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Les bois précieux, ébène, palissandre, bois de rose, acajou, sont d'ailleurs
à végétation excessivement lente ; toute dépense engagée en vue de la plantation
de ces essences ou simplement dans le but d'activer leur développement ou
d'accroître leur proportion dans la composition des massifs forestiers ne peut
être récupérée avant un temps très considérable, 150 ans au moins s'il s'agit de
plantation. Il est permis de se demander quelle valeur pourront avoir les bois
précieux dans un siècle et demi et si les bois communs injectés de colorants ne
les auront pas détrônés commercialement. Aussi la Colonie ne saurait-elle s'en-
gager commercialement dans une voie semée d'aléas et qui ne peut en tous cas
conduire qu'à des résultats pécuniaires les moins avantageux.
Ce qu'il importe actuellement et au plus haut point, est de ne pas laisser
s'appauvrir les forêts en essences de choix et la règle d'exploitation qui vient
d'être posée (abatage raz-terre d'arbres distants entre eux de plus de 20 mètres)
garantit l'avenir dans une mesure que l'on peut estimer suffisante. Cette règle
a, au surplus, l'avantage d'être facile à comprendre et à mettre en pratique,
elle n'exige aucune connaissance technique de la part des agents qui sont appe-
lés à en vérifier la stricte exécution.
Il va de soi que ce qui précède s'applique seulement aux essences fores-
tières utilisées pour leur bois ; des principes tout différents doivent guider lors-
qu'il s'agit de végétaux exploités pour d'autres produits et plus particulièrement
pour le caoutchouc. La culture des lianes caoutchouquifères, végétaux autre-
ment précieux que l'ébène ou le palissandre, doit retenir l'attention ; le produit
récolte a une grande valeur et peut alors être grevé de frais de transport qui ne
correspondraient jamais qu'à une fraction assez minime du prix de vente. Nous
avons, dans un rapport précédent (1), donné avec détails la description des meil-
leures espèces de lianes à caoutchouc ainsi que le mode d'exploitation auquel
elles peuvent se prêter et le bénéfice que peut laisser leur culture intensive.
, Débit des bois. — Dès que l'arbre est abattu, le bûcheron indigène procède
à l'équarrissage, puis au débit, soit en madriers, soit en planches. Cette hàte de
transformer le bois en une marchandise commerciale présente un gros inconvé-
nient quant à la qualité des produits façonnés ; la matière ligneuse encore gor-
gée de sève se dessèche avec trop de rapidité, le retrait des différentes assises se
fait brusquement et inégalement, d'où gerçures, fentes et déformations. De là, on
a conclu que les bois de Madagascar étaient de peu de qualité, sujets à la ver-
moulure, travaillaient après la mise en œuvre, etc. Ces défauts se reconnaissent,
en effet, dans la plupart des bois de menuiserie et de charpente utilisés dans
l'île, mais ils tiennent beaucoup moins à la nature du bois lui-même qu'à la
façon dont il a été débité, à l'époque à laquelle il a été abattu et au peu de soin
dont sa bonne conservation a été l'objet. Examinons successivement l'influence
de ces divers facteurs.
La saison d'abatage n'est pas sans importance, bien que son action ne soit
pas prépondérante. En règle générale, les bois feuillus sont à abattre lorsque
leur végétation en est arrêtée, c'est-à-dire pendant la saison sèche pour Mada-
gascar ; il conviendra de ne pas abattre un arbre présentant de jeunes pousses
et d'attendre que les feuilles aient acquis toutes leurs dimensions. L'observation
de cette règle a aussi un avantage cultural : les rejets des souches se montreront
plus vigoureux.
Quant au mode de débit, son influence est capitale sur la belle apparence et
la qualité du bois façonné. Tout d'abord, l'écorçage, encore moins l'équarrissement,
ne sauraient sans inconvénient être entrepris immédiatement après 1 abatage ; il
importe que la dessication soit lente, que les couches extérieures, qui sont les
plus humides, ne soient pas en contact direct avec l'atmosphere, surtout
qu'elles ne restent pas exposées au soleil. Faute de se conformer à ce principe,
l'exploitant verra infailliblement la pièce de bois se crevasser très profondément,
souvent jusqu'au centre. En aucun cas, il ne faudra écorcer, si l'on ne peut faire
suivre immédiatement cette opération de l'équarrissage ou du débit. Le mieux
serait d'y procéder entre 4 à 10 mois pour les bois durs. Pendant ce laps de temps
le tronc ne devra pas reposer directement sur le sol, mais sur des cales et, s'il
risque de recevoir directement le soleil, on devra protéger la surface par des
branchages.. ,.
Le débit en madriers ne présente pas de grosses difficultés, il suffira de
veiller à ce que l'équarrissage soit pratiqué de façon que le cœur de l'arbre soit
bien au centre des sections. Si cette condition se trouve remplie, la pièce ne
(1) Rapport inséré dans les NI, 1, 2 et 3, amée 1903, du Bulletin économique de Madagascar.
Les bois précieux, ébène, palissandre, bois de rose, acajou, sont d'ailleurs
à végétation excessivement lente ; toute dépense engagée en vue de la plantation
de ces essences ou simplement dans le but d'activer leur développement ou
d'accroître leur proportion dans la composition des massifs forestiers ne peut
être récupérée avant un temps très considérable, 150 ans au moins s'il s'agit de
plantation. Il est permis de se demander quelle valeur pourront avoir les bois
précieux dans un siècle et demi et si les bois communs injectés de colorants ne
les auront pas détrônés commercialement. Aussi la Colonie ne saurait-elle s'en-
gager commercialement dans une voie semée d'aléas et qui ne peut en tous cas
conduire qu'à des résultats pécuniaires les moins avantageux.
Ce qu'il importe actuellement et au plus haut point, est de ne pas laisser
s'appauvrir les forêts en essences de choix et la règle d'exploitation qui vient
d'être posée (abatage raz-terre d'arbres distants entre eux de plus de 20 mètres)
garantit l'avenir dans une mesure que l'on peut estimer suffisante. Cette règle
a, au surplus, l'avantage d'être facile à comprendre et à mettre en pratique,
elle n'exige aucune connaissance technique de la part des agents qui sont appe-
lés à en vérifier la stricte exécution.
Il va de soi que ce qui précède s'applique seulement aux essences fores-
tières utilisées pour leur bois ; des principes tout différents doivent guider lors-
qu'il s'agit de végétaux exploités pour d'autres produits et plus particulièrement
pour le caoutchouc. La culture des lianes caoutchouquifères, végétaux autre-
ment précieux que l'ébène ou le palissandre, doit retenir l'attention ; le produit
récolte a une grande valeur et peut alors être grevé de frais de transport qui ne
correspondraient jamais qu'à une fraction assez minime du prix de vente. Nous
avons, dans un rapport précédent (1), donné avec détails la description des meil-
leures espèces de lianes à caoutchouc ainsi que le mode d'exploitation auquel
elles peuvent se prêter et le bénéfice que peut laisser leur culture intensive.
, Débit des bois. — Dès que l'arbre est abattu, le bûcheron indigène procède
à l'équarrissage, puis au débit, soit en madriers, soit en planches. Cette hàte de
transformer le bois en une marchandise commerciale présente un gros inconvé-
nient quant à la qualité des produits façonnés ; la matière ligneuse encore gor-
gée de sève se dessèche avec trop de rapidité, le retrait des différentes assises se
fait brusquement et inégalement, d'où gerçures, fentes et déformations. De là, on
a conclu que les bois de Madagascar étaient de peu de qualité, sujets à la ver-
moulure, travaillaient après la mise en œuvre, etc. Ces défauts se reconnaissent,
en effet, dans la plupart des bois de menuiserie et de charpente utilisés dans
l'île, mais ils tiennent beaucoup moins à la nature du bois lui-même qu'à la
façon dont il a été débité, à l'époque à laquelle il a été abattu et au peu de soin
dont sa bonne conservation a été l'objet. Examinons successivement l'influence
de ces divers facteurs.
La saison d'abatage n'est pas sans importance, bien que son action ne soit
pas prépondérante. En règle générale, les bois feuillus sont à abattre lorsque
leur végétation en est arrêtée, c'est-à-dire pendant la saison sèche pour Mada-
gascar ; il conviendra de ne pas abattre un arbre présentant de jeunes pousses
et d'attendre que les feuilles aient acquis toutes leurs dimensions. L'observation
de cette règle a aussi un avantage cultural : les rejets des souches se montreront
plus vigoureux.
Quant au mode de débit, son influence est capitale sur la belle apparence et
la qualité du bois façonné. Tout d'abord, l'écorçage, encore moins l'équarrissement,
ne sauraient sans inconvénient être entrepris immédiatement après 1 abatage ; il
importe que la dessication soit lente, que les couches extérieures, qui sont les
plus humides, ne soient pas en contact direct avec l'atmosphere, surtout
qu'elles ne restent pas exposées au soleil. Faute de se conformer à ce principe,
l'exploitant verra infailliblement la pièce de bois se crevasser très profondément,
souvent jusqu'au centre. En aucun cas, il ne faudra écorcer, si l'on ne peut faire
suivre immédiatement cette opération de l'équarrissage ou du débit. Le mieux
serait d'y procéder entre 4 à 10 mois pour les bois durs. Pendant ce laps de temps
le tronc ne devra pas reposer directement sur le sol, mais sur des cales et, s'il
risque de recevoir directement le soleil, on devra protéger la surface par des
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Le débit en madriers ne présente pas de grosses difficultés, il suffira de
veiller à ce que l'équarrissage soit pratiqué de façon que le cœur de l'arbre soit
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(1) Rapport inséré dans les NI, 1, 2 et 3, amée 1903, du Bulletin économique de Madagascar.
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