Titre : Togo Cameroun : magazine mensuel / présenté par l'Agence économique des territoires africains sous mandat
Auteur : Agence économique des territoires africains sous mandat. Auteur du texte
Éditeur : Agence économique des territoires africains sous mandat (Paris)
Date d'édition : 1935-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34407680f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1806 Nombre total de vues : 1806
Description : 01 octobre 1935 01 octobre 1935
Description : 1935/10/01-1935/10/31. 1935/10/01-1935/10/31.
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique de l'Ouest
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Thème : Sciences sociales Collection numérique : Thème : Sciences sociales
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97341035
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-O3-1424
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/07/2016
Les Aspects Historiques & Sociaux
de la question de l'Or au Togo
Dans l'immense étendue des rivages de ce que nous appelons
maintenant l'Afrique Occidentale, entre le Cap Vert et le Gabon,
on discernait, autrefois, entre autres pays, la Côte de l'Or (Gold
Coast) et la Côte des Esclaves. La fiction des frontières politiques
actuelles étàit précédée par une délimitation imagée à laquelle
on aurait tort d'attribuer plus de valeur que ne méritent les
descriptions des voyageurs généralisant à l'excès. Les apparences
historiques et ethnographiques vont au-delà de ce que permet
l'unité structurale du bloc Gold Coast-Togo-Dahomey, et si,
par opposition à l'évocation de la richesse d'une région, que les
récits des voyageurs disaient fabuleuse, le nom lugubre de l'autre
fait revivre la vision d'une côte inhospitalière, sablonneuse, plate
et pauvre, il ne faut pas en conclure que ces appellations corres-
pondent dans l'une et l'autre partie du Golfe du Bénin, à une
rigoureuse, réalité des faits. Certes, la richesse en or de la Gold
Coast, connue depuis le moyen âge, est indéniable. Mais, dépouil-
lée de l'auréole de l'Eldorado. africain, et compte tenu des cir-
constances historiques exceptionnelles qui ont favorisé l'essor de
cette colonie, elle nous apparaît devoir sa vraie richesse en or
à la colonisation européenne et à l'introduction des procédés
modernes d'exploitation. Ses voisines de l'Est, Togo et Dahomey,
tristement célèbres dans les temps passés, sous le nom de la Côte
des Esclaves, par le trafic commercial important auquel donnait
lieu la traite des noirs, étaient considérées comme pauvres, le
commerce des esclaves mis à part. On s'accorde pourtant à voir
dans le Dahomey moderne une colonie des plus riches de l'A.O.F.,
aux possibilités agricoles importantes; le Togo est dans une
situation - analogue.
L'inventaire, plus ou moins systématique, de ces richesses
latentes ne fu*" commencé, au Togo, que vers 1900 environ. Mais
pour l'or, nous avons des indications bien plus anciennes quoi-
que très rares. La seule qui soit probante et précise a été donnée
par G.-A. Robertson qui a dressé, en 1819, l'état des exportations
de l'or de la Côte Occidentale de l'Afrique vers l'Europe (1).
Dans cet état le comptoir de Popo figure pour 400 £ par an, ce
qui correspondait'à l'époque à 3 kilogrammes d'or.
D'autres indications ont permis plus tard de préciser que cet
or provenait des placers situés sur le Mono et qu'il ne passait
(.1) Robertson, G. A. — Notes on Africa, particularly those parts
which are situated between Cape Verde and the River Congo. London,
¡8I9.
(2) 20.000 Livres pour le Gold Coast, par an et 46.000 Livres pour
l'ensemble des comptoirs africains, par an,
pas en transit. Assurément le chiffre est insignifiant. Il repré-
sentait, alors, 1 1/1 20e de l'ensemble des exportations de l'or des
comptoirs africains et 1/50e de celles de la Gold Coast (2). Cette
disproportion se reflète aussi dans la littérature relative aux deux
contrées voisines, qui traite assez largement la question de l'or
en Gold Coast, alors que le témoignage chiffré de Robertson est
le seul que nous puissions invoquer pour une période de cinq
siècles, pour toute la région comprise à l'Est de la Volta et jus-
qu'au Niger 0).
Nous verrons, plus loin, que les conditions qui ont déterminé
à l'époque une telle différence de production et d'exportation
de l'or. indépendamment de tout facteur géologique, n'existent
plus aujourd'hui. Sans prétendre égaler les chiffres actuels de la
Gold Coast, le Togo mérite plus d'intérêt qu'on ne lui accCj|i|
généralement; et si la Gold Coast est riche, le Togo n est jj|aÇ
absolument déshérité. Quand on songe aux énormes capitlps
investis dans l'industrie aurifère de la colonie anglaise,
s'étonne moins de la valeur de sa production. Il est vrai quelles'
contingences de la vie mojerne rendent certaines exploitations.
des régions de Tarkwa et d Obuasi assez aléatoires, meme quand
elles sont conduites rationnellement par des techniciens européens,
et cela malgré la réputation un peu trop uniforme de richesse
que poss.ède la région. Nous sommes loin des conditions excep-
tionnelles de recrutement de la main-d'œuvre, des procédés d'ex-
ploitation et des conceptions sur le travail et la propriété qui
existaient en Afrique avant la colonisation européenne. Elles ne
se renouvelleront plus et elles ne fausseront plus notre juge-
ment par les descriptions de richesses, basées à la fois sur des
faits incontestables et sur la simple rapine, dans des proportions
qu'il n'est pas toujours facile de définir. Lorsque, comme c'est
le cas pour le Togo, la rapine organisée prime le travail, quel qu'il
soit, pendant des siècles, faut-il s'étonner que la perspective scien-
tifique soit faussée par les facteurs divers de l'histoire politique
et sociale de cette colonie et de ses voisins?
Mais accordons.aux placers de la Gold Coast la richesse qu'ils
étaient réputés avoir autrefois, bien qu'il ait fallu déchanter à ce
sujet et se rendre compte que l'évidence était loin des délirantes
(3) Le R. P. Bowen mentionne l'existence de l'or dans les filons de
quartz près d'Abbéokuta, dans le pays Yoruba. Cette région est située
trop à l'est de celle qui nous occupe pour entrer en ligne de compte
(voir T. J. Bowen, Central Africa, adventures and missionary labours,
Charlestown, 1857, page 256).
— 191 —
de la question de l'Or au Togo
Dans l'immense étendue des rivages de ce que nous appelons
maintenant l'Afrique Occidentale, entre le Cap Vert et le Gabon,
on discernait, autrefois, entre autres pays, la Côte de l'Or (Gold
Coast) et la Côte des Esclaves. La fiction des frontières politiques
actuelles étàit précédée par une délimitation imagée à laquelle
on aurait tort d'attribuer plus de valeur que ne méritent les
descriptions des voyageurs généralisant à l'excès. Les apparences
historiques et ethnographiques vont au-delà de ce que permet
l'unité structurale du bloc Gold Coast-Togo-Dahomey, et si,
par opposition à l'évocation de la richesse d'une région, que les
récits des voyageurs disaient fabuleuse, le nom lugubre de l'autre
fait revivre la vision d'une côte inhospitalière, sablonneuse, plate
et pauvre, il ne faut pas en conclure que ces appellations corres-
pondent dans l'une et l'autre partie du Golfe du Bénin, à une
rigoureuse, réalité des faits. Certes, la richesse en or de la Gold
Coast, connue depuis le moyen âge, est indéniable. Mais, dépouil-
lée de l'auréole de l'Eldorado. africain, et compte tenu des cir-
constances historiques exceptionnelles qui ont favorisé l'essor de
cette colonie, elle nous apparaît devoir sa vraie richesse en or
à la colonisation européenne et à l'introduction des procédés
modernes d'exploitation. Ses voisines de l'Est, Togo et Dahomey,
tristement célèbres dans les temps passés, sous le nom de la Côte
des Esclaves, par le trafic commercial important auquel donnait
lieu la traite des noirs, étaient considérées comme pauvres, le
commerce des esclaves mis à part. On s'accorde pourtant à voir
dans le Dahomey moderne une colonie des plus riches de l'A.O.F.,
aux possibilités agricoles importantes; le Togo est dans une
situation - analogue.
L'inventaire, plus ou moins systématique, de ces richesses
latentes ne fu*" commencé, au Togo, que vers 1900 environ. Mais
pour l'or, nous avons des indications bien plus anciennes quoi-
que très rares. La seule qui soit probante et précise a été donnée
par G.-A. Robertson qui a dressé, en 1819, l'état des exportations
de l'or de la Côte Occidentale de l'Afrique vers l'Europe (1).
Dans cet état le comptoir de Popo figure pour 400 £ par an, ce
qui correspondait'à l'époque à 3 kilogrammes d'or.
D'autres indications ont permis plus tard de préciser que cet
or provenait des placers situés sur le Mono et qu'il ne passait
(.1) Robertson, G. A. — Notes on Africa, particularly those parts
which are situated between Cape Verde and the River Congo. London,
¡8I9.
(2) 20.000 Livres pour le Gold Coast, par an et 46.000 Livres pour
l'ensemble des comptoirs africains, par an,
pas en transit. Assurément le chiffre est insignifiant. Il repré-
sentait, alors, 1 1/1 20e de l'ensemble des exportations de l'or des
comptoirs africains et 1/50e de celles de la Gold Coast (2). Cette
disproportion se reflète aussi dans la littérature relative aux deux
contrées voisines, qui traite assez largement la question de l'or
en Gold Coast, alors que le témoignage chiffré de Robertson est
le seul que nous puissions invoquer pour une période de cinq
siècles, pour toute la région comprise à l'Est de la Volta et jus-
qu'au Niger 0).
Nous verrons, plus loin, que les conditions qui ont déterminé
à l'époque une telle différence de production et d'exportation
de l'or. indépendamment de tout facteur géologique, n'existent
plus aujourd'hui. Sans prétendre égaler les chiffres actuels de la
Gold Coast, le Togo mérite plus d'intérêt qu'on ne lui accCj|i|
généralement; et si la Gold Coast est riche, le Togo n est jj|aÇ
absolument déshérité. Quand on songe aux énormes capitlps
investis dans l'industrie aurifère de la colonie anglaise,
s'étonne moins de la valeur de sa production. Il est vrai quelles'
contingences de la vie mojerne rendent certaines exploitations.
des régions de Tarkwa et d Obuasi assez aléatoires, meme quand
elles sont conduites rationnellement par des techniciens européens,
et cela malgré la réputation un peu trop uniforme de richesse
que poss.ède la région. Nous sommes loin des conditions excep-
tionnelles de recrutement de la main-d'œuvre, des procédés d'ex-
ploitation et des conceptions sur le travail et la propriété qui
existaient en Afrique avant la colonisation européenne. Elles ne
se renouvelleront plus et elles ne fausseront plus notre juge-
ment par les descriptions de richesses, basées à la fois sur des
faits incontestables et sur la simple rapine, dans des proportions
qu'il n'est pas toujours facile de définir. Lorsque, comme c'est
le cas pour le Togo, la rapine organisée prime le travail, quel qu'il
soit, pendant des siècles, faut-il s'étonner que la perspective scien-
tifique soit faussée par les facteurs divers de l'histoire politique
et sociale de cette colonie et de ses voisins?
Mais accordons.aux placers de la Gold Coast la richesse qu'ils
étaient réputés avoir autrefois, bien qu'il ait fallu déchanter à ce
sujet et se rendre compte que l'évidence était loin des délirantes
(3) Le R. P. Bowen mentionne l'existence de l'or dans les filons de
quartz près d'Abbéokuta, dans le pays Yoruba. Cette région est située
trop à l'est de celle qui nous occupe pour entrer en ligne de compte
(voir T. J. Bowen, Central Africa, adventures and missionary labours,
Charlestown, 1857, page 256).
— 191 —
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