LA CULTURE DU TABAC DANS LA RÉGION DE BAC-KAN (TONKIN)
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De l'enquête faite en 1911 par les Services Agricoles et Commerciaux sur la culture du tabac et de l'expertise des échantillons de diverses provenances, effectuée par la Commission interministérielle permanente des tabacs coloniaux, découlent des constatations extrêmement intéressantes pour l'avenir de la Colonie, et spécialement du Tonkin. Si le tabac produit dans le Delta est absolument inutilisable par la Régie française, en raison de son goût spécial et de son incombustibilité, il paraît, au contraire, possible d'employer, pour la fabrication des scaferlatis ordinaires, celui que préparent les diverses peuplades de la montagne, et principalement les Thôs. Certains échantillons ont présenté un intérêt tout à fait particulier, en révélant la présence au Tonkin de « crus » de tabac capables d'être utilisés dans la fabrication des cigares, notamment dans la préparation des capes qui exigent des feuilles fines, souples, de belle coloration et de parfaite combustibilité: ce sont ceux qui provenaient des environs de Bac-Kan et de Cho-Moi.
Ces constatations n'ont pas manqué d'attirer l'attention de ceux qui dirigent notre Colonie. Développer la culture du tabac dans les régions favorables ; profiter des bonnes dispositions de la Régie française et créer vers la Métropole un courant d'exportation pour une denrée de grande valeur marchande qui n'avait été produite jusqu'ici que pour des besoins locaux relativement restreints; mettre à la disposition des indigènes une nouvelle source de richesse ; donner
aux planteurs français un moyen nouveau d'éviter les inconvénients de la monoculture; tels sont les principaux problèmes dont il convenait d'envisager la solution.
Avant d'étudier quelles sont les mesures de nature à favoriser l'extension de la culture du tabac et à faciliter son exportation sur la Métropole, il convenait de déterminer les principaux facteurs de sa production, de rechercher les raisons pour lesquelles certaines régions produisent un tabac de qualité supé- rieure à la moyenne et particulièrement apprécié par le consommateur français ; de déterminer si la production de ce tabac spécial est, ou peut devenir, suffisante pour mériter de susciter l'action administrative. L'étude de la culture du tabac ;< dans la région intéressée et la visite des lieux de production nous ont permis de - répondre à quelques-unes de ces questions.
Le tabac cultivé dans la région de Bac-Kan depuis des temps immémoriaux est appelé par les indigènes « thuôc la tho » — tabac thô — ; il paraît sembla- ble à celui que l'on plante dans la région de Lang-Son, et se caractérise -
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