir
qu'une conséquence : l'amitié ou l'inimitié suivant
que la France reconnaîtra ou non notre droit. »
El Sol a raison en constatant que l'idée d'un
rapprochement franco-espagnol rencontrait une
forte opposition. Coïncidence curieuse et qui
mérite d'être retenue, M. Pauly Almarza dans un
article publié dans La Libertad où il déclarait
s'être senti plus espagnol à Tanger qu'en Espa-
gne même, posait le même dilemme qu'A. B. C. :
Ou amis ou ennemis de la France.
Cet état d'esprit est général; il ne faut pas se
le dissimuler. Il s'exprime avec des nuances dif-
férentes suivant le tempérament de chacun mais,
à travers ces variantes, il est aisé de retrouver
une commune préoccupation. Les opinions les
plus intéressantes sont celles exprimées par des
hommes qui montrèrent des sentiments franco-
philes durant la guerre. En voici de curieux exem-
ples. Dans El Libéral, M. Larios de Medrano com-
mence un article, daté de Tanger, par la phrase
suivante : « La colonie espagnole a été sur le
point de réaliser le désir qu'Isabelle la Catholique
exprima dans son testament. » Au cours, de cet
article, rédigé avec tact, et où il est consigné que
l'incident de VAbda fut entièrement défiguré, on
lit la phrase suivante : « Si nous ne nous dépê-
chons pas de résoudre le problème de la souverai-
neté de Tanger, nous nous réveillerons un beau
matin en apprenant que nous sommes en guerre
avec la France. » Le même jour, dans La Libar-tad.
on pouvait lire sous la signature de M. Paul y
Almarza : « Et si la France ose abuser de sa force,
elle verra alors de quoi sont capables ceux qui
furent ses amis et la défendirent au péril de leur
vie durant la guerre. De l'autre coté des Pyrénées
et dans le nord de l'Afrique, elle trouvera de plus
grandes difficultés que du côté du Rhin. »
Jusqu'à quel point ces imprudences de langage
L*AFRIQUE FRANÇAISE — N° 5. ** *
qui, laissant de côté les questions de principe,
résolvait d'une façon satisfaisante le point des
intérêts de la pêche espagnole. »
En même temps que le communiqué, les jour-
naux publiaient des informations de Tanger dont
celle de l'A. B. C. est le prototype :
« M. Serrat, intimement convaincu de la raison
qui militait en faveur de nos compatriotes, confé-
rencia avec le représentant du Sultan et, adop-
tant une attitude énergique ne lui cacha pas la
nécessité de ce que le droit des Espagnols fut
reconnu et qu'on réparât la gêne et lé préjudice
soufferts. Le résultat a été que les autorités maro-
caines qui ont donné ordre aujourd'hui de retirer
les troupes chérifiennes qui interdisaient l'accès
aux embarcations avec le matériel de la madra-
gue, proclamant le droit de son utilisation, ont
déclaré que le propriétaire recevrait une indem-
nité de 1.600 pesetas pour les journées de travail
perdues. Il restait un autre incident à liquider,
celui que provoquèrent des Français qui profé-
rèrent, à bord du vapeur Abda, des phrases
injurieuses adressées au croiseur Alphonse XIII;
M. Serrat a adopté, à cet égard, une attitude
efficace et a reçu du ministre français d'amples
explications et l'assurance qu'on procéderait avec
.la rigueur nécessaire pour châtier les auteurs de
l'offense ».
Les journaux, grâce à la bienveillance de la
• censure officielle, donnaient entière satisfaction à
l'amour-propre espagnol.
A. B. 6. ajoutait que la colo-nie espagnole
applaudissait à l'énergie de M. Serrat et qu'on
avait donné aux troupes qui avaient été concen-
trées l'ordre de suspendre leur mouvement en
avant.
1;a Epoca commentait ce qu'elle appelait une
solution qui laissait entière la question de prin-
cipe et s'attendrissait sur la cordialité des rela-
tions franco-espagnoles. Elle trouvait dans tous
ces événements une raison de plus pour qu'une
négociation, définitive commençât sans retard.
cc C'est l'opinion du Cabinet de Madrid, ce
devrait être celle de Paris »
Le lundi 26, les journaux publiaient des infor-
mations de Paris et de Tanger qui réduisaient
l'incident de VAbda à un phénomène d'autosug-
gestion et ramenaient celui de la madrague à ses
justes proportions. Ces informations devaient
être, quelques jours plus tard, entièrement con-
firmées par un envoyé spécial du Libéral. Mais
l'état passionnel du samedi précédent ne pouvait
disparaitre aussi vite et surtout il était bien diffi-
cile à tous ceux qui avaient donné à entendre
que l'honneur national avait été gravement
atteint, qu'en réalité tout se réduisait d'une part
à l'expansion juvénile de conscrits français qui
maintenaient une tradition de bonne humeur et
d'autre part à un conflit d'ordre administratif qui
ne pouvait être sérieusement transformé en inci-
dent diplomatique.
A. B. C. crut préférable de qualifier ces ver-
sions d'enfantillages en même temps qu'il annon-
çait le baptême de la madrague, dont le parrain
serait M. Serrat, et la venue de nombreux .offi-
ciers espagnols à la cérémonie. 11 était facile de
constater la volonté de maintenir, tant bien que
mal, la première version.
Cet important journal qui jouit d'une si grande
influence sur l'opinion et les gouvernements
qu'elle n'est égalée par nul autre ajoutait :
« L'heure n'est plus à la discussion mais à
l'action et tout en gardant un profond respect
pour les légitimes préoccupations propres à cha-
que puissance, il faut proclamer qu'on ne peut
retarder la solution plus longtemps, en préférant
d'autres intérêts à celui de l'Espagne. »
L'Espagne d'après A. B. C. ne serait allée au
Maroc que pour garantir son indépendance et
cette garantie serait illusoire sans la possession de
Tanger. Et ensuite, répondant à ceux qui envisa-
gent une solution englobée dans l'orientation de la
politique extérieure vers les alliances, il disait
sèchement :
« Non, la France ne nous donnera rien et nous
n'avons pas à payer à la France la reconnaissance
stricte de notre droit. Tanger doit être espagnol,
il devrait l'être déjà depuis des années et, pour
ce qui regarde la France, l'incident ne doit avoir
qu'une conséquence : l'amitié ou l'inimitié suivant
que la France reconnaîtra ou non notre droit. »
El Sol a raison en constatant que l'idée d'un
rapprochement franco-espagnol rencontrait une
forte opposition. Coïncidence curieuse et qui
mérite d'être retenue, M. Pauly Almarza dans un
article publié dans La Libertad où il déclarait
s'être senti plus espagnol à Tanger qu'en Espa-
gne même, posait le même dilemme qu'A. B. C. :
Ou amis ou ennemis de la France.
Cet état d'esprit est général; il ne faut pas se
le dissimuler. Il s'exprime avec des nuances dif-
férentes suivant le tempérament de chacun mais,
à travers ces variantes, il est aisé de retrouver
une commune préoccupation. Les opinions les
plus intéressantes sont celles exprimées par des
hommes qui montrèrent des sentiments franco-
philes durant la guerre. En voici de curieux exem-
ples. Dans El Libéral, M. Larios de Medrano com-
mence un article, daté de Tanger, par la phrase
suivante : « La colonie espagnole a été sur le
point de réaliser le désir qu'Isabelle la Catholique
exprima dans son testament. » Au cours, de cet
article, rédigé avec tact, et où il est consigné que
l'incident de VAbda fut entièrement défiguré, on
lit la phrase suivante : « Si nous ne nous dépê-
chons pas de résoudre le problème de la souverai-
neté de Tanger, nous nous réveillerons un beau
matin en apprenant que nous sommes en guerre
avec la France. » Le même jour, dans La Libar-tad.
on pouvait lire sous la signature de M. Paul y
Almarza : « Et si la France ose abuser de sa force,
elle verra alors de quoi sont capables ceux qui
furent ses amis et la défendirent au péril de leur
vie durant la guerre. De l'autre coté des Pyrénées
et dans le nord de l'Afrique, elle trouvera de plus
grandes difficultés que du côté du Rhin. »
Jusqu'à quel point ces imprudences de langage
L*AFRIQUE FRANÇAISE — N° 5. ** *
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.66%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.66%.
- Auteurs similaires Comité de l'Afrique française Comité de l'Afrique française /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Comité de l'Afrique française" or dc.contributor adj "Comité de l'Afrique française")Comité du Maroc Comité du Maroc /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Comité du Maroc" or dc.contributor adj "Comité du Maroc")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 149/758
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k97878865/f149.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k97878865/f149.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k97878865/f149.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k97878865
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k97878865
Facebook
Twitter