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L'Hazondrano à caoutchouc (1) (Mascarhenasia sp.)
La partie Nord de la grande forêt malgache est riche en espèces de lianes à
caoutchouc, tandis que les arbres susceptibles de fournir la précieuse gomme y
sont mal représentés ; ceux que l'on a jusqu'ici désignés sous les noms de Hazon-
drano, Herondrana, Barabanja, ne doivent pas être considérés comme autant
d'espèces distinctes, mais il convient de les rattacher à un type unique du genre
Mascarhenasia. Ce type a une aire de dispersion assez étendue et des tribus indi-
gènes dont les dialectes diffèrent lui ont donné des noms qui ont pu laisser
croire à autant de végétaux spéciaux.
L'espèce est nettement caractérisée et ne montre, dans son port et dans la
forme de ses organes, aucune modification en variétés. On la rencontre de 100 à
950 mètres d'altitude, c'est l'espèce caoutchouquifère la plus répandue dans la
région d'Analamazoatra (800 mètres d'altitude) ; elle y est plus abondante que
partout ailleurs. Elle affectionne les stations humides, mais non marécageuses'
d'où le nom de Hazondrano, qui signifie littéralement arbre des bords de l'eau.
C'est un arbre dont les dimensions dépassent rarement 8 mètres de hauteur et
20 centimètres de diamètre à un mètre du sol. L'écorce du tronc est d'un gris
argenté ; elle ne devient rugueuse qu'à un âge avancé ; le bois est blanc sans
aubier apparent, très élastique et excessivement léger.
Les jeunes rameaux sont glabres, d'un gris ou d'un brun clair et nettement
aplatis dans la partie supérieure des entre-nœuds, à peu près cylindriques dans
la partie inférieure.
Les feuilles, très courtement pétiolées, sont opposées, à limbe obovale, cunéi-
forme à la base et se prolongeant le long du pétiole, arrondi, très rarement acu-
miné au sommet, il est glabre, coriace, d'un vert foncé et brillant en dessus, d'un
gris bleuté en dessous, il mesure de 5 à 10 centimètres de longueur, sur 2 à 4
centimètres dans sa plus grande largeur ; ses bords sont toujours légèrement
enroulés en dessous, La nervure médiane est fortement saillante à la face infé-
rieure et se dessine en creux à la face supérieure de la feuille ; les nervures se-
condaires, au nombre de 5 à 8 paires, sont proéminentes en dessous et réunies en
arceaux sur les bords du limbe.
Les fleurs, isolées ou réunies par deux ou par trois à l'aisselle des feuilles,
sont blanches, légèrement rosées ; elles mesurent, avant épanouissement, 15
millimètres environ de longueur. Les cinq sépales du calice sont d'un brun
clair, glabres, très épais dans leur base qui est à section transversale triangu-
laire ; leur extrémité est aiguë, ils sont à préfloraison imbriquée et à peine
soudés dans leur partie inférieure. Le tube de la corolle, d'un rose pourpré à la
base, porte un renflement en son milieu, il est glabre à l'extérieur et garni à
l'intérieur de poils brillants. Les cinq lobes corollaires sont entièrement blancs,
très chiffonnés, convexes en dehors et légèrement poilus sur les deux faces.
Les étamines, au nombre de cinq, sont insérées par des filets très courts et
épais dans la partie dilatée du tube de la corolle ; elles sont disposées en un
cone dont le sommet vient reposer sur la partie stigmatique.
Autour de l'ovaire se trouve un disque de cinq écailles légèrement bilo-
bées, mesurant chacune 2 millimètres environ de hauteur et 1 millimètre de
largeur. Les ovules, en nombre indéfini, sont renfermés dans un ovaire bilo-
culaire garni extérieurement de poils courts et clairsemés. ,
Le style, qui mesure 6 millimètres environ de longueur, est plus épais dans
sa partie supérieure que vers la base, il porte de nombreux poils rigides et se
termine en un stigmate piriforme que recouvre une matière floconneuse et
gluante à laquelle viennent adhérer les étamines.
d (1) Les indigènes de la région de l'Angavo-Mangoro désignent également sous ce nom d'Hazon-
drano un arbre de dimensions moyennes et assez commun appartenant au genre Eloedendron de
la famille des Celastracées.
