Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1909-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1909 01 janvier 1909
Description : 1909/01/01 (N1,A19)-1909/12/31 (N12,A19). 1909/01/01 (N1,A19)-1909/12/31 (N12,A19).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9787844t
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 75
avoir, pour une armée, à se déplacer avec des ca-
nons, dans un pays aussi accidenté sans routes.
Et i-l ne faut pas oublier que l'état-major n'avait
à sa disposition aucune carte, et pour tous ren-
seignements que ceux fournis par quelques infor-
mateurs indigènes, n'offrant que de vagues garan-
ties de véracité.
Après cette nouvelle action décisive, les Mdakra
se soumirent sans délai et depuis ils ont gardé
le souvenir et ils proclament la bravoure de nos
soldats, ainsi que l'énergie et la générosité du
général d'Amade,
J'étais tellement pénétré de leur sincérité au
mois de septembre dernier, que je n'ai pas liésité
à m'aventurer chez eux et en pays zaër, jusqu'à
Miat bir ou bir, avec quatre cavaliers seulement,
bien convaincu, qu'il ne nous arriverait rien de
fâcheux. Et, en effet, je n'ai rencontré que de la
bienveillance sur mon chemin ; des pasteurs, des
gens de ,douars s'avançaient au-devant de moi
pour m'offrir leurs modestes services et m'assurer
de leur sympathie.
Cet hommage rendu au loyalisme des Mdakra,
je crois qu'il y a lieu de faire quelques réserves
sur la fidélité des autres tribus chaouïa. dans
l'avenir. Je ne veux pas dire qu'on ait à redouter
quelque agitation prochaine des populations te-
nues sous la crainte de nos armes, mais je crois
que tout serait à redouter encore si nos troupes
étaient brusquement retirées.
Sans doute on peut espérer beaucoup des goums
que l'on est en train d'organiser et je suis bien
persuadé que le MaTocain, à- l'esprit plus ouvert
et aux habitudes d'activité plus grandes que l'in-
digène algérien, se fera vite à notre maniement
d'armes et se pénétrerarapidement de nos méthodes
de combat, tout au moins en ce qui concerne le fan-
tassin. Le cavalier demeurera, semble-t-il, infé-
rieur à nos spahis parce que le Marocain n'est pas
un homme de cheval comme son coréligionnaire
d'Algérie; à tel point que les gens de distinction
croient beaucoup plus ditne d'adopter la mule
comme monture. Cela tient peut-être à ce que les
indigènes n'ont pas su, au Maroc, améliorer la
race de leurs chevaux qui, croisés de portugais,
manquent de sang et" ne valent pas nos petits
chevaux arabes.
Quoi qu'il en soit, le Marocain semble très apte
à faire un excellent soldat, par l'endurance et
l'habileté dont il est susceptible. Et la police des
ports, notamment celle organisée par le capitaine
Brémond, à Rabat, est là pour édifier, par une
tenue irréprocha-ble, des gens aussi peu experts
que moi en matière militaire.
Il restè à savoir seulement si tous ces néophytes
seront bien décidés à marcher au feu. Il ne faut
pas perdre de vue que le soldat du Maghreb, —
voire même le soldat de métier, — déserte pour
un motif des plus futiles. On s'engage dans l'armée
chérifienne comme on se marie, c'est-à-dire avec
l'arnère-pensée qu'il sera aussi facile de déserter
qu'il est aisé, après une simple démarche ou avec
une tr.ès faible somme, de répudier la femme dont
on est fatigué.
On se fait facilement idée, eu égard à cette
mentalité transmise de génération en génération,
du désordre qui pourrait être semé dans les
rangs des goum, par des agences de désertion
aussi actives et aussi disciplinées que celles qui,
depuis nos opérations au Maroc, ont apporté le
trouble dans la Légion étrangère.
Mais on peut tout espérer de nos officiers. Après
les.prodiges que j'ai vu accomplir sous les ordres
de chefs éminents comme le général Lyautey et
le général d'Amade, il me semble qu'avec beau-
coup de patience et en laissant les enrôlés maro-
cains assez longtemps bien encadrés, on aura un
jour, là-bas, l'armée forte et disciplinée que notre
diplomatie rêvait de donner au sultan.
Paris, janvier 1909.
Louis GENTIL.
- - ANNIVERSAIRES
AFRICAINS
LE JUBILÉ DE SPEKE ET DE LA
DÉCOUVERTE DES SOURCES DU NIL
Il y a eu, le 3o juillet dernier, cinquante ans -
que l'explorateur anglais Speke, qui avait, depuis
trois semaines, quitté son chef Burton pour re-
chercher la grande mer intérieure que les mar-
chands arabes leur avaient dit exister vers -le
Nord, parvint sur les bords du Victoria-Nyanza.
On ne peut s'empêcher d'être ému quand on lit,
dans le récit de son voyage, les simples phrases
dont il se sert pour décrire son saisissement
lorsque, quatre jours plus tard, ayant fait l'ascen-
sion d'une petite colline située un peu plus au
'Nord que le fond de la crique où il avait d'abord
atteint le lac, l'immense nappe d'eau bleu pâle,
scintillant aux premières lueurs du matin, s'offrit
à ses yeux fatigués par les longues marches des
mois précédents. Il eut, dès ce moment, l'impres-
sion très nette que du lac qui s'étendait devant
lui sortait le Nil et qu'il avait trouvé la solution
de ce problème des sources du grand fleuve, si
vainement recherchée par ses prédécesseurs.
Quatre ans plus tard, le 17 juillet i862,aucours
de son second voyage en Afrique centrale, il
démontrait lui-même,par la découverte des chutes
qui barrent le Nil à sa sortie du lac Victoria et
auxquelles il donna le nom de lord Ripon, le
bien-fondé des conclusions auxquelles l'avait con-
duit son premier voyage.
Dans le livre très vivant qu'il a rapporté de sa
récente tournée de l'Afrique orientale, le jeune
président du Board ofTrade, M. Churchill, a fait
de la découverte des chutes Ripon un récit imagé
avoir, pour une armée, à se déplacer avec des ca-
nons, dans un pays aussi accidenté sans routes.
Et i-l ne faut pas oublier que l'état-major n'avait
à sa disposition aucune carte, et pour tous ren-
seignements que ceux fournis par quelques infor-
mateurs indigènes, n'offrant que de vagues garan-
ties de véracité.
Après cette nouvelle action décisive, les Mdakra
se soumirent sans délai et depuis ils ont gardé
le souvenir et ils proclament la bravoure de nos
soldats, ainsi que l'énergie et la générosité du
général d'Amade,
J'étais tellement pénétré de leur sincérité au
mois de septembre dernier, que je n'ai pas liésité
à m'aventurer chez eux et en pays zaër, jusqu'à
Miat bir ou bir, avec quatre cavaliers seulement,
bien convaincu, qu'il ne nous arriverait rien de
fâcheux. Et, en effet, je n'ai rencontré que de la
bienveillance sur mon chemin ; des pasteurs, des
gens de ,douars s'avançaient au-devant de moi
pour m'offrir leurs modestes services et m'assurer
de leur sympathie.
Cet hommage rendu au loyalisme des Mdakra,
je crois qu'il y a lieu de faire quelques réserves
sur la fidélité des autres tribus chaouïa. dans
l'avenir. Je ne veux pas dire qu'on ait à redouter
quelque agitation prochaine des populations te-
nues sous la crainte de nos armes, mais je crois
que tout serait à redouter encore si nos troupes
étaient brusquement retirées.
Sans doute on peut espérer beaucoup des goums
que l'on est en train d'organiser et je suis bien
persuadé que le MaTocain, à- l'esprit plus ouvert
et aux habitudes d'activité plus grandes que l'in-
digène algérien, se fera vite à notre maniement
d'armes et se pénétrerarapidement de nos méthodes
de combat, tout au moins en ce qui concerne le fan-
tassin. Le cavalier demeurera, semble-t-il, infé-
rieur à nos spahis parce que le Marocain n'est pas
un homme de cheval comme son coréligionnaire
d'Algérie; à tel point que les gens de distinction
croient beaucoup plus ditne d'adopter la mule
comme monture. Cela tient peut-être à ce que les
indigènes n'ont pas su, au Maroc, améliorer la
race de leurs chevaux qui, croisés de portugais,
manquent de sang et" ne valent pas nos petits
chevaux arabes.
Quoi qu'il en soit, le Marocain semble très apte
à faire un excellent soldat, par l'endurance et
l'habileté dont il est susceptible. Et la police des
ports, notamment celle organisée par le capitaine
Brémond, à Rabat, est là pour édifier, par une
tenue irréprocha-ble, des gens aussi peu experts
que moi en matière militaire.
Il restè à savoir seulement si tous ces néophytes
seront bien décidés à marcher au feu. Il ne faut
pas perdre de vue que le soldat du Maghreb, —
voire même le soldat de métier, — déserte pour
un motif des plus futiles. On s'engage dans l'armée
chérifienne comme on se marie, c'est-à-dire avec
l'arnère-pensée qu'il sera aussi facile de déserter
qu'il est aisé, après une simple démarche ou avec
une tr.ès faible somme, de répudier la femme dont
on est fatigué.
On se fait facilement idée, eu égard à cette
mentalité transmise de génération en génération,
du désordre qui pourrait être semé dans les
rangs des goum, par des agences de désertion
aussi actives et aussi disciplinées que celles qui,
depuis nos opérations au Maroc, ont apporté le
trouble dans la Légion étrangère.
Mais on peut tout espérer de nos officiers. Après
les.prodiges que j'ai vu accomplir sous les ordres
de chefs éminents comme le général Lyautey et
le général d'Amade, il me semble qu'avec beau-
coup de patience et en laissant les enrôlés maro-
cains assez longtemps bien encadrés, on aura un
jour, là-bas, l'armée forte et disciplinée que notre
diplomatie rêvait de donner au sultan.
Paris, janvier 1909.
Louis GENTIL.
- - ANNIVERSAIRES
AFRICAINS
LE JUBILÉ DE SPEKE ET DE LA
DÉCOUVERTE DES SOURCES DU NIL
Il y a eu, le 3o juillet dernier, cinquante ans -
que l'explorateur anglais Speke, qui avait, depuis
trois semaines, quitté son chef Burton pour re-
chercher la grande mer intérieure que les mar-
chands arabes leur avaient dit exister vers -le
Nord, parvint sur les bords du Victoria-Nyanza.
On ne peut s'empêcher d'être ému quand on lit,
dans le récit de son voyage, les simples phrases
dont il se sert pour décrire son saisissement
lorsque, quatre jours plus tard, ayant fait l'ascen-
sion d'une petite colline située un peu plus au
'Nord que le fond de la crique où il avait d'abord
atteint le lac, l'immense nappe d'eau bleu pâle,
scintillant aux premières lueurs du matin, s'offrit
à ses yeux fatigués par les longues marches des
mois précédents. Il eut, dès ce moment, l'impres-
sion très nette que du lac qui s'étendait devant
lui sortait le Nil et qu'il avait trouvé la solution
de ce problème des sources du grand fleuve, si
vainement recherchée par ses prédécesseurs.
Quatre ans plus tard, le 17 juillet i862,aucours
de son second voyage en Afrique centrale, il
démontrait lui-même,par la découverte des chutes
qui barrent le Nil à sa sortie du lac Victoria et
auxquelles il donna le nom de lord Ripon, le
bien-fondé des conclusions auxquelles l'avait con-
duit son premier voyage.
Dans le livre très vivant qu'il a rapporté de sa
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président du Board ofTrade, M. Churchill, a fait
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