Titre : La Dépêche coloniale illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-07-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327559237
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 juillet 1911 15 juillet 1911
Description : 1911/07/15 (A11,N13). 1911/07/15 (A11,N13).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743204w
Source : CIRAD, 2016-191284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
/
La Dépêche Coloniale
ILLUSTRÉE
15 Juillet 1911 (Ile Année, N° 13)
Adresse télégraphique : Deponiale-Paris.
Code français : AZ
Directeur : J.-PAUL TROUIIJIJET
Bureaux :
19, Rue Saint-Georges, .Paris
Téléphone : 157-47
UN VOYAGE AU NIAR9G
.. (Fêviriep-^VIai 1911) '
[texte_manquant]
E 1ER février dernier je m'embarquais
à Marseille sur VAnato\ie de la Com-
pagnie Paquet, à destination du Ma-
roc, où j'allais faire un voyage touris-
tique et d'études agricoles.
La traversée dure ordinairement, soixante-
douze heures entre Mars,eille et Tanger. Par
beau temps, elle n'a rien de désagréable lors-
que le bateau peut longe Les côtes d'Espagne
où l'on aperçoit, successivement : Carthagène,.
Almeyra et Gibraltar, dont le rocher, surplom-
bant la mer, et la forteresse, hérissés de ca-
nons ont vraiment une allure imposante.
Tanger, bien qu'un peu mieux' partagée
que les autres villes de la côte marocaine,
grâce à sa rade exempte de barre, et assez
bien abritée, ne possède pas de port actuelle-
ment. Le bateau est obligé de mouiller au
large.
Il faut se rendre à terre au moyen de
barques arabes, ce qui ne laisse pas de pré-
senter de nombreux inconvénients. L'ancre
est à peine jetée que le pont. du paquebot est
envahi par une horde grouillante et sale de
bateliers qui se-disputent et vos personnes et
vos bagages. Tant bien que mal on se tasse au
milieu des colis dont ces bateliers se sont em-
parés à bord, sans en connaître souvent le
propriétaire.
Lorsque la mer est calme, la descente en
barque et le petit voyage pour gagner la terre
s'effectuent à peu près sans encombre.
Par mauvais temps, le transbordement de-
vient très difficile, souvent même impossible.
Les petits bateaux ne peuvent approcher l'é-
chelle tant les lames sont violentes et, il arrive
quelquefois, que les passagers • doivent être
descendus au moyen de paniers attachés au
bout d'une corde. Parfois même, le mauvais
temps oblige les paquebots à prendre le large,
■ et il faut attendre l'accalmie pour revenir en
vue du port. ,
J'eus de la chance, car à mon arrivée, la
mer qui, jusqu'alors, s'était montrée très agi-
tée se calmait peu à peu, et nous pûmes dé-
barquer assez facilement san5 employer les
moyens rudimentaires dont je viens de parler.
Mon barcàssier m'amenait au pied du môle
sur lequel, contre paiement de vingt cen-
times, je pouvais gagner la terre ferme pen-
dant que mes bagages étaient dirigés à la
douane.
La douane marocaine ne le cède en ri3il à
ses sœurs. Elle est même plus raffinée dans
les ennuis qu'elle cause aux voyageurs car,
outre l'examen très sérieux auquel n'hésitent
pas a soumettre vos bagages les préposés in-
digènes, se joignent les formalités marocaines
qu'i.l est impossible d'éviter si, par malheur,
vous êtes propriétaire d'un objet neuf suscep-
tible d'être vendu. Mon matériel de campe-
ment comportait une tente neuve, et je dus,
pour pouvoir l'introduire dans la ville, faire
de nombreuses déclarations tant en français
qu'en arabe, acquitter des- droits, me présen-
ter à différents bureaux, et si le brigadier
français des douanes n'était pas venu à
mon secours, je me demande comment j'au-
rais pn me tirer de' toutes ces difficultés.
Mon fusil et mes cartouches,me furent con-
fisqués provisoirement. Il est interdit d'intro-
duire au Maroc aucune arme ni aucune mu-
nition sans avoir obtenu, au préalable, ' ce
que nous appelons en France un permis de
port d'armes. Cette autorisation n'est valable
que pour les fusils de chasse, et quiconque
voudrait entrer à Tanger une arme à ca-
non rayé, qui est considérée dans le p'ays
comme. une arme de guerre, se la verrait im-
\
M. GASTON VALLÉE
médiatement confisquer sans espoir de resti-
tution.
Les nombreuses formalités de la douane
accomplies, je me dirigeais sur l'hôtel de la
Villa de France où je devais descendre.
Dans l'après-midi je rendais visité à M. de
Billy à la Légation.
Je fus très aimablem-ent reçu, et pendant
les quelques instants que j'y restai j'ai eu
l'impression de ffiB trouver dans une vaste
ruche où tous, depuis le plus petit jusqu'au
plus grand, travaillent sans relâche et de tout
cœur à la défense de nou intérêts.
TANGER
On attribue la fondation de Tanger aux Car-
thaginois ; cependant des archéologues ont
affirmé que, d'après les ruines qui ont été dé-
couvertes dans les environs, Tanger remonte-
rait tout au plus à la période byzantine. Plus
probablement, Tanger fut, à l'origine, - un
douar berbère annexé, vers l'an 42, à l'em-
pire romain, et qui passa ensuite sous la do-
mination de Byzance. En 631, les Wisigoths
d'Espagne s'y établirent après l'avoir enlevé,
mais ils ne le gardèrent pas longtemps, :car,
dès 683, il était la proie d'un générai': arabe.
Plus tard en 707, Mousa Ben Noceïr s'en erfi-
pare à son tour; mais, après trente an's.'de'
domination, le joug des Arabes étant devenu
intolérable, les Berbères se soulèvent -et re-
jettent,- hors du Maroc, leurs oppresseurs', Jus- '.
qu'en 1437, Tanger passe successivement en-
tre les mains des -Idrisiste's, dés Alrriohadès
et des -\/Iérinides.
A cette époque les Portugais tentent une
première fois, mais sans succès, de s'emparer
de la ville ; en 1464 ils échouent dans une •
deuxième tentative, mais en 1471 ils s'en ren-'
dent enfin maîtres, après la prise d'Arzila.;
Jusqu'en 1662, elle resta au pouvoir. des Por-
tugais, époque à laquelle elle fut cédée à l'An-
gleterre, comme doL de la femme de Charles II.
De ce jour, les Marocain^ imaginèrent ruse
sur. ruse pour se-débarrasser d'e leurs nou-
veaux maîtres et, enfin, en i680; ils- repre-
naient possession de la ville, après que la gar-
nison anglaise l'eut évacuée.
L'installation du consulat (le la République
française à Tanger date de 1795.-Cette mesure
fut prise afin de surveiller de plus près, les
agissements de l'Espagne et de la Grande-Bre-
tagne dans le pays. Enfin en 1862, le Maroc
retrouvait son indépendance après le traité
qui mettait fin à. la guerre dans laquelle il
était engagé avec l'Espagne, et Tanger redeve-
nait territoire marocain.
Tanger est une station d'hivernage fréquBn-
tée par beaucoup d'Anglais, et l'on peut très.
facilement s'y loger confortablement dans plu-
sieurs hôtel bien tenus. On s'y procure facile-
ment tous les articles nécessaires à la vie cou-
rante, à -condition, toutefois, de ne pas être'
trop difficile.
En sortant de la douane et après avoir gravi
une rue à pente très abrupte dominée par la
citadelle dont les canons, datant d'au moins
un siècle, menacent, en apparence, les côtes
européennes, on arrive sur une place étroite
bordée de calés que l'on nommé le petit Sokko,
C'est là le centre des affaires ; dans ce quar-
tier se trou vent: les postes internationales, la
Banque d'Etat du Maroc'et les principales'
administrations.
Du petit Sokko part la rue principale de
Tanger : en dehors d'elle ce n'est qu'un la- .
byrinthe de ruelles tortueuses, bordées de pe-
tites maisons sans fenêtres avec une porte
basse, sous laquelle il est difficile de passer
La Dépêche Coloniale
ILLUSTRÉE
15 Juillet 1911 (Ile Année, N° 13)
Adresse télégraphique : Deponiale-Paris.
Code français : AZ
Directeur : J.-PAUL TROUIIJIJET
Bureaux :
19, Rue Saint-Georges, .Paris
Téléphone : 157-47
UN VOYAGE AU NIAR9G
.. (Fêviriep-^VIai 1911) '
[texte_manquant]
E 1ER février dernier je m'embarquais
à Marseille sur VAnato\ie de la Com-
pagnie Paquet, à destination du Ma-
roc, où j'allais faire un voyage touris-
tique et d'études agricoles.
La traversée dure ordinairement, soixante-
douze heures entre Mars,eille et Tanger. Par
beau temps, elle n'a rien de désagréable lors-
que le bateau peut longe Les côtes d'Espagne
où l'on aperçoit, successivement : Carthagène,.
Almeyra et Gibraltar, dont le rocher, surplom-
bant la mer, et la forteresse, hérissés de ca-
nons ont vraiment une allure imposante.
Tanger, bien qu'un peu mieux' partagée
que les autres villes de la côte marocaine,
grâce à sa rade exempte de barre, et assez
bien abritée, ne possède pas de port actuelle-
ment. Le bateau est obligé de mouiller au
large.
Il faut se rendre à terre au moyen de
barques arabes, ce qui ne laisse pas de pré-
senter de nombreux inconvénients. L'ancre
est à peine jetée que le pont. du paquebot est
envahi par une horde grouillante et sale de
bateliers qui se-disputent et vos personnes et
vos bagages. Tant bien que mal on se tasse au
milieu des colis dont ces bateliers se sont em-
parés à bord, sans en connaître souvent le
propriétaire.
Lorsque la mer est calme, la descente en
barque et le petit voyage pour gagner la terre
s'effectuent à peu près sans encombre.
Par mauvais temps, le transbordement de-
vient très difficile, souvent même impossible.
Les petits bateaux ne peuvent approcher l'é-
chelle tant les lames sont violentes et, il arrive
quelquefois, que les passagers • doivent être
descendus au moyen de paniers attachés au
bout d'une corde. Parfois même, le mauvais
temps oblige les paquebots à prendre le large,
■ et il faut attendre l'accalmie pour revenir en
vue du port. ,
J'eus de la chance, car à mon arrivée, la
mer qui, jusqu'alors, s'était montrée très agi-
tée se calmait peu à peu, et nous pûmes dé-
barquer assez facilement san5 employer les
moyens rudimentaires dont je viens de parler.
Mon barcàssier m'amenait au pied du môle
sur lequel, contre paiement de vingt cen-
times, je pouvais gagner la terre ferme pen-
dant que mes bagages étaient dirigés à la
douane.
La douane marocaine ne le cède en ri3il à
ses sœurs. Elle est même plus raffinée dans
les ennuis qu'elle cause aux voyageurs car,
outre l'examen très sérieux auquel n'hésitent
pas a soumettre vos bagages les préposés in-
digènes, se joignent les formalités marocaines
qu'i.l est impossible d'éviter si, par malheur,
vous êtes propriétaire d'un objet neuf suscep-
tible d'être vendu. Mon matériel de campe-
ment comportait une tente neuve, et je dus,
pour pouvoir l'introduire dans la ville, faire
de nombreuses déclarations tant en français
qu'en arabe, acquitter des- droits, me présen-
ter à différents bureaux, et si le brigadier
français des douanes n'était pas venu à
mon secours, je me demande comment j'au-
rais pn me tirer de' toutes ces difficultés.
Mon fusil et mes cartouches,me furent con-
fisqués provisoirement. Il est interdit d'intro-
duire au Maroc aucune arme ni aucune mu-
nition sans avoir obtenu, au préalable, ' ce
que nous appelons en France un permis de
port d'armes. Cette autorisation n'est valable
que pour les fusils de chasse, et quiconque
voudrait entrer à Tanger une arme à ca-
non rayé, qui est considérée dans le p'ays
comme. une arme de guerre, se la verrait im-
\
M. GASTON VALLÉE
médiatement confisquer sans espoir de resti-
tution.
Les nombreuses formalités de la douane
accomplies, je me dirigeais sur l'hôtel de la
Villa de France où je devais descendre.
Dans l'après-midi je rendais visité à M. de
Billy à la Légation.
Je fus très aimablem-ent reçu, et pendant
les quelques instants que j'y restai j'ai eu
l'impression de ffiB trouver dans une vaste
ruche où tous, depuis le plus petit jusqu'au
plus grand, travaillent sans relâche et de tout
cœur à la défense de nou intérêts.
TANGER
On attribue la fondation de Tanger aux Car-
thaginois ; cependant des archéologues ont
affirmé que, d'après les ruines qui ont été dé-
couvertes dans les environs, Tanger remonte-
rait tout au plus à la période byzantine. Plus
probablement, Tanger fut, à l'origine, - un
douar berbère annexé, vers l'an 42, à l'em-
pire romain, et qui passa ensuite sous la do-
mination de Byzance. En 631, les Wisigoths
d'Espagne s'y établirent après l'avoir enlevé,
mais ils ne le gardèrent pas longtemps, :car,
dès 683, il était la proie d'un générai': arabe.
Plus tard en 707, Mousa Ben Noceïr s'en erfi-
pare à son tour; mais, après trente an's.'de'
domination, le joug des Arabes étant devenu
intolérable, les Berbères se soulèvent -et re-
jettent,- hors du Maroc, leurs oppresseurs', Jus- '.
qu'en 1437, Tanger passe successivement en-
tre les mains des -Idrisiste's, dés Alrriohadès
et des -\/Iérinides.
A cette époque les Portugais tentent une
première fois, mais sans succès, de s'emparer
de la ville ; en 1464 ils échouent dans une •
deuxième tentative, mais en 1471 ils s'en ren-'
dent enfin maîtres, après la prise d'Arzila.;
Jusqu'en 1662, elle resta au pouvoir. des Por-
tugais, époque à laquelle elle fut cédée à l'An-
gleterre, comme doL de la femme de Charles II.
De ce jour, les Marocain^ imaginèrent ruse
sur. ruse pour se-débarrasser d'e leurs nou-
veaux maîtres et, enfin, en i680; ils- repre-
naient possession de la ville, après que la gar-
nison anglaise l'eut évacuée.
L'installation du consulat (le la République
française à Tanger date de 1795.-Cette mesure
fut prise afin de surveiller de plus près, les
agissements de l'Espagne et de la Grande-Bre-
tagne dans le pays. Enfin en 1862, le Maroc
retrouvait son indépendance après le traité
qui mettait fin à. la guerre dans laquelle il
était engagé avec l'Espagne, et Tanger redeve-
nait territoire marocain.
Tanger est une station d'hivernage fréquBn-
tée par beaucoup d'Anglais, et l'on peut très.
facilement s'y loger confortablement dans plu-
sieurs hôtel bien tenus. On s'y procure facile-
ment tous les articles nécessaires à la vie cou-
rante, à -condition, toutefois, de ne pas être'
trop difficile.
En sortant de la douane et après avoir gravi
une rue à pente très abrupte dominée par la
citadelle dont les canons, datant d'au moins
un siècle, menacent, en apparence, les côtes
européennes, on arrive sur une place étroite
bordée de calés que l'on nommé le petit Sokko,
C'est là le centre des affaires ; dans ce quar-
tier se trou vent: les postes internationales, la
Banque d'Etat du Maroc'et les principales'
administrations.
Du petit Sokko part la rue principale de
Tanger : en dehors d'elle ce n'est qu'un la- .
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