L'HYDRAULIQUE AGRICOLE AU TONKIN ET DANS LE NORD ANNAM 1
Si nous parcourons en vue d'une étude sur l'hydraulique agricole du Tonkin, les annales du pays, nous y. voyons., aussi loin que nous remontions, que les premiers travaux des autochtones se bornèrent d'abord à l'établissement de di- gues destinées à les protéger eux et leurs terrains contre les inondations.
Plus tard, ce système fut complété par le creusement de canaux d'assèche- ment et par la construction d'ouvrages rudimentaires d'évacuation (1).
Lors de notre occupation, l'ensemble de ces ouvrages était dans l'état le plus précaire.
Nous en trouvons une preuve, en dehors des constatations directement faites, dans certains rapports émanant de Hauts dignitaires annamites qui constituent de véritables documents dignes de foi donnant une idée exacte de la situation des digues en particulier.
C'est ainsi que nous relevons les déclarations suivantes textuellement repro- duites : « Autrefois quand il s'agissait de faire une digue, les mandarins provinciaux « en ont réparti les travaux aux Phu et Huyên qui en ont fait la division aux « villages. Alors les maires et les notables, pour faciliter leur vol et leur tripo- « tage ont prélevé des contributions en espèces pour lever les ouvriers lesquels « sans être surveillés travaillaient d'une manière défectueuse ».
« Toutes les digues, depuis qu'elles sont construites n'ont jamais été refaites « ou mises en réparation. C'est pourquoi elles sont par force de pluies, dégra- « dées ou affaissées en plusieurs endroits et sont devenues intenables contre « les crues ». ,
« Les habitants des environs des digues profitant de ce qu'elles n'étaient pas « surveillées en ont creusé pour prendre des poissons, et les pirates y ont sou- « vent fait des ouvertures pour inonder le pays afin de faciliter leur pillage ».
On conçoit que, dans de telles conditions d'établissement, d'entretien et de surveillance, les digues dussent se trouver dans un état lamentable. ,
- Les canaux n'étaient pas plus favorisés. Non seulement ils n'avaient jamais été entretenus après leur construction, mais encore les populations avaient facilité le colmatage de leur lit en y repiquant du riz, les rendant ainsi totale- ment impropres à l'usage auquel ils étaient .réservés.
(1) Voir, plus loin à la Bibliographie, un compte-rendu de l'étude de M. CHASSIGNEUX Sur l'lrrigation dans le Delta du Tonkin ; et aux Renseignements, un extrait du rapport de M. NORMANDIN sur Ylrrigtion à Java au point de vue des « Coefficients d'irri- gation des cultures ». (N. D. L'I-C.)
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