Le caoutchouc dans la Péninsule Malaise. — Comme suite aux renseigements fournis dans le no 23 (novembre 1903) du Bulletin Economique de l'Indo-Chine, p. 808, nous empruntons à une lettre du Président de l'Assocition des Planteurs de Selangor, parue dans un numéro récent du Straits Budget (18 mai), quelques détails sur le coût de collection et de préparation pour l'expédition du caoutchouc d'Hevea dans la Péninsule Malaise, qui nous paraît renfermer quelques données utiles.
Il s'agit d'une plantation située à Jebong, dans l'Etat de Pérak et appartenant à un M. Stéphens. On ne nous donne malheureusement pas le nombre d'Heveas en rapport.
Quoi qu'il en soit, un premier chiffre intéressant à relever est celui de la perte à la dessicca- tion qui serait de 20 Le prix réalisé à Londres a été de 4 sh 6 d la livre anglaise (12 f. 70 le kilo — Voir, ci dessus, aux Mercuriales, les prix des caoutchoucs), égal, comme nous l'avions déjà signalé, au meilleur Para.
Le prix de revient [intérêt pour frais de premier établissement et soins culturaux non compris] d'une livre (0 k 453) de caoutchouc sec aurait été de :
Saignée des arbres, séchage et emballage. 0 8 30 Frais et commissions de vente (6o/o). 0 23 Droit d'exportation et transport de la plantation au port d'embarquement (Penang) 0 02 Total 0 g 55
Comme le fait remarquer l'auteur de la lettre (et en dehors des intérêts pour les frais de premier établissement et les frais de culture, dont il ne parle pas), il faudrait augmenter encore le prix de revient de la part revenant aux frais généraux, aux bâtiments, à l'entretien de la plantation, etc.
A noter en passant le bon marché de l'outillage ingénieux employé par le planteur en question : un grand flacon en grès ayant contenu de l'encre et une calandre ordinaire à linge comme pressoirs ; de vieilles boîtes de conserve de lait et de vieilles touques à pétrole pour la collection et le transport du latex ; quelques tamis fins ; des boutoirs ordinaires de maréchal-ferrant, qui valent 0 $ 75 dans tous les a bazars » de la brousse malaise ; des cordes en bambous pour faire sécher le caoutchouc qui est exporté en plaques, et quelques bassines pour charbon de bois pour le séchage.
La saignée des arbres a lieu généralement le matin de 5 h. 1/2 à 11 heures, tous les deux jours ; les saignées de l'après-midi ne rendent que très peu. La méthode adoptée par M. Stephens est celle de « l'arête de poisson » ; il enfonce un petit clou au bas de son arbre, y suspend sa boîte en fer blanc et l'y laisse jusqu'à ce que le latex ne coule plus. Cette méthode n'est pas la meilleure au point de vue de la propreté du latex, mais c'est la plus économique et la plus rapide.
Les herbes qui poussent entre les arbres sont coupées ras à la faux, au prix de revient d'environ 0 S 50 par acre et par mois (1 825 à l'hectare). L'absence de fourmis blanches qui caractérise la plantation est attribuée par quelques-uns à cette couverture herbeuse.
La plantation des Hevea continue à s'étendre dans la Péninsule Malaise, et des résultats comme ceux que nous venons de citer paraissent encourageants. D'autre part nous croyons devoir signaler la très grande variabilité des Heveas d'un pied à l'autre, placés dans les mêmes conditions, observée à Java et en Cochinchine f, ce qui constitue un inconvénient sérieux, et a fait renoncer, à Java, à sa propagation en faveur du Ficus. Nous ignorons si des observations du même genre ont été faites dans la Péninsule Malaise.
1 Ce fait avait été signalé par M. le Docteur Yersin à la suite de son voyage à Java (Bulletin Economique, anc. série, no 29, p. 637). On peut voir aussi dans le dernier rapport sur le champ d'essais de Ong-yem (Bulletin Economique n° 15, nouv. série, p. 187) un tableau de mensuration d'Heveas à différents âges qui donne bien cette impression, surtout au point de vue des circonférences.
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