Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-04-05
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 05 avril 1903 05 avril 1903
Description : 1903/04/05 (A7,N122,T12). 1903/04/05 (A7,N122,T12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6583374w
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/03/2014
VARIÉTÉS 207
LA PRÉPARATION DU THÉ DU JAPON (1)
La description de la préparation du thé du Japon ne peut être complète sans une indi-
cation de l'origine de la plante dont nous connaissons tous la boisson rafraîchissante,
stimulante ou sédative suivant le cas.
Kæmpfer cite, de l'autorité de médecins chinois, le cas d'une femme qui, fatiguée
d'un mari brutal, voulut s'en débarrasser; on lui conseilla de ne donner à son mari pour
toute nourriture que de la viande de porc et des choses très grasses qui certainement l'au-
raient tué en moins d'une année. Mais cette brave femme, ne voulant pas attendre ce
laps de temps, suivit un autre conseil, qui consistait à lui donner constamment à boire
de fortes infusions de thé. Cette femme attentionnée, dont le mari était déjà réduit à
l'état de squelette, voulut, pour aller plus vite, faire usage des deux remèdes à la fois, et
cela eut un résultat opposé à celui attendu : le mari revint à la vie et se rétablit même
complètement. Les médecins chinois qui racontèrent cette histoire à Ksempfer ne
furent pas moins surpris par les effets puissants du thé que ne le furent les premiers
auteurs qui ont discuté le sujet. Il ne nous paraît pas utile de revenir ici sur ces dis-
cussions.
Tous les écrivains sont d'accord pour dire que le théier fut importé de la Chine au
Japon, et la plupàrt fixent comme date'de cette importation le ixe siècle. On en trouve la
première mention sous le règne de l'empereur Kwamm. Un prêtre nommé Saito, et
mieux connu sous le nom de Daishi, apporta des graines de thé de la Chine et les planta
à Nji (A. D. 805). Sous le règne de l'empereur Saga, 810, commencèrent les « cérémonies
de thé » ; en 815, on planta des théiers sur les ordres de l'empereur dans les provinces du
« home circuits ». Ce ne fut cependant pas avant le XIIe siècle que le théier fut vraiment
apprécié au Japon, grâce à un prêtre de la secte Zen des Boudhistes, un certain Yei-Sei-
Zenji, qui visita la Chine eh 1180 et fut frappé de l'amour de ses coreligionnaires pour la
décoction de cette plante. A son retour au Japon, il emporta un ouvrage renfermant les
instructions relatives à la préparation des feuilles et une provision de graines de choix
qui furent plantées à Hiburi dans la province de Chikuzen. Un autre prêtre boudhiste
Mio-e (mort en 1232) prit des graines et les planta àUji, commençant ainsi ces fameuses
plantations de thé.
L'introduction du thé est rapportée pour le Japon à la secte boudhiste Zen, et c'est au
fondateur de cette secte, à Daruma, que l'on rapporte la croissance miraculeuse de cette
plante. Les théiers naquirent des sourcils de Daruma, qui se les était arrachés parce
que, contrairement au vœu qu'il avait fait de ne pas dormir, il s'était laissé vaincre par
le sommeil. Daruma trouva dans l'ingestion des feuilles de cette plante, née miraculeu-
sement, une force nouvelle pour poursuivre ses méditations.
Pendant longtemps le thé fut trop un article de luxe même pour les Japonais, pour
être employé par d'autres que par les nobles, et Koempfer, en 1692, décrit comment le
thé bu à la cour était cultivé et-préparé à Uji par les soins du chef pourvoyeur en thé;
pendant au moins deux ou trois semaines les personnes qui devaient le cueillir ne pou-
vaient manger ni poisson, ni nourriture impropre, pour que leur respiration ne pût con-
taminer les feuilles (?). Pendant la récolte, elles devaient.se laver deux ou trois fois par
jour et ne pouvaient toucher aux feuilles que gantées. Le thé préparé était envoyé à la
Cour sous bonne escorte, parfois un simple pot de thé, ne renfermant que trois à quatre
« catties », était soigné par près de deux cents personnes. Il ne faut donc pas demander
le prix de revient d'une tasse de ce thé.
On décrit deux variétés du thé de Chine : Thea viridis, une plante plutôt vigou-
reuse, grande, se développant fortement, à rameaux étalés, et le Thea Bohea, une
plante plus petite à rameaux droits et raides, à feuilles atteignant la moitié ou
les deux tiers de la feuille du viridis, d'une couleur plus foncée et pas aussi
(1) Traduit et résumé d'une notice parue dans le « Year book of thé Planters Association of
Ceylon », Kandy, 1931-1902. Columbo, 1902.
LA PRÉPARATION DU THÉ DU JAPON (1)
La description de la préparation du thé du Japon ne peut être complète sans une indi-
cation de l'origine de la plante dont nous connaissons tous la boisson rafraîchissante,
stimulante ou sédative suivant le cas.
Kæmpfer cite, de l'autorité de médecins chinois, le cas d'une femme qui, fatiguée
d'un mari brutal, voulut s'en débarrasser; on lui conseilla de ne donner à son mari pour
toute nourriture que de la viande de porc et des choses très grasses qui certainement l'au-
raient tué en moins d'une année. Mais cette brave femme, ne voulant pas attendre ce
laps de temps, suivit un autre conseil, qui consistait à lui donner constamment à boire
de fortes infusions de thé. Cette femme attentionnée, dont le mari était déjà réduit à
l'état de squelette, voulut, pour aller plus vite, faire usage des deux remèdes à la fois, et
cela eut un résultat opposé à celui attendu : le mari revint à la vie et se rétablit même
complètement. Les médecins chinois qui racontèrent cette histoire à Ksempfer ne
furent pas moins surpris par les effets puissants du thé que ne le furent les premiers
auteurs qui ont discuté le sujet. Il ne nous paraît pas utile de revenir ici sur ces dis-
cussions.
Tous les écrivains sont d'accord pour dire que le théier fut importé de la Chine au
Japon, et la plupàrt fixent comme date'de cette importation le ixe siècle. On en trouve la
première mention sous le règne de l'empereur Kwamm. Un prêtre nommé Saito, et
mieux connu sous le nom de Daishi, apporta des graines de thé de la Chine et les planta
à Nji (A. D. 805). Sous le règne de l'empereur Saga, 810, commencèrent les « cérémonies
de thé » ; en 815, on planta des théiers sur les ordres de l'empereur dans les provinces du
« home circuits ». Ce ne fut cependant pas avant le XIIe siècle que le théier fut vraiment
apprécié au Japon, grâce à un prêtre de la secte Zen des Boudhistes, un certain Yei-Sei-
Zenji, qui visita la Chine eh 1180 et fut frappé de l'amour de ses coreligionnaires pour la
décoction de cette plante. A son retour au Japon, il emporta un ouvrage renfermant les
instructions relatives à la préparation des feuilles et une provision de graines de choix
qui furent plantées à Hiburi dans la province de Chikuzen. Un autre prêtre boudhiste
Mio-e (mort en 1232) prit des graines et les planta àUji, commençant ainsi ces fameuses
plantations de thé.
L'introduction du thé est rapportée pour le Japon à la secte boudhiste Zen, et c'est au
fondateur de cette secte, à Daruma, que l'on rapporte la croissance miraculeuse de cette
plante. Les théiers naquirent des sourcils de Daruma, qui se les était arrachés parce
que, contrairement au vœu qu'il avait fait de ne pas dormir, il s'était laissé vaincre par
le sommeil. Daruma trouva dans l'ingestion des feuilles de cette plante, née miraculeu-
sement, une force nouvelle pour poursuivre ses méditations.
Pendant longtemps le thé fut trop un article de luxe même pour les Japonais, pour
être employé par d'autres que par les nobles, et Koempfer, en 1692, décrit comment le
thé bu à la cour était cultivé et-préparé à Uji par les soins du chef pourvoyeur en thé;
pendant au moins deux ou trois semaines les personnes qui devaient le cueillir ne pou-
vaient manger ni poisson, ni nourriture impropre, pour que leur respiration ne pût con-
taminer les feuilles (?). Pendant la récolte, elles devaient.se laver deux ou trois fois par
jour et ne pouvaient toucher aux feuilles que gantées. Le thé préparé était envoyé à la
Cour sous bonne escorte, parfois un simple pot de thé, ne renfermant que trois à quatre
« catties », était soigné par près de deux cents personnes. Il ne faut donc pas demander
le prix de revient d'une tasse de ce thé.
On décrit deux variétés du thé de Chine : Thea viridis, une plante plutôt vigou-
reuse, grande, se développant fortement, à rameaux étalés, et le Thea Bohea, une
plante plus petite à rameaux droits et raides, à feuilles atteignant la moitié ou
les deux tiers de la feuille du viridis, d'une couleur plus foncée et pas aussi
(1) Traduit et résumé d'une notice parue dans le « Year book of thé Planters Association of
Ceylon », Kandy, 1931-1902. Columbo, 1902.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 15/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6583374w/f15.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6583374w/f15.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6583374w/f15.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6583374w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6583374w