— 116 —
maigres, (comme dans les tables presque sableuses de mon jardin de
Phan-Thiêt). Les cultures que l'on a pu en faire dans le centre de l'An-
nam ne dépassent guère l'importance que l'on peut vouloir pour un
approvisionnement domestique. Néanmoins, je dois constater que sur
des terrains, de semblable nature et aussi mauvais, pour mes jardins
de Faifo et de Phan-Thiêt, les résultats obtenus dans le Sud ont été
bien meilleurs pour une peine beaucoup moindre (1).
Je ne décris pas la plante, je renvoie à la Flore de l'Indochine au
point où j'ai porté déjà référence : je dis simplement que notre ayapana
est une plante herbacée, vivace, à tiges et à pétioles rougeâtres portant
des feuilles allongées fortement acuminées, d'un vert bronzé et luisant.
Les fleurs n'apparaissent que rarement ; sans doute, comme plusieurs
espèces dont les cultures ne procèdent que par des bouturages, les or-
ganes de reproduction, de moins en moins intéressés, cessent-ils leur
concours. Je dois ajouter que les feuilles sont munies de trois grosses
nervures à cause desquelles le botaniste suédois VAHL lui donna le nom
de E. triplinerve qui fait synonyme.
L'ayapana, plutôt plante du Sud, est d'un intérêt d'autant plus ap-
puyé que cet intérêt se place en latitude plus méridionale. Elle est ré-
pandue en Cochinchine, au Cambodge et certains Annamites du Binh-
Thuân l'ont adoptée. Je me rendis compte de la chose en arrivant à
Phan-Thiêt, lorsque je voulus organiser mon jardin médicinal avec ses
herbes à tisanes (eupatoires, citronnelles, menthes, périlles, etc.) ; je
m'étais adressé à l'obligeance d'un pharmacien de Saigon, chez qui
j'avais un jour rencontré d'amples provisions de plantes fraîches. Un
vieil employé de l'hôpital manifesta de l'étonnement à la réception
de mes plantes et, le jour même, sur le marché, moyennant une som-
me minime, il me procurait une charge suffisante d'ayapana qui me
permettait d'opérer plus largement les bouturages utiles.
L'Annamite connaît assez peu la valeur de l'ayapana comme plante
à infusions ; les quelques indigènes qui peuvent savoir cet intérêt
sont d'éducation européenne pour ce point. Du reste, ceci n'est pas un
discrédit isolé et tient au sort général qui atteint toute boisson infusée
ne procédant pas des thés traditionnels : thés légers et parfumés, pré-
parés sur les modes de Chine, voire même thés fournis par les feuilles
de Camélias d'Annam, astringents et épais, désignés à cause de leur
origine sous le nom de « Trà Huê » (2) (thé de Hué) ; ainsi le café,
populaire en tous pays, n'a jamais bien pu se porter sur la masse an-
namite, même dans les meilleurs étages sociaux, et cela en dépit des
(1) J'ai essayé des peuplements d'ayapana en montagne, sur le sommet de Bà-
Na (1450 mètres) : les bouturages ont été délicats sans abondants développements.
(2) « Chè Huê » ou « Chè An-nam » : Thea cocincinensis Low. en opposition avec
« Chè-tâu )) (thé chinois) : Thea sinensis L.
maigres, (comme dans les tables presque sableuses de mon jardin de
Phan-Thiêt). Les cultures que l'on a pu en faire dans le centre de l'An-
nam ne dépassent guère l'importance que l'on peut vouloir pour un
approvisionnement domestique. Néanmoins, je dois constater que sur
des terrains, de semblable nature et aussi mauvais, pour mes jardins
de Faifo et de Phan-Thiêt, les résultats obtenus dans le Sud ont été
bien meilleurs pour une peine beaucoup moindre (1).
Je ne décris pas la plante, je renvoie à la Flore de l'Indochine au
point où j'ai porté déjà référence : je dis simplement que notre ayapana
est une plante herbacée, vivace, à tiges et à pétioles rougeâtres portant
des feuilles allongées fortement acuminées, d'un vert bronzé et luisant.
Les fleurs n'apparaissent que rarement ; sans doute, comme plusieurs
espèces dont les cultures ne procèdent que par des bouturages, les or-
ganes de reproduction, de moins en moins intéressés, cessent-ils leur
concours. Je dois ajouter que les feuilles sont munies de trois grosses
nervures à cause desquelles le botaniste suédois VAHL lui donna le nom
de E. triplinerve qui fait synonyme.
L'ayapana, plutôt plante du Sud, est d'un intérêt d'autant plus ap-
puyé que cet intérêt se place en latitude plus méridionale. Elle est ré-
pandue en Cochinchine, au Cambodge et certains Annamites du Binh-
Thuân l'ont adoptée. Je me rendis compte de la chose en arrivant à
Phan-Thiêt, lorsque je voulus organiser mon jardin médicinal avec ses
herbes à tisanes (eupatoires, citronnelles, menthes, périlles, etc.) ; je
m'étais adressé à l'obligeance d'un pharmacien de Saigon, chez qui
j'avais un jour rencontré d'amples provisions de plantes fraîches. Un
vieil employé de l'hôpital manifesta de l'étonnement à la réception
de mes plantes et, le jour même, sur le marché, moyennant une som-
me minime, il me procurait une charge suffisante d'ayapana qui me
permettait d'opérer plus largement les bouturages utiles.
L'Annamite connaît assez peu la valeur de l'ayapana comme plante
à infusions ; les quelques indigènes qui peuvent savoir cet intérêt
sont d'éducation européenne pour ce point. Du reste, ceci n'est pas un
discrédit isolé et tient au sort général qui atteint toute boisson infusée
ne procédant pas des thés traditionnels : thés légers et parfumés, pré-
parés sur les modes de Chine, voire même thés fournis par les feuilles
de Camélias d'Annam, astringents et épais, désignés à cause de leur
origine sous le nom de « Trà Huê » (2) (thé de Hué) ; ainsi le café,
populaire en tous pays, n'a jamais bien pu se porter sur la masse an-
namite, même dans les meilleurs étages sociaux, et cela en dépit des
(1) J'ai essayé des peuplements d'ayapana en montagne, sur le sommet de Bà-
Na (1450 mètres) : les bouturages ont été délicats sans abondants développements.
(2) « Chè Huê » ou « Chè An-nam » : Thea cocincinensis Low. en opposition avec
« Chè-tâu )) (thé chinois) : Thea sinensis L.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
- Auteurs similaires Jardin d'agronomie tropicale Jardin d'agronomie tropicale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jardin d'agronomie tropicale" or dc.contributor adj "Jardin d'agronomie tropicale")Institut national d'agronomie de la France d'outre mer Institut national d'agronomie de la France d'outre mer /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Institut national d'agronomie de la France d'outre mer" or dc.contributor adj "Institut national d'agronomie de la France d'outre mer") France France /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "France" or dc.contributor adj "France")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 203/205
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6535352j/f203.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6535352j/f203.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6535352j/f203.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6535352j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6535352j