La vitalité économique d'un pays se révèle diversement, mais parmi les signes auxquels on la reconnaît, il n'en est pas de plus significatif que la valeur de ses transactions. Plus elles sont actives, plus grandes sont ses ressources. Le commerce extérieur surtout indique la force expansive d'un peuple et l'on peut dire, à cet égard, que son développement agricole ou industriel est en raison directe de ses échanges avec l'étranger.
Ceci posé, il nous sera facile, en examinant, pendant les dix derniè- res années, l'état commercial de l'Indo-Chine, de saisir sur le vif les manifestations de sa puissance économique et d'en apprécier les résultats.
Notre empire indo-chinois est un pays foncièrement agricole, et à ce point de vue, la Cochinchine et le Cambodge se présentent dans des conditions très favorables, puisque leur production est supérieure de beaucoup aux besoins.des habitants. Or, comme le commerce est d'autant plus actif que l'agriculture ou l'industrie sont plus pros-
(1) Les chiffres qui figurent dans le cours de cet article sont empruntés aux statis- tiques douanières. Un mot à ce sujet. Hors les cas, aujourd'hui très rares, où il s'agit de produits que le tarif impose à la valeur, les marchandises importées et exportées figu- rent dans les publications statistiques en quantités. Or, ces quantités, en raison des unités différentes qu'elles représentent et des produits d'espèces diverses auxquelles elles se rapportent, ne sauraient être totalisées entre elles. Il leur faut une commune mesure qui n'existe et ne peut exister que dans la détermination de valeur. La valeur indiquée est, pour les articles d'importation, le prix d'arrivée dans les ports de la colonie, déduction faite des droits de douane, et, pour les articles d'exportation, le prix au point effectif de Sortie. C'est le système qui fonctionne en France.
Mais comme les taxes douanières sont perçues sur la quantité, l'Administration s'est pendant longtemps bornée à enregistrer les valeurs d'après les déclarations qui lui étaient faites, ce qui rend ces déclarations sujettes à caution. Celles-ci sont essentiellement variables suivant le caprice, l'indifférence ou l'intérêt des preneurs ou expéditionnaires.
Pour éviter de pareils errements, l'Administration des Douanes a pris aujourd'hui la résolution de déterminer elle-même désormais, quant à la valeur et suivant les cours du marché, les marchandises déclarées. Ce système constitue pour les statistiques une ga- rantie plus que suffisante.
Il ne faudrait pas, néanmoins, montrer envers les statistiques antérieures un dédain Par trop exagéré, car, en dépit de leur défaut d'exactitude absolue, elles nous permet- tent de relever les tendances et le sens du mouvement commercial. Et c'est là, en somme, ce qui nous importe. En effet, les statistiques de la Douane et de la Chambre de commerce peuvent différer entre elles sur certains points particuliers, mais elles établis- sent, aussi bien les unes que les autres, la progression du chiffre des affaires.
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