beaucoup plus abondant que dans l'Inde et il me semble à priori inutile de recourir à des institutions spéciales pour des avances de fonds aux indigènes comme c'est l'usage dans la province de Madras.
En matière d'irrigation par pompage en Cochinchine, le rôle de l'Adminis- tration devrait se borner : 1°) à établir une station d'essais, analogue à celle que j'ai proposée a My-Tho, qui fixerait certaines données encore incertaines des projets ulté- rieurs et permettrait aux indigènes de se rendre compte des bienfaits de l'irrigation 20) à maintenir un personnel spécial chargé des études et de l'établissement des projets demandés par les indigènes ; 3°) à faciliter le groupement des indigènes.
Les stations de pompage permettraient en Cochinchine de faire en saison sèche une seconde récolte, de maïs ou patates, etc, ou de cultiver la canne a sucre sur les terres hautes, pourvu que la station soit établie en un point ou l'eau n'est jamais saumâtre. Je crois inutile d'insister sur l'intérêt que présenterait cette seconde récolte pour la population ; mais je crains fort que l'on n'ait de la peine à y décider l'Annamite. Sa récolte de riz lui suffit en général pour vivre heureux, d'une vie que les malheureux Indiens ne soupçon- nent guère en général ; même les années de mauvaise récolte en Cochinchine assurent à l'Annamite un sort plus privilégié que les meilleures années à l'Indien.
L'effort supplémentaire qu'exigera une seconde récolte ou la culture de la canne à sucre semblera donc à l'Annamite bien inutile, malgré les perspectives de gain supplémentaire qu'il en pourrait tirer.
En dehors de la question des petites stations privées de pompage, se pose la question de grandes usines établies et exploitées par l'Etat. C'est le système qui a été proposé pour le Bas-Delta du Tonkin. C'est celui que les Anglais ont réalisé dans le delta de la Kistna, à l'usine de l'île de Divi (voir mon rapport de mission aux Indes Britanniques).
Cette usine établie en 1907, d'une puissance de près de 1.300 chevaux, est prévue pour l'irrigation de 20.000 hectares de rizières (mais on a reconnu que la puissance nécessaire pour l'irrigation de cette superficie serait de 1.000 chevaux), la hauteur d'élévation pouvant varier de 0 à 5m. La dépense d'établis- sement a été d'environ 3,5 millions, soit 175 francs par hectare, dont plus des 2/3 pour l'usine et les ouvrages de tête.
Quand l'irrigation aura atteint son plein développement, il est certain que les dépenses d'exploitation seront couvertes par les recettes ; actuellement l'exploi- tation est grevée par de lourds frais généraux, car l'usine ne fonctionne que quelques mois par an, la salure des eaux empêchant le pompage pendant les périodes d'étiage.
L'usine comprend 8 moteurs Diesel de 160 H. P. fonctionnant au « liquid fuel ». Les résultats des premières années de. marche ont permis d'établir
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