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fruit reste à peu près constant et semblable à lui-même, les feuilles au contraire
varient, d'un arbre à l'autre, dans d'assez larges limites, tes unes ressemblent
plus à de l'Arabica, les autres tout à fait à du Libéria.
Cette espèce, introduite à Madagascar, par les soins du Jardin Colonial (1), se
montre assez résistante aux atteintes de l'hemileia vastatrix ; malheureusement
elle est sensible, près de Tamatave, à une maladie, probablement cryptogami-
que, qui s'oppose à la maturation des fruits. D'autre part, on ne peut recomman-
der la culture d'une plante qu'après une étude prudente de ses exigences cultu-
rales, étude qui ne peut être faite, pour le présent, qu'à Java. J'espère néan-
moins que la station d'essais de l'Ivoloina poussera plus loin et étendra davantage
ses études sur le caféier de Java, afin de nous renseigner exactement sur la
station qui lui convient, ses rendements, etc..
Autres hybrides. — On a cherché à unir artificiellement la qualité de
l'Arabica à la résistance du Libéria par l'hybridation. Il est certain que l'on
peut, avec beaucoup de patience, obtenir un fruit hybride, puis en sélectionnant
sa descendance, fixer relativement une forme qui unisse avantageusement la
qualité à la résistance.
Le procédé est difficile et long. Il a un autre inconvénient, c'est de fournir
pendant longtemps du moins un produit instable. Suivant les lois générales de
la botanique, les générations successives présentent une variation diffuse avec
retour vers les parents primitifs.
Hybride Manès. — Il m'a été donné d'observer à la Réunion, au jardin de la
Providence, dix caféiers qui provenaient, par semis, d'un hybride fortuit dé-
couvert par M. Manès. Ces dix caféiers présentaient, non seulement d'un pied à
l'autre, mais même d'un rameau à l'autre du même pied, des variations remar-
quables dans la forme et la dimension des feuilles. Il est certain que de telles
variations sont incompatibles avec la culture, et que l'association de la qualité
à la résistance, bien que nettement observée sur le pied-mère, reste hasardeux
pour les descendants. On peut pourtant espérer que des travaux persévérants
et prolongés sur de nombreuses générations, arriveraient à fixer une bonne
variété.
Caféier du Congo (Coffea congensis Dybowski). - Plusieurs espèces nouvelles
de caféier ont été trouvées depuis quelques années, dont certaines sont recom-
mandées comme résistantes à l'hemileia. Je me contenterai de parler du caféier
du Congo, que j'ai pu voir à l'Ivoloina, et qui semble unir à la résistance la
qualité commerciale.
Les arbustes, âgés de quatre ans, avaient une végétation puissante, un beau
feuillage, beaucoup de fruits, et pas trace d'hemileia. Etant donné la richesse
en hemileia de certains caféiers voisins, ceux-ci peuvent être déclarés réfrac-
tai res (2).
Le fruit est petit, de forme presque sphérique, a peau lisse, rouge cerise ; la
pulpe, mince, a un goût éthéré, amer, désagréable; la parche est très mince ;
enfin les deux grains presque hémisphériques, de forme très régulière, extrê-
mement petits (peut-être à cause de la surabondance des fruits sur ces arbustes),
sont recouverts d'une pellicule verte, se détachant facilement. Le grain net est
blanc, lisse, régulier, à sillon très peu marqué. Son goût est analogue à celui de
la pulpe. Mais après grillage le goût éthére disparaît, le grain torréfié devient
même très agréable, et l'infusion en est de bon arome.
Actuellement, ce grain n'est pas connu du commerce. Mais peut-être
serait-il susceptible de prendre faveur auprès du consommateur si la culture
pouvait s'étendre.
M. Dybowski a trouvé ce caféier au Congo dans des terrains submergés
pendant plusieurs mois. Il a donc des exigences culturales absolument spéciales,
et n'est jamais susceptible de se substituer au caféier d'Arabie.
Conclusions. — En résumé, le caféier de Libéria est déjà très cultivé, en
particulier à Madagascar, et au Vent, à la Réunion. Quand le caféier hybride de
Java et le caféier du Congo auront fait leurs preuves culturales, dans la station
de l'Ivoloina, par exemple, on pourra peut-être les substituer avantageusement
au Libéria. Mais dans tous les cas, aucun de ces caféiers n'est aussi précieux
que le caféier d'Arabie, et aucun n'est cultivable dans de bonnes conditions là
où le caféier d'Arabie se plaît à fructifier dans des régions telles que la partie
sous le Vent à la Réunion. Il ne faut donc pas les considérer comme des
(1) Nogent-sur-Marne.
(2) Cf. avec la note parue au Bulletin Economique du 4e trimestre 1906 page 364.
DU N° 2, DU 2eme TRIMESTRE 1907