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fondément entamés dans sa descente et où ne devront se risquer que les per-
sonnes très familiarisées avec la gymnastique.
Ces voies de pénétration si difficilement pénétrables elles-mêmes sont pour-
tant les plus utiles à suivre pour l'étude du peuplement, elles conduisent aux
souches des arbres abattus et permettent de reconnaître le mode d'exploitations
pratiqué par les indigènes et d'étudier la façon dont se régénèrent les diverses
essences.
* *
En résumé, la forêt de Manjakandriana est assez mal desservie par ses
routes et on ne peut plus mal par ses sentiers. L'est-elle mieux par ses cours
d'eau ? Assurément non, sa situation sur une chaîne de montagnes formant
ligne séparative entre deux grands bassins ne lui permet de retenir les rivières et
ruisseaux que dans la partie supérieure de leur cours, où non seulement ils
n'offrent qu'un très faible volume d'eau, mais où ils sont le plus souvent coupés
d'une infinité de rapides et parfois de cascades.
Les affluents de l'Ikopa sont d'ailleurs les seuls qui pourraient être utilisés,
ceux de la Mananara suivent une direction Nord-Ouest qui éloignerait de Tana-
narive. Parmi les premiers, la Varahina mérite une mention. A partir de Manta-
soa, c'est-à-dire à 20 kilom. de sa source, de nombreux ruisseaux viennent grossir
le volume de ses eaux et la rendre flottable sur une partie de son cours ; elle se
jette ensuite dans l'Ikopa et peut permettre alors un transport économique
vers Tananarive. Un concessionnaire forestier, M. Descarega, qui a raconnu les
cours de la Varahina et de l'Ikopa, pense qu'en une journée de transport à dos
d'homme, il lui sera possible d'amener les produits de son exploitation en un
point de la Varahina d'où les bois pourront être dirigés par eau sur Tanana-
rive. La durée du trajet serait de huit jours, deux rapides seulement ne présen-
teraient pas de chenal praticable et nécessiteraient des transbordements, l'un sur
une distance de 1.500, l'autre Sur 200 mètres. Il va sans dire que le flottage par
pièces perdues ne pourra être employé que pour les bois plus légers que l'eau ;
c'est sur pirogue qu'il faudra charger les autres, le trop faible diamètre des
bambous trouvés en forêt ne permettant pas de construire des radeaux quelque
peu pratiques.
Suivant M. Descarega, un Malgache suffit pour diriger soit 1m 3 de bois flot-
tant, soit une pirogue portant de 600 à 800 kil. C'est donc le mode de transport
de beaucoup le plus économique ; il n'est malheureusement pas à la disposition
de tous les concessionnaires et on ne doit certainement pas évaluer à plus de
8.000 hectares l'étendue de forêt dont les produits pourraient en moins de deux
jours être amenés en un point ou l'un quelconque des affluents de l'Ikopa
devient à peu près près flottable.
La forêt de Manjakandriana est donc encore plus mal desservie par les cours
d'eau que par les routes et cette absence de voie de vidange facilement et même
pratiquement utilisable constitue le plus sérieux obstacle à l'aménagement et
à l'exploitation rationnelle du vaste massif boisé.
Si le manque de main-d'œuvre a pu et peut encore créer quelques difficul-
tés aux concessionnaires, il est permis de s'attendre à voir ces difficultés cesser
dans un avenir prochain et on peut envisager de ce côté une situation allant
s'améliorant rapidement ; on ne doit malheureusement pas fonder les mêmes
espérances sur une solution quelque peu satisfaisante de la question des trans-
ports ; aucune circonstance n'est appelée à modifier sensiblement la situation
actuelle, résultat d'un état de choses très défavorable auquel nous ne pouvons
apporter aucun changement appréciable. Les difficultés de vidange tiennent en
effet plus particulièrement à la situation de la forêt sur une ligne de faîte, à sa
topographie très tourmentée, à l'éloignement des lieux de consommation, toutes
choses échappant à notre action et qui resteront toujours le plus grand obstacle
à une bonne et facile exploitation de la forêt.
(A suivre).
THIRY,
inspecteur-adjoint des Eaux et Forêts à Madagascar.
fondément entamés dans sa descente et où ne devront se risquer que les per-
sonnes très familiarisées avec la gymnastique.
Ces voies de pénétration si difficilement pénétrables elles-mêmes sont pour-
tant les plus utiles à suivre pour l'étude du peuplement, elles conduisent aux
souches des arbres abattus et permettent de reconnaître le mode d'exploitations
pratiqué par les indigènes et d'étudier la façon dont se régénèrent les diverses
essences.
* *
En résumé, la forêt de Manjakandriana est assez mal desservie par ses
routes et on ne peut plus mal par ses sentiers. L'est-elle mieux par ses cours
d'eau ? Assurément non, sa situation sur une chaîne de montagnes formant
ligne séparative entre deux grands bassins ne lui permet de retenir les rivières et
ruisseaux que dans la partie supérieure de leur cours, où non seulement ils
n'offrent qu'un très faible volume d'eau, mais où ils sont le plus souvent coupés
d'une infinité de rapides et parfois de cascades.
Les affluents de l'Ikopa sont d'ailleurs les seuls qui pourraient être utilisés,
ceux de la Mananara suivent une direction Nord-Ouest qui éloignerait de Tana-
narive. Parmi les premiers, la Varahina mérite une mention. A partir de Manta-
soa, c'est-à-dire à 20 kilom. de sa source, de nombreux ruisseaux viennent grossir
le volume de ses eaux et la rendre flottable sur une partie de son cours ; elle se
jette ensuite dans l'Ikopa et peut permettre alors un transport économique
vers Tananarive. Un concessionnaire forestier, M. Descarega, qui a raconnu les
cours de la Varahina et de l'Ikopa, pense qu'en une journée de transport à dos
d'homme, il lui sera possible d'amener les produits de son exploitation en un
point de la Varahina d'où les bois pourront être dirigés par eau sur Tanana-
rive. La durée du trajet serait de huit jours, deux rapides seulement ne présen-
teraient pas de chenal praticable et nécessiteraient des transbordements, l'un sur
une distance de 1.500, l'autre Sur 200 mètres. Il va sans dire que le flottage par
pièces perdues ne pourra être employé que pour les bois plus légers que l'eau ;
c'est sur pirogue qu'il faudra charger les autres, le trop faible diamètre des
bambous trouvés en forêt ne permettant pas de construire des radeaux quelque
peu pratiques.
Suivant M. Descarega, un Malgache suffit pour diriger soit 1m 3 de bois flot-
tant, soit une pirogue portant de 600 à 800 kil. C'est donc le mode de transport
de beaucoup le plus économique ; il n'est malheureusement pas à la disposition
de tous les concessionnaires et on ne doit certainement pas évaluer à plus de
8.000 hectares l'étendue de forêt dont les produits pourraient en moins de deux
jours être amenés en un point ou l'un quelconque des affluents de l'Ikopa
devient à peu près près flottable.
La forêt de Manjakandriana est donc encore plus mal desservie par les cours
d'eau que par les routes et cette absence de voie de vidange facilement et même
pratiquement utilisable constitue le plus sérieux obstacle à l'aménagement et
à l'exploitation rationnelle du vaste massif boisé.
Si le manque de main-d'œuvre a pu et peut encore créer quelques difficul-
tés aux concessionnaires, il est permis de s'attendre à voir ces difficultés cesser
dans un avenir prochain et on peut envisager de ce côté une situation allant
s'améliorant rapidement ; on ne doit malheureusement pas fonder les mêmes
espérances sur une solution quelque peu satisfaisante de la question des trans-
ports ; aucune circonstance n'est appelée à modifier sensiblement la situation
actuelle, résultat d'un état de choses très défavorable auquel nous ne pouvons
apporter aucun changement appréciable. Les difficultés de vidange tiennent en
effet plus particulièrement à la situation de la forêt sur une ligne de faîte, à sa
topographie très tourmentée, à l'éloignement des lieux de consommation, toutes
choses échappant à notre action et qui resteront toujours le plus grand obstacle
à une bonne et facile exploitation de la forêt.
(A suivre).
THIRY,
inspecteur-adjoint des Eaux et Forêts à Madagascar.
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