Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1913-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1913 01 janvier 1913
Description : 1913/01/01 (N1,A23)-1913/12/31 (N12,A23). 1913/01/01 (N1,A23)-1913/12/31 (N12,A23).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9787733p
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
m BUL.LETIN DU COMITÉ
RECONNAISSANCES ET EXPLORATIONS
UNE ANGLAISE
-
DANS LE CENTRE AFRICAIN
Le 2 avril, 1909, l'explorateur anglais Boyd
Alexander était assassiné à Niéry, à 110 kilomètres
au Nord d'Abéché. Il s'était fait connaître par
d'importantes expéditions en Afrique et IiOtam-
ment par sa traversée du continent noir, de mars
-19Ü4 à janvier 1905, de l'embouchure du Niger au
4elta du Nil par le Tchad, traversée qui lui avait
valu la plus haute récompense de la Société
royale de Géographie de Londres. Après la mort
de Boyd Alexander, miss Olive Macleod voulut
connaître les pays qu'avait parcourus l'explora-
teur auquel elle avait été fiancée. Le récit qu'elle
a donné de ce voyage de huit mois dans le Centre-
Africain est intéressant à plus d'un titre. Il nous
a semblé de quelque utilité d'en présenter un
sourt résumé aux lecteurs de l' Afrique Française,
en insistant sur la partie du voyage accomplie
en territoire français (1).
Miss Macleod, dans cette longue exploration,
était accompagnée par Mr et MrsTalbot. Mr Talbot,
fonctionnaire anglais dans la Southern-Nigeria,
n'en était pas à son premier voyage dans l'Aïrique
centrale; il semblait d'ailleurs particulièrement
désigné pour guider la jeune exploratrice, car il
avait fait partie pendant un an de la grande
exploration de Boyd Alexander (2) et Gosling. -
Miss Macleod quitta l'Angleterre le 10 août 1910,
et le 28 elle mettait le pied pour la première fois
sur la terre d'Afrique à Forcados. Là, elle prit
passage. avec ses compagnons pour remonter le
Niger à bord d'un bateau à vapeur qui les
conduisit à Lokodja, d'où, par la Bénoué, ils ga-
gnèrent Yola. Ils s'y arrêtèrent quelques jours
pour prendre leurs dernières dispositions en pays
anglais et, en particulier pour recruter leur
escorte ; celle-ci comptait neuf nègres et une né-
gresse. Tous prirent passage sur une embarcation
fui leur permit de remonter sans fatigue jusqu'à
Garoua. Là commencèrent les longues journées
-de marche à travers des déserts ou des marais.
Outre la marche, qui est le moyen de locomo-
tion le plus ordinaire, la route peut se faire soit à
dos d'homme, soit en hamac; ces procédés, si Lon
en croit miss' Macleod, sont loin d'être confor-
tables :
Mastaba était mon porteur ; au début, tout alla pour le
mieux, mais le marais était très étendu, et, au bout d'une
centaine de mètres, mon équilibre sur ses épaules devint de
plus en plus instable; il s'en rendait évidemment compte,
:::ar il fit un effort pour le rétablir, ce qui précipita ma chute.
(1) OLIVE MACLEOD, Chiefs and Cilies of Central Africa, Lon-
dres,. William Blaçkwood and sons, 1 vol. in-8°, 300 p. de texte,
09-p', gravures, 1 carte et des illustrations dans le texte, 1912,
î6 sheliing.
(2) BOYD ALEXANDER, From the Niger Lo theNile, Londres, 1907,
TYGI. in-80.
Je retrouvai à peu près mon aplomb, mais bientôt la posi-
tion devint intolérable ; je pris la résolution de descendre
et de marcher, mais la vanité de Mastaba était en jeu,
aussi ne me laissa t-il pas faire , alléguant les ordres de
Mr Talbot. Le fond boueux du marais devenait de plus
en plus glissant et l'eau augmentait de profondeur ; elle
atteignait Mastaba jusqu'à mi-corps; il me soulevait en l'air
pour m'empêcher de me mouiller ; je m'abandonnais alors
tout à fait sur ses épaules, saisissant sa tête à pleines
mains dans les moments d'angoisse. Il me porta ainsi pen-
dant le reste du chemin. Malgré ces désagréments, le fait
seul de m'avoir véhiculé sans autre accident est un exploit
considérable, car le marais devait s'étendre sur environ
400 mètres.
Mrs Talbot était portée par Kukaua, qui, très mécontent
de son emploi, menaçait à chaque instant de la laisser
tomber. Comme Mrs Talbot n avait aucune envie de se
mouiller, elle le suppliait de continuer et en était réduite
à l'encourager par des promesses de cadeaux. Néanmoins,
il s'arrêta en gémissant dans la partie la plus profonde
du marais, refusant d'avancer davantage. Mastaba m ayant
alors déposée sur l'autre bord, s'aperçut de la position
critique de Mrs Talbot, revint sur ses pas et la prit sur
ses épaules (1).
Le hamac ne semble d'ailleurs pas très supé-
rieur comme mode de transport au portage à dos
d'homme :
Fatiguée par une longue marche sans eau, je consentis à
me faire porter en hamac et M" Talbot en construisit un
savamment avec les piquets et les toiles de nos tentes. C est
avec joie-que je sautai dedans.. v
Bien que les porteurs soient habitués a ce travail, seuls
les voyageurs les plus solides pourront se permettre ce
moyen de locomotion et ceux-là mêmes le trouveront très
inconfortable. Ils seront àproximité de quatre corps malodo-
rants, dont les propriétaires transpirent fortement et gé-
missent de même. Les porteurs n'ont aucun ensemble, pas
plus comme direction, égalité de pas que comme rapidité,
les uns faisant reposer la perche sur leurs épaules pendant
que d'autres la portent sur leur tête. Ils n adoptent
d'ailleurs jamais une position pour plus de deux minutes.
Entre chaque changement de position, ils ^secouent le
hamac comme une femme de chambre fait d 'un tapis. Il
m'arriva même que les porteurs de l arriéré ayant laissé
choir leurs perches, je tombai sur le dos. Pendant que,
honteux de leur négligence, ils courbaient la tête sous les
reproches et laissaient leurs perches à terre, ceux de
l'avant, fiers de leur succès, les gardaient sur leur. tête
pour bien montrer leur supériorité (2).
Il ne faudrait pas conclure de ces deux passages
que miss Macleod se plaigne souvent de la fatigue
et des ennuis du voyage. Bien au contraire, son
livre nous la montre jouissant d une robuste
santé, d'un excellent caractère, et même d une
forte dose de gaieté, prenant toujours par le bon
côté les"menus incidents inséparables d 'un pareil
voyage, nous invitant à en rire avec elle. Cer-
taines histoires sont même- contées avec beaucoup
d'humour.
Miss Macleod n'ayant jamais tenu un fusil et
désirant pouvoir chasser avec Mr Talbot, pria le
major Rose de lui apprendre à viser ; celui-ci le
fit de bonne grâce. Pour encourager son élève,
il concourt avec elle; miss Macleod vise mieux
que son professeur, ce dont elle n'est pas sans res-
sentir un certain orgueil ; le major fait contre
mauvaise fortune bon cœur, mais survient un
troisième personnage qui, examinant les deux
m P. 13-74.
(2) P. 154-155. „
RECONNAISSANCES ET EXPLORATIONS
UNE ANGLAISE
-
DANS LE CENTRE AFRICAIN
Le 2 avril, 1909, l'explorateur anglais Boyd
Alexander était assassiné à Niéry, à 110 kilomètres
au Nord d'Abéché. Il s'était fait connaître par
d'importantes expéditions en Afrique et IiOtam-
ment par sa traversée du continent noir, de mars
-19Ü4 à janvier 1905, de l'embouchure du Niger au
4elta du Nil par le Tchad, traversée qui lui avait
valu la plus haute récompense de la Société
royale de Géographie de Londres. Après la mort
de Boyd Alexander, miss Olive Macleod voulut
connaître les pays qu'avait parcourus l'explora-
teur auquel elle avait été fiancée. Le récit qu'elle
a donné de ce voyage de huit mois dans le Centre-
Africain est intéressant à plus d'un titre. Il nous
a semblé de quelque utilité d'en présenter un
sourt résumé aux lecteurs de l' Afrique Française,
en insistant sur la partie du voyage accomplie
en territoire français (1).
Miss Macleod, dans cette longue exploration,
était accompagnée par Mr et MrsTalbot. Mr Talbot,
fonctionnaire anglais dans la Southern-Nigeria,
n'en était pas à son premier voyage dans l'Aïrique
centrale; il semblait d'ailleurs particulièrement
désigné pour guider la jeune exploratrice, car il
avait fait partie pendant un an de la grande
exploration de Boyd Alexander (2) et Gosling. -
Miss Macleod quitta l'Angleterre le 10 août 1910,
et le 28 elle mettait le pied pour la première fois
sur la terre d'Afrique à Forcados. Là, elle prit
passage. avec ses compagnons pour remonter le
Niger à bord d'un bateau à vapeur qui les
conduisit à Lokodja, d'où, par la Bénoué, ils ga-
gnèrent Yola. Ils s'y arrêtèrent quelques jours
pour prendre leurs dernières dispositions en pays
anglais et, en particulier pour recruter leur
escorte ; celle-ci comptait neuf nègres et une né-
gresse. Tous prirent passage sur une embarcation
fui leur permit de remonter sans fatigue jusqu'à
Garoua. Là commencèrent les longues journées
-de marche à travers des déserts ou des marais.
Outre la marche, qui est le moyen de locomo-
tion le plus ordinaire, la route peut se faire soit à
dos d'homme, soit en hamac; ces procédés, si Lon
en croit miss' Macleod, sont loin d'être confor-
tables :
Mastaba était mon porteur ; au début, tout alla pour le
mieux, mais le marais était très étendu, et, au bout d'une
centaine de mètres, mon équilibre sur ses épaules devint de
plus en plus instable; il s'en rendait évidemment compte,
:::ar il fit un effort pour le rétablir, ce qui précipita ma chute.
(1) OLIVE MACLEOD, Chiefs and Cilies of Central Africa, Lon-
dres,. William Blaçkwood and sons, 1 vol. in-8°, 300 p. de texte,
09-p', gravures, 1 carte et des illustrations dans le texte, 1912,
î6 sheliing.
(2) BOYD ALEXANDER, From the Niger Lo theNile, Londres, 1907,
TYGI. in-80.
Je retrouvai à peu près mon aplomb, mais bientôt la posi-
tion devint intolérable ; je pris la résolution de descendre
et de marcher, mais la vanité de Mastaba était en jeu,
aussi ne me laissa t-il pas faire , alléguant les ordres de
Mr Talbot. Le fond boueux du marais devenait de plus
en plus glissant et l'eau augmentait de profondeur ; elle
atteignait Mastaba jusqu'à mi-corps; il me soulevait en l'air
pour m'empêcher de me mouiller ; je m'abandonnais alors
tout à fait sur ses épaules, saisissant sa tête à pleines
mains dans les moments d'angoisse. Il me porta ainsi pen-
dant le reste du chemin. Malgré ces désagréments, le fait
seul de m'avoir véhiculé sans autre accident est un exploit
considérable, car le marais devait s'étendre sur environ
400 mètres.
Mrs Talbot était portée par Kukaua, qui, très mécontent
de son emploi, menaçait à chaque instant de la laisser
tomber. Comme Mrs Talbot n avait aucune envie de se
mouiller, elle le suppliait de continuer et en était réduite
à l'encourager par des promesses de cadeaux. Néanmoins,
il s'arrêta en gémissant dans la partie la plus profonde
du marais, refusant d'avancer davantage. Mastaba m ayant
alors déposée sur l'autre bord, s'aperçut de la position
critique de Mrs Talbot, revint sur ses pas et la prit sur
ses épaules (1).
Le hamac ne semble d'ailleurs pas très supé-
rieur comme mode de transport au portage à dos
d'homme :
Fatiguée par une longue marche sans eau, je consentis à
me faire porter en hamac et M" Talbot en construisit un
savamment avec les piquets et les toiles de nos tentes. C est
avec joie-que je sautai dedans.. v
Bien que les porteurs soient habitués a ce travail, seuls
les voyageurs les plus solides pourront se permettre ce
moyen de locomotion et ceux-là mêmes le trouveront très
inconfortable. Ils seront àproximité de quatre corps malodo-
rants, dont les propriétaires transpirent fortement et gé-
missent de même. Les porteurs n'ont aucun ensemble, pas
plus comme direction, égalité de pas que comme rapidité,
les uns faisant reposer la perche sur leurs épaules pendant
que d'autres la portent sur leur tête. Ils n adoptent
d'ailleurs jamais une position pour plus de deux minutes.
Entre chaque changement de position, ils ^secouent le
hamac comme une femme de chambre fait d 'un tapis. Il
m'arriva même que les porteurs de l arriéré ayant laissé
choir leurs perches, je tombai sur le dos. Pendant que,
honteux de leur négligence, ils courbaient la tête sous les
reproches et laissaient leurs perches à terre, ceux de
l'avant, fiers de leur succès, les gardaient sur leur. tête
pour bien montrer leur supériorité (2).
Il ne faudrait pas conclure de ces deux passages
que miss Macleod se plaigne souvent de la fatigue
et des ennuis du voyage. Bien au contraire, son
livre nous la montre jouissant d une robuste
santé, d'un excellent caractère, et même d une
forte dose de gaieté, prenant toujours par le bon
côté les"menus incidents inséparables d 'un pareil
voyage, nous invitant à en rire avec elle. Cer-
taines histoires sont même- contées avec beaucoup
d'humour.
Miss Macleod n'ayant jamais tenu un fusil et
désirant pouvoir chasser avec Mr Talbot, pria le
major Rose de lui apprendre à viser ; celui-ci le
fit de bonne grâce. Pour encourager son élève,
il concourt avec elle; miss Macleod vise mieux
que son professeur, ce dont elle n'est pas sans res-
sentir un certain orgueil ; le major fait contre
mauvaise fortune bon cœur, mais survient un
troisième personnage qui, examinant les deux
m P. 13-74.
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