Tous les terrains argilo-siliceux ou silico-argileux, à sous-sol perméable, lui conviennent, à la condition qu'ils soient profonds et qu'ils soient bien pourvus, naturellement ou par suite d'apports, des matières fertilisantes d'assimilation facile, en vue d'assurer au jute une alimentation essentiellement soutenue.
Ce sont ces conditions, tout exceptionnelles, qui en réduisent la culture à quelques contrées privilégiées, trop peu nombreuses au dire des consommateurs de ce textile. Il en est tellement ainsi que dans une même contrée, propice à cette culture, d'une année à l'autre les rendements varient suivant les conditions plus ou moins favorables de l'année.
C'est ainsi que dans l'Inde, et plus spécialement au Bengale, qui est le centre par excellence de production du jute, on constate des réductions considérables, suivant les années, dans les récoltes successives.
De même au Tonkin, quoique le jute n'y soit l'objet, que depuis deux ou trois ans au plus, de l'attention générale, on a pu constater des différences, d'une année à l'autre, dans la venue des cultures et par suite dans leurs rende- ments à l'unité de surface. 1 La récolte de 1903, notamment, a subi une réduction assez sensible sur celle de l'année précédente, quoique les cultures dans certains centres, tout au moins, aient été faites de la même façon, avec des doses équivalentes d'engrais.
Quelques-uns ont cru devoir l'attribuer au typhon qui, en juin dernier, a dévasté quelques régions du Tonkin, produisant à Hanoi, à Nam-dinh et à Ninh-binh, des dégâts considérables.
Sans chercher à contrecarrer une opinion de ce genre, admise avec le plus de bonne foi, on ne peut pourtant pas l'accepter quand on songe que le typhon n'a pu produire aucun effet appréciable sur les cultures de jute qui n'avaient à ce moment que quelques centimètres de hauteur, se trouvant encore au début de leur croissance.
Et la preuve en est que la même constatation a pu se faire pour des cultures comme celles de Phù-doan et de IJ-ià, situées en une contrée où le typhon ne s'est nullement fait sentir, et qui pourtant ont donné des rendements sensible- ment inférieurs à ceux de l'année précédente.
Il est donc plus juste d'attribuer cette réduction de récolte à h différence très nette constatée dans la climatologie du Tonkin pour les deux années 1902-1903, produisant des conditions de milieux tout à fait différentes. Cette question est de la plus grande importance.
Durant ces deux années, en effet, quoique l'état hygrométrique de l'atmos- phère soit resté à peu de chose près le même, les quantités d'eau tombées et les températures moyennes des mois d'avril, mai, juin et juillet, durant lesquels l'évolution du jute se produit, n'ont pas été les mêmes : particulièrement favorables en 1902, elles le sont à un moindre degré en 1903.
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