Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1940 01 avril 1940
Description : 1940/04/01 (A18,N202)-1940/04/30. 1940/04/01 (A18,N202)-1940/04/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9759224s
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/12/2016
Les bords du lac Abbé,
aux eaux lourdes et mé-
phitiques, où seules grouil-
lent les mouches, nour-
riture des échassiers, les
flamands roses, dont le
vol sillonne(le. ciel.
AUX
CONFINS SOMALIS
LE poste de Dikkil (voir la carte ci-dessus) étai
commandé, en janvier 1935, par le jeune admi-
nistrateur Bernard. Nos lecteurs se souviennent
comment Bernard tomba le 18 janvier 1935, mor-
tellement frappé, à Morahto, en menant une attaque
inouïe d'audace contre une expédition de pillage
de quinze cents guerriers.
Sur l'emplacement du combat, dans un paysage
funèbre de rochers calcinés, au sommet de la crête
qui porte désormais le nom de « mont Bernard », une
inscription très simple vient d'être gravée qui rap-
pellera le combat glorieux de Morahto où un des
nôtres, à vingt-cinq ans, donna sa vie pour proté-
ger les sujets et les frontières de la France.
Morahto domine le lac Abbé, «lac de la pourri-
ture », ou « lac de la puanteur ». Ses eaux, quatre
fois plus salées que l'eau de la mer, ont la couleur
du purin et une odeur sulfureuse due aux nom-
breuses sources volcaniques qui jaillissent sur ses
bords. Le lac Abbé s'assèche progressivement ; il y
a vingt-cinq ans, il baignait le nord de la colline de
Morahto, il s'en trouve actuellement à deux kilomètres.
Au nord du lac Abbé, au sud-ouest de la Somalie
française, s'élève une pente douce, le plateau des
Dakka, une vaste étendue de pierrailles noires, cou-
pée parfoisde petites plaines de sable et d'argile, à
l'herbe dure mêlée d'arbustes épineux. A l'ouest, le
plateau retombe par une falaise impressionnante
sur de beaux lacs d'eau douce, Oddoumi et Iita, où
le fleuve Aouache répand ses eaux limoneuses avant
d'expirer dans l'immense cuvette du lac Abbé.
Cette région était peu pénétrée jusqu'à présent.
C'est au bord sud-est du lac Oddoumi, en 1875, que
fut entièrement massacrée l'expédition de trois mille
hommes commandée par Munsinger Pacha, envoyée
par le khédive d'Égypte pour soumettre le Harrar.
Dans ces dernières années, les topographes et les
unités méharistes ont reconnu et parcouru le pays.
Quelques tribus danakil y font paître régulièrement
leurs troupeaux. Dans 'ces derniers mois, une piste
a été ouverte, qui dessert la plus grande partie du
plateau. Il sera ainsi plus aisé d'apaiser les conflits
entre les tribus. Des points d'eau seront aménagés
pour permettre aux nomades d'abreuver leurs
troupeaux et de les maintenir plus longtemps dans
les pâturages.
La faune de ces régions, sans être abondante en
raison de l'aridité du climat, est très variée. On y
trouve de nombreuses espèces d'antilopes, entre
autre l'oryx, qui atteint la taille d'un âne et porte de
magnifiques cornes droites. On y rencontre sou-
vent aussi un animal assez rare : l'onagre ou âne
sauvage, très semblable d'ailleurs extérieurement
à l'âne domestique. Des troupeaux d'autruches
mènent leur trot rapide dans les plaines et les ravins.
Les lacs sont riches en poissons. Le plus curieux
est le silure, le plus ancien poisson du monde, noir
et visqueux comme l'anguille. Les rivages grouillent
de crocodiles. Dans la nuit, on entend le vacarme
des hippopotames. Le jour, ils ne quittent pas leur
retraite aquatique. La surface du lac les abrite,
« toit tranquille », contre l'ardeur dulsoleil.
le 18 janvier "1940, le
gouverneur Deschamps se
recueille à Morahto devuat
les lieux qui virent, cinq
ans au paravant, la mort
héroïque de Bernard et de
ses compagnons. A ses
côtés, le capitaine Ciccoli,
comman dant actuel du cer-
cle de Dikkilet successeur
de Bernard et le vieux chef
somali Roblé Gueldon, qui
retrouva le corps de Ber-
nard au lendemain de la
bataille.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 202 .......... AVRIL 1940
aux eaux lourdes et mé-
phitiques, où seules grouil-
lent les mouches, nour-
riture des échassiers, les
flamands roses, dont le
vol sillonne(le. ciel.
AUX
CONFINS SOMALIS
LE poste de Dikkil (voir la carte ci-dessus) étai
commandé, en janvier 1935, par le jeune admi-
nistrateur Bernard. Nos lecteurs se souviennent
comment Bernard tomba le 18 janvier 1935, mor-
tellement frappé, à Morahto, en menant une attaque
inouïe d'audace contre une expédition de pillage
de quinze cents guerriers.
Sur l'emplacement du combat, dans un paysage
funèbre de rochers calcinés, au sommet de la crête
qui porte désormais le nom de « mont Bernard », une
inscription très simple vient d'être gravée qui rap-
pellera le combat glorieux de Morahto où un des
nôtres, à vingt-cinq ans, donna sa vie pour proté-
ger les sujets et les frontières de la France.
Morahto domine le lac Abbé, «lac de la pourri-
ture », ou « lac de la puanteur ». Ses eaux, quatre
fois plus salées que l'eau de la mer, ont la couleur
du purin et une odeur sulfureuse due aux nom-
breuses sources volcaniques qui jaillissent sur ses
bords. Le lac Abbé s'assèche progressivement ; il y
a vingt-cinq ans, il baignait le nord de la colline de
Morahto, il s'en trouve actuellement à deux kilomètres.
Au nord du lac Abbé, au sud-ouest de la Somalie
française, s'élève une pente douce, le plateau des
Dakka, une vaste étendue de pierrailles noires, cou-
pée parfoisde petites plaines de sable et d'argile, à
l'herbe dure mêlée d'arbustes épineux. A l'ouest, le
plateau retombe par une falaise impressionnante
sur de beaux lacs d'eau douce, Oddoumi et Iita, où
le fleuve Aouache répand ses eaux limoneuses avant
d'expirer dans l'immense cuvette du lac Abbé.
Cette région était peu pénétrée jusqu'à présent.
C'est au bord sud-est du lac Oddoumi, en 1875, que
fut entièrement massacrée l'expédition de trois mille
hommes commandée par Munsinger Pacha, envoyée
par le khédive d'Égypte pour soumettre le Harrar.
Dans ces dernières années, les topographes et les
unités méharistes ont reconnu et parcouru le pays.
Quelques tribus danakil y font paître régulièrement
leurs troupeaux. Dans 'ces derniers mois, une piste
a été ouverte, qui dessert la plus grande partie du
plateau. Il sera ainsi plus aisé d'apaiser les conflits
entre les tribus. Des points d'eau seront aménagés
pour permettre aux nomades d'abreuver leurs
troupeaux et de les maintenir plus longtemps dans
les pâturages.
La faune de ces régions, sans être abondante en
raison de l'aridité du climat, est très variée. On y
trouve de nombreuses espèces d'antilopes, entre
autre l'oryx, qui atteint la taille d'un âne et porte de
magnifiques cornes droites. On y rencontre sou-
vent aussi un animal assez rare : l'onagre ou âne
sauvage, très semblable d'ailleurs extérieurement
à l'âne domestique. Des troupeaux d'autruches
mènent leur trot rapide dans les plaines et les ravins.
Les lacs sont riches en poissons. Le plus curieux
est le silure, le plus ancien poisson du monde, noir
et visqueux comme l'anguille. Les rivages grouillent
de crocodiles. Dans la nuit, on entend le vacarme
des hippopotames. Le jour, ils ne quittent pas leur
retraite aquatique. La surface du lac les abrite,
« toit tranquille », contre l'ardeur dulsoleil.
le 18 janvier "1940, le
gouverneur Deschamps se
recueille à Morahto devuat
les lieux qui virent, cinq
ans au paravant, la mort
héroïque de Bernard et de
ses compagnons. A ses
côtés, le capitaine Ciccoli,
comman dant actuel du cer-
cle de Dikkilet successeur
de Bernard et le vieux chef
somali Roblé Gueldon, qui
retrouva le corps de Ber-
nard au lendemain de la
bataille.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 202 .......... AVRIL 1940
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