l'irrigation, L'exposé des Travaux exécutés sur le Protectorat français est très complet.
Il rend bien compte des incertitudes du début; de la complexité des solutions qu'impose la nature des choses. Le rapport du service des Travaux publics que nous publions, dans le même numéro du Bulletin Economique de l'ndochine, prouve combien M. Chassigneux s'est bien documenté et a bien vu.
Cette conscience dans la documentation, ce soin de rattacher toujours à des causes scienti- fiques les faits qu'il expose ou les solutions qu'il propose, c'est ce que fait la haute valeur du Mémoire de M. Chassigneux en dehors du vif intérêt qu'il a su, par ses rapprochements histori- ques et ses considérations d'ordre social, répandre partout dans cette étude. Elle mérite d'être lu, et méditée, non seulement par tous les services que concerne la question même de l'irrigation dans le Delta tonkinois, mais par l'administration en général, et par tous ceux qui s'in- téressent à ce pays. Le tableau que M. C. trace, en guise de conclusion, d'un Delta entièrement aménagé par la Science française, où la récolte sera sur une partie de sa surface commandée par l'électricité (projet Dussaix ; énorme usine centrale productrice de force ; postes de pompage et d'évacuations multiples) et assurée par un régime rigoureux d' « organisation collective éta- tiste », ce tableau est peut être un peu hardi. On ne saurait trop s'associer en revanche à la sagesse de ses avis répétés sur les dangers de l'abus de l'irrigation, si elle devait conduire uniquement à la monoculture rizicole ; sur la nécessité de ne pas perdre de vue les autres cul- tures vivrières et industrielles ; sur l'intérêt que l'industrie elle-même offre pour ce pays déjà trop exclusivement agricole pour sa surpopulation.
H. BREN1EI5.
ÉTRANGER
L'effort agricole du Congo belge. — Sous ce titre, nous trouvons dans le a Temps » du 28 novembre 1912 une lettre de M. Auguste Chevalier, chef de la Mission permanente d'études des cultures et jardins d'essais coloniaux instituée par le Ministère des Colonies, montrant l'effort des Belges au point de vue agricole dans leur colonie du Congo.
Jardin botanique d'Eala, Congo belge Je suis émerveillé par ce que j'ai sous les yeux et je voudrais communiquer mon enthou- siasme à tous ceux qui s'intéressent au développement de nos colonies. Ce jardin d'Eala a été conçu avec une largeur d'idées et une intelligence pratique qui en font une des plus belles choses du monde ; et quels services il a déjà rendus !
Imaginez une vaste surface de 260 hectares déjà en culture et s'étendant tous les jours. Sur ces 250 hectares, 75 sont consacrés au jardin botanique proprement dit. Celui-ci renferme les plantes utiles cultivées de tous les pays chauds du globe ; on s'efforce d'y réunir toutes les variétés connues de plantes à caoutchouc, de café, de cacao, de quinquina, de thé, de banane, afin d'avoir sous la main les moyens de faire les recherches nécessaires pour déter- miner celles qui conviennent le mieux au pays. Dans les 175 hectares restants se font les essais en vue de cette détermination ; on étudie comment les diverses variétés d'une plante se comportent selon qu'on la cultive suivant tel ou tel procédé, dans tel ou tel terrain, avec ou sans fumure. On étudie notamment avec le plus grand soin toutes les variétés de caféiers, et l'essai se fait pour chaque variété sur des carrés qui n'ont pas moins quelquefois d'un hectare.
De ces essais on a déjà dégagé un grand nombre de données pratiques. Ainsi on a reconnu que sous la zone équatoriale l'hevea poussait presque aussi bien qu'en Malaisie et donnait autant de caoutchouc. L'Etat belge en a déjà mille hectares plantés, et il se propose d'en planter désormais mille hectares par an. Plusieurs sociétés commerciales suivent son exemple et commencent à planter. Cette supériorité reconnue de Vhevea fait que les plantations de lianes et de funtumias sont abandonnées. On a déterminé les variétés de caféiers qui résistent le mieux aux maladies et qui produisent le plus ; les planteurs peuvent donc maintenant agir
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