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Le commerce des pailles à chapeaux et des chapeaux
à Madagascar
A deux reprises déjà, nous avons signalé dans cette publication l'impor-
tance que prend depuis quelque temps, dans la Colonie, le commerce des pailles
à chapeaux et aussi des chapeaux confectionnés dans le pays et exportés en
France, où ils sont très appréciés du public, tant à cause de leur forme originale
que de la finesse et la souplesse de la paille qui sert à leur fabrication,
C'est dans le but de donner une vigoureuse impulsion à cette nouvelle
branche industrielle, susceptible de devenir une source de revenus importants
pour les régions de Madagascar où abondent les plantes textiles employées à la
confection des chapeaux, que les chapeliers indigènes de Tananarive et des envi-
rons avaient été convoqués, le vendredi 27 novembre, à un grand kabary, dans
l'ancien palais de la Reine, où la question devait être exposée et traitée par
M. l'administrateur-maire Berthier. Un très grand nombre d'indigènes avaient
répondu à l'appel des autorités.
Nous reproduisons ci-dessous, d'après le Journal Officiel, cette intéressante
conférence :
« En réunissant les ouvriers chapeliers malgaches à ce kabary, le Gouver-
neur Général, que j'ai l'honneur de représenter, a voulu appeler votre attention
sur un moyen d'augmenter votre richesse et de contribuer à assurer la pros-
périté de votre pays.
« Les Malgaches, après être restés longtemps plongés dans la paresse et
l'insouciance, ont tenu compte, depuis quelques annees, des conseils qui leur ont
été donnés par les autorités françaises et ils se sont mis au travail. C'est ainsi
qu'ils ont d'abord reconstruit leurs villages détruits par l'insurrection, qu'ils ont
rétabli leurs cultures, construit des routes et des canaux.
« C'est ainsi, enfin, qu'ils travaillent en ce moment sur les chantiers du
chemin de fer et qu'ils préparent de leurs mains pour Madagascar un nouveau
et puissant outil de civilisation.
« Le chemin de fer mettra les Malgaches en relations courantes avec toutes
les parties du monde et leur permettra d'y écouler facilement tous les produits
de l'île.
« Ces produits sont, vous le savez, en très grand nombre, et quelques-uns,
comme l'or, les bœufs, le riz, le raphia, le caoutchouc, la cire, le copal et plu-
sieurs autres, sont expédiés à peu près dans l'état où on les trouve à Mada-
gascar.
« D'autres, au contraire, qui sont également très appréciés dans les diverses
parties du monde et particulièrement en France, sont des produits qui, tirés du
sol malgache, ont besoin, avant d'être expédiés, d'une transformation, appelée
transformation industrielle, qui les rend propres à l'usage auquel on les destine.
« Parmi ces produits transformés industriellement à Madagascar, figurent au
premier rang les articles de chapellerie malgache qui, dès qu'ils ont été connus
en Europe, y ont obtenu tout de suite la plus grande vogue et le plus grand
succès.
« On trouve partout à Madagascar, et en quantités presque inépuisables, des
pailles propres à la confection des chapeaux très souples et très fins que les Mal-
gaches savent fabriquer et qui sont très recherchés en Europe et particulière-
ment en France, où ils atteignent des prix très élevés.
« Je dois vous dire aussi qu'on rencontre des pailles propres aux mêmes usa-
ges dans d'autres parties du monde et en particulier en Amérique, dans la ré-
gion de Panama, en Chine et au Japon. La France y achète chaque année des
chapeaux pour plusieurs millions de francs ; ces pays étant des pays étran-
