BULLETIN MENSUEL DE L'AGENCE ÉCONOMIQUE DE L'A. 0. F. 79
plongeant vers l'Ouest de 115°, c'est-à-dire en surplomb
sur l'Est.
A la base et à l'abri de cette aiguille, existe une série
de cassures avec puits naturels étroits atteignant
3 m. 50 de profondeur ; un ruisseau avenant du Nord
disparaît ici sous terre sans qu'il ait été possible jusqu'ici
malgré l'essai à l'indicateur coloré, d'en trouver la
sortie. La coupe-tranchée faite le long de la crête cen-
trale, montre la présence d'un banc de minerai de fer
(limonite) incliné E.-W. avec une pente de 4°.
La présence de terre arable noire sous ce banc de
minerai, l'extension du gravier de latérite qui recouvre
une terre hurnifère profonde, font penser que la forêt
actuelle n'existait pas il y a peut-être quelques siècles
sur le Ton Koui et s'est implantée sur une savane.
La destruction de la forêt par les peuplades actuelles
ou d'autres, ou bien par une autre cause n'a pas permis
à -la végétation forestière de reprendre le dessus (har-
mattan?) et la savane s'est installée (origine de la terre
arable noire).
Comme pour toutes les savanes de la région, l'évapo-
ration intense en saison sèche, a entraîné la remontée
de sels de fer (principalement carbonates acides) les-
quels dans la couche supérieure du sol, en atmosphère
à faible tension d'anhydride carbonique se sont déposés
sur les matériaux quartzeux, constituant à la longue
une carapace (origine du minerai de fer recouvrant la
terre noire primitive).
Une période favorable a permis plus tard, probable-
ment à l'aide d'une végétation-parc de savane et des
semences provenant des galeries forestières de la mon-
tagne, à la forêt tropicale de se réinstaller.
Cette forêt actuelle, dont les arbres les plus âgés
(Parinarium tenuifolium) ont de 80 à 100 ans, a recons-
titué un terreau abondant- au-dessus de la carapace
ferrugineuse.
Il est probable que cette implantation a dû être
pénible si l'on en juge par l'épaisseur du banc de graviers,
de latérite qui surplombe les carapaces et qui, peu à peu,
vers le sommet devient une terre normale, puis un terreau.
Les points de sondage ayant fourni des coupes typi-
ques peuvent être signalés :
1° Tranchée du point 100 de la crê-te centrale.
Altitude 1.165 mètres :
Horizon A : Terre noire humifère non graveleuse, 0 m. 000 à 0 m. 13.
Horizon B : Terre rouge moyennement graveleuse, 0 m. 13 à 0 m. 45.
Horizon B' : Terre rouge graveleuse, un peu argileuse, 0 m. 45 à 2 m. 10.
Horizon C : Blocs ferrugineux, 2 m. 10 à 2 m. 20.
Horizon Al BI : Graviers et terres noires quartzeuses.
Horizon B' l' : Terre rouge argileuse, 2 m. 25 à au-delà.
20 Tranchée du point 0 et 0 A (bord Est de la crête
centrale) :
Point 0 Point O A
Horizon A : Terre noire humifère 0 m. 50 0 m. 10.
Horizon A' : Terre noire, blocs rocheux 0 m. 40 néant
Horizon B : Terre rouge, peu graveleuse ... néant 0 m. 20
Horizon B' : Terre rouge argileuse » 0 m. 30
Horizon C : Blocs ferrugineux 0 m. 20 néant
Horizon D : Granite altéré décoinposé à partir
de.. 1 m. 20 0 m. 60
Ce point 0 A marque la limite de terres utilisables
à la périphérie -de la croupe Est de la crête centrale, là
où la pente est forte ne permet plus l'aménagement
de terrasses. La tranchée 0 est ouverte à 4 mètres de la
tranchée 0 A. et dans la zone aménageable.
30 Coupe du point 300-180 :
Horizon A : Terre humifère brune noire graveleuse, 0 m. 00 à 0 m. 27.
Horizon A' : Terre humifère brune graveleuse, 0 m 27 à 0 m. 32.
Horizon A" : Terre humifère brune graveleuse avec cailloutis de gravite
0 m. 32 à 0 m. 50.
Horizon A"' : Terre brune-rouge, 0 m. 50 à 1 m. 20.
Horizon B : Terre rouge peu graveleuse, non rencontrée.
40 Coupe du point 300-400 :
Horizon A A" : Comme P. 300-180, 0 m. 00 à 0 m. 33.
Horizon A" : Comme A", du P 300-180, 0 m. 33 à 0 m. 50.
Horizon A"' : Comme A'" du P. 300-180, 0 m. 50 à 1 m. 20.
Toutes les séries de point 300-400. E. 50 etc., corres-
pondant au versant de la crête centrale et aux thalwegs
ont a peu près la même allure.
Végétation. — La crête-Dôme, l'aiguille et le ver-
sant de la montagne sont recouverts soit par la savane
à petites graminées, soit par la savane biotique à « herbe
à éléphant ».
Sur les bords dénudés une syperacée l'Eriospora
pilosa se montre dominante.
La forêt se maintient partout sur les pentes plus ou
moins hautes, plus ou moins denses souvent buisson-
nantes, solidement accrochée aux plus petites terrasses.
Au-dessus de la côte 800 ont disparu complètement :
Bussia Parkii, l'owala du Gabon, le tali, le fraké, le
framiré, l'iroko, les acajous et le colatier ; y subsistent,
mais rares, le palmier à huile, lés raphias divers, le
kapokier, le parasolier, le funtunia.
Au-dessus de 1.000 mètres on rencontre le souguier,
l'emient et le kobi. Le sous-bois est particulièrement
riche en rubiacées, fougères, mousses et lichens.
Dans les thalwegs du sommet de Ton Koui viennent
des bosquets de Dracbnena. La fougère laineuse (Pteris
lanuginosa) et les Marantacées, forment ceinture
autour de la montagne et sont témoins d'extensions
anciennes de la forêt léchée par le feu.
PLUVIOMÉTRIE DU TON KOUI
MAN TON ROUI
Jours m/Ill Jours ni/m
Janvier 1 14,0 0 0
Février 6 117,0 » 163,3
Mars Il 174,3 )J 126,7
Avril » 77,0 » 397,7
Mai J) 197,0 Il 388,3
Juin 9 171,0 24 207,8
Juillet 10 148,0 31 284,3
Août 10 151,5 29 249,3
Septembre ...... 14 205,4 29 374,7
61 922,3 2192,1
Ainsi, en fin septembre, il est tombé 1.170 m/m de
plus de pluies, à 1.171 mètres d'altitude, qu'à Man.
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