L'année 1914 qui a vu naître le plus formidable conflit armé de l'histoire, n'a pas été seulement néfaste au commerce et à l'industrie des puissances engagées dans la lutte, et comme toutes les autres régions du globe, les Iles Philippines se sont trouvées atteintes dans leur vie économique. Le choc a été d'autant plus sensible qu'il s'est produit dans une période de développement, car on ne saurait détinir autrement les conditions commerciales et industrielles de l'Archipel pleines de promesses il est vrai, mais qui n'ont pas encore dit leur dernier mot.
Au cours de son discours annuel à la « Manila Merchant's Association », son distingué Président a caractérisé de la manière suivante la situation commerciale pour l'année qui nous occupe : « L'année 1914 marque la plus mauvaise période que le commerce et « l'industrie de l'archipel aient passée depuis la création de cet te association, « Vous connaissez les éléments qui ont provoqué la stagnation des affaires et « la grande mesure de déstruction qui a atteint la confiance et le crédit parim « toutes les classes. Les incertitudes politiques qui ont résulté du changement « d'administration ont sans aucun doute porté sérieusement atteinte aux bases « du progrès et de la prospérité des Iles Philippines. Suivie de l'état de guerre « en Europe qui a fermé temporairement les marchés du continent à plusieurs « de nos importants produits d'exportation, cette situation est devenue encore « plus critique, et c'est seulement par la plus stricte prudence que la « plupart de nos établissements commerciaux ont été à même de supporter « le choc ».
Il n'entre pas dans le champ de cette étude d'envisager si les allégations du Président de la « Manila Merchant's Association » touchant la politique locale sont fondées ou non et nous nous arrêterons plus particulièrement à la répercussion du conflit européen sur la situation économique du pays.
Dès l'ouverture de la période de tension internationale, c'est-à-dire depuis l'ultimatum autrichien à la Serbie, le marché d'exportation s'est trouvé désor- ganisé : plus de deinandes d'Europe et par conséquent baisse considérable des cotes des produits. A partir du mois d'août ces cotes ne deviennent plus que nominales et cette situation se prolonge plusieurs semaines. Si l'on constate durant le mois d'août quelques exportations, ce n'est que l'exécution de marchés passés antérieurement.
Les chiffres comparatifs des exportations en août 1913 et 1914 des trois produits principaux (coprah, chanvre, sucre) donneront une idée de la pertur- bation subie par cette branche du commerce :
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