En vue d'atteindre un résultat analogue et tout aussi décisif, en ce qui concerne les trois affleurements de la rive gauche du Mékong, quatre champs de démonstration y ont été établis, dès cette année, avec le concours des habitants eux-mêmes, par le service local de l'Agriculture ; en outre, des distributions très larges de semences (plus de 2.000 kgs de graines de choix du type cambodgien, acclimaté à ces terres), et accompagnées d'une notice en cambodgien, sur les conditions de la culture, y ont été faites à titre de propagande, entre les agglomérations les plus importantes.
De la continuité dans l'action de propagande entreprise et de l'amélioration possible des conditions économiques de ces régions, dépend surtout le succès immédiat de l'extension du cotonnier sur ces terrains.
Car il est bon d'ajouter, comme nous l'avons fait pressentir déjà, qu'un mouvement d'émigration de la population des plaines et des rives du fleuve, vers les terres rouges, semble se dessiner. Sur les berges du Mékong, notamment, les cultivateurs indigènes commencent à se trouver un peu trop à l'étroit (il est facile de s'en convaincre par le morcellement, parfois exagéré, des chamcars et des rizières dans la circonscription de Kompong-Cham surtout).
Aussi les indigènes y suivent-ils d'un œil. attentif les tentatives poursuivies en terres rouges avec le cotonnier. Si la campagne en cours (qui se présente d'ailleurs sous les meilleurs auspices) donne un résultat aussi satisfaisant que celui de l'année dernière, de nombreux habitants des berges et des plaines avoisinantes verront intérêt à s'établir dans les terres rouges où ils sont assurés de rencontrer de plus grandes facilités d'existence.
Et progressivement, les quatre régions considérées pourront devenir des centres cotonniers suffisamment importants ; car il n'est pas exagéré de prévoir que l'extension de cette culture y pourrait couvrir des étendues de trente à quarante mille hectares susceptibles de produire annuellement, de quinze à vingt mille tonnes de coton brut (soit cinq à sept mille tonnes de carde, en chiffres ronds) (1).
L'étude des possibilités d'intensification de la production cotonnière en terres rouges nous a entraîné à un développement peut-être plus grand que ne com- portait le cadre de ce travail ; mais, au moment où nos diverses colonies sont appelées à faire l'inventaire de leurs ressources agricoles, il a paru indispensable de chercher à mettre en évidence celles que peut offrir le Cambodge, au point de vue spécial qui nous occupe. Il nous reste à voir maintenant dans quel sens doivent se manifester l'action de l'Administration, d'une part, et celle de l'initia- tive privée, de l'autre, pour créer les conditions les plus propices au développe- ment de la culture du cotonnier, tant par l'indigène que par l'Européen, non
(1) Ces chiffres, qui ne sont donnés qu'à titre d'indication, sont basés sur le dénombrement tout approximatif (mais sûrement inférieur à la réalité) qui a été fait plus haut de la popu- lation indigène susceptible de s'adonner immédiatement au cotonnier en terres rouges.
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