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lieux familiaux. De plus, chose étrange, ce paysan discipliné et peu
exigeant tant qu'il demeure dans le cadre communal, semble perdre en
grande partie ses qualités, dès qu'il s'évade pour devenir un individu
isolé. Cn dirait bien souvent qu'il ne croit pas au succès de la tentative
qu'il entreprend de son plein gré ou qu'on a provoquée dans son intérêt.
Il ne voit là qu'un moyen temporaire de vivre et semble hanté par la
pensée qu'il faudra retourner au village.
Quoi qu'il en soit, pour améliorer le sort du paysan, il faut l'aider à
développer ses possibilités de culture et lui faciliter l'acquisition de proprié-
tés terriennes. La chose paraît simple à première vue, puisque si l'Indo-
chine comprend des zones qui sont parmi les plus populeuses du monde,
elle pcssède aussi de vastes territoires peu ou presque pas occupés: les
grandes plaines de l'ouest et du centre de la Cochinchine, certaines régions
du Cambodge et de l'Annam, les hauts plateaux annamites et une partie
du Laos, semblent s'offrir à l'émigrant. Dans les journaux indigènes, on
réclame qu'il en soit ainsi. Le problème est loin d'être simple : le paysan
annamite, riziculteur, ne cherche que la rizière. Les terres non irriguées
où il faudrait apprendre à associer la charrue et la fumure ne l'attirent pas.
Trop favorisé par la nature, qui semble donner à la rizière avec le mini-
mun de soins une fertilité perpétuelle, le paysan indochinois se montre
réfractaire à l'effort que fournissent tous les paysans du monde.
Il faudra, pour l'y amener, une longue éducation, une persistante propa-
gande, car, je l'ai dit plus haut, même en terrain de rizière, l'Annamite,
quand il n'est plus animé par la cohésion villageoise, n'a plus l'opiniâtreté
d'où naissent les richesses. Il tergiverse, il devient instable. Lui a-t-on
préparé un centre de colonisation? Il songe beaucoup plus à profiter des
avantages temporaires qu'on lui alloue qu'à s'installer sans esprit de retour.
C'est là une des raisons pour lesquelles la plupart des essais de coloni-
sation entrepris par l'administration indochinoise se sont toujours révélés
très coûteux et peu concluants.
Il faut cependant résoudre un problème démographique et social qui
s'impose avec une force sans cesse accrue. Des essais de colonisation règle-
mentée ont été entrepris en Annam dans la province de Nha-trang et dans
celle de Dong-hoi et semblent donner des résultats positifs ; d'autres sont
à l'étude et en voie de réalisation. De tels essais peuvent avoir une valeur
de cristallisation en instituant des points attractifs dans des zones non
cultivées ; mais le prix de fixation de colons individuels, si on y ajoute les
risques de découragement, est tel qu'on ne peut considérer un tel procédé
de colonisation comme devant résoudre la question d'enrichissement et
d'émancipation individuelle des paysans. Il faut trouver un moyen plus
simple, plus large, plus pratique, qui fasse plus de fond sur l'initiative
individuelle tout en exigeant moins de sacrifices incertains au point de vue
lieux familiaux. De plus, chose étrange, ce paysan discipliné et peu
exigeant tant qu'il demeure dans le cadre communal, semble perdre en
grande partie ses qualités, dès qu'il s'évade pour devenir un individu
isolé. Cn dirait bien souvent qu'il ne croit pas au succès de la tentative
qu'il entreprend de son plein gré ou qu'on a provoquée dans son intérêt.
Il ne voit là qu'un moyen temporaire de vivre et semble hanté par la
pensée qu'il faudra retourner au village.
Quoi qu'il en soit, pour améliorer le sort du paysan, il faut l'aider à
développer ses possibilités de culture et lui faciliter l'acquisition de proprié-
tés terriennes. La chose paraît simple à première vue, puisque si l'Indo-
chine comprend des zones qui sont parmi les plus populeuses du monde,
elle pcssède aussi de vastes territoires peu ou presque pas occupés: les
grandes plaines de l'ouest et du centre de la Cochinchine, certaines régions
du Cambodge et de l'Annam, les hauts plateaux annamites et une partie
du Laos, semblent s'offrir à l'émigrant. Dans les journaux indigènes, on
réclame qu'il en soit ainsi. Le problème est loin d'être simple : le paysan
annamite, riziculteur, ne cherche que la rizière. Les terres non irriguées
où il faudrait apprendre à associer la charrue et la fumure ne l'attirent pas.
Trop favorisé par la nature, qui semble donner à la rizière avec le mini-
mun de soins une fertilité perpétuelle, le paysan indochinois se montre
réfractaire à l'effort que fournissent tous les paysans du monde.
Il faudra, pour l'y amener, une longue éducation, une persistante propa-
gande, car, je l'ai dit plus haut, même en terrain de rizière, l'Annamite,
quand il n'est plus animé par la cohésion villageoise, n'a plus l'opiniâtreté
d'où naissent les richesses. Il tergiverse, il devient instable. Lui a-t-on
préparé un centre de colonisation? Il songe beaucoup plus à profiter des
avantages temporaires qu'on lui alloue qu'à s'installer sans esprit de retour.
C'est là une des raisons pour lesquelles la plupart des essais de coloni-
sation entrepris par l'administration indochinoise se sont toujours révélés
très coûteux et peu concluants.
Il faut cependant résoudre un problème démographique et social qui
s'impose avec une force sans cesse accrue. Des essais de colonisation règle-
mentée ont été entrepris en Annam dans la province de Nha-trang et dans
celle de Dong-hoi et semblent donner des résultats positifs ; d'autres sont
à l'étude et en voie de réalisation. De tels essais peuvent avoir une valeur
de cristallisation en instituant des points attractifs dans des zones non
cultivées ; mais le prix de fixation de colons individuels, si on y ajoute les
risques de découragement, est tel qu'on ne peut considérer un tel procédé
de colonisation comme devant résoudre la question d'enrichissement et
d'émancipation individuelle des paysans. Il faut trouver un moyen plus
simple, plus large, plus pratique, qui fasse plus de fond sur l'initiative
individuelle tout en exigeant moins de sacrifices incertains au point de vue
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