Presse et revues
32 pages
Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-12-05
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 05 décembre 1903 05 décembre 1903
Description : 1903/12/05 (A7,N138,T13). 1903/12/05 (A7,N138,T13).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65833900
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/03/2014
CLIMATOLOGIE DU NORD DE L'AFRIQUE
327 -
En effet, l'hiver 1890-1891 a été particulièrement rude dans l'Afrique du Nord
et les chutes de neige ont été fréquentes sur la plus grande partie du territoire
tunisien.
La neige est tombée 32 fois à Aïn-Draham; 16 fois à Souk-el-Djemma; 13 fois
à Mactar; 5 fois à Porto-Farina; 4 fois à Crétéville ; 3 fois à Zaghouan; 1 fois à
Tunis. Par place, la neige a duré pendant plusieurs jours (1).
Pendant le premier trimestre de l'année 1891, le froid a été extraordinaire
dans l'Oued-Rhir et dans l'oasis d'Ayata, au sud de Biskra, située par environ
34020 : il y a eu en février six jours de gelée. Il a neigé aux environs jde Biskra et
il est tombé quelques flocons à Ayata le 18 février (2). On sait que la dépression de
l'Oued-Rhir est au niveau et quelquefois au-dessous du niveau de la mer : c'est
la partie la plus basse du Sahara algérien.
La période froide et neigeuse comprise entre les 18 et 22 janvier 1891 et qui a
sévi avec une intensité toute particulière à Alger et aux environs, mérite d'être
décrite comme un cas météorique des plus accusés pour cette région : en effet, il
démontre à quels à-coups sont exposées les tentatives d'acclimatation, même
dans les zones réputées parmi les plus tempérées du pays.
OBSERVATIONS DU 18 AU 22 JANVIER 1891
Graphique n° 9.
Depuis quelques jours le temps était profondément perturbé, l'atmosphère
était successivement refroidie par une longue série de vents du Nord, les pres-
sions étaient très hautes et persistantes dans le Nord-Ouest et allaient en s'affai-
blissant régulièrement jusqu'en Tunisie et en Tripolitaine; les minimas s'accen-
tuaient au-dessous de zéro dès le 17, et le grésil persistait à l'ombre.
Pendant la nuit du 18 aù 19, la neige tombait abondamment sur Alger et ses
environs, et depuis la mer jusqu'aux cimes élevées elle recouvrait tout le sol
d'une épaisse couche, épaisseur considérable aux altitudes. Partout les minimas
étaient au-dessous de zéro. Le 18, une dépression accusée (755 m/m) s'étendait
sur tout le bassin méditerranéen.
Le 19 au matin l'enregistreur au Jardin d'Essai indiquait que les minimas
s'étaient maintenus au-dessous de zéro depuis 7 heures du soir de veille, et que de
minuit à 4 heures du matin le point minimum atteint était — 6° : pendant toute
cette journée du 19 et jusqu'au lendemain 20 à midi, la couche intérieure de
neige marquait — 3°.
Toute la masse d'air était refroidie : il y avait — 50 à quelques centimètres
au-dessus de la neige ; — 5° à un mètre de hauteur et — 2°5 à 10 mètres de
haut.
A 9 heures du matin les chutes neigeuses redoublaient de violence, accom-
pagnées d'un fort orage : éclairs et tonnerre (3). -
A ce moment le Jardin d'Essai disparaissait sous la neige et les grands végé-
taux pliaient sous son poids.
Quarante mille mètres de clayonnages s'effondraient avec un bruit effroyable
(1) Bull, de la Dir. de Vagriculture et du commerce de la Régence de Tunis, no 22, année 1902
(2). Société mélêoroloqique de France, séance du 5 mai 1891.
(3) Toute la nuit les mouvements séismiques avaient été nombreux, non seulement à Alger, mais
sur plusieurs autres points, dans la région de Boghari notamment.
Ce n'est pas la première fois que j'enregistre cette coïncidence de mouvements séismiques dans les
profondes perturbations atmosphériques.
327 -
En effet, l'hiver 1890-1891 a été particulièrement rude dans l'Afrique du Nord
et les chutes de neige ont été fréquentes sur la plus grande partie du territoire
tunisien.
La neige est tombée 32 fois à Aïn-Draham; 16 fois à Souk-el-Djemma; 13 fois
à Mactar; 5 fois à Porto-Farina; 4 fois à Crétéville ; 3 fois à Zaghouan; 1 fois à
Tunis. Par place, la neige a duré pendant plusieurs jours (1).
Pendant le premier trimestre de l'année 1891, le froid a été extraordinaire
dans l'Oued-Rhir et dans l'oasis d'Ayata, au sud de Biskra, située par environ
34020 : il y a eu en février six jours de gelée. Il a neigé aux environs jde Biskra et
il est tombé quelques flocons à Ayata le 18 février (2). On sait que la dépression de
l'Oued-Rhir est au niveau et quelquefois au-dessous du niveau de la mer : c'est
la partie la plus basse du Sahara algérien.
La période froide et neigeuse comprise entre les 18 et 22 janvier 1891 et qui a
sévi avec une intensité toute particulière à Alger et aux environs, mérite d'être
décrite comme un cas météorique des plus accusés pour cette région : en effet, il
démontre à quels à-coups sont exposées les tentatives d'acclimatation, même
dans les zones réputées parmi les plus tempérées du pays.
OBSERVATIONS DU 18 AU 22 JANVIER 1891
Graphique n° 9.
Depuis quelques jours le temps était profondément perturbé, l'atmosphère
était successivement refroidie par une longue série de vents du Nord, les pres-
sions étaient très hautes et persistantes dans le Nord-Ouest et allaient en s'affai-
blissant régulièrement jusqu'en Tunisie et en Tripolitaine; les minimas s'accen-
tuaient au-dessous de zéro dès le 17, et le grésil persistait à l'ombre.
Pendant la nuit du 18 aù 19, la neige tombait abondamment sur Alger et ses
environs, et depuis la mer jusqu'aux cimes élevées elle recouvrait tout le sol
d'une épaisse couche, épaisseur considérable aux altitudes. Partout les minimas
étaient au-dessous de zéro. Le 18, une dépression accusée (755 m/m) s'étendait
sur tout le bassin méditerranéen.
Le 19 au matin l'enregistreur au Jardin d'Essai indiquait que les minimas
s'étaient maintenus au-dessous de zéro depuis 7 heures du soir de veille, et que de
minuit à 4 heures du matin le point minimum atteint était — 6° : pendant toute
cette journée du 19 et jusqu'au lendemain 20 à midi, la couche intérieure de
neige marquait — 3°.
Toute la masse d'air était refroidie : il y avait — 50 à quelques centimètres
au-dessus de la neige ; — 5° à un mètre de hauteur et — 2°5 à 10 mètres de
haut.
A 9 heures du matin les chutes neigeuses redoublaient de violence, accom-
pagnées d'un fort orage : éclairs et tonnerre (3). -
A ce moment le Jardin d'Essai disparaissait sous la neige et les grands végé-
taux pliaient sous son poids.
Quarante mille mètres de clayonnages s'effondraient avec un bruit effroyable
(1) Bull, de la Dir. de Vagriculture et du commerce de la Régence de Tunis, no 22, année 1902
(2). Société mélêoroloqique de France, séance du 5 mai 1891.
(3) Toute la nuit les mouvements séismiques avaient été nombreux, non seulement à Alger, mais
sur plusieurs autres points, dans la région de Boghari notamment.
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