Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1935-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1935 01 janvier 1935
Description : 1935/01/01 (T12,A13,N138)-1935/12/31... 1935/01/01 (T12,A13,N138)-1935/12/31 (T12,A13,N149).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9746657b
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/10/2016
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- TABLE DES MATIÈRES
- AGRICULTURE
- ARTS
- AVIATION
- .......... Page(s) .......... 23
- .......... Page(s) .......... 50
- .......... Page(s) .......... 37
- .......... Page(s) .......... 122
- .......... Page(s) .......... 188
- .......... Page(s) .......... 206
- .......... Page(s) .......... 231
- .......... Page(s) .......... 234
- .......... Page(s) .......... 237
- .......... Page(s) .......... 238
- .......... Page(s) .......... 241
- .......... Page(s) .......... 245
- .......... Page(s) .......... 246
- .......... Page(s) .......... 247
- .......... Page(s) .......... 248
- .......... Page(s) .......... 251
- .......... Page(s) .......... 253
- .......... Page(s) .......... 254
- .......... Page(s) .......... 257
- .......... Page(s) .......... 258
- .......... Page(s) .......... 260
- CHASSES
- CHEMINS DE FER
- .......... Page(s) .......... 116
- CINÉMA
- .......... Page(s) .......... 123
- ETHNOGRAPHIE
- FOIRES ET EXPOSITIONS
- .......... Page(s) .......... 8
- .......... Page(s) .......... 27
- .......... Page(s) .......... 37
- .......... Page(s) .......... 79
- .......... Page(s) .......... 49
- .......... Page(s) .......... 63
- .......... Page(s) .......... 67
- .......... Page(s) .......... 133
- .......... Page(s) .......... 133
- .......... Page(s) .......... 133
- .......... Page(s) .......... 135
- .......... Page(s) .......... 148
- HISTOIRE
- MARINE
- MATIÈRES PREMIÈRES
- MÉDECINE ET HYGIÈNE
- MINES
- .......... Page(s) .......... 150
- NÉCROLOGIE
- .......... Page(s) .......... 41
- .......... Page(s) .......... 60
- .......... Page(s) .......... 63
- .......... Page(s) .......... 77
- .......... Page(s) .......... 61
- .......... Page(s) .......... 118
- .......... Page(s) .......... 228
- .......... Page(s) .......... 228
- .......... Page(s) .......... 228
- .......... Page(s) .......... 228
- POLITIQUE COLONIALE ÉTRANGÈRE
- POLITIQUE COLONIALE FRANÇAISE
- .......... Page(s) .......... 50
- .......... Page(s) .......... 58
- .......... Page(s) .......... 61
- .......... Page(s) .......... 70
- .......... Page(s) .......... 50
- .......... Page(s) .......... 57
- .......... Page(s) .......... 136
- .......... Page(s) .......... 194
- .......... Page(s) .......... 196
- .......... Page(s) .......... 213
- PORTS
- ROUTES
- .......... Page(s) .......... 195
- TOURISME ET SPORTS
- .......... Page(s) .......... 15
- .......... Page(s) .......... 24
- .......... Page(s) .......... 44
- .......... Page(s) .......... 50
- .......... Page(s) .......... 75
- .......... Page(s) .......... 76
- .......... Page(s) .......... 80
- .......... Page(s) .......... 90
- .......... Page(s) .......... 147
- .......... Page(s) .......... 151
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- .......... Page(s) .......... 154
- .......... Page(s) .......... 160
- .......... Page(s) .......... 224
- TRAVAUX PUBLICS
- VARIA
2 LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ KO 138. — JANVIER 1935.
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1934 finit sur une espérance ; ainsi meurt chaque
année dans l'espoir d'un sort plus heureux.
1935, si nous le voulons, doit marquer un progrès
décisif vers l'organisation -de la France totale par
la Conférence Impériale.
C'est le premier et dernier vœu que formule le
Monde Colonial Illustré.
On estime, en effet, que l'élaboration d'une
charte économique d'Empire, souple et précise,
harmonisant les activités diverses de la Métropole
et de ses satellites d'outre-Mer, sera seule capable
d'assurer la prospérité générale, en mettant fin à la
lutte, à l'anarchie économique qui caractérise et
paralyse le marché français de 100 millions d'hom-
mes.
Le jour où le travail de cette fourmilière gigan-
tesque aura été harmonieusement réglé, où la pro-
duction et l'écoulement auront été une bonne fois
disciplinés, ce jour-là, les capitaux, remis en con-
fiance, joueront ou plutôt travailleront pour fécon-
der le champ national demeuré en friche sur d'im-
menses étendues.
Alors, la mise en valeur de [cet Empire, passera
du rêve à la réalité et constituera, pour notre géné-
ration, un vaste programme basé sur l'adhésion
raisonnée, unanime, de la nation.
Alors seulement se déploiera, aux yeux d'une
jeunesse aujourd'hui fatiguée, démoralisée, déses-
pérée de se croiser les bras sans espoir, un vaste
et joyeux horizon de travail.
Ayant les terres, les hommes, les intelligences
et les capitaux, il ne nous manque, pour aboutir,
que la volonté.
C'est à quoi, depuis de longues années déjà, avec
le concours de tous les amis qui l'encouragent, le
Monde Colonial Illustré, s'emploie : informer,
éduquer, diriger l'opinion publique pour l'imprégner
du sens impérial.
Une épithète qui revient souvent dans ces co-
lonnes, mais qui sonne mal aux yeux de quelques
hommes d'un autre âge. A fait nouveau, mot nou-
veau ! Il faut bien donner un nom à cet ensemble
que la Troisième République -et c'est son meilleur
titre de gloire - a su agglomérer en un tout qui
laisse loin derrière lui l'Empire de Charles-Quint.
Or, voici le problème capital que la France du
xxe siècle doit résoudre, encore que neuf Français
sur dix n'en aient aucune idée, ce qui est grave :
le cadeau de l'Empire sera-t-il pour les Français
d'aujourd'hui et de demain trop lourd à porter ?
Autrement dit, sommes-nous capables de mettre en
valeur l'Empire Français, c'est-à-dire de faire
sortir le potentiel de forces latentes qu'il recèle,
et qui, avec nous ou malgré et contre nous, s'épa-
nouiront tôt ou tard.
Nous en sommes capables à une condition : la
foi en nous. Or c'est précisément ce qui manque
depuis que le pessimisme, le scepticisme, la méfiance,
la crainte habitent les cœurs de trop d'hommes de
chez nous.
D'où vient, chez les vainqueurs, cette âme de
vaincus ? Elle nous empêche, en tous cas, de voir,
de vouloir et de faire grand.
Et les autres peuples ne comprennent pas
qu'étant riche et puissante, la France manifeste
une telle déficience de caractère, et c'est cette pusil-
lanimité qui enhardit quelques-uns à réclamer
chaque jour quelque parcelle du patrimoine fran-
çais..
Ceci nous amène à formuler le souhait qu , un sur-
saut de l'opinion préserve notre Gouvernement
de marquer 1935 des stigmates d'une amputation,
si mince soit-elle, de notre Empire.
Que la presse discute une telle éventualité
sans s'indigner, c'est le signe d'une décadence et
d'une défaillance de l'opinion publique, qui ne
saurait se prolonger sans danger.
Notre attitude de croyant, au Monde Colonial
Illustré, manque peut-être de cette désinvolture
élégante à la « française », qui est de bon ton dans
notre pays. A qui nous raille, demandons si le
scepticisme est une idée force, s'il a jamais conduit
à l'action.
A qui s'indigne ou s'inquiète de notre dynamisme,
donnons cet apaisement que, loin d'être une menace
pour les autres nations, la solidité de l'Empire
Français est une des bases de l'ordre, de la sécurité
et de la prospérité du monde.
Le Monde Colonial Illustré continuera dans la
voie où il s'est engagé, avec une ardeur renforcée
par les témoignages que petits et grands rendent à
son effort.
Cette fin d'année nous a apporté de nombreuses
lettres de vœux et de félicitations. On nous pardon-
nera d'en détacher trois qui viennent de nous par-
venir, parce qu'elles portent ces signatures : Albert
Lebrun, Alexandre Millerand. Gaston Doumergue.
Toutes nous disent : « Continuez votre propagande
pour la grandeur et la prospérité de l'Empire
Colonial Français ».
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ.
Premiers échos de la Conférence impériale
Notre collaborateur donne ici quelques premières
impressions recueillies autour et en marge de la
Conférence impériale. A l'heure où nous mettons sous
presse, il serait imprudent et injuste d'avoir d'autres
ambitions. Toutefois le lecteur trouvera- page 3a, un
aperçu résumé des rapports qui ont été présentés et
discutés dans les diverses commissions.
APRÈS les discours, au travail.
Comme les lecteurs du Monde Colonial ont
pu le voir ici même le mois dernier, le travail
de la Conférence impériale est divisé en cinq com-
missions. Toutefois, ces commissions comportent-
elles-mêmes des commissions spéciales chargées
d'étudier chaque cas particulier. Par exemple, la
Commission économique, présidée par M. Serruys,
est comme suit, divisée :
1° Commission spéciale de politique et soutien ;
2° Commission spéciale du régime préférentiel
de l'exportation métropolitaine dans la France
d'outre-mer ;
3° Commission spéciale des relations internatio-
nales des possessions, et ainsi de suite pour toutes
les commissions.
Au moment où nous mettons sous presse, on
ne peut dire que des solutions aient été trouvées.
Un grand plan de travail a été élaboré. Beaucoup
d'idées ont été échangées et nous ne pouvons guère
recueillir qu'une impression générale. Mais on
semble avoir pris la tâche à cœur.
CE QUE NOUS DIT UN DÉLÉGUÉ INDIGÈNE.
Nous avons tenu à aller voir un des délégués
indigènes et lui demander ses impressions ; malheu-
reusement, pour nos lecteurs, cet homme est modeste
et nous a prié de taire son nom. Nous nous garderons
bien de dévoiler son anoymat ; il faut encourager
cette excellente qualité qu'est la modestie : c'est
une plante qui ne fleurit pas dans toutes les assem-
blées.
C'est au petit jour qu'il faut aller trouver ce dé-
légué si l'on veut avoir des chances de le rencon-
trer ; heureusement que notre soleil européen est
paresseux à cette époque-ci et que le petit jour
n'est pas une heure terrible. Un sourire affable nous
accueille tout de suite et, en nous souhaitant la
bienvenue, cet important notable malgache nous
exprima en très bon français à quel point il trou-
vait opportun cette Conférence réunissant les inté-
rêts de tout notre bel Empire.
— C'est de grand cœur, ajouta-t-il, que je pro-
fite de cette occasion pour vous demander d'être
l'interprète de tous les indigènes de la grande île
et de dire à vos lecteurs, que nous sommes excessive-
ment reconnaissants envers la France pour tout ce
qu'elle a fait pour nous ; d'ailleurs, notre pays,
sillonné de routes et de voies ferrées, les travaux
d'art gigantesques, les hôpitaux et les écoles qui
y sont édifiés, sont des preuves indiscutables des
prodigieux bienfaits de la nation protectrice. Et
tout dernièrement encore ces avions sanitaires qui
ont été mis en service pour le transport urgent des
malades, n'est-ce pas admirable ? On ne dira jamais
assez ce que nous devons à M. le Gouverneur général
Cayla.
« Mais cette Conférence impériale ? Elle peut
certainement rendre beaucoup de services aux colo-
nies. Nos productions principales, qui sont le riz, le
café, la vanille, le raphia, la girofle, les peaux, su-
bissent tous sans exception les méfaits de la crise;
ce sera un gros réconfort pour mes compatriotes si
nous pouvons trouver des arrangements tant avec
la Métropole qu'avec les autres parties de l'Empire.
Je suis particulièrement heureux que cette Confé-
rence ait lieu à Paris; je n'y étais jamais venu, je
comprends mieux à présent ce qu'on appelle « tra-
vailler » ; là, véritablement, cette magnifique ville
nous montre un exemple que je n'aurais jamais
soupçonné.
— Comment se comportent dans les débats les
métropolitains vis-à-vis des coloniaux ? semblent-
ils intransigeants ?
- Je n'en n'ai eu nullement l'impression ; tout
le monde semble, au contraire, vouloir faire des
concessions. Jusqu'ici, il y a tout lieu d'être confiant
quant à l'issue de la conférence.
ON PARLE BANANES.
C'est devant la deuxième Commission spéciale
de la Commission de production qu'ont débuté
les débats de la Conférence impériale. C'étaient les
fruits de table coloniaux qui se trouvaient sur la
sellette. Certes, voilà une commission d'impor-
tance ; tant de nos compatriotes peinent person-
nellement sur les plantations de bananes et d'ana-
nas, tant de capitaux de la Métropole y sont
engagés que commencer par là était de bon augure.
La base de la discussion devait s'établir d'après
le très important rapport de M. Taudière, délégué
de la Guinée au Conseil supérieur des Colonies. En
voici un bref résumé :
Les planteurs de bananes de nos colonies, loin
de se décourager de la baisse continuelle de leurs
fruits, se sont mis, au contraire, courageusement
au travail; ils ont fait un effort personnel considé-
rable; les Compagnies de navigations, telles que la
C. T. M. et la Compagnie Transatlantique, leur ont
donné des bateaux aménagés qui ont permis
d'abaisser à 1,5 p. 100 les déchets d'arrivage, les
intermédiaires, sur le marché de la Métropole, eux
aussi, ont participé à cet effort.
Des chiffres ? La production proprement dite est
passée de 4 300 tonnes en 1920 à 48 300 tonnes en
1934 ! Mais cet accroissement exigerait un réajus-
tement des primes de compensation qui diminuent
proportionnellement avec l'importance toujours
plus grande de la production nationale ; cette der-
nière atteint, à l'heure actuelle, 30 p. 100 de la con-
sommation métropolitaine !
Et cependant nos planteurs vendent au-dessous
du prix de revient... et le consommateur n'en pro-
fite guère 1 Pourquoi ? Les charges qui pèsent sur
ce fruit sont très lourds. Sait-on, par exemple, que
la Ville de Paris perçoit une dîme de 750 francs par
tonne de bananes pénétrant dans ses murs ? Et
puis, il y a la banane étrangère dont le contingen-
tement est encore insuffisant ; des licences devraient
être établies pour sa réglementation. Enfin, il y
a la protection douanière ; alors que la banane ne
bénéficie que d'une protection de 20 % sur sa
valeur, les oranges d'Espagne jouissent d'une pro-
tection de 80 %, les pommes de 40 à 60 % et les
poires de 40 à 48 %.
Nous avons pu joindre M. Taudière et lui de-
mander ses premières impressions.
— Laissez-moi vous dire qu'elles sont excellentes,
nous répondit-il sans hésiter ; je n'ai rencontré
qu'un désir : celui de trouver un terrain d'entente.
Je me dois d'ajouter que je suis tombé d'accord en
tous points avec « mon adversaire », M. du Fretay,
le représentant des producteurs métropolitains,
que vous dire de plus ?
Quand nous vous disions que la Conférence impé-
riale commençait sous de bons auspices 1
ON PARLE OUTILLAGE (1).
DANS une des dernières séances de la Commis-
sion de l'Outillage, à la Conférence Impériale,
le colonel Mornet, dans un rapport très
intéressant, a fait remarquer qu'un des éléments
essentiels des prix de revient des produits colo-
niaux — et parfois le plus important — c'est le coût
du transport.
Étant donné l'écart existant actuellement pour
la plupart des produits, entre les prix de revient
et les cours mondiaux, comment réduire ces prix et
les ramener à un taux voisin des cours mondiaux ?
Pour cela il faut :
Perfectionner les méthodes de culture ;
Éliminer les produits inférieurs ;
Améliorer les moyens de transport ;
Créer des organismes d'études puissamment dotée.
Actuellement nos Colonies ne sont dotées que de
moyens de transport lamentablement insuffisants,
malgré les efforts qui ont pu parfois être faits
par quelques gouverneurs généraux.
Si l'on compare l'outillage de nos colonies à
celui des autres pays, on s'aperçoit — non sans une
surprise humiliée — que nos colonies sont parmi les
pays les plus mal dotés, et qu'il n'y a guère, pour
leur disputer la dernière place à ce point de vue,
que des pays comme la Perse, l'Ethiopie, l'Afgha-
nistan.
L'Indochine, par exemple, qui a une superficie
de 40 p. 100 supérieure à celle du Siam, et une popu-
lation plus que double, a une longueur de voies
ferrées inférieure de près de 40 p. 100 à la longueur
des voies ferrées de ce pays.
L'Afrique occidentale a 3 000 kilomètres de
voies ferrées contre 37 500 pour la République
Argentine, alors que la densité de population est la
même (3,6 au kilomètre carré).
Dans nos colonies, les efforts faits par chacun
sont fragmentaires, dispersés. A ces efforts disper-
sés, gaspilleurs d'énergie, il faudrait substituer des
efforts suffisamment puissants, concentrés dans un
seul organisme qui serait chargé d'étudier à fond
tel ou tel problème. Des exemples d'une telle orga-
nisation existent : ce sont les différents Instituts
Pasteur.
Pour se résumer, le colonel Mornet montre que la
condition primordiale de tout développement éco-
nomique tant soit peu important de nos colonies
est un développement très notable des voies de
communication. En particulier, il faut :
Améliorer les ports :
Développer considérablement le réseeau ferré :
Doter le réseau routier de ponts permanents ;
Dégager les voies d'eau navigables des obstacles.
Il y a là un effort financier relativement impor-
tant et pour lequel les colonies doivent recevoir
l'aide de la Métropole.
Si ces deux conditions : déceloppement considé-
rable des moyens de transport et création des
grands organismes d'études ne sont pas remplies,
ou bien les efforts déployés d'autre part resteront
à peu près sans effet utile, ou bien, renonçant à
ces efforts, nos colonies continueront à se développer
avec une lenteur désespérante et dangereuse jus-
qu'au jour où elles deviendront la proie de nations
plus actives et plus hardies.
Jacques POULLAIN.
(1) Voir rapport de Maître Devallon sur l'outillage, page 3a.
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1934 finit sur une espérance ; ainsi meurt chaque
année dans l'espoir d'un sort plus heureux.
1935, si nous le voulons, doit marquer un progrès
décisif vers l'organisation -de la France totale par
la Conférence Impériale.
C'est le premier et dernier vœu que formule le
Monde Colonial Illustré.
On estime, en effet, que l'élaboration d'une
charte économique d'Empire, souple et précise,
harmonisant les activités diverses de la Métropole
et de ses satellites d'outre-Mer, sera seule capable
d'assurer la prospérité générale, en mettant fin à la
lutte, à l'anarchie économique qui caractérise et
paralyse le marché français de 100 millions d'hom-
mes.
Le jour où le travail de cette fourmilière gigan-
tesque aura été harmonieusement réglé, où la pro-
duction et l'écoulement auront été une bonne fois
disciplinés, ce jour-là, les capitaux, remis en con-
fiance, joueront ou plutôt travailleront pour fécon-
der le champ national demeuré en friche sur d'im-
menses étendues.
Alors, la mise en valeur de [cet Empire, passera
du rêve à la réalité et constituera, pour notre géné-
ration, un vaste programme basé sur l'adhésion
raisonnée, unanime, de la nation.
Alors seulement se déploiera, aux yeux d'une
jeunesse aujourd'hui fatiguée, démoralisée, déses-
pérée de se croiser les bras sans espoir, un vaste
et joyeux horizon de travail.
Ayant les terres, les hommes, les intelligences
et les capitaux, il ne nous manque, pour aboutir,
que la volonté.
C'est à quoi, depuis de longues années déjà, avec
le concours de tous les amis qui l'encouragent, le
Monde Colonial Illustré, s'emploie : informer,
éduquer, diriger l'opinion publique pour l'imprégner
du sens impérial.
Une épithète qui revient souvent dans ces co-
lonnes, mais qui sonne mal aux yeux de quelques
hommes d'un autre âge. A fait nouveau, mot nou-
veau ! Il faut bien donner un nom à cet ensemble
que la Troisième République -et c'est son meilleur
titre de gloire - a su agglomérer en un tout qui
laisse loin derrière lui l'Empire de Charles-Quint.
Or, voici le problème capital que la France du
xxe siècle doit résoudre, encore que neuf Français
sur dix n'en aient aucune idée, ce qui est grave :
le cadeau de l'Empire sera-t-il pour les Français
d'aujourd'hui et de demain trop lourd à porter ?
Autrement dit, sommes-nous capables de mettre en
valeur l'Empire Français, c'est-à-dire de faire
sortir le potentiel de forces latentes qu'il recèle,
et qui, avec nous ou malgré et contre nous, s'épa-
nouiront tôt ou tard.
Nous en sommes capables à une condition : la
foi en nous. Or c'est précisément ce qui manque
depuis que le pessimisme, le scepticisme, la méfiance,
la crainte habitent les cœurs de trop d'hommes de
chez nous.
D'où vient, chez les vainqueurs, cette âme de
vaincus ? Elle nous empêche, en tous cas, de voir,
de vouloir et de faire grand.
Et les autres peuples ne comprennent pas
qu'étant riche et puissante, la France manifeste
une telle déficience de caractère, et c'est cette pusil-
lanimité qui enhardit quelques-uns à réclamer
chaque jour quelque parcelle du patrimoine fran-
çais..
Ceci nous amène à formuler le souhait qu , un sur-
saut de l'opinion préserve notre Gouvernement
de marquer 1935 des stigmates d'une amputation,
si mince soit-elle, de notre Empire.
Que la presse discute une telle éventualité
sans s'indigner, c'est le signe d'une décadence et
d'une défaillance de l'opinion publique, qui ne
saurait se prolonger sans danger.
Notre attitude de croyant, au Monde Colonial
Illustré, manque peut-être de cette désinvolture
élégante à la « française », qui est de bon ton dans
notre pays. A qui nous raille, demandons si le
scepticisme est une idée force, s'il a jamais conduit
à l'action.
A qui s'indigne ou s'inquiète de notre dynamisme,
donnons cet apaisement que, loin d'être une menace
pour les autres nations, la solidité de l'Empire
Français est une des bases de l'ordre, de la sécurité
et de la prospérité du monde.
Le Monde Colonial Illustré continuera dans la
voie où il s'est engagé, avec une ardeur renforcée
par les témoignages que petits et grands rendent à
son effort.
Cette fin d'année nous a apporté de nombreuses
lettres de vœux et de félicitations. On nous pardon-
nera d'en détacher trois qui viennent de nous par-
venir, parce qu'elles portent ces signatures : Albert
Lebrun, Alexandre Millerand. Gaston Doumergue.
Toutes nous disent : « Continuez votre propagande
pour la grandeur et la prospérité de l'Empire
Colonial Français ».
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ.
Premiers échos de la Conférence impériale
Notre collaborateur donne ici quelques premières
impressions recueillies autour et en marge de la
Conférence impériale. A l'heure où nous mettons sous
presse, il serait imprudent et injuste d'avoir d'autres
ambitions. Toutefois le lecteur trouvera- page 3a, un
aperçu résumé des rapports qui ont été présentés et
discutés dans les diverses commissions.
APRÈS les discours, au travail.
Comme les lecteurs du Monde Colonial ont
pu le voir ici même le mois dernier, le travail
de la Conférence impériale est divisé en cinq com-
missions. Toutefois, ces commissions comportent-
elles-mêmes des commissions spéciales chargées
d'étudier chaque cas particulier. Par exemple, la
Commission économique, présidée par M. Serruys,
est comme suit, divisée :
1° Commission spéciale de politique et soutien ;
2° Commission spéciale du régime préférentiel
de l'exportation métropolitaine dans la France
d'outre-mer ;
3° Commission spéciale des relations internatio-
nales des possessions, et ainsi de suite pour toutes
les commissions.
Au moment où nous mettons sous presse, on
ne peut dire que des solutions aient été trouvées.
Un grand plan de travail a été élaboré. Beaucoup
d'idées ont été échangées et nous ne pouvons guère
recueillir qu'une impression générale. Mais on
semble avoir pris la tâche à cœur.
CE QUE NOUS DIT UN DÉLÉGUÉ INDIGÈNE.
Nous avons tenu à aller voir un des délégués
indigènes et lui demander ses impressions ; malheu-
reusement, pour nos lecteurs, cet homme est modeste
et nous a prié de taire son nom. Nous nous garderons
bien de dévoiler son anoymat ; il faut encourager
cette excellente qualité qu'est la modestie : c'est
une plante qui ne fleurit pas dans toutes les assem-
blées.
C'est au petit jour qu'il faut aller trouver ce dé-
légué si l'on veut avoir des chances de le rencon-
trer ; heureusement que notre soleil européen est
paresseux à cette époque-ci et que le petit jour
n'est pas une heure terrible. Un sourire affable nous
accueille tout de suite et, en nous souhaitant la
bienvenue, cet important notable malgache nous
exprima en très bon français à quel point il trou-
vait opportun cette Conférence réunissant les inté-
rêts de tout notre bel Empire.
— C'est de grand cœur, ajouta-t-il, que je pro-
fite de cette occasion pour vous demander d'être
l'interprète de tous les indigènes de la grande île
et de dire à vos lecteurs, que nous sommes excessive-
ment reconnaissants envers la France pour tout ce
qu'elle a fait pour nous ; d'ailleurs, notre pays,
sillonné de routes et de voies ferrées, les travaux
d'art gigantesques, les hôpitaux et les écoles qui
y sont édifiés, sont des preuves indiscutables des
prodigieux bienfaits de la nation protectrice. Et
tout dernièrement encore ces avions sanitaires qui
ont été mis en service pour le transport urgent des
malades, n'est-ce pas admirable ? On ne dira jamais
assez ce que nous devons à M. le Gouverneur général
Cayla.
« Mais cette Conférence impériale ? Elle peut
certainement rendre beaucoup de services aux colo-
nies. Nos productions principales, qui sont le riz, le
café, la vanille, le raphia, la girofle, les peaux, su-
bissent tous sans exception les méfaits de la crise;
ce sera un gros réconfort pour mes compatriotes si
nous pouvons trouver des arrangements tant avec
la Métropole qu'avec les autres parties de l'Empire.
Je suis particulièrement heureux que cette Confé-
rence ait lieu à Paris; je n'y étais jamais venu, je
comprends mieux à présent ce qu'on appelle « tra-
vailler » ; là, véritablement, cette magnifique ville
nous montre un exemple que je n'aurais jamais
soupçonné.
— Comment se comportent dans les débats les
métropolitains vis-à-vis des coloniaux ? semblent-
ils intransigeants ?
- Je n'en n'ai eu nullement l'impression ; tout
le monde semble, au contraire, vouloir faire des
concessions. Jusqu'ici, il y a tout lieu d'être confiant
quant à l'issue de la conférence.
ON PARLE BANANES.
C'est devant la deuxième Commission spéciale
de la Commission de production qu'ont débuté
les débats de la Conférence impériale. C'étaient les
fruits de table coloniaux qui se trouvaient sur la
sellette. Certes, voilà une commission d'impor-
tance ; tant de nos compatriotes peinent person-
nellement sur les plantations de bananes et d'ana-
nas, tant de capitaux de la Métropole y sont
engagés que commencer par là était de bon augure.
La base de la discussion devait s'établir d'après
le très important rapport de M. Taudière, délégué
de la Guinée au Conseil supérieur des Colonies. En
voici un bref résumé :
Les planteurs de bananes de nos colonies, loin
de se décourager de la baisse continuelle de leurs
fruits, se sont mis, au contraire, courageusement
au travail; ils ont fait un effort personnel considé-
rable; les Compagnies de navigations, telles que la
C. T. M. et la Compagnie Transatlantique, leur ont
donné des bateaux aménagés qui ont permis
d'abaisser à 1,5 p. 100 les déchets d'arrivage, les
intermédiaires, sur le marché de la Métropole, eux
aussi, ont participé à cet effort.
Des chiffres ? La production proprement dite est
passée de 4 300 tonnes en 1920 à 48 300 tonnes en
1934 ! Mais cet accroissement exigerait un réajus-
tement des primes de compensation qui diminuent
proportionnellement avec l'importance toujours
plus grande de la production nationale ; cette der-
nière atteint, à l'heure actuelle, 30 p. 100 de la con-
sommation métropolitaine !
Et cependant nos planteurs vendent au-dessous
du prix de revient... et le consommateur n'en pro-
fite guère 1 Pourquoi ? Les charges qui pèsent sur
ce fruit sont très lourds. Sait-on, par exemple, que
la Ville de Paris perçoit une dîme de 750 francs par
tonne de bananes pénétrant dans ses murs ? Et
puis, il y a la banane étrangère dont le contingen-
tement est encore insuffisant ; des licences devraient
être établies pour sa réglementation. Enfin, il y
a la protection douanière ; alors que la banane ne
bénéficie que d'une protection de 20 % sur sa
valeur, les oranges d'Espagne jouissent d'une pro-
tection de 80 %, les pommes de 40 à 60 % et les
poires de 40 à 48 %.
Nous avons pu joindre M. Taudière et lui de-
mander ses premières impressions.
— Laissez-moi vous dire qu'elles sont excellentes,
nous répondit-il sans hésiter ; je n'ai rencontré
qu'un désir : celui de trouver un terrain d'entente.
Je me dois d'ajouter que je suis tombé d'accord en
tous points avec « mon adversaire », M. du Fretay,
le représentant des producteurs métropolitains,
que vous dire de plus ?
Quand nous vous disions que la Conférence impé-
riale commençait sous de bons auspices 1
ON PARLE OUTILLAGE (1).
DANS une des dernières séances de la Commis-
sion de l'Outillage, à la Conférence Impériale,
le colonel Mornet, dans un rapport très
intéressant, a fait remarquer qu'un des éléments
essentiels des prix de revient des produits colo-
niaux — et parfois le plus important — c'est le coût
du transport.
Étant donné l'écart existant actuellement pour
la plupart des produits, entre les prix de revient
et les cours mondiaux, comment réduire ces prix et
les ramener à un taux voisin des cours mondiaux ?
Pour cela il faut :
Perfectionner les méthodes de culture ;
Éliminer les produits inférieurs ;
Améliorer les moyens de transport ;
Créer des organismes d'études puissamment dotée.
Actuellement nos Colonies ne sont dotées que de
moyens de transport lamentablement insuffisants,
malgré les efforts qui ont pu parfois être faits
par quelques gouverneurs généraux.
Si l'on compare l'outillage de nos colonies à
celui des autres pays, on s'aperçoit — non sans une
surprise humiliée — que nos colonies sont parmi les
pays les plus mal dotés, et qu'il n'y a guère, pour
leur disputer la dernière place à ce point de vue,
que des pays comme la Perse, l'Ethiopie, l'Afgha-
nistan.
L'Indochine, par exemple, qui a une superficie
de 40 p. 100 supérieure à celle du Siam, et une popu-
lation plus que double, a une longueur de voies
ferrées inférieure de près de 40 p. 100 à la longueur
des voies ferrées de ce pays.
L'Afrique occidentale a 3 000 kilomètres de
voies ferrées contre 37 500 pour la République
Argentine, alors que la densité de population est la
même (3,6 au kilomètre carré).
Dans nos colonies, les efforts faits par chacun
sont fragmentaires, dispersés. A ces efforts disper-
sés, gaspilleurs d'énergie, il faudrait substituer des
efforts suffisamment puissants, concentrés dans un
seul organisme qui serait chargé d'étudier à fond
tel ou tel problème. Des exemples d'une telle orga-
nisation existent : ce sont les différents Instituts
Pasteur.
Pour se résumer, le colonel Mornet montre que la
condition primordiale de tout développement éco-
nomique tant soit peu important de nos colonies
est un développement très notable des voies de
communication. En particulier, il faut :
Améliorer les ports :
Développer considérablement le réseeau ferré :
Doter le réseau routier de ponts permanents ;
Dégager les voies d'eau navigables des obstacles.
Il y a là un effort financier relativement impor-
tant et pour lequel les colonies doivent recevoir
l'aide de la Métropole.
Si ces deux conditions : déceloppement considé-
rable des moyens de transport et création des
grands organismes d'études ne sont pas remplies,
ou bien les efforts déployés d'autre part resteront
à peu près sans effet utile, ou bien, renonçant à
ces efforts, nos colonies continueront à se développer
avec une lenteur désespérante et dangereuse jus-
qu'au jour où elles deviendront la proie de nations
plus actives et plus hardies.
Jacques POULLAIN.
(1) Voir rapport de Maître Devallon sur l'outillage, page 3a.
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