Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1913-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1913 01 janvier 1913
Description : 1913/01/01 (N1,A23)-1913/12/31 (N12,A23). 1913/01/01 (N1,A23)-1913/12/31 (N12,A23).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9787733p
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
206 BULLETIN DU COMITÉ
on vient de le voir, quand il s'agit des Allemands.
a L'Allemagne, dit-il, est à bien des égards une
puissance amie du progrès , mais elle n'a pas une
âme philanthropique.,» Il ne découvre chez les
gens de cette nation que raideur, dureté et un
penchant à l'exploitation sans scrupules. ce Ce que
j'ai vu des méthodes coloniales allemandes ne me
donne pas l'impression que leur emploi diffère
beaucoup d'une certaine sorte de despotisme mi-
litaire. » Il rappelle aussi la façon dont fut con-
duite la campagne contre les Herreros. Son juge-
ment est confirmé par l'observation d'un écri-
vain belge, auteur d'un livre récemment paru :
Aux Sources du Nilrpcur le chemin de fer de
ï ûug,anda, M. J. Leelercq. Ce qui le frappa à
lflllanzar ce fut le déploiement de la puissance
militaire, et le tableau du travail forcé. tacle, c'est le leit-motiv qui revient obsédant, dans
chaque rue, sur chaque route, où le hasard vous
conduit. » Il cite une affaire de vol où, par suite
des contradictions qu'offraient les dépositions,
tous les témoins, quels que fussent leurs dires,
reçurent leurs 23 coups de chicotte « pour ap-
prendre à mieux témoigner en justice ». Au reste,
M. Leclercq éprouva les mêmes impressions en
terre britannique. Dans l'Ouganda, il vit des mil-
liers de Noirs condamnés à la chaîne, et au hard
labour pourn'avoir pas payé rimpôt sur les huttes,
ou pour quelque contravention de simple police.
Sur le Lac: Victoria, le capitaine d'un steamer,
officier de la marine anglaise, ne lui déclarait-il
pas que les colonies africaines sont faites pour les
Anglais, que ceux-ci ne doivent considérer que
leur seul intérêt, et n'avoir d'autre politique que
celle de l'égoïsme ? L'opinion des coloniaux
anglais et allemands serait, selon M. Leclercq,
que les Belges traitent les Noirs avec beaucoup
trop d'égards. « Nous sommes des gâte-métier »,
conclut-il. Que vaut alors la thèse de lVi. Harris?
C'est un manifeste du même genre que celui de
M. Morel : Memorial on the présent phase of the
Congo qu-estion. Le secrétaire de la Congo Reform
Association accusait violemment, en juin der-
nier, la Belgique de rendre le commerce impos-
sible au Congo. Le souci désintéressé du sort des
indigènes n'était pas le seul qui l'animât. M. Har-
ris se plaint, non moins violemment, comme on
l'a vu, que la politique économique congolaise
ne soit pas plus libérale. Cette campagne, préten-
dûment humanitaire, peut être qualifiée, comme
d'autres semblables, de e' croisade de phBan-
thropie agressive, qui sert l'intérêt britannique. »
Elle a d'autant moins de raisons d'être, semble-
t-il, que la reconnaissance de l'annexion par le
gouvernement anglais ne saurait beaucoup tar-
der, et que cet acte sera suivi par la dissolution
de la Congo Reform Association.
Après les appréciations qu'on vient de lire,
la conclusion du révérend Harris paraît au moins
inattendue. D'après lui, en annexant le Congo,
la Belgique a entrepris une tâche disproportion-
née, pour ses forces. Aussi lui conseille-t il de
renoncer à une partie, au moins, de son empire,
en faveur d'une puissance européenne vraiment
apte à gouverner le centre africain. 11 ne s'em-
barrasse aucunement du droit de préférence re-
connu à la France, ni des stipulations, contenues,
à cet égard, dans le traité du i novembre 1911.
A son sens, la France n'a déjà que trop de terri-
loires-, et puis le funeste régime des concessions
interdit à ses possessions de l'Afrique Equato-
riale tout avenir économique ; aussi serait-elle
également bien inspirée en sacrifiant ce domaine.
Quelle serait alors l'héritière de la Belgique et de
la France? Le lecteur qui s'attendait à trouver
ici le nom de l'Angleterre éprouverait une pre-
mière surprise. M. Harris souhaite que sa patrie,
qui a mené une vigoureuse campagne contre l'an-
cien Etat indépendant, fasse montre d'un désin-
téressement absolu. Reste l'Allemagne qui n'a
pas., comme on sait, l'âme philanthropique, mais
qui rachète, sans doute, ce défaut, aux yeux ,de
M. Harris, par son très grand libéralisme COID-
mercial. Les deux nations expropriées recevraient
en retour, la Belgique une indemnité pécuniaire,
et la France une compensation territoriale, en
Europe, par exemple la rétrocession de l'Alsace-
Lorraine. Ce jeu d'imagination peut-être rap-
proché de plusieurs autres ; car depuis le traité
franco-allemand, qui a dépecé une colonie afri-
caine, afin de résoudre un différend entre deux
puissances européennes,, on a vu déjà des ambi-
tions politiques, intéressées au partage du Congo
beige, se manifester, notamment en Allemagne.
Ici, le D1 Sautier voudrait réunir le Cameroun à
l'Afrique Orientale allemande, à travers les pos-
sessions belges, M. Arthur Dix considère le Congo
belge comme offert a l'Allemagne, et si celle-ci
refuse, c'est pour des raisons d'opportunité. Pour
le professeur Delbrück, le centre de l'Afrique
serait un gage destiné à être partagé et distribué
en « compensations », pour ramener entre les
puissances l'entente nécessaire à la paix. C'est
avec de pareils arguments que certains diplo-
mates de l'Ancien Régime conseillaient à leurs
souverains, le partage de la Pologne et de l'em-
pire turc : l'opportunité de satisfaire, par avance,
aux dépens des faibles, les convoitises des grands
Etats, pour prévenir les conflits armés. C'est
cette raison aussi qui vient d'inspirer le projet de
partage dû à l'invention du gouverneur colonial
anglais, sir Harry Johnston. La Belgique ne
conserverait qu'un mince domaine dans le Bas-
Congo. Le reste serait attribué à la France, à
l'Allemagne et à l'Angleterre. La première pren-
drait le Nord, entre le Congo et l'Oubangui, la
seconde aurait les pays de la boucle du grand
fleuve, le troisième s'approprierait le Katanga et
toute la région orientale. Il est vrai que cette
solution est subordonnée à deux conditions, à
savoir si l'administration coloniale belge faisait
faillite, et si le pays désirait, de son plein gré,
disposer de ses possessions africaines. Comme
sir Harry Johnston a commencé par dire que
« chaque année qui s'écoule semble affermir l'au-
torité des Belges sur cette région, et accroître
leurs capacités comme administrateurs colo-
niaux, » la première, tout au moins, de ces con-
on vient de le voir, quand il s'agit des Allemands.
a L'Allemagne, dit-il, est à bien des égards une
puissance amie du progrès , mais elle n'a pas une
âme philanthropique.,» Il ne découvre chez les
gens de cette nation que raideur, dureté et un
penchant à l'exploitation sans scrupules. ce Ce que
j'ai vu des méthodes coloniales allemandes ne me
donne pas l'impression que leur emploi diffère
beaucoup d'une certaine sorte de despotisme mi-
litaire. » Il rappelle aussi la façon dont fut con-
duite la campagne contre les Herreros. Son juge-
ment est confirmé par l'observation d'un écri-
vain belge, auteur d'un livre récemment paru :
Aux Sources du Nilrpcur le chemin de fer de
ï ûug,anda, M. J. Leelercq. Ce qui le frappa à
lflllanzar ce fut le déploiement de la puissance
militaire, et le tableau du travail forcé.
chaque rue, sur chaque route, où le hasard vous
conduit. » Il cite une affaire de vol où, par suite
des contradictions qu'offraient les dépositions,
tous les témoins, quels que fussent leurs dires,
reçurent leurs 23 coups de chicotte « pour ap-
prendre à mieux témoigner en justice ». Au reste,
M. Leclercq éprouva les mêmes impressions en
terre britannique. Dans l'Ouganda, il vit des mil-
liers de Noirs condamnés à la chaîne, et au hard
labour pourn'avoir pas payé rimpôt sur les huttes,
ou pour quelque contravention de simple police.
Sur le Lac: Victoria, le capitaine d'un steamer,
officier de la marine anglaise, ne lui déclarait-il
pas que les colonies africaines sont faites pour les
Anglais, que ceux-ci ne doivent considérer que
leur seul intérêt, et n'avoir d'autre politique que
celle de l'égoïsme ? L'opinion des coloniaux
anglais et allemands serait, selon M. Leclercq,
que les Belges traitent les Noirs avec beaucoup
trop d'égards. « Nous sommes des gâte-métier »,
conclut-il. Que vaut alors la thèse de lVi. Harris?
C'est un manifeste du même genre que celui de
M. Morel : Memorial on the présent phase of the
Congo qu-estion. Le secrétaire de la Congo Reform
Association accusait violemment, en juin der-
nier, la Belgique de rendre le commerce impos-
sible au Congo. Le souci désintéressé du sort des
indigènes n'était pas le seul qui l'animât. M. Har-
ris se plaint, non moins violemment, comme on
l'a vu, que la politique économique congolaise
ne soit pas plus libérale. Cette campagne, préten-
dûment humanitaire, peut être qualifiée, comme
d'autres semblables, de e' croisade de phBan-
thropie agressive, qui sert l'intérêt britannique. »
Elle a d'autant moins de raisons d'être, semble-
t-il, que la reconnaissance de l'annexion par le
gouvernement anglais ne saurait beaucoup tar-
der, et que cet acte sera suivi par la dissolution
de la Congo Reform Association.
Après les appréciations qu'on vient de lire,
la conclusion du révérend Harris paraît au moins
inattendue. D'après lui, en annexant le Congo,
la Belgique a entrepris une tâche disproportion-
née, pour ses forces. Aussi lui conseille-t il de
renoncer à une partie, au moins, de son empire,
en faveur d'une puissance européenne vraiment
apte à gouverner le centre africain. 11 ne s'em-
barrasse aucunement du droit de préférence re-
connu à la France, ni des stipulations, contenues,
à cet égard, dans le traité du i novembre 1911.
A son sens, la France n'a déjà que trop de terri-
loires-, et puis le funeste régime des concessions
interdit à ses possessions de l'Afrique Equato-
riale tout avenir économique ; aussi serait-elle
également bien inspirée en sacrifiant ce domaine.
Quelle serait alors l'héritière de la Belgique et de
la France? Le lecteur qui s'attendait à trouver
ici le nom de l'Angleterre éprouverait une pre-
mière surprise. M. Harris souhaite que sa patrie,
qui a mené une vigoureuse campagne contre l'an-
cien Etat indépendant, fasse montre d'un désin-
téressement absolu. Reste l'Allemagne qui n'a
pas., comme on sait, l'âme philanthropique, mais
qui rachète, sans doute, ce défaut, aux yeux ,de
M. Harris, par son très grand libéralisme COID-
mercial. Les deux nations expropriées recevraient
en retour, la Belgique une indemnité pécuniaire,
et la France une compensation territoriale, en
Europe, par exemple la rétrocession de l'Alsace-
Lorraine. Ce jeu d'imagination peut-être rap-
proché de plusieurs autres ; car depuis le traité
franco-allemand, qui a dépecé une colonie afri-
caine, afin de résoudre un différend entre deux
puissances européennes,, on a vu déjà des ambi-
tions politiques, intéressées au partage du Congo
beige, se manifester, notamment en Allemagne.
Ici, le D1 Sautier voudrait réunir le Cameroun à
l'Afrique Orientale allemande, à travers les pos-
sessions belges, M. Arthur Dix considère le Congo
belge comme offert a l'Allemagne, et si celle-ci
refuse, c'est pour des raisons d'opportunité. Pour
le professeur Delbrück, le centre de l'Afrique
serait un gage destiné à être partagé et distribué
en « compensations », pour ramener entre les
puissances l'entente nécessaire à la paix. C'est
avec de pareils arguments que certains diplo-
mates de l'Ancien Régime conseillaient à leurs
souverains, le partage de la Pologne et de l'em-
pire turc : l'opportunité de satisfaire, par avance,
aux dépens des faibles, les convoitises des grands
Etats, pour prévenir les conflits armés. C'est
cette raison aussi qui vient d'inspirer le projet de
partage dû à l'invention du gouverneur colonial
anglais, sir Harry Johnston. La Belgique ne
conserverait qu'un mince domaine dans le Bas-
Congo. Le reste serait attribué à la France, à
l'Allemagne et à l'Angleterre. La première pren-
drait le Nord, entre le Congo et l'Oubangui, la
seconde aurait les pays de la boucle du grand
fleuve, le troisième s'approprierait le Katanga et
toute la région orientale. Il est vrai que cette
solution est subordonnée à deux conditions, à
savoir si l'administration coloniale belge faisait
faillite, et si le pays désirait, de son plein gré,
disposer de ses possessions africaines. Comme
sir Harry Johnston a commencé par dire que
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torité des Belges sur cette région, et accroître
leurs capacités comme administrateurs colo-
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